Des policiers cagoulés, obligés de battre en retraite. La scène, saisissante, se déroule hier, vers 15 heures, rue des Basques à Bayonne. Quelques minutes plus
tôt, six ou sept de ces hommes, de la SDAT (Sous-direction antiterroriste), ont tenté d’arrêter Aurore Martin, sous le coup d’un mandat d’arrêt européen, pour la livrer à la justice
espagnole.
Dans l’appartement où la jeune femme a élu domicile, une trentaine de personnes s’y sont opposé, faisant “barrage humain” de leur corps.le barrage humain évite
l’arrestation
Sans violence, mais avec fermeté. Contraignant donc au final les forces de l’ordre à rebrousser chemin. Dans leur “fuite”, ces derniers, manifestement vexés
d’avoir raté leur action, vociféreront quelques subtilités aux militants présents : “Viens là toi, t’as pas de couilles !”.
Une fois le commando parti, un cortège se forme, encadrant Aurore Martin. Il avance vers la place Saint-André, prenant de l’épaisseur au fil des minutes
. Puis se stabilise devant le café des Pyrénées, vers 15h15. Un policier en civil guette, rue Pannecau, des fourgons de CRS passent et repassent. Mais plus
personne ne s’arrêtera.
Aurore Martin, qui a un peu repris ses esprits, mais demeure en état de choc, livre quelques mots à la presse : “J’avais dit que je résisterai. Ils sont rentrés
cagoulés, sans se présenter. Comme je n’ai pas voulu venir, il m’ont pris les bras et les jambes pour m’emmener. Ça a été très violent”.
15h30 : Martine Bisauta, adjointe au maire de Bayonne, arrive sur place. Elle sera plus tard rejointe par Marie-Christine Aragon, conseillère générale
socialiste, Daniel Romestant, responsable du Parti communiste sur le Bab, puis vers 18 heures, par Jean-René Etchegaray, premier adjoint (MoDem) de Jean Grenet.
Vers 16h30, estimant que la police ne prendra plus le risque d’intervenir - on est à quelques heures du lancement de la Fête de la musique -, Xabi Larralde
(Batasuna), Anaiz Funosas (Collectif contre le MAE), et les trois premiers élus cités, décident de tenir une conférence de presse en plein air, autour d’Aurore Martin. Leur prise parole
achevée (lire ci-contre), la militante s’exprime pour la deuxième fois : “Je m’attendais à l’arrestation, mais peut-être pas dans des conditions aussi violentes. Et je n’ai eu que deux jours
depuis ma réapparition publique… Maintenant, je vais continuer ma vie de tous les jours. On verra bien ce que fera la police. Je sais que je vais être emmenée devant l’Audience nationale.
Mais une chose est sûre, je ne faciliterai pas l’arrestation”.
Au même moment, on apprend par une dépêche AFP que, selon une source policière, l’opération a été “arrêtée” au motif d’un “trouble à l’ordre public”. Le
communiqué relate aussi les propos de Claude Guéant, ministre de l’Intérieur, en marge d’une visite à Maisons-Alfort (Val-de-Marne) : “Cette dame est sous le coup d’un mandat d’arrêt
européen. Il est du devoir de la police française de mettre en œuvre ce mandat d’arrêt. Et il sera mis en œuvre”.