Débat sur l'identité nationale:
Pour l'arrondissement de DIE : une réunion sera organisée à la Sous-Préfecture de DIE, en présence de Monsieur le Député Hervé MARITON, par Madame Fabienne BALUSSOU, Sous-Préfet, associant des lycéens de CREST et de DIE, le 14 décembre 2009 de 16 heures à 18 heures.
Il serait utile de se mobiliser contre cette campagne haineuse lancée par le maire de Donzère et recruté par le DRH nini talonnette.
Ne tombons pas dans le travers électoraliste de manifester seulement Boycott oui !!
"De manière plus globale, ces jeunes se sentent regardés comme non-Français
et comme immigrés. Pourquoi l¹injonction d¹aimer la France leur est demandée
et pourquoi ne l¹est-elle pas aux « autres jeunes » ? Je ne connais aucun
Français qui aime toute la France. On ne peut pas aimer à la fois les
Communards et les Versaillais." Saïd Bouamama
Vous expliquez en partie le bouleversement de la sphère familiale par les déréglementations économiques. Quelles ont été les étapes de cette déstructuration ?
Saïd Bouamama. La culture ouvrière a été massivement déstabilisée dans certains territoires, où le taux de chômage est passé en vingt ans de 8 % à 45 %. Non seulement les gens ont été mis à la rue, mais on a réussi à leur faire croire qu’ils en étaient responsables. Le travail cristallisait l’image de la famille. La montée du chômage est allée de pair avec un fort recul de la fierté d’être - ouvrier. Un père que j’interrogeais me - disait : « Comment je peux interdire à mon fils de rentrer au-delà d’une certaine heure, si je ne le nourris même plus et que je vis de ses allocations ? » La perte objective des emplois n’a même pas pu être compensée par un réseau associatif, culturel ou politique valorisant. Les dégâts auraient été moindres si on avait eu une offensive culturelle - ouvrière.
Y a-t-il eu un abandon des quartiers populaires par les partis de gauche ?
Saïd Bouamama. Pour moi, la gauche française a eu une vision essentialiste des quartiers populaires. C’est-à-dire qu’elle a sous-estimé la diversité des milieux populaires et les clivages qui pouvaient exister. Les clivages ne sont pas insurmontables si et seulement si on les travaille. Le discours du « tous des ouvriers » a masqué les inégalités qui étaient en train de se construire. Par ailleurs, la gauche française a considéré les enfants issus de l’immigration comme acquis à la gauche. Elle n’avait donc pas d’efforts à faire. Autre écueil des partis de gauche : un rapport paternaliste. La gauche n’a pas décolonisé ses esprits et n’a pas pris la mesure du combat. Pour que ces jeunes Français puissent se reconnaître dans les autres combats, encore faut-il qu’ils soient pris en compte sur leur propre oppression.
Considérez-vous le modèle d’intégration français comme un échec ?
Saïd Bouamama. Pour moi, ce n’est pas un échec mais un mythe. Le concept d’intégration nous empêche de penser la réalité. L’intégration n’est pas une formule magique. Il s’agit d’un mythe car même pour les immigrations européennes, il n’y a pas eu « d’intégration nationale » mais une « intégration de classes ». Il paraît impossible de demander aux immigrés des anciennes colonies françaises d’être dans une logique d’assimilation. Cela - impliquerait l’abandon de leur trajectoire. Le mythe est encore plus problématique et visible pour les jeunes Français issus de l’immigration qui, eux, sont nés français, socialisés et culturellement français. À ces derniers on pose toujours la question de l’attestation française. Il s’agit d’une parade pour éluder la vraie question : celle des discriminations racistes comme vecteur de la reproduction des inégalités sociales.
extrait d'un entretien réalisé par Ixchel Delaporte pour l’Humanité
Les luttes de l’immigration et des quartiers populaires : mémoire, passé, présent
Le constat d’une absence de transmission des expériences et de la
mémoire des luttes n’est pas propre à l’immigration. Il est lié aux rapports de forces entre dominants et dominés et reflète celui-ci. Les classes dominantes, elles, tirent les leçons de leurs
affrontements sociaux, disposent d’espaces pour les analyser et en tirer des conclusions sur l’avenir. Les classes dominées tout au long de l’histoire humaine ont eu des périodes d’amnésies et
d’autres de transmission des expériences et savoirs acquis par leurs luttes. Une des raisons de l’amnésie est la tendance à la sous-estimation de l’importance des luttes idéologiques comme
faisant partie de l’ensemble des luttes sociales. Cet aspect commun étant posé, il y a selon nous des facteurs spécifiques en ce qui concerne l’immigration et les populations qui en sont issues.
Sans être exhaustif nous pouvons repérer les facteurs suivants : ampleur de la précarité imposant dans les luttes une priorisation forte des « urgences » ; isolement social,
c’est-à-dire sous-estimation par les forces sociales prétendant changer le monde de l’importance des dominations spécifiques vécues par cette partie du peuple ; influence d’un imaginaire
colonial au sein même de la gauche et de l’extrême-gauche ; instrumentalisation de ces luttes par l’appareil du parti socialiste dans la décennie 80, etc. Les conséquences sont
importantes : cette difficulté de mémoire empêche d’inscrire l’émergence d’un mouvement autonome dans la durée. A chaque nouvelle génération les mêmes illusions réapparaissent, les mêmes
dérives se font jour, les mêmes faiblesses face aux instrumentalisations émergent.
cet extrait a été lu ici