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La tyrannie la plus redoutable n'est pas celle qui prend figure d'arbitraire, c'est celle qui nous vient couverte du masque de la légalité." Albert Libertad

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le blog du laboratoire anarchiste

File:Wooden Shoe.svg
5 août 2010 4 05 /08 /août /2010 10:03

Nous publions par complicité( avec indy Gre et jura libertaire) ce texte du jura libertaire. Le meutre deKarim Boudouda  par la Bac de Grenoble, après le braccage du casino, donne d'une série de mesures (d'ordre sécuritaires) . Pour nous, le  Tag  "Baccueux  Assassin" est de plus en plus évident.L'implantation du nouveau GIR à Grenoble par le ministre de l'intérieur . Inutile de rappeler au lecteur du blog Le laboratoire  ce que nous pensons de ces GIR. Un Gir existait déjà  dans la région Rhone Alpes . Pourquoi un nouveau GIR sur Grenoble?  Pour rassurer qui?.

Brice Hortefeux attaque Le Jura libertaire !

Englués dans une affaire Bettencourt qui prend des dimensions extraordinaires, la présidence et le gouvernement ne savent plus quoi inventer pour faire diversion. Après le très grotesque et démagogue outrage au drapeau français (ici et ), c’est l’honneur de la police nationale qui est en jeu. Le ministre de l’Intérieur Brice Hortefeux traîne devant les tribunaux deux sites Internet : Indymedia (Grenoble) et Le Jura libertaire, souvent cité dans ces pages (ici, ici et ).

 

Voici les liens avec l’article du Monde et celui de Libération :

«Brice Hortefeux porte plainte contre deux sites Internet jugés anti-policiers», Le Monde du 26 juillet 2010 ; 
«Hortefeux porte plainte contre deux sites critiques envers la police», Libération du 26 juillet 2010.

 

Ce que ni Le Monde ni Libération, et encore moins l’AFP, n’ont le droit d’écrire (mais moi, je ne vais pas me gêner !), c’est que Brice Hortefeux a été condamné pour injure raciale et que dans sa honteuse situation, le seule chose qu’il soit autorisé à faire, c’est de fermer sa gueule. Du coup, il faut une sacrée dose d’inconscience pour oser s’adresser à celles et ceux pour qui sa simple présence constitue une vivante insulte…

 

Comment ce gouvernement qui fait de l’évasion fiscale une vertu, et dont les membres accumulent les casseroles au cul, ose parler d’honneur et de la grandeur de la France ? Une chose est sûre : ces gens-là ne peuvent pas, et ne pourront jamais, invoquer une telle grandeur, eux qui s’escriment à mettre notre pays en pièces.

 

Pour revenir au Jura libertaire, il y a une petite contradiction amusante que n’a pas relevé Hortefeux. Ce site a souvent cité Guy Debord. Dans le même temps, l’ancienne ministre de la Culture a classé ses archives «Trésor national», ce qui leur confère un statut particulier et empêche leur dissémination hors du territoire. Alors, l’UMP veut bien des manuscrits de Debord pour les collections de la BNF, mais il ne faut surtout pas le lire et considérer que la critique situationniste trouverait encore à s’appliquer, même par écrit…

 

Dernier point, après la proposition du député Masson, les calomnies à l’encontre de Mediapart et les drôles de décisions de l’AFP, cette campagne est la énième à secouer le monde d’Internet en quelques semaines. À l’incompréhension que génère l’arrivée de nouveaux modes de communication, s’ajoute l’impuissance à contrôler cet «espace». Comme en Chine, les autorités ne cessent de faire obstacle à la liberté qui s’y exprime.

 

La nervosité est palpable, tant mieux.

 

ShigePékin, 27 juillet 2010.
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22 juillet 2010 4 22 /07 /juillet /2010 16:09
Depuis une quinzaine de jours, plusieurs mouvements de révolte ont 
éclaté dans les centres de rétention, notamment à Gradisca, Turin, Milan
et Brindisi. A l'origine de certains de ces mouvements de révolte, un
accord passé entre l'Italie, l'Algérie et la Tunisie qui facilite
l'expulsion des Tunisiens et Algériens qui vivent sans titre de séjour
en Italie. Suite à cet accord, des mesures ont été prises pour organiser
des expulsions massives vers ces 2 pays. Ci-dessous, le résumé de
plusieurs articles et messages sur la mobilisation autour d'Habib, un
jeune Tunisien qui depuis maintenant 3 jours se bat pour échapper à son
expulsion annoncée.
F

Depuis dimanche après-midi un retenu est monté sur le toît du centre
d'identification et d'expulsion (CIE) de rue Brunelleschi à Turin. Ce
retenu, Habib (ou Sabri selon les registres du centre), est celui là
même qui lors du concert du 10 juillet organisé devant le CIE avait
envoyé aux manifestants de l'autre côté du mur l'étiquette du médicament
pour l'asthme que la Croix Rouge, gestionnaire du centre, lui fournit...
étiquette sur laquelle on peut constater que le médicament est périmé
depuis 2 ans (voir http://www.autistici.org/macerie/?p=27838.)
Habib-Sabri est monté sur le toît pour échapper à l'expulsion alors
que vendredi ce sera la fin des 6 mois de rétention auxquels il a été
condamné. Comme pour tous les ressortissants Tunisiens et Algériens,
depuis les accords passés la semaine dernière entre l'Italie, l'Algérie
et la Tunisie, c'est l'expulsion qui a été programmée pour lui. Il
s'agit donc de gagner du temps pour que demain, après-demain, le bateau
qui doit l'expulser vers la Tunisie parte sans lui.

Depuis qu'il est sur le toît Habib-Sabri n'est pas seul : plusieurs
personnes solidaires sont, jour et nuit, sous les murs et aux portes de
la prison, à faire du bruit, à taper avec des petits cailloux sur des
poteaux en fer, à être là pour veiller à ce que les expulseurs ne
l"emmènent" pas.Cette nuit ils ont pu entendre les retenus de la section
jaune taper sur les barreaux : il y a eu une tentative d'évasion
collective qui a été déjouée par la police qui en a profité pour passer
à tabac l'un des aspirants à la belle.
Demain mercredi le rassemblement permanent sera encore là sous les murs
du centre. D'autres actions de solidarité sont prévues tels un
rassemblement devant le consulat tunisien de Florence et une
manifestation qui jeudi soir partira du centre ville de Turin jusqu'au CIE.
Les retenus des centres d'identification et d'expulsion de Gradisca
(Nord Est de l'Italie) et de via Corelli à Milan, eux aussi en lutte
depuis la semaine dernière, ont fait parvenir des messages de solidarité
à Habib. Les voici ci-dessous (version originale en italien sur
http://www.autistici.org/macerie/?p=27856) :

Cher Habib,

nous sommes tous avec toi et nous faisons tout notre possible de
Gradisca. Nous sommes en train de lutter contre cette loi qui ne devrait
pas exister, et nous faisons ce que nous pouvons. Beaucoup d'entre nous
sont en grève de la faim, nous ne voulons rien avoir à faire avec le
directeur et les gardiens, nous ne voulons rien d'eux.
Plusieurs d'entre nous se tailladent chaque jour comme forme de
protestation parce les CIE doivent être rasés du sol. Nous savons que tu
es là depuis plus de 30 heures, ne t'inquiéte pas, tiens bon parce que
nous sommes à tes côtés et nous savons que ton combat est aussi le
notre. Nous savons que le CIE Brunelleschi est un centre horrible. Ton
geste est très courageux, tiens bon, nous sommes tous à lutter et à
prier pour toi, nous espérons qu'il ne t'arrivera rien de mal, tu n'es
pas seul. Nous voulons aussi remercier tous ceux qui de dehors nous
soutiennent pour détruire ces camps de concentration.
Il est très important de vous sentir proches. Nous nous aidons
mutuellement donnant un coup de main à ce garçon.

Les retenus de Gradisca - Section rouge



Nous te souhaitons de résister
Liberté pour tous et nous sommes tous avec toi Habib et nous comptons
sur toi. Mille merci pour ton geste nous te souhaitons la liberté au
plus vite, à toi et à nous tous.

Les retenus de Gradisca - Section bleue



Cher frère tunisien,
nous te demandons de résister et de ne pas lacher jusqu'à ce que tu
obtiennes la liberté. Ce que tu fais maintenant tu le fais aussi pour
nous tous les immigrés extra communautaires, en particulier pour
les Algériens et les Tunisiens qui subissent ce nouveau décret pour
faciliter les déportations. Nous sommes sûrs que tu peux résister
encore, seulement comme ça tu pourras obtenir la liberté. Nous sommes
tous avec toi pour le meilleur et pour le pire. Nous aussi, nous avons
lutté et luttons encore pour toi et pour nous tous. Samedi, nous
avons organisé une manifestation et 3 d'entre nous sont déjà
libres. Nous ne nous arrêterons pas tant que nous n'obtiendrons pas nos
droits d'êtres humains et jusqu'à ce que nous détruisions ces camps.
Nous remercions toutes les personnes solidaires qui là en-dessous
luttent pour lui et pour nous. Liberté pour tous.
Les retenus de rue Corelli - section C des hommes et secteur des femmes

reçu par la liste:zpajol@rezo.net
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22 juillet 2010 4 22 /07 /juillet /2010 09:04

Face aux commentaires postés sur le texte de Cire du temps, nous publiuons ce texte trouvé sur ce blog . En effet la critique du travail a été porté par entre autre par la revue Krisis en 2003. Depuis notamment on pourra lire aussi une réplique aux critiques faites au " Manifeste contre le travail " par Jaime Semprun de l'Encyclopédie des Nuisances, par Charles Reeve, etc.

 

La société occidentale moderne a pris l’habitude de s’autocélébrer comme un asile de tolérance et de liberté ; quant au sujet moderne des marchandises, il affirme volontiers ne pas connaître de tabous. À y regarder de plus près, sa prétendue absence de préjugés se révèle néanmoins n’être qu’une simple forme d’indolence et le résultat d’une adaptation mimétique à l’état de tutelle que la société marchande exige de lui. Cette dernière conditionne ses membres à accepter le fait que les décisions relatives au contenu de la richesse sociale et le développement des rapports sociaux ne reposent pas en dernière analyse sur leur accord conscient, mais sur une instance anonyme, le marché en l’occurrence. Qu’il s’agisse de moutarde ou de lessive, de préférences sexuelles ou d’opinions politiques, tout ce qui peut être mis sur le marché est juste et tout ce qui se révèle invendable est faux. Le sujet moderne des marchandises ne vit sa vie sans réserves ni préjugés que dans la mesure où il a intériorisé l’idée que le marché était la seule instance de reconnaissance légitime et retraduit toujours déjà les relations sociales en relations d’offre et de demande.

 L’identité de la tolérance régnante avec la soumission inconditionnelle au pouvoir de la marchandise et du marché ne lui donne toutefois pas seulement les caractéristiques de ce qu’Herbert Marcuse a appelé la « tolérance répressive ». Cette liaison interne détermine en même temps ses limites et le point où les choses se renversent, celui où l’abrutissement d’un sujet des marchandises capable de tout digérer fait place à une haine pure. Dans une société où le fait d’être vendable est le critère qui décide de tout, opposer un critère de principe est une chose inacceptable et asociale : c’est refuser de risquer sa peau et manquer de discipline dans l’ajustement de soi à la marchandise. De ce point de vue, l’entendement des marchandises d’habitude si cool se montre totalement dénué d’humour et voit rouge face aux réticents : qui n’a pas d’argent doit travailler ou du moins prouver qu’il est prêt à le faire sans conditions, sinon il perd le droit à l’existence. La soupape de sécurité permettant de supporter le fait de devoir se considérer en permanence comme un « capital humain » consiste en une mobilisation permanente contre tout ce qui refuse de se plier sans conditions à cette contrainte.

Cet esprit de « tolérance répressive » souffle aussi dans la sphère politique. Aujourd’hui, ce sont surtout les virtuoses de l’éclectisme, ceux qui se montrent « non dogmatiques », « capables d’apprendre » et « ouverts à tous les dialogues » qui sont susceptibles de réunir la plus forte majorité. Dans la politique, tout le monde ne peut toutefois pas parler de tout avec tous parce qu’il est impensable d’y remettre en question l’objectif des objectifs sociaux : « le travail, le travail et encore le travail ! »

On s’exprime librement parce qu’il est convenu depuis longtemps qu’on n’aborde jamais que des questions interchangeables : on se demande toujours comment imposer les impératifs économiques vendus sous l’étiquette « modernisation », mais jamais si et pourquoi il faut les imposer.

Qui ne respecte pas ce règlement intérieur et met en question l’orientation forcée de la discussion sur l’accumulation et l’emploi se heurte très rapidement aux limites de l’ouverture à la discussion affichée par les officiels. La croissance économique et le travail sont aujourd’hui presque aussi intouchables que la sainte Trinité l’était au Moyen Âge. La société marchande a donc également son tabou, auquel personne ne peut toucher sans que les esprits les plus éclairés ne se transforment sur-le-champ en croisés.

Qui veut se débarrasser du capital doit commencer par se débarrasser du travail

En 1999, le groupe Krisis est intervenu dans l’espace public avec un Manifeste contre le travail. Son titre trahit déjà que cette publication visait le scandale. Là où toutes les tendances politiques crient à l’unisson leur unanimité face au travail, ce manifeste démontrait que ce qui est bon pour les marchandises est en fait fondamentalement mauvais pour les hommes et que le renouvellement promis des perspectives sociales en matière de travail sous l’égide de la New Economy, d’un capitalisme de services et de nouveaux patrons ne possédant que leur propre force de travail est en fait une véritable menace.

Il s’agissait pourtant pour les auteurs de bien plus qu’une provocation ponctuelle. L’idéologie du travail aussi grotesque qu’omniprésente renvoie directement au cœur de l’ajustement capitaliste. En s’attaquant au travail, c’est à la fois le fondement et le point faible de l’ordre de la société marchande qu’on met au jour. Le travail forcé et la référence positive à celui-ci ont joué un rôle clé dans le dressage qui a fait des hommes les sujets des marchandises.

En ce qui concerne la critique et le dépassement du travail, il s’agit de bien plus que de simples exagérations polémiques. Ils doivent être pris au pied de la lettre. Ils reposent sur l’hypothèse qu’une critique théorique du capitalisme consistante et à la hauteur de notre époque ne peut plus être formulée que sous la forme d’une critique conséquente du travail.

La tentative de refonder la critique du capitalisme à l’aide d’une critique radicale du travail se distingue donc très clairement de l’anticapitalisme traditionnel. Dans le jargon des sociologues, on parlerait probablement d’un « changement de paradigme ».

La doctrine traditionnelle de la gauche a vu dans le travail et le capital deux principes hostiles l’un à l’autre et dans leur relation une opposition absolue. Elle a considéré le travail comme une « nécessité naturelle éternelle » informée de l’extérieur par un capital qui en a fait mauvais usage afin de produire du profit. La critique du travail voit les choses autrement. Les catégories de « travail » et de « capital » ne désignent pour elle qu’une opposition seulement relative, une opposition à l’intérieur d’un même contexte social. Ce sont deux aspects d’un même ordre : ils considèrent le même contexte social, mais sous deux angles différents. Le travail n’est en principe rien d’autre que la forme d’activité spécifique au capitalisme. Le capital quant à lui est du « travail coagulé ».

L’identité du travail et du capital ne peut pas seulement être comprise comme le fait la « doctrine objective de la valeur » adoptée par tous, du marxisme à l’économie nationale classique, doctrine d’après laquelle le travail serait la « substance » de la valeur et donc la seule source de valeur. La critique du travail va bien plus loin. Pour elle, tout ce qui participe à la domination capitaliste appartient déjà en propre à la catégorie du travail.

Qui chante les louanges du travail a déjà admis conceptuellement l’indifférence du mouvement de valorisation à son contenu matériel ainsi que l’idée selon laquelle la production capitaliste serait à elle-même sa propre fin. En outre, il n’entonne pas cette mélodie sans traiter la séparation sociale des sphères comme une évidence et dévaloriser du même coup implicitement tous les domaines d’activités qui ne sont pas directement intégrables à la valorisation capitaliste. C’est surtout pour cette raison qu’une critique conceptuelle stricte des structures patriarcales n’est formulable que comme une critique du travail et non à partir d’un concept positif du travail. C’est parce que l’approche qui est celle de la critique du travail permet de lier ensemble ces dimensions de la critique du capitalisme et de les saisir plus clairement que ne le faisait la terminologie marxiste qu’il faut la préférer aux conceptions anticapitalistes traditionnelles.

Le travail et son contenu

Pour que le processus de valorisation de la valeur puisse bien fonctionner, c’est-à-dire pour que du « travail mort » (du capital, en l’occurrence) puisse être accumulé, il faut qu’il prenne la forme d’une quelconque valeur d’usage. Le processus de valorisation capitaliste ne dispose toutefois pas d’organe pour sentir son propre côté matériel. Tant que des produits du travail comme des avions de combat, des emplâtres ou des pots de fleurs peuvent être vendus avec profit, il n’existe aucune différence entre eux. Dans la mesure où ils représentent du travail abstrait échangeable, en tant que marchandises, ils sont socialement une seule et même chose. Ce nivellement ne vient toutefois pas au travail de l’extérieur, il ne lui est pas imposé par les capitalistes avides de profit, mais appartient déjà en propre à la catégorie de travail elle-même.

En ce qui concerne leur contenu sensible, en revanche, l’instruction d’enfants, la production de gaz toxiques, la représentation de performances artistiques devant un public payant et la construction de meubles n’ont pas le moindre point commun. Si l’on se concentre sur ce qui est fait, si l’on fait abstraction de la forme sociale dans laquelle tout cela est produit, l’abstraction-travail se dissout doublement. D’abord, aucun signe n’indique qu’il y aurait une affinité d’espèce au fondement de toutes les activités qu’on regarde comme du travail. Ensuite, du point de vue d’une approche purement matérielle, il est tout aussi impossible d’expliquer pourquoi une même activité — chanter des chansons ou cultiver des fleurs, par exemple — est considérée tantôt comme un travail et tantôt comme un hobby, selon qu’elle sert à gagner de l’argent ou non. En dehors de cette subsomption sous la même forme de contrainte sociale du « se vendre », il existe donc une large palette d’activités concrètes qui créent de la richesse, mais il n’existe en revanche aucune forme d’activité générale correspondant à ce qu’on appelle « travail ». Le travail est le produit d’une réduction forcée de la richesse et de la création de richesse à la production de marchandises, une réduction qui détermine l’ensemble de la structure sociale. Les sociétés pré-capitalistes n’ont jamais eu la drôle d’idée de forcer l’activité des esclaves et celle des hommes libres, celle des prêtres et celle des navigateurs à entrer sous une catégorie commune.

Dans toutes les langues européennes, les mots qui servent aujourd’hui à désigner le travail renvoyaient à l’origine soit à l’existence des hommes socialement dépendants, soit, de manière très générale, à la détresse et à la peine mais, en aucun cas, à l’idée d’une activité reconnue socialement. Une société post-capitaliste aurait aussi peu de raisons de s’en tenir à un tel principe.

Le travail est une activité qui est à elle-même sa propre fin

La production capitaliste se distingue par le fait qu’elle est à elle-même sa propre fin. La production de biens ne tire pas sa raison d’être du fait qu’elle mettrait à disposition de l’homme les moyens de satisfaire ses besoins. On produit plutôt au nom de la production : les besoins n’existent que pour valoriser cette dernière. Leur fonction consiste à ouvrir des canaux pour que s’y écoulent les flux de marchandises. Il n’y a donc pas de place dans cette société si riche pour des besoins sociaux que la seule consommation de marchandises ne suffirait pas à apaiser. Ils n’ont droit de cité que dans la mesure où ils répondent à une demande importante et se subordonnent ainsi au cycle de la reproduction capitaliste.

La critique marxiste traditionnelle du capitalisme ne pouvait pas chanter les louanges du travail sans assumer de facto la transformation absurde des moyens en fins. Elever le travail au rang de contenu central de l’existence humaine signifie aussi bien faire l’éloge du productivisme comme fin en soi que dire un « oui » massif à la croissance économique capitaliste.

Plus tard, la contestation écologique a amené sur le tapis l’idée que la contrainte d’enterrer le monde sous des quantités d’usines et des avalanches de marchandises ressemblait beaucoup à une destruction et une soumission mais pas du tout, en revanche, à une émancipation. Tant que l’anticapitalisme restera prisonnier de l’illusion d’un rapport positif au travail, on ne regardera la folie productiviste que comme une question annexe par rapport à la véritable critique du capitalisme et on la comprendra de travers. La critique conservatrice de la consommation a occupé cette place laissée vide et a même réussi à mobiliser le dégoût qu’inspire la valeur d’usage des marchandises contre l’impulsion anticapitaliste.

Une analyse du capitalisme reformulée en critique du travail prend en vue et la misère du besoin et celle de la valeur d’usage. Elle les traite comme des éléments véritables d’une critique globale du mouvement de la valeur qui est à lui-même sa propre fin. La critique du travail précise à quel point il est grotesque et cynique d’identifier la folie productiviste avec une satisfaction à outrance des besoins pour lui opposer ensuite n’importe quelle idéologie de la rigueur. Contraindre à accumuler, tailler dans les potentiels humains et réduire la richesse des besoins humains, tout cela va plutôt bien ensemble.

La critique du travail en retire conceptuellement qu’il ne s’agit pas seulement d’en finir avec le travail abstrait, celui qui crée de la valeur. Il faut aussi que le travail concret, l’art et la manière dont le capital organise l’appropriation de la nature soit remis à disposition. Il faut dépasser le travail en général, concret et abstrait, parce qu’en tant que travail, le travail concret n’est de prime abord rien d’autre que le précipité sensible-empirique d’un processus d’abstraction qui le transcende.

Le travail appauvrit

Ses apologistes célèbrent le travail comme un déchaînement de la force créatrice de l’homme et le capitalisme comme la société dans laquelle l’application, l’habileté et l’efficacité ont trouvé le rang qui leur revient. En effet, l’enrôlement de la production de richesse sensible au service de la grande machine du travail et de la valorisation peut être décrite comme un processus visant à rendre l’homme appliqué. Un processus qu’on ne saurait qualifier de positif, plutôt un mouvement d’appauvrissement, un effacement de ses qualités sensibles.

La richesse sensible des sociétés pré-capitalistes se composait des résultats d’activités productrices non uniformes qui, pour l’essentiel, avaient été dérivées des rythmes naturels, de la tradition et des propriétés de la matière naturelle à laquelle on voulait donner forme. Le capital a détruit cet ordre pour le remplacer par l’omniprésence de cette forme d’activité toujours identique à elle-même, acyclique et linéaire qu’est le travail. Rendre l’homme appliqué peut certes conduire à une intensification de sa relation avec l’objet de son travail et stimuler le développement de sa personnalité, mais seulement au sens où l’on peut dire que des torturés font une expérience très intense lorsque leurs corps ont affaire à des instruments de torture. Le travail qui, en tant qu’activité devant faire en permanence des économies sur elle-même et réduire à tout prix le temps par produit, par opération — ce n’est pas autre chose qu’on entend par « efficacité » —, ne voit les particularités de son objet que comme un obstacle ralentissant le flux continu du travail. Du point de vue du travail, qui se conçoit comme un effort continu ne connaissant pas la fatigue, le besoin biologique de récupération de l’homme et sa tendance à passer de l’activité au repos semblent également n’être qu’une source de perturbation qu’il s’agit autant que possible d’éliminer. On peut donc caractériser le travail comme une guerre permanente sur deux fronts. Qui travaille fait face à sa propre corporéité et à la qualité sensible de l’objet de son travail comme à deux ennemis. Des ennemis qui n’existent cependant que s’il a renoncé à sa vie propre pour devenir une simple ressource.

Le travail est patriarcal

Le travail est une façon pauvre d’être actif ; il est le lieu d’une perte et non d’une acquisition de richesse sensible. En raison de ce déficit inhérent, il ne peut pas informer l’ensemble des domaines de la reproduction sociale. La domination du travail n’est absolument pas concevable sans un important secteur d’« activités de l’ombre » qui, à cause de leur contenu, ne peuvent être traduites que sous conditions ou ne peuvent pas l’être du tout en dépenses acycliques et linéaires de muscles, nerfs et cerveau et refusent d’intégrer l’organisation comme sources de revenus. Aucune société ne peut exister sans que des enfants soient pris en charge et que des individus s’acquittent pour eux-mêmes et pour d’autres de la reproduction quotidienne. L’ennoblissement du travail transformé en seule forme d’activité sociale valable coïncide avec la dépréciation de ces activités dites « féminines » et assignées généralement aux femmes. Elles peuvent être aussi indispensables que la respiration mais, puisqu’elles n’ont pas l’inqualifiable qualité de produire de l’argent à partir d’argent, elles sont ravalées au rang de « choses privées » et inférieures et restent du coup largement invisibles. Tant que l’existence humaine et la participation à la richesse sociale ne devront et ne pourront être qu’un résidu de la valorisation de la valeur qu’opère le grand moulin du travail, ces activités « féminines » ne seront structurellement qu’une condition tacite de la reproduction capitaliste. Les fleurs rhétoriques du jour de la fête des mères et les astucieux exercices de définition alléguant que le travail ne devrait pas être seulement synonyme de gagne-pain mais embrasser aussi les travaux domestiques ne changent rien à cet état de fait.

Le travail est synonyme de séparation des sphères

La conscience dominante est conditionnée pour expliquer les folies historiques spécifiques à la société marchande à l’aide d’une nature humaine éternelle et à les projeter ainsi dans le passé et dans l’avenir. Avec le travail, elle s’en acquitte, aux yeux du sens commun et de ses avocats théoriques, d’une manière presque déjà classique. Officiellement, ce dernier ne veut voir dans le travail que le « métabolisme qui se produit entre l’homme et la nature » (Marx). Mais, avec le concept de travail, est toujours déjà introduite en sous-main et présentée comme irréversible toute la constellation de la société marchande.

Qui parle de « travail » n’exprime nullement le seul fait banal que les hommes de n’importe quelle société doivent devenir actifs d’une façon ou d’une autre pour en réaliser et en développer les puissances productives. Ce terme n’a pour seul sens que celui qu’il acquiert par contraste avec d’autres formes de pratiques humaines qu’on range généralement dans des domaines (pré-)sociaux, sous les rubriques « loisir », « hobby », « volontariat » ou « vie de famille ».

Si tout était « travail », plus rien ne serait « travail » et ce mot finirait par perdre tout sens. Quand on élève le travail au rang d’une « nécessité naturelle éternelle », on suppose toujours déjà en douce que la production de richesse doit s’effectuer comme une forme de dessaisissement de la vie très soigneusement séparée de toutes les autres expressions de cette dernière et constituer une sphère propre, abstraite du reste du contexte social.

Le sujet des marchandises peut trouver cela « naturel ». Il est habitué à mener une existence divisée et à se décomposer en un homme privé, un citoyen et un homoncule laborieux exécutant, jour après jour, huit heures durant, une activité sans lien avec la vie mais réduite à un noyau l’articulant à l’économie des entreprises et l’ordonnant à une fin. Cette structure schizophrène constitue l’un des moments les plus centraux de la terreur de la société marchande.

Dans la description des rapports pré-capitalistes, l’abstraction-travail est tout simplement déplacée. Là où le travail était relié, comme dans les sociétés traditionnelles, à des contextes sociaux et des formes de domination durables, il ne pouvait pas se constituer comme un phénomène à part. Mais l’hypothèse selon laquelle toute société post-capitaliste devrait aussi connaître le travail est presque encore plus dangereuse que cet anachronisme. Elle neutralise l’idée d’un dépassement de la séparation des sphères. Or, sans ce motif, il ne peut pas y avoir aujourd’hui de courant se disant a bon droit anticapitaliste.

L’idée marxiste classique selon laquelle la société future se décomposera en un « royaume de la liberté » et un « royaume de la nécessité » étend à tous les temps, de façon un peu bavarde, la scission de notre existence en, d’un côté, une vie privée vide et, de l’autre, un travail devenu fou. Dire qu’une société libérée ne peut pas ressembler au pays de cocagne et ne peut pas mettre un terme à tout moment de nécessité matérielle est une chose. L’idée de vouloir organiser cette société libérée comme un royaume de la liberté séparé de celui de la nécessité en est une autre.

L’anticapitalisme doit être une critique du travail ou il ne sera pas

Le concept de travail appartient en même temps à deux mondes. D’une part, il peut être considéré — avec la valeur — comme la catégorie la plus abstraite et la plus générale de la critique de l’économie politique, où il ne désigne finalement que l’aspect actif de la valeur. De l’autre, le travail, c’est plusieurs millions de pratiques et d’expériences quotidiennes immédiates. Avec la façon dont les choses ont évolué ces dernières années, cette tension a gagné une composante supplémentaire. L’exigence de travail, la contrainte régulièrement renforcée de se vendre est au cœur de la guerre sociale préventive que mènent aujourd’hui — compte tenu de la véritable crise que traverse la société de travail — les gardiens de l’ordre dominant contre le matériau humain qui est entre leurs mains. À l’époque du chômage de longue durée, de ces nouveaux patrons qui ne possèdent que leur propre force de travail, des travaux forcés officiels mais aussi des revendications salariales intercatégorielles au rabais, le concept de travail est plus que jamais le lieu d’un combat.

Aujourd’hui, le climat social est à la brutalisation, l’isolement et l’égomanie et donne au projet de l’émancipation un caractère désespérément obsolète. Mais cette tendance à une concurrence totale et ne connaissant plus de limites n’a pas d’autre point de départ qu’une soumission inconditionnelle à la dictature du travail. Un courant anticapitaliste ne risque donc de trouver une force de rayonnement et de devenir offensif que s’il comprend que c’est sur le diktat de la valorisation et du travail que se focalise le pouvoir correspondant à la forme de socialisation aujourd’hui dominante et s’il fait de ce diktat le point de mire de sa critique. Tant que la gauche plongera — aussi bien théoriquement que pratiquement — dans l’océan de la réalité mais négligera, au cours de sa descente, de s’arrêter au niveau de contradiction atteint aujourd’hui par la société marchande, un niveau où le travail sacré ne peut plus être décrit que comme un travail devenu fou, elle ne reposera plus jamais le pied sur la terre ferme. Il n’y aura plus d’anticapitalisme au XXIème siècle, à moins que ce dernier fasse du travail l’objet de sa critique.

La répression et l’émancipation

Pendant plus de cent ans, génération après génération, les anticapitalistes sont entrées en guerre contre le statu quo au nom du travail. Exception faite de quelques positions marginales — on pense ici, par exemple, à l’Eloge de la paresse de Paul Lafargue —, les « révolutionnaires » aussi bien que les « réformistes » ont persisté à identifier « libération » et « travail ». Cette équation tenace n’était bien sûr pas seulement le résultat d’un blackout collectif.

Ce malentendu, qui a repris du service pour la dernière fois au cours de l’ère de réformes sociales-démocrates ouverte par le mouvement de 1968, doit surtout sa plausibilité à deux tendances séculaires.

D’une part, aussi longtemps que le système de la valorisation capitaliste a été porté par un mouvement d’expansion historique, le travail a été compris comme un principe d’intégration sociale. Ce grand appétit de force de travail superflue n’a été interrompu que temporairement par des crises économiques et a offert, sur la base de l’ordre établi, une véritable perspective à ceux qui possédaient cette marchandise.

D’autre part, en s’expliquant avec des relations d’autorité personnelles plus anciennes en provenance des débuts de l’histoire de la société marchande, l’impulsion émancipatrice pourrait interférer avec l’impératif de système, détruire les barrières sociales traditionnelles et les remplacer par des relations objectivées entre le sujet des marchandises et celui du travail devenus égaux. Le recentrement progressif de la domination sociale sur l’impératif d’accumulation et l’enrôlement de l’Etat au service de l’objectif de la valorisation de la valeur conçue comme une fin en soi a été perçu moins comme l’aggravation et l’achèvement d’un contrôle social objectivé que comme le refoulement d’un pouvoir visible et personnel. La « cage d’acier » de la servitude (Max Weber), qui ne connaît et ne traite les hommes que comme des masques de théâtre, des brutes de travail, des sujets de droit ou encore des citoyens pouvait ainsi apparaître comme son contraire exact, comme un degré de liberté potentiel obtenu de haute lutte.

Les combattants anticapitalistes n’avaient bien sûr jamais rêvé de transformer les directeurs d’usines en « partenaires sociaux » et les masses prolétaires affamées en vulgaires propriétaires d’un logement, d’une Mercedes et d’un livret syndical. Du fait qu’ils se sont obstinés à prendre fait et cause pour le principe capitaliste du travail, leurs efforts héroïques ne risquaient pourtant pas de déboucher sur autre chose.

La lutte contre les intérêts particuliers de la bourgeoisie et pour l’amélioration des conditions de vie des masses n’ont supprimé de l’ordre dominant que ce qui était devenu anachronique, c’est-à-dire ce qui, selon les critères de rationalité de la société marchande, se révélait contre-productif.

C’est contre sa propre intention que la contestation anticapitaliste a ainsi fait pénétrer la logique des marchandises dans les masses. Sans ce moment de trop, sans cette détermination à mettre fin à la domination capitaliste, ce « succès de la modernisation » aurait difficilement pu avoir lieu.

Il a certainement coïncidé aussi avec un affaiblissement progressif de cette impulsion pourtant toujours active. L’idée paradoxale selon laquelle on pourrait en finir avec l’exploitation et la domination et, en même temps, continuer à pousser des vivats en l’honneur du travail s’est révélée n’être qu’une erreur de jeunesse dans l’histoire de la société marchande. Ce n’est toutefois pas un signe de maturité mais plutôt de gâtisme d’en déduire qu’il faut jeter aux orties l’idée d’émancipation. Ce n’est pas l’idée de libération qui est anachronique mais la dictature du travail et plus encore la liaison entre émancipation et travail.

La communauté de ceux qui travaillent

Travailler ne signifie pas seulement, pour le sujet, ajuster l’objet auquel il travaille, soumettre ce dernier à des lois pour qu’il soit rationnellement rentable et utilisable. Travailler implique toujours aussi que le sujet lui-même s’ajuste. Et c’est au moment où le sujet qui travaille apprend à s’identifier à la violence qu’il exerce sur l’objet que cette expérience répressive laisse inévitablement sa marque sur lui. C’est le trauma résultant du fait d’être soumis au travail qui motive le refus de ceux qui ne peuvent ou ne veulent correspondre à l’image idéale de l’homme blanc toujours prêt à travailler. Là où le travail est honoré, ces derniers sont considérés comme inférieurs et mènent une existence marginale.

Malgré tous les discours sur l’égalité, cette logique de dépréciation a aussi régulièrement retenti dans les communiqués de l’aile gauche du grand mouvement en faveur du travail des XIX et XXème siècles — assez souvent d’une façon à peine audible —, mais c’est principalement son aile droite qui a formulé les doctrines de l’infériorité inhérentes à l’ethos du travail.

Pendant la phase ascendante de la société de travail, cette tendance à l’exclusion est restée un contre-moment à l’intérieur d’un grand mouvement historique d’inclusion. L’idée de garder une distance commune par rapport à ce qui est « inférieur » — au sens de ceux qui glorifient le travail — a fait l’objet d’un accord tacite dans le camp du travail. Pour passer de l’identification avec le processus de la division du travail dans les grandes usines à l’allégeance à la grande « communauté industrielle » — qu’on peut interpréter comme transcendant les classes sociales —, il n’y avait qu’un pas à franchir.

Les idéologies concurrentes de l’époque avaient leur dénominateur commun dans la fraternité du travail. La variante socialiste de la religion du travail s’était fixé comme objectif de libérer de l’emprise prétendument usurpatrice du rendement la forme d’activité capitaliste comprise de travers comme une force éternelle et originelle. Pour ce faire, elle avait défini la classe des « actifs » en l’opposant catégoriquement au capital. À cette provocation, ses adversaires de droite et libéraux n’ont pas répondu en célébrant le capital comme étant à lui-même sa propre fin, mais en proposant la définition alternative d’une « communauté de travail » transcendant les classes sociales. La légitimation de la domination capitaliste a consisté à désigner les chargés de fonction du capital comme un type de travailleur spécifique, comme la partie de la « communauté de travail » à laquelle incombent les tâches de la coordination et de l’organisation.

La déification du travail et l’antisémitisme

L’ennoblissement du capital et son élévation au rang de premier serviteur du travail sont liés, surtout dans la variante droitière de ce geste, à sa division projective. Le capital productif s’est vu charger d’incarner le sensible concret et accorder l’auréole du « Bien », tandis que le capital monétaire et financier s’est vu attribuer tout ce qu’il y a d’abstrait et de destructeur dans la domination capitaliste. De cette externalisation de l’effroi du capitalisme — qui a fourni l’image de l’ennemi indispensable à la construction d’une communauté de travail transcendant les classes — à sa personnalisation antisémite, il n’y a qu’un pas à franchir. Il n’y a pas que dans la vision nationale-socialiste du monde que la séparation fantasmagorique entre « capital créateur » et « capital accapareur » a été amalgamée à l’opposition entre, d’un côté, « travail national » sacré et, de l’autre, « argent juif » sans racines. Tout comme la religion du travail est parfaitement compatible avec des idées racistes, elle se distingue aussi par son affinité profonde avec des modèles de pensée antisémites. Les choses ont évolué en Allemagne d’une façon singulière dans la mesure où la « patrie du travail » a franchi le pas menant de la détestation idéologique à une pratique de l’extermination industrielle organisée par l’Etat. C’est seulement dans le nazisme que la mobilisation totale du travail national a trouvé son accomplissement avec la construction d’usines de cauchemar prétendument anticapitalistes — des « usines de destruction de la valeur » (Moishe Postone) — dans lesquelles, avec les victimes juives bien réelles, devaient aussi être fantasmagoriquement gazés et brûlés les moments de la domination du travail abstrait séparés du travail idéalisé. La fraternité de « ceux qui travaillent avec leur front » et de « ceux qui travaillent avec leurs poings » a été scellée par le meurtre de ceux qui avaient auparavant été exclus de la définition de la communauté de travail allemande.

La Shoah n’a pas seulement fait éclater le cadre de la fonctionnalité de la société marchande parce qu’elle a poursuivi un objectif irrationnel, mais aussi parce qu’elle a renversé le rapport intime entre travail et destruction. Alors que, d’habitude, la destruction est un moment qui accompagne la praxis capitaliste et que l’accumulation de profit constitue l’objectif des objectifs, avec Auschwitz, l’anéantissement est devenu indépendant au point de constituer un contenu propre. Que des hommes aient été massivement forcés de travailler à mort pour le bien de la production de richesse capitaliste, c’est ce qui a eu lieu depuis l’époque de l’« accumulation originelle ». Dans le génocide des Juifs européens, l’exploitation réelle du travail a en revanche fonctionné comme un simple moyen, tandis que l’anéantissement de la vie était devenu le véritable objectif. La possibilité de cette transformation nous informe de l’existence d’un rapport entre travail et mort bien plus intime que celui que soupçonne un anticapitalisme orienté sur le seul paradigme de l’exploitation.

Deux sortes de dépréciations de la marchandise-force de travail

Les années 1970 marquent un tournant dans l’histoire de la société de travail. Avec la fin du boom fordien d’après-guerre, l’appétit de force de travail sans cesse croissant de la machine à valoriser n’a pas seulement diminué de façon temporaire. On peut même dire que, dans le sillage de la révolution micro-électronique, le capital a fini par développer une forme d’anorexie structurelle. L’expansion séculaire de la société de travail a pris fin et sa crise a commencé.

Prise en soi, la dépréciation de la marchandise-force de travail n’est pas un phénomène inconnu. Dans les crises cycliques du passé, le capital variable avait aussi été retiré de la circulation dans le cadre de la destruction périodique du capital. Qu’on pense à la grande dépression ou à la crise de l’économie mondiale. Aujourd’hui, sous le signe de la « jobless growth » [de la croissance sans emploi] souvent invoquée, s’engage toutefois, face à la dépréciation générale du capital, un processus indépendant de dépréciation spécifique à la marchandise-force de travail et transcendant le cycle. Le rapport entre dépréciation et valorisation de la force de travail s’en trouve fondamentalement transformé. De la révolution industrielle jusque dans les années 1970, la valorisation du matériau humain superflu avait dominé à moyen et long terme par rapport à la libération de la force de travail. Aujourd’hui, la valorisation de la force de travail est devenue un moment qui transcende et détermine le développement historique.

Ce changement n’est pas resté sans conséquence pour le contenu social de la dictature du travail. Si la domination du travail a fonctionné pendant une longue période comme un système d’intégration répressive — du moins dans les centres du marché mondial —, la structure de la société de travail a de plus en plus pris le caractère d’un ordre d’exclusion brutal. La modernisation de la société souvent invoquée et, en particulier, la « transformation de l’État social » ont fourni le cadre juridique et institutionnel requis. Même dans les pays qui forment le cœur du capitalisme, on trouve une armée toujours plus nombreuse d’hommes marginalisés, qui ne trouvent pas d’emploi ou seulement un emploi précaire, face à un cœur de la société de travail qui, lui, devient de plus en plus petit.

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20 juillet 2010 2 20 /07 /juillet /2010 11:19

 

Chaque année, l’ OCL et l’OLS organisent des Rencontres ouvertes à celles et ceux que les thèmes choisis pour les débats intéressent. L’idée est de profiter de la période estivale pour échanger autour de ces thèmes ou d’investissements militants sur lesquels nous avons peu le temps de discuter au quotidien. Il ne s’agit pas pour autant d’une université d’été où l’on écouterait la bonne parole ou ferait des cours de rattrapage. Nous souhaitons offrir un espace de dialogue, d’échange formel comme informel. Les débats se tiennent « à la fraîche », à 21h, après le repas du soir. Les journées offrent de vastes temps libres qui peuvent permettre des débats non prévus. Cela laisse la place à toutes les personnes qui voudraient partager une expérience, présenter une lutte particulière… ou consulter la vidéothèque, la librairie et les tables de presse.

Côté pratique, nous sommes accueilli-e-s dans une ferme (élevage en activité) qui met à disposition un local collectif. Ce local a une histoire, il a été construit à la fin des années 70. Au sortir d’expériences de vie communautaire après s’être installé en Ariège pour travailler la terre, il a paru nécessaire de construire un hangar fait de bric et de broc, avec beaucoup de monde pour participer à la construction - des voisins, des gens de la ville et des alentours - afin de créer un lieu collectif, hors du jeu de la société. Il a été inauguré par des jeunes venant de la cité du Mirail de Toulouse. Celles-ci et ceux-ci y passaient leurs vacances en échange d’une aide aux travaux de la ferme. Ce lieu sert depuis toujours à de multiples initiatives que ce soit de la part d’associations locales, ou simplement des activités partagées comme y « faire » le cochon ou des confitures ensemble, réfléchir au « droit paysan » ou bien travailler sur un journal anti-carcéral. Depuis de nombreuses années les rencontres de l’OCL s’y déroulent, puis en co-organisation avec l’OLS, pour 10 jours de débats en soirée, d’ateliers de réflexion les après-midi et cela chaque été. On peut y ajouter des présences éphémères de personnes qui rêvent à leur installation dans la région. L’entretien et la gestion du lieu utilisé régulièrement par l’OCL depuis longtemps se font avec les initiateurs et l’OCL pour ce qui est de la globalité ; mais l’aménagement du lieu, les ustensiles de cuisine mis à disposition sont sous la responsabilité de toute personne utilisatrice pour un temps du « hangar ». Il s’agit d’un espace politique au sens premier du terme, qui n’appartient pas plus à qui s’en sert et l’entretient qu’à d’autres ; ce lieu se veut accessible aux nécessités d’organisation de résistance au système dans un esprit d’autonomie, d’indépendance, d’échange et de partage des savoirs et savoirs-faire.

Nous avons à disposition un local comprenant un coin cuisine, une salle de repas, une pièce pour les débats, des sanitaires (douches, lavabos, WC) et des prés pour camper (prévoir une tente, seul mode de logement possible). Pour ne pas gêner les travaux quotidiens de la ferme, un parking pour les voitures (autres que camping-car) est disponible à dix minutes à pied. Pour la même raison les chiens sont malvenus. La vie quotidienne est collective : les repas sont pris en commun et confectionnés par des équipes tournantes. Chaque jour, une équipe s’occupe des courses et des deux repas de 13h et 19h en fonction d’un budget précis. Une seconde équipe s’occupe de la vaisselle, de la propreté des sanitaires, de la salle de réunion et de l’entretien quotidien du lieu. Les tarifs comprennent les trois repas et les frais de fonctionnement du lieu. Ils sont établis en fonction des revenus par souci égalitaire. Les tarifs journaliers s’échelonnent de 5 à 20 euros selon les revenus  ; le séjour est gratuit pour les bébés mais un tarif de 5 euros par jour est demandé pour les enfants.

Pour plus de renseignements, et s’inscrire à l’avance, s’adresser à  :

Organisation Communiste Libertaire, c/o Egregore  B.P. 1213 51058 Reims Cedex lechatnoir [a] club-internet.fr Offensive Libertaire et Sociale c/o Mille Bâbords 61 rue Consolat, 13001 Marseille ols [a] no-log.org

PROGRAMME

Samedi 24 juillet : accueil

Dimanche 25 : infrastructures et aménagement du territoire

Autoroutes, voies rapides, lignes ferroviaires à grande vitesse, aéroports, super-ports maritimes… : le capitalisme globalisé colonise toujours plus les espaces et le temps pour accroître ses profits, et cela au nom du « progrès », du « développement », de « l’intérêt général ». La création perpétuelle de grandes infrastructures favorise les flux massifs de marchandises y compris humaines, contribue à l’accroissement de l’urbanisation et à la concentration des richesses, accentue les inégalités sociales et territoriales. Pour les espaces traversés, ces infrastructures constituent un désastre écologique, socio-économique, culturel et humain. De plus, les populations sont non seulement tenues à l’écart de toute prise de décision mais encore brutalement réprimées lorsqu’elles manifestent leur opposition. Nous voulons analyser plus particulièrement les luttes menées contre certains projets d’infrastructure (TGV Lyon-Turin dans le Val Susa, au Pays Basque, Aéroport près de Nantes…) Pourquoi ces luttes naissent-elles dans certains territoires et pas dans d’autres ? Quelles couches sociales touchent-elles ? Quelles sont leurs forces, leurs limites ? Quels rapports entretiennent-elles avec la légalité/l’illégalité, avec les institutions, les élus ? Quelles formes d’action prennent-elles ? Quels liens tissent-elles entre elles et avec des luttes sur d’autres terrains ? Posent-elles des problèmes politiques de fond et amorcent-elles des éléments de projet de société en rupture avec le capitalisme ?

Lundi 26 : Luttes des sans papiers

Un historique des luttes à Calais introduira un débat plus large sur les luttes (voir article de Courant alternatif mai 2010 “La grève des travailleurs sans-papiers : une lutte exemplaire gâchée par les appareil”). On fera aussi un bilan de la marche qui se termine à Nice le 31 mai.

Mardi 27 : Théâtre : Karl Marx, le retour, par la compagnie Calabasse théâtre.

Howard Zinn a imaginé Karl Marx venant aujourd’hui nous rendre des comptes qu’il ne nous doit pas. « J’ai écrit cette pièce à une période où l’effondrement de l’Union soviétique générait une liesse presque universelle : non seulement l’“ennemi” était mort, mais les idées du marxisme étaient discréditées (…). Je voulais montrer Marx furieux que ses conceptions eussent été déformées jusqu’à s’identifier aux cruautés staliniennes. Je pensais nécessaire de sauver Marx non seulement de ces pseudo-communistes qui avaient installé l’empire de la répression, mais aussi de ces écrivains et politiciens de l’Ouest qui s’extasiaient désormais sur le triomphe du capitalisme. Je souhaite que cette pièce n’éclaire pas seulement Marx et son temps, mais également notre époque et la place que nous y tenons. » Dans cette pièce un acte, on croise Bakounine, Proudhon, sa femme Jenny et ses filles et, bien sûr, Engels. On passe par Paris et la Commune, Bruxelles, Londres. Seul en scène, un comédien de Calabasse théâtre nous livre l’intimité de Karl Marx, ses œuvres, ses pensées, ses colères, ses faiblesses, son arrogance et sa rage contre le capitalisme d’hier et d’aujourd’hui.

Mercredi 28 : Réflexion sur les services publics et les luttes qui s’y déroulent

La période récente est marquée par de nombreuses luttes dans les (ex ?) services publics : sauvons la poste,mouvements dans les hôpitaux, grèves dans l’éducation nationale « de la maternelle à l’université »… Comment nous positionnons dans ces luttes auxquelles nous participons souvent alors que nous avons toujours critiqué la notion de service public ? Comment analysons-nous leur restructuration et leur privatisation en cours ? La notion de défense des services publics devrait pousser à des modalités de luttes associant les « usagers », elle devrait contenir des germes d’anti-corporatisme. Peut-on l’observer ? Comment, sous quelles formes ? Y a-t-il de réels points communs entre les luttes de ces différents secteurs, ou juste un rassemblement artificiel tenté par les syndicats au nom d’une logique institutionnelle ? Des passerelles entre ces luttes sont-elles possibles sans passer par les fourches caudines de la bureaucratie syndicale ?

Jeudi 29 : Anti répression

La répression dans l’hexagone n’est sans doute pas plus forte qu’à d’autres époques pas si lointaines : qu’on se rappelle le GAL, le massacre d’Ouvea, les nombreuses « bavures des années 86-88 (Pasqua-Pandraud et Mitterrand président). Mais ce qui a changé c’est que cette répression a tendance à trouver en face d’elle un coprs social de plus en plus individualisé et déstructuré. Plus anciennement encore in existait une « sociabilité » des pratiques, un langage, un comportement qui mettait en relation des pans entiers de la population et qui permettait de mieux résister. Les comités qui luttent actuellement contre la répression se doivent de prendre cette réalité en compte et d’élargir la notion de solidarité à la reconstitution d’un corps social moins individualisé et moins groupuscularisé. Œuver à l’ouverture plutôt qu’à une stratégie du camp retranché, ouvrir des champs de parole plutôt que d’invective. Des tentatives et des expériences se font jour… Parlons-en.

Vendredi 30 : être ou ne pas être dans la société

La volonté affirmée d’opposer un “ici et maintenant” aux “calendes grecques” offertes traditionnellement par les différentes tendances gradualistes des mouvements révolutionnaires, pour positive qu’elle soit, peut aussi s’accompagner d’un repli sur des micros milieux, voire uniquement sur soi. Cela peut rejoindre un individualisme classique dans le mouvement anarchiste, mais peut aussi prendre l’aspect d’un regard “esthétique”, et donc distancié et méprisant, sur les autres et sur le monde en général. Or, on ne peut créer des îlots désaliénés au sein d’une société structurellement aliénée, des plages de communisme au sein du système capitaliste, on le sait. Si l’objectif de toute action politique c’est de changer le monde nous devons considérer que c’est dans ce monde aussi, tel qu’il est, que l’on peut trouver des éléments qui tranchent avec la conformité et l’aliénation. Le travailleur n’est pas qu’au robot, c’est sa créativité qui fait aussi fonctionner le système : c’est dans cette manifestation de l’aliénation que résident aussi les éléments qui peuvent rendre le changement possible. Tout militant, aussi radical qu’il soit, n’est pas totalement différent du reste de la population. Militer c’est partir du principe que c’est dans l’action que les chosent changent et évoluent et pas dans le repli où on ne côtoient que ses semblables et sa tribu.

Samedi 31 : quelle type d’orga pour les anars, plateformisme L’anarchisme, combien de divisions ? Le développement de luttes et de mouvements à caractère anarchistes à la faveur des luttes anti-mondialisation est un phénomène visible ces dernières années, amplifié pour partie par les nouvelles technologies de l’information telle qu’Internet et le réseau global. La question de l’organisation de ces forces émergentes se pose au niveau international comme dans chacun des pays concernés, ravivant de vieux débats dans un courant anarchiste historiquement tiraillé, au nom de l’efficacité, entre spontanéisme, unité des libertaires, cohésion politique. Les positions dites « plateformistes » semblent connaître un nouvel essor, ravivant paradoxalement un peu partout dans le monde, des formes européennes d’organisation et de militantisme dépassées tant historiquement que socialement. Comment s’organiser, avec qui et pour quoi faire ? Ces questions restent bien d’actualité, et il n’est jamais inutile de se les poser, à défaut de pouvoir y répondre définitivement…

Dimanche 1er Août : en finir avec la Françafrique

Cinquante ans après les indépendances officielles des anciennes colonies françaises d’Afrique, 2010 a été décrétée Année de l’Afrique par Nicolas Sarkozy. Mais il n’y a rien à célébrer car, depuis 1960, l’emprise de la France sur ces pays n’a jamais cessé. Les mécanismes du système françafricain ont remplacé et prolongé la domination coloniale. Ce que l’on appelle la Françafrique, c’est un système très sophistiqué aux multiples rouages qui maintient un joug constant au profit des intérêts français et des élites locales corrompues. Cette oppression, qui prend place dans un système capitaliste mondialisé, est soigneusement entretenue par les diverses institutions internationales et toutes les politiques de développement mises en place depuis la fin de la guerre. Il est donc urgent et indispensable de détruire la Françafrique comme une des expressions du néo-colonialisme et de l’oppression capitaliste.

Lundi 2 : Libération sexuelle

Si l’on en croit ce qu’on entend partout aujourd’hui, nous vivons dans une société où le plaisir est à la portée de toutes et tous. On a la pilule, l’avortement. L’adultère n’est plus puni. Le concubinage est une chose banale. Les homosexuels peuvent vivre leur vie, voire même se marier, summum de l’égalité avec les hétérosexuel-le-s (Et les lesbiennes ? Et les bi ? Et les autres ?). Tout ça grâce aux mouvements sociaux des années 1960 et 1970 qui, s’ils n’ont pas déclenché une révolution totale, ont du moins permis la libération sexuelle. Il semble pourtant que certaines questions soulevées par le mouvement féministe des années 1970 sur la sexualité soient retombées, voire passées de mode, que ce soit dans le mouvement féministe ou le mouvement libertaire. Qu’en est-il de la critique du couple et de la famille ? De la centralité de l’hétérosexualité ? De la notion de consentement ? Ce sont des questions essentielles sur lesquelles nous pourrons échanger pour imaginer ensemble une sexualité libérée.

Mardi 3 : L’éducation populaire, une voie vers l’émancipation ?

L’éducation populaire, en tant que démarche collective et politique, permet de se réapproprier le savoir et par là même le pouvoir sur sa vie. Il est important qu’elle se construise dans l’échange. Â chaque âge, on apprend et on peut apporter des connaissances et des savoirs aux autres… Il faut défendre l’éducation populaire comme une pratique émancipatrice et un outil de résistance à la culture de masse et aux systèmes de domination. Une éducation populaire pour et par le peuple qui ne soit pas le monopole d’une culture académique et qui ne s’inscrive pas dans un système marchand et consumériste.

Mercredi 4 : Lutte des chômeurs

Le chômage n’est pas le contraire du travail. C’est un moment du travail. Dans sa formulation présente le problème du chômage, est plus encore celui de l’emploi de la vie même. La situation inédite crée par la fusion ANPE/Assedic, le chaos généré par l’augmentation sans précédent des inscriptions au Pole Emploi, le contrôle social et la mise au pas toujours plus grande généré par le RSA et les méthodes des mercenaires de l’ANPE (coach et autres prestataires)impliquaient une réaction. Celle ci se développe ici ou là avec le développement de pratiquesd’autodéfense collective dans les agences Pole Emploi et avec la création d’une coordination nationale lancer une grève des chômeurs ? Quelles perspectives pour ce mouvement ? Où en sommes nous aujourd’hui ? Comment faire pour recréer le potentiel subversif qu’avait pu susciter les précèdent mouvements de chômeurs ?

Jeudi 5 août : rangement

Plus d’info sur le lieu, les tarifs, l’organisation etc…

P.-S. Organisation matérielle des rencontres

Un lieu en Ariège Nous contacter pour les moyens d’accès.

par courrier : egregore - BP 1213 - 51058 reims cedex par courriel : oclibertaire(a)hotamail(.)com Téléphone : 05.61.65.80.16 ( à partir du 25 juillet)

Les repas et l’organisation du quotidien

Les repas sont pris en commun et confectionnés par des équipes tournantes. Chaque jour, une équipe "bouffe" s’occupe des courses et des deux repas à heures fixes de 13 h et 19 h en fonction d’un budget quotidien (le petit déjeuner est autogéré service/vaisselle). Une seconde équipe s’occupe de la vaisselle, de la propreté des sanitaires, de la salle de réunion et de l’entretien quotidien du lieu.

Les prix, les tarifs

Ils comprennent les trois repas et les frais des rencontres et sont établis en fonction des revenus par souci égalitaire. Le séjour est gratuit pour les bébés mais un tarif de 5 euros par jour est demandé pour les enfants.

TARIFS JOURNALIERS EN FONCTION DES REVENUS :

5 euros si inférieurs à 400 euros /MOIS 7 euros entre 400 et 700 euros 8 euros entre 700 et 800 euros 9 euros entre 800 et 900 euros 10 euros entre 900 et 1 100 euros 12 euros entre 1 100 et 1 200 euros 14 euros entre 1 200 et 1 500 euros 18 euros entre 1500 et 2000 euros 20 euros si supérieurs à 2000 euros

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12 juillet 2010 1 12 /07 /juillet /2010 09:09

Depuis 2002, l’ancienne usine RVI de lyon s’est vue réappropriée par d’innombrables artistes, militant.es, insoumis.es et autres rêveurs et rêveuses de toutes sortes. Aujourd’hui, c’est un lieu unique que plus de 500 personnes utilisent à l’année, sur une surface de 35000M2 pour créer, jouer peindre coudre danser graffer sculpter répéter chanter faire du vélo, du bruit, rêver et conspirer à d’autres possibles.

Après des mois de doutes et de rumeurs contradictoires, sans aucune concertation, l’épée de Damoclès est finalement tombée ce 8 juin 2010. La mairie veut voir la friche RVI vide de vie ce 31 juillet, ne proposant en contrepartie qu’un projet vague, sans aucune garantie, voire totalement irréaliste.

Nous avons à peine plus d’un mois pour crier notre refus de voir détruite cette « exception culturelle » et avec elle nos luttes, nos utopies mises en pratiques, et nos espoirs d’une alternative non marchande, autogestionnaire et collective face à l’individualisme et la « culture poubelle » approuvée par le pouvoir, muselée, rentable et mortifère.

Cet appel n’est pas celui d’une élite artistique qui défend son territoire fermé .C’est l’appel d’êtres humains qui voient s’effriter un peu plus chaque jour des espaces de libertés si fragiles et si nécessaires. Ce lieu, cet espace vous appartient. Prenez l’initiative !

le samedi 17 et le dimanche 18 la Friche à Lyon propose de multiples activités pour se battre contre la décision de la mairie de Lyon.
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11 juillet 2010 7 11 /07 /juillet /2010 08:46

reçu par mail, heureux de donner de la publicité pour cette pièce mis en scène par un collectif

"Par le prisme de la vie d'Emma nous abordons aussi les liens entre choix personnels et luttes collectives, vie affective et engagement militant.

Chacune des actrices prend le temps d'une scène ou deux,le visage d'Emma : ses doutes et ses faiblesses, sa révolte et son espoir en un monde différent nous animent toutes. Ce n'est pas uniquement le combat de cette femme que nous voulons mettre en avant, ce sont les combats eux mêmes.

Cette création théâtrale est le fruit d'un an de travail, de recherches et d'expérimentations collectives entre filles. Nous sommes 15 à avoir pris part à la construction de cette pièce « En suivant Emma... », en vivant les idées qu'elle porte à travers nous.

Cette expérimentation est une épopée à part entière puisqu'elle tente de concilier exigence artistique et idéal politique. Avec ou sans expérience du théâtre, chacune a pu être actrice de ce projet autogéré.

Ainsi ce travail doit être considéré tant pour son aboutissement que pour le cheminement collectif qu'il représente".

Voici les prochaines dates de représentations de la pièce "En suivant
Emma" - extraits choisis de la pièce d'Howard Zinn - par les EmmaZones.

http://3.bp.blogspot.com/_4qFKEcSgASI/TB_TTr7PWEI/AAAAAAAACJs/0PCxhyNhCr0/s1600/Emma6nb-2-ad9a9.jpg

* samedi 10 à 20h30 : L'Ecurie - GENEVE (Suisse)
adresse : buvette des cropettes, 14 rue de Montbrillant

* dimanche 11 à 18h30 : espace Pier Cot - CHAMBERY (73)
adresse : 185 quai des allobroges (à 5 min de la gare à pied)

* mercredi 14 à 19h30 : La Ferme Tournesol - ST-PAUL-LES-MONESTIERS (38)
réservation conseillée (nous envoyer un mail)

* dimanche 18 dans l'après-midi : La Friche RVI - LYON 3
dans le cadre du Festival en Friche (84 rue Lacassagne)
plus d'infos : http://www.friche-rvi.org/V3/index.php

* lundi 19 en début de soirée : sur l'AGGLO GRENOBLOISE (38)
le lieu et l'horaire exacts seront communiqués d'ici quelques jours...

 

 tournée dans le sud du 24 au 31 juillet


* samedi 24 et dimanche 25 : sur MARSEILLE (13)
- samedi 24 : lieu et horaire à confirmer
- dimanche 25 à 20h : Le Seul Problème
adresse : 46 rue Consolat 13001 Marseille (à côté de la place des réformés)
attention : il y a peu de places et pas de réservations possibles...
donc mieux vaut être à l'heure !

* entre le lundi 26 et le jeudi 29 : dans les CEVENNES
nous nous produirons à au Transfo (dans l'Hérault - 34190 Ganges) ainsi
qu'à La Borie (en Lozère - 48400 Florac)
nous vous communiquerons les dates exactes bientôt....

* vendredi 30 à 21h : Terreblanque (31470 St-Lys, à 20km de TOULOUSE)
nous cherchons aussi à jouer sur Toulouse même le samedi 31 (mais nous
n'avons pas de lieu pour l'instant...)

---- Mais, au fait, c'est quoi cette pièce ???? -----

Écrite par Howard Zinn, qu'on appelle l'« historien du peuple », cette
pièce retrace une partie de la vie d'Emma Goldman, militante anarchiste et féministe de la fin du 19ème siècle. Bien qu'absentes des livres d'histoire, la vie et les luttes d'Emma et de ses camarades ont marqué leur époque et font écho à une réalité actuelle : résistance à une idéologie capitaliste et liberticide, combat contre les discriminations de genre et de classe, émancipation des femmes, amours libres, luttes collectives...

À travers ce travail théâtral nous avons voulu faire de cette pièce
historique un support pour des messages atemporels. Nous la proposons à la fois comme un moment agréable, un moyen de faire connaître et
reconnaître ce personnage, et un outil de réflexion. Par le prisme de la vie d'Emma nous abordons aussi les liens entre choix personnels et luttes collectives, vie affective et engagement militant. Chacune des actrices prend le temps d'une scène ou deux, le visage d'Emma : ses doutes et ses faiblesses, sa révolte et son espoir en un monde différent nous animent toutes. Ce n'est pas uniquement le combat de cette femme que nous voulons mettre en avant, ce sont les combats eux mêmes.

Cette création théâtrale est le fruit d'un an de travail, de recherches et d'expérimentations collectives entre filles. Nous sommes quinze à avoir pris part à la construction de cette pièce « En suivant Emma », en vivant les idées qu'elle porte à travers nous. Cette expérimentation est une épopée à part entière puisqu'elle tente de concilier exigence artistique et idéal politique. Avec ou sans expérience du théâtre, chacune a pu être actrice de ce projet autogéré.
Ainsi ce travail doit être considéré tant pour son aboutissement que
pour le cheminement collectif qu'il représente.


Contact : ensuivantemma@gmail.com

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3 juillet 2010 6 03 /07 /juillet /2010 08:54
Toute personne en mesure de diffuser l'information et à exprimer leur
solidarité avec cette action de protestation dans d'autres parties du
monde est invitée à le faire dès que possible! L'action de ces
quatrecamarades ne doit pas rester isolée!


Activistas en el interior de la mina


Le premier juillet ,La nuit dernière,
quatre personnes se sont enfermées
à l'intérieur du puits des mines
Itsasondo ancienne du Pays
Basque (du côté
espagnol de la frontière) pour
«arrêter la construction du chemin
de fer à grande vitesse (TGV) et à dénoncer le« social modèle de
ces chantiers ne sont que le masque extérieur ".
Ils réclament la cessation"
immédiate"des travaux de creusement qui se
déroule dans la même région.

«Nous savons que les risques sont élevés. Nous sommes allés au fond dans les
souterrains en vue de renforcer la coopération avec nos corps cette terre
même. Nous sommes enfermé-e-s dans les mines afin de défendre nos idées et
de dénoncer le manque de sens de ceux qui détiennent le pouvoir .
Nos corps
sont nos armes et l'action directe est notre chemin ".


C'est ce que les quatre personnes qui se sont enfermés dans les mines de
Itsasondo avait à dire sur leur acte de «résistance» à l'HSR. La
déclaration a été communiquée à la presse par les adversaires de
la gigantesque 'infrastructure lors d'une conférence de presse dans lequel ils
ont également mis en garde contre les dangers du tunnel Ordizia-Itsasondo.

Ils ont indiqué que les 37 sondages et des forages d'essai qui étaient
destinées à faire avant que le projet de construction, un seul a réellement
eu lieu.

De l'intérieur des mines, les militant-e-s qui se sont enfermé-e-s dans une
explication concernant les travaux de construction se déroule dans Mariaratz,
Olaberria, San Martin, et Berostegi Itsasondo. «Près d'ici, dans le chantier de
construction Mariaratz, il ya des explosions quotidiennes ... explosions
qui détruisent la terre et tout pour couronner le tout. Il est fort
possible que les mines vont s'effondrer si les explosions et les forages
se poursuivent, menaçant la vie de ces quatre personnes. Par conséquent,
nous exigeons l'arrêt immédiat des travaux en cours ". Les manifestants ont appelé les gens à participer aux réunions qui auront
lieu chaque jour à 19h30 à Itsasondo et dans les manifestations demandé ce
vendredi à divers endroits et aussi dans la protestation une marche
qui aura lieu le dimanche,le départ à 17h00 de la carrés de la ville d'
Ordizia.


http://www.sindominio.net/ahtez/?q=es



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25 juin 2010 5 25 /06 /juin /2010 13:21

Incendie des locaux de la police dans le 3e arrondissement de Lyon

 

Les locaux annexes de la SGAP (Secrétariat Général de l’Administration de la Police) ont flambé au petit matin.

 

Bilan : 300 mètres carrés de bâtiments détruits (contenant du matériel et des équipements) ainsi qu’une dizaine de véhicules banalisés. Le poulet grillé serait d’origine criminelle.

  

 

 

 


 

Lyon : Des locaux techniques de la police partent en fumée

 

Un incendie a ravagé les bâtiments et les voitures du SGAP Espérance, un site logistique de la police nationale situé dans le 3e. L’enquête soriente sur la piste dun acte volontaire.

 

Aux confins de Lyon et Villeurbanne, létablissement est enchâssé entre des immeubles, des petites maisons et des bâtiments industriels, dans un quadrilatère délimité par les rues Antoine-Charial, Paul-Bert, Saint-Eusèbe et de lEspérance. De lextérieur, rien nindique lampleur des dégâts provoqués par lincendie qui a ravagé ce site logistique du Secrétariat général de ladministration de la police (SGAP). Vers trois heures et quart, un riverain a été réveillé par des explosions. «Jai pensé que cétait dans la rue, jai regardé par la fenêtre, il ny avait rien, mais jai vu de la fumée.» Cest de son balcon surplombant le SGAP quil prend la mesure de ce qui se passe. Dans la cour où sont stationnés des véhicules administratifs banalisés, il voit deux voitures en flammes. «Le hangar devant lequel se trouvait la Twingo commençait à prendre feu, une voiture brûlait devant lautre bâtiment, qui commençait à senflammer par larrière, sans doute à cause dune troisième voiture que je ne voyais pas», explique ce témoin qui a été frappé par la violence du sinistre. «À un moment, une voiture en feu est sortie du hangar, sans doute que le frein à main nétait pas serré, et elle est partie contre le mur.» Les flammes se propagent à toute allure. Le hangar abrite le bois utilisé par latelier de menuiserie, qui alimente les flammes. De lautre côté, le bâtiment dun étage est affecté au service de lhabillement, ainsi quaux syndicats CGT et CFDT. Les pompiers sont appelés par des riverains, mais leur intervention est compliquée par des difficultés daccès au site, fermé par un lourd portail métallique. À laide de quatre lances, ils vont lutter longtemps contre des flammes. Le vent qui pousse les fumées brûlantes vers la rue de lEspérance rend nécessaire lévacuation de vingt personnes. En pleine nuit, les habitants des numéros 22, 24 et 26 de la rue de lEspérance doivent abandonner leur domicile. Par chance, on ne déplore ni blessés, ni personnes incommodées ou intoxiquées par la fumée. En revanche, le bilan matériel est lourd. Le hangar et le bâtiment, dont la toiture avait été refaite il y a environ deux ans, selon un habitant du quartier, sont détruits, avec tout ce qui sy trouvait. Et neuf voitures ont subi le même sort. Lintervention des pompiers sest prolongée jusqu'à neuf hier matin, du fait des opérations de déblai. Ils ont cédé la place aux techniciens de la police scientifique et aux enquêteurs de la brigade des affaires générales de la Sûreté. Selon les premiers éléments de lenquête, la piste dun acte volontaire semble privilégiée, du fait de lexistence de plusieurs départs de feu. Des intrus ont pu pénétrer dans lenceinte en escaladant le mur denceinte et le portail, puis incendier deux ou trois voitures. En espérant que le feu se propage aux constructions ?

 

Leur presse (Christine Mérigot, Le Progrès), 23 juin.

  Rebellyon, 23 juin 2010.

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16 juin 2010 3 16 /06 /juin /2010 18:37

 grèce Salonique:un groupe anarchiste pratique l'action directe:

L'action directe implique de ne pas se soucier des règles et procédures qu'appliquent les économistes et politiciens, et de décider soi-même ce qui est juste et ce à quoi il faut résister. Bien que l'action directe puisse être considérée comme un des nombreux outils à la disposition du militant, cela peut également signifier que l'on est « prêt à se battre pour prendre le contrôle de sa vie et à essayer directement d'agir sur le monde qui nous entoure », à prendre ses responsabilités quant à ses actions et aux buts poursuivis.

Pour rappel, le supermarché Masoutis a été attaqué le 14 juin 2010 par des compagnons : des marchandises expropriées au sac, les portiques anti-vols et les caméras détruites au marteau, puis le fric d’une caisse brûlé dans la rue.



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15 juin 2010 2 15 /06 /juin /2010 10:56

Communiqué à l’occasion d’une nouvelle agression contre un membre de l’ASI

Le mardi 14 mai vers 23 heures, un membre de l’Initiative anarchosyndicaliste (AS) a été agressé par un groupe de quatre néo-nazis. L’agression s’est déroulée en plein centre-ville. Il a reçu plusieurs coups de poing au visage après qu’on lui eut demandé s’il était anarchiste. Les agresseurs étaient rasés de près, vêtus de noir, âgés entre 25 et 30 ans.


La Confédération syndicale "Initiative anarchosyndicaliste" lutte pour une société de liberté et d’égalité, débarrassée de toutes formes d’exploitation et de domination de l’homme sur l’homme, raison pour laquelle elle est constamment prise pour cible par l’Etat et ses structures répressives - la police, les services secrets et les formations para-policières.

Rappelons que six anarchosyndicalistes de Belgrade ont passé presque six mois en prison suite à l’accusation grotesque de "Terrorisme international", que quatre autres de nos compagnons font l’objet d’un procès politique au motif d’avoir "obstrué la justice", et que des appels à ce que les membres de l’ASI soient lynchés en public ont été lancés par des groupes para-policiers.

De même qu’auparavant, maintenant encore ces procédés de la part de ceux qui détruisent nos vies ne font que renforcer notre esprit de lutte et accentuer notre conviction que nous sommes sur la bonne voie. Nous faisons savoir que nous ne cesserons nos actions et entreprises et que nous lutterons avec encore plus de sérieux et de combativité en faveur de la liberté, contre l’exploitation, les privatisations et les licenciements.

Les rues appartiennent au peuple et non aux bandes fascistes.

Assez de répression contre les activistes syndicaux. Assez de violence !

Le Secrétariat de la confédération syndicale "Initiative anarchosyndicaliste".

http://inicijativa.org/tiki/tiki-read_article.php?artic...=2568

« Nous ne nous faisons aucune illusion » (groupe de soutien aux 6 de Belgrade, Toulouse)

Interview réalisée par email ce 13 mai - avec les membres du groupe de soutien aux anarchistes serbes (CNT-AIT, Toulouse). Merci à eux !

- Votre association apporte un soutien aux anarchistes interpellés il y a quelques mois à Belgrade. Que leur reproche-t-on exactement ?

Cette affaire fait suite à une petite "action" à l’ambassade de Grèce à Belgrade dans la nuit du 24 au 25 août 2009. Cet acte symbolique de protestation contre la détention arbitraire d’un rebelle grec dans son pays a été revendiqué par un groupe anarchiste inconnu en Serbie. Cet acte se résume à un graffiti et à un jet de bouteilles de bière contenant un liquide inflammable qui ne laissa que quelques traces noires, causées par la fumée. Les dommages et la menace furent si négligeables que l’ambassade a fonctionné tout à fait normalement dès le lendemain matin. Par la suite il s’avéra que la facture pour réparer les « dégâts » s’élève à 18 euros ! Le groupe qui l’a revendiqué étant inconnu, les médias ont sollicité les commentaires de Ratibor Trivunac, le secrétaire de l’ASI-AIT, la seule organisation ouvertement anarchiste en Serbie. Ne sachant pas lui-même qui en sont les auteurs, et bien qu’il ne condamne pas l’acte (symbolique et minime, en tout cas bien moins grave que la violence bien réelle du pouvoir que la population ressent dans sa chair), il ne l’a pas non plus soutenu. Car ce type d’action individuelle ne fait pas partie des méthodes anarchosyndicalistes : toute véritable transformation sociale émancipatrice ne peut être atteinte qu’à travers l’action autonome et organisée de la population consciente d’un tel objectif. Malgré cela, la police a arrêté le secrétaire et cinq autres militants et sympathisants de l’ASI-AIT. Rapidement, les « 6 de Belgrade » ont été accusés de rien de moins que de « terrorisme international ». Accusations particulièrement graves pour lesquels ils encouraient jusqu’à 15 ans de prison, une peine extrêmement sévère en Serbie, dans la même catégorie que des crimes comme le génocide. Tel est le fond grotesque de l’affaire : qu’un acte symbolique qui n’a nui à personne soit traité comme les crimes de guerre tels que le viol de masse et le génocide ! Alors que dans le même temps le pouvoir serbe relayé par les médias s’interroge encore de savoir si le massacre perpétré à Srebrenica est un crime de guerre ou non !

- Vous avez organisé une activité de soutien à Toulouse le 9 mai 2010, quel était son programme ?

La CNT-AIT de Toulouse a effectivement organisé à "La Chapelle" une après-midi de rencontres et d’échanges autour de la solidarité internationale avec les compagnons serbes. Ce moment fut une réussite à tous points de vue. D’abord par la participation d’un public venu en nombre et qui a pu rencontrer un des 6 de Belgrade, Ratibor lui-même, qui nous a fait la bonne surprise de sa visite. Bien entendu, le débat suivi par plus de 80 personnes et portant sur l’actualité sociale dans les Balkans s’est retrouvé enrichi par son témoignage de première main concernant la situation dans cette région, en particulier en Grèce. Après quoi, trois groupes de musiques klezmer, tchèque et manouche sont venus gracieusement prêter leur concours à cette journée. Ces musiques, chants et danses populaires sont venus souligner concrètement que la solidarité des exploités se moque des nationalismes guerriers et que face à cette société mortifère l’enthousiasme est à l’ordre du jour.

- Pour quelles raisons soutenez-vous les 6 de Belgrade et quel est le soutien dont ils ont besoin ?

Il apparaît clairement que ce sont les idées cosmopolites que portent les anarchosyndicalistes serbes, que cherche à faire taire le pouvoir, dans une région déchirée par les nationalismes et les identités imaginaires. C’est pourquoi partout dans le monde la voix des anarchosyndicalistes et de leurs amis s’est élevée pour dénoncer le cas des 6 de Belgrade et faire vivre la solidarité internationale. En France, une dizaine de compagnons de la CNT-AIT ont occupé le Centre culturel de Serbie à Paris, le 17 octobre 2009.
Le 3 mai 2010 action de soutien des compagnons AIT en face   de L’ambassadeur de Serbie était lundi 3 mai à la fac de lettres de Besançon pour donner une conférence sur «les relations diplomatiques entre la France et la Serbie dhier à aujourdhui».

AToulouse, la venue de l’équipe de football de Belgrade, le 3 décembre 2009, fût une occasion d’informer le public de la situation. Le contexte du match retour était très particulier puisqu’il se déroulait après le décès d’un jeune supporter toulousain, victime d’exactions de bandes nationalistes à Belgrade lors du match aller. Quant à nous, nous ne confondions pas les supporters serbes avec les fascistes et 15 jours avant le match nous avons appelé à fraterniser avec eux.

- Dans l’affaire des 6 de Belgrade, avez-vous des attentes ou exigences particulières à l’endroit des autorités serbes ?

Nous ne nous faisons aucune illusion. Nous n’attendons de l’État serbe ni clémence, ni pardon. Nous ne l’attendons ni de l’État serbe, ni d’aucun autre, car ce sont les pouvoirs institués, les gouvernements, les juges, les capitalistes, les policiers et les gardiens de prison qui nous maintiennent sous le joug du Capital. Et pour celui qui veut s’en délivrer ce sont arrestations, isolements et tortures. Si les mots de justice et de vérité ont encore un reste de sens pour les tenants du pouvoir serbe, alors ils doivent cesser immédiatement de persécuter nos compagnons, non seulement les 6 de Belgrade mais aussi 5 autres anarchosyndicalistes, poursuivis pour « obstruction à la justice » alors qu’ils manifestaient leur solidarité.

- Envisagez-vous d’autres activités en rapport avec la Serbie ?

Nous continuerons de profiter de tous les éventuels événements sportifs, culturels ou diplomatiques impliquant la Serbie pour faire connaître l’injustice que subissent nos compagnons et aussi la vérité sur la lutte révolutionnaire pour laquelle ils subissent la répression et la violence de l’État Serbe. Et nous encourageons toutes celles et ceux qui, dans le monde, luttent pour la liberté et l’émancipation de l’humanité, à agir de même, solidairement.

Lien : CNT-AIT, mail. Publié par Dragan Grcic à l’adresse


http://www.serbie-droitshumains.blogspot.com/2010/05/no....html

traduction:

http://www.balkanikum.vefblog.net/133.html#_681

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