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La tyrannie la plus redoutable n'est pas celle qui prend figure d'arbitraire, c'est celle qui nous vient couverte du masque de la légalité." Albert Libertad

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le blog du laboratoire anarchiste

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24 avril 2006 1 24 /04 /avril /2006 22:35
un extrait du livre "Le Crime de Tchernobyl - Le goulag nucléaire" de Wladimir Tchertkoff, avril 2006 :

Les enfants de l’hôpital de Gomel* (juin 2001)

Les enfants cardiaques

Hôpital de Gomel. Nous suivons Galina Bandajevskaya, qui nous accompagne dans une salle où sa collègue travaille avec un groupe d’une vingtaine d’enfants malades. Ils acceptent de nous répondre pendant la pause de la conversation collective avec le médecin. La doctoresse s’adresse à une fillette de 7-8 ans en apparence.

- Oletchka, raconte-nous, comment te sens-tu ?

La petite sourit, heureuse de parler avec des visiteurs étrangers. Elle est assise, les pieds joints, les mains jointes sur ses genoux, un ruban blanc dans les cheveux. Elle a de grands yeux.

La petite fille (fièrement). - Je suis malade depuis l’âge de 7 ans.
Q. - Quel âge as-tu maintenant ?
- Déjà 14 ans... (Son sourire disparaît. Je ne croyais pas avoir touché un point si sensible.)
- De quoi souffres-tu ?
- Collagénose systémique.

Un mal qui attaque la protéine fibreuse de la substance intercellulaire du tissu conjonctif et les cartilages. Le système de défense immunitaire, qui devrait défendre l’organisme contre les virus, les bactéries et les cellules cancéreuses, se "trompe" de cible et attaque les cellules ou les tissus de l’enfant. Ces maladies auto-immunes, y compris le diabète sucré grave de l’enfant, ont beaucoup augmenté dans les territoires contaminés.

 

- Qu’est-ce qui te fait mal ? (La petite regarde ailleurs. Elle a honte d’être si petite pour son âge.)
- J’avais mal... le coeur me faisait mal... (Elle pleure en silence. La doctoresse s’approche d’elle, lui caresse la tête.)
- Raconte calmement, ne sois pas triste.., tout est déjà fini, tu n’as plus mal... Ne sois pas triste. (Elle la caresse.) Oletchka, allons ! Essuie-toi les yeux, tes yeux sont beaux. Tu es une grande fille. Tu avais mal, mais maintenant tu te sens déjà mieux. Raconte. Qu’est-ce qui te faisait mal encore ?
- J’avais mal à la tête, puis aux genoux, alors je suis revenue ici... Maintenant, je vais bien... Voilà. (Elle soupire, et recommence à pleurer, en silence. Elle se cache le visage avec ses poings qu’elle presse sur ses yeux. Sa voisine, une fillette blonde, la regarde furtivement, au bord des larmes.)
- Et toi, pourquoi es-tu à l’hôpital ?
- C’est la deuxième fois que je viens ici, la première fois j’avais 8 ans.
- Et maintenant, quel âge as-tu ?
- 9 ans. Avant j’avais souvent mal à l’estomac... et puis je suis venue à l’hôpital. Ils m’ont dit que j’ai une gastrite.
- Tu sens quelque chose au coeur ?
- Oui. (Elle pleure aussi. La petite Oletchka** lève les yeux vers elle à la dérobée. Un petit garçon aux épaules fragiles est assis à côté.)
Le petit garçon. - Moi j’ai un défaut congénital du coeur.
- Comment le sens-tu ?
- Comment je me sens ? Normalement.
- Le coeur te fait mal ?
- Des élancements.
Un adolescent. - Quand je cours, j’ai des douleurs, je sens le coeur qui pique.
- Où exactement ?
- Ici. (Il met la main sur sa poitrine). Puis, la tête me fait mal...
Une adolescente. - Je ne peux pas jouer, courir...
- Pourquoi ?
- je m’essouffle, c’est difficile de courir... J’ai la tête qui tourne... Du noir devant les yeux...
Je me tourne vers la doctoresse, qui m’explique :
- Nous avons beaucoup d’enfants qui ont besoin d’interventions chirurgicales.
- D’un point de vue statistique, est-ce normal dès l’enfance ?
- Non, non. D’abord, il faut dire qu’il n’y a pas de normes pour les malformations congénitales, pour les anomalies. Cette maladie n’a pas une incidence ou une fréquence connue. Mais d’un point de vue quantitatif, il est vrai que le pourcentage augmente chez les enfants.
- Ça continue à augmenter ?
- Oui, ça augmente. Ces dernières années, des enfants naissent avec des malformations.
- On peut faire le lien avec le territoire où ils vivent ?
- Il y a beaucoup de facteurs, les causes sont multifactorielles - l’hérédité, la santé des parents -, mais l’écologie joue certainement un rôle.
- L’écologie c’est Tchernobyl ?
- Certainement.
- Avant et après Tchernobyl ce n’est pas la même chose ?
- Non, bien sûr.
- Ça s’est aggravé...
- Oui. Ça n’a pas amélioré la santé, ni chez les enfants ni dans le reste de la population. (Elle se tourne vers un garçon qui se tient sur le pas de la porte.) Viens ici petit, viens ! (Le garçon s’approche d’elle.) Voilà, cet enfant vit à Gomel. Tu as presque 9 ans, n’est-ce pas ?
- Je suis né en 1992.
- Assieds-toi, je t’en prie, n’aie pas peur. (Le garçon regarde d’un air préoccupé.) C’est un garçon émotif. A 9 ans il a eu une forte augmentation de la tension artérielle, accompagnée d’une apoplexie. D’un ictus, comme chez les adultes. Il a traversé un état très grave. Il est en train d’en sortir, mais malheureusement les prémices pour une augmentation de la tension artérielle restent.

Le garçon attaque sur les derniers mots de la doctoresse. Il s’adresse à nous, les visiteurs.
- J’ai une tension élevée. J’ai mal à la tête quand la tension est élevée. En 1998, j’ai eu un ictus, une hémiplégie et j’ai été hospitalisé pendant trois mois.
- Qu’as-tu eu, suite à cet ictus ?
- J’avais un kyste dans la partie frontale de la tête. Je l’ai encore. J’ai eu une paralysie de la jambe gauche, du bras gauche et ici, de la partie gauche du visage. Des crampes à la jambe gauche.
- Et toi, qu’est-ce que tu nous racontes ? (Elle s’adresse à son voisin, un garçon aux yeux cernés de noir.)
- Je suis arrivé à l’hôpital avec une polyarthrite de la main droite. Il y a trois semaines. Ma main était gonflée. Puis j’avais mal au pied, je ne pouvais plus appuyer le pied. Le coeur aussi me fait mal. J’ai déjà eu trois infarctus.., des crises cardiaques.
- Trois crises ?
- Oui, et en plus une gastrite.
- Quand as-tu eu ces crises ?
- J’étais petit, j’étais encore à l’école primaire.
- Quel âge as-tu ?
- 12 ans.
Un adolescent, l’air timide, assis près de la fenêtre. - A l’âge de 3 mois on m’a découvert un souffle au coeur. Je viens toujours ici. J’y viens régulièrement pour les examens. Le coeur me fait mal, mais je peux jouer au football.
- Tu t’essouffles ?
- Non, j’ai seulement mal au coeur quand je cours beaucoup.

Une petite fille, vêtue d’une jolie robe rouge s’assied parmi les autres.

- Et toi ?
La petite fille en rouge. - Moi aussi, ils m’ont trouvé un souffle au coeur. Avant je n’avais aucune douleur... (La doctoresse la regarde avec sympathie.)
- Cette petite souffre d’altérations du rythme cardiaque. Elle doit suivre des traitements.
- Ce n’est pas normal qu’ils aient ces maladies d’adultes ?
- Non, certainement. On peut dire que la notion d’âge d’apparition de ces maladies a beaucoup changé. Beaucoup de ce qui auparavant ne touchait que les adultes se retrouve maintenant chez les enfants. (Elle fait signe à un garçon d’avancer.) Ce garçon a une grave malformation cardiaque congénitale. C’est certain qu’un tel enfant aura besoin d’un traitement sérieux, d’une intervention chirurgicale. (Le garçon aux yeux bleus, le front plissé, la regarde sans comprendre la gravité de ce qu’elle vient de dire). D’où viens-tu ?
- J’habite à Stradubka, province de Loev.
- C’est loin de Gomel ? (Son frère qui est à ses côtés, lui aussi atteint d’une anomalie cardiaque, répond à sa place).
Le frère. - 50 km à peu près de Gomel.
- C’est un territoire partiellement contaminé. Là-bas aussi ils ont leurs problèmes...
- Mesurez-vous les enfants au moyen de spectromètres, pour vérifier si leur organisme est contaminé ?
- Notre hôpital n’a pas cette possibilité, alors que pour les enfants qui vivent dans les territoires sous contrôle sévère, il y a des laboratoires mobiles et les enfants sont mesurés. Mais toutes nos régions n’entrent pas dans cette catégorie.

Les enfants sortent. La doctoresse va vers un garçon assis tout seul dans un coin, le regarde avec tendresse, lui prend la main et l’accompagne dehors...

* Oletchka est morte quelque mois après cette rencontre.
** La province de Gomel est contaminée de 1 à 5 curies par km2 (soit de 37 000 à 185 000 Bq/m2), mais il y a des territoires proches qui se trouvent a plus de 15, voir plus de 40 curies.

Wladimir Tchertkoff,
"Le Crime de Tchernobyl - Le goulag nucléaire", avril 2006.


NDLC Une chose tout d'abord, la centrale de Tchernobyl n'était pas une vielle centrale dans un pays  complétement détruit comme nous le montre la propagande
Centrale récemment construite, une ville neuve autour, dans un cadre verdoyant dans un pays alors encore représentant d'un capitalisme d'Etat
Demain soir maison des sociétés un débat à ce sujet.
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