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Un garçon de 16 ans s'est pendu dans sa cellule à Meyzieu
JUSTICE - Pour la première fois, un adolescent s'est
pendu dans un des établissement pénitentiaire pour mineurs (EPM).
Le premier ouvert en France, l'an passé. Emp meyzieu
Cela s'est produit samedi matin, à Meyzieu (Rhône). Il avait 16 ans,
avait été incarcéré le 17 décembre. Et s'est pendu au système
d'aération de sa cellule. La direction régionale de l'administration
pénitentiaire indique que le garçon avait déjà essayé, une semaine
après son arrivée. Il sétait alors démis l'épaule en tombant
dans sa tentative. Le suicide a été caché tout le week-end aux autres
détenus, pour éviter une explosion. Car à Meyzieu, les incidents
se multiplient l'ouverture, et la situation paraît intenable...
Photo : Sébastien Erome
LEPM a accueilli ses premiers mineurs le 11 juin 2007. Huit jours plus
tard, une partie des locaux étaient mis à sac, à coups de pieds et
d'extincteur. Certains éducateurs et surveillants estiment que l'arrivée
avait été mal préparée, le «cadre»
mal posé. «Nous sommes dans une expérimentation qui change beaucoup le rapport aux
lieux, aux règles, défend pour sa part Paul Louchouarn, directeur régional adjoint
de ladministration pénitentiaire en Rhône-Alpes. Les EPM présentent des espaces plus
ouverts, moins contenants. Cela peut déstabiliser des mineurs qui ont besoin de
canaliser leur sentiment dinsécurité».
Aberrations.
L'établissement cumule aussi les dysfonctionnements. Surveillants et éducateurs sont
en sous-effectif, et censés travailler en «binôme», ce qui constitue une «révolution
culturelle» délicate lorsquune partie des éducs découvrent le métier. La Protection
judiciaire de la jeunesse (PJJ) fait appel à de nombreux jeunes sortant de
formation, et à des contractuels. «Il aurait fallu privilégier une montée en
puissance très lente, comme nous lavions préconisé, pour apprendre à travailler
ensemble et s'adapter aux dysfonctionnements», estime Alain Dru, secrétaire général
de la CGT PJJ. Au lieu de cela, l'ouverture a été très politique et très médiatique.
Il fallait montrer vite que cela fonctionnait». Et depuis, il faut cacher que cela
fonctionne mal.
Les professionnels n'ont pas été concertés avant la construction. Résultat: les
aberrations s'accumulent. La psychologue ne dispose daucun bureau pour les entretiens
en tête-à-tête. Elle sinstalle au gré des salles disponibles. «Elle va bientôt
pouvoir partager un bureau aux services médicaux», rassure Paul Louchouarn. Les
éducateurs, censés préparer la sortie des mineurs, ne disposent pas de téléphone
pour joindre les familles, les magistrats et les partenaires censés préparer la
réinsertion. Pour appeler, ils allaient jusquà présent dans le bureau de la
secrétaire de l'EPM. Une deuxième ligne a été installée dans un bureau à lécart.
Pour la Hiérarchie.
Dans les premiers temps, les mineurs de Meyzieu ont par ailleurs fait face à une
véritable suractivité. Sport, cours, activités culturelles, comme sil fallait les
occuper en permanence. Des journées interminables et qui tranchaient très
brutalement avec l'inoccupation du quartier, ou de certains quartiers des mineurs.
Lutilisation du temps judiciaire doit aider à préparer la réinsertion, «mais cela
les a privé de lespace de repli, de protection, que peut constituer la cellule,
explique un éducateur. Ils étaient constamment en groupe, sous le regard des autres,
et cela attisait aussi les tensions».
Le rythme de ces activités a un peu baissé, mais personnels et mineurs découvrent
souvent le programme au jour le jour. «Où quil soit, un gamin a besoin de savoir le
matin ce qu'il fera dans la journée, pointe Jean-Claude Vaupré, de la CFDT Justice.
Il a besoin de rencontrer des adultes et des règles claires.» La hiérarchie est par
ailleurs perçue par beaucoup comme trop «autoritaire», trop «rigide». Selon un
professionnel, «les surveillants, qui étaient très investis dans les quartiers pour
mineurs, se retrouvent infantilisés, réduits au rôle d'exécutants.» L'inverse de ce
que préconisent les règles pénitentiaires européennes.
analyse comportementale : Passages à lacte.
La démobilisation serait forte, et selon les syndicats, les congés
maladie etdemandes de mutation en hausse. Paul Louchouarn répond que
le taux dabsentéisme etde congé maladie est «plutôt inférieur à
la moyenne régionale». Mais il concède: «Je ne peux pas nier qu'il
peut y avoir une déception par rapport aux attentes de
personnels qui sont arrivés très motivés.» Certains surveillants
avaient demandé l'EPM pour se rapprocher de Lyon. Tous les autres
parce quils voulaient sinvestir
autrement auprès dadolescents. «Ils se sentaient éducateurs dans les
quartiers pour mineurs, leur fonction sest considérablement réduite
à Meyzieu, observe Jean-Claude Vaupré. Ils se retrouvent à gérer des
repas collectifs ingérables. Nous avons alerté de façon répétitive.
A présent, il est temps de remettre à plat tout le projet».
La direction régionale relativise les problèmes de violence. Mais
un magistrat parle dun «mélange explosif», d'une «spirale folle».
Une surveillante a été envoyée à lhôpital, cette semaine, par deux
des jeunes filles qui viennent de rejoindre l'EPM. «Des mineurs qui
ne bronchaient pas en maison d' arrêt deviennent des caïds à
Meyzieu», observe un professionnel.
La plupart des pensionnaires vont mal. Vendredi 25 février,
l 'un deux a mis le feu à sa cellule, en transformant son tee-shirt
en torche pour le jeter dans la cour.
Il multipliait les «comportements à risque».
Huit jours plus tard, il s'est pendu.
Ol.B.
Deux évasions à l'EPR de Marseille