Deux gamins roulaient à moto.
Deux gamins de 15 et 16 ans.
"Peu après 17 heures", les deux gamins sont morts.
Voilà ce que dit "la version policière": une "voiture de police" patrouillait "(dans) la circonscription de Sarcelles", et "roulait à vitesse réglementaire et sans gyrophare", quand "traversant (un) carrefour, elle a été heurtée par la moto sur l'aile gauche, et les deux jeunes sont décédés sur place".
C'était un "accident".
D'après l'AFP, la moto, une "mini-motocross", est "restée (...) étonnamment intacte".
D'après l'AFP, "la voiture au pare-brise éclaté, porte pour sa part des traces d'un violent choc frontal".
Tu lis ça et, naturellement, la première idée qui te vient est que c'est quand même une étonnante coïncidence, que la voiture qui "a été heurtée par la moto" ait justement été une "voiture de police".
Tu lis ça et, naturellement, la deuxième idée qui te vient est que si la moto, "restée intacte", a percuté "l'aile gauche" de cette "voiture de police", comme le dit "la version policière", c'est quand même étrange que l'AFP relève sur cette bagnole "des traces d'un violent choc frontal".
(Une moto heurte une voiture "sur l'aile gauche": ça peut faire un violent choc sur l'aile gauche - mais un "violent choc frontal"?)
Tu lis ça et ça te prend juste là, tu sens monter comme une espèce de rage - parce que tu ne supportes plus que tous les deux ans, à l'automne, des gamins crèvent dans des rencontres accidentelles avec des flics.
Tu lis ça et tu repenses à tous les commentaires dégueulasses que tu as lus après la mort de Zyed et Bouna en 2005, à tous les inhumains salopards qui t'ont expliqué, rappelle-toi (mais rappelle-toi, c'est le moment) que ces gamins des "cités" (cette racaille, rappelle-toi) ne méritaient pas trop de ta compassion, et que leurs "capuches" et leur "accent" les disqualifiaient...
Tu lis ça et tu repenses à tous les fiers défenseurs de l'ordre et de ses forces qui sont venus te dire, ça suffit, la "culture de l'excuse"...
Tu lis ça et tu repenses à tout ce qui a crié: haro, sur les "banlieues".
Et de nouveau deux gamins sont morts, et en effet: ça va devenir difficile d'excuser que tant et tant d'innommable(s) saloperie(s) s'abatte(nt) sans fin sur les mêmes endroits, sur les mêmes "quartiers" - comme ils disent.
Oh oui, bordel: ça va devenir très difficile.