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La tyrannie la plus redoutable n'est pas celle qui prend figure d'arbitraire, c'est celle qui nous vient couverte du masque de la légalité." Albert Libertad

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le blog du laboratoire anarchiste

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2 mai 2013 4 02 /05 /mai /2013 14:09

 jusqu'à quand les patrons de la société 'la poste"vont pousser à la mort des jeunes qui se battent pour garder un emploie. le capitalisme c'est la barbarie. Soyons barbare contre ce systhème d'exploitation et de domination. avec rage et déterminationnos condoléance pour les proches

Le 15 février en Haute-Loire, une jeune factrice en CDD se donnait la mort. «Libération» a refait la T24, son circuit de distribution réputé difficile : 80 kilomètres de routes glacées et enneigées, à 900 mètres d’altitude.

Par CATHERINE MAUSSION envoyée spéciale en Haute-Loire

 Après la montée de Saint-Just-Malmont, un vent glaçant vous cueille sous une lumière rasante. La neige a fondu sur le plateau du Velay. Restent des monticules boueux sur les bas-côtés. Lieu-dit Talatay, 900 mètres d’altitude. Au bout du chemin, deux hommes s’affairent auprès d’une bâtisse en pierre ornée d’une boîte au nom de Granger. Cette maison était sur la tournée de Pauline, 21 ans, la factrice qui s’est donné la mort le 15 février. La jeune femme était l’un des bouche-trous en CDD de la Poste qui assurent la distribution du courrier. Deux mois après sa dernière tournée, «bulletin d’itinéraire» en main, nous avons refait son circuit.

 Quatre heures de dépassement

«L’hiver, c’est une autre galère ! relève Daniel, l’aîné des frères Granger. Ici, ça va encore. Mais il y a le village plus haut, derrière le bois. Il faut passer par la route de Jonzieux, Malifaux… C’est plus compliqué.» Pauline ? «On s’en souvient. On a lu les journaux», glisse Daniel. En l’occurrence, les quelques lignes parues dans le quotidien local. «Mais, je ne vais pas accuser la Poste», ajoute aussitôt Christian, comme pour couper court à la conversation sur ce sujet.

A l’inverse, les deux frères sont intarissables sur ce qu’ils qualifient d’abandon par la Poste de sa mission de service public. «Pendant une semaine, on n’a pas eu de courrier. C’est très gênant pour les journaux. Et c’était pas dû aux intempéries ! Si [la Poste] n’est pas capable d’organiser les tournées, qu’elle le dise !» Et ils ajoutent : «Il faut que la Poste soit raisonnable avec ses agents. Ils sont déjà pas trop payés.»

La veille du drame, Pauline, qui venait de signer un nouveau CDD, avait repris le volant de la camionnette postale. Elle était rentrée de sa tournée sur le coup des 17 heures. Soit quatre heures de dépassement par rapport au temps imparti. La jeune femme connaissait bien cette tournée, la T24, réputée difficile. Elle l’avait assurée l’été dernier pendant quelques semaines. Mais, au mitan de février, elle a découvert un paysage de routes glacées, mi-dégagées, et de fossés enneigés.

«Ni rue ni numéro»

A La Ratelière, un autre lieu-dit desservi par Pauline, le patron d’une exploitation agricole, planté dans ses bottes, explique qu’il a déplacé sa boîte aux lettres en haut de la montée pour éviter au facteur une descente plutôt casse-gueule l’hiver. «Sauf pour les colis», qui sont toujours plus nombreux avec le développement de la vente sur Internet. Il souffle : «Ça ne doit pas être facile pour une débutante de distribuer sur le lotissement», qui a poussé en quelques années en haut de son raidillon. «Il n’y a ni rue ni numéro !»

Un peu plus loin sur le circuit de Pauline, au lieu-dit La Roche, un couple devise avec un automobiliste qui obstrue l’étroit passage. Elle est surveillante de nuit dans un centre pour handicapés, les deux hommes sont ouvriers agricoles à Saint-Just. «Ce n’est pas le pôle Nord, ici ! lâchent-ils. A 5 h 30, il y a la déneigeuse qui passe.» Mais il arrive qu’elle verse dans le fossé. Comme l’autre jour, quand on avait mis à son volant quelqu’un qui n’était pas du coin. Ils pensent à Pauline. Sur sa tournée, il y avait des lieux «délicats», reconnaissent-ils : Rambert, L’Erbret, La Cistrière ou encore La Massardière. Et aussi Le Clos, d’accès «si difficile» que l’habitant du lieu-dit fait déposer son courrier chez son beau-frère. «Encore faut-il que le facteur remplaçant le sache !» «Or, le gros souci, enchaînent-ils, c’est qu’ils changent les gens tout le temps. L’autre jour, on a même eu du courrier mélangé.» «C’est simple, poursuit la dame, les facteurs, on les connaît ni en blanc ni en noir. Faut se mettre à leur place. Ils l’ont faite peut-être une fois, la tournée. On leur donne un plan, et puis débrouillez-vous !»

De fait, en Haute-Loire comme partout en France, la Poste enchaîne les réorganisations. Elle ajuste à marche forcée les effectifs en remplaçant a minima les départs. L’entreprise a perdu ainsi près de 26 000 emplois sur les trois dernières années, et 90 000 sur dix ans. Ces microséismes répétés qui bousculent les tournées touchent en premier lieu la distribution. Le facteur est en première ligne, et les CDD appelés en renfort sont également au front. La Poste se justifie en expliquant qu’elle doit coller au déclin du courrier (-5,6% en 2012) lié à la montée en puissance d’Internet. Après deux suicides médiatisés de cadres l’an dernier en Bretagne, une Commission du «grand dialogue» avait été mise en place, puis des mesures pour allonger le délai entre deux réorganisations ont été annoncées. Mais l’ajustement du réseau se poursuit de plus belle. «Notre environnement, la crise économique, les changements de société, tout nous oblige à nous adapter», justifie Jean-Paul Bailly, le patron du groupe la Poste, dans une lettre du 4 avril adressée à son haut encadrement.

Quinze jours après Pauline, un autre facteur, âgé d’une quarantaine d’années, a tenté de se pendre à sa prise de service, dans la cour de la poste centrale de Bayonne (Pyrénées-Atlantiques). Dans une lettre, il a pointé «l’épouvantable politique managériale» menée par son établissement, sur fond de restructurations permanentes.

A Monistrol-sur-Loire, le centre de tri est excentré dans la zone industrielle, le parking, balayé par un air gelé, domine le bourg. A 12 h 45, un premier facteur rejoint la base dans sa Kangoo jaune. Bientôt suivi de trois factrices. Trente-deux tournées effectuées par autant de facteurs, et même trente-huit les «jours forts», partent du hangar bleu vif posé sur le parking. Le col de sa parka relevé, Denise (1) fourrage dans son véhicule, en extrait un bac où se battent en duel quelques plis et petits colis. Comme ses collègues, elle rentre au centre, une fois la tournée finie, pour faire «la reddition des comptes» et les «réexpéditions».

Agée de 51 ans, Denise est depuis trois mois sur une tournée «campagne», elle aussi réputée difficile. Comme celles de Malvalette, de Val Privat ou encore de Saint-Just-Malmont. Une tournée «campagne», cela veut dire 180 à 250 foyers desservis, selon la fiche de fonction facteur, contre 450 à 700 en zone urbaine. Le circuit de Denise, long de 70 kilomètres, ne suit pas forcément l’itinéraire de la déneigeuse : «Des fois, j’en ai marre. Il y a des détours que j’évite quand c’est pour distribuer une pub. L’autre jour, j’ai une collègue qui s’est "enfermée" [au bout d’un chemin, ndlr]. Ils ont mis une heure pour la dégager…» Denise note : «On m’a dit que Pauline n’avait pas beaucoup de mois de conduite.» Et ajoute qu’elle était «taiseuse», «consciencieuse» et qu’«elle prenait tout à cœur».

Le ballet des Kangoo s’accélère. Les «redditions» sont expédiées en quelques dizaines de minutes. Une factrice, pressée de déjeuner, lâche deux mots : «Mes enfants m’attendent», avant de monter au volant de sa Ford. Les horaires de facteur semblent appréciés des femmes, même si les tournées sont assurées six jours sur sept, et mobilisent tous les samedis. La prise de poste se fait à Monistrol, dès 6 h 45. Première tâche : le tri général à l’arrivée du camion postal. Pauline, en tant que CDD, en était dispensée. Dans la foulée, chaque facteur indexe avec minutie son propre courrier. Départ sur les chapeaux de roues de la Kangoo vers 9 heures, dernier carat. A 13 heures, si tout se passe bien, les facteurs sont de retour. Et après l’enregistrement des plis et des colis restants, et selon l’adage «fini, parti», retour au logis.

Trois postes et demi en moins

Cette vie que certains peuvent envier a aussi ses revers. A Monistrol-sur-Loire, la réorganisation en cours devrait se traduire par 3,5 postes de permanents en moins. Pourtant, le corps des «roulants» - les facteurs remplaçants - est «déjà calculé au plus juste», soulignent Pascale Falcon, déléguée CGT, et Séverine Rigoux, de FO. Les deux syndicalistes de la zone sont venues ce jour-là à Monistrol pour y rencontrer les postiers. Sous le feu de leur critique, la pénibilité du métier «avec des centaines de montées et descentes de véhicules par jour», et la «sécabilité» des tournées, découpées et réparties entre les facteurs. Normalement, chaque circuit a son facteur titulaire. Mais les jours creux - en début de semaine ou durant l’été -, les tournées des facteurs absents (en RTT, en vacances ou en maladie…) sont coupées en rondelles et confiées aux sacoches des présents. «C’est une façon de suppléer au manque de personnel», ajoute la cégétiste. Au passage, cela permet aussi à la Poste de limiter le recours aux CDD.

Libération s’est procuré le procès-verbal de la réunion du comité d’hygiène et sécurité du travail (CHSCT) qui s’est tenue dès l’après-midi du drame. Il mentionne que Pauline avait été recrutée le 14 février pour faire une autre tournée, la T27. Mais, le matin, à sa prise de poste, elle se retrouve sur la T24. Une tournée orpheline : son titulaire est en arrêt maladie depuis juin. Or, selon le secrétaire du CHSCT cité dans le compte rendu, «cinq CDD n’ont pu remplir entièrement leur contrat sur cette T24». Plus ennuyeux, ce circuit long de 80 km était «à découvert [non distribué] depuis trois jours et […] il restait du courrier et de nombreux objets suivis». La responsable de la distribution fait valoir alors cette excuse :«La Poste a du mal à recruter des remplaçants compte tenu du faible nombre de postulants et du fait qu’ils n’ont jamais exercé le métier de facteur»… Le métier ne fait pas rêver tout le monde, assurément. Roger (1), dix ans de métier, croisé sur le parking, avoue ainsi 1 213 euros net par mois, et «il faut pleurer, dit-il, pour se faire payer les dépassements».

La route qui conduit de Monistrol à Sainte-Sigolène, où Pauline vivait avec ses parents, s’avale en un rien de temps. Six kilomètres vallonnés sur les coteaux du Velay, bordés d’une forêt de pins. Cette route, Pauline l’a parcourue pour la dernière fois le 15 février au matin. Venue au centre de tri très tôt parce qu’elle n’avait pu finir sa tournée la veille, elle est repartie chez elle à 8 heures, sur les conseils de la directrice, alarmée par son état de fatigue. A 8 h 30, selon le compte rendu, «son papa la retrouve pendue».

Au bar Le Marineo, surplombé par la flèche massive de Sainte-Sigolène, une femme, fille de factrice, lâche ses salves en sirotant son café : «Ma mère, [aujourd’hui en retraite] faisait la tournée de Golène [Sainte-Sigolène]. L’été, quand il n’y a rien dans la sacoche, pas de factures, pas de feuilles d’impôt, c’est bien. Mais l’hiver, on ne regarde jamais le temps qu’il y passe, le facteur !» Au Bazar du village, où Pauline était passée quelques jours avant le drame, la patronne confie : «C’est triste. On ne cherche pas à savoir, vis-à-vis des parents… Ils sont bien dans le malheur.» Et elle ajoute seulement : «Tout ce que Pauline faisait, il fallait que ce soit parfait. Elle aimait le travail parfait.» 

(1) Le prénom a été modifié.

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