Le réacteur nucléaire EPR (1) qui doit voir le jour en France à Flamanville, en Normandie, intéresse les Italiens. En effet, dans le cadre d’un accord intergouvernemental, franco/italien, la société ENEL, l’équivalent de EDF en France, vient d’acquérir 12,5 % des parts du prochain réacteur nucléaire français. Parallèlement à cette opération, un programme de renforcement des interconnexions électriques entre la France et l’Italie a également été signé entre les sociétés RTE et TERNA, respectivement gestionnaires des réseaux électriques français et italiens.
Si pour le ministre de l’écologie, Jean-Louis Borloo, il s’agit d’un '…grand pas en avant pour la politique énergétique de nos deux pays', on peut s’étonner de la vente de 12,5 % à un autre pays de l’électricité produite par le futur EPR. En effet, officiellement, jusqu’à présent, la nécessité de construire ce réacteur de 3e génération reposait sur le fait de répondre à la demande croissante du marché national et, surtout, d’anticiper le vieillissement du parc nucléaire français avec les fermetures de réacteurs à venir.
Aujourd’hui, l’EPR est donc en partie repositionné comme un réacteur visant aussi à assurer l’approvisionnement d’au moins un autre marché. Est-ce un accord ponctuel, ou est-ce le signe d’un positionnement de la France comme producteur d’électricité 'propre', en matière de CO2, des pays riverains que sont l’Italie, l’Allemagne, la Suisse, la Grande-Bretagne, lesquels se sont prononcés contre le développement ou le renouvellement de leur parc nucléaire (à l’exception de la Grande Bretagne).
Par ailleurs, comme le note, non sans une certaine forme d’humour le réseau Sortir du nucléaire, l’italien ENEL, en prenant 12,5 % des parts du réacteur EPR, recevra-t-il 12,5 % des déchets radioactifs ?