Lundi 30 Mars 19h30, j'ai assisté à une réunion irréelle:
voici un compte rendu:
Le collectif 26/07 "des délinquants solidaires du 8 avril" s'est
constitué ce
lundi 30 mars, lors de la réunion à 18h à la maison des sociétés . A
ce jour il se
compose de : l'ASTI Crest, l'ASTI Valence, le Collectif de soutien
26/07 aux Sans PapierEs, Emmaüs Etoile, Emmaüs St Paul, La Fédération
de l'Entraide Protestante, La LDH de Montélimar. Il est ouvert.
Prochaine réunion d'organisation de la manifestation : LUNDI 6 AVRIL
à
19h, maison des sociétés de Valence
Les premières décisions :
1/ Un tract local format A5, inspiré du tract national d'appel est en
cours de réalisation. Il comportera :
*les logos des associations nationales, les associations du comité
local organisateur, les premiers soutiens
*les objectifs chiffrés (28000 et 5500)
*le titre de l'appel : "SI LA SOLIDARITÉ DEVIENT UN DÉLIT, NOUS
DEMANDONS À ÊTRE POURSUIVIS POUR CE DÉLIT !"
*Quelques phrases tirées du tract national
*dates, lieux et heures
DÉS QU'IL EST FINALISÉ NOUS VOUS L'ENVOYONS
2/ la manifestation :
*Un rassemblement dés 17h30 place Porte Neuve qui se dirigera
vers
le Palais de Justice où la manifestation commencera à 17h45
*Une banderole : "si la solidarité est un délit, nous demandons à
âtre poursuivi" fabriquée par l'ASTI Valence
*des étiquettes individuelles, format A5 : "AIDANT : JE SUIS PRÊT-E À
ÊTRE POURSUIVI-E"
(La coordination des rassemblements "des délinquants solidaires"du 8
avril ne souhaite pas qu'il y ait des logos des
associations, syndicats....)
*Un premier cordon de manifestantEs reliéEs avec une corde, un
deuxième bras en l'air croisés et poings fermés ( les menottes)
*Une prise de parole du collectif ensuite parole aux citoyenNes
3/Nous allons recevoir de la coordination nationale : les communiqués
de presse, le projet de loi, la maquette de la banderole collective et
des affichettes A5. Nous vous communiquerons tout ça par mail.
4/il faut absolument s'inscrire individuellement comme délinquants
solidaires sur le site d'EMMAÜS FRANCE :www.emmaus-france.org
Si vous voulez donner votre impréssion sur ce texte. Lundi 6 Avril émission
de radio sur radio Mega à 18h15 Vous pouvez aussi envoyer au Laboratoire
8 place St jean.
texte issus de la revue à corps perdu
Les luttes autour de la question de l’immigration, qu’il s’agisse de
celles de sans-papiers pour leur régularisation, de celles autour
du logement dans les quartiers pauvres, contre les rafles dans les
rues et les transports ou contre les centres de rétention ont vu ces dix
dernières années la participation de nombreux compagnons dans
différents pays. Elles conduisent souvent à une répétition d’impasses
ou à une impuissance en terme d’interventions possibles.
S’il n’existe pas de recette, il nous semble pourtant indispensable de
briser certains mécanismes militants qui nous ont trop souvent amenés
à lutter sur des bases activistes sans perspectives ou bien au contraire
à bouger à la remorque de groupes autoritaires, avec ou sans papiers.
Ces quelques réflexions se veulent simplement un bilan d’expériences
de luttes et quelques pistes pour développer une projectualité
subversive qui nous soit propre, autour des migrations et contre leur gestion.
AU-DELÀ DES ILLUSIONS SUR « L’IMMIGRÉ »
Une façon classique de tenter de comprendre le contexte d’un conflit social afin d’y intervenir est de scruter à la loupe ses protagonistes et de les soumettre à des analyses sociologiques
plus ou moins militantes. Outre qu’elles reviennent d’avantageà creuser ce mystérieux «qui sont-ils ?» qu’à nous interroger surce que nous voulons, ces analyses sont souvent biaisées par quelquesdogmes qui troublent toute réflexion critique.Si les habituels racketteurs gauchistes recherchent désespérémentn’importe quel sujet politique à même de les porter à la
tête d’une contestation, beaucoup d’autres s’engagent sincèrementaux côtés des sans-papiers. Mais parce qu’ils considèrentleur situation particulière comme extérieure, ils sont souvent
plus portés par une indignation que par le désir de lutter avecceux qui partagent une condition qui, si elle n’est pas totalementsimilaire, reste commune : l’exploitation, le contrôle policier
dans la rue ou les transports, les conditions de logementdans les mêmes quartiers en voie de restructuration ou en périphérie,ou encore des illégalismes propres aux techniques de
survie. Les uns comme les autres finissent alors bien souventpar reproduire toutes les séparations fonctionnelles à la domination.En recréant une figure générique de l’immigré-victimeen-
lutte qui aurait ses qualités particulières, ils introduisent en effet une mystification sociologique qui non seulement finit parempêcher toute lutte commune, mais renforce encore l’emprise
de l’Etat sur chacun d’entre nous.Bien souvent, les activistes libertaires ou radicaux, pourtant mus
par quelque intuition de ce qui pourrait devenir un parcourscommun, ne sont pas les derniers à avaler à leur tour cette piluleau nom de leur envie de collectif ou de l’autonomie des luttes,
comme si cette dernière était menée par un bloc homogène etnon plus par des individus, complices potentiels, au moins faceà une oppression particulière. Des méthodes de lutte (l’auto organisation,le refus des médiations institutionnelles, l’action directe) deviennent alors soudain beaucoup plus relatives lorsqu’ils’agit de sans-papiers. Reprenant quelques classiques de la diatribe militante, il y a toujours un bon samaritain pour expliquer que fracasser la vitrine d’une compagnie aérienne d’expulseurs dans une manif de sanspapiers
les mettrait «en danger», eux qui pourtant bravent quotidiennement la flicaille ; que le combat contre les fascistes (comme des membres des Loups
Gris turcs), les nationalistes (comme certains réfugiés qui arrivaient lors du déchirement de l’ex-Yougoslavie) ou les curetons (de celui qui «accueille» les sanspapiers dans «son» église avant de les en expulser, aux associations chrétiennes chargées des basses oeuvres de l’Etat comme la Cimade, Caritas International ou la Croix Rouge) s’arrêterait à la porte des collectifs
de sans-papiers ; qu’on peut cracher à la gueule d’un ambassadeur français ou belge mais pas à celle d’un ambassadeur malien lorsqu’il vient médier une lutte
qui menace de se radicaliser (idem pour tous les politiciens de gauche, généralement non grata, mais tolérés cette fois au nom de la fausse unité demandée par quelque leader de collectif de sans-papiers). Si chacun sait qu’une lutte part toujours de l’existant et que les différences initiales y sont souvent importantes
(prenons simplement le rapport aux syndicats dans la plupart des luttes liées à l’exploitation), la question pour nous est justement celle de leur dépassement
dans une dynamique subversive, et ce n’est certainement pas en acceptant les divers carcans autoritaires qu’on pourra le faire, la fin étant déjà
contenue dans les moyens qu’on se donne. D’autant que ce relativisme ne conduit pas à une confrontation à l’intérieur de la lutte, mais à une sorte de colonialisme
à rebours, à réifier une fois encore les immigrés dans une altérité supposée («ils» seraient comme ça). La misère servant cette fois non pas de repoussoir mais
d’excuse à tous les renoncements. L’une des figures les plus marquantes de ce réductionnisme idéologique est ainsi celle de l’ «immigré innocent», l’éternelle victime passive, exploitée, raflée, enfermée puis déportée. En réaction à une propagande raciste quotidienne qui vise à faire endosser aux immigrés le rôle d’un ennemi social coupable de tous les maux (du chômage à l’insécurité en passant par le terrorisme), beaucoup finissent de fait par leur nier toute capacité criminelle. On les voudrait tous dociles, en train de mendier leur intégration en
vue d’une place un peu moins abjecte dans la communauté du capital. Ainsi, les milliers de réfugiés sont transformés en victimes bienveillantes, et donc
intégrables : victimes de guerre, de catastrophes «naturelles» et de la misère, de trafiquants d’êtres humains et de marchands de sommeil. C’est pourtant
oublier que ces parcours transforment aussi les individus, créant des solidarités, des résistances et des luttes qui permettent à certains de rompre la
Quand il arrive ainsi que ces « innocents » se défendent bec et ongles contre le destin qui leur est imposé ici (révoltes dans les centres fermés,
affrontements lors de rafles, grèves sauvages...), c’est alors la stupéfaction et le silence gêné qui règne dans le camp de la gauche et de son antiracisme
démocratique. Quand cette révolte s’exprime de manière collective, il y
en aura peut-être encore pour « comprendre ces gestes de désespoir »,
mais quand un prisonnier boutera tout seul le feu à sa cellule, on parlera
alors d’un « fou » et ça ne fera surtout pas
partie de la « lutte ». On veut bien des grévistes de la faim dans une église,
pas des incendiaires ou des évadés de centres fermés, on comprend des
défenestrés ou des noyés, pas des raflés qui résistent à la police, on aide volontiers des parents d’enfants scolarisés, pas des voleurs célibataires. Car la révolte et les individus qui se rebellent n’entrent plus dansce cadre sociologique de l’immigré-victime construit par la bonne conscience militante avec l’appui des
parasites d’Etat universitaires. Cette mystification empêche une compréhension
plus précise de la migration et des flux migratoires. Il est clair que ces migrations sont d’abord une conséquence de la terreur économique ordinaire qu’exerce
le capital et de la terreur politique des régimes en place et leur bourgeoisie locale, au plus grand bénéfice des pays riches. Cependant, il serait faux de prétendre que des prolétaires pauvres se déplaceraientvers les pays les plus riches, comme le serinent à leur tour les choeurs tiers-mondistes pour construire leur sujet de l’immigré-victime. Les migrants qui parviennent à franchir clandestinement les portes de l’Europe ne sont en effet pas forcément les plus pauvres (contraints,
eux, à des migrations internes vers les villes ou vers des pays voisins au gré des fluctuations du marché et de ses désastres), rien que par le coût (pécuniaire et
humain) d’un tel voyage ou la sélection culturelle et sociale au sein d’une famille de ceux/celles qui peuvent entreprendre la démarche. Ainsi, si on cherche à comprendre tout ce qui constitue et traverse chaque individu plutôt que de figer
la différence et l’altérité afin de justifier une position extérieure de «soutien», on peut découvrir toute une complexité et des rapports de classe, constatant que
les collectifs de sans-papiers sont aussi composés de surdiplômés universitaires, de politiciens ratés, d’exploiteurs locaux qui ont récolté l’argent sur le dos des
37
autres... et migrent vers cette partie du monde pourprendre la place dont ils peuvent bénéficier dans le capitalisme démocratique. Beaucoup de groupes desans-papiers sont ainsi dominés par ceux qui détenaient déjà du pouvoir (social, politique, symbolique) ou y aspiraient. Cette différence de classe est rarement prise en compte par les compagnons qui s’engagent dans une lutte avec des sans-papiers, la langue constituant une barrière aussi infranchissable qu’elle est invisible, propulsant automatiquement les immigrés issus des classes les plus aisées dans leurs pays d’origine dans le rôle de porte-parole/interprète. Aiguiser ces contradictions de classe, à l’intérieur des
regroupements de sans-papiers comme partout, est non seulement une contribution que peuvent apporter des compagnons, mais aussi l’une des conditions indispensable pour développer une solidarité réelle.
Pour comprendre ces