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La tyrannie la plus redoutable n'est pas celle qui prend figure d'arbitraire, c'est celle qui nous vient couverte du masque de la légalité." Albert Libertad

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le blog du laboratoire anarchiste

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19 juin 2011 7 19 /06 /juin /2011 17:09

Nucléaire et servitude misère de l'écologie

Partout où l’énergie nucléaire s’est imposée, l’organisation
militaro-industrielle ayant permis son développement a aussi réussi à
élever et à formater des populations acceptant nolens volens de cohabiter
avec la radioactivité. Les batailles menées contre l’implantation
généralisée de centrales nucléaires, comme au Japon ou en France, ont
partout échoué dans l’isolement. Désormais, chaque contestation
antinucléaire surgissant ici où là ne porte que sur les conséquences de
choix déjà inscrits dans la réalité. Refusant de remettre en cause
l’organisation sociale du monde qui a permis la production du monstre
nucléaire, les opposants se retrouvent dans la peau de citoyens indignés
laissant des contre-experts plus ou moins auto-désignés ferrailler à coups
de becquerels et de millisieverts avec des experts autorisés.

En France, l’incapacité à influer sur le cours des événements a laissé le
champ libre aux nucléaristes hexagonaux pour opérer une réorganisation
bureaucratique et politique du nucléaire, qui s’est faite sans aucune
réaction de la part des écologistes : pendant qu’ils succombaient aux
sirènes du Grenelle de l’environnement en abandonnant toute opposition au
nucléaire sur l’autel de l’effet de serre, qu’ils approuvaient au
Parlement européen le rapport de Copenhague qualifiant le nucléaire «
d’alternative à l’effet de serre », que les Verts s’abstenaient au Conseil
régional de Normandie, permettant ainsi l’acceptation de l’EPR de
Flamanville, les nucléaristes faisaient passer, le 21 avril 2008, un
décret instituant un nouveau « Conseil de politique nucléaire » gérant
désormais l’ensemble de la filière. Ce qui permet d’y confiner l’ensemble
des décisions visant à développer sans contradiction l’industrie atomique
– les instances sanitaires, environnementales et l’autorité de sûreté en
étant dorénavant exclues. Et aujourd’hui la catastrophe de Fukushima,
faillite de l’industrie nucléaire, devient même pour ces forcenés un
argument de vente pour les EPR.

Le parallèle entre les populations colonisées par le totalitarisme
nucléariste et les populations arabes, elles aussi incarcérées dans des
sociétés dominées par les enjeux géopolitiques et énergétiques définis par
les oligarchies, est explicite. Les révoltes qui se déroulent aujourd’hui
au Proche et au Moyen-Orient, et le fait même qu’elles cherchent à
remettre en discussion l’organisation des choses et des hommes, éclairent
en retour la spécificité des régimes nucléaristes où règne un silence
effrayant.

La fusion en cours de plusieurs réacteurs de la centrale de Fukushima
autorise un autre parallèle. Elle permet de mesurer les progrès de la
domination et la place particulière qu’y a prise l’idéologie
catastrophiste du pouvoir depuis Tchernobyl.

En 1986, les autorités présentaient l’industrie nucléaire comme
parfaitement maîtrisée et, quelle que soit l’ampleur du désastre, il
fallait le cacher comme cela avait été le cas en 1957 pour Tcheliabinsk
dans l’Oural et la même année à Windscale (devenu Sellafield) en
Angleterre, de crainte que la connaissance des faits ne produise une prise
de conscience de l’horreur nucléaire : un effet de panique non
maîtrisable, une révolte, pensait-on peut-être dans les milieux
nucléaristes. Les autorités de l’époque étaient, dans ce scénario, au
diapason de l’écologisme de l’époque : il fallait pour les uns défendre la
ligne du déni et du mensonge pendant que les autres revendiquaient la
transparence. Rappelons que c’est seulement l’indiscrétion des balises de
mesure de radioactivité de la centrale suédoise de Forsmark qui a permis à
l’Agence France Presse de révéler, le 28 avril 1986, la catastrophe de
Tchernobyl.

De Tchernobyl, on sait désormais tout, ou presque : le déroulement des
événements, leurs causes, leurs conséquences, les lampistes désignés, les
liquidateurs sacrifiés. Même le bilan humain et environnemental, s’il
reste en partie nié par les soidisant responsables, est régulièrement
rendu public par les ONG sous forme d’estimations dont les plus basses
seraient suffisantes pour remettre en question cette source d’énergie. Or
tout cela reste sans conséquence. Et la catastrophe de Fukushima, pour
l’instant, n’y change rien.

Contrairement à la majorité des écologistes, les gouvernants et les
industriels – pour le nucléaire il s’agit des mêmes – semblent avoir
compris que la consommation non critique de l’information de masse conduit
à une forme d’ignorance modernisée. À ce propos, rappelons que, dès 1958,
l’Organisation mondiale de la santé (OMS) préconisait : « Du point de vue
de la santé mentale, la solution la plus satisfaisante pour l’avenir des
utilisations pacifiques de l’énergie atomique serait de voir monter une
nouvelle génération qui aurait appris à s’accommoder de l’ignorance et de
l’incertitude. »

Nous y sommes, et ce n’est pas une politique de censure qui a eu les
effets les plus délétères, ce sont les mutations d’une conscience
collective qui se sont produites en Occident et qui ont conduit à accepter
les effets bien réels, pathogènes et mortifères, de l’industrie nucléaire.

Les tourments dont souffrentles populations actuelles sont un effet de ce
qu’on peut qualifier de « pragmatisme gestionnaire ». À l’origine des
sociétés capitalistes, il a pu s’envisager comme un moyen d’aller vers une
perspective de liberté, en guidant les hommes et leurs affaires sur le
chemin de l’efficacité – en réalité, celui de la rentabilité et du
contrôle social... Nous avons eu des siècles pour éprouver le cauchemar
dans lequel nous nous sommes laissés enfermer, ce moyen s’étant mué en une
fin.

Ce qui se passe au Japon en ce moment nous donne une image très claire de
la violence quotidienne dans laquelle nous sommes maintenus. Il en résulte
un sentiment d’incarcération dans un dispositif social. Le nucléaire, plus
que n’importe quelle autre technologie, nous ramène sans cesse à
l’impossibilité d’en sortir, il nous rappelle à l’ordre. D’un point de vue
technique, arrêter demain l’ensemble des réacteurs obligera à les
refroidir et à gérer leurs déchets pendant des millénaires. Cette démesure
dit tout de la prise en otages à durée indéterminée à laquelle nous sommes
condamnés.

Comme forme de domination et de soumission, le pragmatisme gestionnaire se
marie très bien avec un délire irrationnel. Autant du côté des
nucléocrates que des écologistes. Chacun étant convaincu de la disparition
à moyen terme (trente, cinquante ou cent ans) de la plupart des matières
premières aujourd’hui en usage, ils rivalisent de perspectives «
alternatives ». Pour les premiers, incarnés notamment par le CEA
(rebaptisé opportunément Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies
alternatives), il s’agit, rien de moins, de reproduire sur Terre de
manière « confinée » le processus énergétique du Soleil, avec ITER à
Cadarache comme site phare. Pour les seconds, il faut couvrir des
territoires entiers d’éoliennes industrielles et de panneaux solaires, en
sachant d’avance que les matières premières pour les fabriquer seront
toujours rares et qu’il faudra des États toujours plus puissants et des
multinationales de l’énergie pour les mettre en oeuvre et en garder le
contrôle. Déjà ces derniers n’hésitent pas à nous démontrer leurs
meilleures intentions tout en cherchant à convaincre qu’il faut bien se
soumettre à un certain « pragmatisme gestionnaire » si l’on veut un
résultat... Un marché de dupes, car les nucléaristes auront le même laps
de temps pour faire avancer leur technologie et la rendre toujours plus
présentable et incontournable – ah, le merveilleux « mix énergétique » !

Surtout, ces « projets alternatifs » ont ceci d’effrayant qu’il n’est plus
insupportable pour personne de devoir utiliser les mêmes arguments
d’efficacité, de rentabilité et de compatibilité avec l’économie
capitaliste pour convaincre de leur crédibilité. Et pour les plus radicaux
des contre-experts, partisans d’une réduction drastique de nos besoins
énergétiques, c’est toujours en termes comptables qu’on voudrait rendre
présentable ce « nouveau » monde à venir.

Ces « alternatives » produisent aussi l’autosatisfaction de ceux qui les
développent, par illusion d’avoir surmonté leur impuissance. On entend
déjà tous ces promoteurs de « positivité » asséner leur sempiternel slogan
: « Il est vain de lutter contre, il faut lutter pour... » C’est ainsi que
le sentiment de révolte est maintenant perçu comme pathologique.

Retenons tout de même une chose de cette obsession des alternatives :
aujourd’hui, les populations ont à se soucier de se réapproprier la
définition de leurs besoins et des moyens d’y répondre, c’est une
évidence. Mais il est tout aussi certain que le système de domination
actuel ne disparaîtra pas par un simple changement de technologie. On ne
dira jamais assez qu’il ne s’agit pas tant d’en finir avec le nucléaire
que de rompre avec le monde qui l’a engendré. C’est-à-dire avec le mode de
production qui a permis et nécessité son développement et avec le monde
qu’il a contribué à façonner depuis. Avec ce goût démesuré du contrôle
mesquin de tout et des désastres qu’il fabrique.

La fuite en avant technoscientiste reste toutefois entre les mains
d’oligarques qu’il est encore possible de faire « dégager » de nos vies
pour libérer l’horizon des possibles. Stopper immédiatement le nucléaire
est la seule perspective soutenable, la seule manière de conserver un sens
au sentiment de l’insupportable. Et même si un arrêt immédiat des
centrales ne nous sortira pas de leur gestion avant des dizaines de
milliers d’années, rien ne peut justifier de se précipiter à la table de
la cogestion de ce désastre permanent. Ce renversement-là ne se fera pas
autour d’une table, à la tribune d’un débat public ou encore par les
urnes. Il nécessitera un mouvement capable de débrancher les centrales
immédiatement, c’est-à-dire composé d’individus associés prenant parti
pour l’aventure de la liberté.

11 juin 2011,

Association contre le nucléaire et son monde

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