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La tyrannie la plus redoutable n'est pas celle qui prend figure d'arbitraire, c'est celle qui nous vient couverte du masque de la légalité." Albert Libertad

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le blog du laboratoire anarchiste

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30 octobre 2007 2 30 /10 /octobre /2007 08:29
 Un ami du Laboratoire me disait lundi 29 octobre, il faudrait changer de méthode, faire des attentats contre l'armée turque ça ne tue que des pauvres, et ceux qui déclenchent la guerre ne meurt jamais de celle ci.
Photo : Pogrome anti-alévi et anti-communiste de Kahramanmaras (Maras Katliami), 24 décembre 1978

Nuits de cristal à t...
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Ce devait être en juin 1993. Quelques jours après la mort atroce de cinq Turques dont une femme, une adolescente et trois fillettes dans un incendie raciste bouté par des Néo-Nazis à Solingen, une manifestation composée de membres de la communauté turque et d’antiracistes belges était organisée dans les rues de Schaerbeek.

Parmi les manifestants, tout le spectre politique de l’immigration turque était représenté : des marxistes du DHKP-C (qui à l’époque s’appelait encore Dev Sol), aux Loups Gris fascistes du MHP en passant par les Islamistes du Milli Görüs.

Naturellement, je me suis agglutiné au cortège des révolutionnaires turcs dont les mots d’ordre se rapprochaient de mes aspirations : louange à la fraternité entre les peuples, condamnation du racisme et du fascisme... Peu à peu, je m’aperçus que la tête de la manifestation changeait de caractère et de rythme, que de manifestation antiraciste paisible, elle était devenue virulemment raciste, les « Loups Gris » faisant étalage de leur fécondité masculine à l’endroit (et surtout à l’envers) du peuple allemand aux cris de « Un Turc b... mille Allemands ».

Pour des raisons que tout le monde pourra aisément comprendre, tout en ressentant une profonde compassion envers les familles des soldats turcs tués ces derniers jours (autant que pour les familles des maquisards kurdes qui ont connu le même sort), je me suis bien gardé de me rendre aux manifestations organisées en leur hommage. Je n’ai suivi les événements que via la Toile, la télé et les témoignages directs des familles kurdes et arméniennes victimes de la furie fasciste.

Comme tous les démocrates, ces événements m’ont profondément indigné et révolté mais sont loin de m’avoir surpris. Quand des stars du show-biz, des joueurs de football et l’ensemble de la classe politico-militaire turque se mettent au garde-à-vous pour honorer la mémoire des « soldats martyres » en criant vengeance et quand on connaît la place que la Turquie occupe dans le quotidien des jeunes délinquants bruxellois d’origine turque soumis de surcroît au fascisme de proximité véhiculé par les « foyers » des Loups Gris, on ne s’étonne vraiment pas de cette explosion de violence. D’autant que ce n’est pas la première fois que cela arrive en Belgique.

En Turquie, ce sont des scènes quasi familières depuis… avril 1915 ! Ce que l’on appelle « génocide arménien » ne fut hélas pas le seul fait d’hommes en uniformes. De simples citoyens ottomans turcs et kurdes aveuglés par une haine religieuse attisée par le régime jeune-turc des sinistres Enver et Talaat Pacha ont aussi participé aux massacres, aux viols et aux pillages des Arméniens et des autres minorités chrétiennes.

Mais le pogrome est un modus operandi des hordes nationalistes qui ne vise pas uniquement les minorités ethniques et religieuses. Ainsi, trente ans après le massacre des Arméniens, le 3 décembre 1945, les locaux de la gazette de gauche « Tan » dirigée par le couple Sabiha et Zekeriya Sertel ainsi qu’une imprimerie et de nombreux kiosques à journaux subissent l’ire de 20.000 manifestants armés de haches et de masses.

Galvanisée par des étudiants de droite hurlant « A bas le communisme, à bas les Sertel », les manifestants sèment la terreur sur tous les journalistes de gauche. Ces incidents ainsi que de multiples condamnations contraignent Zekeriya Sertel et son épouse Sabiha à s’exiler (2).

Les 6 et 7 septembre 1955, soit dix ans plus tard, Grecs, Arméniens et Juifs de Turquie subissent deux interminables nuits de cristal : au total 5.317 édifices appartenant aux communautés juive, arménienne et grecque dont 4.214 commerces, 1004 maisons, 73 églises, une synagogue, deux monastères et 26 écoles sont mis à sac et incendiés. L’élément déclencheur, un attentat contre le domicile d’Atatürk à Thessalonique imputé par le régime d’Ankara aux communistes turcs. De l’aveu même du général de corps d’armée Fatih Güllapoglu (3), c’est l’antenne de la CIA alias le « département de guerre spéciale » (Özel Harp Dairesi) qui planifia cet attentat impliquant par ailleurs deux attachés du consulat turc arrêtés en flagrant délit par la police grecque !

Sur la liste des indésirables, il y a les Arméniens, les Grecs, les Juifs, les socialistes mais aussi la communauté religieuse progressiste des Alevis.

Le 19 décembre 1978, un membre des jeunesses fascistes dénommé Ökkes Kenger (4) lance une bombe artisanale dans une salle de cinéma où l’on projetait un film anticommuniste (5). Les spectateurs, pour la plupart des militants fascistes et les forces de l’ordre font, eux aussi, partie du plan. Ces derniers s’enferment dans leurs casernes et leurs commissariats pour laisser faire les émeutiers. En l’espace de quelques heures, les spectateurs sont rejoints par une foule de Loups Gris venus des provinces avoisinantes.

Aux cris de « Abattez tous les alevi communistes » et de « Tuez un kizilbas (6) et vous irez au paradis », ils investissent les quartiers habités par la communauté alévie et les militants de gauche, dont les maisons ont été marquées de croix la veille. Le carnage est indescriptible : des femmes sont assassinées puis violées, celles qui sont enceintes sont éventrées. Des vieillards sont achevés à coups de hache. Des bébés sont cloués aux arbres. Les victimes ont les yeux crevés avec des tournevis. Certaines sont décapitées …

Au 24 décembre, les chiffres officiels avancent le bilan de 111 morts et de plus de mille blessés. Des pogromes similaires sont perpétrés dans d’autres villes à forte densité alévie et connus comme étant des bastions de gauche, notamment à Malatya (avril 1978) et à Corum (mai 1980). Le pogrome de Kahramanmaras marque un pas décisif vers la prise de pouvoir par la junte militaire.

La dictature du général Kenan Evren qui débute par un putsch le 12 septembre 1980, remplace la terreur des Loups Gris… jusqu’au 2 juillet 1993 où, à Sivas, plusieurs milliers d’entre eux et d’islamofascistes cernent un hôtel où sont retranchés des artistes et des intellectuels de gauche venus participer à un festival alévi. Les assaillants boutent le feu à l’hôtel sous le regard bienveillant des soldats et des policiers. Bilan : 37 personnes sont brûlées vives parmi lesquels des musiciens, des écrivains et des journalistes pris pour cibles en raison de leurs idées progressistes et laïques.

Depuis 2005, les actions armées de la guérilla du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) dans l’Est anatolien sont le nouveau prétexte à des actes de lynchages et des pogromes anti-kurdes. Jours et nuits, des patrouilles de « Loups Gris » décidés à exterminer les « bâtards », les « terroristes », les « séparatistes » et autres « traîtres à la patrie », sèment la terreur dans les rues d’Istanbul, d’Ankara, de Trabzon ou d’Izmir.

Ces mêmes loups guettent dans les rues de Bruxelles la moindre occasion pour terroriser les communautés anatoliennes non turques de Saint-Josse. Quatorze ans après la manifestation antiraciste de Bruxelles en hommage aux victimes de Solingen, nos Loups Gris n’ont rien perdu de leur libido : « Nous entrerons en Irak, nous b… vos mères » criaient-ils dimanche dernier durant leur procession militaire nocturne digne des chemises brunes sur le boulevard de la petite ceinture. La ceinture étant irrémédiablement la hauteur maximale que l’esprit de ces nazillons puisse atteindre.

Sections d’assaut hitlériennes ou skinheads de Solingen, Loups Gris stambouliotes ou bruxellois, leurs victimes sont toujours les mêmes : les minorités, qu’elles soient ethniques, culturelles, religieuses ou politiques. Motif de leur haine : la différence de leurs victimes.

Quand aux semeurs de haine de « notre terroir à nous », ils n’ont pas tardé à montrer le bout de leur museau en lançant leurs nauséabond : « Belgique, tu l’aimes ou tu la quittes ». Cette surenchère raciste et xénophobe, toute aussi condamnable que celle des Loups Gris, ne fera que raviver les tensions et rendra celles-ci encore plus incontrôlables.

L’heure est résolument à la fraternisation entre les communautés. Ce projet ne sera possible que si les autorités fédérales et communales, l’ensemble des partis démocratiques et le réseau associatif engagent un combat résolu contre les fascismes d’ici et d’ailleurs.

Ni stigmatisation, ni répression de la communauté turque mais promotion de sa culture et de ses penseurs humanistes tels Cheikh Bedreddine, Mevlâna Djélaleddine Roumi, Yunus Emre ou Pir Sultan Abdal en lieu et place des éloges à la puissance et aux conquêtes militaires omniprésents dans les médias turcs et des discours des élus belgo-turcs, telle est peut-être la solution. Du moins, un moyen qui nous permettrait d’empêcher la tombée d’une nuit de cristal (à trois lunes) sur la grisaille (de loup) tennoodoise.


Bahar Kimyongür
28 octobre 2007
bahar_kimyongur@yahoo.fr
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