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le blog du laboratoire anarchiste

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26 septembre 2012 3 26 /09 /septembre /2012 06:48

lu sur le cri du dodo,et publié

[Dernière édition le 10 Septembre 2012]

“C’est surtout dans l’administration de la chose publique qu’elle exerce son influence, son autorité et ses ravages, et nuit aux intérêts de la collectivité. Inutile en soit, il faut qu’objectivement elle cherche à légitimer son existence. De là, sa lenteur et ses caprices. Puissante dans son organisation, elle est la source d’une gradation de pouvoirs, d’une hiérarchie imbécile et incorrecte, devant laquelle sont obligés de se courber tous ceux qui sont en bas de l’échelle sociale.” 

Article “Bureaucratie” de l’Encyclopédie Anarchiste

“La bureaucratie est-elle l’apanage d’un système capitaliste ou même étatique ? Il semblerait en réalité que ce phénomène transcende les différentes catégories organisationnelles (de l’Etat aux partis, des entreprises aux associations et aux syndicats) et puisse désigner, dans chacune d’elles, un ensemble d’individus en lien avec les mécanismes de décision et d’administration, et témoignant par leur comportement, comme le pense Alfred Sauvy, d’une confusion entre délégation et exercice du pouvoir.”

Karim Landais

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La plupart des anti-autoritaires ou des anarchistes se sont habitués à penser que la bureaucratie était une maladie propre au corps des organisations formelles et permanentes, voir même uniquement à celles qui revendiquent un fonctionnement ouvertement hiérarchisé, voir pyramidal.

Aussi, les termes de “bureaucratie informelle” forment une expression qu’on aurait préféré ne pas avoir à employer et qui peut sonner comme un oxymore. Mais au delà des termes, porter la critique impose aussi souvent des analyses et des constats difficiles.

La bureaucratie n’est pas une chose aisée à définir. On pourrait dire que c’est avant tout l’art de la gestion et de l’administration le plus souvent exercées dans l’opacité, et parfois sans pouvoir apparent. C’est un peu l’antithèse de l’auto-organisation ou de l’autogestion. Après tout, la bureaucratie n’est jamais que la forme structurelle et le mode de fonctionnement même de l’Etat. Dans sa version formelle, légale, plus connue, elle peut être décrite comme un pouvoir fondé sur la compétence, un fonctionnement s’appuyant sur une réglementation impersonnelle, une exécution des tâches divisées en fonctions spécialisées et une carrière réglée par des critères objectifs (ancienneté, qualification).

Beaucoup de gens, pas nécessairement anarchistes, ont appris à se méfier des organisations permanentes (même et surtout anarchistes ou assimilées) et de leur tendance systématique à produire des intérêts qui leurs sont propres (le recrutement, le militantisme débilitant, les logiques d’appareil et leurs limites, la prétention à l’hégémonie, le rejet de la confrontation avec l’Etat et la contradiction entre volonté révolutionnaire affichée et opposition ou indifférence aux révoltes existantes, etc…), et aussi par conséquent à rentrer en concurrence avec toutes sortes de révoltes et d’initiatives de luttes autonomes, à les récupérer et évidemment à les pacifier. Une tendance inéluctable aussi à développer une bureaucratie politique ou syndicale, qui prend parfois une forme particulièrement pernicieuse et d’autant plus difficile à cerner qu’elle ne dit pas son nom ou se revendique même de l’auto-gestion ou de l’auto-organisation, mais se garde bien d’offrir quelque principe de précaution pour garantir cette “profession de foi”.

Plus précisément, elle donne généralement sa propre critique de la bureaucratie en offrant une définition très limitée de celle-ci, lui permettant ainsi de développer la sienne. La définition trotskyste de la bureaucratie n’est rien d’autre que l’expression idéologique de sa bureaucratie. Il en va de même pour la définition anarcho-syndicaliste, plateformiste ou démocrate radicale, etc. Nouvelle époque, nouvelle forme d’autoritarisme, cette bureaucratie a su s’adapter à la nouvelle donne d’une contestation qui s’est habituée à se maintenir à une distance raisonnable de la forme-parti ou même des organisations permanentes.

Ce brouillage des cartes nous oblige à redéfinir sans cesse le phénomène bureaucratique.

Mais qu’est-ce qu’un bureaucrate ?

Le bureaucrate est, par définition, un permanent indispensable, ou un indispensable permanent. A lui seul, il est à sa manière une forme de “subjectivité” (individuelle ou collective) en celà que chaque bureaucrate est en soi (de par ses pratiques et ses comportements) une forme de bureaucratie larvée.

Il est, de par son simple comportement, l’incarnation vivante de la médiation.

Dans le cadre d’une lutte sociale, le bureaucrate est en général facilement identifiable par le fait qu’il cumule les fonctions ou les tâches à “responsabilité”, qu’il monopolise la parole et recadre et dirige les débats même lorsqu’aucun “ordre du jour” n’a été préalablement ou clairement fixé (“non mais là c’est pas  le sujet” -et quel est le sujet ?-, ou “d’accord, mais, ça on en parle à la fin”… C’est à dire quand tout le monde sera parti), s’énerve parfois facilement (notamment lorsqu’il est contredit), aime être suivit, possède souvent de bons talents d’orateur (le bureaucrate tribun en a fait sa spécialité), et apprécie énormément toutes les joies de la médiation et de la négociation avec diverses formes d’autorité légale ou institutionnelle. Il présente souvent cette pratique comme un mal nécessaire, comme une possibilité exceptionnelle (“non mais tu vois, l’administration de la fac/les chefs de rayon/les délégués, on les connait, il y a moyen de parler avec eux, c’est pas comme ailleurs”), comme n’étant pas “la fin de toutes choses” mais “un moyen de faire pression pour obtenir des trucs”, une basse besogne que seul les braves gens comme lui ont le courage de faire.

Le fait aussi, par exemple, de se réunir en aparté pour préparer à l’avance et à huis clos la scène qui va se jouer dans telle assemblée, telle réunion, telle manif, et ce afin d’enfermer le cours des évènements dans ses perspectives étroites (“l’important, c’est pas de parler de tout les problèmes du monde mais déjà d’obtenir l’abrogation de la loi bidule-truc…”). Le fait de systématiquement enfermer une lutte dans des revendications catégorielles ou une situation particulière.

Bien sur, bien d’autres caractéristiques, sans doutes plus fondamentales, pourraient lui être attribuées. Le fait de recouvrir la parole d’autres individus. Une tendance à tout intellectualiser pour éviter certains problèmes ou certaines questions. Pour ce faire de toujours parler des autres avec un langage académique ou de spécialiste complètement hermétique à la majorité et en ne parlant jamais d’une position située (c’est à dire de soi et de sa situation, ses besoins, ses désirs, etc), ou au contraire (selon les interlocuteurs) en s’adressant à certaines personnes comme à des “débiles” ou à des enfants. Cela permet aussi de maintenir dans le langage la séparation entre les gestionnaires et les géré-e-s en se satisfaisant de cette situation (en ne faisant rien pour la changer, sinon quelques pétitions de principe. Un petit panneau indiquant par exemple “répartition de la parole”, “partage des tâches” fera par exemple l’affaire).

Une autre pratique assez courante consiste aussi à s’approprier les initiatives proposées par d’autres (du type “moi ce que je propose c’est …” en répétant ce que quelqu’un d’autre avait dit avant). Le fait, tout simplement, de tout faire pour avoir une pratique excluante, inter-personnelle et non-collective des processus de décisions (lorsque des décisions sont prises) ou d’initiatives qui impliquent plus que le groupe (ou l’individu) qui les prends.

On l’aura comprit, qu’il s’ignore ou s’assume, seul ou en groupe, le bureaucrate est un autoritaire.

Le bureaucrate est d’ailleurs plus un phénomène qu’un sujet. Il ne se définie pas uniquement par son appartenance de classe ou son “capital culturel” ou militant (bien que ceci explique souvent celà), mais bien par ses pratiques. Même si elle est souvent le fait de militant-e-s traditionnels, ou d’hommes sur une majorité de femmes ou se caractérise par une “non-mixité blanche” par exemple, on aurait tord d’y voir un phénomène qui se limiterait aux organisations permanentes et formelles, ou comme n’étant que le produit de déterminismes sociaux pré-existants. Et d’abord parce que la bureaucratie s’étend et possède un pouvoir de détermination parfaitement autonome à partir du moment où elle a trouvé quelque chose à fagociter : un espace, une lutte, un mouvement, un collectif, etc.

De plus, elle se renforce aussi à mesure que les principaux chefaillons ou bureaucrates se trouvent des subalternes et font démonstration de leur mansuétude en intégrant publiquement certaines critiques (celles qui ne remettent pas en cause leur mode de fonctionnement).

L’expérience démontre aussi que le bureaucrate (en particulier lorsqu’il se trouve des pauvres à gérer ou une cause perdue à défendre) évolue aussi à merveille dans un cadre dépourvu de principes ou d’organisation (même informelle), ou vraiment rudimentaire (comme n’importe quelle réunion ou assemblée sans fonctionnement précis par exemple) ou simplement de toute éthique et de tout fonctionnement définit à priori. Ce qui ne signifie justement pas que l’informalité anarchiste doive ou même puisse se passer de tout principe ou de tout fonctionnement décidé et déterminé collectivement. Au contraire. Et ces constats le prouvent. Ce qui lui confère un avantage sur l’organisation formelle reste la fluidité organisationnelle et la possibilité d’une remise en cause  et d’une critique permanente.

Tout au contraire, le bureaucrate affectionne les stratégies d’évitement lorsque ses pratiques sont questionnées, voir plus simplement l’hostilité, mais plus souvent tout ce qui touche au pathos : “non mais tu comprends, en ce moment je vais pas bien, c’est pour ça”, “ma vie est très difficile”. Cette technique éprouvée permet de réduire les problèmes de fonds à des conflictualités inter-individuelles (et donc perçues comme sans enjeu, et sans importance) : “Tu t’en prends à moi personnellement !; “Tu en as après moi”; “tu es jaloux/se”; “tu es aigri-e”; “tu es un égoïste !”, “Et toi, tu ne vas pas bien en ce moment ?”… etc.

Par dessus tout, la bureaucratie tient l’un de ses arguments fétiches dans la dictature de l’urgence.

http://www.livingscoop.com/ls_content/images/Eschers_Relativity.jpgTout doit aller très vite, il faut rappeler que “là, on a pas le temps!”, ou “qu’il faut passer à autre chose!”, “qu’on ne va pas en parler toute la nuit”, “qu’il y a des situations qui exigent qu’on prenne des initiatives rapidement” (sous entendu, sans consulter personne) et utiliser ce climat pour endiguer préventivement toute critique en accélérant la cadence de manière à ce que seul un groupe réduit de personnes puissent suivre ou soient en mesure d’intervenir pour donner leur avis ou émettre une critique. Cette technique est aussi imparable pour justifier des décisions prises à la hâte et dans lesquels la majorité des individus impliqués ne se retrouvent pas : “Non mais là on avait pas le temps, il fallait réagir tout de suite” ou “c’était ça ou  rien”.

Aussi, la bureaucratie va consister à entretenir un monopole quasi-systématique des initiatives (d’actions, de rendez-vous, de commissions ou de réunions en petit comité composé des mêmes personnes…) et faire en sorte que ces initiatives soient elles aussi excluantes, c’est à dire qu’un minimum de personnes (toujours les mêmes) puissent y participer pleinement. Plus simplement, la plupart du temps, les autres individus vont être assignés à des tâches plus rebutantes, plus ingrates, moins prestigieuses ou moins glorieuses. Ainsi, la bureaucratie est avant tout une forme de division du travail (ici “militant” ou “activiste” … avec ou sans guillemets). En éloignant le plus de monde possible dans une infinité de tâches et de petits devoirs (du quotidien, ou dans une lutte) qu’on se débrouille pour faire consentir, tel un prof illusionniste, le bureaucrate distrait son monde.

Aussi, cette division du travail a pour effet de ne jamais s’opposer frontalement à aucun type d’initiative, mais simplement à les repousser vers un avenir improbable (“c’est pas une mauvaise idée, mais pour l’instant il y a plus urgent”), ou à les récupérer en les dénaturant.

En substance, à défaut de pouvoir s’accrocher à des règles strictes, le bureaucrate informel accumule dans une lutte ou un espace temps donné et de manière exclusive : la responsabilité, l’initiative, le prestige, une forte influence sur toutes les décisions, le monopole de la parole et du discours (tracts, affiches, etc…), le temps, et l’image à l’exclusion d’autres personnes qui y sont consciemment mêlées d’une manière ou d’une autre.

Une pratique rodée consiste aussi à minimiser et relativiser systématiquement les problèmes engendrés par ce type de fonctionnement (qui est nié pour ce qu’il est) en acculant dos au mur quiconque se permet de le remettre en cause : “non mais c’est pas grave, on fera mieux la prochaine fois” ou “OK, d’accord et tu proposes quoi à la place ?” ou encore “Et ben t’as qu’à le faire puisque tu critiques”. Le comportement du bureaucrate n’est pas juste idéologique, il est fonctionnel et répond à une logique qui lui est propre. C’est pourquoi il tentera la plupart du temps à la fois de nier en bloc et d’inclure dans son fonctionnement les individus qui le critiquent (par la proposition d’avantages quelconques, ou par la technique de la “main tendue”, du style “t’as qu’à faire l’action avec nous” ou “venir discuter avec nous après). Notons bien que ces “mains tendues” n’ont pas pour but d’inclure ceux à qui elles sont tendues dans le processus décisionnel mais uniquement à préserver la structure bureaucratique intacte, et que celui ci se fait toujours à l’exclusion d’autres individus, voir dans la plupart des cas de la majorité qui subit ou “reçoit” les décisions.

A travers toutes ces pratiques et bien d’autres, les bureaucrates (aussi appelés buross’, pour les intimes – exemple : “Ah ah, on est trop des buross’ !”) développent une influence suffisante pour justifier tout type de comportements et de pratiques d’autant plus “légitimées” par le fait que les bureaucrates bénéficient en général d’une “auréole militante” pour leur “participation à la lutte”, même lorsque celle-ci est complètement virtuelle ou spectaculaire.

La petite mise en scène auto-référentielle du bureaucrate comme “méta-militant” ou super-activiste des luttes et de la vie quotidienne toute entière faisant généralement son effet.

http://www.lesreflets-cinema.com/images/film/vignettes/la%20mort%20dun%20bureaucrate498abcf1cc8d5.jpgCette bureaucratie repose aussi de manière fondamentale sur une rétention de l’information, et de manière corrélative de décisions prises en amont des décisions collectives (si tant est qu’une décision puisse être considérée comme “collective” dans ces conditions). Le simple fait de prendre des initiatives qui impliquent tout le monde, tout en ne faisant pas circuler toutes les informations en mettant celà sur le compte de l’oubli ou de l’erreur technique. “Non mais attend, t’es parano ou quoi ? J’y  peux rien si t’as pas reçu le message” ou de la nécessité permanente “non mais fallait qu’on soit discret”. Bien sur, il ne s’agit pas de critiquer la nécessité de la discrétion et de la culture de la sécurité (si nécessaire, si méconnue, si ridiculement exagérée et si inutilement singée) ou simplement la volonté de ne pas se mettre en avant en général (ce qui est parfaitement compréhensible et n’a rien à voir), mais bien de la pose conspiratrice qui consiste à  jouer au jeu du secret en permanence pour absolument tout et rien en prenant les autres à témoin avec des airs d’affranchis.

En ces circonstances, l’immunité du bureaucrate vis à vis de la critique n’a généralement d’égal que son carriérisme et son arrivisme.

Mais la difficulté à définir la bureaucratie repose à la fois sur l’opacité de ses pratiques, sa tendance à nier l’évidence (“Comment ça il y a un éléphant au milieux de la pièce ? Mais non j’ai rien vu”) et le fait que l’erreur est humaine. C’est à dire qu’une de ces pratiques ne caractérise pas nécessairement un comportement de bureaucrate mais peut être simplement un manque de remise en question ou une carence de définition des principes d’auto-organisation par un groupe ou un collectif au préalable.

En réalité, c’est bien la répétitivité de ces pratiques par un individu ou un groupe qui fait système. Lorsqu’ils sont réunis et défendus systématiquement, il n’y a pas de doute (et peu importe l’idéologie dont ils se revendiquent) : vous avez à faire à des bureaucrates…

Apprendre à les repérer, c’est apprendre à les combattre.

Ne nous laissons pas gérer, ne nous laissons pas balader…

Pour l’autonomie des luttes et l’horizontalité,

pour l’action directe et contre toutes les médiations :

Dégageons tous les bureaucrates et autres apprentis-politiciens !

 

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