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La tyrannie la plus redoutable n'est pas celle qui prend figure d'arbitraire, c'est celle qui nous vient couverte du masque de la légalité." Albert Libertad

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le blog du laboratoire anarchiste

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29 janvier 2007 1 29 /01 /janvier /2007 07:45
- ET VOILA POURQUOI,  l' EMEUTIER EST MUET

Plus d'un Français sur dix aurait son « blog ». Si demain on commercialise la machine à composer des vers, ce pays comptera soixante millions de poètes. A cet envahissant babillage, et sans le vouloir, car eux aussi aspirent à vivre vite, les émeutiers ont répondu par le vide. Ce n'est pas un hasard qu'ils se soient exprimés par le feu, un feu qui ne réchauffe pas, mais consume. La lueur éblouit, reste du noir aux lendemains gris. Ni tract, ni porte-parole, et le mot est rare.

Là où d'ordinaire grévistes et rebelles font tout pour être entendus et soutenus, ces jeunes sont restés sans voix, sans liens réels ou mythiques avec une histoire. Ils ne sont même pas dans la situation de « ceux qui en ont trop à dire pour pouvoir le dire » (Prévert), et plutôt dans celle de la chanson des Sex Pistols en 1977 : « Je ne sais pas ce que je veux, mais je sais comment l'avoir. » Ils poussent à l'extrême le rejet de la théorie et du passé, typique des révoltes des quinze dernières années. Là où autrefois le manifestant ou le militant se cherchait une filiation, une autorité doctrinale, l'alter-mondialiste ou le radical de l'an 2000 se veut pragmatique et invente ses références au fur et à mesure. Le jeune des cités va plus loin, ou en deçà : non seulement il n'y a pas de grand récit fondateur, mais plus de récit du tout.

Le défunt quartier ouvrier parlait une langue, imposée par l'Etat contre les « patois », mais qui avait produit un français populaire contemporain de l'industrialisation et du mouvement ouvrier, en gros entre 1850 et 1960.  Malgré les accents et une foule d'expressions locales, ce français des villes, unifié par l'école et le service militaire, s'était formé dans le partage d'un territoire et d'activités professionnelles, syndicales et politiques. En 1950, l'ouvrière de la Croix-Rousse et celle de Pantin avaient en commun une langue que l'on n'entendait ni au lycée ni à la radio, porteuse de références sur lesquelles on pouvait échanger et se déchirer.

Car ces points de repère permettaient de faire de la politique, mais aussi de dépasser la politique, dont le faux terrain commun se présente comme un discours. La critique subversive commence par en récuser le vocabulaire et les implications : en comprenant qu'elle le récuse, elle se crée ses propres références, et se constitue en force autonome.

La dépolitisation contemporaine, manifeste dans le basisme, le localisme et la vogue des ONG, passe par une désyntaxation, une désorthographie. A langage de K7, mots KC. Bourgeoise, l'école l'était, incontestablement, et elle a bien rempli son rôle, en diffusant l'humanisme conservateur de la IIIè République comme en préparant aux tranchées de 14-18. Mais elle ouvrait un terrain à la contradiction. Il incombait au fils du médecin et au fils de la dactylo de tirer des leçons divergentes d'un même cours sur Les Misérables ou les colonies. Les références collectives, depuis, se sont émiettées. Comme le voulait le gauchisme, l'école n'enseigne plus « l'idéologie bourgeoise », mais sans mettre à la place autre chose qu'une démocratisation où tout est relativisé. Les manuels dénoncent la boucherie de 14-18 alors qu'aucune guerre ne ressemble ni ne ressemblera à 14-18. Il n'y a plus de culture officielle, plus de valeurs présentées comme absolues et donc rejetables. Le cours d'histoire fabriquait une mémoire nationale fallacieuse, mais réfutable. Le capitalisme triomphant met l'idéologie au placard d'où il ne la ressortira qu'en temps de crise. (L'Amérique des lendemains du 11 Septembre prouve que nous n'en avons pas fini avec le patriotisme.) Son existence est sa justification. On ne peut contredire ce qui ne se dit pas. Comment attaquer une institution qui invite à l'autonomie ? Une école qui fonctionne comme garderie pour un million d'enfants ne cultive pas une langue de bois, mais une langue molle.

Le militant d'antan avait réponse à tout. Ce que le jeune émeutier de 2005 aurait à dire, il manque de mots pour le dire. Tout l'encourage à persévérer dans un « sociolecte » qui aggrave son repli sur soi et sur un micro-groupe. Tout, y compris le rétrécissement des messages électroniques, ainsi qu'une musique formatée pour une jeunesse bien délimitée. Le blues de la première moitié du XXè siècle au sud des Etats-Unis exprimait le sort et les espoirs des Noirs de tous âges, et (même si les bluesmen étaient majoritaires) il accueillait des chanteuses. Dans le rap ne communie qu'une génération, presque uniquement masculine. Le rap est un séparateur de plus.

Une langue de déracinés est porteuse de subversion si ceux qui la manient, moins pris que les autres dans un sol et un sang, s'ouvrent vers les autres pour leur dire quelque chose. D'apparence « plurielle » en raison de ses emprunts au français courant, au verlan, à l'arabe, au créole…, le langage dit de banlieue se ferme sur sa singularité. La parole des cités, et sa vogue dans les médias, sont un symptôme supplémentaire de désagrégation.

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commentaires

U
de rural il me rèste bien des choses simples:<br /> hier encore je disais a la jeunette que dans un désèrt,avec une montagne de diamants , on peut y creuver de faim:-)
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U
ben ,je vois que je ne suis pas le seul a avoir un langage obscure avec des sujets simples;-)<br /> bien vu ,et salut a toi :-))
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