Ce texte est paru dans Echanges n° 135 (hiver 2010-2011).
Partout dans le monde, le livre est touché par la propagation des technologies numériques. En France, le seul aspect dont nous débattons
vraiment est celui des droits d’auteurs, car notre pays est à la pointe du combat contre l’hydre d’outre-Atlantique qui numérise à tour de bras notre patrimoine écrit. Pourtant, les questions
du prix du livre numérique et de la rémunération des auteurs ne sont pas si importantes… mais les brandir bien haut permet d’oublier de discuter de l’essentiel. Certes, dans le monde
capitaliste, il serait ridicule d’ignorer que l’activité éditoriale est une branche de l’économie (ou alors elle est militante), et qu’en tant que telle, elle doit dégager du profit, et
donc que les éditeurs voire les auteurs doivent pouvoir en vivre. Cependant, il n’est pas certain qu’il y ait à ce point le feu au navire de l’édition papier pour que nous devions d’ores et
déjà, comme certains nous y invitent, l’abandonner à son triste sort, jeter par-dessus bord l’éthique et nous précipiter dans le radeau de sauvetage numérique pour tenter de sauver notre
peau.
Technophobes de droite et de gauche, mous et ultras
Cette question des révolutions technologiques qui bouleversent les modes de lecture, de culture ou d’apprentissage n’est pas nouvelle – ce qui ne
justifie pas la politique de l’autruche. Posons donc la question essentielle pour l’avenir : la fracture numérique n’est-elle pas d’abord une fracture générationnelle, et à quel
niveau doit-elle être analysée pour penser l’évolution de la culture du livre ? Les enfants ne lisent plus comme leurs parents ; ils ne remplissent pas leurs journées de la même
façon qu’eux puisqu’ils sont rivés à leurs écrans, toutes les études le montrent, dans tous les pays développés. Dans La Crise de la culture, Hannah Arendt posait déjà cette rupture entre
générations d’une façon inattendue et que l’on a souvent oubliée. L’enfant a besoin d’être protégé pour, dit Arendt, « éviter que le monde puisse le détruire. Mais ce monde aussi a
besoin d’une protection qui l’empêche d’être dévasté et détruit par la vague des nouveaux venus qui déferle sur lui à chaque nouvelle génération » (in « La crise de
l’éducation »).
Alors que les nouvelles technologies, très vite assimilées par les jeunes générations de digital natives, semblent menacer les adultes qui ne les
maîtrisent pas, la thèse d’Arendt peut déboucher en droite ligne sur une position politique conservatrice, caractérisée par une technophobie réactionnaire. Cette position
technophobe étant simple, voire simpliste, nous la retrouvons sans surprise sous des cieux politiques très différents. Cela va de quelques cercles de l’ultra-gauche, par exemple chez
John Zerzan, chantre du « futur primitif », jusqu’à une partie de la droite et de l’extrême droite pétainiste, en passant par des penseurs comme Paul Virilio ; ce dernier
se pose toujours dans un regret du monde d’avant le cybermonde, lequel aurait réduit la planète à un point et interdirait désormais toute aventure non technologique.
On retrouve surtout cette technophobie primaire dans une catégorie démographique, les « vieux », et cela n’est pas sans importance : les
anciens ont bien raison de se plaindre de ne plus rien comprendre au monde actuel et à Internet en particulier.
Songeons que les générations précédentes pouvaient encore communiquer entre elles, car les évolutions technologiques ne se succédaient pas à un rythme
aussi effréné. De nos jours, si des grands-parents veulent communiquer avec leurs petits-enfants, une seule solution, l’« ordi ». Fini l’ère des lettres manuscrites ! Et
encore faut-il posséder des logiciels compatibles, car désormais, la course folle du capitalisme globalisé condamne des générations d’ordinateurs, comme de véhicules à moteur ou
d’appareils ménagers, à une obsolescence quasi-instantanée. Comme le proclamait Günther Anders dès 1956 dans un texte qui fournit de nombreuses clés à la compréhension de notre
présent, nous assistons à l’obsolescence de l’homme.
Les technophobes réactionnaires ont raison sur au moins un point, que personne ne peut contester : le renouvellement hyperrapide des
technologies a abouti en quelques années à la fameuse fracture numérique. L’Unesco s’en préoccupait dans son rapport sur les sociétés de partages du savoir, publié en 2005 – ce qui ne
nous fait pas remonter à Mathusalem, et pourtant, cinq ans plus tard, nous avons déjà oublié cette donnée essentielle. Or, la fracture numérique s’accroît au lieu de se combler, non
seulement entre pays fortement connectés et pays peu ou très peu connectés, mais aussi, dans tous les pays, entre individus connectés et individus non connectés. Qu’on le veuille ou non,
et peu importe que seuls les réactionnaires défendent cette position, cette obsolescence rapide de technologies sacralisées par nos normes sociales aboutit à ce que certains
individus ou des groupes sociaux entiers ne suivent plus le rythme. Nous en arrivons à une division sociale réelle entre classes d’âge, entre connectés et non connectés, qui peut tout à
fait aboutir à une dissolution de la société – ou peut-être est-ce déjà le cas.
Les réflexions qui suivent se placent d’un autre point de vue que celui des technophobes conservateurs, et pourtant elles n’entrent pas en contradiction
avec les critiques formulées par Arendt, Anders ou encore Lewis Mumford dans Le Mythe de la machine et, pour prendre un auteur bien plus récent, Nicholas Carr dans The Shallows. What the
Internet is doing to our Brains, paru en 2010 (titre que l’on peut traduire par « La superficialité. Ce qu’Internet fait à nos cerveaux ») (1). Ces critiques attaquent la
technologie au nom d’un processus émancipateur de l’humanité, et pas au nom d’un passé idéalisé.
McLuhan : le retour
Beaucoup de choses sont critiquables sur Internet : le fichage généralisé des courriels et des blogs par les Etats, les entreprises commerciales et
les réseaux sociaux ; le manque de fiabilité des données qui sont désormais publiées par n’importe qui ; la faillite du Web dit « social » dont les internautes ne se sont
emparé que pour satisfaire leur narcissisme exacerbé ; la place éminente de la pornographie, dont le Minitel avait déjà donné une idée… Mais voilà, critiquer Internet est facile,
trop facile ! Cela permet de détourner l’attention des formes précédentes d’information et de communication, qui pourraient peut-être elles aussi être passées au
crible ?
Justement : l’édition papier, qui représente en quelque sorte l’ancien monde face aux déferlantes des nouvelles générations dont parle Arendt, n’a pas
évolué dans le bon sens. D’abord parce que l’édition n’a pas vraiment anticipé ce qui arrivait. Il est vrai qu’il s’agit d’un phénomène assez nouveau dans ce secteur : la concurrence
ne vient pas d’un autre média au sens d’un autre système de diffusion des mêmes informations. Après tout, la radio et la télévision diffusent du texte ou du divertissement, et leurs
contenus imitent plus ou moins ceux du papier. Avec Internet, ce sont des outils technologiques qui attaquent les anciens médias – tous, pas seulement le livre, la radio et la
télévision aussi sont menacées –, et le rôle du contenu dans son succès est bien moins déterminant que pour la radio ou la télévision.
Ce que propose Internet n’a plus rien à voir avec tous ces médias poussiéreux. Pourtant, il est amusant et étonnant que les technophiles enthousiastes nous
serinent leur antienne à longueur d’articles, d’études, d’émissions et même de livres (un comble !) : la culture d’Internet remplace d’ores et déjà celle du livre, mais ils ont
besoin du livre, de la radio et de la télévision pour nous le faire savoir !
Voilà quinze ans que ce qui se passe aujourd’hui était prévisible et annoncé ! En réalité, nous vérifions de nouveau, hélas, l’intuition de McLuhan :
le message, c’est le médium. Nous la vérifions de la pire des façons. L’un des défis fondamentaux que pose le numérique au livre en sciences humaines et au documentaire pour la
jeunesse, ou encore aux encyclopédies (mais elles ont presque toutes disparu), est l’accélération du temps. Le temps internet, qui est de l’ordre de l’immédiateté, entraîne une
obsolescence très rapide des données documentaires. Du coup, l’ouvrage papier est en quelque sorte périmé avant d’être imprimé… Déprimant, même si cela n’est pas vrai pour une large part
des documentaires, ou n’est jamais vrai, mais cette réactivité, ce culte de l’immédiateté est un atout majeur de sites tels que Wikipédia. Il y a donc une lutte à mener autour de la
fiabilité des données, dont Wikipédia n’est pas le meilleur exemple… Pour anéantir le mythe du cerveau collectif porté par cette encyclopédie, il va falloir un bel effort pour que la
cote de l’édition classique remonte. La Toile n’est pas fiable, mais nous la préférons aux ouvrages papier parce que l’immédiateté et la réactivité nous semblent les vraies valeurs de
notre monde, et non la fiabilité. Désormais, connaître, ce n’est plus comprendre, analyser, prendre le temps de réfléchir ; c’est savoir ce qui vient de se passer à l’instant, ou
lire un digest du dernier ouvrage à la mode. Ou plutôt, connaître, ce n’est même plus cela…
L’immédiateté n’est pas le seul bonus offert par la culture numérique. Son autre atout maître est l’accumulation inouïe, grâce à l’outil prodigieux qu’est le
moteur de recherche, d’informations (vraies et fausses), qui s’empilent les unes sur les autres à un rythme vertigineux. Si le livre de sciences humaines ou l’ouvrage documentaire
pour la jeunesse sont menacés, ce n’est pas tant à cause du fond de leurs contenus que de l’extension infinie des « pages web » que met à notre disposition leur concurrent
direct, lequel, encore une fois, n’est pas un site ou une méga-base de données, mais un ensemble d’outils : l’architecture de la Toile et les moteurs de recherche. En dernière analyse,
donc, connaître devient équivalent à savoir où trouver ce qu’on cherche…
Voici surtout où McLuhan était visionnaire. Les expériences les plus sérieuses, menées depuis 1989 (! ) par des partisans d’Internet dans des universités
américaines notamment, montrent que la navigation sur Internet et la lecture sur écran, avec ses hyperliens et ses contenus multimédias, ne font pas fonctionner les mêmes zones du
cerveau que la lecture « apaisée » du papier. Or, la lecture sur papier est beaucoup plus favorable à la mémoire et à la compréhension que la lecture sur écran. Celle-ci, plus
ou moins souvent distraite par des éléments extérieurs à ce que l’on est en train de lire, est moins soutenue, plus chaotique, au point, disent les scientifiques, que cela gêne
considérablement la compréhension et la mémorisation, et, avec la fréquentation quotidienne de l’écran, jusqu’à la capacité de l’usager de l’écran à se concentrer, comme l’explique
l’excellent ouvrage de Carr. Ainsi que le dit un vice-président de HarperStudio, « les e-books ne sont pas simplement des livres imprimés livrés électroniquement. Nous devons tirer
avantage du médium et créer quelque chose de dynamique, qui améliore l’expérience. Je veux des liens, et derrière les scènes, des bonus et de la narration et des vidéos et de la
conversation ». Ce qui compte n’est pas le message, pour ces vendeurs de tablettes ou de liseuses ; seul importe le contenant, le médium.
Ceci est fondamental pour tout ce qui relève de la pédagogie, et implique que les manuels scolaires numériques, qui fournissent tout un environnement
prétendument « interactif », sont tous mauvais. Le médium est bel et bien le message : il nous conditionne à ne recevoir qu’un certain type d’informations, peu importe
les contenus puisque nous ne saurons plus vraiment les relier les uns aux autres, construire des raisonnements autonomes et nous penser ainsi comme des animaux sociaux interagissant
les uns avec les autres. C’est l’endroit exact de la véritable fracture numérique – l’autre fracture numérique, celle de la densité de connexions, n’en est que le pâle reflet : elle
indique les sociétés dans lesquelles les rapports entre les êtres sont le plus médiatisés par des images, et ces sociétés les plus réifiées sont aussi celles que l’on dit les plus
développées. Cela suppose une intéressante contradiction dans ce monde, où les « raisonneurs » ne seront plus issus du monde technologique avancé… Qui l’emportera : la
technologie ou la raison ? Le combat est loin d’être joué.
Où l’humain a-t-il encore une place ?
Internet se présente comme un formidable empilement d’informations diverses, personnelles, associatives, journalistiques ou politiques,
encyclopédiques ou théoriques, toutes accessibles sur la Toile – sous réserve quand même que la « Toile des connaisseurs » reste la toile profonde, le Deep Web des Anglo-Saxons,
toile « invisible » comme nous disons ici, inatteignable par les moteurs de recherche. Cet empilement d’informations n’est pas équivalent à ce que l’on appelle d’ordinaire
la connaissance, dont le but est l’émancipation des individus. Le Net favorise l’empilement mais pas la construction d’une connaissance critique. Nous sommes les pions d’un
Trivial Poursuit.
Cette facilité de stockage et d’accès a une conséquence fondamentale : le rôle du cerveau humain est modifié par la technologie numérique ; la
mémoire devient informatique et risque de ne bientôt plus être une affaire de neurones et de synapses. Quelle est la place de la machine par rapport à l’homme ? Cette question
éthique, qu’on ne discutera pas ici, débouche sur un dilemme politique : où sera la liberté dans une société qui ne s’informera et ne communiquera que par le biais
d’Internet ?
Sur le plan quantitatif, sur celui de la vitesse d’exécution, l’être humain ne peut rivaliser avec les machines informatiques. D’où un nouveau problème,
cette fois éditorial : le rôle du livre ne peut plus être, face à la concurrence de l’immédiateté, de fournir des données plus fraîches et plus abondantes que celles d’Internet
puisque le combat est perdu d’avance. Il peut cependant en fournir de plus fiables. Certes, mais qui saura reconnaître le fiable dans une société qui privilégie, on l’a vu, d’autres
critères ? La question exige une réponse réaliste.
Quant au livre pour la jeunesse, et en particulier au documentaire, son rôle ne s’est jamais borné, chez les bonnes maisons d’édition, à fournir des
informations fiables. Les livres pour les jeunes se sont surtout consacrés à faire réfléchir le lecteur, à lui donner les outils de sa propre liberté. C’est justement ce qu’Internet ne
fournit pas, ou alors d’une manière bien moins accessible que le livre. Internet, les blogs, les réseaux sociaux et même les encyclopédies donnent surtout des outils pour consommer, pour
accepter le monde tel qu’il est. Bien entendu, sur Internet, on peut aussi trouver des informations dérangeantes et des réflexions subversives, mais elles sont noyées dans un fatras de
données remontées des profondeurs grâce à leur page rank favorable, lequel n’a rien à voir avec la qualité et la fiabilité. De plus, une grande part des sites les plus intéressants font
partie de la Toile invisible.
La société numérique ne constitue pourtant pas une rupture dans l’évolution vers un individualisme apeuré et agressif ; elle se situe plutôt dans la
continuité de ce processus ancré dans les sociétés contemporaines : individualisation et désintégration sociale. L’idée d’émancipation et les ouvrages qui se consacrent à la
propager sont en diminution ou en voie d’extinction. Sans que cela dérange qui que ce soit : l’état de violence latente de nos sociétés se satisfait du couvre-feu auto-imposé, dû à
Internet et à la télé. Tout le monde chez soi de 20 heures à l’aube. A ces heures-là, tout le pouvoir est aux écrans !
Nous vérifions la justesse d’une des thèses marxistes les plus célèbres : la culture dominante est la culture de la classe dominante. Nous pouvons
compléter : aujourd’hui, les outils culturels numériques proposés par la classe dominante sont des outils de domination. Le prouvent la fracture numérique ou la qualité de la
Toile payante par rapport au Web social.
Un nouveau rôle pour l’édition jeunesse ?
Tout ce qui est mauvais est bon pour la jeunesse ! Ce sont les jeunes que nous gavons de nourritures empoisonnées, trop sucrées, trop grasses, trop
salées. Ce sont eux qui vivent au milieu des écrans, ceux de leur téléphone portable, de l’ordinateur, des jeux vidéo et de la télévision, laquelle n’est même plus familiale car la famille
est devenue un hôtel, avec télévision dans toutes les chambres. Ce sont les jeunes encore auxquels quelques mauvais éditeurs dicodesfillesophiles et dinosaurolâtres prétendent
vendre leur piètre production. Et voici qu’on nous annonce l’arrivée de l’e-book !
La culture des écrans, dira-t-on, n’est pas une catastrophe. L’humanité a vécu des drames sans doute bien pires, et à des périodes encore très récentes.
Cependant, c’est une forme de culture qui est attaquée pour n’être remplacée que par du vide, et même pire que du vide : un brouet anti-émancipateur. Et ce sont nos enfants à nous qui
sont touchés. Comme le suggérait Arendt, le monde se protège. Mais en abrutissant les nouvelles générations, et ce n’avait peut-être jamais été, auparavant, à une telle échelle, sauf
dans les totalitarismes. La démocratie est-elle en train de virer de bord, à l’ère globale, alors qu’elle semble bien incapable de gérer les problèmes planétaires complexes qu’elle
crée ?
Comme le dit Marianne Wolf, une universitaire nord-américaine qui étudie les modes de lecture, « Nous ne sommes pas seulement ce que nous lisons. Nous
sommes comment nous lisons ». Les éditeurs pour la jeunesse ont ici un rôle éminent à jouer, avec les autres acteurs concernés de la chaîne du livre : auteurs, libraires et passeurs
de tous ordres (à l’exclusion donc des diffuseurs-distributeurs qui ne se préoccupent que de rentrées d’argent, le contenu important moins que le contenant dont l’apparence est pour
eux déterminante). Les élites « objectives », celles qui poussent leurs enfants à étudier, qui sont donc les profs en premier lieu (la moitié des élèves de Polytechnique ont au
moins un parent prof !) et tous les adultes soucieux de l’avenir, vont continuer à s’intéresser au papier, d’autant plus que, comme le montrent les neurologues, le papier ne fait pas
fonctionner les mêmes zones du cerveau que l’écran. Or, les zones « papier » du cerveau sont aussi les zones qui, si elles sont mises à contribution chaque jour, assurent
presque à tout coup une situation sociale favorable. Tout ce qui permet à la jeunesse de se forger une opinion critique sur ce monde participe à la lutte pour l’émancipation de
l’humanité. Bien entendu, le documentaire pour la jeunesse n’est qu’une toute petite partie de ce terrain de luttes, mais nous n’avons pas le droit de le déserter.
Nous faisons donc des livres pour cette élite-là ? Aujourd’hui, la réponse est oui. Même si cela est très embêtant, la situation actuelle se résume à :
tout ce qui est mauvais est bon pour la jeunesse, sauf bien sûr chez l’élite, qui se rend compte de cet immense gâchis humain et en tire profit. Une solution est d’écrire, de publier et de
proposer des livres qui fassent douter les jeunes qui lisent encore et qui leur donnent envie de ne pas devenir l’élite qui opprimera, mais de participer aux luttes pour
l’émancipation. L’idée n’est pas nouvelle. Peu importe : dans la situation qui est la nôtre, c’est l’un des rares moyens de reprendre l’offensive contre un système qui nous broie et
que nous ne voulons pas sauver.
Philippe Godard