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La tyrannie la plus redoutable n'est pas celle qui prend figure d'arbitraire, c'est celle qui nous vient couverte du masque de la légalité." Albert Libertad

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le blog du laboratoire anarchiste

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1 juillet 2011 5 01 /07 /juillet /2011 06:56

 

Afin de faire avancer le débat autour des rassemblements des indignés nous publions une intervention  qui a eu lieu le 28 mai à Grenoble.
1)Notes rapportées sur les mouvements espagnols

Salut à toutes et à tous,

Mardi 28 juin à partir de 20h aux Bas Côtés (59 rue Nicolas Chorier, arrêt de tram St Bruno) on accueille en cette fin d’année des messagers d’outre Pyrénées qui viennent de passer 3 semaines à Madrid au milieu des occupantes et des occupants de la Puerta del Sol, en Catalogne, en pays Basque. L’occasion de faire le point sur le mouvement espagnol.

L’occasion aussi pour nous de pouvoir en parler, échanger nos points de vue, discuter, et voir peut-être aussi ce qui se passe de ce côté ci de l’Isère.

Entrée libre et buffet à prix libre.

 

2)Intervention à la soirée sur les indignés, aux Bas-côtés

Les acteurs du mouvement des indignés d’Espagne considèrent leur mouvement comme étant une révolution pacifique.

 

Les révolutions politiques sont celles qui changent les régimes politiques Les révolutions sociales sont celles qui transforment les structures sociales.

 

Mais si nous analysons les revendications qui sont portées par le mouvement, elles se résument à demander une réforme électorale, le maintient des services publics, une pénalisation contre la corruption et un contrôle de l’escroquerie financière. Ces mesures impliquent plus de pouvoir étatique et un plus grand développement économique (plus de capitalisme).

 

Ce sont des propositions de réformes et non une révolution. Ce sont des propositions qui s’intègrent dans le Système et qui ne cherchent pas à subvertir l’ordre établi et ne désirent pas changer de système.

 

On cherche plutôt à ouvrir des voies à la collaboration institutionnalisée, à partager les conséquences de la crise économique avec la classe dominante d’une manière équilibré. On en appelle à un simple civisme.

 

On ne cherche pas à remettre en question la condition du salarié, celle d’électeur, d’automobiliste et d’endetté.

On ne cherche pas à remettre en question l’existence du capitalisme, de la banque du travail aliéné, de la société de consommation, de la logique de croissance, de l’État.

On ne cherche pas à décoloniser la vie quotidienne, à critiquer le modèle urbain ou élaborer un modèle alternatif en harmonie avec le territoire.

On ne cherche pas à remettre en question le Travail et la Marchandise.

 

On ne cherche pas à changer le monde, ni à abolir le système, mais seulement « réaliser la démocratie ». On veut dialoguer et participer.

 

Et très souvent sont considérés comme l’ennemie non pas le Système mais plutôt les « anti-système » qui pourraient s’infiltrer où avec lesquels on pourrait les confondre.

 

Ces revendications pourraient très bien être portées par un programme politique que des Montbourg, Royal, Mélanchon, Hulot ou Joly pourraient très bien défendre.

Henri Mora

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24 juin 2011 5 24 /06 /juin /2011 10:00

La crise actuelle nous a amenés à écrire Crise financière et capi­tal fictif (L'Harmattan, 2008), mais la crise ne fait pas que subir l'ana­lyse, elle rétroa­git sur la cri­ti­que en dévoi­lant ses pro­pres fai­bles­ses d'ana­lyse comme de concep­tua­li­sa­tion. Il nous faut donc préciser cer­tains points.

2 Nous sommes partis de Marx mais en essayant de nous appuyer sur ce qui, chez lui, relève davan­tage d'une concep­tion dyna­mi­que1 de l'ana­lyse du capi­ta­lisme que d'une concep­tion archéolo­gi­que de celui-ci2. C'est aussi pour cela que tout en conti­nuant un éclair­cis­se­ment des « catégories » que nous uti­li­sons, nous avons voulu les confron­ter à un mou­ve­ment his­to­ri­que de longue durée alors que l'ana­lyse de Marx reste centrée sur la période, his­to­ri­que­ment courte du dévelop­pe­ment indus­triel du capi­ta­lisme.

La valeur comme représentation

3 Jusqu'au 1er millénaire avant notre ère, envi­ron, le désen­cas­tre­ment3 de l'écono­mie et l'ins­ti­tu­tion du marché n'exis­tent pas dans les sociétés humai­nes. De l'Antiquité jusqu'au Moyen Âge, le tra­vail n'est encore qu'un ser­vice lié à un statut et à une condi­tion sociale sou­vent inférieure. L'écono­mie domes­ti­que est un art de la dépense en vue de la satis­fac­tion de besoins par­ti­cu­liers et concrets.

4 L'écono­mie s'est auto­no­misée de l'acti­vité domes­ti­que dont elle n'était donc qu'un moment (oiko­no­mos signi­fie admi­nis­tra­tion de la maison) à partir d'un double mou­ve­ment d'abs­trac­tion de la socia­lité immédiate et de sépara­tion des différentes acti­vités qui posent les fon­de­ments du tra­vail, des échan­ges en dehors de leur cadre sym­bo­li­que, de la propriété. Tout cela s'effec­tue au cours d'un pro­ces­sus qui voit les « fruits » se trans­for­mer en pro­duits qui ne tom­bent pas d'une corne d'abon­dance mais cons­ti­tuent le résultat d'un effort (le tra­vail), lui-même séparé de la jouis­sance par l'exis­tence de la propriété privée. L'ins­ti­tu­tion de cette dernière a un caractère juri­di­que et poli­ti­que qui impli­que sa légiti­ma­tion par l'inter­ven­tion d'un État qui va ensuite trou­ver dans l'accu­mu­la­tion de sur­plus de riches­ses la base matérielle à l'exer­cice de sa puis­sance. Mais ces riches­ses ne sont pas utilisées comme base d'accu­mu­la­tion de capi­tal, ce qui sup­po­se­rait la trans­for­ma­tion préalable des pro­duits en mar­chan­di­ses, condi­tion pour que l'argent devienne capi­tal. Il ne s'agit encore que de consom­ma­tion somp­tuaire ou de thésau­ri­sa­tion. L'accrois­se­ment de riches­ses fut rendu pos­si­ble dans les États-empi­res mésopo­ta­miens des xe-viiisiècles (notam­ment en Lydie) par le dévelop­pe­ment du com­merce mari­time4 et par l'assu­jet­tis­se­ment d'une classe d'êtres humains, les escla­ves, aux tâches que cette accu­mu­la­tion néces­si­tait.

5 Cette première opératio­na­li­sa­tion de la valeur a été élargie et inten­sifiée par les Cités-États grec­ques. Mais un tel mou­ve­ment d'auto­no­mi­sa­tion et d'abstraïsation de la valeur qui ten­dait vers la for­ma­tion d'un capi­tal argent, menaçait la cohésion de la com­mu­nauté encore fondée sur l'écono­mie domes­ti­que dans laquelle n'exis­tait que « des valeurs » concrètes. Il convient alors pour la Cité de contrôler ce capi­tal-argent, de ne pas lais­ser libre cours à la valo­ri­sa­tion de l'argent. D'où le com­pro­mis poli­ti­que élaboré par Aristote dans sa chrématis­ti­que : l'admi­nis­tra­tion de la com­mu­nauté peut uti­li­ser l'argent pour assu­rer ses échan­ges vitaux et sa conti­nuité, mais l'accu­mu­la­tion de l'argent pour l'argent (l'usure, le profit finan­cier) est condam­na­ble car elle crée un déséqui­li­bre social dans la Cité, elle menace l'être ensem­ble des citoyens. L'écono­mie ne doit pas domi­ner la poli­ti­que, l'éthique et la phi­lo­so­phie. Cette idée sera reprise par Thomas d'Aquin au Moyen Âge, pour qui le profit du mar­chand au long cours est jus­tifié par le risque encouru par le mar­chand et en raison de l'utilité com­mu­nau­taire de son com­merce qui rend acces­si­ble des biens exo­ti­ques.

6 C'est quand le système d'échange va se dévelop­per et s'étendre géogra­phi­que­ment à la suite d'une plus grande pro­duc­tion de sur­plus pour le marché5 (les pro­duits devien­nent mar­chan­di­ses) que la valeur va apparaître comme une représen­ta­tion de la com­men­su­ra­bi­lité de ce qui est échangé et de la richesse en général. Mais on ne peut encore parler d'un dédou­ble­ment de la valeur en une valeur d'usage et une valeur d'échange car cette dernière ne peut vrai­ment exis­ter en dehors d'une pos­si­bi­lité de repro­duc­ti­bi­lité à une assez grande échelle des biens pro­duits. Son expres­sion monétaire est donc très fluc­tuante puis­que la loi de l'offre et de la demande ne joue pas un rôle d'équi­li­bre. Il n'y a pas encore d'oppo­si­tion entre valeur et richesse matérielle. Le prix permet seu­le­ment une pro­jec­tion de la valeur hors de la valeur d'usage, dans un système mar­chand qui n'est pas encore capi­ta­liste, même si la valeur y cir­cule et que le capi­tal peut s'y accu­mu­ler. La cir­cu­la­tion s'y effec­tue encore d'une manière auto­nome par rap­port au procès de pro­duc­tion. D'ailleurs, ce procès de pro­duc­tion ne met en jeu qu'un capi­tal fixe peu impor­tant. En effet, le capi­tal est conquête du monde et domi­na­tion, source de puis­sance pour le sou­ve­rain et ses pro­ches avant d'être rap­port d'exploi­ta­tion dans la sphère pro­duc­tive. La pro­duc­ti­vité du tra­vail est encore faible et les capi­taux qui s'y aven­tu­rent per­dent du temps et de l'argent par rap­port à d'autres sour­ces de profit et par­ti­culièrement par rap­port aux oppor­tu­nités qui se présen­tent dans la sphère de la cir­cu­la­tion.

7 Ce n'est que pro­gres­si­ve­ment qu'une couche de petits commerçants et arti­sans, labou­reurs enri­chis va dyna­mi­ser l'indus­trie rurale d'abord locale puis natio­nale, puis, à défaut de pou­voir accéder aux sur­pro­fits du grand com­merce, elle va inves­tir dans la révolu­tion indus­trielle6.

8 Pour la France, Duby date le début de ce pro­ces­sus vers le xiiie siècle. Ce n'est pas que dans les autres régions il n'y ait pas eu d'accu­mu­la­tion matérielle des riches­ses, mais ces aires ne se sont pas affran­chies des contrôles étati­ques et reli­gieux ni de la fonc­tion première de la mon­naie. Il y a blo­cage tant que le mar­chand est confiné dans son rôle peu pres­ti­gieux d'intermédiaire entre aris­to­cra­tie et pay­san­ne­rie.

9 À cette époque, en Occident, le sens du mot « capi­tal » désigne soit un stock de mar­chan­di­ses ou d'argent por­tant intérêt, soit il s'agit de capi­tal-argent. Ce n'est que dans la seconde moitié du xviiie siècle que le capi­tal devient argent pro­duc­tif (Turgot et les phy­sio­cra­tes) puis au xixe siècle, argent-moyen de pro­duc­tion (Marx).

10 Ce n'est qu'à la fin du xviiie siècle que les écono­mis­tes clas­si­ques et Marx lui-même, en recher­chant l'ori­gine de la richesse, en vien­dront à bâtir un para­digme de la valeur qui ouvrira la voie à une dicho­to­mie entre valeur et richesse. La théorie de la mon­naie-voile des écono­mis­tes clas­si­ques, la dia­lec­ti­que de l'essence et de l'appa­rence et conséquem­ment la concep­tion du fétichisme chez Marx, peu­vent alors se donner libre cours. Au lieu de voir la valeur comme une représen­ta­tion de la puis­sance des sou­ve­rains d'abord, des agents écono­mi­ques por­teurs de capi­tal-argent ensuite, ils vont en faire l'essence de la richesse sociale d'une nation et lui cher­cher une sub­stance, le tra­vail, à tra­vers la théorie de la valeur-tra­vail de Ricardo. Marx dans la Contribution à la cri­ti­que de l'écono­mie poli­ti­que (1859)7, va repren­dre la vision bour­geoise du temps comme res­source (« le temps c'est de l'argent ») et en faire un ins­tru­ment de mesure de la valeur. Une valeur qui ne peut être fonc­tion que d'un temps objec­tif : ce sera le temps de tra­vail. Cela empoi­son­nera pour plus d'un siècle les dis­cus­sions autour de la trans­for­ma­tion des valeurs en prix de pro­duc­tion à partir du moment où la valeur va être définie comme une catégorie his­to­ri­que­ment spécifi­que (une « richesse sociale ») du capi­ta­lisme à dis­tin­guer donc d'une « richesse réelle » qui serait, elle, trans­his­to­ri­que. Comme si la richesse « réelle » pou­vait être autre chose qu'une richesse spécifiée his­to­ri­que­ment par des rap­ports sociaux spécifi­ques !

11 Pourtant, ce qui était le plus impor­tant dans cette affir­ma­tion d'une dicho­to­mie entre valeur et richesse, à savoir le fait que les deux notions ten­dent à tou­jours plus s'oppo­ser, n'a guère été repris par les épigo­nes marxis­tes8. Ils ont préféré se repor­ter sur la contra­dic­tion soi-disant fon­da­men­tale entre dévelop­pe­ment des forces pro­duc­ti­ves et étroi­tesse des rap­ports de pro­duc­tion (fina­le­ment une simple ques­tion de chan­ge­ment de propriété) plutôt que sur les effets de crise portée par un accrois­se­ment de la richesse cor­res­pon­dant à une « évanes­cence de la valeur9 ».

12 La valeur n'est donc pas un sujet, contrai­re­ment à cer­tai­nes expres­sions que nous avons sou­vent employées, telles que : « le mou­ve­ment de la valeur ». Tout au plus cette for­mu­la­tion pou­vait-elle rendre compte du fait que les échan­ges chan­geaient de nature quand on pas­sait des échan­ges mar­chands non capi­ta­lis­tes aux échan­ges mar­chands capi­ta­lis­tes. Que dans le mode de pro­duc­tion capi­ta­liste, ce n'était plus les hommes qui échan­geaient entre eux au tra­vers des biens et ser­vi­ces qui leur étaient néces­sai­res (la valeur d'usage domine dans des rap­ports d'échange qui res­tent encore des rap­ports de « ser­vi­ces » minu­tieu­se­ment réglés par les orga­ni­sa­tions cor­po­ra­ti­ves et qui res­tent assignés au « juste prix »), mais des mar­chan­di­ses qui s'échan­geaient entre elles à tra­vers la média­tion des indi­vi­dus pro­duc­teurs et consom­ma­teurs (la valeur d'échange devient domi­nante à partir du moment où les biens et les per­son­nes revêtent un caractère abs­trait ou imper­son­nel). À l'uni­ver­sa­lité des pro­duits va cor­res­pon­dre l'ins­ti­tu­tion du marché, à l'uni­ver­sa­lité du tra­vail va cor­res­pon­dre un « marché » du tra­vail etc.

13 La valeur n'est pas non plus l'enve­loppe d'une sub­stance comme le pen­sait Marx pour qui la valeur sup­pose l'exis­tence de sa sub­stance : le tra­vail10. Or, dans les sociétés pré-capi­ta­lis­tes, il n'exis­te­rait qu'un tra­vail effec­tif ou immédiat ou encore concret. Donc, Marx, en bon hégélien, va dire que la valeur existe déjà parce qu'il y a des pro­por­tions de temps et de richesse, mais qu'elle n'existe pas encore parce qu'il n'y a que du tra­vail effec­tif11. En fait, le capi­tal n'est pas encore un rap­port social de dépen­dance récipro­que entre les clas­ses ; par exem­ple, le serf n'a pas besoin d'une classe domi­nante pour tra­vailler. Il n'est pas libre et il tra­vaille sur une terre dont il n'est pas propriétaire, mais avec ses pro­pres moyens de tra­vail rudi­men­tai­res. Ce n'est plus la même chose dans le système du sala­riat dans lequel chaque classe devient dépen­dante de l'autre et cela se ren­force dès que la manu­fac­ture et sa cen­tra­li­sa­tion du capi­tal fixe (machi­nes, locaux) rem­place le tra­vail en ate­lier ou à domi­cile. « Le capi­tal n'est pas un objet, mais un rap­port social de pro­duc­tion déterminé ; ce rap­port est lié à une cer­taine struc­ture sociale his­to­ri­que­ment déterminée […]. Le capi­tal […] ce sont les moyens de pro­duc­tion conver­tis en capi­tal mais qui, en soi, ne sont pas plus du capi­tal que l'or ou l'argent métal en soi - ne sont de l'argent au sens écono­mi­que. Le capi­tal, ce sont les moyens de pro­duc­tion mono­po­lisés par une partie déterminée de la société ; les pro­duits matérialisés et les condi­tions d'acti­vité de la force de tra­vail vivante en face de cette force de tra­vail et qui, du fait de cette oppo­si­tion, sont per­son­nifiés dans le capi­tal12 ». Le capi­tal est donc une tota­lité sociale qui est à dis­tin­guer des pôles qui le cons­ti­tuent, le pôle tra­vail d'un côté et le pôle capi­tal de l'autre dans lequel il se fait sub­stance13 sous la forme de la machine, des immo­bi­li­sa­tions

14 C'est l'uti­li­sa­tion par Marx d'une affir­ma­tion et de son contraire qui fera dire à Castoriadis que la pensée de Marx est rem­plie d'anti­no­mies14 sous cou­vert d'une logi­que de la contra­dic­tion, et sa théorie de la valeur, une métaphy­si­que. Marx a certes cherché à dépasser ces dif­fi­cultés logi­ques dans une vision du com­mu­nisme comme abo­li­tion de la valeur, mais nombre de marxis­tes ont vu dans le socia­lisme le plein essor de cette même valeur dans sa forme de valeur-tra­vail. Le moins qu'on puisse dire, c'est que le capi­tal s'est montré moins métaphy­si­que et plus prag­ma­ti­que. En impo­sant comme référence les prix de pro­duc­tion (c'est-à-dire, pour Marx, une forme phénoménale qui se mani­fes­te­rait en sur­face cachant ainsi la réalité pro­fonde), il domine la valeur (qui est, pour Marx, l'essence du procès capi­ta­liste) et il en est même la source. Ainsi, le prix permet de valo­ri­ser même ce qui n'a pas de valeur parce que pas pro­duit par l'acti­vité des hommes ou alors parce que resté à l'extérieur des acti­vités mar­chan­des. Tout est alors capi­ta­li­sa­ble, même ce qui n'est pas pro­duit, même ce qui n'est pas de l'ordre de la pro­duc­tion.

15 Le slogan alter­na­tif « Le monde n'est pas une mar­chan­dise » a eu un grand reten­tis­se­ment parce qu'il rend jus­te­ment compte de ce pro­ces­sus et qu'il s'y oppose, même s'il le fait de manière élémen­taire. En effet, cette contes­ta­tion poli­ti­que de la mar­chan­di­sa­tion co-existe avec une absence de cri­ti­que pra­ti­que de la monétari­sa­tion des rap­ports sociaux.

16 Le dis­po­si­tif monétaire est plus qu'un simple rap­port mar­chand contrac­tua­lisé. Il ins­taure l'argent dans son rôle social, celui de lien social au sein d'un pro­ces­sus d'indi­vi­dua­li­sa­tion15. Le règne de l'argent apparaît comme un règne sans maître dont les règles ont été intériorisées à tra­vers le pro­ces­sus de démocra­ti­sa­tion et la recher­che de « l'égalité des condi­tions » (Tocqueville). Le dévelop­pe­ment de la mon­naie moderne réduit la dis­tance entre statut social d'ori­gine et capa­cité d'accès aux biens. Avec le marché et la mon­naie, on peut croire que n'importe qui vaut n'importe qui.

17 Il n'y a que lors­que l'argent ne cir­cule plus ou mal que sa domi­na­tion réapparaît sous une forme visi­ble. C'est ce qui se passe aujourd'hui où des pans entiers d'acti­vités ne sem­blent plus irrigués (failli­tes en chaîne sur­tout dans le tissu des pme, baisse des inves­tis­se­ments et suren­det­te­ment des ménages dus à des poli­ti­ques de hausse des taux d'intérêt).

18 On peut appli­quer ce schéma à la notion de force de tra­vail. Ce que vend le salarié, ce n'est pas une mar­chan­dise (Marx dit sou­vent dans le livre I du Capital que la force de tra­vail est une « non mar­chan­dise » qui se trans­forme, dans le procès de pro­duc­tion capi­ta­liste en « mar­chan­dise fic­tive »), mais sa sou­mis­sion per­son­nelle pen­dant la journée de tra­vail, donc son temps de tra­vail. De même, ce qu'achète le capi­ta­liste, c'est un droit de com­man­de­ment. C'est une réalité qui a été bien vue par les opéraïstes ita­liens mais qui a été complètement négligée par les ana­ly­ses qui, s'ins­pi­rant de Postone, met­tent l'accent sur les « abs­trac­tions réelles » (la valeur, le tra­vail abs­trait). Pourtant, c'est cette prise en compte qui peut expli­quer que per­du­rent les conflits sociaux du tra­vail en dehors d'un vérita­ble anta­go­nisme de classe.

19 Ce qui devient essen­tiel ce ne sont pas les concepts de sur­va­leur et d'exploi­ta­tion, mais une domi­na­tion et une contrainte de nature monétaire liée au rap­port sala­rial comme élément clé des rap­ports sociaux. Or ce rap­port sala­rial n'est pas le fruit d'un rap­port privé entre patrons et salariés. Le capi­tal ne peut être pensé sans l'État et la ques­tion de la puis­sance. Faute de cela, la cri­ti­que ne sait plus quoi faire d'une puis­sance qui ne relève pas stric­te­ment de l'écono­mie16 et se laisse aller à des faci­lités en qua­li­fiant l'État de « poli­cier » ou de simple « ministère de l'intérieur ».lire la suite là

 

envoie  ci dessousd'une militante rencontrée au rassemblement des indigné-E-s de valennce


Lundi 11 avril, France Inter reçoit, dans sa matinale, Christine Lagarde. Il s'agit d'un entretien suivi, comme à l'accoutumée, de questions d'auditeurs. Une retraitée expose : elle essaie de vivre avec 800 euros par mois et en réalité, sans les fortes privations qu'elle s'inflige, cette somme ne lui permettrait de vivre que quinze jours. Réponse de la ministre :

« Le gouvernement a tout a fait conscience de votre problème et c'est pour cela qu'il a décidé d'augmenter de 2% les pensions de minimum vieillesse. »

En fait, le gouvernement a augmenté le minimum vieillesse de 4,7% et les pensions, effectivement, de 2%. Notre retraitée va donc percevoir 16 euros de plus par mois. De quoi se plaindrait-elle ?

Le meilleur de l'entretien est à venir. Un autre auditeur s'inquiète de la capacité de l'Europe à continuer de venir en aide aux pays débiteurs en difficulté : Grèce, Irlande, demain Portugal, et ensuite ? Réponse (résumée) de la ministre : pas d'inquiétude ! L'Union européenne dispose d'un fonds de soutien de 500 milliards d'euros. Elle a de quoi aider. On en a encore sous le pied !

La petit dame à 800 euros n'écoutait peut-être plus la radio. Si elle l'écoutait, elle a dû être sidérée.

Christine Lagarde n'est pas en cause elle-même. Elle participe simplement d'un monde séparé par un vide effectivement « sidéral » de celui, réel, de millions de Français.

Les 800 euros contre les milliards des Etats

Quels discours a, en effet, entendu cette brave dame à 800 euros depuis trois ans ?

En 2008 puis 2009, notre chef de l'Etat lui a exposé que, pour éviter la récession, il injectait des dizaines de milliards dans notre économie ; vers la même époque, il lui a aussi expliqué qu'il était contraint d'avancer aux banques des dizaines d'autres milliards, pour éviter leurs faillites, tout en critiquant vivement, par ailleurs, leur gestion déplorable qui avait conduit à cette situation.

Il n'y a eu, en France du moins, aucune subvention aux banques : celles-ci ont remboursé les avances et versé des intérêts ; mais entre-temps, les démagogues d'extrême droite et gauche se sont époumonés à répéter qu'il y avait « de l'argent pour les cadeaux aux banques et rien pour les pauvres ».

Les profits des banques plus élevés que jamais

Quand arrivent les résultats 2010, la même dame, puisqu'elle écoute France Inter, entend énumérer les résultats faramineux des banques, dont certaines étaient proches de l'agonie deux ans plus tôt :

  • 7,8 milliards pour BNP-Paribas ;

  • 3,6 milliards pour le Crédit Agricole ;

  • 3,2 milliards d'euros pour la Société Générale presque « ruinée » deux ans plus tôt par l'horrible Kerviel..

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23 juin 2011 4 23 /06 /juin /2011 13:32

 Ce texte est publié pour succiter un débat parmis les nombreuses et nombreux français( proche du laboratoire anarchiste) proches des internationalistes( qui voyagent au Maroc)

Le discours du roi de vendredi dernier (17 juin) et le Référendum sur la Constitution fixé pour le 1er juillet posent un défi que les révolutionnaires marocain/es du mouvement du 20 février doivent relever en très peu de temps. En effet, par quelle tactique faut-il riposter efficacement à ces concessions superficielles proposées dans le but de couper l’herbe sous les pieds de ceux et celles qui veulent une réforme profonde de la société aux niveaux politique et social ?

L’auteur de ces lignes, vieux militant internationaliste et historien des révolutions, a eu l’occasion de visiter Rabat et Marrakech au mois de mai dernier et de discuter ce problème avec bon nombre de militant/es. De ces conversations entre camarades ont émergé quelques perspectives tactiques que je prends aujourd’hui la liberté de partager dans l’espoir qu’elles pourraient aider le mouvement à s’orienter dans les jours qui viennent.

En effet, quelle stratégie, quelles tactiques conviennent le mieux à la situation actuelle ? Le mouvement démocratique se confronte à un adversaire rusé qui – à la différence des régimes tunisien, égyptien, etc. – jouit encore d’une certaine légitimité historique. Dès le 9 mars Mohammed VI a proposé des concessions habiles en faveur d’importantes clientèles et a déclenché un processus de réforme constitutionnelle par le haut – , concessions destinées à couper l’herbe sous les pieds des révolutionnaires.

Les porte-parole du Mouvement ont bien compris que le processus mis en place – une commission choisie par le pouvoir pour mener des consultations dans le secret et proposer au référendum une constitution prête à porter sans « retouches » possibles – n’offrait aucune possibilité de participation populaire démocratique. On a donc eu raison de dénoncer cette farce « constitutionnelle » et de refuser – au risque de se marginaliser – de la légitimiser en y participant.

Quant au « débat » médiatique prévu pour les deux semaines d’avant le référendum, on a constaté que les « oui » (partis politiques loyaux à la monarchie) auront le quasi-monopole de l’accès aux médias. Ainsi les militant/es démocratiques ont raison de réclamer une parité entre les « oui » et les « non » (parité que le pouvoir ne pourra évidemment jamais concéder).

Le référendum: arme de l’autorité

Quelle réponse donner au défi du référendum du 1er Juillet? Comment retourner cette situation en faveur de la démocratie populaire ?

L’historien des révolutions constate que le référendum – de Napoléon III à Charles de Gaulle – a toujours été l’arme de choix de l’autorité contre la démocratie. Encore aujourd’hui, dans les dictatures à parti unique (ou presque) de la Russie jusqu’à la Syrie, toutes les élections sont en effet des référendums programmés pour renforcer et légitimiser le régime en place. Même dans les cas où le système électoral et les suffrages ne sont pas truqués, il est généralement prévisible que les « oui » vont gagner. Car le pouvoir, qui dispose de tous les avantages de l’initiative et de la propagande, pourra, comme on a vu, choisir la date du scrutin et poser la question de manière à diviser ses adversaires et les réduire à une caricature de négativisme débile.

Comment sortir de ce piège contre-révolutionnaire classique ? Dans cette lutte pour la conquête de l’opinion, la meilleure défense est de reprendre l’initiative en proposant une alternative positive à laquelle les gens peuvent adhérer. Par exemple, en organisant une « consultation constitutionnelle populaire par le bas » – processus démocratique où les masses seront appelées à apporter leurs doléances, formuler leurs revendications et proposer leurs solutions à partir de leurs associations, leurs quartiers et leurs villages. Cette « consultation par le bas » pourra être suivie d’une « assemblée constituante nationale », transparente et médiatisée, où sera élaborée une « constitution populaire alternative » en face de celle du gouvernement.

Un spectacle de démocratie par le bas

Ce genre de « théâtre politique » est une tactique révolutionnaire bien rodée, car il sert à mettre dans l’embarras le pouvoir sans provoquer un rapport de force défavorable au mouvement. Au contraire. Si le pouvoir interdit notre « constituante » alternative de ceux d’« en-bas », il perd la face, et le public aura du mal à applaudir la « farce politique » d’une constitution élaborée d’en haut et imposée par des procédés anti-démocratiques et des matraquages. En revanche, si on nous laisse faire, nous pourrons profiter des deux semaines de débat pour monter notre spectacle de démocratie par le bas.

Voici un scénario possible : mettre des assemblées consultatives dans chaque région afin de donner une plateforme aux doléances et revendications particulières. Cette idée, inspirée par les « Cahiers de doléances » de la grande Révolution française, s’est déjà répandue dans les quartiers ainsi que dans les villages ruraux où les populations sont invitées à exprimer leurs « doléances » et revendications. Les gens du peuple ont une grande connaissance des choses, malgré un manque d’instruction scolaire entretenu par le pouvoir. Les étudiant/es et intellectuel/les ont maintenant une bonne occasion d’aller vers eux pour les écouter et les aider à s’exprimer et à se relier par les médias (à commencer par l’écriture) que nous maîtrisons. Les résultats de toutes ces délibérations (comptes rendus et même des vidéos) pourraient ainsi être mis en ligne.

Ces assemblées pourraient envoyer des délégué/es à des assemblées régionales, sectorielles et éventuellement nationales afin de réunir l’ensemble des revendications en un programme populaire.

L’organisation d’un réseau de telles assemblées en vue d’une « constituante alternative » serait en elle-même un grand pas en avant.

Au moment du « débat » tout le monde pourrait monter à la capitale pour tenir les assises nationales et élaborer une constitution populaire alternative. Ainsi, même si nous sommes exclus des débats entre partis politiques programmés sur les médias officiels, Al Jazeera et les actualités ne peuvent pas ignorer notre « cirque » et nous finirons par gagner la bataille des médias. Encore, si, attirés par le spectacle médiatisé de cette Consultation alternative, les gens affluent aux Assemblées en grand nombre, elles deviendront, de ce fait, de plus en plus représentatives.

Le processus de préparation de la « constituante par le bas » aboutirait du même coup à la création des réseaux populaires indépendants des partis et des syndicats liés au pouvoir actuel. Si les assemblées locales deviennent permanentes, elles pourraient prendre la forme de conseils qui pourraient se fédérer en « contre-pouvoir » et appuyer des luttes ponctuelles. Encore, si attirés par le spectacle médiatisé de la « consultation alternative du bas », les gens affluent aux assemblées en grand nombre, elles deviennent de ce fait plus en plus représentatives.

La tactique de l’abstention positive

Quant à la tactique à suivre le jour du référendum organisé par la monarchie, elle pourrait consister à mettre au vote notre propre contre-référendum populaire par une consultation Internet. Une consultation démocratique où les gens auront un véritable choix entre deux constitutions. Par rapport au scrutin officiel, je crois qu’il serait inutile, même néfaste, de tomber dans le piège tendu par le pouvoir en prônant le mot d’ordre du « non » ce qui sèmerait fatalement

la discorde dans nos rangs. Les quelques milliers de « non » ainsi récoltés témoigneraient de la faiblesse, plutôt que de la force de l’opposition. D’ailleurs, pourquoi rejeter par un « non » malpoli les quelques petites réformes que Mohammed VI propose et que les braves gens approuveront avec raison ? En revanche, l’abstention représente l’arme traditionnelle des peuples soumis aux régimes référendaires, car même dans les dictatures staliniennes, si le parti au pouvoir n’arrivait pas à récolter plus de 50% des suffrages possibles, il perdait sa légitimité.

Actuellement au Maroc, même une participation relativement faible au référendum représente un risque réel de perdre la face pour le pouvoir. Ainsi, si beaucoup de Marocain/es boudent les urnes le jour du référendum, alors que notre spectacle démocratique occupe le devant de la scène, on aura gagné la bataille de l’opinion sans avoir pris de risques d’échec. En effet, en organisant sous forme de spectacle politique cette manifestation (dans le sens propre) de la volonté populaire, le mouvement gagne même s’il « perd » -car bien entendu, personne ne s’attendrait à ce que cette « constituante » alternative prenne réellement le pouvoir. En revanche, les réseaux de comités de doléances mis en place dans le processus de consultation et la constitution qu’elle aura élaborée serviront de structure organisationnelle et de programme pour les luttes à venir.

La stratégie de l’enracinement

Les militant/es du 20 février ont vite mesuré les limites à long terme de la tactique des grandes manifestations nationales par lesquelles le mouvement s’est d’abord manifestée (à lui-même, puis au monde!), et on s’est de plus en plus orienté vers la propagation et l’enracinement du germe révolutionnaire dans de nouveaux terrains géographiques et sociaux. Autrement, on risquait de tomber dans le piège du « score » (compter le progrès du nombre des manifestants comme si la révolution était un match de foot). En revanche, les manifestations – qui continuent et s’étendent malgré la menace de matraquage entretenu par le gouvernement – se sont enrichies d’une floraison de slogans et de revendications apportés par de nouvelles « composantes » du mouvement. Mais un amalgame de slogans et de revendications n’est pas un programme, et pour développer la lutte, il faut aux Marocain/es une alternative radicale et populaire à la réforme (très limitée) que propose le pouvoir pour se tirer du Printemps arabe aux moindres frais. Un « constitution démocratique alternative » fera l’affaire.

L’enracinement est d’ailleurs la direction que le mouvement semble prendre en ce moment avec l’entrée en scène de nouvelles couches de la société et de l’affirmation de nouvelles résistances dans toutes les régions et catégories sociales – des bergers nomades du bled aux médecins du service public de la santé. Le peuple marocain profite de ce moment pour s’organiser en associations, se mobiliser et manifester ses doléances particulières, régionales, professionnelles. Les militant/es des organisations de droits humains et de la gauche marxiste et humaniste, résistants de toujours, en profitent pour s’enraciner chez les « enfants du peuple. » Leur perspective est « aider » les gens à donner une voix à leurs doléances et à s’organiser en réseaux de femmes, de travailleurs, de jeunes, de minorités, etc.

C’est la meilleure façon de nourrir ces jeunes pousses du Printemps arabe révolutionnaire sur le sol marocain, car c’est en s’enracinant dans le peuple – mais aussi en renforçant ses liens internationaux — que le mouvement du 20 février accroîtra sa force.

Le rôle essentiel des femmes

Je me permets d’ajouter un point, mais essentiel, au tableau d’un possible processus révolutionnaire que j’ai tenté d’esquisser autour de l’objectif d’une constituante représentative de tout le peuple marocain : le rôle essentiel des Marocaines. Cette constituante alternative n’arriverait à rien sans que « les femmes s’y mettent » (comme disait le camarade Lénine).

En revanche, le spectacle d’un grand mouvement autonome de Marocaines de toutes les couches sera une force démocratique imbattable. Majoritaires dans la population, encore plus majoritaires dans le travail (généralement non payé), les Marocaines doivent pouvoir être représentées massivement dans toute constituante véritablement démocratique (peut-être en occupant au moins le tiers des sièges comme « Le Tiers Etat » en 1789).

Ce processus a déjà commencé un peu partout avec l’auto-organisation de cercles de femmes (seules entre elles) dans les villages et les quartiers urbains qui rassemblent leurs propres « Cahiers de doléances ». Ces cercles de femmes réunies autour des doléances ne pourront-ils devenir les cellules d’un puissant mouvement de Marocaines – intellectuelles, travailleuses et femmes du peuple unies - capables de formuler leurs propres revendications et de se mobiliser pour les défendre? Voici un rôle pour les femmes révolutionnaires instruites, nombreuses dans notre mouvement, qui pourraient (à l’instar des étudiantes russes des années 1870) aller individuellement et en groupes « vers le peuple » pour lui servir de « scribes » et l’aider à maitriser les médias et à se relier entre elles.

Les impressions d’un étranger (masculin!) sont forcément superficielles, mais il me semble que dans les conditions actuelles de la société ces cellules doivent rester exclusivement féminines et respecter les coutumes des Musulmanes qu’on voudrait y voir participer massivement. D’ailleurs, l’influence de l’Islamisme réactionnaire – basé comme il est sur l’oppression de la femme – finira fatalement par se voir neutralisée devant la force progressiste des femmes conscientes et autonomes.

En revanche, un Islam spirituel et démocratique – religion de paix, de solidarité et de tolérance – pourra émerger de ce processus d’auto-réalisation de marocaines. Le salafisme sera-t-il soluble dans le féminisme ? On aura tort de vouloir combattre de manière frontale le salafisme sur le terrain de l’idéologie, car ce sera donner trop d’importance à des doctrines absurdes. Plutôt que d’attaquer les salafistes sur leur point faible, l’oppression sexuelle, et entrer ainsi dans leur citadelle en proposant à leurs femmes une alternative spirituelle et sociale.

D’après mes conversations avec des marxistes marocains, j’ai compris que pour eux les jours sont révolus où la « gauche » (des mâles) mettaient « la question des femmes après la lutte de classe comme problème à résoudre après la révolution ». Ils comprennent que les femmes ont joué un rôle primordial dans toutes les grandes révolutions, celle de 1789 (leur marche sur Versailles pour faire prisonniers le roi et la reine de France) à la révolution russe de 1917 (qui commence le 8 mars, Journée des femmes, par une grève générale de femmes qui appellent les hommes à les rejoindre).

De nos jours, de Tahir Square au Yémen, la participation massive des femmes fut d’une grande force pacifique et efficace. Un grand mouvement autonome de Marocaines alliées à la classe ouvrière sera d’une puissance redoutable, et on ne pourra pas envisager une véritable révolution sociale qui réussisse sans cette précieuse force humaine. (…)

Conclusion

On ne peut pas visiter le Maroc aujourd’hui sans être emporté par l’enthousiasme et l’optimisme de ce beau Printemps révolutionnaire. On est ému de voir toute une jeune génération sortir de l’apathie et du désespoir pour revendiquer la liberté, la justice sociale, et la possibilité d’un avenir. Quant à mes amis vieux militants qui ont survécu aux Années de plomb, nos retrouvailles sont faites sous le signe du mot célèbre du Tunisien: « Nous avons vieilli en attendant ce moment (et en luttant)! »

J’estime que le grand acquis politique du Mouvement du 20 février, surfant sur la vague des révoltes du Printemps arabe, c’est l’ouverture d’un espace de liberté public relatif où le mouvement démocratique révolutionnaire peut se développer, s’enraciner, s’organiser et s’affronter au le pouvoir. Acquis fragile, bien sûr, et qu’il faut défendre et élargir en poussant à tout moment contre les limites imposées. Le peuple a besoin de cet espace de liberté politique et médiatique pour présenter ses doléances, et ce n’est ni par la timidité ni par la provocation, mais grâce à une pression grandissante de la base que se maintiendront et s’affirmeront ces nouvelles libertés. Les récents tabassages policiers n’ont pas réussi à intimider le mouvement, qui avance en s’approfondissant et en s’enracinant dans les quartiers et les villages. Un spectacle pacifique de démocratie participative par en bas serait une façon créatrice de profiter de cette liberté. En mettant en avant ces revendications populaires de manière dramatique, on a une chance de prendre le devant de la scène de cette comédie constitutionnelle mise en scène par la monarchie.

Richard Greeman est un militant internationaliste, il a enseigné à l’université Columbia de New York

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23 juin 2011 4 23 /06 /juin /2011 10:24

Dans tous les pays touchés par la vague de soulèvement au Maghreb et au Moyen-Orient on nous parle de « révolutions démocratiques », de « progrès », d’un « sens de l’Histoire », comme si l’humanité avait pour finalité d’instaurer la Démocratie. A vrai dire, l’histoire est traversée de soulèvements similaires qui ont fini par êtres récupérés par une poignée de politiciens, d’opportunistes, de militaires ou d’intellectuels sortis de nulle part pour prendre le pouvoir.


Il s’agit pour eux de profiter d’une situation chaotique, et donc instable politiquement, pour plaquer et imposer leurs schémas politiciens et idéologiques sur l’ensemble des insurgés. Comme si « les insurgés » pouvaient être compris comme une foule ou une armée homogène, tous mus par une même volonté. Mais ce racket ne marche pas toujours, et il faut parfois faire couler le sang, en reprenant à son compte les outils répressifs du régime précédent. Nous n’affirmons pas pour autant que ces soulèvements avaient pour aspiration l’abolition de tous les pouvoirs comme nous le souhaiterions, mais nous refusons que quiconque affirme qu’il s’agissait d’instaurer la démocratie contre la dictature. De toute façon, qui oserait dire avec certitude (à part quelques démocrates) ce que pense une foule de millions de personnes ?

Nous vivons en démocratie, pas de doute là-dessus, et tout est là pour nous montrer que la liberté n’y est pas, que le rêve démocratique est un cauchemar. Rafles de sans papiers, guerres entre États, massacres de populations, prisons surpeuplées, misère, vie militarisée. Au fond la seule différence, c’est l’intensité. La fausse opposition qu’on nous vend entre démocratie et dictature est censée nous faire oublier que ce ne sont là que deux modes de gestion différents du capitalisme. Or, nous pensons que le problème c’est le pouvoir en général, et le capitalisme en particulier. Gérer la merde différemment, c’est gérer la merde quand même. De plus la démocratie, aussi parfaite soit-elle, est elle-même une forme de dictature, celle d’une majorité fabriquée, particulièrement efficace et « légitime » lorsqu’il s’agit de réprimer toute forme de dissensions, puisque cette répression est censée être approuvée par « le peuple », ce qui est plus ou moins le cas dans la réalité. Qu’est-ce que serait censé nous apporter une démocratie plus directe, ou plus participative ? Le fait d’être en majorité, par exemple, ne garantit rien contre la barbarie d’un groupe social contre des boucs-émissaires, comme l’histoire nous l’a démontré.

Il n’y a qu’à voir comment la démocratie s’instaure ou s’exporte, comme toute autre forme de régime, c’est à dire par la guerre, l’occupation et les charniers. Le pouvoir, qu’il soit démocratique ou dictatorial, se trimballera toujours, de par sa nature, sa trainée de mort et de sang. Il n’y a qu’à voir aussi comment elle se maintient : par la répression, l’apparence de la liberté, la création d’ennemis intérieur, le faux-confort de la marchandise et le divertissement... et surtout la paix sociale. La paix sociale c’est quand les pauvres savent rester à leur place, acceptant leurs conditions, ou ne désirant rien d’autre que les miettes qui leurs sont jetées.

La démocratie, c’est la servitude volontaire. C’est la gestion ou la neutralisation de toute forme de conflit, qu’il soit inter-individuel ou social, l’usage de la violence n’étant réservé qu’à certaines catégories professionnelles, et présenté chez les autres comme une maladie à traiter.

Mais cette paix sociale et ce monopole de la violence sont régulièrement critiqués en actes par des révoltés. Aux quatre coins du monde, en démocratie comme ailleurs, des prisons brûlent, des insurrections éclatent, des petits ordres du quotidien ne passent plus, et l’apathie est laissée aux lâches. Mais nous sommes tous capables de lâcheté comme nous sommes tous capables de nous révolter.

Pour l’insurrection, pour l’anarchie.

[Extrait de Lucioles n°3, Bulletin anarchiste du Nord-Est de Paris, juin/juillet 2011.]



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20 juin 2011 1 20 /06 /juin /2011 09:46

Ce texte est paru dans Echanges n° 135 (hiver 2010-2011).

Partout dans le monde, le livre est touché par la pro­pa­ga­tion des tech­no­lo­gies numé­riques. En France, le seul aspect dont nous déb­attons vrai­ment est celui des droits d’auteurs, car notre pays est à la pointe du combat contre l’hydre d’outre-Atlantique qui numé­rise à tour de bras notre patri­moine écrit. Pourtant, les ques­tions du prix du livre numé­rique et de la rému­nération des auteurs ne sont pas si impor­tan­tes… mais les bran­dir bien haut permet d’oublier de dis­cu­ter de l’essen­tiel. Certes, dans le monde capi­ta­liste, il serait ridi­cule d’igno­rer que l’acti­vité édi­tor­iale est une bran­che de l’éco­nomie (ou alors elle est mili­tante), et qu’en tant que telle, elle doit dégager du profit, et donc que les éditeurs voire les auteurs doi­vent pou­voir en vivre. Cependant, il n’est pas cer­tain qu’il y ait à ce point le feu au navire de l’édition papier pour que nous devions d’ores et déjà, comme cer­tains nous y invi­tent, l’aban­don­ner à son triste sort, jeter par-dessus bord l’éthique et nous pré­ci­piter dans le radeau de sau­ve­tage numé­rique pour tenter de sauver notre peau.

Technophobes de droite et de gauche, mous et ultras

Cette ques­tion des révo­lutions tech­no­lo­gi­ques qui bou­le­ver­sent les modes de lec­ture, de culture ou d’appren­tis­sage n’est pas nou­velle – ce qui ne jus­ti­fie pas la poli­ti­que de l’autru­che. Posons donc la ques­tion essen­tielle pour l’avenir : la frac­ture numé­rique n’est-elle pas d’abord une frac­ture géné­rati­onn­elle, et à quel niveau doit-elle être ana­lysée pour penser l’évo­lution de la culture du livre ? Les enfants ne lisent plus comme leurs parents ; ils ne rem­plis­sent pas leurs journées de la même façon qu’eux puisqu’ils sont rivés à leurs écrans, toutes les études le mon­trent, dans tous les pays développés. Dans La Crise de la culture, Hannah Arendt posait déjà cette rup­ture entre géné­rations d’une façon inat­ten­due et que l’on a sou­vent oubliée. L’enfant a besoin d’être protégé pour, dit Arendt, « éviter que le monde puisse le détr­uire. Mais ce monde aussi a besoin d’une pro­tec­tion qui l’empêche d’être dévasté et détruit par la vague des nou­veaux venus qui déf­erle sur lui à chaque nou­velle géné­ration » (in « La crise de l’édu­cation »).

Alors que les nou­vel­les tech­no­lo­gies, très vite assi­milées par les jeunes géné­rations de digi­tal nati­ves, sem­blent mena­cer les adul­tes qui ne les maît­risent pas, la thèse d’Arendt peut déb­oucher en droite ligne sur une posi­tion poli­ti­que conser­va­trice, caractérisée par une tech­no­pho­bie réacti­onn­aire. Cette posi­tion tech­no­phobe étant simple, voire sim­pliste, nous la retrou­vons sans sur­prise sous des cieux poli­ti­ques très différents. Cela va de quel­ques cer­cles de l’ultra-gauche, par exem­ple chez John Zerzan, chan­tre du « futur pri­mi­tif », jusqu’à une partie de la droite et de l’extrême droite pét­ain­iste, en pas­sant par des pen­seurs comme Paul Virilio ; ce der­nier se pose tou­jours dans un regret du monde d’avant le cyber­monde, lequel aurait réduit la planète à un point et inter­di­rait dés­ormais toute aven­ture non tech­no­lo­gi­que.

On retrouve sur­tout cette tech­no­pho­bie pri­maire dans une caté­gorie démog­rap­hique, les « vieux », et cela n’est pas sans impor­tance : les anciens ont bien raison de se plain­dre de ne plus rien com­pren­dre au monde actuel et à Internet en par­ti­cu­lier.

Songeons que les géné­rations pré­céd­entes pou­vaient encore com­mu­ni­quer entre elles, car les évo­lutions tech­no­lo­gi­ques ne se succédaient pas à un rythme aussi effréné. De nos jours, si des grands-parents veu­lent com­mu­ni­quer avec leurs petits-enfants, une seule solu­tion, l’« ordi ». Fini l’ère des let­tres manus­cri­tes ! Et encore faut-il posséder des logi­ciels com­pa­ti­bles, car dés­ormais, la course folle du capi­ta­lisme glo­ba­lisé condamne des géné­rations d’ordi­na­teurs, comme de véhi­cules à moteur ou d’appa­reils ménagers, à une obso­les­cence quasi-ins­tan­tanée. Comme le pro­cla­mait Günther Anders dès 1956 dans un texte qui four­nit de nom­breu­ses clés à la com­préh­ension de notre présent, nous assis­tons à l’obso­les­cence de l’homme.

Les tech­no­pho­bes réacti­onn­aires ont raison sur au moins un point, que per­sonne ne peut contes­ter : le renou­vel­le­ment hyper­ra­pide des tech­no­lo­gies a abouti en quel­ques années à la fameuse frac­ture numé­rique. L’Unesco s’en pré­oc­cupait dans son rap­port sur les sociétés de par­ta­ges du savoir, publié en 2005 – ce qui ne nous fait pas remon­ter à Mathusalem, et pour­tant, cinq ans plus tard, nous avons déjà oublié cette donnée essen­tielle. Or, la frac­ture numé­rique s’accroît au lieu de se com­bler, non seu­le­ment entre pays for­te­ment connectés et pays peu ou très peu connectés, mais aussi, dans tous les pays, entre indi­vi­dus connectés et indi­vi­dus non connectés. Qu’on le veuille ou non, et peu importe que seuls les réacti­onn­aires déf­endent cette posi­tion, cette obso­les­cence rapide de tech­no­lo­gies sacra­lisées par nos normes socia­les abou­tit à ce que cer­tains indi­vi­dus ou des grou­pes sociaux entiers ne sui­vent plus le rythme. Nous en arri­vons à une divi­sion sociale réelle entre clas­ses d’âge, entre connectés et non connectés, qui peut tout à fait abou­tir à une dis­so­lu­tion de la société – ou peut-être est-ce déjà le cas.

Les réflexions qui sui­vent se pla­cent d’un autre point de vue que celui des tech­no­pho­bes conser­va­teurs, et pour­tant elles n’entrent pas en contra­dic­tion avec les cri­ti­ques for­mulées par Arendt, Anders ou encore Lewis Mumford dans Le Mythe de la machine et, pour pren­dre un auteur bien plus récent, Nicholas Carr dans The Shallows. What the Internet is doing to our Brains, paru en 2010 (titre que l’on peut tra­duire par « La super­fi­cia­lité. Ce qu’Internet fait à nos cer­veaux ») (1). Ces cri­ti­ques atta­quent la tech­no­lo­gie au nom d’un pro­ces­sus éman­ci­pateur de l’huma­nité, et pas au nom d’un passé idéalisé.

McLuhan : le retour

Beaucoup de choses sont cri­ti­qua­bles sur Internet : le fichage géné­ralisé des cour­riels et des blogs par les Etats, les entre­pri­ses com­mer­cia­les et les réseaux sociaux ; le manque de fia­bi­lité des données qui sont dés­ormais publiées par n’importe qui ; la faillite du Web dit « social » dont les inter­nau­tes ne se sont emparé que pour satis­faire leur nar­cis­sisme exa­cerbé ; la place émin­ente de la por­no­gra­phie, dont le Minitel avait déjà donné une idée… Mais voilà, cri­ti­quer Internet est facile, trop facile ! Cela permet de déto­urner l’atten­tion des formes pré­céd­entes d’infor­ma­tion et de com­mu­ni­ca­tion, qui pour­raient peut-être elles aussi être passées au crible ?

Justement : l’édition papier, qui représ­ente en quel­que sorte l’ancien monde face aux déf­erl­antes des nou­vel­les géné­rations dont parle Arendt, n’a pas évolué dans le bon sens. D’abord parce que l’édition n’a pas vrai­ment anti­cipé ce qui arri­vait. Il est vrai qu’il s’agit d’un phénomène assez nou­veau dans ce sec­teur : la concur­rence ne vient pas d’un autre média au sens d’un autre système de dif­fu­sion des mêmes infor­ma­tions. Après tout, la radio et la télé­vision dif­fu­sent du texte ou du diver­tis­se­ment, et leurs conte­nus imi­tent plus ou moins ceux du papier. Avec Internet, ce sont des outils tech­no­lo­gi­ques qui atta­quent les anciens médias – tous, pas seu­le­ment le livre, la radio et la télé­vision aussi sont menacées –, et le rôle du contenu dans son succès est bien moins dét­er­minant que pour la radio ou la télé­vision.

Ce que pro­pose Internet n’a plus rien à voir avec tous ces médias pous­siéreux. Pourtant, il est amu­sant et étonnant que les tech­no­phi­les enthou­sias­tes nous seri­nent leur antienne à lon­gueur d’arti­cles, d’études, d’émissions et même de livres (un comble !) : la culture d’Internet rem­place d’ores et déjà celle du livre, mais ils ont besoin du livre, de la radio et de la télé­vision pour nous le faire savoir !

Voilà quinze ans que ce qui se passe aujourd’hui était pré­vi­sible et annoncé ! En réalité, nous vérifions de nou­veau, hélas, l’intui­tion de McLuhan : le mes­sage, c’est le médium. Nous la vérifions de la pire des façons. L’un des défis fon­da­men­taux que pose le numé­rique au livre en scien­ces humai­nes et au docu­men­taire pour la jeu­nesse, ou encore aux ency­clopédies (mais elles ont pres­que toutes dis­paru), est l’accé­lé­ration du temps. Le temps inter­net, qui est de l’ordre de l’imméd­iateté, entraîne une obso­les­cence très rapide des données docu­men­tai­res. Du coup, l’ouvrage papier est en quel­que sorte périmé avant d’être imprimé… Déprimant, même si cela n’est pas vrai pour une large part des docu­men­tai­res, ou n’est jamais vrai, mais cette réac­tivité, ce culte de l’imméd­iateté est un atout majeur de sites tels que Wikipédia. Il y a donc une lutte à mener autour de la fia­bi­lité des données, dont Wikipédia n’est pas le meilleur exem­ple… Pour ané­antir le mythe du cer­veau col­lec­tif porté par cette ency­clopédie, il va fal­loir un bel effort pour que la cote de l’édition clas­si­que remonte. La Toile n’est pas fiable, mais nous la pré­férons aux ouvra­ges papier parce que l’imméd­iateté et la réac­tivité nous sem­blent les vraies valeurs de notre monde, et non la fia­bi­lité. Désormais, connaître, ce n’est plus com­pren­dre, ana­ly­ser, pren­dre le temps de réfléchir ; c’est savoir ce qui vient de se passer à l’ins­tant, ou lire un digest du der­nier ouvrage à la mode. Ou plutôt, connaître, ce n’est même plus cela…

L’imméd­iateté n’est pas le seul bonus offert par la culture numé­rique. Son autre atout maître est l’accu­mu­la­tion inouïe, grâce à l’outil pro­di­gieux qu’est le moteur de recher­che, d’infor­ma­tions (vraies et faus­ses), qui s’empi­lent les unes sur les autres à un rythme ver­ti­gi­neux. Si le livre de scien­ces humai­nes ou l’ouvrage docu­men­taire pour la jeu­nesse sont menacés, ce n’est pas tant à cause du fond de leurs conte­nus que de l’exten­sion infi­nie des « pages web » que met à notre dis­po­si­tion leur concur­rent direct, lequel, encore une fois, n’est pas un site ou une méga-base de données, mais un ensem­ble d’outils : l’archi­tec­ture de la Toile et les moteurs de recher­che. En der­nière ana­lyse, donc, connaître devient équi­valent à savoir où trou­ver ce qu’on cher­che…

Voici sur­tout où McLuhan était vision­naire. Les expéri­ences les plus séri­euses, menées depuis 1989 (! ) par des par­ti­sans d’Internet dans des uni­ver­sités amé­ric­aines notam­ment, mon­trent que la navi­ga­tion sur Internet et la lec­ture sur écran, avec ses hyper­liens et ses conte­nus mul­timédias, ne font pas fonc­tion­ner les mêmes zones du cer­veau que la lec­ture « apaisée » du papier. Or, la lec­ture sur papier est beau­coup plus favo­ra­ble à la mém­oire et à la com­préh­ension que la lec­ture sur écran. Celle-ci, plus ou moins sou­vent dis­traite par des éléments extérieurs à ce que l’on est en train de lire, est moins sou­te­nue, plus chao­ti­que, au point, disent les scien­ti­fi­ques, que cela gêne considé­rab­lement la com­préh­ension et la mémo­ri­sation, et, avec la fréqu­en­tation quo­ti­dienne de l’écran, jusqu’à la capa­cité de l’usager de l’écran à se concen­trer, comme l’expli­que l’excel­lent ouvrage de Carr. Ainsi que le dit un vice-pré­sident de HarperStudio, « les e-books ne sont pas sim­ple­ment des livres imprimés livrés élect­ro­niq­uement. Nous devons tirer avan­tage du médium et créer quel­que chose de dyna­mi­que, qui amél­iore l’expéri­ence. Je veux des liens, et der­rière les scènes, des bonus et de la nar­ra­tion et des vidéos et de la conver­sa­tion ». Ce qui compte n’est pas le mes­sage, pour ces ven­deurs de tablet­tes ou de liseu­ses ; seul importe le conte­nant, le médium.

Ceci est fon­da­men­tal pour tout ce qui relève de la péda­gogie, et impli­que que les manuels sco­lai­res numé­riques, qui four­nis­sent tout un envi­ron­ne­ment prét­en­dument « inte­rac­tif », sont tous mau­vais. Le médium est bel et bien le mes­sage : il nous condi­tionne à ne rece­voir qu’un cer­tain type d’infor­ma­tions, peu importe les conte­nus puis­que nous ne sau­rons plus vrai­ment les relier les uns aux autres, cons­truire des rai­son­ne­ments auto­no­mes et nous penser ainsi comme des ani­maux sociaux inte­ra­gis­sant les uns avec les autres. C’est l’endroit exact de la véri­table frac­ture numé­rique – l’autre frac­ture numé­rique, celle de la den­sité de connexions, n’en est que le pâle reflet : elle indi­que les sociétés dans les­quel­les les rap­ports entre les êtres sont le plus méd­iatisés par des images, et ces sociétés les plus réifiées sont aussi celles que l’on dit les plus développées. Cela sup­pose une intér­ess­ante contra­dic­tion dans ce monde, où les « rai­son­neurs » ne seront plus issus du monde tech­no­lo­gi­que avancé… Qui l’empor­tera : la tech­no­lo­gie ou la raison ? Le combat est loin d’être joué.

Où l’humain a-t-il encore une place ?

Internet se prés­ente comme un for­mi­da­ble empi­le­ment d’infor­ma­tions diver­ses, per­son­nel­les, asso­cia­ti­ves, jour­na­lis­ti­ques ou poli­ti­ques, ency­clopé­diques ou théo­riques, toutes acces­si­bles sur la Toile – sous rés­erve quand même que la « Toile des connais­seurs » reste la toile pro­fonde, le Deep Web des Anglo-Saxons, toile « invi­si­ble » comme nous disons ici, inat­tei­gna­ble par les moteurs de recher­che. Cet empi­le­ment d’infor­ma­tions n’est pas équi­valent à ce que l’on appelle d’ordi­naire la connais­sance, dont le but est l’éman­ci­pation des indi­vi­dus. Le Net favo­rise l’empi­le­ment mais pas la cons­truc­tion d’une connais­sance cri­ti­que. Nous sommes les pions d’un Trivial Poursuit.

Cette faci­lité de sto­ckage et d’accès a une conséqu­ence fon­da­men­tale : le rôle du cer­veau humain est modi­fié par la tech­no­lo­gie numé­rique ; la mém­oire devient infor­ma­ti­que et risque de ne bientôt plus être une affaire de neu­ro­nes et de synap­ses. Quelle est la place de la machine par rap­port à l’homme ? Cette ques­tion éthique, qu’on ne dis­cu­tera pas ici, déb­ouche sur un dilemme poli­ti­que : où sera la liberté dans une société qui ne s’infor­mera et ne com­mu­ni­quera que par le biais d’Internet ?

Sur le plan quan­ti­ta­tif, sur celui de la vitesse d’exé­cution, l’être humain ne peut riva­li­ser avec les machi­nes infor­ma­ti­ques. D’où un nou­veau pro­blème, cette fois édi­torial : le rôle du livre ne peut plus être, face à la concur­rence de l’imméd­iateté, de four­nir des données plus fraîches et plus abon­dan­tes que celles d’Internet puis­que le combat est perdu d’avance. Il peut cepen­dant en four­nir de plus fia­bles. Certes, mais qui saura reconnaître le fiable dans une société qui pri­vilégie, on l’a vu, d’autres critères ? La ques­tion exige une rép­onse réal­iste.

Quant au livre pour la jeu­nesse, et en par­ti­cu­lier au docu­men­taire, son rôle ne s’est jamais borné, chez les bonnes mai­sons d’édition, à four­nir des infor­ma­tions fia­bles. Les livres pour les jeunes se sont sur­tout consa­crés à faire réfléchir le lec­teur, à lui donner les outils de sa propre liberté. C’est jus­te­ment ce qu’Internet ne four­nit pas, ou alors d’une manière bien moins acces­si­ble que le livre. Internet, les blogs, les réseaux sociaux et même les ency­clopédies don­nent sur­tout des outils pour consom­mer, pour accep­ter le monde tel qu’il est. Bien entendu, sur Internet, on peut aussi trou­ver des infor­ma­tions dér­ange­antes et des réflexions sub­ver­si­ves, mais elles sont noyées dans un fatras de données remontées des pro­fon­deurs grâce à leur page rank favo­ra­ble, lequel n’a rien à voir avec la qua­lité et la fia­bi­lité. De plus, une grande part des sites les plus intér­essants font partie de la Toile invi­si­ble.

La société numé­rique ne cons­ti­tue pour­tant pas une rup­ture dans l’évo­lution vers un indi­vi­dua­lisme apeuré et agres­sif ; elle se situe plutôt dans la conti­nuité de ce pro­ces­sus ancré dans les sociétés contem­po­rai­nes : indi­vi­dua­li­sa­tion et désint­égration sociale. L’idée d’éman­ci­pation et les ouvra­ges qui se consa­crent à la pro­pa­ger sont en dimi­nu­tion ou en voie d’extinc­tion. Sans que cela dér­ange qui que ce soit : l’état de vio­lence latente de nos sociétés se satis­fait du couvre-feu auto-imposé, dû à Internet et à la télé. Tout le monde chez soi de 20 heures à l’aube. A ces heures-là, tout le pou­voir est aux écrans !

Nous vérifions la jus­tesse d’une des thèses marxis­tes les plus célèbres : la culture domi­nante est la culture de la classe domi­nante. Nous pou­vons com­pléter : aujourd’hui, les outils cultu­rels numé­riques pro­posés par la classe domi­nante sont des outils de domi­na­tion. Le prou­vent la frac­ture numé­rique ou la qua­lité de la Toile payante par rap­port au Web social.

Un nou­veau rôle pour l’édition jeu­nesse ?

Tout ce qui est mau­vais est bon pour la jeu­nesse ! Ce sont les jeunes que nous gavons de nour­ri­tu­res empoi­sonnées, trop sucrées, trop gras­ses, trop salées. Ce sont eux qui vivent au milieu des écrans, ceux de leur télép­hone por­ta­ble, de l’ordi­na­teur, des jeux vidéo et de la télé­vision, laquelle n’est même plus fami­liale car la famille est deve­nue un hôtel, avec télé­vision dans toutes les cham­bres. Ce sont les jeunes encore aux­quels quel­ques mau­vais éditeurs dico­des­fille­so­phi­les et dino­sau­rolâtres prét­endent vendre leur piètre pro­duc­tion. Et voici qu’on nous annonce l’arrivée de l’e-book !

La culture des écrans, dira-t-on, n’est pas une catas­tro­phe. L’huma­nité a vécu des drames sans doute bien pires, et à des pér­iodes encore très réc­entes. Cependant, c’est une forme de culture qui est atta­quée pour n’être rem­placée que par du vide, et même pire que du vide : un brouet anti-éman­ci­pateur. Et ce sont nos enfants à nous qui sont tou­chés. Comme le suggérait Arendt, le monde se protège. Mais en abru­tis­sant les nou­vel­les géné­rations, et ce n’avait peut-être jamais été, aupa­ra­vant, à une telle éch­elle, sauf dans les tota­li­ta­ris­mes. La démoc­ratie est-elle en train de virer de bord, à l’ère glo­bale, alors qu’elle semble bien inca­pa­ble de gérer les pro­blèmes planét­aires com­plexes qu’elle crée ?

Comme le dit Marianne Wolf, une uni­ver­si­taire nord-amé­ric­aine qui étudie les modes de lec­ture, « Nous ne sommes pas seu­le­ment ce que nous lisons. Nous sommes com­ment nous lisons ». Les éditeurs pour la jeu­nesse ont ici un rôle éminent à jouer, avec les autres acteurs concernés de la chaîne du livre : auteurs, librai­res et pas­seurs de tous ordres (à l’exclu­sion donc des dif­fu­seurs-dis­tri­bu­teurs qui ne se pré­oc­cupent que de ren­trées d’argent, le contenu impor­tant moins que le conte­nant dont l’appa­rence est pour eux dét­er­min­ante). Les élites « objec­ti­ves », celles qui pous­sent leurs enfants à étudier, qui sont donc les profs en pre­mier lieu (la moitié des élèves de Polytechnique ont au moins un parent prof !) et tous les adul­tes sou­cieux de l’avenir, vont conti­nuer à s’intér­esser au papier, d’autant plus que, comme le mon­trent les neu­ro­lo­gues, le papier ne fait pas fonc­tion­ner les mêmes zones du cer­veau que l’écran. Or, les zones « papier » du cer­veau sont aussi les zones qui, si elles sont mises à contri­bu­tion chaque jour, assu­rent pres­que à tout coup une situa­tion sociale favo­ra­ble. Tout ce qui permet à la jeu­nesse de se forger une opi­nion cri­ti­que sur ce monde par­ti­cipe à la lutte pour l’éman­ci­pation de l’huma­nité. Bien entendu, le docu­men­taire pour la jeu­nesse n’est qu’une toute petite partie de ce ter­rain de luttes, mais nous n’avons pas le droit de le dés­erter.

Nous fai­sons donc des livres pour cette élite-là ? Aujourd’hui, la rép­onse est oui. Même si cela est très embêtant, la situa­tion actuelle se résume à : tout ce qui est mau­vais est bon pour la jeu­nesse, sauf bien sûr chez l’élite, qui se rend compte de cet immense gâchis humain et en tire profit. Une solu­tion est d’écrire, de publier et de pro­po­ser des livres qui fas­sent douter les jeunes qui lisent encore et qui leur don­nent envie de ne pas deve­nir l’élite qui oppri­mera, mais de par­ti­ci­per aux luttes pour l’éman­ci­pation. L’idée n’est pas nou­velle. Peu importe : dans la situa­tion qui est la nôtre, c’est l’un des rares moyens de repren­dre l’offen­sive contre un système qui nous broie et que nous ne vou­lons pas sauver.

Philippe Godard

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6 juin 2011 1 06 /06 /juin /2011 06:16

 

Un certain nombre de nations, parmi lesquelles la France, l’Allemagne, le Japon et les États-Unis, se sont créées et développées grâce à la conquête d’autres nations. Elles ont constitué de véritables empires coloniaux, asservissant les populations locales et pillant leurs richesses. Après la Seconde Guerre mondiale, une période de décolonisation s’ouvre avec l’indépendance des Indes britanniques en 1947. Des mouvements nationalistes déjà anciens, comme c’est le cas en Algérie, s’arment et se soulèvent. Les États colonisateurs usent de différentes stratégies pour casser ces luttes. Malgré la répression féroce qui s’abat sur les populations colonisées, les mouvements anticolonialistes ont peu d’écho dans les pays colonisateurs.

Aujourd’hui encore, un certain nombre de nations habitent un territoire et parlent une langue qui n’ont pas d’existence officielle, en dépit de leur spécificité. C’est le cas des Kurdes, qui forment le plus grand peuple privé de pays dans le monde, leur territoire étant partagé entre cinq États. C’est également le cas de beaucoup de nations d’Amérique latine et d’Asie, mais aussi d’Europe. Non seulement les phénomènes d’impérialisme et de domination d’une culture par une autre n’ont pas cessé avec les décolonisations (souvent partielles), mais l’émergence de nouveaux États semble même avoir entraîné leur dissémination (par exemple en Afrique, au Moyen-Orient ou en Asie).

Les personnes qui défendent une langue et/ou une culture minoritaire, surtout dans nos contrées où la modernité est censée avoir triomphé des particularismes locaux, sont souvent perçues comme réactionnaires. L’ancrage sur un territoire et le sentiment d’appartenance ne sont pourtant pas l’apanage des seules luttes de libération nationale, ils font partie intégrante de toute lutte sociale. Même si les personnes qui participent aux luttes de libération nationale ne sont pas toutes révolutionnaires, un travail critique sur les mouvements de libération nationale reste à mener aujourd’hui, pour en dégager les aspects émancipateurs et ceux que nous ne souhaitons pas reproduire.

Nous n’avons pas la prétention de traiter toutes les luttes de libération nationale dans ce hors-série, ni de répondre à toutes les questions qu’elles posent, notamment celle de l’exploitation… Nous avons cependant tenté d’ouvrir quelques pistes de réflexion pour envisager les luttes de libération sous un jour nouveau.

Un certain nombre de nations, parmi lesquelles la France, l’Allemagne, le Japon et les États-Unis, se sont créées et développées grâce à la conquête d’autres nations. Elles ont constitué de véritables empires coloniaux, asservissant les populations locales et pillant leurs richesses. Après la Seconde Guerre mondiale, une période de décolonisation s’ouvre avec l’indépendance des Indes britanniques en 1947. Des mouvements nationalistes déjà anciens, comme c’est le cas en Algérie, s’arment et se soulèvent. Les États colonisateurs usent de différentes stratégies pour casser ces luttes. Malgré la répression féroce qui s’abat sur les populations colonisées, les mouvements anticolonialistes ont peu d’écho dans les pays colonisateurs.

Aujourd’hui encore, un certain nombre de nations habitent un territoire et parlent une langue qui n’ont pas d’existence officielle, en dépit de leur spécificité. C’est le cas des Kurdes, qui forment le plus grand peuple privé de pays dans le monde, leur territoire étant partagé entre cinq États. C’est également le cas de beaucoup de nations d’Amérique latine et d’Asie, mais aussi d’Europe. Non seulement les phénomènes d’impérialisme et de domination d’une culture par une autre n’ont pas cessé avec les décolonisations (souvent partielles), mais l’émergence de nouveaux États semble même avoir entraîné leur dissémination (par exemple en Afrique, au Moyen-Orient ou en Asie).

Les personnes qui défendent une langue et/ou une culture minoritaire, surtout dans nos contrées où la modernité est censée avoir triomphé des particularismes locaux, sont souvent perçues comme réactionnaires. L’ancrage sur un territoire et le sentiment d’appartenance ne sont pourtant pas l’apanage des seules luttes de libération nationale, ils font partie intégrante de toute lutte sociale. Même si les personnes qui participent aux luttes de libération nationale ne sont pas toutes révolutionnaires, un travail critique sur les mouvements de libération nationale reste à mener aujourd’hui, pour en dégager les aspects émancipateurs et ceux que nous ne souhaitons pas reproduire.

Nous n’avons pas la prétention de traiter toutes les luttes de libération nationale dans ce hors-série, ni de répondre à toutes les questions qu’elles posent, notamment celle de l’exploitation… Nous avons cependant tenté d’ouvrir quelques pistes de réflexion pour envisager les luttes de libération sous un jour nouveau.

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5 juin 2011 7 05 /06 /juin /2011 10:07

Depuis le dimanche 29 mai des gens se regroupent et discutent place de la liberté , les gens passent mais le groupe augmente peu. les débats sont parfois vif lorsque des propriétaires de la contestation valentinoise passe ( anti fa)ceux ci s'indignent carle  débat  n'est pas tourné  vers leur mouvance. Divers point sont abordés  et les comptes rendu sont postés à tout le monde .

Valence - Place de la Liberté
Place de la Liberté - Valence
Détails
Données cartographiquesDonnées cartographiques ©2011 Google - Conditions d'utilisation
Données cartographiques
Fermer
Données cartographiques ©2011 Google

Date/Heure
5 juin 2011
19:00

Lieu
Valence - Place de la Liberté - Place de la Liberté



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31 mai 2011 2 31 /05 /mai /2011 13:03
*Démocratie réelle valence*

*Dimanche 29 mai 2011, JOUR 1*

*19 heures place de la liberté*





Nombre de personnes : environ 15 personnes.



Nombre d’inscrits : 15 personnes.



*Compte rendu des discussions :*

· Rencontre entre les gens,



*Compte rendu des actions mises en place :*

· Décision de poursuite du mouvement avec présence journalière 19 h 00
sur le même lieu



Bonne surprise pour une première avec la présence de personne venant de
romans, du teil, de crest. et des environs.

lundi 30 mai 30 personnes présentes au rassemblement
Compte rendu des discussions :*

· première idée sur la campagne d’affichage,

· reprise du modèle et des textes espagnols, volonté d’une
contribution propre au mouvement valentinois,

· évocation de la problématique de l’alcool et les possibles
conséquences policières,

· évocation de la mise en place d’un site internet,

· proposition de la mise en place d’un évènement important à la place
d’une présence quotidienne. Proposition ajournée,

· proposition de grande affiche avec qu’est-ce qu’un indigné ?
feuille avec stylo pour réponse.



*Compte rendu des actions mises en place :*

· mise en place d’un planning des jours de rassemblement, avec
présence d’au moins une personne,

· mise en place d’une adresse internet dédiée à l’évènement,




 


la photo n'est pas publié par respect des identités présentes à ce rassemblement
 

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30 mai 2011 1 30 /05 /mai /2011 21:53

tous les jours à 19h il y a un rassemblement  place la liberté à valence :

 

En France nous avons un réel problème politique depuis plusieurs années. Nos libertés individuelles et collectives ne cessent de diminuer, nous sommes manipulés par les politiques, les médias, le système scolaire. La plupart d'entre nous ne s'en rendent même plus compte ou sont détournés vers des problèmes crées de toute pièce pour faire diversion et séparer pour mieux régner.

Notre qualité de vie d'une manière générale diminue et notre bonheur par la même occasion.

Au niveau des élections, à gauche comme à droite, nous n'avons plus aucun moyen de changement concret si ce n'est ce que certains appellent des votes utiles (écologistes, partis anticapitalistes, etc) qui ne mèneront à rien tant bien même leur leader arriveraient au pouvoir. Dans le système actuel, le pouvoir corrompt les hommes les plus intègres.

Le vote blanc de contestation et les abstentions n'ayant jamais été comptabilisés, participer aux élections revient à cautionner le système actuel. Notre démocratie n'est qu'une mascarade pour mieux nous tenir en place pendant qu'on nous exploite. L'assemblée nationale de la Ve république et ses députés membres de groupes parlementaires ne représentent plus la population mais leur parti respectif. Notre démocratie n'est même plus participative, elle est consultative. Pourtant de nombreux pays possèdent des mécanismes qui relèvent de la démocratie directe  (référendum, assemblées locales, initiative populaire) mais pas en France.

Même constat en Espagne et c'est initialement pour cela que les espagnols se sont révoltés ces derniers jours. D'autres revendications se sont ensuite raccrochées mais le problème initial reste la décadence des démocraties dites modernes.

Nous devons soutenir le mouvement de la Puerta del Sol dans l'espoir d'un changement là bas et en France également. Nous devons également condamner la répression car le peuple doit pouvoir décider de son sort. Enfin nous devons soutenir les formes du mouvement qui sont « Il n'y a pas de leader, notre leader c'est l'assemblée générale ».

le rédacteur du texte Victor

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25 mai 2011 3 25 /05 /mai /2011 05:08

 

Par rapport ces  expositions  qui se donnent l'allure d'être issus d'une pensée alternative .

On a trouvé cette critique dans préliminaires pour une définition de l’unité du programme révolutionnaire écrit par   Debors et Castoriadis en 1960. On publie ci dessous un court extraiton peut trouver la totalité ici 
 

1. — On peut définir la culture comme l’ensemble des instruments par lesquels une société se pense et se montre à elle-même et donc choisit tous les aspects de l’emploi de sa plus-value disponible, c’est-à-dire l’organisation de tout ce qui dépasse les nécessités immédiates de sa reproduction.

Toutes les formes de société capitaliste, aujourd’hui, apparaissent en dernière analyse fondées sur la division stable — à l’échelle des masses — et généralisée entre les dirigeants et les exécutants. Transposée sur le plan de la culture, cette caractérisation signifie la séparation entre le "comprendre " et le "faire", l’incapacité d’organiser (sur la base de l’exploitation permanente) à quelque fin que ce soit le mouvement toujours accéléré de la domination de la nature.

En effet, dominer la production, pour la classe capitaliste, c’est obligatoirement monopoliser la compréhension de l’activité productrice, du travail. Pour y parvenir, le travail est, d’un côté, parcellarisé de plus en plus, c’est-à-dire rendu incompréhensible à celui qui le fait de l’autre côté, reconstitué comme unité par un organe spécialisé. Mais cet organe est lui-même subordonné à la direction proprement dite, qui est seule à détenir théoriquement la compréhension d’ensemble puisque c’est elle qui impose à la production son sens, sous forme d’objectifs généraux. Cependant cette compréhension et ces objectifs sont eux-mêmes envahis par l’arbitraire, puisque coupés de la pratique et même de toutes les connaissances réalistes, que personne n’a intérêt à transmettre.

L’activité sociale globale est ainsi scindée en trois niveaux l’atelier, le bureau, la direction. La culture, au sens de compréhension active et pratique de la société, est également découpée en ces trois moments. L’unité n’en est reconstituée en fait que par une transgression permanente des hommes hors de la sphère où les cantonne l’organigramme social, c’est-à-dire d’une manière clandestine et parcellaire.


2. — Le mécanisme de constitution de la culture se ramène ainsi à une réification des activités humaines, qui assure la fixation du vivant et sa transmission sur le modèle de la transmission des marchandises ; qui s’efforce de garantir une domination du passé sur le futur.

Un tel fonctionnement culturel entre en contradiction avec l’impératif constant du capitalisme, qui est d’obtenir l’adhésion des hommes et de solliciter à tout instant leur activité créatrice, dans le cadre étroit où il les emprisonne. En somme, l’ordre capitaliste ne vit qu’à condition de projeter sans cesse devant lui un nouveau passé. Ceci est particulièrement vérifiable dans le secteur proprement culturel, dont toute la publicité périodique est fondée sur le lancement de fausses nouveautés.


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