25 avril 2007
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Nous, chômeurs, salariés précaires et intermittents, occupons depuis 19h
le siège de l’UNEDIC à Paris, au 82 rue de Reuilly, M°Montgallet afin
d’interpeller les responsables de la précarisation.
Nous ne sommes pas des variables d’ajustement
Depuis 30 ans, chômage de masse et discontinuité de l’emploi déterminent
– provisoirement ou dans la durée- les parcours de la quasi-totalité des
salariés (80% des embauches se font désormais en CDD). Cette alternance
de périodes de chômage, de formation et d’emploi s’accompagne d’une
fragilisation inacceptable de ceux qui la vivent. Ainsi, alors que l’on
glose sur une « sécurité sociale professionnelle » supposée venir
remédier à l’incertitude qui marque désormais la vie des salariés, l’un
des derniers dispositifs qui assurait une continuité de droits à des
salariés à l’emploi discontinu, le régime d’indemnisation chômage des
intermittents, est en butte depuis près de 4 ans à une entreprise de
destruction. Les discours publics énoncés lors de la campagne électorale passent sous
silence ces questions sociales fondamentales – qu’on pense aux révoltes
d’octobre/novembre 2005 et au « mouvement anti-CPE » du printemps
dernier !- ou y répondent par l’invocation vertueuse à « réhabiliter le
travail ». Derrière la « réhabilitation du travail », c’est encore la
dégradation des conditions vécues par les travailleurs qui se profile,
comme avec le RMA, « emploi aidé » pour lequel l’allocation RMI est
directement versée à l’employeur. Ces proclamations de bonnes intentions
visent en fait à stigmatiser davantage des millions de précaires et de
salariés, « assistés » ou insuffisamment productifs. Elles préparent le
terrain pour de nouvelles et dramatiques régressions en matière de
droits collectifs, tandis que profits et inégalités explosent.
Caricature d’un dialogue social privatisé et technocratique, le
paritarisme qui régit l’assurance-chômage refuse d’accorder voix au
chapitre aux premiers concernés. Or cette institution doit des comptes
aux millions de salariés qui la financent, souvent sans ouvrir de droit
à indemnisation en cas de chômage (plus de la moitié de chômeurs ne sont
pas indemnisés). Sous prétexte de déficit, chacune de ses « réformes » a
été nuisible aux ayants droits, encourageant l’acceptation de n’importe
quel emploi dans n‘importe quelles conditions.
Déficit de quoi ? Déficit de démocratie
La Constitution de ce pays stipule que « la société doit à chacun de ses
membres des moyens convenables d’existence », force est de constater
qu’il n’en est rien : on va jusqu’à présenter les allocataires du RMI
comme des parasites voués à l’indignité, sans jamais indiquer, par
exemple, qu’un tiers de ces allocataires aux faibles salaires
occasionnels sont en fait des travailleurs pauvres. Sous couvert
d’insertion, l’inflation d’une rhétorique des devoirs et la
prolifération des modalités de contrôles accompagnent le reflux des
droits sociaux.
Afin de déposséder plus encore les salariés, on leur dénie toute
compréhension de leur propre situation. L’appel constant aux « experts »
a pour fonction de légitimer des décisions d’autant plus « difficiles »
qu’elles s’attaquent au plus grand nombre (chômage, retraite, santé). On
fabrique donc l’ignorance et, tout comme le dénombrement des chômeurs
fait l’objet de manipulations (cf. la non-publication des statistiques
INSEE), l’Unedic tient mordicus à son fonctionnement parfaitement opaque
(jusqu’à interdire à des chercheurs indépendants l’accès à ses données,
comme ce fut le cas lors de l’enquête de la coordination des
intermittents et précaires).
Aggravant celui de juin 2003, un second protocole Unedic régissant les
annexes VIII et X de l’assurance-chômage qui développe aléas, inégalités
et exclusion à l’encontre des intermittents entre en application, nous
refusons que des droits capitalisés avantageant les plus employés et
les mieux payés mettent fin à toute mutualisation. Pour limiter
l’insécurité sociale due au chômage et à la discontinuité de l’emploi,
il faut instaurer une continuité de droits, chaque jour chômé doit être
indemnisé.
Tout en radiant massivement des chômeurs, on ose nous promettre une
énième fois le « retour au plein emploi » ; nous voulons que soit
publiquement établie l’ampleur réelle du chômage et de l’emploi
précaire. Une refonte de l’indemnisation du chômage doit être débattue
par les partenaires sociaux. Un tel enjeu ne doit pas être confisqué
mais faire l’objet d’un réel débat public et contradictoire. L’Unedic
doit autoriser l’accès aux données qu’elle détient.
Nous appelons l’ensemble des concernés, salariés en poste, au chômage ou
en formation, à venir soutenir l’action en cours et à organiser, partout
où c’est possible, des actions collectives là où se décident notre sort.