Marcelle Rouillan : « Il serait temps de libérer mon fils »
Social. Une centaine de personnes sont venues soutenir hier, Jean-Marc Rouillan. Dont sa maman.
Ils étaient une bonne centaine hier matin dans un petit froid glacial à être venus place St-Étienne pour soutenir Jean-Marc Rouillan, ancien membre du groupe
terroriste d'Action Directe, incarcéré depuis vingt-trois ans : « Depuis 2005, Jean-Marc Rouillan et Georges Cipriani ont purgé leur peine de sûreté, relève Alain Mantinc, porte-parole. Et
pourtant, ils restent prisonniers ». Il poursuit : « Nous sommes là ce matin pour demander entre autre au préfet des soins appropriés pour ce prisonnier malade ».
Jean-Marc Rouillan est en effet atteint depuis plusieurs années d'une maladie orpheline évolutive dite de Chester-Erdheim. « Il n'y a pas de traitement type pour
cette maladie et l'expérimentation étant interdite sur les détenus, Jean-Marc Rouillan n'aura pas de soins efficaces tant qu'il sera en prison, reprend le porte-parole. Les seuls spécialistes
de cette pathologie sont à la Pitié Salpêtrière à Paris. Il est pour l'heure à Muret près de Toulouse ».
Dans la foule hier matin, la maman de Jean-Marc Rouillan, Marcelle, 87 ans : « C'est devenu trop long maintenant, explique l'octogénaire. J'aurai aimé voir mon
fils libre avant de mourir. Le temps presse. Je ne vois pas ce qu'on peut dire de plus. La prison de Muret, je peux y aller facilement mais la Pitié Salpêtrière… ». Le collectif de soutien
rappelle que Jean-Marc Rouillan, 57 ans et incarcéré depuis vingt-trois ans, ce dimanche. Selon lui, à titre d'exemple. Les autres membres d'Action Directe sont soit décédé, telle Joëlle Aubron
en 2006 après avoir obtenu une réduction de peine pour raisons médicales, ou en liberté conditionnelle comme Nathalie Ménigon, handicapée moteur après deux AVC. Restent Jean-Marc Rouillan et
Georges Cipriani toujours prisonniers pour avoir notamment refusé de renier leur passé.
"Le blog de soutien aux prisonniers d’Action Directe vient de publier le nom des premières personnes et organisations qui demandent la libération immédiate de Georges
Cipriani et de Jean-Marc Rouillan. A notre goût, trop de noms manquent à l’appel. Coup de gueule…"PACO
« Bien qu’ayant accompli leur peine de sûreté depuis février 2005, et après l’élargissement des autres prisonniers d’Action Directe, Georges Cipriani et
Jean-Marc Rouillan sont maintenus en prison. Nous demandons des soins appropriés immédiats pour Jean-Marc Rouillan et leur libération dans les plus brefs délais. (…) Il est temps de
libérer définitivement les prisonniers d’Action Directe. Nous ne demandons ni sympathie, ni adhésion à ce qu’a été Action Directe.
Parmi les premiers signataires, quelques dirigeants du NPA (parti auquel adhère à présent Jean-Marc Rouillan), des responsables du PCF, une poignée d’enseignants,
d’artistes, d’écrivains, de journalistes… Bref, le compte n’y est pas.
Certes les faibles moyens des comités de soutien et la censure généralisée ne permettent pas une très large diffusion de l’appel, certes ce serait plus commode si
l’on pouvait signer directement la pétition en ligne, certes on pourrait polémiquer des nuits entières sur la place de telle ou telle virgule ou sur l’efficacité d’une énième pétition, certes la
campagne électorale qui démarre n’est pas la période la plus propice pour soutenir des militants que bien des gens aimeraient cacher sous le tapis, certes les salauds frappent partout et on ne
sait plus où donner de la tête, certes, certes…
Qui sont les grand(e)s absent(e)s du monde politique, associatif, syndical, culturel et artistique ? Nous ne citerons personne, qu’ils/elles soient habitué(e)s des
appels plus consensuels et médiatiques ou qu’ils/elles soient les habituel(le)s braillard(e)s « anarcho-révolutionnaires » qui considèrent qu’il vaut mieux être purs et durs seuls que « mal
accompagnés ». Toutes et tous se reconnaîtront. Pendant ce temps, deux hommes restent plombés en cabane. Pourtant, que l’on se dise communiste, anarchiste, syndicaliste, internationaliste, ces
deux hommes-là sont bien des camarades. Si leur parcours n’attire pas toujours la sympathie ici ou là, leur situation devrait, pour le moins, réveiller quelques réflexes basiques.
Jean-Marc Rouillan, atteint du syndrome de Chester-Erdheim, est au centre national d’observation (CNO) de Fresnes depuis le 31 janvier. Des « experts » sont en
train d’observer sa « dangerosité ». La quatrième demande de libération conditionnelle de Georges Cipriani a été examinée le 5 février. La réponse est attendue pour le 24 février. Bref, ce n’est
pas le moment de s’endormir. Les groupes, associations, organisations, personnalités politiques, culturelles, syndicales doivent se mobiliser d’urgence. Faites passer le message !
Extrait des premiers signataires :
Elus et responsables associatifs, politiques et syndicaux :
Olivier BESANCENOT (porte-parole NPA), Alain KRIVINE (dirigeant NPA), Edith SOBOUL (secrétaire fédérale d’Alternative libertaire), Nicole BORVO COHEN-SEAT
(sénatrice de Paris et présidente du Groupe CRC-SPG), Jean-Jacques CANDELIER (député PCF du Nord), Henri MALBERG (commission justice PCF), Isabelle LORAND (responsable du réseau Droits et Liberté
au PCF), Jean-Jacques BOISLAROUSSIE (porte-parole des Alternatifs), Pierre STAMBUL (enseignant, bureau national UJFP)…
Culture, université, justice, médias :
Jean MALIFAUD (maître de conférences Université Paris 7), Bernard CAVANNA (compositeur Paris), Olivier NEVEUX (enseignant-chercheur Strasbourg), Fred LOUCKX
(sociologue Université Libre de Bruxelles), Djamal BENMERAD (journaliste, écrivain, Bruxelles), Aliette GUIBERT CERTHOUX (directrice des publications de Criticalsecret, Paris), Franca MAÏ
(romancière), Méryl MARCHETTI (écrivain, Anglet), Elodie de OLIVEIRA (universitaire, Montreuil), Christian ROUX (écrivain compositeur, Civry-la-Forêt), Nicole CHAMPENOIS (chanteuse chorégraphe,
Civry-la-Forêt), Pierre BANZET (graphiste, Saint-Ouen), Marc FORESTIER (Ras-les-Murs, Radio libertaire), Serge RIVRON (auteur), Valérie de SAINT-DO (journaliste, directrice-adjointe de la revue
Cassandre, Paris), Maryvonne MENEZ (enseignante-chercheuse-formatrice, Deneuvre), Michèle BAERMANN (technicienne CNRS, Nancy), Julien SCHMID (cinéaste, Beyrouth, Liban), Philippe ENCLOS (maître
de conférences en droit privé, Université Lille 2 Droit et santé, syndicaliste), Dimitris SCARPALEZOS (maître de conférence de mathématiques a l’Université Paris 7), Pierre CARLES (réalisateur),
Mari OTXANDI (auteur et traductrice, Ituren, Euskal Herria), Ermanno GALLO (écrivain, Turin, Italie), Jean-Pierre BASTID (écrivain, cinéaste), Progreso MARIN, écrivain, Tournefeuille), Serge PEY
(poète), Jean-Paul DUBOIS (écrivain), Pascal COLE (journaliste), DUSSOL (journaliste, Auch)…
Signatures collectives :
LES ALTERNATIFS, ALTERNATIVE LIBERTAIRE, OCL (Organisation communiste libertaire), CCIPPP (Campagne Civile pour la Protection du Peuple Palestinien), NPA (Gers,
Bouches du Rhône), CNT du Gers, Comitat Chiapas d’Aude, AGONE éditions (Marseille), VIRUS EDITORIAL (journal de Barcelone), Grupo de Axitación Social (GAS), Vigo (Galiza), Fédération des
Etudiants Libertaires-Madrid…
Le texte complet de l’appel est disponible sur le blog d’information et de mobilisation pour
les prisonniers d’Action Directe emprisonnés
Envoyez vos signatures à : sout.ad@orange.fr
http://bellaciao.org/fr/spip.php?article98066