Le 12 juillet 2010, 32 prisonniers politiques Mapuche ont entamé une grève de la faim au Chili. Tous sont détenus, « préventivement » dans le cadre de l'application de la loi anti-terroriste créée sous l'ère du général Pinochet. Ils veulent ainsi protester contre la campagne médiatique menée contre eux par les autorités afin de les condamner de façon anticipée aux yeux de l’opinion publique. Ils accusent les autorités de mener des procès politico-judiciaires qui contreviennent aux droits sans nul doute aux droits de l'homme et des minorités ethniques en particulier, et de criminaliser la juste lutte des communautés.
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La loi anti-terroriste permet, entre autres, aux tribunaux militaires de juger des civils, et d'auditionner des témoins "protégés" dont les dires sont entendus et
enregistrés de manière anonyme. Largement appliquée au cours des 17 années de dictature de Pinochet contre les militants de gauche, les leaders Mapuche sont aujourd'hui les seuls à se voir
appliquer cette justice à deux vitesses, illustration du caractère xénophobe de la gestion politique du conflit par les différents gouvernements successifs.
Ce 18 août dernier, la Commission Éthique Contre la Torture de Temuco et l’historien Gabriel Zalazar ont visité les grévistes de la faim : ils demeurent moralement
optimistes, malgré la perte de poids et des visages émaciés. L'un des principaux défis à surmonter aujourd'hui est le manque d'avocats spécialisés et disponibles ainsi que le manque de moyens
économiques pour venir en aide aux familles des grévistes.
Pour le gouvernement, les tribunaux et la presse, cette grève est malheureusement un « non événement ». C’est la loi du silence, et la situation des mineurs pris au
piège dans une mine de cuivre au nord du pays ne fait que renforcer l'indifférence généralisée de la population et des médias à l'égard de cette grève de la faim, acte extrême et déterminé. Nous
venons d’apprendre le « suicide » d’un jeune de 19 ans, dans la communauté en conflit de LLeu Lleu. Son père et lui sont accusés d’association criminelle. Les grévistes de la faim refusent
aujourd'hui toute alimentation forcée malgré un arrêt de la Cour d'Appel de Temuco.
La lutte du peuple Mapuche dépasse les revendications d’un peuple, c’est une lutte pour une vie en harmonie avec la nature, contre un système de production
destructeur, pour la défense de la vie.
Si les actions de grève de la faim des prisonniers politiques à Cuba, il y a quelques temps, ont unanimement généré réprobation auprès de la communauté
internationale et, en particulier, de la Communauté Européenne, il semble judicieux de se demander pourquoi le Chili n'est pas aujourd'hui condamné pour sa scandaleuse gestion du « conflit
Mapuche ».
Aidez-nous à faire entendre leur voix!
Leurs revendications sont les suivantes:
1. Abolition de la loi anti-terroriste, actuellement essentiellement appliquée aux Mapuche
2. Fin de l'existence d'une justice militaire à deux vitesses appliquée à une population civile militante ou sympathisante des revendications mapuche
3. Liberté pour tous les prisonniers politiques Mapuche détenus dans différentes prisons de l’État chilien.
4. Respect du droit à un procès équitable, fin des montages politico-judiciaires et des procédures viciées par l'usage de témoins « sans visage », et fin des
pratiques qui violent les droits de l'homme les plus fondamentaux comme l’extorsion d’aveux, les menaces, les tortures physiques et psychologiques et l'application de conditions inhumaines et
dégradantes dans les prisons.
5. Démilitarisation des zones Mapuche sur lesquelles les communautés revendiquent des droits ancestraux.
Le Comite de Solidarité Avec le Peuple Mapuche (COMABE), et les autres groupes solidaires des Familles et Amis des Prisonniers Politiques, font appel à renouveler
et à renforcer notre solidarité avec un peuple qui lutte depuis des siècles pour la récupération de leur terre, identité et dignité.
Comité de Solidarité avec le Peuple Mapuche (COMABE),
les Solidaires, Familles et Amis des Prisonniers Politiques Mapuche.