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La tyrannie la plus redoutable n'est pas celle qui prend figure d'arbitraire, c'est celle qui nous vient couverte du masque de la légalité." Albert Libertad

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le blog du laboratoire anarchiste

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23 avril 2012 1 23 /04 /avril /2012 08:15

 




Que cette vidéo circule le + largement sur tous les réseaux et hors frontières. ( la Grèce bafoue le droit d'asile, et réduit les exilés à l'état de bête, l'indicible de cette vidéo montre que la milice des colonels serait donc toujours en place et ses pratiques("recommandées" dans sa police) La Finlande , le Danemark proscrivent aussi le renvoi des Dublin II vers la Grèce , pour les traitements inhumains et dégradants réservés aux migrants (renvoi vers le 1er pays d'entrée où les empreintes sont prises). (pour rappel , la CEDH demande l'arrêt des renvoi vers la Grèce : confère ci-dessous un extrait de cette décision du 21/1/2011 ). Encore combien de morts aux portes de la riche forteresse Europe ? Sarko et Merkel qui osent remettre en cause les accords de Schengen et demandent l'arrêt de la libre circulation. POUR RAPPEL : LES RENVOIS VERS LA GRECE EST PROSCRIT PAR LA CONVENTION EU DES DROITS DE L'HOMME: Décision fondamentale de la CEDH (grande chambre = solennisation) : il est contraire à la Convention européenne des droits de l'homme de renvoyer des demandeurs d'asile en Grèce en application du règlement européen "dublin 2"
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22 avril 2012 7 22 /04 /avril /2012 22:34

Cet article  a été envoyé depuis un certain temps . Mais il reste tplein d'actualité

 

Entretien avec quatre des six nouveaux porte-parole du Collectif des prisonniers et prisonnières politiques basques
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18/04/2012

Anabel EGUES, Marixol IPARRAGIRRE, Mikel ALBISU, Jon OLARRA / Porte-parole du collectif EPPK

 

Vendredi dernier les quotidiens Berria et Gara publiaient respectivement en espagnol et en basque un entretien avec quatre des six nouveaux porte-parole du Collectif des prisonniers et prisonnières politiques basques (dont l’acronyme est EPPK en basque). Nous en avions rapporté la teneur dans notre édition de samedi et dimanche dernier, mais il nous a semblé important de le publier en intégralité, la question des prisonniers étant au cœur du processus en cours en Pays Basque. et le 17 avril étant par ailleurs la Journée internationale des prisonniers politiques.

Comment est formé le Collectif des prisonniers politiques basques (EPPK) ? Quel est son travail ? Comment la nouvelle équipe d’interlocuteurs a-t-elle été choisie ?

Marixol IPARRAGIRRE : Le Collectif est formé des personnes emprisonnées pour avoir lutté pour la liberté d’Euskal Herria. Dans chaque phase de la lutte de libération, les prisonniers politiques basques ont eu une organisation spécifique dans la prison. Pendant le franquisme et les premières années de transition, il y avait dans les prisons les membres de différentes organisations politiques et armées, ils se réunissaient et organisaient leur communauté en fonction de l’organisation de chacun. Avec le temps, le Collectif est devenu l’organisation d’une majorité de personnes liées à ETA. Ces dix dernières années, cependant, au fur et à mesure de l’accroissement de la répression, des personnes d’organisations dont le travail et les domaines d’action étaient très différents au sein de la société ont été emprisonnées. Le Collectif a su refléter cette réalité comme on a pu le voir lors du débat de 2003. La mission principale du Collectif est de soutenir face à l’administration pénitentiaire, en garantissant nos droits, toute personne emprisonnée pour la lutte pour la liberté d’Euskal Herria et lui donner l’opportunité de poursuivre son action politique au-delà des limites imposées par la prison, en approfondissant son éducation personnelle et en l’aidant à maintenir le lien avec Euskal Herria.


Jon OLARRA : Notre engagement politique ne s’arrête pas en prison, nous continuons à lutter selon nos moyens pour notre peuple, organisés en collectif. Dans le débat que nous avons entamé début 2011, en plus de définir la ligne politique et de rénover l’organisation, nous avons vu qu’il fallait renouveler ceux de ses membres qui porteraient la parole du Collectif pour répondre à une époque et à une situation nouvelles. Ont été choisis comme interlocuteurs du Collectif Mikel Albisu, Marixol Iparragirre et Lorentxa Gimon dans l’Etat français, et Jon Olarra, Xabier Alegria et Anabel Egues dans l’Etat espagnol. Quatorze autres compagnons, sept dans chaque Etat, ont été choisis comme groupe annexe à ces six porte-parole. Nous avons aussi nommé un groupe de soutien pour garantir la nature d’acteur politique des interlocuteurs que nous sommes hors de la prison.

Les prisonniers ont-ils accueilli cette nouvelle époque avec optimisme ?

Mikel ALBISU : En prison, nous sommes habitués à filtrer les sentiments immédiats avec le tamis de la distance, qu’il s’agisse de joie ou de tristesse. Personne ne peut avoir plus envie que nous de sortir de prison. Et personne ne sait mieux que nous à quel point ce chemin est plein de difficultés. Nous recevons toujours avec joie et espérance chaque pas réalisé dans la lutte de libération. Et c’est aussi comme ça que nous recevons celui-ci. Nous nous rendons parfaitement compte que ceux qui identifient le conflit à la disparition d’ETA ont été meurtris, qu’ils sont en colère et encore plus effrayés par les pas qui sont en train d’être faits par la gauche abertzale et dans la lutte de libération. Il semble que cela les mène à torpiller le processus et cette nouvelle période de quelque façon que ce soit. Et pour tous ceux qui apparaissent comme ennemis de la résolution, il semble qu’il n’y ait pas de meilleur trophée de chasse que nous, les prisonniers politiques basques, pour atteindre cet objectif.


Anabel EGUES : En nous punissant, ils voudraient punir l’ensemble des citoyens basques et, si possible, faire dérailler le processus. La maturité dont la gauche abertzale et l’ensemble des citoyens basques ont fait preuve ces derniers mois nous conduit à contempler cette nouvelle époque avec plus d’optimisme. Avec une espérance tranquille et inébranlable. Nous recevons les défis de cette nouvelle ère avec responsabilité et honnêteté. C’est le moment de faire des pas importants pour renforcer la conscience nationale et activer des forces pour matérialiser les droits qui nous reviennent, et nous sommes disposés à apporter le capital du Collectif dans cette direction.

La décision prise par ETA le 20 octobre dernier change inévitablement le point de vue de l’EPPK ?

M. I. : Il n’y a pas que la décision d’ETA qui change le point de vue du Collectif. La réflexion menée par toute la gauche abertzale, y compris par nous, comporte en elle-même le changement nécessaire des revendications autour des prisonniers et du point de vue du Collectif. Ce n’est pas un secret : lors des processus de dialogue ou de négociation, les gouvernements mettaient le sujet des prisonniers sur la table pour ne pas affronter les véritables racines du conflit. C’est tout le contraire qui est en train de se produire : en faisant obstacle au règlement de la question des prisonniers, ils essaient de freiner le processus.


J. O. : La décision d’ETA a créé un nouveau scénario pour tout le monde. Cela a été une conséquence de plus de l’engagement dans ce pari politique, ce n’est pas arrivé du jour au lendemain. Savoir que le témoin de la lutte de libération est entre les mains de toute la société basque, plus qu’un changement de point de vue, requiert un niveau de responsabilité de même dimension, et nous influence donc directement. Plus que jamais, ils utilisent le Collectif comme otage politique, ils veulent se servir de nous comme monnaie d’échange pour mettre en scène une victoire.

Le Collectif a signé l’accord de Gernika le 25 septembre dernier. Quelle valeur donnez-vous à cet accord pour l’avenir ?

M. A. : Ce pacte nous montre où poser les premiers piliers après le dépassement du conflit. L’accord est un point de départ, un outil de travail efficace en ce qui concerne l’accumulation de forces, il répond à un besoin et souligne la nécessité d’un accord politique qui ait la résolution du conflit pour objectif ainsi que l’engagement de la faire respecter.


A. E. : L’accord de Gernika est pour nous le principal référent politique dans la voie de la résolution démocratique et recherche une large adhésion sociale et politique. Il faut continuer de l’étendre et de le renforcer pour obtenir que l’Etat s’engage dans le parcours de la résolution démocratique, pour mettre un conflit, qui ne dure pas depuis 50 ans mais depuis au moins 500 ans, en voie de résolution. Le Collectif a sa place là-dedans de façon naturelle et c’est pour cela que nous signons nous aussi l’accord. En ce qui concerne la situation des prisonniers, l’accord défend nos droits sans chantage.

Quelles sont les situations les plus dures aujourd’hui pour les prisonniers ? Et quelles en sont les conséquences ?

M. I. : En tant que personnes, et en tant que prisonniers politiques, nos droits les plus essentiels sont violés. Ils reconnaissent notre nature politique, dans la mesure où ils nous punissent collectivement, et ils nient en même temps notre identité et nos besoins politiques. Les situations les plus extrêmes sont connues, surtout celles des compagnons qui souffrent de graves maladies. Il y a aussi celles de ceux qui ont fini leur peine et qui la voient rallongée injustement. Il y a la dispersion, une mesure qui nous affecte tous, d’une façon ou d’une autre. Pour nous, le plus dur est de voir souffrir notre famille et nos amis.


J. O. : Dans le cas des prisonniers politiques basques, les châtiments supplémentaires s’ajoutent d’eux-mêmes, parce que l’objectif est de nous détruire, s’ils n’y arrivent pas politiquement, du moins physiquement. Ceux qui ont dessiné et qui exécutent cette politique pénitentiaire contre les prisonniers politiques basques savent très bien ce qu’ils font. Ce sont là, par conséquent, nos graves urgences, les urgences de notre peuple !

Par où faudra-t-il commencer le changement de politique pénitentiaire ?

M. A. : La politique pénitentiaire correspond à une stratégie d’oppression. C’est aux Etats de désactiver cette structure oppressive. Désactiver toutes les mesures d’exception et respecter les droits qui sont les nôtres entraînera en soi un changement évident. Dans la mesure où nous avons fait dans cette phase le pari d’affronter le conflit depuis une perspective démocratique, il est indispensable que la politique pénitentiaire s’y ajuste aussi. Nous devons leur montrer que ce qui a été un instrument de guerre est désormais inacceptable. Mais ils savent que le plus petit pas qu’ils feront alimentera le processus et impulsera le nouveau scénario. C’est là que le bât blesse !


A. E
: Nous venons juste de recevoir la décision du Tribunal constitutionnel espagnol, revêtu d’un déguisement juridique, qui confirme la mesure qui maintient derrière les barreaux et sans aucune honte près de 80 compagnons séquestrés depuis 2006. Avec cette décision, L’Espagne a fait un pas de plus dans l’attaque contre les prisonniers, et cela au moment où la décision de la gauche abertzale, notre société et les voix internationales, exigent d’elle qu’elle prenne une autre direction politique. C’est un pas contre le processus en cours. Une attaque frontale contre la parole et la volonté de ce peuple, dans la mesure où ils confirment la condamnation à perpétuité et renforcent la politique pénitentiaire elle-même. A travers ces paroles, nous voudrions faire parvenir notre salut le plus chaleureux et notre soutien le plus énergique à tous les militants qui subissent ce long et pénible emprisonnement.

Le sujet des prisonniers est-il prioritaire dans le processus de résolution général ?

J. O. : Nos objectifs étant l’autodétermination et l’amnistie, les thèmes qu’il faut affronter et auxquels il faut apporter une solution pour résoudre le conflit, qu’on le veuille ou non, sont clairement définis : les racines du conflit et les conséquences du conflit. Dans cette voie, commencer aujourd’hui même à libérer les prisonniers et à permettre le retour des exilés serait un pas indispensable. Cela supposerait un pas qualitatif dans l’ensemble de la résolution du conflit politique.


M. I. : Offrir des solutions aux conséquences du conflit est quelque chose que nous situons dans la première phase du processus démocratique, étant entendu que cela impulserait le processus politique et ouvrirait de nouvelles opportunités. Par conséquent, la priorité étant d’apporter une solution au conflit, la résolution de la question des prisonniers devrait être vue par tous les acteurs – y compris les gouvernements de la France et de l’Espagne – comme un appui pour avancer dans cette direction. L’EPPK travaille actuellement dans cet esprit.

Comment le Collectif voit-il la revendication de l’amnistie ? Quelle est son opinion sur les déclarations des mandataires espagnols qui affirment qu’il n’y aura pas d’amnistie ou de grâce collective ?

M. A. : Les mandataires espagnols cherchent à répandre le découragement dans la société basque, pour laisser pourrir l’approche selon laquelle le déblocage de la situation des prisonniers ferait prendre au processus un chemin adéquat et irréversible vers une résolution intégrale. Ils cherchent à modérer comme ils le peuvent la vitesse du processus. Ils pensent que nous, les prisonniers, sommes l’instrument approprié pour cela, comme otages de l’Etat. Ils sont en train de chercher un scénario dans lequel, plutôt que de passer par une porte, nous devrions passer par un entonnoir à l’extrémité toujours plus étroite, si étroite qu’il serait impossible d’y passer sans s’incliner et s’agenouiller. Mais pour le moment, en disant ce qu’ils ne feront pas et en rendant chaque jour plus imbuvable la recette de ce que nous devrions faire nous, ils ne font que compliquer et fragiliser leur position.

A. E : Nous sommes partisans de l’amnistie, mais elle sera stérile, comme en 1977, s’ils ne s’affrontent pas aux raisons du conflit politique. C’est pour cela que nous disons que le processus est intégral. L’amnistie peut être un processus dynamique jusqu’à obtenir la situation démocratique qui reconnaisse le droit de décider. L’amnistie, nous l’obtiendrons au fur et à mesure que le processus avancera. Qu’ils commencent maintenant en débloquant les situations les plus graves !

Comment et quand voyez-vous la libération des prisonniers ? Il semble qu’un débat s’est ouvert sur la question de savoir si la sortie doit être individuelle ou collective. L’EPPK accepterait-il la formule employée en Irlande, c’est-à-dire une sortie collective matérialisée au cas par cas ?

M. I. : Au moment de projeter sa sortie, la personne prisonnière a une énorme responsabilité, en raison de l’espoir ou de la déception qu’engendre ce rêve qui se réalisera un jour. Les années de prison et l’âge de chacun sont aussi des facteurs à prendre en compte. En ce qui concerne l’EPPK, il n’y a pas de sortie individuelle ; quand un membre du Collectif sort seul, il sort en étant aussi une composante d’un collectif. Nous avons fait face à la prison et nous avons mené notre militance en étant membres d’un collectif, et c’est aussi comme membres d’un collectif que nous franchirons la porte de la liberté.


J. O. : Ils prennent des mesures collectives contre l’EPPK, montrant ainsi l’hypocrisie du traitement individuel. Il faudra désactiver la situation actuelle, et la solution sera collective ou ne sera pas. En Irlande, ils sont arrivés au moment de se poser cette question dans d’autres conditions. Après l’accord politique du Vendredi saint, donc après la levée de l’imposition politique, une commission internationale indépendante avait analysé quand et comment se déroulerait la libération du Collectif. Dans notre cas, nous devons construire notre propre modèle. En suivant le schéma de la négociation d’Anoeta, nous sommes situés dans l’espace de négociation entre l’organisation armée et les Etats, et un large accord amènera la libération. Nous donnons à ETA notre reconnaissance pour les pas qui peuvent être faits, dans l’espace qui lui correspond, au sujet de la situation des prisonniers et des libérations.

L’attitude du PP et du gouvernement espagnol correspond à de vieux schémas. Mais comment les changer ?

M. A. : Il est clair qu’ils s’enferment dans le vieux schéma vainqueur/vaincu et qu’il n’y a pas la moindre trace d’une intention de s’engager dans une phase qui puisse apporter la résolution. Ils agissent actuellement avec de vieux schémas dans une époque nouvelle. Cependant, le coût politique en Euskal Herria pour les partis qui ont utilisé ou défendu la stratégie répressive est évident. Mais le résultat dépendra de ce que nous ferons. L’ennemi voudra mettre en scène une résolution médiocre, à nous de définir les véritables racines du conflit politique et de les soutenir fermement pour mener notre peuple aux portes de l’indépendance.


A.  E. : Depuis la prison, nous réaffirmons que l’engagement que nous avons envers le processus de libération est total. Par les initiatives de la rue, il faut mettre en lumière l’attitude de ceux qui s’entêtent dans le refus. Au niveau international aussi, plus d’un regard suivra avec une grande attention tout ce qui se passe, et cela peut donner une grande impulsion au processus.

Comment l’EPPK analyse-t-il la capacité de mobilisation et l’engagement montrés par la société basque avec la manifestation du 7 janvier et en général ?

J. O. : Cela a été un cadeau inoubliable pour commencer l’année. Avec admiration et avec fierté, ça a été une démonstration énorme. Nous ne pouvons que l’applaudir. Cependant, la joie ne nous aveugle pas, parce que l’absence de certains acteurs politiques était patente à Bilbo, et depuis, la position de ceux qui ont refusé d’y participer est très affaiblie. Même si une mobilisation de cette ampleur est une grande satisfaction, il est indispensable de continuer à travailler, chacun s’organisant dans les structures de son village ou de son quartier.


M. I. : Voir des milliers et des milliers de citoyens basques dans les rues de Bilbo nous a remplis de joie. Grâce à l’engagement de ces milliers de personnes et au travail accumulé durant des années, le mouvement Herrira est né. De village en village, de quartier en quartier, en poussant tous ensemble, nous parviendrons à faire bouger ce qui pour le moment semble inamovible.

Y a-t-il un sentiment d’anxiété autour de l’espérance d’être libéré ? Que diriez-vous aux familles à ce sujet ?

M. A. : Il faut écarter le désespoir et l’espérance aveugle, les deux. Nous savons pourquoi ils nous ont arrêtés, nous savons pourquoi ils nous appliquent ce régime carcéral brutal, et nous savons aussi que notre libération est étroitement liée au dépassement de la situation d’oppression que vit Euskal Herria. C’est le peuple qui nous sortira.


A. E. : Que dire aux familles ? Que nous avançons ensemble sur ce chemin. Comment pourrions-nous faire face à cette situation sans eux ? Plus que dire, nos proches voient en nous le reflet de notre opinion sur le processus de libération. En cela, nous avons une grande responsabilité, en travaillant notre militance politique et en approfondissant notre éducation personnelle, même dans les conditions les plus difficiles. La liberté est notre phare, et depuis la minute où ils nous ont arrêtés, notre esprit est tourné dans cette direction. “Ilunpetan bizi denak argia amets” [“Qui vit dans les ténèbres rêve de la lumière”].

Que demandez-vous concrètement quand vous revendiquez le droit de participer au processus de résolution ?

M. I. : Nous sommes partie et conséquence du conflit politique, et pour cela nous revendiquons le droit de participer au processus en tant que Collectif. Ils nous gardent en prison pour notre engagement politique, et par conséquent, nous revendiquons le droit de participer à la réalité de notre peuple en tant que Collectif. Pour cela, nous réclamons le statut politique, pour réaliser notre travail politique dans les conditions les plus adéquates possibles. Pendant notre enfermement, chacun de nous fait des efforts pour participer à la vie politique de notre peuple, mais notre revendication va plus loin, nous voulons continuer à être politiquement actifs dans la rue.

J. O. : Nous devons être ramenés en Euskal Herria maîtres de tous nos droits, nous mettons au service de notre peuple ce que nous sommes et ce que nous avons, parce que nous croyons avoir notre mot à dire. Tout le monde parle de nous, de quelle politique il faut nous appliquer, quelles urgences nous avons, dans quelle situation nous vivons… quand personne ne le sait mieux que nous ; avec ce groupe d’interlocuteurs, nous avons notre propre voix.

Dans cette nouvelle époque, des demandes de remise en liberté ont été faites pour ceux qui sont malades ou qui ont fini leur peine. Une demande de rapatriement pour tous a également été faite. Pourquoi maintenant ? Et quel type de réponse avez-vous reçu ?

M. I. : La demande a été faite officiellement par tous les membres du Collectif, parce qu’il nous a semblé que c’était le moment opportun pour que les gouvernements fassent des pas autour des situations extrêmes qui existent au sein du Collectif. De plus, ces demandes ont été une démonstration de notre volonté et de notre détermination à participer au processus de résolution. En faisant ces demandes, nous avons tendu une main aux Etats. Ils n’ont pas voulu la prendre. Si la réponse a été négative en Espagne, en France ils n’ont même pas répondu. C’est surprenant, parce qu’ils doivent décider ce qu’ils vont faire sur la question des prisonniers sur le chemin de la résolution du conflit, mais, loin de changer de direction, ils continuent d’approfondir dans la voie répressive. Nous réitérons ces demandes chaque mois dans chaque prison.


A. E. : Pour notre part, nous avons mené une période de lutte du 9 au 13 janvier dans toutes les prisons, d’un côté pour défendre les initiatives lancées à la fin de l’année, et de l’autre pour soutenir la mobilisation populaire générale de Bilbo.

L’Assemblée nationale française a approuvé l’option du rapprochement des prisonniers. Comment analysez-vous, en général, la position de la France sur ce terrain ?

M. A. : La France a respecté à la lettre les modèles que les autorités pénitentiaires espagnoles leur ont fait parvenir : isolement, dispersion, éloignement, toujours ajustés au système carcéral français, qui est différent de l’espagnol. L’attitude de la France est plus grossière. Ça fait bien longtemps qu’elle n’est plus une simple comparse des Espagnols. Elle dissimule la répression qu’elle exerce sur le territoire basque qui est sous sa domination en affirmant que le problème basque est un problème de l’Etat espagnol. Bien qu’il ne faille pas perdre l’espoir d’avoir des surprises, il ne semble pas qu’au-delà des déclarations la France ait l’intention de prendre en main le problème des prisonniers.


A. E.
: Des politiques de tous les partis de Lapurdi, Baxe Nafarroa et Xiberua montrent leur préoccupation quant au thème des prisonniers et à celui de la résolution du conflit. Le travail de fourmi mené sans cesse par les groupes de soutien aux prisonniers et les succès qui ont été obtenus méritent un coup de chapeau. Et les changements de position obtenus de l’Etat français, bien qu’il ne s’agisse que de déclarations, laissent le gouvernement du PP de plus en plus isolé dans son attitude. En tout cas, nous ne pouvons que conclure que ce qui compte, ce sont les pas et les actions.

Croyez-vous que les Etats peuvent utiliser la question des prisonniers pour déformer, retarder ou même laisser pourrir le processus de résolution ?

M. A. : Des récentes réponses, il ressort de façon plutôt évidente que c’est exactement la tactique mise en marche pour le moment, du moins par l’Etat espagnol. Ils utilisent la question de certaines des victimes comme une arme contre la forte demande de la société basque au sujet des prisonniers, ils veulent ériger les victimes en barricades sur le chemin de la résolution, dans l’espoir de freiner la vague en faveur des prisonniers et que le processus échouera ou sortira de ses rails. Peut-être veulent-ils ainsi gagner du temps pour répondre aux racines du conflit et chercher la solution, mettant la gauche abertzale dans une situation inconfortable. Dans tous les cas, ce n’est pas une attitude responsable.

J. O. : Comme ils ont peur de faire des pas politiques, ils cherchent à retarder les pas sur le terrain des prisonniers. Cependant, ils savent que tôt ou tard ils devront se préoccuper des bases du conflit. Ceci leur donne l’opportunité d’avancer dans leur discours idéologique, congelant le processus et le vidant de tout contenu… C’est là qu’on peut situer le pacte d’Etat signé au Parlement espagnol par le PP, le PSOE et le PNV. C’est notre responsabilité à tous de ne pas les laisser perdre la nouvelle ère historique qui s’est ouverte en Euskal Herria. Il faut se joindre à cette lutte de tous les jours, affrontant le défi tous ensemble avec force, espoir et détermination, parce que les pas d’aujourd’hui sont les nouvelles options de demain. Il est indispensable de maintenir vive une forte dynamique populaire. C’est là que se situent les mobilisations de mars, qu’il s’agisse des droits des femmes, de l’officialisation de l’euskara ou de la très réussie grève générale des travailleurs. Nous soutenons toutes les revendications et dénonciations et nous appelons à ce qu’elles soient de plus en plus puissantes et efficaces.

Avez-vous eu des contacts avec les gouvernants espagnols ou français ?

M. I. : Non. Les dernières relations directes se sont produites dans le contexte du processus de 2006. Nous profitons de cette interview pour lancer un appel aux responsables des deux gouvernements, français et espagnol, pour qu’ils se réunissent avec les porte-parole de l’EPPK et que nous parlions du respect de nos droits et leur matérialisation. Nous les appelons à agir avec sérieux, à entrer en contact avec nous. S’ils respectent nos droits essentiels, nous sommes prêts à parler et à faire des pas, nous avons pour cela le mandat de l’EPPK.

Il est évident que la politique pénitentiaire n’a pas fait disparaître le Collectif. Cependant, combien de coups reçus ? Il y a beaucoup de prisonniers, une dispersion énorme, de graves cas d’isolement, 62 prisonniers qui sont enfermés depuis plus de 20 ans… Quel effet tout ceci a-t-il ?

A.  E. : Rester fermes est notre première victoire. Le coût de la cohérence politique, ça a été la vie de certains de nos compagnons, et cela nous fait tous souffrir. Le poids de la vulnérabilité est grand, dans les situations d’isolement, dans les transferts, et que dire de ceux qui sont sur le point de finir leur peine et à qui on dit “Tu ne sortiras pas”, ou de ceux qui sont malades et ne reçoivent pas le traitement médical dont ils ont besoin… Que la famille doive subir les conséquences de la dispersion, chaque kilomètre qu’elle fait, les risques de la route… Tout cela entraîne beaucoup de souffrance.


M. A.
: Les chiffres de cette souffrance sont de plus en plus connus grâce au travail continu des groupes de solidarité avec les prisonniers. En ce qui concerne le Collectif, l’attaque qu’il subit est énorme, et il y a 30 ans, personne n’aurait cru qu’il supporterait la terrible répression qui lui est tombée dessus. La dispersion, comme les attaques subies par les groupes de solidarité avec les prisonniers ou les avocats, ont laissé une fois de plus le Collectif en situation de vulnérabilité. Mais l’EPPK est vivant, il a résisté. Le gouvernement espagnol ne veut pas que la libération des prisonniers enlève de la crédibilité au joli récit qu’ils veulent construire, et il a peur, aussi, de voir toute l’expérience politique et la capacité qui sont entre les murs des prisons travailler dans la rue pour la liberté d’Euskal Herria.

Qu’en est-il du débat entamé au sein du Collectif ? Pour quand peut-on attendre les conclusions ?

J. O. : Le Collectif est un être vivant, une partie de la gauche abertzale, une partie d’un peuple, et en conséquence, il est toujours dans un débat politique, permanent et dynamique. Avec cette interview, nous avons donné à connaître un pas important au niveau organisationnel : la désignation des représentants et des intermédiaires du Collectif. Précisément, renouveler le mode d’organisation de l’EPPK a été l’objectif de la première phase de débat. Dans un second temps, nous porterons nos conclusions politiques à la connaissance de la société basque durant ce printemps. Le débat est en train de prendre beaucoup d’importance, car nous avons eu la capacité de le mener malgré tous les obstacles et de sévères conditions répressives.

Pour finir, sur l’Aberri Eguna…

Nous avons accueilli avec joie les pas d’union et d’accord faits à l’occasion de l’Aberri Eguna de cette année par les forces abertzale et de gauche. Le signe d’une nouvelle époque, sans le moindre doute. Grâce à l’appel à l’union lancé par le réseau Independentistak à Iruñea, la dispersion habituelle a été limitée. Les gens de gauche, les indépendantistes, les souverainistes, des citoyens basques de toutes générations ont vu leur volonté se concrétiser dans cet appel. En comparaison avec ce qui ressemblait au “Jour des partis”, c’est un pas considérable. De quoi se réjouir, mais nous ne pouvons oublier tout le chemin qu’il nous reste à faire. Même si ça ne va pas aussi vite que nous le souhaitons, nous allons dans la bonne direction. Eloignés, dispersés, dans certains cas isolés, nous fêterons aussi celui de cette année. Des célébrations simples, le corps prisonnier mais la tête et le cœur dans les rues d’Iruñea.


Ramon SOLA / GARA

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21 avril 2012 6 21 /04 /avril /2012 17:23

 


Kevin, élève du lycée de Kyoto, à Poitiers, devait être expulsé par avion vers
Kinshasa, hier matin. Les passagers se sont mobilisés. Le vol est parti sans
lui. Après les dernières manifs à Poitiers, la mobilisation a eu lieu à Roissy. Il devait rejoindre la République démocratique du Congo hier. Contre son gré.
Les passagers du vol Air France à destination de Kinshasa ont torpillé l'opération. Pendant deux heures de forte tension, le face-à-face s'est poursuivi avec les
forces de l'ordre pour empêcher l'expulsion de Kevin Kimpéfé, un lycéen
poitevin de 19 ans. Devant la mobilisation des passagers, Kevin a été débarqué de l'avion,
ainsi qu'un passager, arrêté pour rébellion. « Il n'est pas le seul à s'être mobilisé pour empêcher l'expulsion », explique Malika du collectif Réseau éducation sans frontière de Seine-et-Marne. « Nous étions six à l'aéroport pour sensibiliser les passagers du vol à la
situation de Kevin. Ce sont des gens qui rentraient dans leur pays, mais aussi des
Européens. Nous leur avons dit qu'il n'avait plus de famille proche là-bas. Ils veulent le renvoyer chez un oncle. » Une fois dans l'avion, plusieurs passagers se sont alors levés, indique la
militante de RESF. « Ils ont refusé de s'asseoir, empêchant le décollage de l'avion. » « Kevin était au fond de l'avion, il n'a pas cessé de crier, de protester »,
assure de son côté la Cimade. Les forces de l'ordre qui entouraient l'avion sont
montées à bord. " La police a fait pression sur les passagers " « La police a fait pression sur les passagers qui se mobilisaient pour leur faire peur. Elle leur a dit qu'ils pouvaient faire l'objet de poursuites », raconte la militante de RESF. Finalement, Kevin a été débarqué de l'avion par les forces de l'ordre. Un
passager a été interpellé pour rébellion. L'avion est reparti avec deux heures de retard. Un succès… provisoire pour les soutiens du lycée poitevin. Depuis le 26 mars dernier, il se trouve en rétention administrative au centre du Mesnil-Amelot,
près de l'aéroport de Roissy. La préfecture de la Vienne a mis à exécution une obligation de quitter le
territoire français prise à son encontre du jeune homme. Elle était motivée, expliquait
la préfecture, par le casier judiciaire du jeune homme. Un argument balayé par les soutiens du jeune homme, assurant que c'était
du passé, qu'il s'investissait désormais dans ses études suivies avec assiduité en
Terminale bac pro hôtellerie. Il devait passer son bac en juin prochain. Toutes les procédures lancées pour contrer l'expulsion ont échoué.
« Normalement, le vol n'ayant pas été annulé, il n'y avait pas de raison qu'il parte en garde à
vue. Actuellement, il y a beaucoup moins de procédures de ce type au tribunal de
Bobigny. En plus, c'était son premier vol, il est revenu en rétention », indique la Cimade du Mesnil-Amelot. Un nouveau rendez-vous était calé aujourd'hui avec le juge de la liberté et de la détention. Il doit à nouveau statuer sur la prolongation de la rétention administrative. Elle peut durer jusqu'à quarante-cinq jours. « C'est de l'acharnement contre un jeune qui doit passer son bac »,
déplorent ses soutiens.
nouvelle publié par la presse la nouvelle république
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21 avril 2012 6 21 /04 /avril /2012 14:11

On publie une vidéo de l'attaquedu 27 juin 2011 contre la montagne No TAV.On a vu la première fois l'aide des entrepriseset les travailleurs de ces entreprises à la police.

 

 

 

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18 avril 2012 3 18 /04 /avril /2012 09:27
On a reçu par mail, on le  publie. Si vous voulez faites circulez ce message
car c'est notre combat contre le terrorisme d'état.Et aussi en mémoire 
d'un camarade du laboratoire mort fin mai  2011.Jean Marc est toujours là
avec ces réflexions contre le nucléaire et son monde
 
La Marche européenne 2012 des Sans-papiers partira
de Paris le 2 juin 2012 pour arriver à Strasbourg le 2 juillet.
Initiée par la CSP75, cette marche rencontre l'adhésion de
nombreux collectifs en France et dans les pays traversés.
 Le trajet envisagé : Paris, Bruxelles, Maastricht, Schengen,
Verdun, Florange, des étapes en Allemagne, en Suisse et en Italie
et enfin, arrivée à Strasbourg...

Pour suivre l’évolution du projet, avoir les dernières nouvelles de la
Marche

rendez-vous sur notre BLOG  http://csp75-marche-europeenne.blogspot.com/
Ce projet nécessite un large et généreux soutien !
Un compte spécial pour la Marche européenne a été ouvert
par l'association Droits ici et là-bas (DIEL) :


CIC Paris République : 0002006420 224

IBAN :

FR76  3006  6100  1100  0200  6420 224



Pour les chèques, les libeller à l'ordre de DIEL-Marche européenne

Et les adresser à :

DIEL
Maison des Associations du 11ème
8 rue du Général Renault - Boîte 158
75011 Paris



Contact : marche.europeenne.des.sans.papiers@gmail.com
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18 avril 2012 3 18 /04 /avril /2012 09:10

on a diffusé une émission de radio lundi  sur radio Mega à 18h15sans papier ni frontière rediffusion jeudi 19 avril à 9 h sur radio  Mega. Pour nous c'est: "Contre le nucléaire et son monde". On a diffusé un point de vue partiel ici

 

 

LE NOUVEAU SITE DE
GETTINGTHEVOICEOUT EST EN LIGNE À CETTE NOUVELLE ADRESSE : 

_Getting
the Voice Out est un site qui collecte les témoignages des personnes
détenues en centres fermés, afin de porter leurs récits à l'extérieur
des murs et de rendre ainsi public ce que les autorités s'efforcent de
cacher._ 

Le site est maintenant accessible en trois langues séparées
(Français, Anglais et Néerlandais), le flux RSS fonctionne (possibilité
d'être averti dès qu'un nouveau post est publié). 

Nous continuons biensur à alimenter le site en nouveaux témoignages, pour rappeler
régulièrement que des centaines de personnes subissent ces centres
quotidiennement. 

Nous avons également créé plusieurs nouvelles
rubriques : 

EN SAVOIR PLUS - D'AUTRES TÉMOIGNAGES : Rubrique qui
regroupe des liens vers d'autres sites en Europe qui ont la même
vocation que Getting the voice out, c'est à dire donner une tribune aux
personnes enfermées dans les centres de la honte. 

LES CENTRES FERMÉS -
TEXTES D'OPINION : Une rubrique qui nous laisse la possibilité de
publier des textes de personnes extérieures, qui nous semble intéressant
de relayer. Cette rubrique sera complétée au fur à mesure des
découvertes et des suggestions. 

LES CENTRES FERMÉS - ACTIONS DANS ET
DEVANT LES CENTRES : Le but est de rassembler toutes les infos sur les
luttes qui nous parviennent de l'intérieur des centres fermés en
Belgique, via des visiteurs ou des prisonniers. Mais également de créer
un historique des actions de soutien et de solidarité qui ont lieu
devant les centres. Les suggestions sont également les bienvenues. 

LES
CENTRES FERMÉS : Dernière rubrique, mais pas des moindres puisque nous
somme encore en train de bosser dessus. Elle regroupera toute une série
d'information sur ce que sont les centres fermés en Belgique… Nous
aurons donc : _Qui gère les CF ? Qui trouve-ton dans les CF ?
Criminalisation et stigmatisation ? Les conséquences physiques et
psychologiques de la détention - Les enfants - Les cas Dublin - Quels
sont les CF en Belgique ? Les réalités de vie dans les CF - Des
témoignages sur l'enfermement - La durée de détention - Le recours à
l'isolement - L'accès à la connaissance des droits - L'accès aux soins -
La menace de l'expulsion - Les CF en Europe - Frontex_ 

Enfin, les
rubriques films et radios sont toujours accessibles, et nous avons
toujours besoin de suggestions pour les compléter. 

Donc si vous avez
des idées sur des sites, des films, des radios ou des documents que nous
pourrions mettre en lien sur le site, n'hésitez pas à envoyer un mail à
gettingthevoiceout(a)vluchteling.be 

Vous pouvez également demander à
être inscris dans la newsletter, que nous essayerons d'envoyer
régulièrement. 

(N'HÉSITEZ PAS NON PLUS À CHANGER LE LIEN DU SITE SUR
VOS PAGES INTERNET ET À FAIRE PASSER CETTE NOUVELLE ADRESSE DANS VOS
MAILING, AFIN QUE LE SITE SOIT MIEUX RÉFÉRENCÉ ET QUE D'AUTRES PUISSENT
DÉCOUVRIR CES TÉMOIGNAGES... QUI SONT PLUS QUE JAMAIS D'ACTUALITÉ.)


Merci à tous, 

GETTING THE VOICE OUT 

NOUVEAUX TÉMOIGNAGES : 

- CE
N'EST PAS LOGIQUE DE TRAITER LES GENS DE CETTE FAÇON : 

Une nuit tu
t'endors, on vient te menotter, te prendre, c'est tellement choquant… Tu
es avec quelqu'un, on vient, on t'appelle, oui, c'est l'assistante qui
t'appelle, elle veut te parler, et c'est comme ça qu'on isole quelqu'un.
Vous imaginez un peu dans quel état on peut être, le stress d'être pris
et isolé pendant 24 heures et d'entendre ensuite que le vol est pour
demain.


http://www.gettingthevoiceout.org/ce-nest-pas-logique-de-traiter-les-gens
-de-cette-facon/
[1] 

- JE N'AI PLUS ASSEZ DE COURAGE : 

« Je suis dans le centre
fermé depuis un mois et demi, et j'ai vraiment perdu beaucoup de poids,
ma situation est grave. J'attends le résultat du tribunal, j'ai été au
premier tribunal, ça a été négatif. 

Ca fait 6 ans que je suis ici en
Belgique. J'ai fait une demande de régularisation. J'habite également
dans une maison, j'ai une adresse, je paye le loyer, je paye
l'électricité, je travaille au noir comme ça je peux manger. Ils m'ont
attrapé dans un salon de coiffure, ils sont rentrés et comme je n'ai pas
voulu donner mon nom exact aux fédéraux… »


http://www.gettingthevoiceout.org/je-nai-plus-assez-de-courage/ [2]


- QUAND JE LE VOIS, JE VOIS LA MORT ! : 

« La situation en ce moment
est horrible. (…) La nourriture c'est la catastrophe. A propos de moi,
moi ça fait presque 40 jours, ou plus, que je n'ai pas mangé. Je mange
seulement le matin. La collation du matin, je la partage à trois. La
plupart des gens font ça. Ils prennent que le petit déjeuner et le
partagent pour la journée. Ils vivent avec le petit déjeuner, avec de la
confiture et du beurre. Si tu manges tu dors direct. Tu vas dormir
direct. Tu bois du café, tu vas direct dormir. Il y a des jours tu ne
trouves personne, dehors. »


http://www.gettingthevoiceout.org/quand-je-le-vois-je-vois-la-mort/
[3] 

- L'AVION EST POUR DEMAIN : 

« En fait moi je suis détenu ici
dans le centre fermé 127 bis, juste à côté de l'aéroport, un centre qui
n'a rien à voir avec l'humanité, parce que j'ai vu des choses ici qui
m'ont vraiment choqué. (...) Ici, chaque fois que tu essaies de parler,
de faire quelque chose, de changer la situation pour le bien de tout le
monde on te met la pression et on te dit " demain c'est l'avion". Il n'
y a pas de criminels ici, il n'y a personne ici qui a fait quelque chose
de grave pour l'Etat belge et pourtant on vit dans une situation
vraiment inhumaine. Je veux contacter une association pour rentrer de
mon plein gré, mais pas comme ça. »


http://www.gettingthevoiceout.org/lavion-est-pour-demain/ [4] 

 


Links:
------
[1]
http://www.gettingthevoiceout.org/ce-nest-pas-logique-de-traiter-les-gens-
de-cette-facon/
[2]
http://www.gettingthevoiceout.org/je-nai-plus-assez-de-courage/
[3]
http://www.gettingthevoiceout.org/quand-je-le-vois-je-vois-la-mort/
[4]
http://www.gettingthevoiceout.org/lavion-est-pour-demain/
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17 avril 2012 2 17 /04 /avril /2012 15:48

information pêchée sur indymedia.grenoble. Au laboratoire, j'ai eu l'information pour qu'il passe à valence, pas de chance  c'est à grenoble, ce n'est pas loin. Mais tout de même ça réveillerait les associations proches des sans papiers. Depuis qu'on a été devant la prison de Corbas le 8 décembre 2011 pour apporter la solidarité à toutes et tous les enfermé-e-s. (sans papier, prisonières et prisonniers qu'il soient droit commun ou politique),on est mis soigneusement à l'écart comme des pestiféré-e-s.

information:

L’infotour NoBorder passe à grenoble pour présenter les activités Noborder à Calais, ville frontière vers l’Angleterre, pour surveiller et prévenir les violences policières et soutenir les migrant-es qui tentent de passer. Ce sera aussi le moment pour prendre des informations sur les camps NoBorder de Düsseldorf-Cologne et de Stockholm et d’en savoir plus sur la guerre aux migrant-es menée par l’Europe par le biais de l’agence Frontex. Pour alimenter la discussion, on passera des extraits de vidéos issues des luttes pour et contre les migrations. et sinon, comme d’hab au local, cela sera vegan, punk et passion !

Le local autogéré est un lieu d’activité, de rencontres, de luttes, d’échange et de diffusion d’information. Nous proposons dans ce programme diverses soirées et activités mais vous pouvez passer pendant les permanences pour lire des brochures et des bouquins, aller sur Internet, faire une affiche, écouter des disques en buvant un café, etc… 7 rue Pierre Dupont, grenoble http://www.lustucrust.org/

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17 avril 2012 2 17 /04 /avril /2012 09:34

!on a reçu ceci et on publi:

J’imagine un dialogue comment ça:
« Bonjour, nous sommes un groupe d'étudiants qui voudrions faire un cible des conférences de la durée de deux jours atour l'État d’Israël et la Palestine »
« Bien sur, pas des soucis. La thématique c'est un peu chaude, mais nous sommes une université ouverte formatrice d'une pensée critique : vous nous donnez le programme et nous donnerons vous les salles » on passant des jours...
« Désolé garçons : n'est plus possible de faire l'événement dans les bâtiments de la fac. Nous vous donnons les contacts d'une autre structure. La Bourse de Saint Denis »
« Mais ... »
« Vous n'enquêtez pas. Tout est déjà prêt. La liberté d'expression c'est importante pour nous : il faut tenir votre conférence »
« Mais nous voulons la faire à la fac, pas à la bourse »
« Désolé :cefermeture administrative n'est pas possible »
« Et si nous prenons également les salles et on va la faire ?
« Alors nous allons arrêter l'université pour touts les temps de la conférence, aussi personne peux entrer : ni le personnel, ni les étudiants, ni vous.
Semble un dialogue du théâtre de l’absurde, mais c'est qui sorte da la lecture du communique de presse de Paris 8, où on explique que en raison de « l'ordre public » la fac est obligée à la fermeture administrative du campus.
Aujourd’hui un petit rassemblement c'est passé devant les portes fermées : la raison officielle des dangereuses «  risques de troubles à l’ordre public ». À se retrouve les étudiants organisateurs de la conférence et les surpris étudiants ignorants de la fermeture improvise : visages tranquilles, des jeunes étudiants blancs et bourgeoises avec la passion pour la politique. Pas des intégralités islamiques ou des 'infiltrés d'Hamas. Au mégaphone ils condamnent forcement la fermeture, ils parlent de censure et diffusent par affiche leurcommunique de presse et le programme de la dangereuse conférence.
Un jeune du NPA m'explique que la fac a reçu des fortes pressions externes, sur tout par leCrif, une plus puissante organisation juive du France très liée aux gens au pouvoir actuellement  en israel.
Sur le site ils revendiquent la fermeture, titrent « Non au Boycott ! » la bien réussi empêchement de la conférence dans la fac, au prix de la fermeture de la même.
Qui boycotte qui ?
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16 avril 2012 1 16 /04 /avril /2012 09:37

Dans le langage du pouvoir, la prison serait avant tout une « institution pour réintégrer », une sorte d’hôpital pour guérir la maladie de la délinquance. Elle serait en quelque sorte une « opportunité » offerte à ceux qui ont fait des erreurs pour réfléchir et se remettre « sur le droit chemin ». 
A maintes reprises, nous avons expliqué en quoi la punition, la Justice, la peine de prison n’est pas une question de « justice » (si on veut utiliser ce mot-là), mais une mesure de protection de l’ordre établi. Nous avons décrit la prison comme une machine à broyer des êtres humains, comme un monstre à absorber les tensions sociales qui s’expriment entre autres à travers le « crime ». Que la visée de la prison est d’annihiler la personnalité des prisonniers, de les transformer en êtres obéissants et dociles. 

Au-delà de la volonté des directions pénitentiaires, des juges, des gardiens, le fonctionnement même de la prison, son architecture, son appareil, détruit les hommes. Aujourd’hui, à la prison de Forest, un autre exemple triste et éclatant en est donné. Vu la « surpopulation » (plus de 700 détenus pour 400 « places »), les prisonniers qui souffrent de tuberculose ne peuvent pas être mis à part ou soignés… ce qui laisse libre cours à la contamination de toute la population carcérale. Et ne vous trompez pas sur les intentions « humanitaires » : si les gardiens de Forest dénoncent cette situation aujourd’hui, c’est parce que leur santé à eux aussi est compromise...

La prison ne guérit pas, elle rend malade. La tuberculose, maladie typiquement réservée aux pauvres et aux damnés de la terre, n’est que le signe visible du processus de putréfaction mis en place et cautionné par l’Etat dans ses prisons. Se battre contre, ce ne serait certes pas de faire appel aux médecins dans les prisons « à prendre leurs responsabilités », d’exiger la construction de nouvelles prisons « mieux adaptées » mais au contraire, d’aboutir à la conclusion logique que pour guérir, il faut de l’air, il faut la liberté, à tout moment et dans toute circonstance.
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14 avril 2012 6 14 /04 /avril /2012 09:13

L’affaire DSK aura révélé une bien triste image de l’Amérique » se navrait avec affectation Pascal Bruckner dans une tribune du Monde (24 août 2011). « Punir la France pour l’Irak, pour Roman Polanski, pour les lois sur le voile et le niqab, mettre au pas cette nation récalcitrante qui s’entête dans ses mœurs dissolues, tel est le sens ultime de l’affaire DSK au moment où l’Amérique mord la poussière et cherche des boucs émissaires à son déclin. » Mieux informé, Bruckner eut pu rédiger un article pertinent sur le puritanisme étasunien, mais aussi sur ses évolutions perceptibles (par exemple la déclaration d’inconstitutionnalité frappant les lois dites « anti-sodomie », lesquelles visaient en réalité tous les actes érotiques « stériles ». Voir Le Siège de l’âme).


Moins de préjugés nationalistes lui eussent évité d’assurer que « seul un pays malade de sa sexualité [comme les États-Unis] peut imaginer de tels sévices [prisonniers entassés nus à Abou Grahib]. » Comme si les tortures sexuelles et les viols commis pendant la guerre d’Algérie par des parachutistes français sur des prisonnières (« indigènes » ou non) relevaient d’une saine virilité gauloise... Ce que bien sûr Bruckner, qui n’a certainement jamais violé personne, ne pense pas. Mais il oublie de se souvenir au moment adéquat qu’il ne le pense pas. Il est vrai que le « sexe » est de ces sujets qui font fourcher l’esprit, la langue, et la queue (comme disait un diable de mes amis).

La langue qui fourche ment-elle ? Ou bien, au contraire, révèle-t-elle davantage que la langue droite, « soutenue » dit-on. In vino veritas. In cauda venenum. Allez savoir !

Examinons le cas d’un autre spécialiste de l’amour et de la morale, d’ailleurs coauteur jadis avec Bruckner d’un ouvrage sur l’amour [1], Alain Finkielkraut.

Les journalistes n’oublient pas leur ancienne collaboration et Libération a réuni les deux auteurs à Lyon, en novembre 2011. À propos d’amour, bien entendu. Ce fut l’occasion pour Finkielkraut de dire de DSK : « Il aime les parties fines, la débauche. Il est libertin et c’est une manière d’aimer les femmes ». [2]

« Mœurs dissolues » et « parties fines »... ? Dissolues ; signifie dissoutes ; mais dans quoi ? Et fines ? Le contraire de « grossières » ? Fines, comme « fines gueules », « fine champagne ». « Partie fine » : partie de débauche ; pop. partouze. Débaucher : le verbe viendrait du vocabulaire de la menuiserie. Débaucher, c’est d’abord dégrossir, puis fendre du bois.

On a beau fureter dans les dictionnaires, sauter du coq à l’âne, jouer avec les mots, comment lire « une manière d’aimer les femmes » dans des partouzes tarifées, avec des prostituées, et comme clients des flics et des patrons ?

Ou bien s’agit-il d’ « aimer » les femmes, comme on aime les grosses cylindrées, le bœuf bourguignon ou les signes extérieurs de richesse ?

Du fric, des flics, du pouvoir (ne manque qu’un évêque ; les temps changent !). Dans quoi ces mœurs se sont-elles dissoutes, sinon dans les eaux glacées du calcul égoïste. Dans une caricature des mœurs aristocratiques puis bourgeoises de toujours. Même manière d’« aimer les femmes » chez DSK et ses commensaux, chez Berlusconi, et sans doute chez Poutine.

Finkielkraut n’est pas du genre à fuir les sujets difficiles. Il consacrait, le samedi 25 juin 2011, un numéro de son émission Répliques (sur France-Culture) au libertinage. Il y évoquait un article du Monde à propos de la campagne lancée par un groupe qui se déclare féministe, intitulée « Osez le clitoris ». Quelle époque ! Bon, quand on n’est pas du genre à fuir, il faut faire face. Et l’on entend ce propos dans la bouche du philosophe : « Vagin, je suis désolé de prononcer ce mot à l’antenne, mais j’y suis forcé par les circonstances ».

Imagine-t-on la gêne, la souffrance même, d’un philosophe - dont nous savons désormais qu’il sait ce qu’ « aimer les femmes » veut dire -, littéralement forcé par les circonstances (autant dire un viol !) de prononcer à l’antenne le mot VAGIN. Peut-il au moins se rincer la bouche... rien n’est moins sûr. Ah ! je suis comme vous, chères lectrices, chers lecteurs : des mots de consolation me viennent à l’esprit. Tous nous avons envie de dire à Alain que ça n’est pas si grave, que nous avions tous entendu ce mot, et même sur l’antenne de France-Culture... Mais si, Alain ! Souvenez-vous de cette pièce, chroniquée à plusieurs reprises : Les monologues du v... (chut ! ne retournons pas le couteau dans la plaie).

Il semble donc qu’Alain ne partage plus tout à fait l’enthousiasme de son camarade Pascal pour les « mœurs dissolues ». Au moins le rejoint-il sur la condamnation de la société américaine. Il se passe là-bas des choses qui passent l’entendement. Ainsi, à l’heure où la machine judiciaire se met en place contre DSK, que voit-on ? Sur France 2, dans l’émission Mots croisés, du 30 mai 2011 (propos à 42" 07’), Alain se chargeait d’attirer notre attention :

« Le procureur s’est adjoint deux assistantes qui sont des femmes ; ça devrait nous faire réfléchir ! Pourquoi des femmes ? C’est comme si, aujourd’hui en France, un homme était poursuivi pour antisémitisme et que le procureur se disait “Alors, maintenant j’ai besoin de juifs pour étoffer l’accusation !” »

Relisez cette phrase.

Le procureur s’adjoint des femmes dans une affaire de viol ! Quelle inconcevable partialité ! Quelle sournoise manière de fausser le jeu d’une justice impartiale ! C’est comme, c’est comme... On peine à trouver l’image qui convient. Tiens ! c’est comme si le procureur - enfin non, pas ce procureur-là ! Reprenons : c’est comme si un magistrat français choisissait des assesseurs juifs pour juger un antisémite ! Voilà ! C’est exactement pareil ! Des femmes pour juger un violeur présumé, autant dire des juifs pour juger un antisémite présumé...

...Quant il apparaît évident à tout esprit éclairé et objectif qu’il est inconvenant que des juifs soient appelés à juger un être qui les voue à l’opprobre, voire à la destruction. Comment voulez-vous être impartial dans ces conditions ?

On pourra donc s’offusquer pareillement de ce que des journalistes juifs soient appelés à traiter, par exemple, du conflit israélo-palestinien... Comment voulez-vous ? Dans ces conditions...

Si notre mémoire est bonne, c’était l’obsession d’un certain Renaud Camus, récemment rallié à Marine Le Pen, dont le même Finkielkraut, assurait qu’il n’y a rien d’antisémite dans sa manie de décompter les (trop nombreux à son goût) patronymes (censément) juifs sur l’antenne de France-Culture...

Observez qu’il y a dans ce délire une vraie logique. En effet, si - contrairement au sens commun - l’habitude de repérer, compter et dénoncer les juifs n’a rien d’antisémite, alors récuser les femmes pour juger un violeur n’a rien de machiste. C’est, disons de la prudence...

Or on ne saurait être trop prudent par les temps qui courent. Évoquant l’attitude des maoïstes de La Cause du peuple dans l’affaire du notaire de Bruay-en-Artois, accusé en 1972 du viol d’une jeune fille, un « révélateur de la folie idéologique sectaire », Finkielkraut ajoute : « Je me demande si les choses n’ont pas empiré » [3].

Le passé maoïste du philosophe donne à son diagnostic le poids du vécu. On se dit : voilà un mec qui s’y connaît en sectarisme.

C’est insuffisant néanmoins. Et pour mieux suggérer l’ambiance terroriste (tribunaux populaires, etc.), Finkielkraut déclare : « Je voudrais citer une féministe historique, qui m’a demandé de ne pas citer son nom, étant donné le climat actuel » [4].

Admirez la chose. Moi, Finkielkraut, qui dénonce la présence de magistrates dans un jury d’accusation appelé à connaître d’une affaire de viol, je fréquente (au moins) une « féministe historique » - aussi crédible donc en féministe demeurée féministe que moi en ex-mao aujourd’hui invité à déjeuner au siège du patronat - et elle me fait assez confiance pour me livrer un témoignage sous X, ce qui n’est pas rien « étant donné le climat actuel »...

Dans la même émission, le philosophe déclare avoir été choqué du « spectacle » des femmes d’un syndicat de l’hôtellerie qui ont manifesté à New-York contre DSK. Heureusement qu’il existe des individus auxquels leur genre, leur couleur de peau et leur position sociale ont apporté en partage (en plus de tout le reste, s’entend) l’objectivité et le sens de la mesure. Exemplaire, Pascal Bruckner : « Même si DSK était acquitté, il resterait coupable : sa faute se déduit de son statut. Mâle blanc, riche et européen, c’est-à-dire décadent, il ne peut être autre chose qu’un agresseur compulsif. » (tribune du Monde déjà citée).

Au fait, notre attentif lectorat l’aura noté, tout occupé que nous étions de nos duettistes de la morale amoureuse, nous n’avons guère parlé jusqu’ici du héros malheureux de l’affaire, ou plutôt des affaires qui portent son nom.

En même temps que la presse nous apprenait qu’il était mis en examen pour « proxénétisme aggravé en bande organisée », accusation dont rien ne dit qu’elle résistera à l’instruction judiciaire, elle nous révélait le contenu de certains des milliers de courriels échangés entre DSK et ses compagnons de « débauche », comme dit Finkielkraut.

Dans certains de ces courriels, DSK désigne les filles engagées pour les partouzes, dont il nie avoir su qu’il s’agissait de professionnelles, sous le terme général de « matériel ».

Après « fait de matière » et « opposé à formel », Littré donne comme troisième sens de matériel : « Qui a ou qui paraît avoir beaucoup de matière, grossier. [...] En un sens analogue, gros et lourd, en parlant des personnes. Il devient matériel. »

Concernant DSK, la révélation n’est pas récente, mais Littré l’éclaire pour nous : ce type est matériel.

Certes, il a, lors de son interrogatoire, désavoué le terme, jugé par lui a postériori inapproprié.

Inapproprié est un américanisme, d’introduction récente [5] dans le vocabulaire courant français, via les journalistes. Il sert à nier que l’on a commis un délit ou un crime, en reconnaissant un simple « écart de langage ».

Parler d’écart de langage me fait penser à certaine amie des animaux qui a raté une occasion de se taire. Ingrid E Newkirk fondatrice de PETA, organisation qui milite entre autres contre l’usage de la fourrure dans l’habillement, a écrit le 28 mars 2012 à DSK, pour lui proposer d’approuver l’utilisation de sa photographie dans une affiche de PETA en faveur de la stérilisation des animaux de compagnie. « Personne n’est mieux placé que vous pour faire valoir qu’une libido exacerbée peut causer d’énormes problèmes et changer une vie ». La fondatrice de PETA a joint à sa lettre une maquette d’affiche. À côté du visage de DSK, on peut lire une phrase en gros caractères : « L’ABUS DE SEXE PEUT ÊTRE MAUVAIS ».

Du point de vue de la technique publicitaire, le coup est joli, puisque la « campagne » réelle est évidemment l’annonce de la proposition de campagne (réellement faite ou non) et l’écho qu’elle suscite.

Du point de vue idéologique, PETA fait passer l’intérêt supposé des animaux avant l’intérêt des femmes. C’était déjà parfois le cas jusqu’ici dans la manière d’utiliser les corps de femmes dénudées dans ses campagnes [6]. Cette fois, le slogan sur « l’abus de sexe » pousse jusqu’à la caricature le mensonge sur le continuum entre pulsion sexuelle (masculine) et viol (voir sur ce site Les « besoins sexuels » : un mythe au masculin).

Or le viol n’est en rien un « abus de sexe ». C’est un abus de pouvoir.

Les Finkielkraut et consorts évoquent un terrorisme féministe comme les militants lepénistes parlent du « racisme antifrançais ». C’est une inversion du réel. À qui peut-elle profiter, sinon à ceux qui, ayant payé ou se servant gratis, « aiment » une femme tandis que deux complices - je veux dire deux « libertins » - immobilisent chacun l’un de ses bras.

Je sais ce que vous pensez... Est-ce que ces déclarations des prostituées dont DSK était l’un des clients n’auraient pas été un peu « sollicitées » par les policiers ? Et d’ailleurs, étant donné le climat actuel, sait-on seulement si ce ne sont pas, je m’excuse d’écrire ce terme mais j’y suis forcé par les circonstances, des femmes qui auraient interrogé ces femmes ?

On sera tenté de suivre, au moins sur un point, M. Dominique Strauss-Kahn, lorsqu’il explique aux policiers (ceux qui l’interrogent, pas ceux avec lesquels il baise) l’usage du mot « matériel » : « Lorsqu’il y a plusieurs personnes, c’est plus rapide d’employer un mot qu’une liste de prénoms ».

Voilà une vérité toute simple qui, aussitôt dite, emporte l’adhésion.

Un mot ?

Empruntons-le à Belmondo, dans À bout de souffle de Godard : dégueulasse.

Texte repris du site de Claude Guillon.

Notes

[1] Le Nouveau désordre amoureux.

[2] Libe.fr, 27 novembre 2011.

[3] Répliques, du 9 juillet 2011. Finkielkraut recevait Irène Théry et Valérie Toranian, de Elle.

[4] Je n’ai pas noté le propos décisif de la « féministe historique » ; avis aux curieux.

[5] Le Petit Robert (édition 1990) ne le mentionne pas. L’antonyme français d’approprié est impropre.

[6] Voir Je chante le corps critique.

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Agenda

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15h à 16 h

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discussion , infos et peites recettes

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-participation à l'émission de radio Mega

du 22 juillet