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La tyrannie la plus redoutable n'est pas celle qui prend figure d'arbitraire, c'est celle qui nous vient couverte du masque de la légalité." Albert Libertad

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le blog du laboratoire anarchiste

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17 janvier 2011 1 17 /01 /janvier /2011 06:46

Après avoir reçu Camille  de vitry au cours d'un débat le 8 janvier 2011. Les militants du ministère de toutes les régularisation sont venus pour participer à cette grande journée.. Effectivement les militants du ministère .... vont à Dakar. Mais eux c'est auto financé en manifestant  avant d'arriver au FSM. Voilà le blog du Laboratioire a relayé les informations concernant le travail d'enquête de Camille de vitry.

 

Dans le cadre du processus de préparation du Forum Social Mondial à Dakar, une centaine de personnes, venues du Maroc, du Mali, du Sénégal, du Niger, du Togo ou encore d’Afrique du Sud, ont participé, ce dimanche 28 Novembre, au Forum africain sur les « Droits Culturels », organisé par le Forum des Alternatives Maroc (FMAS), Racines (représentant marocain du Réseau africain Arterial network) et le Collectif des Abattoirs, à la Fabrique Culturelle des Abattoirs de Casablanca.

 

Ce forum constituait un espace ouvert de débats, d’échanges et de discussions sur les questions de la culture comme un droit humain indissociable des autres droits, sur le rôle de la culture dans le développement et les politiques culturelles au Maroc et en Afrique.

L’objectif de cette rencontre était de réunir des acteurs culturels et de la société civile africains pour préparer une présence commune sur les « Droits culturels » lors du prochain Forum Social mondial qui aura lieu à Dakar (Sénégal) du 6 au 11 février 2010.

« Les différentes dimensions des droits culturels »

Hamouda Soubhi, du FMAS, a introduit la rencontre sur le thème « Culture et Forum Social Mondial » en inscrivant ce forum dans le processus des différents forums thématiques préparatoires au Forum Social Mondial qui ont eu lieu ou vont avoir lieu au cours de cette année dans la région Maghreb-Machrek : Forum des Mouvements Sociaux et des Forums Sociaux au Maghreb (Mars 2010 – Maroc), Forum Syndical Maghrébin (Mai 2010 - Algérie), Forum pour la Santé et l’Environnement et la Terre (Octobre 2010 - Egypte), Forum Mondial de l’Education (Octobre 2010 - Palestine), Forum Social des Associations et des Organisations Communautaires de Base (Octobre 2010 - Maroc), Forum sur les Droits des Femmes (Décembre 2010) et Forum sur l’Immigration (Décembre 2010 - Belgique).

Mamou Daffé, d’Arterial Network, a ensuite axé son intervention sur le thème « Culture et développement ». Il a mis l’accent sur les connexions qui existe entre les domaines culturel et économique. Il a présenté la culture comme un facteur de développement économique et social qui participe à la cohésion sociale et à l’intégration des catégories les plus défavorisées.

L’Afrique n’a pas été acteur de la première révolution industrielle, elle ne doit pas rater la deuxième, celle des nouvelles technologies de l’information et de la communication. L’Afrique doit développer de nouvelles stratégies pour être acteur de cette révolution. Il faut à la fois, inventorier les gisements et acteurs culturels mais aussi accompagner l’Etat et faire du lobbying pour une vraie stratégie culturelle. Au Mali, le secteur de la culture représente 2,4% du PIB et crée 5,9% des emplois, alors que le secteur des banques et assurances ne représente qu’1% du PIB. La culture est donc génératrice de richesses et constitue une opportunité pour l’Afrique.

Aadel Essaadani, du Collectif des Abattoirs, a parlé d’« Accès à la culture et démocratie ». Il a insisté sur l’importance d’aller vers les publics privés de l’accès à la culture, les personnes issues des quartiers populaires, défavorisés, isolés des lieux culturels… Il faut initier les gens à la culture, adapter les produits culturels au public marocain, intégrer la notion du « public » dans les programmations. La création constitue un potentiel important qui est inexploité faute un système d’exploitation pour fructifier le patrimoine culturel et architectural marocain. Tout cela est lié à l’absence de la culture dans les cursus scolaire.

Tijani Elhamzaoui, du Réseau amazigh pour la citoyenneté, a parlé de « Diversité culturelle et droits ». Selon lui, il y a deux sortes de luttes : celle pour la place de la culture marocaine par rapport à l’invasion de la culture occidentale et celle pour la question de la spécificité de la langue amazigh. Les grands festivals marocains affichent des invités de renommé internationale et ne laissent pas la place aux productions nationales. Les acteurs culturels et la société civile doivent faire pression sur l’Etat pour protéger la culture locale et lui donner une place et revoir le politique d’aides attribuées aux acteurs culturels. Le Maroc est en train de perdre ses langues et patrimoines culturels.

Ateliers de travail thématiques

L’après-midi a été consacré au travail en groupe autour de deux thématiques.

« Quelle stratégie pour installer la culture comme droit humain ? »

Les participants ont d’abord discuté de la question de l’éducation à la culture et à la création. Ils ont fait le constat que l’initiation aux arts et à la culture est quasiment absente des cursus scolaires, les beaux-arts ne sont pas enseignés à l’école. Ils ont également déploré le fait que le Ministère de la Culture et des Beaux-Arts est devenu seulement le Ministère de la Culture, la notion de beaux-arts a tout simplement été abandonnée. Bien qu’il existe certaines dynamiques artistiques et culturelles, les politiques ne donnent pas les moyens suffisants pour favoriser l’accès à la culture et à l’art. Les maisons de jeunes, les conservatoires, etc. sont gérés de façon très administrative.

Fort de ces constats, le groupe a formulé les propositions suivantes :

-  Ne pas attendre une décision politique mais la provoquer en faisant notamment un travail de plaidoyer basé sur des propositions d’alternatives, et développer un partenariat public/privé ;
-  Réaliser des interventions dans les écoles, dans les institutions culturelles, etc. ;
-  Mettre en place les Etats généraux de la culture (en présence d’acteurs étatiques, de la société civile et culturels), capitaliser sur les différentes initiatives existantes et les développer vers un service public de la culture ;
-  Responsabiliser les acteurs économiques en tant que relais d’influence et de financement pour développer la culture à l’école ;
-  Réfléchir pour rendre effectif le Pacte national pour la culture ;
-  Donner la priorité aux acteurs culturels pour la gestion des structures culturelles et artistiques ;
-  Revoir le cadre juridique et institutionnel de gestion de la culture au niveau national.

« Culture et forum social, quelle mobilisation africaine pour Dakar ? »

Le groupe a affirmé son souhaite de réaliser une mobilisation commune à Dakar au sein d’un espace où la culture sera posée en termes de droit humain et pas simplement en tant qu’animation culturelle. Plusieurs propositions ont été formulées dans ce sens :

-  Rassembler les acteurs culturels et de la société civile pour mener des actions communes dans le domaine culturel et artistique ;
-  Créer une synergie entre les acteurs d’Afrique et d’Amérique latine ;
-  Mettre en place un espace informatif avec de la documentation sur les expériences culturelles, les outils existants, etc.
-  Rédiger un texte qui rappelle les acquis et les perspectives ;
-  Elaborer à Dakar un plan d’action pour les deux années à veniren matière de politiques culturelles.

Suite à cette rencontre, une mailing-liste a été créée pour travailler plus concrètement sur la programmation et les aspects pratiques de la mobilisation qui aura lieu à Dakar. L’idée a été évoquée de mettre en place une « caravane » pour se rendre au forum.

Les droits culturels : des droits fondamentaux

A la fin du Forum les participants ont lancé un appel pour que les droits culturels soient reconnus comme des droits fondamentaux. Ils ont également appelé à :
-  La tenue d’assises nationales pour la culture au Maroc et dans d’autres pays ;
-  La prise en compte du droit dans la mouvance des forums sociaux ;
-  La concertation des acteurs culturels, des artistes, de la société civile pour développer ces travaux ;
-  L’adhésion à l’action mondiale qui travaille dans le même sens pour une culture démocratique qui respecte les droits ;
-  Le soutien aux actions des Abattoirs pour la sauvegarde du patrimoine et de l’architecture marocaine, mais aussi en tant que lieu d’expression artistique et de défense des droits culturels.

La journée s’est clôturée par la projection en avant première, du film amazigh « Tichka », en présence du réalisateur Rami Fijjaj.

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10 janvier 2011 1 10 /01 /janvier /2011 20:54

à commander à l'adresse http://lemondealenvers.lautre

Le Postillon
« Pourquoi le Daubé est-il daubé ?
Histoire critique du Dauphiné Libéré »

ISBN 978-2-9536877-1-2
Novembre 2010 -1 volume 12x18,5cms
80 pages - 5 euros

C'est une affaire entendue depuis des dizaines d'années : dans les bistrots, les ateliers, les salles d'attente ou les chaumières ; à Grenoble ou ailleurs, on appelle Le Dauphiné Libéré le « Daubé ». Ce surnom lui va si bien, résonne tellement comme une évidence que personne ne se donne la peine de l'expliquer. D'où vient-il ? Un hasard, un mauvais jeu de mots ? On ne sait pas. Le Dauphiné Libéré est daubé, voilà tout. Pourquoi perdre son temps à le démontrer ? Mais à trop se reposer sur cet acquis, on en ignore les enseignements. Car chercher à comprendre pourquoi Le Dauphiné Libéré est daubé permet de faire un voyage au coeur de l'histoire de la Presse Quotidienne Régionale, de la presse en général et de la vie politique grenobloise et d'en ramener des éléments de compréhension et du critique du monde dans lequel on vit. Tel est le but de ce livre qui se penche sur l'histoire, le développement et le fonctionnement actuel du Daubé

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6 janvier 2011 4 06 /01 /janvier /2011 13:54
SAMEDI 8 JANVIER
15hh30
Maison des Sociétés 3ème étage

Nous (collectif de soutien aux sans papiers et sans droit, avec Survie et le
collectifllibertaire du laboratoire )) organisons samedi après midi la projection d'un film et un débat.

L'invitée est Camille de Vitry, le film c'est "le prix de l'or", son livre
c'est "l'or nègre".
Vous aurez compris que le thème est celui de l'exploitation des richesses
africaines.
Et par conséquent celui aussi de l'immigration.
L'argent que nous récolteront sera intégralement versé aux collectifs de
sans papiers de la région parisienne (Ministère de la régularisation de tous
les sans papiers) . Ils organisent le voyage de certains d'entre eux en
Afrique de l'Ouest pour participer au Forum des Migrants sur l'île de Goorée
et au Forum Social Mondial de Dakar. Ils y porteront l'écho de leurs luttes
en France, en particulier auprès des populations, par l'organisation d'une
caravane de Bamako à Dakar.
Soyez les bienvenus.... et nombreux !

Droits Ici et là-bas (DIEL)

164 rue de Saussure

Bat D

75017 - Paris

Cette adresse, si vous souhaitez envoyer une "contribution financière" pour
le projet de Dakar. Chaque contribution, si petite soit-elle, est la
bienvenue.

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6 janvier 2011 4 06 /01 /janvier /2011 09:29

au collectif chomeuse chomeur  et  précaire sans honte ,on avance  sur la critique de la valleur d'échange

Ci-dessous des notes et commentaires de lecture de Olivier Deprez suite à sa lecture progressive du livre de Moishe Postone,  « Temps, travail et domination sociale » (Mille et une nuits, 2009). Même parfois imprécises, ses notes nous paraissent suffisamment fidèles (sauf sur la question du travail) et intelligemment construites pour les faire partager ici. Il faut saluer cette courageuse initiative d'un compte-rendu de lecture qui cherche à suivre au plus prés les cheminents de la réflexion de Postone.
Précision sur la critique du travail (en tant que tel).

 

Juste pour noter cette imprécision à propos du travail dans cette note : son auteur pense à tort qu'il n'y a pas chez Postone la volonté de dépasser le travail en tant que tel, il y aurait chez Postone juste une critique du travail aliéné. Pour Postone, il y a bien une critique du travail en tant que tel, le refus de faire une critique du point de vue du travail, car il faut entendre le travail comme une activité  socialement médiatisante, spécifiquement moderne, qui n'existe que dans une formation sociale capitaliste. Tentons de clarifier un peu la chose. Le philosophe Gérard Briche (des groupes Krisis et Exit) explique cette question comme cela. Comme chacun sait, le travail abstrait n’est pas une forme spécifique de travail (on le confond trop souvent avec le travail immatériel), c’est la « face abstraite » de tout travail, même le plus concret. En ce sens, on ne peut pas, en toute rigueur, parler de « travail concret » (même si c’est une commodité de langage – mais elle est source de confusion) ; Marx par exemple ne l’utilise pas, ni le théoricien Robert Kurz. On ne devrait parler que de la face concrète du travail (de tout travail), c’est-à-dire de la face particulière de chaque travail particulier, et qui s’oppose à sa face abstraite, créatrice de valeur, commune à tout travail (donc, abstraction faite de sa face concrète). A ce titre, il n’y a de travail abstrait que sous le capitalisme, car il n’y a de travail abstrait que lorsque le travail présente deux faces, dont l’autre est « concrète ». Dire qu’il y a du travail concret avant le capitalisme (donc sans travail abstrait) est, au sens strict, absurde, car avant le capitalisme il n’y a pas ces deux faces du travail ; c’est aussi absurde que de dire qu’il peut y avoir des feuilles avec une page « pile » mais sans page « face ». On peut, par commodité de langage, parler d’un « travail concret » avant le capitalisme, mais c’est pour désigner un travail intégré dans des rapports sociaux qui ne sont pas le capitalisme (rapports politico-religieux, de parenté, de coutume, etc.), comme dit Postone. Ce qui n'a absolument rien à voir avec le travail sous le capitalisme. On peut parler alors de « travail » au sens large, et de « métabolisme avec la nature », même si il faut faire très attention avec ces expressions car elles tendent toujours à projeter la modernité sur la non-modernité. Certes, Marx ne met pas explicitement en question le caractère transhistorique du travail, mais à plusieurs reprises il évoque très clairement une société sans travail, et la disparition du travail (par exemple dans les Manuscrits de 1844 et dans les Grundrisse). Robert Kurz, un continuateur allemand de Postone et qui le dépasse sur certains points (leur grand désaccord est la question de la crise de la valeur, la crise du travail abstrait), ne fait que poser explicitement le problème là où l’expression de Marx le fait comprendre. Là dessus tout le monde est d’accord, Postone, Kurz, Jappe : toutes les sociétés entrent, disons, dans un métabolisme avec la nature mais dans des rapports sociaux qui lui sont propres (et donc pas nécessairement des rapports économiques), et en-dehors du capitalisme on ne peut, en rigueur, appeler ces activités « travail ». C'est complètement anachronique. Les activités subsumées sous le terme de travail dans le capitalisme sont, dans des sociétés différentes, socialisées (médiatisées) différemment (par des rapports politico-religieux, si par exemple on veut suivre Maurice Godelier, avec méfiance tout de même car il reste très clairement dans le fonctionnalisme), au point qu’on peut ne pas identifier comme « travail » ces activités, et que les identifier comme « travail » (au sens moderne) est anachronique (Jean-Pierre Vernant l'a bien montré pour la Grèce antique ou Jacques Le Goff pour le Moyen Age) et, au sens strict, absurde. C'est tout le problème de l'économisme, cette rétroprojection des catégories capitalistes (travail, argent, valeur - au sens de l'interprétation de Postone -, marchandise...) qui sont des formes de vie et de socialisation spécifiquement propres à la formation sociale capitaliste (donc à la modernité), sur les sociétés non-modernes. Pour ces sociétés, on devrait au pire parler de téléologie vitale de l'agir comme dit le phénoménologue Michel Henry, où l'agir n'est qu'un pli du mouvement du s'éprouver soi-même de l'individu dans l'immance de son auto-affectivité, pour se satisfaire. Parler même de " besoins " (naturels, anthropogiques ou culturels) pose problème. Car, en fait le " travail " n'existe pas dans ces sociétés, car cet agir là que nous reconnaissons nous comme une forme de vie et de socialisation qui nous parait naturelle et structurante dans notre société moderne, n'existe pas du tout tel quel et en tant que tel dans ces sociétés non-modernes, cet agir que nous voulons reconnaître forme en réalité un agir beaucoup plus large et spécifique à ces formations sociales non-capitalistes, un agir qui est immédiatement par exemple un rapport politico-religieux et non un rapport économique lié à une soit disante raison utilitaire ou à la subsistance. Les logiques de l'agir sont tout autres que les logiques modernes de l'agir. Le principe de synthèse sociale (de " faire société ") n'est en rien la dépense et la vente d'une capacité de travail qui ainsi me médiatise dans les rapports sociaux capitalistes et qui réflexivement vient me dominer en tant que prestataire et simple support interchangeable d'une médiation sociale abstraite et invisible (la valeur). Dans ces sociétés non-modernes ce n'est pas le travail qui fabrique le social, c'est-à-dire qui crée une interdépendance sociale (une société) spécifique comme dans la société moderne/capitaliste. Il n'est pas du tout en tant que tel une forme de vie et une forme de socialisation. Pour le dire comme Postone, il n'est pas auto-fondant, il ne s'auto-médiatise pas. Les principes de synthèse socale dans ces sociétés y sont tout autre et donc les principes de l'agir aussi. Les matrices de l'agir y sont plus larges (parler d'encastrement de l'économique dans le social comme chez Polanyi, relève encore d'une fonctionnalisme et d'une substantialisme économique comme la remarqué S. Latouche et G. Berthoud). Parler de « travail » ne correspond donc pas à la réalité de ces sociétés, ce serait découper leur réel avec nos catégories d'entendement moderne. C'est tout le débat central avec un courant de l'anthropologie et de l'historiographie qui conteste on le sait, depuis Franz Boas jusqu'à Marshall Sahlins, l'idée même qu'il existerait une raison utilitaire au principe de la vie sociale (cf. « Au coeur des sociétés. Raison utilitaire et raison culturelle » de Sahlins). C'est là un des points très importants de convergence entre la critique de la valeur et certains apports de l'anthropologie. Ainsi, comme le poursuit Gérard Briche, utiliser le mot « travail » pour identifier des activités dans des sociétés non capitalistes, c’est utiliser un signifiant pour lequel il n’y a pas de signifié. Et si on peut utiliser ce signifiant (en précisant « au sens large ») comme le fait parfois Postone, c’est par commodité, mais c’est s’exposer au danger de faire croire que le « travail » est une chose identifiable de manière transhistorique, ce que ce n’est pas. Il y a donc bel et bien invention du travail. Dans les sociétés non-modernes, le travail n'existait pas, on ne s'activait pas avec pour finalité première de subvenir à ses besoins, cela est complètement subsumé par des logiques sociales tout autre qui n'avaient rien à voir avec de la subsistance, de l'économique, une raison utilitaire, etc. On ne peut pas réduire la société et le fait social à des moyens pour répondre à des invariants individuels qui préexisterait à la vie en société. L'individu ne préexiste pas à la société, la société et les logiques de vie de groupe en tant que groupe (comme Mauss définissait les faits sociaux dans « Essai de sociologie ») préexistent à l'individu. (voir ici le bouquin de l'anthropologue François Flahaut, « Le paradoxe de Robinson. Capitalisme et société »)  Dans les sociétés non-modernes, l'économie n'y existait pas, ce n'est pas quelque chose de naturel, d'évident et de transhistorique (on peut voir dans une autre perspective que celle de la critique de la valeur, le livre de Serge Latouche, « L'invention de l'économie »). Postone critique donc le travail en tant que tel car il n'a rien de quelque choe de transhistorique et de transculturel. Justement, d'après cet auteur, de part son contenu (il médiatise et constitue les rapports sociaux dans la société capitaliste/moderne) tout travail est nécessairement aliéné, il ne possède donc pas son caractère aliéné de manière contingente (pour reprendre le lien nécessaire entre le contenu de la valeur - le travail abstrait - et son expression nécessaire, la valeur). On ne libère donc pas le travail de son caractère aliéné, on dépasse le travail, car il n'existe qu'aliéné. On a trop ce réflexe où pour sauver le " travail ", nous projetons au-delà du travail moderne inventé, ce qui en serait sa supposée essence, une sorte d'activité vitale anthopologique fantasmée qui serait au coeur d'un supposé métabolisme structurant l'ensemble des formations sociales historiques entre l'homme et la nature. Si on suit une certaine anthropologie et historiographie, rien pourtant n'indique que cela se soit passé comme cela.  

 

Pour les personnes intéressées par les réflexions de Postone, quelques informations. La sociologue Dominique Méda a fait paraître une longue recension de TTDS dans la revue française de socio-économie (nous y reviendrons). On peut noter aussi qu'une rencontre aura lieu les 27 et 28 janvier 2011 autour de textes de Postone et de Robert Kurz à Lisbonne (infos sur le site portugais « Critica Radical  »), tandis que les sociologues français Alain Maillard (qui avait fait la préface d'un livre de l'historien Edward P. Thompson) et Stephen Bouquin (qui avait coordonné chez Syllepse « Résistances au travail » avec une préface marquée par Jean-Marie Vincent) discuteront le 4 mars 2011 de l'ouvrage de Postone ce printemps dans un séminaire universitaire à Evry. Les 28 et 29 avril de la même année, un colloque coordonné par Postone aura lieu à la New School for social research avec pour thème « The spirit of capital : a conference on Marx and Hegel » (plus d'infos).
Bonne lecture ! 
Palim Psao

 

 

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5 janvier 2011 3 05 /01 /janvier /2011 09:03

On publie intégralement un post  de sans patrie ni frontière car actuellement un débat a commencé, depuis quelque mois  entre France palestine solidarité  et  l'association ouverture de Fontbarlettes.

 

Le pre­mier texte ("Les bol­che­viks, l’Islam et la liberté reli­gieuse", écrit par un mili­tant du SWP et tra­duit par nos soins) avait été posté sur le site mon­dia­lisme.or en 2004 mais pas la rép­onse écrite en 2004 et publiée dans le livre "Islam, isla­misme, isla­mo­pho­bie" publié par nos soins la même année. L’oubli est dés­ormais réparé et nous publions à la suite du texte de David Crouch notre rép­onse. Ni patrie ni fron­tières

Les bol­che­viks, l’Islam et la liberté reli­gieuse Dave Crouch

Cet arti­cle de Dave Crouch est paru dans le numéro de déc­embre 2003 de la Socialist Review, men­suel du Socialist Workers Party, groupe trots­kyste bri­tan­ni­que. Nous sommes en dés­accord total avec la prés­en­tation très par­tiale de l’his­toire com­plexe des rap­ports entre ques­tion reli­gieuse et ques­tion natio­nale en URSS qui est faite dans ce texte. Mais aussi avec l’ana­lyse plus géné­rale du rôle de la reli­gion, ainsi qu’avec l’ana­lyse des causes de la « dégén­ére­scence » de la révo­lution russe et de la poli­ti­que de l’Internationale com­mu­niste. Cependant l’intérêt de cet arti­cle n’est pas d’ordre his­to­ri­que mais poli­ti­que. Il veut accré­diter l’idée que, à la Belle Époque de la révo­lution russe pour les trots­kys­tes (pour sim­pli­fier, les années 1917-1923), la charia (la loi isla­mi­que) a pu vivre en bonne intel­li­gence avec les soviets (sous-entendu le pou­voir des tra­vailleurs) et que donc aujourd’hui l’his­toire pour­rait se répéter. Cette mys­ti­fi­ca­tion his­to­ri­que est moins impor­tante que l’objec­tif poli­ti­que immédiat qu’elle sert : légi­timer des allian­ces poli­ti­ques avec les forces isla­mis­tes actuel­les (comme la Muslim Association of Britain, cf. p. 304-309) et blan­chir les intégr­istes dans les pays musul­mans, comme en tém­oigne la par­ti­ci­pa­tion du SWP aux deux confér­ences inter­na­tio­na­les « anti-impér­ial­istes » du Caire aux côtés des Frères musul­mans égyptiens. Or, c’est cela qui pose pro­blème : il suffit de lire les tém­oig­nages des mili­tants pakis­ta­nais du LPP (cf. p. 72-75) ou ira­kiens ou ira­niens (cf. p. 183-244). Ceux-ci, confrontés à la répr­ession vio­lente des isla­mis­tes ira­kiens et pakis­ta­nais (mais aussi ira­niens), n’ont que faire d’une vision idyl­li­que des amours entre les musul­mans sovié­tiques des années 20 et les bol­che­viks. Ils lut­tent aujourd’hui pour leur survie et pour celle de la classe ouvrière face aux par­ti­sans de la charia.

En embel­lis­sant les isla­mis­tes des années 20, le SWP cher­che à embel­lir les isla­mis­tes actuels pour mieux pou­voir mani­fes­ter à leurs côtés comme cela a été encore le cas réc­emment à Londres devant l’ambas­sade de France. Une poli­ti­que — au mieux — sui­ci­daire comme en tém­oigne le sort des gau­chis­tes ira­niens qui avaient cru sou­te­nir de façon cri­ti­que Khomeiny au début de la « révo­lution ira­nienne » Ils peu­plent aujourd’hui les geôles ou les cime­tières de leur pays. Ni patrie ni fron­tières.]

*********************

Les bol­che­viks, l’Islam et la liberté reli­gieuse

par Dave Crouch

« Les révo­luti­onn­aires peu­vent tirer des leçons de la poli­ti­que des bol­che­viks vis-à-vis des citoyens musul­mans de l’ex-empire russe. »

La révo­lution russe de 1917 a éclaté dans un empire qui abri­tait seize mil­lions de musul­mans — soit dix pour cent de la popu­la­tion totale. La chute du tsa­risme radi­ca­lisa les musul­mans qui exi­geaient la liberté reli­gieuse et les droits natio­naux que leur refu­saient les tsars.

Le 1er mai 1917, le pre­mier Congrès pan­russe des musul­mans se tint à Moscou. À l’issue de débats très vifs, cette assem­blée vota en faveur de la reconnais­sance des droits des femmes, fai­sant des musul­mans russes les pre­miers au monde à libérer les femmes des res­tric­tions qui caracté­risaient les sociétés isla­mi­ques de l’époque. En même temps, les diri­geants conser­va­teurs musul­mans étaient hos­ti­les à tout chan­ge­ment révo­luti­onn­aire. Comment réa­girent à l’époque les marxis­tes russes, les bol­che­viks ?

L’athé­isme

Le marxisme est une concep­tion matér­ial­iste du monde, donc tota­le­ment athée. Mais, parce qu’ils savent que la reli­gion plonge ses raci­nes dans l’oppres­sion et dans l’alié­nation, les partis poli­ti­ques marxis­tes n’exi­gent pas que leurs mem­bres ou leurs sym­pa­thi­sants soient athées. C’est pour­quoi les bol­che­viks n’inclu­rent jamais l’athé­isme dans leur pro­gramme. De fait, ils accueilli­rent des musul­mans de gauche dans les partis com­mu­nis­tes. Le diri­geant bol­che­vik Léon Trotsky remar­qua en 1923 que, dans cer­tai­nes ancien­nes colo­nies de la Russie, près de 15 % des mili­tants du PC étaient musul­mans et évoqua ces « nou­vel­les recrues révo­luti­onn­aires inexpé­rimentées qui tapent en ce moment à notre porte ». Dans cer­tai­nes par­ties de l’Asie cen­trale, les musul­mans représ­entaient jusqu’à 70 % des effec­tifs.

Les bol­che­viks adoptèrent une appro­che très différ­ente vis-à-vis des chrétiens ortho­doxes, reli­gion au ser­vice de l’occu­pa­tion bru­tale des colons russes et des mis­sion­nai­res. La poli­ti­que du Parti en Asie cen­trale, sou­te­nue par Moscou, sti­pu­lait que « l’absence totale de préjugés reli­gieux » n’était une condi­tion d’adhésion indis­pen­sa­ble que pour les Russes. C’est pour­quoi, en 1922, près de mille cinq cents Russes furent expulsés du Parti com­mu­niste du Turkestan à cause de leurs convic­tions reli­gieu­ses, mais pas un seul tur­co­phone.

Les bol­che­viks vou­laient en effet cor­ri­ger les effets des crimes du tsa­risme dans ses ancien­nes colo­nies. Lénine et Trotsky com­pre­naient qu’il ne s’agis­sait pas seu­le­ment d’une ques­tion de jus­tice élém­ent­aire, mais qu’il fal­lait aussi que les bol­che­viks déblaient le ter­rain pour per­met­tre aux divi­sions de classe dans la société musul­mane d’émerger. Après la révo­lution de 1917, cer­tains colons russes d’Asie cen­trale avaient adhéré au parti bol­che­vik, mais ils usurpèrent le slogan de « Tout le pou­voir aux soviets » et le retournèrent contre la popu­la­tion locale, majo­ri­tai­re­ment pay­sanne. Pendant deux ans, la région fut coupée de Moscou par la guerre civile, par conséquent ces « bol­che­viks » auto­pro­clamés eurent les mains libres pour persé­cuter les peu­ples indigènes. C’est pour­quoi une rév­olte isla­miste armée éclata, celle des Basmatchis. Lénine parla de l’impor­tance « gigan­tes­que, his­to­ri­que » de redres­ser la situa­tion. En 1920, il ordonna « d’envoyer dans des camps de concen­tra­tion en Russie tous les anciens mem­bres de la police, de l’armée, des forces de sécurité, de l’admi­nis­tra­tion, etc., qui étaient des pro­duits de l’ère tsa­riste et qui rôdaient autour du pou­voir sovié­tique [en Asie cen­trale ] parce qu’ils y voyaient la perpét­uation de la domi­na­tion russe ».

Les monu­ments, les livres et les objets sacrés isla­mi­ques volés par les tsars furent rendus aux mos­quées. Le ven­dredi — jour sacré pour les musul­mans — fut déclaré jour férié dans toute l’Asie cen­trale. Un système juri­di­que parallèle fut créé en 1921, avec des tri­bu­naux isla­mi­ques qui admi­nis­traient la jus­tice selon les lois de la charia. L’objec­tif était que les gens aient le choix entre la jus­tice révo­luti­onn­aire et la jus­tice reli­gieuse. Une com­mis­sion spéc­iale concer­nant la Charia fut créée au sein du Commissariat sovié­tique à la jus­tice.

On inter­dit cer­tains des châtiments prônés par la charia (comme la lapi­da­tion ou le fait de couper une main) car ils contre­di­saient le droit sovié­tique. Les décisions des tri­bu­naux isla­mi­ques concer­nant ces ques­tions devaient être confirmées par une juri­dic­tion supéri­eure.

Certains tri­bu­naux isla­mi­ques défiaient la loi sovié­tique, en refu­sant, par exem­ple, d’accor­der le divorce aux femmes qui en fai­saient la demande, ou en considérant que le tém­oig­nage d’une femme valait seu­le­ment la moitié de celui d’un homme. C’est ainsi qu’en déc­embre 1922 un décret intro­dui­sit la pos­si­bi­lité qu’une affaire soit rejugée devant les tri­bu­naux sovié­tiques si l’une des par­ties le réc­lamait.

Même ainsi, entre 30 et 50 % de toutes les affai­res étaient résolues par des tri­bu­naux isla­mi­ques, et en Tchétchénie le chif­fre mon­tait à 80 %. Un système d’édu­cation parallèle fut aussi établi. En 1922 les droits de cer­tains biens waqf (1) furent rendus à l’admi­nis­tra­tion musul­mane, à condi­tion qu’ils soient uti­lisés à des fins édu­ca­tives. Cela sti­mula donc la création des madra­sas (écoles reli­gieu­ses). En 1925, les 1 500 écoles musul­ma­nes de l’État du Daghestan, dans le Caucase, accueillaient 45 000 étudiants, et cet État ne comp­tait que 183 écoles publi­ques. Par com­pa­rai­son, en novem­bre 1921, les mille écoles sovié­tiques de toute l’Asie cen­trale ne rece­vaient que 85 000 élèves — chif­fre très modeste par rap­port à la jeu­nesse sco­la­ri­sa­ble dans cette région.

Le Commissariat aux affai­res musul­ma­nes, qui siégeait à Moscou, super­vi­sait la poli­ti­que russe envers l’Islam. Des musul­mans aux connais­san­ces marxis­tes très limitées occu­paient des posi­tions élevées dans ce ministère. Il en rés­ulta une scis­sion dans le mou­ve­ment isla­mi­que. Les his­to­riens s’accor­dent à dire que la majo­rité des diri­geants musul­mans sou­te­naient les soviets, convain­cus que le pou­voir sovié­tique garan­tis­sait la liberté reli­gieuse.

Les musul­mans eurent une dis­cus­sion appro­fon­die sur l’exis­tence d’une simi­li­tude entre les valeurs isla­mi­ques et les prin­ci­pes socia­lis­tes. À l’époque on enten­dait sou­vent des slo­gans comme « Vive le pou­voir des soviets, vive la charia ! » « Vive la liberté, la reli­gion et l’indép­end­ance natio­nale ! » Les par­ti­sans d’un « socia­lisme isla­mi­que » appe­laient les musul­mans à créer des soviets.

Alliances

Les bol­che­viks conclu­rent des allian­ces avec le groupe panis­la­mi­que kazakh des Ush-Zhuz (qui rejoi­gni­rent le PC en 1920), les guér­illas panis­la­mis­tes ira­nien­nes des Jengelis et les Vaisites, orga­ni­sa­tion soufie. Au Daghestan, le pou­voir sovié­tique dut en grande partie son exis­tence aux par­ti­sans du diri­geant musul­man Ali Hadji Akushinskii. En Tchétchénie, les bol­che­viks recrutèrent Ali Mataev, diri­geant d’un puis­sant ordre soufi, qui pré­sida le Comité révo­luti­onn­aire tchétchène. Dans l’Armée Rouge les « bataillons isla­mi­ques » du mollah Katkakhanov regrou­paient des dizai­nes de mil­liers de sol­dats.

Lors du pre­mier Congrès des peu­ples de l’Orient, qui se tint à Bakou en sep­tem­bre 1920, les diri­geants bol­che­viks russes lancèrent un appel à la « guerre sainte » contre l’impér­ial­isme occi­den­tal. Deux années plus tard, le qua­trième congrès de l’Internationale com­mu­niste approuva la poli­ti­que d’allian­ces avec les panis­la­mis­tes contre l’impér­ial­isme. Moscou employa déli­bérément des trou­pes non russes pour com­bat­tre en Asie cen­trale — ils envoyèrent des détac­hements de Tatars, de Bashkirs, de Kazakhs, d’Ouzbeks et de Turkmènes se battre contre les enva­his­seurs anti­bol­che­viks. Les sol­dats tatars cons­ti­tuaient plus de 50 % des trou­pes sur le front de l’Est et dans le Turkestan pen­dant la guerre civile.

La poli­ti­que des bol­che­viks dans l’Armée Rouge ne cons­ti­tuait qu’un des aspects d’une poli­ti­que glo­bale : ils vou­laient en effet s’assu­rer que les peu­ples non russes contrôlent eux-mêmes les nou­vel­les répub­liques auto­no­mes dans les ancien­nes colo­nies de l’empire tsa­riste. Cela impli­quait le départ des colons russes et cosa­ques — dans le Caucase et en Asie cen­trale, les colons furent encou­ragés à reve­nir en Russie, et dans cer­tains cas chassés de force. La langue russe cessa d’être la langue domi­nante et les lan­gues autoch­to­nes furent employées dans les écoles, les admi­nis­tra­tions, les jour­naux et l’édition.

On créa un pro­gramme massif de « dis­cri­mi­na­tion posi­tive » (comme on l’appel­le­rait aujourd’hui). Les représ­entants des natio­na­lités allogènes furent promus à des posi­tions diri­gean­tes dans l’État et dans les partis com­mu­nis­tes, et on leur donna la pré­fér­ence en matière d’emploi sur les Russes. On créa des uni­ver­sités pour former une nou­velle géné­ration de diri­geants natio­naux non russes.

Cependant les efforts pour garan­tir la liberté reli­gieuse et les droits natio­naux étaient cons­tam­ment minés par la fai­blesse de l’éco­nomie. L’iso­le­ment de la révo­lution russe signi­fiait qu’une pau­vreté ter­ri­fiante fai­sait peser une menace mor­telle sur le régime sovié­tique. Déjà en 1922, les sub­ven­tions de Moscou à l’Asie cen­trale durent être dimi­nuées et on ferma de nom­breu­ses écoles publi­ques. Les pro­fes­seurs aban­don­naient leurs postes faute de tou­cher un salaire. Cela signi­fiait que les écoles musul­ma­nes en vin­rent à représ­enter la seule solu­tion pour la popu­la­tion. « Quand vous ne pouvez four­nir du pain, vous n’osez enle­ver aux gens son sub­sti­tut », déc­lara Lounatcharky, com­mis­saire du peuple à l’Éduc­ation. On sup­prima les sub­ven­tions aux tri­bu­naux isla­mi­ques entre la fin de 1923 et le début de 1924. Mais des fac­teurs éco­no­miques empêchaient déjà les musul­mans de porter plainte au tri­bu­nal. Si, par exem­ple, une jeune femme refu­sait d’accep­ter un mariage arrangé par sa famille ou de se marier à un mari déjà poly­game, elle avait peu de chan­ces de sur­vi­vre parce qu’elle ne pou­vait trou­ver ni tra­vail ni loge­ment indép­endant.

Enfin, la bureau­cra­tie sta­li­nienne accrut sa main­mise sur la révo­lution. De plus en plus, elle s’atta­qua à ce qu’elle appe­lait les « dév­iations natio­na­lis­tes » dans les Républiques non russes et encou­ra­gea la renais­sance du chau­vi­nisme grand-russe. À partir de la seconde moitié des années 20, les sta­li­niens com­mencèrent à pla­ni­fier une atta­que fron­tale contre l’Islam au nom du droit des femmes. Le slogan prin­ci­pal de leur cam­pa­gne était « khudz­hum », c’est-à-dire atta­que, agres­sion, offen­sive.

Le khudz­hum entra en action mas­si­ve­ment le 8 mars 1927, à l’occa­sion de la journée inter­na­tio­nale des femmes. Au cours de mee­tings de masse, on appela les femmes à enle­ver leur voile. De petits grou­pes de musul­ma­nes autoch­to­nes montèrent sur des podiums et se dévoilèrent en public, après quoi on brûla leurs voiles. Cette opé­ration gro­tes­que ren­ver­sait com­plè­tement les prio­rités du marxisme. Nous étions bien loin de l’époque où les mili­tan­tes bol­che­vi­ques se voi­laient pour mener un tra­vail poli­ti­que dans les mos­quées. Cette poli­ti­que était à des années-lumière des ins­truc­tions de Lénine qui déc­larait : « Nous sommes abso­lu­ment opposés à toute offense contre les convic­tions reli­gieu­ses ». Inévitablement le « khudz­hum » pro­vo­qua une réaction en retour. Des mil­liers d’enfants musul­mans, spéc­ia­lement des filles, furent retirés des écoles sovié­tiques par leur famille et dém­issionnèrent des jeu­nes­ses com­mu­nis­tes. Des femmes non voilées furent agressées dans les rues, par­fois violées et des mil­liers d’entre elles furent tuées. L’offen­sive contre l’Islam marqua le com­men­ce­ment d’une rup­ture bru­tale avec la poli­ti­que révo­luti­onn­aire inau­gurée en octo­bre 1917. Tandis que l’Union sovié­tique lançait un pro­gramme d’indus­tria­li­sa­tion forcée, les diri­geants natio­naux et reli­gieux musul­mans furent phy­si­que­ment éliminés et l’Islam plon­gea dans la clan­des­ti­nité. Le rêve de la liberté reli­gieuse fut enterré lors de la Grande Terreur des années trente.

Dave Crouch

(Traduit par Ni patrie ni fron­tières)

(1). Waqf : biens (terres, bou­ti­ques, etc.) dont les reve­nus ser­vent à entre­te­nir ou cons­truire des bâtiments reli­gieux (mos­quées, madra­sas) mais aussi des édi­fices d’intêrêt public (hôpitaux, ponts, cana­li­sa­tions). Ce système était très rép­andu au Moyen Age et avait éga­lement de gros avan­ta­ges pour les riches. Il leur per­met­tait en effet d’éviter que l’on confis­que éventu­el­lement leur for­tune mais aussi de tour­ner les règles musul­ma­nes en matière d’héri­tage. Les biens waqf étaient considérés comme sacrés et le cadi (représ­entant local du pou­voir judi­ciaire) était chargé de les gérer. Au XXe siècle le système du waqf a pro­gres­si­ve­ment dis­paru dans les pays musul­mans, sauf en Iran (N.d.T.)

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Le SWP et l’Islam ou les silen­ces des agneaux (trots­kys­tes)

Tout comme le parti mao-sta­li­nien belge, le PTB, le SWP est passé à la vitesse supéri­eure dans sa cour effrénée aux isla­mis­tes, tant au niveau inter­na­tio­nal que bri­tan­ni­que : prés­ence aux confér­ences « anti-impér­ial­istes » du Caire aux côtés des Frères musul­mans égyptiens et listes com­mu­nes avec le MAB bri­tan­ni­que dans le cadre de la coa­li­tion Respect pour les pro­chai­nes élections. C’est dans ce cadre qu’il faut situer l’arti­cle de Dave Crouch qui pré­cède celui-ci. Cet arti­cle est un véri­table chef-d’œuvre de dupe­rie poli­ti­que tant par ce qu’il dit que par ses silen­ces.

L’URSS de Lénine était-elle le para­dis de la « liberté reli­gieuse » ?

Dès le sous-titre l’auteur annonce la cou­leur : son arti­cle porte les « libertés reli­gieu­ses ». Or, pas une seule fois il ne men­tionne le groupe reli­gieux le plus impor­tant en URSS, l’Église ortho­doxe, ni les autres reli­gions qui ont été vic­ti­mes de persé­cutions en URSS. Pourquoi ? Parce qu’il lui aurait été très dif­fi­cile d’expli­quer d’un côté que les bol­che­viks étaient des par­ti­sans de la liberté reli­gieuse, et de l’autre qu’ils se sont affrontés très vio­lem­ment à l’Église ortho­doxe tout comme aux reli­gions mino­ri­tai­res comme les juifs ou les catho­li­ques. Certes, on peut tou­jours rét­orquer que en URSS, comme pen­dant la Révolution franç­aise, les forces reli­gieu­ses se sont opposées radi­ca­le­ment à la Révolution et que donc les bol­che­viks n’ont fait que ripos­ter à de méchants reli­gieux réacti­onn­aires. Mais alors on des­cend du ciel éthéré des « libertés reli­gieu­ses » au ter­rain plus concret de la lutte poli­ti­que.

En dis­si­mu­lant la féroce répr­ession dont été vic­ti­mes les ortho­doxes russes (dès 1918 aux îles Solovki, les réfr­act­aires reli­gieux cre­vaient de faim et étaient contraints à des tra­vaux forcés où ils mou­raient d’épui­sement) le SWP bri­tan­ni­que veut faire croire à ses lec­teurs musul­mans que l’URSS était le para­dis de la liberté reli­gieuse, ce qui est un gros­sier men­songe par omis­sion.

Depuis 1917, la situa­tion de l’islam dans le monde a com­plè­tement changé

a) L’immense majo­rité des pays du monde ne vivent plus dans un système quasi « féodal » où la majo­rité des gens seraient sous la coupe de reli­gieux igno­rants et vivraient dans les cam­pa­gnes du tra­vail de la terre.

b) L’indus­tria­li­sa­tion a touché toutes les zones du monde, et le sala­riat s’est géné­ralisé, même si l’alié­nation reli­gieuse per­siste sous ses formes les plus archaïques. Il existe une classe ouvrière non nég­lig­eable dans pres­que tous les pays dits musul­mans, en tout cas en Asie et au Moyen-Orient.

c) Depuis cin­quante ans (voire depuis quatre-vingts ans en Turquie) les pays musul­mans ont acquis leur indép­end­ance natio­nale.

d) Dans les pays impér­ial­istes développés où il existe des com­mu­nautés musul­ma­nes (en Grande Bretagne d’ailleurs celle-ci est majo­ri­tai­re­ment asia­ti­que et non ara­bo­phone, tur­co­phone ou berbé­rop­hone) ces com­mu­nautés sont tra­versées par des débats poli­ti­ques moder­nes qui ne por­tent pas uni­que­ment sur l’inter­pré­tation de la charia méd­iévale.

e) De plus si l’on prend le cas de la France la der­nière esti­ma­tion de la démog­raphe Michèle Tribalat considère que seul un tiers des trois mil­lions de musul­mans français sont pra­ti­quants.

En raison de ces considé­rations élém­ent­aires, les leçons que l’on peut tirer de l’expéri­ence sovié­tique sont déjà extrê­mement limitées. Tout sim­ple­ment parce que la ques­tion reli­gieuse ne se pose plus du tout de la même façon. Certes les intégr­istes les plus obtus vou­draient reve­nir au cali­fat, au Moyen Age flam­boyant de l’islam mais leurs diri­geants et leurs cadres poli­ti­ques vivent dans des gran­des villes, ont fait des études supéri­eures, habi­tent dans des pays qui ne sont plus dominés direc­te­ment par l’impér­ial­isme, etc. Et cela l’arti­cle ne le dit pas et le dis­si­mule sciem­ment car cela rui­ne­rait tout l’intérêt de se pen­cher sur la situa­tion des répub­liques musul­ma­nes sovié­tiques durant les années 20.

A quoi a abouti la poli­ti­que de « guerre sainte à l’impér­ial­isme » ?

Dave Crouch cite avec enthou­siasme les propos de Sultan Zadeh qui vou­lait marier « guerre sainte » et socia­lisme. On a vu le rés­ultat. L’Internationale com­mu­niste dès le Congrès de Bakou (1920) prône une poli­ti­que de la main tendue aux natio­na­lis­tes des pays du tiers monde. Pendant soixante-dix ans les intérêts de l’Etat sovié­tique ont pré­valu sur la révo­lution socia­liste, ou même sur toute révo­lution démoc­ra­tique bour­geoise dans les pays sous-développés. Les partis com­mu­nis­tes locaux ont mené une poli­ti­que sui­ci­daire. Ce n’est pas un hasard si dans aucun pays musul­man (sauf l’Irak pen­dant une pér­iode) ils n’ont réussi à gagner une implan­ta­tion déci­sive dans la classe ouvrière. Très tôt, les bol­che­viks ont fait de la lutte anti-impér­ial­iste une prio­rité pour sauver LEUR Etat — qui n’était pas celui de la classe ouvrière. On peut com­pren­dre que le SWP n’ait pas cette vision de l’his­toire, mais le mini­mum d’honnêteté aurait été de reconnaître que le mariage entre islam et socia­lisme a été tenté de nom­breu­ses fois, et sous de nom­breu­ses formes, depuis un siècle (sou­tien au pana­ra­bisme, sou­tien aux dic­ta­teurs tels que Saddam Hussein) et qu’il a lamen­ta­ble­ment échoué. Plutôt que de se deman­der pour­quoi, Dave Crouch pro­pose de reve­nir aux ori­gi­nes c’est-à-dire à une alliance avec les forces les plus réacti­onn­aires et les plus obs­cu­ran­tis­tes qui sou­tien­nent la charia.

Qu’est-ce que la charia ?

Dave Crouch affirme tran­quille­ment dans son arti­cle que l’on pou­vait (et donc sup­pose-t-on que l’on peut encore) marier la charia et le droit « socia­liste » :` Or il « oublie » de pré­ciser que la charia repose sur l’idée

1) que croyants et non-croyants doi­vent obéir aux mêmes lois, les lois édictées par Dieu dans le Coran et dont l’inter­pré­tation fait l’objet de la « science » des hadith, « science » pour les­quels seuls sont compétents les digni­tai­res reli­gieux musul­mans ;

2) que la vie et la parole d’un croyant n’ont pas la même valeur (c’est pour­quoi tous ceux qui prét­endent que les Juifs avaient les mêmes droits dans l’ Espagne méd­iévale ou dans les pays musul­mans ne se sont même pas donnés la peine de se ren­sei­gner.)

Cela signi­fie que, pour le droit isla­mi­que, si un musul­man tue un non-musul­man, la peine n’est pas la même que s’il tue un autre musul­man. En clair on peut tuer, violer, déva­liser un Juif, un chrétien ou un athée, en ris­quant une simple amende. Il est évident que la loi sovié­tique (qui n’était de toute façon pas une loi socia­liste) ne pou­vait coexis­ter paci­fi­que­ment avec un tel système juri­di­que fondé sur une série d’iné­galités fon­da­men­ta­les. Sans parler de l’iné­galité entre musul­mans eux-mêmes de sexe différent, du droit de frap­per sa femme, de la poly­ga­mie, du droit d’héri­tage, de la lapi­da­tion des femmes adultères, etc.

Ce que Dave Crouch décrit dans son arti­cle c’est un fait indén­iable : les condi­tions n’étaient pas mûres pour la révo­lution socia­liste à tous les points de vue. Mais comme il ne veut pas le reconnaître il nous décrit une coexis­tence idyl­li­que entre deux droits (dont l’un le droit sovié­tique n’était qu’un droit démoc­ra­tique bour­geois radi­cal) et veut nous faire croire que l’un aurait pu gagner sur l’autre par la simple vertu de la per­sua­sion, s’il n’y avait pas eu le méchant Staline et ses par­ti­sans si intolérants.

Religions et droits démoc­ra­tiques

Les révo­luti­onn­aires ne se pré­oc­cupent pas de la fumeuse « liberté reli­gieuse » mais des droits démoc­ra­tiques élém­ent­aires : liberté de cons­cience, liberté de presse, liberté d’orga­ni­sa­tion, etc. Ni les Égl­ises chréti­ennes, ni les auto­rités juives, isla­mi­ques ou boud­dhis­tes n’ont jamais accepté et n’accep­te­ront jamais de bon cœur la liberté de pensée et de cons­cience. Au cours de l’his­toire, elles n’ont cédé leur pou­voir de contrôle sur ce que pen­sent et font les peu­ples que lorsqu’on les y a forcées. Il suffit de voir com­ment les partis reli­gieux qui ne représ­entent que 10% des voix en Israël impo­sent aux 90 % res­tants que leurs mem­bres ne fas­sent pas le ser­vice mili­taire (ce qui ne les empêche pas de pous­ser leurs conci­toyens à ris­quer leur peau tous les jours pour le Grand Israël). Pourquoi ce qui est vala­ble pour les reli­gieux juifs (cibles favo­ri­tes de l’extrême gauche anti­sio­niste) ne le serait pas pour les pro­tes­tants, les catho­li­ques ou les musul­mans ? Pourquoi ces der­niers seraient-ils moins gour­mands que les reli­gieux israéliens qui, de plus, vivent dans un État mille fois plus démoc­ra­tique (pour ses pro­pres res­sor­tis­sants bien sûr pas pour les Palestiniens) que l’Iran ou l’Arabie saou­dite ?

Le pro­blème se com­pli­que encore davan­tage avec l’islam actuel, car on a affaire à des partis isla­mis­tes qui pro­po­sent une inter­pré­tation de la reli­gion et qui l’ont imposée très concrè­tement (Etats du Golfe, tali­bans, Iran, etc.) Les grou­pes poli­ti­ques qui en France, en Grande-Bretagne (le PMF ou la MAB) ou ailleurs se ser­vent des ques­tions reli­gieu­ses doi­vent rendre des comp­tes sur les forces poli­ti­ques dont ils se réc­lament (Frères musul­mans, FIS, etc.) voire les régimes poli­ti­ques qui déf­endent les mêmes prin­ci­pes reli­gieux qu’eux.

Même Tarik Ramadan, qui se livre à d’écœurants dis­cours répub­li­cano-citoyen­nis­tes, ne se montre jamais soli­daire du combat des fémin­istes ou des démoc­rates dans les pays musul­mans. ` Les révo­luti­onn­aires doi­vent être cons­cients des dis­cri­mi­na­tions, y com­pris reli­gieu­ses dont sont vic­ti­mes les musul­mans dans les pays occi­den­taux. Nous pou­vons dén­oncer le fait qu’un maire refuse d’accor­der le permis de cons­truire pour une mos­quée mais allons-nous mani­fes­ter avec les musul­mans d’une com­mune sur ce thème ? Non. Parce que nous sommes hos­ti­les à la reli­gion et que les reli­gieux nous sont hos­ti­les. Nous n’avons pas la même vision du monde et nous n’avons pas la même vision des libertés élém­ent­aires.

Si les reli­gieux le pou­vaient (et là où ils le peu­vent ils le font) ils nous met­traient en prison ou nous liqui­de­raient. Nous ne sommes pas pour leur rendre la pareille ici et main­te­nant, mais nous ne sommes pas naïfs. Nous n’allons pas les aider à cons­truire la prison dans laquelle ils nous enfer­me­ront demain. Et dès aujourd’hui le fou­lard est une prison. Les révo­luti­onn­aires doi­vent mon­trer à quoi abou­tit le dis­cours sur la "pudeur de la femme musul­mane" (dixit le grand radi­cal Ramadan) : à frap­per ou à violer celles qui ne sont pas d’accord.

Et à ce sujet l’arti­cle de Dave Crouch est révé­lateur : il évoque le viol et le meur­tre des femmes musul­ma­nes non voilées dans les répub­liques musul­ma­nes sovié­tiques , mais il n’a pas un mot pour condam­ner les auteurs de ces meur­tres de masse commis au nom de la reli­gion musul­mane. Pour lui, seuls les com­mu­nis­tes intolérants seraient res­pon­sa­bles de ces meur­tres !

Toutes les femmes qui aujourd’hui vivent sans voile dans l’espace public dans les pays musul­mans et non-musul­mans ne peu­vent qu’être hor­ri­fiées devant les propos de ce révo­luti­onn­aire (et qui se croit sans doute fémin­iste). Islamisme et théo­logie de la libé­ration, mêmes illu­sions Sur le fond, tous les dis­cours sur l’islam (ou sur la reli­gion) "expres­sion de la rév­olte des pau­vres" sont une escro­que­rie intel­lec­tuelle. Ce dis­cours était déjà tenu par le Parti com­mu­niste français il y a qua­rante ans quand il essayait de faire une OPA sur les prêtres ouvriers et sur la JOC. Dans les pays d’Amérique latine la théo­logie de la libé­ration a exercé une grande influence dans des pays aussi divers que le Nicaragua ou le Brésil. Mais quel est le bilan des rap­ports entre les éléments les plus radi­caux de l’Eglise catho­li­que et le mou­ve­ment ouvrier et marxiste ? Nul. Les prêtres ouvriers ont dis­paru. La JOC aussi. La théo­logie de la libé­ration a abouti soit à des guér­illas sui­ci­dai­res, soit à la par­ti­ci­pa­tion à des gou­ver­ne­ments qui n’ont rien changé de fon­da­men­tal (les san­di­nis­tes, le PT bré­silien), soit à des ONG qui font du social (acti­vité utile mais qui n’a rien de révo­luti­onn­aire).

Parmi les isla­mis­tes (MAB, PMF, etc.) aucun cou­rant ne s’appro­che un tant soit peu des cou­rants catho­li­ques marxi­sants qui ont existé dans le passé, et même s’ils s’en appro­chaient un peu d’un point de vue idéo­lo­gique, ce qu’ils ont donné suf­fi­rait à nous mettre en garde contre toute illu­sion d’évo­lution de ces gens-là. La reli­gion n’a rien à pro­po­ser sur le ter­rain poli­ti­que et social. Ou plus exac­te­ment si : la conser­va­tion de l’ordre exis­tant. Lorsque cer­tains mél­angent marxisme et reli­gion ils ne créent qu’une bouillie infâme, une confu­sion totale. Le SWP fait un bien mau­vais calcul en se livrant à des manœuvres de séd­uction vis-à-vis des isla­mis­tes. Si en France les électeurs de droite, racis­tes ou réacti­onn­aires pré­fé­reront sans doute encore long­temps Le Pen à sa copie soft (Sarkozy-Chirac), il en est de même en ce qui concerne les musul­mans intégr­istes : ils pré­fé­reront le FIS, les tali­bans, les pash­da­ran, à des révo­luti­onn­aires athées. Même si ces der­niers leur expli­quent qu’on peut mél­anger les soviets à la Charia...

(Y.C., Ni patrie ni fron­tières, mai 2004)

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4 janvier 2011 2 04 /01 /janvier /2011 09:11

 

 


Origine : http://perso.orange.fr/marxiens/politic/subvert/ecorev/rev0/nouvesca.htm


Notice : Luc Boltanski est un sociologue proche de Bourdieu (dont il a repris le concept de critique artiste définie dans Les règles de l'Art et opposé à la critique sociale). Il a été aussi l'élève de Hirschman auquel il prend l'idée de l'influence de la critique selon deux modalités voice (protestation argumentée) et exit (fuite, défection), cette dernière étant la plus décisive. Il a étudié depuis longtemps le problème de la motivation des cadres. Enfin il est un des fondateurs du conventionnalisme en particulier dans sa théorie de la justification consistant à insister non pas sur les institutions mais sur les conventions qui "justifient" les acteurs à leurs propres yeux par des épreuves (examens, votes, etc.) où peuvent être évaluées la juste grandeur de chacun plutôt que la simple force. Ces épreuves sont regroupés sous le terme de Cité désignant un ensemble cohérent et partagé de principes de justification sur lesquels une critique peut s'appuyer valablement (elle est partie intégrante de la justification et constitue le moteur de ses évolutions).

Son dernier livre avec Eve Chiapello "trace les contours du nouvel esprit du capitalisme à partir d'une analyse inédite des textes de management qui ont nourri la pensé du patronat, irrigué les nouveaux modes d'organisation des entreprises : dès le début des années 70, le capitalisme renonce au principe fordiste de l'organisation hiérarchique du travail pour développer une nouvelle organisation en réseau, fondée sur l'initiative des acteurs et l'autonomie relative de leur travail, mais au prix de leur sécurité matérielle et psychologique." C'est la partie passionnante. Mais il prétend aussi relancer la critique car "La véritable crise n'est pas celle du capitalisme, mais de la critique du capitalisme" et "Ce nouvel esprit du capitalisme a triomphé grâce à la formidable récupération de la critique artiste". Ce qui est très contestable.

Le nouvel esprit du capitalisme

Introduction générale, de l'esprit du capitalisme et du rôle de la critique

I. Le discours de management des années 90
II. La formation de la cité par projets

III. 1968. Crise et renouveau du capitalisme
IV. La déconstruction du monde du travail
V. L'affaiblissement des défenses du monde du travail

VI. Le renouveau de la critique sociale
VII. A l'épreuve de la critique artiste
Conclusion, force de la critique
Post-Scriptum, la sociologie contre les fatalismes

L'introduction met en place la définition des termes et le rôle de la critique, distinguant aussi les 3 types successifs de capitalisme (patron propriétaire, directeur d'usine, manager de réseau) auxquels correspondent des esprits différents. Le premier chapitre donne un aperçu de la littérature sur le management et surtout le passage de la direction par objectifs aux réseaux, de l'investissement pour l'entreprise à l'épanouissement personnel (coachs). Le chapitre II fait une synthèse du nouveau management dans la description d'une Cité par projets, essayant de dégager les rôles et les nouvelles échelles de valeur d'une production en réseaux. Les chapitres suivants sont un sombre tableau des échecs de la critique (divisée entre artiste et sociale) et de ses récupérations par le renouveau capitaliste : de la déconstruction du monde du travail, du recul social depuis 1968 et de l'affaiblissement des défenses du monde du travail. Ensuite on passe aux pistes d'un renouveau de la critique sociale (dénonciation de l'exclusion et de l'exploitation par la mobilité) qui vise un "capitalisme juste", la mise en place de la Cité par projets et, principalement, des règles de rémunération plus "justes" ainsi que la déconnexion du statut et de l'emploi (Supiot). De son côté la critique artiste devrait passer d'une demande de mobilité à une exigence de sécurité comme facteur de libération, renoncer à l'authentique mais limiter la sphère marchande. La conclusion répète et systématise la théorie des Cités et le rôle moteur donné à la critique que le post-scriptum voudrait relancer mais simplement pour rendre le capitalisme plus juste et plus durable.

 

Critique

# Le renouveau de la social-démocratie

Il est sans doute trop tôt pour juger de la portée de ce gros livre mais dans le concert de louanges qu'il a d'ores et déjà reçu, il n'est pas mauvais de mettre un bémol, en particulier pour sa signification médiatique. Ce livre aura du succès car il fournit un schéma d'explication simple qui rend lisible notre mutation économique et sociale mais ce qu'on nous présente comme le grand retour de la pensée-critique n'est, en fait, que l'aggiornamento de la social-démocratie, d'une véritable 3ème voie moins archaïque que les vieilleries libérales de Blair et Schröder. C'est la dernière chance de sauver le capitalisme par le merveilleux projet d'un "capitalisme juste" (on va même jusqu'à parler de "capitalisme gauchiste"). C'est donc le retour des philanthropes et il y a quelqu'escroquerie à présenter ce réformisme capitaliste comme un renouveau de la contestation radicale. Cela ne veut pas dire qu'il n'y a là rien de nouveau. Ce capitalisme intelligent suffit à démoder tout ce qui le précède et clarifie les enjeux actuels. Il constitue une mise à jour indispensable, non sans apporter aussi, son lot de confusions.

"Le nouvel esprit du capitalisme" participe en effet à la définition du nouveau paradigme, à la modernisation du capitalisme qu'il normalise plus qu'il ne le critique, neutralisant d'ailleurs cette critique tout en faisant mine de l'encourager. Il témoigne pourtant bien de changements réels dans la production. Il est souvent passionnant lorsqu'il déroule les faits économiques des dernières décennies et la dégradation des protections sociales, car son point de vue met bien en relief les ruptures dans les discours et modèles dominants. Le nouvel esprit démontre là qu'il est bien le meilleur critique de la phase antérieure et dépassée du capitalisme.

On peut lui savoir gré aussi de son départ sur la distinction du marché et du capitalisme qui est tout-à-fait salutaire, contredisant l'idéologie libérale en assimilant le capitalisme à une rente, c'est-à-dire un certain degré de protection de la concurrence qui, par contre, s'applique beaucoup plus durement au marché du travail. Tous ceux qui ignorent la littérature du management y puiseront une information nécessaire sur les discours dirigeants. La vulgarisation de la théorie des réseaux (R. Burt) est très utile, ainsi que l'analyse de la mobilité mais il nous faut avaler avec, hélas : Weber, Bourdieu, la théorie de la justification et le point de vue du management lui-même, ses typologies de marketing et sa vision platement libérale.

# La sociologie comme idéologie

A cette critique politique, nous devons ajouter, en effet, une critique méthodologique car malgré la justesse de certaines analyses, l'outillage intellectuel est trop pauvre et l'attirail théorique trop simplificateur. Ainsi, il faut rejeter les prétentions d'une histoire idéologique souvent bien naïve, surtout lorsqu'il s'agit du capitalisme comme système structurant l'ensemble de la société. On peut se passer de l'introduction et de la conclusion, ainsi que de la plupart des considérations théoriques qui sont bien insuffisantes et parfois vraiment navrantes.

Bien que largement supérieur, et plus centré sur les réalités économiques, "Le nouvel esprit du capitalisme" peut faire penser par certains côtés au "Passé d'une illusion" de Furet, comme son contre-pied médiatique. J'y vois les mêmes impasses d'une histoire idéologique, les mêmes naïvetés que René Girard (très apprécié aussi d'Orléan) et des relents de "La pensée 68" de Ferry et Renaud. Parfois on nous ferait croire que c'est pour faire plaisir à quelques gauchistes que le capitalisme mondial a évolué vers les réseaux et l'autonomie !

Si on peut recommander la fresque qu'il nous dessine de la mutation du capitalisme, il sait aussi nous flatter par l'impression qu'il donne de surplomber le siècle. La position du sociologue est commode, en effet, permettant de passer d'un concept comme l'authenticité chez Heidegger, Sartre ou Debord à sa version marketing pour croire réfuter ensuite tous ces penseurs en critiquant sa caricature marchande (et d'en déduire même un perte de confiance généralisée...).

De même le dualisme de la "critique sociale" et la "critique artiste" est commode pour l'exposition (à des managers) mais impossible à tenir jusqu'au bout. Comme avec tout idéal-type, il n'y a là que pure fiction animée par le sociologue transformé en agile metteur en scène. On construit des fantômes (le capitalisme d'un côté, la critique de l'autre) et on fait de l'histoire le reflet de leurs combats imaginaires. C'est une caricature de la véritable dialectique, l'unité historique du sujet et de l'objet comme processus réel. Car la causalité est Métaphysique (cognitive) autant que matérielle (règne de la Technique), elle tient au Droit et à la représentation autant qu'au bon marché des marchandises. L'idéologie se formalise dans des institutions régulatrices produites par le processus autant que le produisant. Il n'y a pas d'autonomie réelle de l'idéologie par rapport à l'économie, mais l'inverse est vrai aussi, il n'y a pas de véritable autonomie de l'économie par rapport à l'idéologie.

Bien que ce soit beaucoup trop trivial, je trouve ainsi plus rationnelle la mise en série des théories économiques avec les cycles de Kondratieff (qui sont des cycles démographiques autant qu'économiques) où l'épuisement de la pensée critique peut être reliée aux fins de cycle vieillissants comme les révolutions sont liées aux débuts de cycle (lorsqu'une adaptation est nécessaire mais aussi quand les ressources augmentent et non quand elles diminuent). Ce n'est certes pas un point de vue assez moderne et qu'on pourrait accuser d'un dogmatisme des faits ! Au moins des circonstances comme le terrorisme, l'existence puis l'effondrement de l'URSS, la fonctionnarisation des instances critiques, le vieillissement des élites ainsi que le chômage et le manque de perspectives économiques sont des explications plus consistantes que la soi-disant récupération de la négativité critique, même si toute critique est récupérée et que la négativité est bien le moteur de l'histoire. La promotion de l'autonomie est liée à son efficacité, à sa vérité dirais-je comme essence de la subjectivité et non à la virulence de la critique. On aurait d'ailleurs le paradoxe que c'est au moment où la critique est la moins virulente que le capitalisme s'empresse de lui céder en tout. C'est plutôt la nouvelle économie de la demande, passage du quantitatif au qualitatif, qui a généralisé les transformations de la production et non l'adaptation aux nouvelles valeurs des cadres. Il y a bien eu la trahison des soixante-huitards mais elle a des motifs plus sordides, achetés par le gouvernement socialiste quand ils n'avaient pas trouvé preneurs avant (Les traîtres sont traités en héros dans l'armée ennemie).

# Test et critique

En même temps que des lumières certaines, ce livre apportera donc beaucoup de confusions sur les différents niveaux (logique, métaphysique, historique, technique, idéologique) en remplaçant une saisie conceptuelle (liberté, égalité) par les types publicitaires qui font les beaux jours des tests pour magazines féminins. Le réel est plus compliqué mais aussi plus cohérent. Nos sociologues distinguent savamment quatre types de critiques au capitalisme (dans lesquelles, notons le, on ne trouve pas les critiques antiproductivistes ni d'autres critères de rationalité ou d'inefficacité). Selon votre humeur, cochez les cases qui vous correspondent :


Je critique le capitalisme à cause de

* son inauthenticité (réification)
* son oppression
* la misère qu'il provoque
* son égoïsme

 

Le mieux serait que vous ayez coché seulement deux cases, et même que vous ayez coché les deux du haut ou les deux du bas, sinon on ne sait plus où on est. Parce que la critique artiste c'est les deux premiers et la critique sociale les deux derniers. C'est plus moderne que de parler des conflits de la liberté et de l'égalité ! Mais ce que les auteurs doivent eux-mêmes reconnaître (en note), c'est que chez Marx il y avait complète association de la critique artiste et de la critique sociale. Pour lui, en effet, la critique du capitalisme comme système supposait la critique de l'ensemble de sa logique et de ses conséquences. On peut même dire que depuis Misère de la philosophie, les critiques partielles ont été renvoyés à leur "misère", pure idéologie incapable de mettre en cause le système lui-même et servant donc à le renforcer. Cette utilisation de la critique partielle au service du capitalisme était attribuée par Marx aux petit-bourgeois et par Debord aux cadres qui se prétendaient pro-situs (et qui sont le modèle de la critique artiste pour ce nouvel esprit !).

Il ne s'agit pas de nier la nécessité d'une idéologie de la libération et de l'égalité au fondement du capitalisme, mais au contraire d'analyser plus précisément le capitalisme comme fondé sur le Droit contractuel (échange marchand et contrat salarial qui sont des droits non seulement formels mais trompeurs). Le contrat de travail, c'est la fausse liberté du salarié contraint par la dépendance financière et c'est la fausse égalité de l'employé et de l'employeur qui produira les plus grandes inégalités. Repérer cette origine va plus loin qu'une simple "théorie de la justification". On appelle cela depuis Marx une "théorie de l'exploitation", nuance. Il n'y a nul besoin d'en construire une nouvelle bien que l'avantage concurrentiel de la mobilité soit très bien décrit ainsi que la nécessité de la taxe Tobin. Ce n'est pourtant pas un rapport d'exploitation comme rapport de forces et c'est un avantage de toujours des marchands et des riches qui a pour conséquence qu'on fait paradoxalement payer moins cher au riche qu'aux pauvres (on ne prête qu'aux riches).

# Le Réseau comme fondement de la Cité par projets

Il faut lire pourtant ce chapitre remarquable sur la formation de la Cité par projets (la morale du réseau) d'abord parce qu'il vous apprendra, par sa caricature même, beaucoup de choses justes sur notre monde d'aujourd'hui "valorisant" les relations humaines, mais vous pouvez aussi être pris d'une certaine exaltation perverse. Il suffit, en effet, de considérer les rapports sexuels comme un mode de "connexion" comme un autre (ce qui est le point de vue du management) et on comprendra l'analogie entre le droit de jouir du corps de l'autre défendu par le divin marquis (Français encore un effort...) et ces réseaux de connexions temporaires dans un monde sans dettes où tout est nouveau et immédiat. Il n'y a plus de traditions et l'exaltation d'une nouvelle frontière dissimule l'escamotage du collectif, le refoulement de la totalité et du récit des origines.

Enrichi d'une fonction de justification, cette conception de l'homme reste entièrement fonctionnaliste refusant de prendre en compte cette fiction comme nécessaire à toute escroquerie et persistant à ignorer notre réelle communauté ainsi que la part de l'inconscient, de la sauvagerie des origines qui ne nous quitte pas, tout comme elle ne prend pas en compte la totalisation effective par le langage ou l'écologie. La théorie de la régulation (et le capitalisme?) trouve ainsi sa limite dans le rêve d'une maîtrise du langage et de l'amour. Il faudrait entendre ce que Pierre Legendre, étudiant déjà les théories du management, a mis en évidence de ce qu'il appelle l'ordre dogmatique au fondement des institutions (garantie, texte et sacrifice) et qui consiste surtout dans le Droit, lié à son histoire, sa tradition romaine, tout en restant inséparable d'une dimension esthétique, des emblèmes, dans sa fonction de fascination des corps. Gestionnaires et psycho-socios ne sont pour lui que des juristes normatifs, ce dont témoigne si clairement ce livre. Le management nous annonce toujours la fin du double discours dans une justification transparente que tout dément. Tous ces discours sur la motivation sont des appels au sacrifice et à l'amour, au militant. "La gestion moderne, qui utilise massivement le levier du militant, c'est-à-dire au fond qui mobilise l'art de l'avocat plaidant une cause de justice, table sur le triomphe de la vérité convaincante" p77. On atteint ici le seuil d'incompétence du management pour tomber dans les dérives sectaires, dans une sorte de Meilleur des mondes. On ne peut instrumentaliser ainsi une vérité débarrassée de ses antinomies (se manifestant sur le mode humoristique avec les principes de Murphy et de Peter signant l'échec du management), ni évacuer les dimensions du texte fondateur et du récit des origines, prenant pour argent comptant une espèce d'autofondation, l'immanence du réseau.

Le réseau semble d'ailleurs se confondre souvent avec la main invisible des marchés dans sa pure extériorité (véritable dieu invisible) mais on sait que ce n'est qu'une grossière idéologie car cela n'empêche pas la totalité d'exister et d'être l'enjeu de rapports de force (A. Chandler appelle d'ailleurs le management la "main visible"). On peut dire la même chose des idéologies de la complexité. La complexité inextricable du noeud gordien n'a pas empêché Alexandre de le trancher d'un coup d'épée. La contre-épreuve de la Cité par projets, qui n'est qu'une représentation des nouvelles organisations contaminée par l'idéologie libérale, est facile à trouver : c'est un réseau planétaire durable pour le bien commun.

Surtout, il faut répéter que ce n'est pas le réseau qui s'impose par ses valeurs morales anti-hiérarchiques mais l'économie de la demande (toyotisme) et l'informatisation qui favorisent les réseaux et leurs valeurs morales. Ceci admis, la morale des réseaux est bien un fait qui s'impose (plus ou moins) et sert de critique impitoyable pour les valeurs morales hiérarchiques de la production antérieure.

# Motivation

Ce qu'on retient la plupart du temps de ce livre, c'est simplement un retour de l'idéologie au coeur de la motivation dans une production en réseaux. La thèse peut sembler d'une telle banalité qu'elle ne prend toute sa valeur que du contexte de soi-disant "fin des idéologies". Comme "La misère du monde", cette démonstration du capitalisme comme idéologie motivante vaut surtout par son poids trop massif pour qu'on puisse feindre de l'ignorer encore.

Parce que, enfin, dire que le salariat libre ne se comprend pas sans une idéologie intériorisée, comme condition de toute motivation au travail n'est pas vraiment nouveau et c'est simplement admettre ce qui est toujours et partout nécessaire pour un être parlant : un discours social justifiant un monde auquel il donne un sens commun, même pour un simple esclave. Le plus fort n'est jamais assez fort pour être toujours le maître, s'il ne transforme sa force en droit, et l'obéissance en devoir (Rousseau). C'est admettre qu'on ne peut asservir qu'une subjectivité, une liberté donc même quand c'est celle d'un esclave, dont on obtient la soumission comme subjectivité se mettant au service du maître. Ce qui domine c'est la soumission. La complicité du bourreau et de sa victime dans la répétition du discours qui répartit leurs places se renforce de l'habitude et de la suggestion des faits mais elle a toujours été d'abord norme sociale. Il n'y a là rien de nouveau : pas de société sans religion. L'homme unidimensionnel de Marcuse analysait déjà les nouvelles formes de contrôle, la mobilisation totale de la société, la pensée positive. Debord avec la Société du Spectacle démontrait précisément le stade actuel du capitalisme comme celui de l'idéologie matérialisée.

Ce qu'on doit affirmer, c'est non pas qu'on en serait à mobiliser la subjectivité, mais bien plutôt que la mobilisation de la subjectivité atteint son point de rupture où elle doit devenir réellement autonome.

# Critique et Justice

Ce qu'on appelle critique d'ailleurs, pour les besoins de la "justification", n'est rien d'autre que la subjectivité elle-même dans sa subversion de l'objectivité, dans son irruption dans l'ordre établi, dans son événement, dans sa fuite. Mais la théorie de la justice est bien trop réductrice. Ce monde n'est pas justifié. Seule notre révolte peut lui donner un sens par son insurrection dans ce monde déshabité du spectacle mais nous ne saurions justifier la domination du profit et des marchandises. C'est bien toujours ce que voudraient les dominants, justifier leur domination, nous persuader de leur justice.

Une norme de justice n'est pas simple mesure mais doit être par essence contradictoire et discutable (entre avocat et procureur). C'est le même problème que celui de la valeur et Aristote en a bien éclairé les contradictions des points de vue dans les disputes entre amis. C'est aussi pour cela qu'il a mis l'inégalité au coeur des passions. La duplicité n'est pas ici contingente, elle est la condition de la dialectique subjective. Le problème n'est donc pas tant celui des différentes formes de justice, d'évaluation et de pouvoirs figées pour toujours dans une norme isolée, une Cité (chacun dans son champ), comme si importait surtout l'exactitude de la mesure juste mais il faudrait plutôt, à suivre Kojève, la synthèse dans un monde unifié de l'Égalité aristocratique avec l'équivalence bourgeoise pour aboutir à une équité qui serait droit concret favorisant les défavorisés. Car le problème n'est pas d'obtenir une répartition entièrement juste au centime près d'après une mesure quelconque. La théorie libérale de la justice prétend attribuer à chacun ce qu'il fait gagner à sa société, justifiant les plus grandes inégalités (summum jus, summa injuria), comme si on venait de nulle part. Une répartition entièrement égalitaire sans aucunes différences et donc sans tenir compte des résultats n'est pas viable non plus, mais ce qu'il faut est bien plutôt réduire l'instabilité par une certaine déconnexion entre productivité et revenu réduisant les inégalités effectives, tout comme le temps de travail unifiait des salariés de productivité très variable. On ne peut tout mesurer et normaliser jusqu'au langage lui-même et aux relations sociales sous prétexte de justice ou parce qu'ils participent à la production. Il faut, tout au contraire, préserver une justice approximative favorisant notre solidarité mais qui ne tolère pas de trop grandes inégalités réelles au nom de l'équivalence des échanges.

On voit l'étendu des malentendus dans le rôle de la critique et sa division en critiques sociale ou artiste car si il y a plusieurs critiques c'est entre réformiste et radicale, une critique voulant rendre juste l'inacceptable et une critique visant aux conditions de la fin de l'inacceptable. Admettre que la critique soi-disant artiste renvoie directement à Marx (fétichisme) et à Hegel rend l'opposition à la critique sociale beaucoup plus problématique. Tout s'éclaire à constater qu'il s'agit ici de sauver le capitalisme, de lui donner simplement un air de justice qui contente les cadres et l'électorat socialiste, leur donne bonne conscience et les motive. C'est une théorie de la récupération. Or c'est sans doute le destin de toute critique d'améliorer un système, de le normer mais il y a aussi des effets de seuil, des ruptures. Ses échecs ne sont pas sans enseignements car le faux n'est pas sans raison et reste un moment du vrai. C'est la ruse de l'histoire qui recèle bien d'autres surprises, avançant toujours par son mauvais côté.

Les contraintes écologiques nous pressent à trouver une alternative au capitalisme plutôt qu'à l'enjoliver. L'histoire n'est pas finie et les prochaines années peuvent être favorables à une nouvelle subversion auquel ce livre participe sans doute en modernisant l'idéologie capitaliste, mais la critique n'est pas condamnée à justifier le capitalisme. Elle doit certes tenir compte des transformations techniques, de la mise en réseau, de l'économie de la demande et de l'immatériel tout autant que de la nouvelle expansion économique mais pour construire grâce à ces nouvelles potentialités une alternative au productivisme capitaliste, incorrigible et insoutenable écologiquement comme la nature nous le rappelle dramatiquement.

Jean Zin

[EcoRev]

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2 janvier 2011 7 02 /01 /janvier /2011 08:53

 Encore un message pour 2011,

AREALIBERA: Toujours travailler dans la RAGE «Dans le visage de celui qui dit:« Ces anarchistes qui ne font pas une bite (si vous ne cassez pas mes couilles) ...... mais aller au travail! Et tout en célébrant le bien-pensants (et non pas "travail") à ces parties et les taxes robotique, certains libertaires ont également passé leur Nouvel An dans  la glace à Turin! Un combat! Même les illettrés faut bien comprendre qu'un véritable avenir et un chemin sur ce marécage mondiale mouvement social ne peut venir que de l'anarcho-libertaire .=========== Nous sommes nombreux, avec des nuances différentes sur la façon d'aborder et de gérer la lutte contre ce système. Et de penser, nous organiser dans la conception des modes de vie alternatifs et respectueux de l'environnement durable .=========== comme source d'inspiration au début de 2011, je crois que toutes les âmes et aux esprits libres avec affection et de conviction qui tournent avec le mouvement, ont compris la façon absurde de la vie sur nous tous. Je ne pense pas que des discussions sont en cours en nous que nous vivons dans une réalité (pour dire le moins ...) shit !=========== Mais au-delà de l'action pratique, culturelle, et encore .. .. coeur pur !=========== L'avenir est anarchique! Avec le coeur, au-delà de l'esprit, de l'énergie et l'amour de la liberté se répandra à travers le monde !============ Joyeux 2011

à tous les camarades - s'accouple avec affection.

MORENO - AREALIBERA

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1 janvier 2011 6 01 /01 /janvier /2011 08:00

 

Nos vœux vont notamment aux gens qui luttent, réfléchissent –
sachant “pleurer, rire et comprendre [essayer de-]” –, qui se battent
pour une tout autre vie : pour soi-même, les autres, dans une mise en
commune de singularités […]

Oreste, Lucia , 31 dicembre 2010

Bonjour à Vous

Nous avons pensé solliciter votre attention et, si vous en tombez

d’accord, votre soutien actif, pour une cause qui peut sembler

modeste : tenter d’arracher deux personnes, deux Allemands, Sonja

Suder et Christian Gauger, un vieux couple heureux, vivant en France

depuis 32 ans, à la mécanique implacable d’une procédure

d’extradition.

Nous, c’est le comité Stop-extraditions-Maisons-Abris, constitué au cours de

la procédure menaçant Sonja et Christian, mais inscrit dans la longue histoire des

résistances aux tentatives d’extradition d’anciens militants des années 70-80

ayant trouvé refuge en France depuis des décennies. Malgré de longs mois

d’efforts, et bien que des initiatives locales nous aient montré une large sympathie

de la part de ceux à qui nous avons pu nous adresser, notre voix s’est perdue

dans la cacophonie des comptes rendus d’évènements, scandales, mobilisations,

appels à l’aide, catastrophes… qui bombardent le quotidien, abasourdissent les

consciences et tétanisent la volonté de tous et de chacun.

Vous, êtes de ceux qui peuvent nous aider. Parce que la menace qui pèse

aujourd’hui sur ces deux personnes est de toute évidence absurde, indigne, et

pourtant imminente, nous sommes décidés à nous y opposer immédiatement, par

des gestes signifiants qui engagent notre dignité.

Nous proposons de partager notre engagement à des personnes qui, par leur

talent et/ou leur volonté active, sont « reconnues », et dont la parole et les gestes,

accompagnant les nôtres, auraient une plus grande résonance dans l’espace

public.

Eux, leur histoire s’enracine dans le terreau des révoltes sociales des années

70 à Frankfort, dans lesquelles ils se reconnaissent.

En 1978 sous le coup d’un mandat d’arrêt, ils quittent l’Allemagne pour la

France.

En 2001, à l’issue d’une première procédure d’extradition, ils sont déclarés non

extradables, les faits dont ils étaient accusés étant, en droit français, prescrits.

Depuis lors ils vivent à visage découvert, dans leur petit appartement en banlieue.

Quand en 2007 une nouvelle procédure d’extradition est lancée contre eux, au

mépris flagrant du principe de « l’autorité de la chose jugée », puisque aucun

élément nouveau n’est apporté depuis le jugement prononcé par la même

chambre en 2001, c’est à la même adresse que les policiers les « trouvent » et les

arrêtent.

Après une longue procédure, particulièrement éprouvante

pour qui est attaché aux normes classiques du droit, ce que

nous pouvons bien appeler la traque judiciaire inter-transnationale

de nos camarades Sonja et Christian a atteint son

épilogue :

vendredi 3 Décembre dernier, le Conseil d’Etat a

émis un arrêt

de rejet du recours formé par Sonja et Christian

contre le décret d’extradition

signé en Juillet 2009 par le Premier ministre

François Fillon.

Un recours devant la Cour Européenne des Droits de l’Homme

a été déposé par Maître Irène Terrel, avocate de Sonja et

Christian, mais cette démarche n’est pas automatiquement

suspensive de l’exécution du décret.

Quelqu’un pourrait demander :

« De quoi sont-ils accusés? »

Le jugement par contumace n’existant pas en Allemagne, Sonja et Christian

sont encore aujourd’hui des « prévenus ». Le droit formel lui-même admet une

distinction entre la « vérité judiciaire », décrétée par une sentence mais qui ne

saurait jamais être définie comme effet ni source de « certitude absolue », et la

« vérité historique » qui peut éventuellement échapper à jamais ou se révéler à

travers des éléments nouveaux (c’est ce qui justifie, entre autres, l’abolition de la

peine de mort).

Que dire alors de « la vérité » d’une histoire surgie d’une époque devenue

quasi illisible aujourd’hui, faite de témoignages, d’actes d’accusation, d’articles de

presse …

(Une note d’approfondissement (1) mise en annexe retrace toutefois les moments clefs

de leur parcours).

« Que risqueraient-ils à leur retour en

Allemagne ? »

Evidemment, pas de certitude possible, mais de graves

inquiétudes légitimes.

(Vous trouverez également en annexe une note d’approfondissement

(2) à ce sujet).

Pourquoi cette extradition est-elle pour nous

intolérable ?

Le 10 Octobre 2009, le Président de la République Francaise

M. Sarkozy déclarait (interview au journal Le Figaro) : « Ce

n’est pas une bonne administration de la Justice que de se

prononcer 32 ans après les faits, alors que l’intéressé a

aujourd’hui 76 ans ». Cette déclaration concernait la

question de l’extradition de Suisse de Roman Polanski,

citoyen français, réclamée à la Confédération Helvétique par

les Etats Unis d’Amérique.

Il se trouve qu’au moment même où il prenait ainsi position

publiquement dans une affaire qui ne relevait pas de son

pouvoir, Sonja et Christian recevaient la notification du

décret d’extradition signé par le premier ministre M.Fillon

au nom de l’exécutif dont le Président de la République est

le chef. Ceci 35 ans après les faits, alors que, comme Roman

Polanski, ils sont prévenus, réclamés en vue d’être jugés,

que Sonja avait alors 77 ans et Christian, de surcroît

cardiaque et souffrant de séquelles d’un accident cérébral,

69 ans….!

Nous avons alors, à l’époque, adressé au Président de la

République Française une Lettre ouverte (Vous trouverez cijoint

le texte de cette lettre, la réponse d’un conseiller

technique de l’époque et notre réponse à celle-ci, que nous avons

placardée sur quelques murs de Paris).

En déclarant cela, avions-nous écrit, le Président de la

République n’exprimait pas une opinion, mais rappelait un

principe fondamental du droit, la nécessité impérative de

limites temporelles dans l’exercice de la Justice pénale.

Chose qui autorise tout pays à opposer, si ces conditions ne

sont pas remplies, un non possumus à une extradition réclamée

par l’un de ses partenaires dans le système de relations

interétatiques. La Confédération Helvétique en a depuis fait

la preuve en refusant finalement de donner suite à la demande

d’extradition de Roman Polanski.

L’application ici d’un double poids-double mesure

est flagrante !

Du moment où, à leur corps défendant, Sonja et Christian

seraient expédiés vers les geôles d’Allemagne,

cette

déclaration du Président de la République subirait une

véritable mutation !

Elle finirait par donner raison à ceux qui, à l’époque de

« l’affaire Polanski », dénoncèrent « le privilège de

l’impunité pour les débauchés du Château » [Cf. les réactions

publiées dans la presse]. Elle participerait ainsi au

populisme pénal qui réclame à hauts cris une justice infinie,

une punition sans fin, proche d’une véritable théologie de la

vengeance, avec lequel la déclaration du président de la

République semblait prendre une distance.

L’argument qui vaut, à lui seul, la pertinence

irréfutable d’une requête de refus d’extrader, est –

dans le cas-Polanski comme dans le nôtre – celui du temps

passé par rapport au « délai raisonnable » requis en Droit

afin que soit remplie une des conditions nécessaires à la

définition de « procès équitable ».

Cher(e)s ami(e)s

Nous pensons que, en dépit de notre évidente pauvreté des

moyens, il nous revient de nous interposer afin de ne pas

laisser commettre cette véritable forfaiture.

Nous nous devons de considérer, d’abord, le sort de Sonja

et Christian comme suspendu, entre autres (et c’est cela qui

nous concerne), à notre capacité de manifester notre volonté

de nous opposer à cette extradition absurde et inique, en

organisant une campagne et des gestes de solidarité concrète

et de résistance active.

Nous avons envisagé et voulons proposer différentes actions

: parrainages / constitution d’un réseau d’accueil de

personnes déclarant publiquement leur décision d’héberger

Sonja et Christian / avec au centre un lieu - abri de mise

en lien et d’agitation.

(Pour plus d’informations sur l’initiative de Maisons-Abris,

vous trouverez ci-joint la documentation des deux journées de

mobilisation qu’ont eu lieu le 25 et 26/07/09. Une vidéo de 5 mn

est visible sur Daily Motion ou Rue 89 vidéo, titre : Alerte

Extraditions !).

Nous sommes prêts, quant à nous, à déclarer publiquement et

appliquer effectivement ces décisions.

Mais pour percer le mur de silence et d’indifférence à

l’abri duquel risque de se commettre cette indignité, nous

proposons aussi de partager notre engagement, à des personnes

dont la parole et les gestes auraient une plus grande

résonance dans l’espace public.

Nous venons donc vers vous, pour vous proposer un geste

de solidarité concrète, un parrainage actif :

déclarer publiquement que vous êtes prêts, dès à présent, à

les héberger,

à faire de votre lieu de vie une Maison-Abri.

Une trentaine de personnes (dont nous communiquerons les

noms à qui prendra contact avec nous en vue de participer à cette

action) a déjà pris cet engagement, mais nous avons besoin

d’encore bien plus d’énergie contre la menace et autour de

Sonja et Christian !

Ce geste pourrait, se reliant à d’autres initiatives,

d’autres gestes, concourir à élaborer ensemble, à créer une «

micro-politique » (au sens de Michel Foucault), un point de

résistance au monstre froid de la « Raison d’Etat », qui se

manifeste ici dans un mélange de ridicule et de cruauté

Nous venons donc vers vous, pour vous proposer un geste

de solidarité concrète, un parrainage actif :

déclarer publiquement que vous êtes prêts, dès à présent, à

les héberger,

à faire de votre lieu de vie une Maison-Abri.

Une trentaine de personnes (dont nous communiquerons les

noms à qui prendra contact avec nous en vue de participer à cette

action) a déjà pris cet engagement, mais nous avons besoin

d’encore bien plus d’énergie contre la menace et autour de

Sonja et Christian !

Ce geste pourrait, se reliant à d’autres initiatives,

d’autres gestes, concourir à élaborer ensemble, à créer une «

micro-politique » (au sens de Michel Foucault), un point de

résistance au monstre froid de la « Raison d’Etat », qui se

manifeste ici dans un mélange de ridicule et de cruauté

particulièrement révoltant.

Nous avons ainsi pensé à une rencontre entre Sonja et

Christian et vous, leurs hôtes, dans celle qu’a été la

première Maison-Abri, au cours de laquelle une déclaration

publique commune pourrait être faite, s’adressant, à travers

les médias que nous espérons pouvoir intéresser à cet

événement, à ceux qui ont entre leurs mains le sort de ces

deux « extradables ».

Nous avons imaginé offrir pour tous ceux, connus et

inconnus, qui auront entendu notre appel, dans ce même lieuabri,

une belle fête, d’une chaleur lucide, au coeur de cette

époque et de ce monde réfrigérés. Ces projets, évidemment,

restent à mettre en forme, et chacun prendra, dans cette

danse de vie autour d’un couple d’amoureux, la place qui lui

convient.

Pour le dire avec Gilles Deleuze et Félix Guattari, les

« pratiques de solidarité concrète » sont en quelque sorte la

forme élémentaire, moléculaire, immédiate, dans laquelle

commence à être pratiquée, avant tout par respect de soi,

« amor sui », une « morale provisoire » : « tâcher d’être à

la hauteur de ce qui nous arrive » …ou qui vient d’arriver

près de chez nous !

Nous sommes, nous aussi, habités par cette évidence qu’une

vie humaine vaut toutes les autres et toutes les grandes

causes collectives, et mérite en particulier d’être défendue

de toute notre énergie contre tout abus de pouvoir.

Nous nous devons de tout mettre en oeuvre pour obtenir la

suspension de l’exécution du décret d’extradition de Sonja et

Christian, pendant le temps du recours devant la « Cour

Européenne des Droits de l’Homme », et son report (terme

juridique pour abrogation) définitif.

Ne laissons pas extrader Sonja et Christian !

C’est pour cela que nous nous permettons de solliciter, (dans

les délais les plus courts possibles, l’exécution de

l’extradition pouvant légalement se faire à tout moment),

votre réponse.

Si vous êtes d’accord pour vous impliquer dans cette

histoire, contactez-nous :

Soit par mail : janielacoste@gmail.com

Soit à l’adresse : Janie Lacoste 67 Rue de la mare 75020

Soit par téléphone : 09 51 51 07 10 — 06 85 14 05 21

Dès que des réponses nous seront parvenues, il nous faudra

rédiger une courte déclaration commune et un texte de

soutien à cette initiative que nous ferons circuler le plus

largement possible

* * *

Vous trouverez toutes informations et documents sur le site

www.stopextradition

s.org

Courriel :

stopextraditions@hotmail.fr

 

En annexe : notes d’approfondissement

Note (1) Parcours judiciaire de Sonja et Christian

- Le 15 Septembre 1978 un juge fédéral émettait un mandat

d’arrêt contre eux. Ils auraient, selon le Ministère

public, participé à deux attaques contre des entreprises

faisant commerce d’uranium avec l'Afrique du sud, et à un

incendie criminel contre le château d'Heidelberg, qui fera

des dégâts matériels.

- La même année, Hermann Feiling, militant se réclamant de

la mouvance des Cellules Révolutionnaires (RZ), est

grièvement blessé par son propre engin au cours de la

préparation d’un attentat contre le consulat d’Argentine,

attentat par lequel il entendait protester contre

l’organisation de la coupe mondiale de foot dans un pays

ensanglanté par le putsch militaire de Videla deux ans plus

tôt.

Maintenu en isolement à l’hôpital, interrogé pendant des

mois par la police, il finit par impliquer Sonja et

Christian. Il reviendra plus tard sur ses déclarations, mais

sa parole ne sera pas, cette fois, retenue.

Se sentant suivis par la police, Sonja et Christian

quittent l’Allemagne et viennent vivre en France.

Difficile aujourd’hui de ressentir le climat de l’époque en

Allemagne, de se souvenir clairement de la sinistre prison de

Stammheim, du “modèle allemand” de répression spéciale, dont

on retrouvera la violence dans la Grande Bretagne de Thatcher

contre les indépendantistes Irlandais.

- Ce n’est qu’en 1999, donc plus de 20 ans plus tard, que

de nouveaux chefs d’inculpation apparaissent contre Sonja:

participation à la prise d'otages du siège de l'OPEP à Vienne

et complicité dans une tentative d’assassinat.

Cette accusation s’appuyait sur la parole d’un ex-militant,

Hans Joachim Klein. Personnage au parcours complexe, Klein vit

réfugié en France depuis 1977, il y publie un livre où il

reconnaît sa participation à cette action et prend ses

distances avec la trajectoire finale de son passé militant.

Ce livre fait de lui un personnage connu. Il est arrêté et

extradé en 1998 . Au cours de son procès, il prononce des

regrets à propos de son passé et, pour la première fois, il

livre des informations impliquant plusieurs personnes, dont

Sonja (plus tard, il se rétractera à son sujet *). Il est

condamné à 9 ans de detention. En 2003, après 5 ans de prison,

il a été libéré et le ministre de la Justice de Hesse a

définitivement effacé le reste de sa peine pour que Klein

puisse "avoir la possibilité de redevenir définitivement un

membre de la société". (Source AFP).

[*Cf. Libération du 12 décembre 2010 : « Arrêté en France, Hans-Joachim Klein, l’ancien bras droit de

Carlos, issu des RZ, avait désigné en 1999 Sonja Suder comme l’une des personnes ayant convoyé les armes

utilisées pour la prise d’otages de Vienne. En 2000, lors de son procès à Francfort, il s’était ravisé en précisant

ne pas l’avoir vue ».]

Depuis il vit de nouveau en France. Or, à son procès, Klein

n’a, pour le moins, pas « parlé d’or » : cela a été depuis,

affirmé par la justice allemande elle-même.

Citons à ce propos l’article du Tageszeitung (TAZ), qui

rend bien compte de la complexité de la situation :

« L’arrestation de Klein en 1998, comme ses affirmations

quant à la participation de Suder sont une surprise totale.

En Décembre 1975, Klein a dirigé un commando, responsable de

la mort de trois personnes à Vienne, sous la direction de

Ilich Ramirez Sanchez, plus connu sous le nom de Carlos. Lors

de l’action, Klein, lui-même blessé, et d’autres membres du

commando réussirent à prendre la fuite avec des ministres de

l’OPEP comme otages. En 1976, un commando germano-palestinien

détourne ensuite un avion d’Air France sur Entebbe ; au cours

de l’opération Wilfried Böse et Brigitte Kuhlmann, considérés

comme les chefs historiques des Cellules Révolutionnaires

(RZ), sont tués. Après cette mort, les Cellules

Révolutionnaires se reforment et s’éloignent des groupes du

Moyen-Orient et des méthodes de Carlos ». Ils critiquent la

réduction des horizons de « la gauche anti-impérialiste » à

un anti-américanisme et anti-sionisme finissant pour devenir

omnivores, et préconisent des attentats de sabotage qui ne

provoquent pas de victimes.

« Sur requête pour complément d’information, le Parquet de

Francfort confirme aujourd’hui, qu’avant 1999 et mis à part

les déclarations de Klein, il n’y a aucun indice permettant

de soupçonner que Suder aurait appartenu aux RZ dans cette

première phase et jusqu’en 1976.

Klein - dont la crédibilité comme témoin est souvent

comparée à celle de Peter-Jürgen Boock, ex-membre de la RAF

et notoire « raconteur d’histoires » - a accusé, en 1999, des

membres des Cellules Révolutionnaires ainsi que d’autres

personnes d’avoir participé à l’attaque contre l’OPEP. Rudolf

Schindler comparaissait déjà pour cette raison en 2001 devant

le tribunal de grande instance de Francfort. Il a été

acquitté de l’accusation de participation à la prise d’otages

de Vienne, malgré les déclarations de Klein. La Cour mettant

en doute « les certitudes de Klein suite à la présentation

des photos d’identité judiciaire le 2.9.1999 ». En effet,

celui-ci accusait Schindler mais également Suder bien

« qu’auparavant il n’ait jamais mentionné la présence d’une

autre femme » déclarait le Tribunal en 2001. Aujourd’hui

encore, en dehors des affirmations de Klein, la justice ne

possède aucun autre fait contre Suder dans l’affaire de

l’OPEP ». (Article paru le 21/03/2010 dans le journal berlinois le

Tageszeitung ).

- Quand ils sont arrêtés en 2000, les faits, datant de

1975 et 1978, sont prescrits, et Sonja et Christian sont

déclarés non extradables. Ils commencent alors une nouvelle

vie à visage découvert.

- En 2007, la nouvelle demande formulée par l’Allemagne

s’appuie sur la nouvelle règle européenne concernant

l’extradition, qui – en matière de prescription

prevoit que soit appliquée la législation du pays

demandeur.

Or l’Allemagne ne faisant pas de jugement par contumace,

applique des délais de prescription plus longs et donne

pouvoir aux juges de doubler ces délais. La requalification

des délits est suffisante aussi pour les augmenter. C’est

ce qui s’est passé dans leur cas. (cf article TAZ). Pour la

justice allemande, il n’y a donc pas prescription.

Voilà donc, en rupture avec la tradition du droit, une

décision de justice balayée par une autre, appliquant

rétroactivément des régles « défavorables aux justiciables »,

voilà une assurance donnée par l’Institution Judiciaire à des

personnes de pouvoir vivre ici, et qui, 10 ans plus tard, est

reniée par la même Institution (la même Chambre, possiblement

les mêmes juges), condamnant ces personnes à un exil forcé et

les livrant à un destin menaçant.

Note (2) Que risquent-ils ?

Leur sort est imprévisible, mais une chose est certaine, ils

seront séparés et emprisonnés directement à leur arrivée en

Allemagne.

Ensuite une décision sera prise de maintien en détention ou

de mise en liberté conditionnelle pendant la durée de

l’instruction. Cette décision peut être différente pour

chacun.

Leur statut de prévenu qui, en droit, fait d’eux des

« présumés innocents », donne aussi, paradoxalement, une

apparence de légitimité à la demande d’extradition, puisqu’il

s’agirait, au nom de la recherche de la vérité, de les

présenter à la justice. Or, c’est cette « quête de la

vérité judiciaire», inquisitrice et pénale, qui, en

interdisant entre autres un libre examen critique du passé a

créé, en 35 ans, un imbroglio de déclarations sujettes à

caution, de rétractations elles aussi contestées, de faits

impossibles à vérifier aujourd’hui, d’enquêteurs et juges en

retraite ou décédés.

On pourrait imaginer que ces difficultés induiraient une

décision rapide de non-lieu ou d’acquittement pour manque de

preuve, mais le plus probable est plutôt qu’ils se

trouveraient maintenus longtemps sous la pression de

l’instruction. France/info, rendant compte des réactions en

Allemagne à la décision française de les extrader, notait que

« Suder et Gauger sont considérés comme la dernière pièce du

puzzle », la dernière chance pour la Chancellerie de faire la

lumière sur les énigmes demeurées non résolues des actions

des mouvements subversifs des années 70.

Seule une amnistie pourrait libérer une parole qui reste

encore aujourd’hui, dans le cadre pénal, prise dans ce piège

implacable où s’entremêlent indissolublement aveu, calomnie,

peur, « repentir », dénonciation… . Elle seule rendrait

possible d’amorcer la reconstitution factuelle et réfléchie

de l’histoire de cette « époque troublée ». Mais c’est un

autre choix qui a été fait : faire passer la traque infinie

des militants de cette époque pour une "victoire contre le

terrorisme" incessamment rejouée et, du même coup,

criminaliser l'idée même de révolte sociale et affirmer

l'inéluctabilité de sa défaite totale (dans l'isolement,

l'incompréhension et le "déshonneur" de ses acteurs,

jusqu'aux derniers).

Il est, selon nous, proprement effarant, qu’une vie

commencée sous le nazisme (et Sonja est emplie encore du

climat étouffant d’une enfance marquée par la peur de parler,

la méfiance structurelle entre les gens, l’interdiction, dans

une famille antifasciste, de partager l’enthousiasme des

autres), suivie d’une jeunesse dans un pays écrasé, occupé,

honteux de lui-même et toujours sans parole, puisse se voir

voler ses dernières années par une traque infinie, revenant à

lui infliger de fait un traitement qui rappelle

l’ « imprescriptibilité à jamais » réservée en droit

jusqu’ici aux « crimes contre l’humanité » – chef

d’inculpation formulé pour définir les génocides nazi (pour

en signifier l’horreur extrême)!

www.stopextraditions.org

Courriel : stopextraditions@hotmail.fr

 

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29 décembre 2010 3 29 /12 /décembre /2010 13:50

La question de la postmodernité est devenue un objet de recherche en philosophie, parce que les réponses antérieures sont en difficulté. Il s’agit de penser notre temps à l’aide de concepts et modèles plus appropriés à la situation. En connaître les limites n’empêche pas de penser et de croiser les approches pour réfléchir à notre condition humaine à l’aube de ce nouveau millénaire.

La question du sujet est un des enjeux principaux de l’étude de la définition de la postmodernité.

Nous commencerons par nous interroger sur la qualification de la définition de la postmodernité. Il s’agit de savoir si la notion de paradigme paradoxal est recevable.

Notre parcours philosophique débutera avec les critiques faites au sujet moderne par les philosophes du soupçon : Friedrich Nietzsche, Sigmund Freud et Karl Marx. Le début du chemin sera conventionnel, il est maintenant intégré au sens commun philosophique.

Nous aborderons ensuite par comparaison et contraste le concept de raison, puis, celui de démocratie, de l’universalité et de la science. Au passage nous rencontrerons la question du tournant linguistique et celle du structuralisme.

L’étape suivante sera celle de l’examen de diverses expressions de la postmodernité. L’architecture ouvre une brèche. La philosophie de Jean-François Lyotard posera une borne, qui marque la césure.

D’autres philosophes, qui ne se revendiquaient pas de la postmodernité, ont continué l’œuvre postmoderne. Nous passerons chez Jacques Derrida, qui nous a légué la déconstruction. Nous aborderons les rivages de la notion de pouvoir avec Michel Foucault et nous rencontrerons ensuite l’immanence du multiple avec Gilles Deleuze.

Ce parcours reste classique, le chemin est déjà balisé. Il devient moins conventionnel, quand nous passons la frontière de la sociologie. L’accélération dans le contenu des analyses semble aller de pair avec la rapidité des mutations de la société. Dans ce cadre, le premier territoire conceptuel étudié sera celui de la sociologie dionysiaque de Michel Maffesoli. Le second espace présenté sera celui de Luc Boltanski et Eve Chiapello à propos du nouvel esprit de capitalisme. Notre visite du domaine sociologique passera ensuite par la rencontre avec Zygmunt Bauman et de son analyse du coût humain de la mondialisation.

La notion de sujet est devenue celle de l’individu pour les sociologues. En quittant le domaine de la sociologie, nous aurons constaté que l’individu postmoderne est en difficulté. Ce qui nous incite à aller voir du côté de la subjectivité pour connaître l’avis des spécialistes de la psyché.

Le passage dans les parcs et jardins de la psychologie nous confrontera aux nouveaux symptômes de l’être postmoderne. Les pathologies fourmillent et les psychanalystes sont contraints à émettre de nouvelles hypothèses. Ils se demandent même s’il reste encore des parcelles de sujet dans la postmodernité.

Le rythme du parcours conceptuel va en s’accélérant. Il commencera avec Julia Kristeva, puis avec Alain Ehrenberg, il rencontrera ensuite Jean-Pierre Lebrun, Charles Melman et Gérard Pommier. Il se terminera avec Dany-Robert Dufour et Félix Guattari, qui nous proposent des passerelles avec le champ philosophique. La question de l’effacement du sujet est alors posée. Pour ces spécialistes de l’âme, il s’agit bien d’un nouveau malaise dans la civilisation.

Un passage par la sphère politique complétera le parcours de cette analyse des mutations du sujet. La question étant de savoir si le champ politique contient encore du sujet.

L’effacement du sujet dans la postmodernité est alors un constat de crise. La possibilité du sujet est mise en doute conceptuellement et pratiquement, elle nous pose, pour terminer, la question du « devenir humain ».


I / La question de la définition de la postmodernité

lire la suite ;linkhttp://1libertaire.free.fr/Memoire012008.html

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28 décembre 2010 2 28 /12 /décembre /2010 16:42

LA LETTRE VERSATILE DE JIMMY GLADIATOR n° 185, 17 décembre 2010

MORT D’UN KALEIDOSCOPE ANARCHISTE NOMME JEAN ROLLIN

"Enfin ce sont les sauvageonnes aux corps enfantins, toutes pleines de la véritable obscénité,c’est-à-dire celle dont la pratique des interdits, tous les interdits est naturelle" . J.R in dialogues sans fin

Les vampires ont mal aux dents. Fantômas et Chéri-Bibi sont en deuil. Et le Père Lachaise ne sait plus rien des lois élémentaires du strip-tease.Car, rongé par le rat, Jean Rollin, compagnon de route du Surréalisme et de L’Anarchie — cf ses diverses paricipations au Monde Libertaire, La Rue, La Crécelle Noire , ) …après quelque 72 années de songerie intensive et d’humour décapant, ce 15 décembre 2010 vient de mourir. Mai 68, preuve que l’Histoire est parfois lucide : Le viol du Vampire. Premier film. Scandale ! Et surtout porte grande ouverte sur un fabuleux kaléidoscope à l’iconoclastie patente, l’inspiration jamais démentie qui des Démoniaques à La Rose de Fer en passant par Les Lèvres de Sang, Fascination et jusqu’en ses derniers films : La Nuit des Horloges, Méduse entraînant dans sa course tout autant Buñuel que Gaston Leroux ou Clovis Trouille, nous démontrant ainsi à chaque plan la toute inadéquation de l’improbable, il n’en finira plus dés lors d’une authenticité à toute épreuve d’habiter ce fameux point de l’esprit d’où la vie et la mort, le réel et l’imaginaire, le passé et le futur, le communicable et l’incommunicable, le haut et le bas cessent d’être perçus contradictoirement si cher à André Breton. André Breton, Maurice Blanchot, Michel Fardoulis-Lagrange… Les noms tels des fauves aux mosures indélébiles sont lâchés. Ceux que fort respectueusement, si ce n’est un brin effrayé, il nommera tout simplement les grands intellectuels (in Dialogues sans fin, ,Nef des Fous editeur), à commencer par George Bataille ami de sa mère, avec lequel il vivra jusqu’en 1944, et dont sans relâche à son chevet l’Histoire de l’Oeil lui sera un continuel référent. Faisant le juste pendant à ces lourdes et quelque part, prenons –en le pari, si encombrantes influences ,garantes inépuisables d’évasion et de fantaisie, seront bien heureusement les bandes dessinées de son enfance Amok, Mandrake, Princesse Tanit…, comme autant de signes avant-coureurs de ces grands feuilletons, ces grands romans populaires qui au même titre qu’un Ambrose Bierce, un Maurice Lemaître ou encore chacun des personnages des Enfants du Paradis, ne manqueront jamais de partout lui prêter main-forte (et comme à en parler fraternellement, il se délectait !). Ainsi donc, adepte insatiable d’un certain esthétisme, faisant montre d’un intarrissable féminaire toujours recommencé, l’essence brièvement cernée de ce fantastique livre d’images, que passant outre les caprices et autres diktat des petits intellectuels de l’heure, il mettra sourire aux lêvres comme un point d’honneur à toujours malicieusement revendiquer . Epuisé par la maladie —ce qui bien que titubant au bras de celle qu’il nommait La fille de Fantomas, ne l’empêchera nullement le 1er Mai 2009 d’une dernière fois descendre la rue de Belleville parmi les drapeaux noirs de la FA (adhésion au groupe Louis Michel, amitié avec Louis Joyeux) il profitera de ses nombreux séjours à l’hôpital, pour, remarquable de prolixité, actualisant sans doute un rêve de longue date, enfin vraiment s’en remettre à l’écriture. Ce qui soucieux de la tenue en haleine, frappé du sceau incontestable des à suivre… des belles livraisons de jadis, donnera entre autres, parfois d’une ingénuité déconcertante : Les deux Orphelines Vampires (éd Rafaël de Surtis) ou encore La petite Ogresse (Nef des fous). Au cœur de son dernier film : Meduse,en partie tourné au Grand Guignol — lieu qui l’obsédait — une femme noire, nue superbe, imparable d’évidence, hante le Père Lachaise. Puisse-t-il en chair et en rêve, l’avoir de nouveau rencontrée avant que de définitivement prononcer ce mot MoteurCouper, titre de son livre de souvenirs cinématographiques (édite 2008), creuset indispensable pour qui voudrait partir à la rencontre de cette lanterne magique, débordante de surgissements et catapultages de toute sorte qu’inlassablement fut sa vie. Au fait la vie /la mort cesseront-elles un jour d’être enfin perçues de façon contradictoire ? Aujourd’hui, Jean, même l’imaginaire aidant, en bon matérialiste et athée, franchement plus que jamais je me le demande. Aussi histoire de malgré tout abolir les frontières, projecteurs, voulez-vous sans plus de retard, tournez Tournez… Jehan Van Langhenhoven /Paris ce 16/ 12 /2010.

Articles partiellement recueillis in Jean Rollin /Ecrits Libertaires1963 :80 /Perspectives Libertaires . Volontairement passée ici sous silence la période dite pornographe de Jean Rollin, drôle certes mais anecdotique.

LUNDI 24/01/2011 ONDES DE CHOC RADIO LIBERTAIRE / REDIFFUSION D’un entretien PAUL SANDA / JEAN ROLLIN

Jean Rollin montre comment une fille vampire doit mordre une victime pour que la caméra voit tout

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Agenda

    dimanche 30 juin

15h à 16 h

accueil de familles de prionnier-e-s

discussion , infos et peites recettes

pour les proches de détenu(E)s...

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-participation à l'émission de radio Mega

du 22 juillet