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La tyrannie la plus redoutable n'est pas celle qui prend figure d'arbitraire, c'est celle qui nous vient couverte du masque de la légalité." Albert Libertad

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le blog du laboratoire anarchiste

File:Wooden Shoe.svg
21 février 2011 1 21 /02 /février /2011 09:28

  Brisons les chaines de la bienséance... Pas de compromis sur la révolte... A bas la politesse traitresse des luttes utérines... Ce que nous entendons démollir ce sont les démolisseurs... "Parceque nous sommes si amoureux et néanmoins mourants... Protestez !!!!!!!" (Julian Beck)

communiqué du 5 février 2010 trouvé sur no border.

64 personnes en grève de la faim

Vingt six sans papiers en grève de la faim depuis plus de 50 jours

rue des Chartreux, 41 à 1000 Bruxelles

Depuis la campagne de régularisation offerte par nos ministres fin 2009, nombre de personnes ont été régularisées. Mais nombre d’autres ont été rejetées, oubliées. Certains, installés en Belgique depuis plus de 10 ans, se retrouvent en centre fermé, arrêtés sans explications à leur domicile, souvent séparés de leurs femmes et enfants.

Une visite au centre fermé de Steenokkerzeel nous a fait découvrir une détresse immense, qui a conduit 3 personnes à entamer une grève de la faim depuis 14 jours, ainsi qu’un mouvement de 35 personnes qui commence une grève de la faim ce dimanche 30/01, réclamant juste le respect de leurs droits humains.

Plus grave encore :Certains essaient d’arracher ces fameux papiers (qui leur permettraient juste de vivre) en entamant des occupations, des grèves de la faim.

Parmi eux, 26 personnes en grève de la faim depuis le 10 décembre 2010 dans un local rue des Chartreux, 41 1000 Bruxelles.

Ils sont en pourparlers depuis plusieurs semaines avec Monsieur Wathelet, sans réponse.

Ils demandent une carte blanche avec un séjour de 1 an et un permis de travail C. Leur état de santé est critique après 54 jours de jeun. Certains ont développé des séquelles rénales qui pourraient devenir irréversible.

Cette politique d’exclusion/expulsion aveugle est le reflet de nos politiques européenne pour lesquelles nos ministres doivent faire du chiffre, sans aucune considération de l’aspect humain des situations.

Nous soutenons ces mouvements de désespoir des victimes de ce système d’exclusion au nom de « notre sécurité », de « notre économie » !

"Contre les frontières, Contre les déportations"


Subject: [channelx] video of news from solidarity action in brussels with
subtitles in english!!

>
> http://www.youtube.com/watch?v=crAz0W1O5X4
information supplémentaire:
Des détenues ont réussi a s'échapper (au moins 1) et un
feu a été déclaré dans le centre!

la presse "le monde" le 20/02/2010

Des demandeurs d'asile en colère ont en partie incendié dimanche leur centre de rétention en Belgique et menacé pour certains de se pendre afin de protester contre leurs conditions de vie et les abus commis selon eux par les gardiens, selon les autorités locales.

Une aile de ce centre fermé de Steenokkerzeel, situé près de l'aéroport de Bruxelles dans la banlieue nord-est de la capitale, a été incendiée. Quelques demandeurs d'asile ont été évacués dans la soirée et conduits vers d'autres installations du même type.

"Une aile à laquelle on a mis le feu est inhabitable. Les familles avec enfants peuvent rester. Nous essayons entre autres d'évacuer les personnes qui sont montées sur le toit. On ne sait pas encore combien de personnes devront être replacées", a expliqué dans la soirée le maire de Steenokkerzeel, Karel Servranckx.

Plusieurs des occupants sont montés en effet sur les toits et ont tenté d'escalader les grillages. D'autres ont menacé de se pendre avec leur literie depuis la fenêtre de leur cellule.

Le quartier a été pendant longtemps bouclé par la police, venue en nombre.

Une quarantaine de manifestants se sont aussi rendus en cortège dimanche jusqu'à l'entrée du centre à l'appel d'un comité de soutien aux demandeurs d'asile, "Voix Sans Frontières".

Les demandeurs d'asile dénoncent depuis plusieurs jours leurs conditions de rétention et accusent le service d'ordre de se livrer à des mauvais traitements, physiques et psychiques, contre eux.

Une partie des résidents ont entamé une grève de la faim mercredi en réaction aux mauvais traitements dont aurait été victime en particulier un Egyptien de 18 ans.

Le jeune homme aurait été emmené mardi soir dans une salle d'isolement, où il aurait été frappé par quatre gardiens, selon les protestataires. Les gardiens auraient aussi proféré des menaces à son encontre afin qu'il accepte son expulsion dans le calme et qu'il ne revienne plus jamais en Belgique, selon les protestataires.

Des Arméniens auraient aussi été maltraités après avoir tenté de s'évader.

Devant le centre, les manifestants ont brandi dimanche un calicot proclamant "Droits humains en danger".

"Les hommes politiques se montrent rapides à condamner la violence du régime de Moubarak mais ferment les yeux devant la violence employée par des gardiens belges à l'égard d'un jeune Egyptien", a affirmé un membre du comité de soutien, Axel Wauters.

La Belgique fait face depuis plusieurs mois à un afflux de demandeurs d'asile.

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21 février 2011 1 21 /02 /février /2011 08:26

 

Nous avons reçu ce communiqué depuis plusieurs jours .Occitan il  reste tojours important d'écrire à Guido et Arturo, à cette adresse:

Guido Mantelli -
Arturo Fazio

C.C. Lo Russo e Cotugno

Via Pianezza 300

10151 Torino. ITALIE.

 

 

 

 

Communiqué d’Arturo et de Guido du 10 février 2011 de la prison  Lo
Russo e Cotugno (Vallette) de Turin.

Nous avons été arrêté dans la nuit du lundi 7 février sous
l’accusation, pour ce qu’il nous a été donné de savoir jusqu’à
maintenant, de résistance à la force publique, d’attaques et
d’attentat contre un transport sur la voie publique (ou quelque chose
de ce genre) au cours d’un rassemblement contre le passage d’un train
de déchets nucléaires à Condove dans le Val di Susa.
Sur le passage de ces trains de déchets, on a toujours établi le plus
grand secret afin que les populations exposées aux risques induits par
ces transports chargés de tonnes de résidus radioactifs, ne puissent
pas manifester leurs propres préoccupations voire des protestations.
Evidemment, attirer l’attention sur cette menace passée sous silence
et s’opposer au passage de ces trains de la mort est un pas essentiel
dans la lutte contre le monstre nucléaire, comme le montrent les
mobilisations qui depuis des décennies regroupent, surtout dans le
nord de l’Europe, des milliers de personnes conscientes de la tragédie
que l’industrie de l’atome représente pour le présent et le futur de
la planète.
Pour ceux qui luttent contre les nuisances causées par l’absurdité
productive qui pousse la société malade du progrès, le nucléaire est
la dernière occasion pour exprimer son refus et sa rage.
Au-delà des délits qui nous sont reprochés et de l’avancée de la
procédure judiciaire nous sommes fiers d’avoir participé à ce qui,
nous l’espérons, sera le premier moment de la relance d’une
mobilisation ample et déterminée qui sache exprimer, avec les formes
et les méthodes propres à chacun, la force et la dignité  dans le
refus et le combat contre toute nuisance.

Nous lançons un salut rebelle à tout ceux qui,  dans et hors des
prisons, alimentent le feu du désir d’un monde libéré de
l’exploitation et de l’autorité.

 Presi bene raga!

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20 février 2011 7 20 /02 /février /2011 23:18
nous ( collectif libertaire) publions ce texte car nous sommes inscrit dans le combat contre la loi Loppsi 2, malgré les tentatives répétées de nous écarter du combat dans la (liste Drome  anti LOPPSI2)  contre cette loi. A qui set la division?

 

Témoignage

Je voudrais témoigner de l’agression policière que j’ai vécue hier, lors du rassemblement de soutien pour le procès de Tom et Léa à la cour d’appel de Toulouse.

On nous a tout d’abord interdit l’entrée d’une audience publique.

Puis, alors que nous étions rassemblés pacifiquement devant les grilles du tribunal, sur ordre du commissaire, nous nous sommes fait chargés par la compagnie de CRS qui bloquait l’entrée. Ils ont entrepris de s’occuper de manifestants à coups de matraque.

À ce moment, nous nous sommes assis au sol, à l’image de notre pacifisme et de notre non-violence, l’état d’esprit dans lequel nous étions venu soutenir Tom et Léa.

Les CRS ont quand même lancé une grenade à déflagration et deux lacrymos.

Je tiens à signaler que des enfants, même des nourrissons, étaient présents et jouaient tranquillement pendant ce rassemblement pacifiste. Notamment les deux filles d’un couple d’amis avec qui nous étions venus.

Je reste très choquée d’avoir vu ces enfants terrorisés par la violence de la scène, de les avoir vu pleurer en demandant pourquoi ? De voir des parents essayer d’expliquer à leurs enfants que la peur a changé de camp.

Depuis quand s’en prend-on à des enfants ?

Peut-être depuis que les forces de l’ordre se permettent de passer leurs nerfs sur le peuple.

Frustration mal gérée ou manœuvre planifiée visant à inverser les rôles en troublant l’ordre public ? Et faire pencher la balance d’un jugement…

Marie

Vendredi 18 février 2011.

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20 février 2011 7 20 /02 /février /2011 23:09
Jets de peinture, lacrymo… des élus ont été vivement pris à partie hier soir par la mouvance anarchiste.

 

Une réunion tendue, voire, allez, «un peu chaude», ça, les élus et l'équipe d'Euroméditerranée présents hier soir à la fac Saint-Charles pour débattre avec les Marseillais de la création d'un parc à la Porte d'Aix s'y étaient tous préparés. Certainement pas à devoir quitter la salle sous les cris et les insultes, ou, pour certains, recouverts de peinture jaune ! Ainsi agressée par une jeune femme, l'élue UMP à la Sécurité Caroline Pozmentier ripostait par une gifle avant qu'en catastrophe, le staff d'Euroméditerranée ne les sépare, sous les regards médusés des élus et du public.

 

Notre confrère de LCM voyait pour sa part sa caméra brisée, le tout dans des relents de gaz lacrymogène. Hier soir l'amphi Peres, c'était un surréaliste K.O. à OK Corral. «Nous voilà beaux», soupirait en quittant la salle une dame, désolée, de voir ce débat très attendu ainsi «confisqué». 3000 personnes, des riverains principalement, avaient en effet pris part aux précédentes phases de la concertation. L'assemblée d'hier devait en être le point final. Mais, dès les premières minutes, la réunion partait dans le mur.

 

Stratégiquement installés dans les gradins, une dizaine de jeunes, identifiés un peu plus tard comme appartenant à la mouvance anarchiste, s'employaient à phagocyter les échanges : «Y a pas de débat, tout est déjà décidé, votre concertation c'est du bidon», lançait l'un. «Vous voulez mettre les pauvres et les Arabes dehors», enchaînait un autre. «Et les SDF, hein, ils iront où les SDF ?» En bas, à la tribune, François Jalinot, directeur de l'établissement public Euroméditerranée, son président Guy Teissier, celui de la Communauté urbaine, le PS Eugène Caselli, les maires de secteur PS Lisette Narducci et Patrick Mennucci ainsi que les adjointes UMP Laure-Agnès Caradec et Caroline Pozmentier voyaient la réunion leur échapper.

 

Certains tentaient bien de ramener l'ordre — en vain. «Vous n'êtes pas intéressés par l'avenir de Marseille, vous êtes des perturbateurs», grondait Patrick Mennucci, qui avait déjà fait les frais d'un tel chahut lors d'une récente réunion sur la sécurité aux abords de La Canebière. Médusé, écœuré, le public, s'y mettait aussi, timidement : «Mais qu'est-ce que c'est que cette foire ?», s'énervait ainsi Claude Tabet, présidente du CIQ de Saint-Mauront. Peine perdue.

 

À 18h30, soit une heure après le début de cette réunion avortée, les élus décidaient d'un commun accord de lever le camp. «À partir du moment où l'on ne peut pas débattre, je ne vois pas l'intérêt de rester», indiquait en aparté Guy Teissier. C'est à ce moment qu'une jeune femme se jetait sur le rang des élus et les aspergeait copieusement de peinture jaune. Eugène Caselli était accablé, et presque muet : «C'est déplorable», lâchait-il avant de quitter la salle. À 19h, l'adjointe Caroline Pozmentier déposait plainte au commissariat à la suite de son agression.

 

La presse (Delphine Tanguy,
La Provence), 18 février 2011.

 

 

 

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20 février 2011 7 20 /02 /février /2011 14:19

(Lettre de Dan depuis la prison de la Santé, 8 février 2011)

Depuis quelques mois, dans ce que journalistes et universitaires appellent
le « monde arabe », éclatent de nombreuses émeutes et révoltes. En
Tunisie, en Algérie, en Egypte et certainement bientôt ailleurs. Peu
d’informations qui filtrent au final, puisqu’on n’a accès qu’à la
propagande des médias ou par le biais de moyens dégradés tels que des
réseaux sociaux et virtuels. Bien entendu, les médias s’acharnent à faire
croire qu’il ne s’agit que de révoltes contre tel ou tel autre chef d’Etat
« abusif ». A trop focaliser sur les figures toutes pourries de Ben Ali ou
Moubarak, on finirait presque par réussir à taire les véritables raisons
de la colère. A vrai dire, il ne s’agit pas d’un « complot » médiatique,
tout cela n’est peut-être même pas volontaire, car les journalistes que
savent-ils vraiment de ce qu’est une vie de pauvre, harcelé par les
autorités ? Rien. Il n’y a qu’à voir le traitement médiatique fait aux
soulèvements de novembre 2005 en France. On ne nous a parlé que de «
violence gratuite » (mais cela existe-t-il vraiment ?), de hordes de
barbares détruisant « leurs » propres lieux de vie, se tirant « une balle
dans le pied ». Au choix, de la haine ou de la condescendance. Mais
sont-ils capables d’autre chose de là où ils parlent ? L’empathie, c’est
entre autres se reconnaître dans le sort qui est fait à l’autre.
Seulement, un journaliste, un politicien, ou un « intellectuel », que
savent-ils de ce qu’est la vie d’un damné de la terre ? Que
connaissent-ils de la vie de misère que la plupart d’entre nous vivons,
sous le couperet permanent de sa banque, de son proprio, du trésor public
? Toujours rien. Il n’y a qu’à voir le tintamarre citoyen, cassant les
oreilles de tout le monde dès qu’un pauvre journaliste doit se foutre à
poil devant des flics, ce que des milliers de pauvres vivent chaque jour
dans le silence de l’habitude. Il n’y a rien d’étonnant donc à ce que
journalistes et intellectuels (aussi compassionnels soient-ils) soient
incapables de comprendre quoi que ce soit aux éclats de rage qui émaillent
ici et là le vernis d’autorité des puissants.

Cependant, pour nous révoltés, en tout cas pour moi, ces émeutes
réveillent un instinct de liberté insoupçonné. Si d’un coin du monde à
l’autre, nous vivons tous différemment, il est aisé de se reconnaître dans
les yeux d’émeutiers qui mettent le feu à ce qui les opprime
quotidiennement.

On remarque qu’avant que ces charognards politiques ou religieux ne
tentent de récupérer les émeutes à leurs fins, aucune revendication,
aucune demande n’a émergé des foules enragées. Il s’agit là d’un signe
d’une grande importance. Car cela signifie que les émeutiers n’attendent
plus rien du pouvoir. Qu’il ne s’agit plus maintenant que de présenter
l’addition à ceux qui nous gouvernent et les chasser à coups de pied au
cul. En France, comme ailleurs, aucune difficulté pour s’identifier à ces
insurgés, réalisant nos rêves en face de nos yeux, bravant les mensonges
et les balles, acceptant les risques d’un basculement dans l’inconnu
qu’est l’absence de pouvoir fixe. De plus, ils nous ont montré que c’était
possible, ils ont prouvé aux plus résignés d’entre nous que la révolte
n’est pas une utopie, que rien ne peut l’arrêter. Ce mouvement spontané de
révolte est aussi une belle occasion de se poser quelques questions. Des
questions qui se sont déjà posées, ici au lendemain de la seconde guerre
mondiale et de sa prétendue « libération ». Malheureusement, ils sont peu
ceux qui n’ont pas déposé les armes à l’avènement de la démocratie. Et
aujourd’hui, qui se souvient encore du témoignage d’un anarchiste comme
Belgrado Pedrini ? [1] De la lucidité de tous ceux qui, récemment passés
sous le joug de la démocratie percevaient déjà que le régime n’avait
changé que de nom et de manteau, que ses prisons et ses lois étaient
toujours là pour nous pourrir la vie.

Il ne faut pas se faire d’illusions, c’est certainement le sort qui est
réservé aux émeutiers dont nous parlons, même si par exemple en Tunisie,
la plupart des émeutiers ne sont pas gentiment rentrés chez eux après
l’annonce du départ de Ben Ali. Non, ils ont continué à se venger en
rasant les commissariats où nombre d’entre eux furent torturés comme des
chiens. Et je le répète, malgré [le fait] que les situations ne sont pas
les mêmes, nous avons la même rage contre ce quotidien merdique qui ne
connaît pas de frontières.

En ces périodes de troubles sociaux quotidiens où certains, rollex aux
poignets, nous appelent sans honte à nous serrer la ceinture alors qu’ils
continuent à péter dans la soie aux yeux de tous. Pas de surprise à ce que
cela s’embrase. Ils nous parlent de « crise », de sacrifices, alors que
notre vie est déjà une suite de sacrifices et de renoncements, et que la
leur est un long fleuve tranquille qui lui, ne connaît pas la crise.

Alors que certains cherchent à réussir en marchant sur les autres, que
d’autres s’évadent à coups de drogues ou de prières et prophéties,
cherchant un ailleurs où guérir d’ici, les insurgés du monde entier
montrent le chemin d’une transformation radicale de nos vies, ils montrent
qu’il ne relève pas que du rêve de renverser un régime, de se jouer de
lui, de le déchirer gaiement.
Le sourire sur leur visage est le nôtre.

Le pouvoir ici comme ailleurs, sent bien que son règne est fragilisé par
cet état de fait et ce n’est pas un hasard que des anarchistes soient
incarcérés pour avoir tagué dans ce qu’ils appellent des « zones urbaines
sensibles » (à vos souhaits !) des messages comme « Algérie / Tunisie /
Partout / vive l’insurrection » ou « solidarité avec les émeutiers du
Maghreb ». C’est qu’il ne faudrait tout de même pas donner des idées aux
pauvres. Comme si d’ailleurs, les révoltés avaient besoin de quelques tags
pour se révolter. Il faut bien être con soi-même pour prendre les gens
pour des cons de la sorte.

De fait, ces émeutes ont présenté de nombreux signes d’une véritable
émancipation. Une chose frappe l’œil d’abord, sinon totalement, les
émeutiers ont partiellement fait péter les catégories du pouvoir. Ce qui
n’empêche pas les médias de nous parler de « jeunes ». Il suffit de jeter
un œil pour apercevoir jeunes, vieux, femmes, hommes, pauvres et un peu
moins pauvres unis dans la paradoxale allégresse d’une colère
insurrectionnelle qui se lâche avec courage.

Pour les révolutionnaires anti-autoritaires d’ici et d’ailleurs se pose la
question de la solidarité internationale. Quelle forme peut-elle prendre ?
Je pense que cette question contient en elle-même ses propres limites. Je
veux dire par là que la question de savoir comment exprimer à travers les
mers et les continents notre sympathie avec ces événements est bien moins
prioritaire à mon avis que de savoir comment nous pourrions la vivre ici
même, là où nous sommes. Le risque, à force de trop regarder à côté, c’est
de perdre de vue ce qu’il y a en face, sur le sol que nous foulons de nos
pieds. « Bring the war home ! » criaient les antimilitaristes américains
au moment de la guerre du Vietnam.

Cela me fait venir une pensée, nous étions quelques un/es en décembre
2008, à nous méfier de l’engouement extraordinaire que suscitait la vague
d’émeutes qui venait d’éclater en Grèce suite à la mort d’Alexis, tué par
balle par des flics. Là aussi le courage et la force des révoltés de Grèce
avaient de quoi nous toucher droit au cœur, mais aussi nous faire
complexer de nos manquements. Mais pourquoi cette méfiance ? Parce que peu
avant, ici même, avait eu lieu le soulèvement le plus massif depuis plus
d’une trentaine d’années. Et ce, au mieux dans un silence de mort du côté
d’une grande partie du mouvement dit anti-autoritaire ou plus largement «
gauchiste », au pire, dans le mépris et la condescendance la plus
dégueulasse possible.
On pourrait reprocher à l’époque la facilité de se reconnaître dans une
révolte qui contenait tous les signes de reconnaissance identitaires des
milieux contestataires momifiés : logos, idéologies, tracts, manifestes
etc. divergeant formellement des émeutes de 2005, qui elles, n’utilisent
pas les cadres de reconnaissances et la liturgie gauchiste post 77 si
chère aux vendeurs de T-shirt qui peuplent ce petit marécage. Un pari plus
dur à jouer donc, si on estime toutefois que l’exotisme est plus important
que les opportunités d’agir concrètement sur ce monde. Alors, deux poids
deux mesures ?

Actuellement incarcéré et « coupé » du monde, je serais bien incapable de
dire si le comportement est le même vis-à-vis des révoltes actuelles en
Afrique du Nord. Mais je me souviens du grand mutisme qui a gagné le petit
mouvement avant d’atterrir ici. Alors que se déchaînait déjà la colère des
insurgés et que pleuvaient les balles.
Je ne dis pas tout cela pour stigmatiser qui que ce soit, je serais
d’ailleurs bien malhonnête de ne pas admettre que moi-même, muni de
préjugés, j’étais méfiant. Certainement influencé par cet inconscient
collectif qui voudrait que les peuples arabes soient foutus d’avance.
D’abord méfiance vis-à-vis des mouvements religieux, ensuite, un certain
manque d’audace pour imaginer que des dictateurs qui ont pris une
trentaine d’années pour asseoir leur pouvoir et le graver dans la roche
puissent tomber au bout de quelques semaines de troubles. Peut-être aussi,
comme beaucoup de camarades, suis-je trop habitué à me reconnaître dans
des codes identitaires, et trop peu à considérer la rage des opprimés pour
elle-même, et non pour l’image (ou l’imagerie) radicale qu’elle se donne.

Je suis bien conscient que ces quelques lignes n’ont pas grand intérêt, il
ne s’agit que d’essayer de poser quelques pistes de discussion, qui, je
l’imagine, sont déjà bien présentes dans les discussions de chacun.

Pour la propagation de la joie des bouleversements,
pour l’abolition d’un ici et d’un là-bas.

Le 08/02/2011,
Depuis la Santé,
Dan

Lui écrire :
Maison d’arrêt de la Santé
Daniel SAYAG
N° d’écrou : 293 350
42, rue de la Santé
75 674 Paris cedex 14 "

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19 février 2011 6 19 /02 /février /2011 11:45

Nous publions cette article paru dans la revue réfraction écrit par Eduardo Colombo. bonne lecture

 C’est une erreur très répandue dans le peuple que celle qui identifie Faust le magicien et Faust l’inventeur de l’imprimerie, erreur bien expressive et qui renferme un sens profond ; le peuple a identifié ces deux personnages, parce qu’il sentait confusément que la direction intellectuelle, dont les magiciens étaient le symbole, avait trouvé dans l’imprimerie son plus terrible instrument de propagande. Cette direction intellectuelle n’est autre chose que la pensée même dans son opposition à l’aveugle credo du Moyen Âge, à cette foi qui tremblait devant toutes les autorités du ciel et de la terre, à cette foi qui comptait sur les dédommagements de là-haut en échange des privations d’ici-bas, à cette foi du charbonnier enfin, telle que la commandait l’Église. Faust commence à penser ; sa raison impie se révolte contre la sainte croyance de ses pères. » Henri Heine, « La légende de Faust ». De l’Allemagne. Paris, 1998, p. 364 [1]

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Prélude

« Sa raison impie se révolte contre la sainte croyance de ses pères. » La légende de Faust pourrait exemplifier cette sortie du Moyen Âge qui permit aux Temps modernes de se penser comme l’âge de la raison. Dans le sillage de la sécularisation se développera la critique de toutes les formes de l’autorité. La longue servitude, la contrainte soupçonneuse, la discipline imposée par les normes d’une Église ont fait naître dans les esprits une « curiosité sans scrupules » [2], et le libre examen ne pouvait que contester les traditions ou les nier toutes : « à l’hérésie avait succédé l’incrédulité » [3]. C’est alors que la « modernité » se met en scène. La liberté ombrageuse de l’anarchisme y trouvera ses marques.

Le mythe faustien se construit dans la deuxième moitié du XVIe siècle, à une époque encore effrayée par l’audace de la pensée. Le docteur Faust, rebelle à Dieu, renonce à la béatitude éternelle et se lie à Satan et à ses pompes terrestres. L’invention de l’imprimerie typo- graphique donne une formidable impulsion à la propagation des idées nouvelles, elle popularise le savoir, de sorte qu’elle peut encore être vue par le siècle finissant comme un instrument du diable dans la lutte engagée entre la religion et la science, l’autorité et l’opinion, la foi et la raison [4]. L’histoire originelle de Faust (Johann Spies, 1587, et le Faust de Marlowe, 1588) condamne « l’infamie du désir de savoir prêt à tout », et pourtant, quelques années plus tard (1592), Giordano Bruno sera dans les fers de l’Inquisition, et Galilée ne tardera pas à être condamné à son tour. En poursuivant sa propre impulsion, « le processus de la connaissance a lui-même surpassé tout ce qui pouvait rendre la magie tentante » [5]. La périodisation de l’histoire ne peut pas échapper à un découpage chronologique, plus ou moins arbitraire, dépen- dant des théories (ou des intentions) latentes ou refoulées, surtout si la périodisation se veut normative ou centrée sur des valeurs à comparer, et même si elle se prétend seulement descriptive.

Les érudits humanistes des XVIe et XVIIe siècles ont construit une histoire divisée en trois périodes : l’Antiquité, le Moyen Âge et les Temps modernes. Le Moyen Âge débute avec la fin de l’empire d’Occident en 476, quand Romulus Augustus renvoie les insignes impériaux à Constantinople, et prend sa fin dans la seconde moitié du XVe siècle avec l’invention de l’imprimerie (1468), la prise de Constantinople (1453) et la découverte de l’Amérique (1492), qui signent le commencement des Temps Modernes. Mais il y a eu des réajus- tements ; par exemple, l’enseignement universitaire du XIXe siècle ajouta la période contemporaine dont l’origine serait la Révolution française. Aupa- ravant, la culture humaniste, dès les premiers pas de la « modernité », avait déjà ressenti le besoin d’introduire la Renaissance pour donner à l’essor de la raison une forme de continuité après la longue éclipse du Moyen Âge.

La « modernité » trouva un certain avantage à imaginer avant elle – ce qui n’exigea pas un grand effort – une période de superstition, d’intolérance religieuse, de despotisme militaire, et à faire ainsi du Moyen Âge un Temps de Ténèbres (Dark Ages), d’obscurités des esprits, entièrement défini par une Raison prostrée aux pieds de la divinité. « À peine quelques éclairs de talents… peuvent percer à travers cette nuit profonde. » [6] Elle ressentit aussi la nécessité d’unifier dans le négatif les mondes religieux, politique et social7, pour affirmer l’autonomie d’une sphère propre à l’action humaine, un espace politique.

Et, pour faire comprendre la sécula- risation croissante il lui fallait la projeter, afin de faire ressortir le contraste, sur ce qui avait signifié un jour l’attente du Salut, la peur de l’enfer, le jugement de Dieu. Il fallait désormais dire à l’Homme : « toi, aucune restriction ne te bride, c’est ton propre jugement… qui te permettra de définir ta nature » [7]. En passant d’une période à une autre, nous voyons se profiler une histoire de dates et d’événements à côté de changements culturels, qui portent en eux l’exigence d’une interprétation, d’une reconnaissance de « l’esprit du temps », d’une valorisation positive ou négative des formes symboliques nouvelles, des comportements, des croyances, des institutions.

Lire la suite ->

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[1] Il semble que le mythe repose sur la vie d’un certain Johann Georg Sabellicus (ca1480-1540), surnommé Maître ou Docteur Faust (« poing fermé »), un alchimiste allemand du Wurtemberg. Arrêté et jugé pour sorcellerie, Faust fut exécuté en place publique à Staufen en Brisgau en 1540. Un écrit rapportant ses « péchés » fut traduit en anglais en 1593, et tomba entre les mains de Christopher Marlowe. Étudiée par Johann Wolfgang von Goethe, la tragédie de « Faust » est venue éclipser le Faust historique. On a pu imaginer que Faust n’est autre que Johann Fust de Mayence, un associé de Gutenberg, inventeur de l’imprimerie typographique, dont la vie aurait été défigurée par les contes populaires.

[2] Friedrich Nietzsche, Par-delà bien et mal. § 188. Gallimard, 1971

[3] Alexis de Tocqueville, L’Ancien Régime et la révolution. Tome II. Gallimard, 1952, p. 202.

[4] Henri Heine, op. cit., p. 365.

[5] Hans Blumenberg, La légitimé des Temps modernes. Gallimard, 1999. Cf. Chapitre X : « Justification de la curiosité comme préparation à l’Aufklärung ».

[6] Condorcet, Esquisse d’un tableau historique des progrès de l’esprit humain [1793]. Flammarion, 1988. – Sixième époque – p. 163.

[7] Pour une interprétation positive des liens sociaux au Moyen Âge, cf. Pierre Kropotkine, L’Entraide, un facteur de l’évolution, chapitre VI : « L’entraide dans la cité du Moyen Âge ». Stock, 1906.

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18 février 2011 5 18 /02 /février /2011 13:08

 

un petit courant d'air

Petite histoire du coq radioactif qui rêvait d’avoir des plumes vertes

Posté par Paul 

coq-vert

Décidément, notre emblème national radioactif a bien des misères. Le sommet de Copenhague n’a été qu’un pétard mouillé et ceux qui espéraient que le rayonnement (radioactif) de la France retrouverait la splendeur qui était la sienne au temps des lumières ont été cruellement déçus. Faute d’idées nouvelles et de philosophes dont le rayon d’action dépasse celui d’un studio d’enregistrement radiophonique, nous avions au moins un concept intéressant à proposer pour lutter contre le réchauffement climatique : la mise en route d’une multitude de petits EPR (Engins Particulièrement Radioactifs) aux quatre coins de la planète. Le thème de la promotion pour ce produit était simple : le pétrole, le charbon, ça pollue ; l’éolien, le solaire, ça coûte cher ; l’électricité, surtout lorsque elle est d’origine nucléaire (et française) c’est un produit miracle. La preuve d’ailleurs, c’est que dans le plan d’enfer conçu par le généralissime de nos troupes, à savoir la célèbrissime « taxe carbone à la française », on imposait les manants utilisant du fuel ou du gas-oil et l’on offrait des indulgences aux preux gaspillant l’électricité à tout va. Notre coq valeureux lissait donc ses plumes avec volupté, dans la perspective d’un nouveau combat à livrer et de nouveaux clients à conquérir, en Afrique en particulier… Il faut dire que notre coq avait eu bien des déboires et qu’il avait fortement besoin d’une opération financière réussie pour redorer sa crête. On apporta donc grand soin à la composition de la délégation envoyée par notre basse cour au pays des Danois… Madame la ministre de l’écologie (son nom n’a guère d’importance dans l’histoire) avait pris soin d’emporter dans ses bagages, un homme de gauche, sympathique de surcroit puisqu’ancien président de SOS Racisme (un gage de bienveillance à l’égard de tous ces bronzés dont on ne veut pas dans l’hexagone) et militant acharné pour l’écologie, puisqu’il pousse ses convictions jusqu’à travailler chez AREVA, l’entreprise qui œuvre pour la grandeur rayonnante de la France. Pour ceux qui ne l’auraient pas reconnu, je parle de Fodé Sylla, chargé (comme par hasard) du dossier des relations avec les pays africains dans « l’ONG » dont je viens de citer le nom.

futs-de-dechets L’occasion était trop belle : il fallait que le monde entier puisse enfin s’apercevoir que notre coq arborait de magnifiques plumes fluorescentes bleu, blanc, rouge mais aussi une superbe parure de plumes vertes qui se dressait sur son croupion. Certains étaient même partisans de repeindre la crête en vert ; d’autres hésitaient ; finalement, pour que l’approche soit plus discrète, on se limita à l’éventail croupionesque. Il se trouva, bien sûr, quelques fâcheux, dans des ONG étouffées par la jalousie, pour dire que la présence de représentants de commerce d’AREVA dans la délégation était maladroite, voire même quelques indisciplinés pour protester vigoureusement contre les effets positifs de la propagation de nos gentils EPR sur la planète. Heureusement, cette contestation rampante s’étala principalement sur Internet et n’atteignit pas nos grands médias soucieux d’impartialité et fiers d’assister à un combat de coq, à la mode antique.  Certains s’aperçurent alors, dans le fan club de notre volatile, qu’Internet était vraiment une porte ouverte sur n’importe quoi, que l’on pouvait y tenir des propos insensés, et que si la France était la Chine tout cela ne se serait pas produit. Il y eut même un canard, copain comme cochon avec le coq, qui suggéra que l’on pourrait nationaliser Internet de manière à mieux contrôler les discours qui s’y propageaient : constituer en quelque sorte un ONIF (imitant en cela l’ancienne ORTF), à savoir un Office National de l’Internet à la Française. On aurait pu confier la direction de cette officine à quelques spécialistes de la question : nous n’en manquons pas. Malheureusement, le tas de fumier sur lequel s’éleva péniblement notre coq était branlant et, malgré le soutien actif de notre petit Timonier, le volatile se cassa littéralement la g… Dans le tohu-bohu général, personne ou presque n’entendit ses cocoricos vibrants, et nul ne porta attention à son plumage rayonnant. La France peinait à retrouver la place prestigieuse qu’elle avait occupée dans le monde à l’époque de Voltaire et le 21ème siècle des lumières peinait à éclairer le monde.

centrales-nucleaires Il faut dire que la technologie d’une part, et l’économie d’autre part, ne nous aidaient guère. La mission des représentants d’AREVA était complexe. Il leur fallait expliquer en quoi leur produit miracle était nouveau et n’était que l’embryon de découvertes encore plus révolutionnaires. L’Engin Particulièrement Radioactif n’était qu’une première étape. Nous allions bientôt éblouir la planète avec notre Resurrrrégénérrrrateur, le prototype qui dormait encore dans les cartons de nos ingénieurs. La preuve, disait le coq, que tous ces produits sont d’excellente qualité, c’est qu’ils sont fabriqués par des travailleurs français (sauf quelques manants s’occupant de tâches inférieures telles l’extraction de l’uranium, la maintenance des réacteurs, ou la conservation des déchets dans leurs jardins) et que plusieurs partis et syndicats (plus ou moins bolchévistes dans les temps anciens) sont convaincus de leur innocuité et de leur luminescence. Certes les volatiles étrangers faisaient remarquer qu’il y avait beaucoup de pannes dans notre parc de réacteurs, des fuites par ci par là, et de nombreux problèmes d’entretien. Le coq vert balayait ces arguments d’un battement d’ailes vigoureux en faisant remarquer que tout cela n’était qu’une affaire de renouvellement. La France n’avait que trop tardé à construire une nouvelle vagues de ces engins miraculeux, véritables climatiseurs planétaires, sources d’attraction pour les radieuses générations futures. Le problème des déchets n’en était pas un ; il suffisait de patienter un peu et surtout d’avoir la foi. D’autres volatiles étrangers faisaient remarquer que les prototypes d’EPR en construction présentaient de nombreux dysfonctionnements, que le resurrrégénérrrateur avait déjà montré ses capacités à ne pas fonctionner. Bref le débat tournait mal et nos valeureux champions de l’électricité verte et fluorescente avaient bien du mal à se faire entendre dans ce centre des congrès de Copenhague. D’autant que le bruit des matraques de l’efficace service de sécurité danois, s’ajoutant aux hurlements des manifestants maltraités, obligeaient à hausser la voix. Bref, l’atmosphère s’échauffait peu à peu, ce qui est le comble, si l’on convient que ce sommet devait permettre à la délégation française de vendre des climatiseurs radioactifs permettant de refroidir le continent africain et l’ensemble de la planète. Bref, nos VRP n’avancèrent qu’à petits pas glissants, sur l’épineux dossier de l’installation d’une multitude de réacteurs nucléaires sur le sol d’un continent qui n’en avait aucunement besoin…

supersarko-vrp La peinture verte ne suffisait visiblement pas à redonner de la santé à notre pauvre coq. Pendant qu’il s’égosillait dans les contrées nordiques, les mauvaises nouvelles s’accumulaient. Le réacteur que nous avions péniblement vendu à la Finlande nous coûtait des milliards à cause des retards dans la construction et des petits arrangements entre amis ; heureusement que le petit peuple de la basse cour, ayant bien du mal à trouver du grain pour lui-même, ignorait cette information. Le contrat « sans précédents » qui devait être signé avec les Emirats arabes avait était balayé d’un revers de manche de djellaba. On ne pouvait de plus pas trop critiquer ces clients récalcitrants puisqu’une autre tractation était en cours concernant un autre fleuron de notre industrie, le Rafale de notre ami Marcel. Les douze réacteurs projetés en Afrique du Sud s’étaient envolés dans l’atmosphère début décembre… On parlait de contrats mirifiques avec un consortium aux USA mais Anne, la sœur Anne (Lauvergeon), ne voyait rien venir, du haut de sa tour d’uranium. Les pitreries de cet agaçant Ahminejad en Iran, compliquaient la tâche des officines de communication qui essayaient désespérément de démontrer que non, grands dieux non, le développement du nucléaire civil n’avait aucun rapport avec la prolifération nucléaire militaire. Les Chinois, calculette à la main, avaient engagé une phalange du doigt dans cette histoire d’EPR mais cherchaient comment ne pas y laisser leur main et encore moins leur coude. Bref tout allait mal dans la basse-cour, et le coq, au retour de son voyage dans le grand Nord, déprimait…

annee-radioactive La nouvelle année n’a rien arrangé, et les perspectives pour notre consortium national et son bataillon d’apprentis ingénieurs issus de l’école des Mines, ne sont toujours pas brillantes, malgré les déchaînements de communication et le dévouement du petit personnel politique. La valeur en Bourse des actions EDF et AREVA est dramatiquement basse… La France n’hésitant jamais à déverser son argent pour soutenir des causes perdues, et surtout des entreprises en manque de profits, nous avons ainsi appris qu’une part non négligeable du « grand emprunt » que va lancer le gouvernement auprès des petits rentiers et des grosses banques, va être affecté au développement du nucléaire. Qui remboursera cet emprunt et paiera les intérêts correspondants ? Je vous laisse trouver la réponse à cette devinette difficile. Il y a des chances que ce soient les mêmes que ceux qui sont en train d’aider les laboratoires pharmaceutiques à améliorer leurs marges bénéficiaires… A quand le vaccin pour protéger des radiations ? Il est grand temps de donner un coup de pouce à notre coquelet national. En France, nous n’avons pas de pétrole, mais nous avons des atomes, des vaccins, des chars Leclerc et des avions Rafale. Et si l’on offrait, en prime, un char, un chasseur et quelques milliers de dose de vaccins à chaque acheteur d’un Engin Particulièrement Radioactif ? Le marché ne deviendrait-il pas plus attractif de la sorte ? Notre grand président ne peut agir seul ; la preuve, malgré toutes ses gesticulations, il n’y a guère qu’aux Français qu’il arrive à vendre des EPR. Il faut dire que chez nous c’est facile : celui qui décide de la demande et celui qui fait l’offre, c’est la même personne… Nos grands penseurs doivent aider le coq : j’imagine bien Mr Alain Minc, Mr Bernard Henri Lévy, ou Mr Philippe Val, parader dans un spot à la télévision chinoise avec des plumes vertes là où je pense… Amusant non ?

Post Scriptum : petite anecdote amusante, je reçois ma facture EDF au moment où je termine la rédaction de cet article. Je n’ose l’ouvrir, par crainte des retombées financières. EDF… EDF… ne s’agit-il pas de cet autre volatile qui se permet de majorer de façon considérable le prix de l’abonnement pour les petits consommateurs d’électricité et de ne quasiment rien changer pour les gros, ce qui permet ensuite de dire que les tarifs n’ont augmenté que de façon insignifiante ? Je m’y perds…
Et puis pour faire bonne mesure, lisez donc  cet article sur le brûlot antinucléaire nommé « Ouest-France ». Mais où va-t-on ma bonne dame ! Où va-t-on ?

soutenez-les-missionnaires

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18 février 2011 5 18 /02 /février /2011 08:08
Alors que son nouveau livre, Infinitif présent, paraît aux éditions La Différence, Jean-Marc Rouillan vient de « fêter », au centre de détention de Muret, « deux années d’emprisonnement pour des mots ». Ses écrits sortent de prison, mais l’auteur y reste, tissant dans ce livre son quotidien carcéral avec les souvenirs du « dernier été de liberté, de vraie liberté, de liberté insurgée ».

Un soir d’hiver 1987, à la fin du mois de février, nous avons été arrêtés… Sept ans auparavant, l’été est un bel été. Nous vivons à quatre planqués dans un appart que Joëlle loue sous un faux nom au fin fond du XIVe arrondissement à quelques pas du boulevard Jourdan. Nous : Nat, moi, Joëlle et son copain d’alors, que les autonomes appellent « Camion » ou André, et Samuel.

Le meublé s’ouvre au nord, au premier étage au-dessus d’une rue courte et banale tout près de l’immeuble où vécut Lénine durant son exil parisien. Joëlle n’a pas vingt ans. Elle est fine et rousse et elle vit nue le matin et le soir, à peine rentrée de nos occupations pétaradantes. Pour lutter contre la chaleur montant des trottoirs de ciment, nous tirons les volets de fer. Des lames de clarté zèbrent la pénombre et se perdent dans le dédale encombré du corridor. Sa peau de jeune fille est plus pâle encore au crépuscule. Les jeunes autonomes de son ancienne bande, ceux des squats de la rue Pia, de la rue Lahirle ou Nationale, l’ont baptisée Léo. Son compagnon précise que c’est à cause de sa coiffure « à la lionne ».

Dans la cuisine du meublé, nous déjeunons face à face, assis de chaque côté de la toile cirée jaune et rouge, pour moi un simple café noir, pour elle, une tasse de Earl Grey.

« Léo, c’est un peu fort pour le début, ne penses-tu pas ? »

Inquiète, elle lève les yeux vers moi. Son regard est troublé par la vapeur du liquide brûlant. Elle plisse les paupières. Je poursuis : « Belette te conviendrait mieux. Pour la couleur rouge du pelage, et surtout pour les canines pointues. »

Par-dessus la table, elle me balance sa serviette au visage.

« Que t’es con ! »

Elle boude un instant avant de reconnaître : « Au moins, ça reste dans le domaine des carnassiers.

— Oui, mais alors, un petit, un tout petit. »

Les derniers temps de cette cavale, la chevelure de Belette est plus rouge qu’à l’accoutumée. À l’aube, les frimas déchirent leur linceul sur les immensités labourées du Gâtinais. La neige surligne les sillons et les fossés. Et la buée aveugle les vitres. Comme d’habitude, lorsque nous partons à Paris pour un repérage dans les beaux quartiers, elle est vêtue de son kilt écossais noir et blanc et de l’éternel imperméable Burberry. Je porte une cravate de soie azuréenne, un pantalon à pinces et un manteau classique bleu marine. Nous ressemblons à ceux que nous voulons imiter, le genre de couple bon chic bon genre, que nous croisons, couleur passe-muraille, au pied des tours de la Défense. Elle est à l’aise et moi je me sens déguisé.

Quelques jours plus tôt, derrière la gare Montparnasse, impossible de faire demi-tour, un barrage de police nous bloque sur le pont Pasteur. Comment s’en sortir à moindres frais ? J’ai juste la place de manœuvrer. À mes côtés, lentement, Joëlle détache la boucle de son sac. Nous surveillons les mouvements des policiers en échangeant quelques mots sans remuer les lèvres. Je suis sur le point de braquer le volant en appuyant à fond sur l’accélérateur quand l’officier commandant l’escadron marche vers nous. Il scrute nos visages et notre plaque allemande, « Offenbach HH 686 ». Il ne remarque pas l’erreur commise lors de sa fabrication. Le chiffre « 8 » est à l’envers. Le cercle du dessus est légèrement plus large que celui de dessous. Le flic hésite un instant puis, d’un signe autoritaire, nous demande de quitter la file et de poursuivre notre route sur la gauche de la chaussée. Obéissant, nous roulons au ralenti le long de la rangée des véhicules. Après un dernier gymkhana entre les voitures pie, j’accélère et je vire à droite dans la première rue.

Belette pose sa main sur mon avant-bras.

« Ce qui m’a plu c’est le petit salut militaire sur la visière du képi...

— Tu parles d’un flair ! »

Sur la route entre notre maison des bois et Paris, à l’aller comme au retour, nous changeons les plaques à l’abri d’une haie de prunelliers. Depuis l’été dernier, dans nos affaires, la police traque les voitures belges. Nous en avons été avertis. Mais l’ancienne ferme de ––––-––-–––– a été louée sous une fausse identité belge. Dans le village de –––––-–––-–––––, nous sommes « les Belges », et pas moyen d’utiliser une voiture d’une nouvelle nationalité. Pour tous, je suis un magistrat travaillant sur un rapport de criminologie. Au moins, lors des apéros avec les voisins, je peux discourir du sujet des heures entières !

Après deux verres d’un pastis maison dans une cuisine laquée jaune citron, Maurice, notre voisin braconnier et communiste m’interroge : « Et votre hymne national comment donc ça fait ? »

Les premiers temps, je n’arrivais pas à le comprendre lorsqu’il discourait en dialecte solognot. Ayant passé ses vacances chez sa grand-mère dans un petit village du Cher, Nathalie traduisait. Au Pont-aux-Dions, nous l’appelons Nadine.

« La Brabançonne. » Et je déclame les deux premiers vers. J’ai pris soin de l’apprendre par cœur, m’attendant un jour à une telle question. Nathalie intervient pour interrompre la récitation. Elle supplie : « S’il vous plaît, ne le faites pas chanter. »

Deux écrous à l’avant, deux écrous à l’arrière, nous ne perdons pas de temps. J’ai ouvert le capot moteur pour accéder à la calandre. La tête penchée dans le coffre, Joëlle fixe la plaque arrière. Le froid insensibilise le bout de mes doigts. Le long du bosquet à l’abandon, la congère s’accroche au talus et dissimule le fossé. Nous voici naturalisés allemands par l’opération du Saint-Esprit et du tournevis. Ou plus précisément, nous sommes des militaires belges des forces de l’OTAN stationnées à Francfort. Je m’essuie les mains avec le torchon que je replie et range dans la jante de la roue de secours.

Assis à nouveau au volant, je tire de mon portefeuille les papiers correspondants à la nouvelle immatriculation. En cas de contrôle policier, je crains de ne pas décliner naturellement ma fausse identité. Alors, pour m’en assurer, j’ouvre la carte d’identité et la parcours des yeux. Je m’arrête au nom de la rue. Je murmure : « Zeppelinallee... »

« Mets le chauffage, mets le chauffage ! » supplie Belette en soufflant sur le bout de ses doigts. J’allume le moteur. L’aération projette un air tiédasse et empuanti de combustion. Elle fouille son sac à la recherche de sa bourse en cuir vert, d’où elle extrait un passeport.

Suivant les maisons, les voitures, les villes, nous changeons d’identité et de nationalité. Dans une lointaine banlieue, Joëlle est nord-irlandaise. Elle utilise l’identité d’une personne vivant dans un quartier catholique de Derry. À Tours, où elle a loué un studio près de la sortie sud de l’autoroute, elle est à nouveau française et porte le nom d’un commissaire de la brigade criminelle.

« Liège, 20 avril 1963 », marmonne Joëlle à mes côtés.

— Ton prénom ?

— Simone. »

Régulièrement, les camarades de la RAF nous fournissent deux ou trois nouvelles paires de plaques allemandes, toujours de la même commune, Offenbach sur les rives du Main, une banlieue de Francfort, dans le land de Hesse.

Dans la salle à manger, lorsqu’ils déballent le matériel, je lance : « Offenbach, Offenbach... peut-être parce que vous pensez que nous sommes une guérilla d’opérette ? »

Bien qu’elle saisisse quelques mots de français, Eva ne m’a pas compris. Ses yeux marron vert me scrutent. Je la connais depuis deux ou trois ans et cela fait longtemps qu’elle ne ressemble plus à la photo des affiches de recherche placardées dans tous les lieux publics. Sa coupe à la garçonne l’a transformée. Nous nous sommes rencontrés la première fois en été, au mois d’août, un dimanche matin tôt, dans le quartier de l’Opéra. Les rues étaient désertes. Il semblait n’y avoir que nous deux dans la ville. Seul, derrière nous, le camarade m’ayant conduit au contact marchait en lorgnant les vitrines des magasins de luxe. À pas lents de promeneurs, nous avons longé le jardin du Palais-Royal, puis, pour mieux profiter des premiers rayons de soleil, j’ai évoqué l’idée de nous déplacer vers les bords de Seine. Nous avons traversé la rue de Rivoli à hauteur du métro Pyramides. En attendant que le feu passe au vert, sur le passage clouté, Eva a jeté un coup d’œil en direction de la statue lumineuse de Jeanne d’Arc. J’ai compris qu’elle avait hésité à me questionner sur le personnage mais elle n’a rien dit. Dans le jardin des Tuileries, nous fîmes une halte près d’un nu de Maillol. Le jardin l’attirait. Elle a voulu remonter vers la place de la Concorde. Je ne sais pas pourquoi mais, arrivés en vue du Musée du Jeu de Paume, j’ai bifurqué vers le bâtiment de l’Orangerie. J’ai cherché à éviter de passer avec elle devant l’ancien siège de la Kommandantur de Paris.

L’hiver, lorsqu’elle vit à la ferme, Eva passe ses journées au pied de la cheminée, assise en tailleur sur l’immense tapis persan, dérobé dans un château près de Houdan. Devant elle, des dossiers laissent échapper des feuilles noircies de caractères minuscules. Vêtue d’un simple collant et d’un gros pull de laine qu’elle m’a emprunté, elle me rappelle des personnages des films existentialistes des années cinquante. Nous discutons très tard le soir, du mouvement révolutionnaire, de la mobilisation antiguerre, de l’offensive réactionnaire (que nous appelons depuis quelques mois « néolibéralisme »), du Roll back contre les mouvements de libération dans les pays du Sud, des débats que nous avons eus avec d’autres guérillas et d’autres organisations.

« Op’rette, op’rette, was ist los ? »

Joëlle traduit en anglais. Pas besoin d’être devin, je sais ce qu’elle va répondre. On ne rigole pas avec ça. D’ailleurs, quand elle comprend enfin, son sourire se fige. Joëlle a beau dire « it’s a joke, it’s a joke ». Elle prend un air offusqué et martèle les mots : « Vatch ! Nein, pas du tout ! Nicht op’rette ! »

Quelques jours plus tôt, notre 205 file à travers les bois sur des chemins de terre. Évitant les carrefours et les villages, nous revenons de nous entraîner au tir dans la forêt sur la commune de Gien. Nous nous exerçons tout près d’un ball-trap et d’un ancien champ de tir militaire. Ainsi, nos coups de feu ne surprennent personne. Eva est venue avec une camarade. Après avoir vidé un chargeur sur des cibles en carton dressées au bout de piquets de bois, nous récoltons les douilles de cuivre posées sur le tapis des feuilles mortes, des mousses et des lichens.

Une demi-heure de tir et nous rentrons à la ferme par d’interminables lignes droites boueuses. Mon esprit s’égare. Je mords des bouts de phrases cueillis çà et là comme des fruits sur des branches.

Le soir tombe. Nous sommes tous côte à côte dans un grand silence qui nous lie. Il est en nous. Il est nous. Déjà la disparition qui marche à notre rencontre. Que savons-nous de ce qui nous attend ? La silhouette de Gudrun accrochée aux barreaux de fer de sa cellule ? La longue cicatrice de l’autopsie abdominale de ce camarade mort de faim ? Notre âme – une âme individuelle et collective à la fois – est lourde du chemin à parcourir.

Nous savons pourquoi nous nous battons et pourquoi il faut encore atteindre demain puis après-demain, et vivre vite (vivre libre) un jour de plus, une semaine, un mois – peut-être le dernier –, un autre mois, une année – peut-être la dernière ?

En arrivant au croisement, l’endroit se dévoile à nous. Souvent, des voisins nous en ont parlé et plusieurs fois nous nous y sommes arrêtés. Nat ralentit et laisse le véhicule s’immobiliser de lui-même sur le bas-côté herbeux. Nous en descendons et les deux camarades allemandes nous suivent en silence. Nous sautons le fossé pour nous approcher des ruines en retrait du sentier. La vieille scierie, dont il ne reste que les murs de pierres, a été le théâtre d’un drame. Ici, durant l’Occupation, des maquisards communistes ont été surpris et exterminés par la Wehrmacht.

Dans la clairière et le bois, de simples croix de bois marquent l’endroit où les corps des suppliciés furent découverts. Je raconte leur histoire à notre groupe reconstitué sous le chêne qui les a abrités de la pluie de novembre. Nous nous taisons dans leur ombre passée, le souffle court, comme eux haletaient dans cette vaine cavale. En remontant dans la voiture, Eva dit d’une voix douce : « Mon grand-père était militaire en France, il a été tué dans une embuscade de partisans. »

Le mot « partisan » prononcé avec l’accent allemand a évoqué chez moi une vieille chanson communiste. Des paroles de Bertolt Brecht. Le coude sur le rebord du fauteuil, je l’interroge : « Sais-tu où ? Dans quel endroit ?

Nein ! Nitch. Rien, ni l’année, ni le jour, ni la ville... rien. »

Le moteur vrombit. Dans la voiture, le silence s’impose à nouveau

Jann-Marc Rouillan

Extrait de Infinitif présent (La Différence, 2010)
——
Postscriptum de la rédaction

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18 février 2011 5 18 /02 /février /2011 07:37

On publie ce texte  issus du CGA-Lyon, c'est dans notre débat perpétuelle qu'on va trouver notre force qui démasquera  les cloportes qui trainent  autour du pouvoir municipal valentinois

Depuis décembre une tornade sociale souffle sur le monde arabe et balaie sur son passage les vieilles dictatures. Depuis des décennies ces pays sont dirigés d’une main de fer par une clique qui s’accapare les richesses et étrangle toute contestation. En un mois, malgré une féroce répression, la rue est venue à bout de Ben Ali en Tunisie, l’Egyptien Moubarak vient d’être détrôné, la mobilisation sociale en Algérie atteint des proportions inégalées depuis la fin des années 1980…

Au-delà de l’Afrique, le dic­ta­teur yémé­nite pré­tend renon­cer au pou­voir à vie pour éviter la conta­gion et l’Arabie Saoudite est enfin tou­chée par la grogne…

Qui sème la misère…

Au juste combat pour les droits indi­vi­duels bafoués par les dic­ta­tu­res, il faut aussi ajou­ter une dimen­sion de clas­ses à ces révol­tes. La ques­tion du chô­mage est omni­pré­sente, la grève mas­sive et illi­mi­tée est un élément majeur du rap­port de force, en Tunisie des sala­rié-es ont expulsé leur patron des entre­pri­ses…La marche prévue à Alger le 12 février s’ins­crit dans le même cadre et il n’est pas sur­pre­nant de voir que c’est depuis les quar­tiers les plus défa­vo­ri­sés des gran­des villes qu’est parti le mou­ve­ment.

Cette révolte sociale a pris de court le micro­cosme poli­tico-média­ti­que. Elle n’est pour­tant pas sur­pre­nante dans un tel contexte de pau­vreté, de chô­mage, d’acca­pa­re­ment des riches­ses… Les plans d’aus­té­rité actuels, là-bas comme en Europe, ont mis le feu aux pou­dres.

Qui plus est, bien avant les sinis­tres événements de Sidi Bouzid en Tunisie où un chô­meur s’est immolé, dès 2008, c’est toute la région minière de Gafsa qui s’est embra­sée pen­dant plus de six mois malgré la répres­sion. A cette occa­sion, la direc­tion du syn­di­cat UGTT, plutôt proche du pou­voir, est débor­dée. Depuis, dans tout le pays, de nom­breu­ses sec­tions com­ba­ti­ves de l’UGTT ont joué un rôle majeur dans la révolte. Des situa­tions équivalentes exis­tent dans les pays voi­sins (mou­ve­ment des Aarouch de 2001 qui, parti de Kabylie, a touché toute l’Algérie où se déve­loppe un syn­di­ca­lisme alter­na­tif (appelé auto­nome) com­ba­tif…)

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La place Tahir, Le Caire -Vendredi 4 février
source : OWNI (live sur la situation égyptienne)

Dictateurs assas­sins, bour­geoi­sies occi­den­ta­les com­pli­ces

Au-delà du risi­ble copi­nage entre Alliot-Marie et des mem­bres du clan Ben Ali-Trabelsi ou des vacan­ces de Fillon aux frais des contri­bua­bles égyptien-nes, tous ces dic­ta­teurs ont béné­fi­cié d’un réel et offi­ciel sou­tien de l’Occident qui a ainsi lar­ge­ment équipé et formé leurs flics et leur armée et ce, bien avant que MAM ne pro­pose cour­toi­se­ment l’aide de la police fran­çaise au sinis­tre Ben Ali. Rappelons aussi l’épisode des cais­ses, blo­quées en jan­vier à Roissy, de gre­na­des lacrymo « démo­cra­ti­ques » fabri­quées par une entre­prise fran­çaise (Alsetex) pour le compte de l’État tuni­sien.

La lutte, pour­tant ambi­guë, contre le « danger isla­miste » a été l’argu­ment massue de ce sou­tien d’autant qu’il est doublé d’un pro­fond mépris colo­nia­liste (c’est le trop clas­si­que : « les peu­ples d’Afrique ne sont pas encore mûrs pour la démo­cra­tie »). On nous res­sort d’ailleurs cet épouvantail isla­miste pour jus­ti­fier par avance les futu­res cra­pu­le­ries.

Ces régi­mes ont aussi col­la­boré avec l’Europe for­te­resse dans son exter­na­li­sa­tion des poli­ti­ques migra­toi­res (camps de réten­tion pour les migrant-es en tran­sit, patrouilles poli­ciè­res conjoin­tes, immi­gra­tion rendue « illé­gale »). Enfin, les États poli­ciers ont été du pain béni pour les bour­geoi­sies occi­den­ta­les car ils ont main­tenu au plus bas les condi­tions de tra­vail afin d’aug­men­ter les pro­fits des inves­tis­seurs étrangers.

Quel avenir pour les luttes en cours ?

Pour l’ins­tant, seules la Tunisie et l’Egypte se sont libé­rées de leur dic­ta­teur. Mais la partie n’est pas encore gagnée, d’autant que la seule pers­pec­tive en vue est la tenue d’élections pou­vant se résu­mer à un jeu des chai­ses musi­ca­les voire un putsch de palais en Egypte.

Le risque de reprise répres­sive n’est pas à écarter et nul doute que nos démo­cra­ties occi­den­ta­les res­sor­ti­ront la menace isla­miste pour condam­ner mol­le­ment cette vio­lence d’État et repren­dre rapi­de­ment leurs ancien­nes rela­tions. Elles sont cepen­dant prêtes à col­la­bo­rer avec de nou­vel­les démo­cra­ties de façade, tant que les inté­rêts de leur bour­geoi­sie sont pré­ser­vés.

L’arri­vée des fon­da­men­ta­lis­tes au pou­voir est peu pro­ba­ble tant ils ont été en marge des révol­tes socia­les. Elle ne peut être envi­sa­gée que comme une roue de secours pour les bour­geoi­sies arabes et occi­den­ta­les qui pré­fé­re­ront tou­jours (comme en Iran) les barbus à une révo­lu­tion sociale.

Pourtant le mou­ve­ment social a déjà posé des bases soli­des qui sont des plus encou­ra­gean­tes. On note aussi que les femmes sont aux pre­miers postes et impul­sent une réelle dyna­mi­que pour en finir avec les iné­ga­li­tés de genre (reven­di­ca­tion d’une égalité économique et sociale avec leurs com­pa­gnons de lutte…)

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Chars & manifestants place Tahir - le Caire
source : OWNI (live sur la situation égyptienne)

D’ici ou d’ailleurs, dehors les exploi­tueurs/euses !

Quoique l’ampleur de la mobi­li­sa­tion et la dureté de la répres­sion ne soient pas com­pa­ra­bles, le combat actuel mené dans le «  »Monde Arabe«  » a bien des simi­la­ri­tés avec les mou­ve­ments euro­péens menés contre les plans de rigueur (Grèce, Espagne, retrai­tes en France…) Ce n’est donc pas seu­le­ment par huma­nisme que nous devons orga­ni­ser le sou­tien aux révol­tes mais bien par soli­da­rité de classe. Tout acquis social là-bas sera béné­fi­que ici et réci­pro­que­ment du moment que nous dépas­sons les logi­ques natio­na­lis­tes.

Alors, à l’exem­ple des peu­ples de Tunisie, d’Égypte, d’Algérie, du Yémen, du Maroc, de Lybie, de Jordanie, repre­nons l’offen­sive ici ! Et à toutes les ordu­res qui nous oppri­ment disons : DEGAGE !

Texte extrait de l’Égalité Économique & Sociale, feuille de la CGA-Lyon

Coordination des Groupes Anarchistes
La plume noire, 8 rue Diderot, 69001 Lyon
Permanences tous les samedi 15h-19h
Émission Idées Noires, tous les mer­cre­dis 20h-21h sur le 102.2 Mhz de Radio Canut

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17 février 2011 4 17 /02 /février /2011 23:14

Depuis plusieurs jours dans la vallée de Suse, la lutte pour la libération des compagnons Guido et Arturo  séquestrés par l'etat italien pour leurs participations  au blocage du train de déchets nucléaires dans la nuit du 7 février2011

Cas anti-repressions  des Alpes occidentales exprime son entière solidarité

Dans la nuit du 6 et 7 Février, après une lourde charge de l'application de la loi, ont été arrêtés alors qu'ils Arturo Guido et, avec quarante autres personnes se sont opposés au passage d'un train Castor, dans la basse vallée de Suse , la charge directe des déchets nucléaires pour traiter  en France. Arturo Guido et ses amis sont parmi les fondateurs et dirigeants de l'affaire anti-répression de l'ouest des Alpes, un instrument qui aussi grâce à eux ces dernières années nous a permis de répondre aux manœuvres répressives tant repose à la fois sur la base des relations économiques entre le fait que créé à partir et l'intérieur des prisons ainsi que cesse cultiver de nouvelles relations entre les groupes ou les personnes sensibles à la prison de problème. À ce jour, Guido et Arturo sont dans la prison sur des accusations de Vallette du genre  résistance  à un agent public et  blessure pourGuido, et de la résistance et la possession d'une arme  (cela pourrait être une torche!)  pour Arturo. La charge après confirmation que la cible nucléaire dans toutes ses ramifications est une question très importante pour l'Etat et les industries de la mort. Leur détention, qui prolonge sur des accusations relativement trivial, témoigne de la ténacité avec laquelle, comme ailleurs, est soumis ceux qui n'ont jamais baissé la tête et a toujours lutté contre un système qui nie la liberté de ceux qui est le total de la recherche et diffuse largement sa domination par le biais de la nocivité de la société capitaliste.  Sûrement ces messieurs se vengent comme ils peuvent, d'avoir l'occasion cette fois de tenir entre leurs deux bars amoureux incurable de la lutte pour la liberté et l'auto-organisation. Malheureusement personne n'a pu les rencontrer, même des parents proches ne sont pas encore pour obtenir des interviews. Ils n'ont pas encore écrit quelque chose à quelqu'un, qui nous fait croire qu'ils sont encore dans les articulations nouvelles. Quelques jours après son arrestation à la fin de la première audience, le tribunal n'a pas envisager de reporter tous les avis qui sera toujours fermé dans Vallette vendredi,18 Février . En attendant d'entendre plus spécifique, nous exprimons notre totale solidarité, soucieux de les tenir bientôt et le récupérer gratuitement et avec nous dans les moments à venir de la lutte.

Monday, Février 14

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