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le blog du laboratoire anarchiste

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15 février 2010 1 15 /02 /février /2010 07:24
lu sur ici
soutien aux antimilitaristes turcs.
Vicdanlar Tutsak Alınamaz

Depuis un siècle, le peuple kurde, une nation divisée sous la domination des États turcs, irakiens, iraniens et syriens, n'a pas le droit d'exister. Ils ont été privés du droit à l'autodétermination, de s'organiser comme ils l'entendent, de posséder leur propre terre, de vivre selon leur culture, même de parler leur langue, tout en étant écrasés sous le poids d'une organisation semi-féodale extrêmement arriérée et autoritaire créée à des fins de contrôle social.

En guise d'introdution "Kine em ?". [Qui sommes-nous ?] dit une chanson populaire kurde. Il n'est pas facile de définir en quelques mots ce qu'est le peuple kurde : ils ne sont pas un groupe ethnique, n'ont pas d'unité religieuse, et même leur langue possède des dialectes difficiles à comprendre entre eux. Malgré cela, ils se reconnaissent vis-à-vis
d'eux-mêmes comme des Kurdes. Et ils ont mené un combat difficile dans beaucoup des États mentionnés pour obtenir le droit d'exister. Ce qui leur a valu d'être gazés, massacrés et déplacés par millions.

Mais la lutte kurde continue envers et contre tout, avec une force impressionnante, alimentée par chacune des communautés du Kurdistan. Ce n'est pas seulement une lutte contre l'État colonial, contre les forces impérialistes qui le plus souvent se trouvent derrière, mais, dans une proportion identique, c'est une lutte contre la propre classe féodale des riches propriétaires terriens Kurdes qui ont été les principaux alliés des États coloniaux, qui ont amassé une fortune considérable grâce à cette situation. Nous ne sommes pas en face d'un simple combat nationaliste au sens étroit du mot, nous sommes en face d'un combat social, d'une lutte pour l'émancipation complète de la population kurde des chaînes du colonialisme et du capitalisme. Il s'agit d'une lutte de libération nationale dans le sens complet du terme.

Au cours de la célébration du Newroz à Istanbul , qui est à la fois le Nouvel An kurde et le jour de la résistance (21 mars), une manifestation impressionnante a réuni 300.000 Kurdes en dépit du harcèlement de la police et des militaires, nous avons rencontré un groupe d'anarchistes, à la fois Turcs et Kurdes. Ils ont une organisation appelée Ahali, ce qui signifie « Peuple » en turc, et sont très actifs pour essayer de porter la question kurde en direction des organisations ouvrières turques et en apportant leur soutien en tant que libertaires à cette lutte selon les moyens qui leur semblent les plus adaptés.

Nous avons eu l'occasion d'échanger des opinions sur la question kurde et l'anarchisme il y a de cela quelques mois. Nous reproduisons ici cette interview avec l'espoir qu'elle fournira un éclairage sur la question kurde et le scénario complexe auquel doit faire face l'anarchisme en Turquie, où cette lutte ne peut ni ne doit être ignorée.

José Antonio Gutiérrez D. 24 septembre 2009


Dialogue avec Ahali [1] sur la question kurde et l'anarchisme


1. Quels sont les enjeux fondamentaux, les principaux problèmes dans la lutte kurde aujourd'hui ?

La lutte du peuple kurde, qui a été sous la pression constante générée par l'hégémonie de quatre États-nations que sont l'Iran, l'Irak, la Syrie et la Turquie, se précise aujourd'hui. Actuellement, de telles luttes anti-impérialistes sont devenues de plus en plus importantes dans le Nouvel ordre mondial capitaliste. Loin des similitudes globales avec d'autres nations opprimées, la lutte kurde est une « guerre en devenir » au Moyen-Orient depuis des centaines d'années.

Le caractère historique de la lutte kurde est aujourd'hui au cœur du mouvement rebelle. Le peuple kurde a été ignoré, assassiné, les États lui ont interdit de parler sa langue et de vivre selon sa culture. C'est ainsi que la liberté de vivre sur ses terres sans la tutelle de l'État turc, la liberté de parler la langue kurde, la liberté de vivre selon la culture kurde, constituent les lignes directrices de sa lutte.

Les politiques d'assimilation du peuple kurde ont été mises en oeuvre dès les premières années de l'Etat turc et la résistance à ces politiques ont été observées à Agri [2] , Dersim [3] et avec les rebelles de Cheikh Saïd [4]. Ce caractère rebelle kurde s'est traduit pour l'Etat en une reformulation de ses méthodes d'assimilation dans un sens plus radical. La racine de la lutte actuelle doit être recherchée dans les premières années de l'État turc et peut-être dans les dernières décennies de l'Empire ottoman. A la résistance au processus d'hégémonie de l'État turc il a été répondu par le génocide, en particulier à Dersim, et par les déplacements forcés.


2. La lutte kurde a été en grande partie une lutte paysanne. Parlez-nous de la question kurde de la terre ...

Comme il n'était pas possible pour l'Etat turc de prendre le contrôle des terres kurdes en utilisant la force directe, en dépit des bombardements massifs, l'État s'est attaqué aux structures économiques du Kurdistan, en visant à contrôler les Kurdes économiquement et politiquement.

Le système des Aghas, une forme particulièrement arriérée du féodalisme a été soutenu rapidement par l'État. A travers ce système de répartition des terres, l'État a pu projeter de s'attaquer directement à l'agriculture, qui était - et est toujours - cruciale pour l'économie du Kurdistan. L'Agha était - et est toujours - un chef tribal que le gouvernement soutient sur le plan économique et technologique. Ainsi, ils sont devenus très puissants en termes de propriété foncière et, grâce à l'appui technologique, en terme de production agricole. En conséquence de quoi, les paysans kurdes ont été contraints, dans un premier temps d'utiliser la technologie de l'Agha pour pouvoir produire. Mais en retour, ils devaient livrer la moitié de leur production à l'Agha. Ce système de "métayage" n'a pas duré longtemps, et bientôt les agriculteurs ont commencé à vendre leurs terres aux Aghas et sont devenus des ouvriers agricoles sous leur autorité. D'autres ont émigré après avoir vendu leurs terres.

Outre son rôle économique, l'Agha joue également un rôle politique. Les gouvernements les utilisent pour acheter les voix des Kurdes et pour intégrer les Kurdes au système. Ce caractère politique est aussi couvert par certains aspects religieux du système. L'Etat turc délivre en effet des quotas aux Aghas pour qu'ils représentent le peuple kurde au Parlement. [5]

Dans ces conditions ¬- assimilation, génocide, ignorance, perte forcée des terres, après avoir livré aux Aghas la représentation politique, etc .- les Kurdes ont déclaré "Edi Bese" - "Assez" -, et ont commencé à résister comme peuple kurde, au nom du droit de parler sa langue, au nom de son droit à vivre selon sa culture, de son droit de posséder des terres.

Aujourd'hui, la lutte n'est pas seulement de résister à ces conditions imposées par les propriétaires terriens féodaux, mais aussi contre les conditions imposées par le
nouvel ordre du capitalisme global, ou les nouveaux visages du pouvoir comme le néo racisme, le sexisme, etc En questionnant les nouvelles facettes du pouvoir et de l'oppression, la lutte s'est un peu plus inscrite dans la durée.


3. En tant qu'anarchistes, quel est votre regard sur la lutte kurde ?

L'Etat turc a appelé ce combat le « problème kurde » et il est aussi connu ainsi dans la littérature politique internationale. Nous insistons sur le fait que ce n'est pas le cas, la question de base est « le problème de l'assimilation par l'Etat turc. » En tant qu'anarchistes qui interrogeons toutes sortes de relation de pouvoir, nous ne pouvons pas fermer les yeux devant la résistance des Kurdes. Le peuple kurde a été confronté au vrai visage de l'Etat depuis la naissance de l'actuelle République de Turquie. Leur lutte s'est nourrie de la tradition rebelle de ces pays.

En tant qu'Ahali, nous attachons une importance à la façon dont nous pouvons influer sur les gens afin d'installer une tradition anarchiste dans ces territoires.. Avec à l'esprit cet objectif à long terme, nous essayons d'agir et de planifier nos actions. Il est donc logique pour nous de nous solidariser avec les camarades de la lutte kurde sans hésiter devant le caractère national de celle-ci.


4. Pensez-vous que la dernière élection (avril 2009), que beaucoup considèrent comme une victoire du DTP, aura en quelque sorte un rôle positif pour la lutte kurde ?

Les dernières élections locales semblent avoir eu un effet positif pour la lutte kurde. Le DTP, parti représentant le mouvement pour l'indépendance kurde, a remporté une municipalité métropolitaine, sept villes et cinquante municipalités de province à ces élections locales de 2009.

La signification de ces élections est importante. Elles ont eu lieu au milieu de la polémique sur l'opportunité ou non d'interdire le DTP et d'en finir avec l'expression politique des luttes pour l'indépendance. Avec le résultat de ces élections, les Kurdes ont répondu à cette polémique. Non seulement sur la possibilité d'interdire le DTP, mais aussi sur la polémique à propos d'Öcalan et sur le fait de savoir si la lutte séparatiste aurait un impact sur les résultats. En donnant leurs voix à un parti issu d'une tradition que l'Etat turc a toujours censuré et bloqué, les Kurdes ont dit que « le DTP représente le peuple kurde et nous sommes là ! »

Dans ces conditions, pour cette fois, nous ne mettons pas en avant le problème de la démocratie représentative, bien que nous soyons contre. En outre, nous pensons important de souligner que les activités des municipalités libres sont une forme de politique participative, au niveau local. Avec le Parlement public, les conseils de jeunes et de femmes et d'autres organismes similaires, le caractère démocratique du DTP va au-delà de la démocratie traditionnelle.

Les municipalités qui ont été remportées par le DTP lors des élections locales, nous l'analysons comme une victoire plus importante que les postes gagnés au sein du parlement turc. On comprend mieux cela si l'on compare la popularité de Osman Baydemir, le maire de Diyarbakir avec celle d'Ahmet Türk, parlementaire et co-président du DTP.

Comme nous l'avons dit, nous ne croyons pas en la démocratie représentative ou dans les élections bourgeoises. Mais, sous ces conditions particulières, qui a vu le DTP presque interdit et face à l'avancée de nouveaux éléments dans la lutte kurde, comme celui de donner plus d'importance à la participation publique directe, nous avons
compris le soutien au DTP au Kurdistan comme une opposition explicite à État turc, et cela a été exprimé comme la volonté du peuple kurde.


5. Nous avons entendu que les femmes sont très opprimées par la traditions kurde, et de telles histoires ont certainement circulé et ont été promotionnées par l'Etat turc en vue de montrer le peuple kurde comme arriéré (crimes d'honneur, etc) ... Dans quelle mesure cela est-il vrai ? Quelle est la position du mouvement de libération kurde à propos des femmes ?

Premièrement, nous devons prendre en compte que Öcalan, qui a théorisé la lutte des Kurdes, a mis la libération des femmes au coeur de la question. Car, a-t-il indiqué, les femmes étant la première classe sociale qui a été soumise à l'autorité, la libération de la société doit commencer par la libération des femmes. Le résultat est que la lutte kurde attache une grande importance à l'organisation indépendante des femmes tant dans la lutte armée que dans l'espace politique et social.. Il y a un système de co-gouvernance dans le DTP, il y a des conseils de femmes, et il existe des organisations de femmes tant dans la guérilla que dans les villes kurdes, ce qui pourrait être considéré comme l'application pratique de cette théorie.

Nous devons aussi ajouter que les femmes kurdes sont parmi les femmes les plus politisées au monde. Vous pouvez le voir chaque 8 mars, où le nombre de femmes kurdes dans les rues est jusqu'à 30 fois plus élevé que dans d'autres parties du monde.

Le système des Aghas considère les femmes comme n'étant pas autre chose que des produits de base. Elles peuvent être échangés contre de l'argent ou des stocks de vivres. Les femmes sont jugées incapables de prendre des décisions concernant leur propre vie et sont coupés de la vie sociale, politique et économique. Soutenus par l'État, les Aghas jouent un rôle important dans l'isolement des femmes vis-à-vis de la vie économique. Selon eux, les femmes ne sont pas nécessaires dans la vie professionnelle et sont inadaptées à l'emploi. Les femmes sont censées rester à la maison afin de s'occuper des tâches domestiques et de l'éducation des enfants.

Ce type de marginalisation, combiné à des facteurs religieux, conduit les hommes se revendiquer comme propriétaires des femmes, qui ne sont pas autre chose que des biens possédés par les hommes et considérées comme des objets. Elles deviennent un symbole d'honneur et toute violation des anciennes coutumes peut amener les femmes à être mises à mort pour l'honneur.

L'Etat est apparemment assez critique vis-à-vis des crimes « d'honneur ». Toutefois, comme nous l'avons déjà mentionné, les Aghas sont fortement soutenus et, de fait, ont été créés par l'Etat. Compte tenu de cela, il est évident que les crimes d'« honneur » sont principalement causés par l'organisation de l'Etat, malgré ses apparents « efforts » visant à en mettre un terme.


6. Quelles sont les principales difficultés à établir des liens entre les mouvements populaires Kurdes et les Turcs ?

Les mouvements de gauche turcs se concentrent principalement sur le mouvement de la classe ouvrière. On peut donc dire qu'ils considèrent la lutte kurde comme un problème secondaire qui pourra être traité après la révolution. Ils n'accordent pas assez d'importance et ne montrent pas beaucoup de solidarité avec le peuple kurde.

Peut-être la raison la plus importante de ce manque d ' « intérêt » dans la question kurde est le fait que certains groupes de "gauche" Turcs voient encore Mustafa Kemal, le fondateur autoritaire de la République turque, comme un héros anti-impérialiste et ont adopté ses idées nationalistes. Ils le voient comme une sorte de "Che" Guevara, pendant qu'ils voient la lutte kurde comme un "outil" des États-Unis pour diviser la Turquie en deux, pour ensuite « manger les deux petits morceaux du gâteau. » Donc, l'approche initiale anti-impérialiste devient nationaliste et n'hésite pas à accuser les Kurdes d'être ceux qui causent des problèmes et d'être des marionnettes de l'impérialisme américain.

D'un autre côté, le mouvement populaire turc, tout "moderniste" qu'il soit, est divisé à propos du mouvement kurde dont les théories se sont rapprochées de l'anarchisme dans ses attaques incessantes contre le socialisme d'Etat centralisé. Surtout au cours des dix dernières années, le mouvement kurde s'est en effet éloigné d'une lutte centrée sur l'Etat au profit d'une idée plus globale, plus approfondie, de la révolution sociale. Parfois, on appelle cela "confédéralisme démocratique", d'autres fois "communalisme démocratique", etc. Mais nous pouvons dire que cette théorie s'enrichit par les perspectives de l'écologie sociale, inspirées par les enseignements de Murray Bookchin.


7. Qu'attendriez-vous des mouvements libertaires et de solidarité internationale ?

La mondialisation du pouvoir fait que la résistance est aujourd'hui mondiale. Disposer d'informations sur les résistances à travers le monde entier nous donne l'espoir et la force de faire face dans la lutte contre le système. Nous croyons que nous pouvons étendre notre résistance grâce à ce réseau de solidarité internationale. Nous, comme tous ceux qui s'opposent au capitalisme, au racisme, au sexisme, à l'autorité de l'Etat, et ainsi de suite, nous avons besoin les uns des autres dans les circonstances actuelles, où le capitalisme accroît son contrôle sur la vie des individus et où les États-nations jouent un rôle beaucoup plus stratégique dans ce nouvel ordre mondial capitaliste.

Nous croyons que nous pouvons apprendre beaucoup des expériences des autres peuples. Tout d'abord, il est vraiment important de partager vos expériences avec des groupes comme le nôtre qui a moins d'expérience. Ces expériences partagées pourraient nous aider à résoudre les problèmes auxquels nous sommes confrontés tout en développant l'anarchisme dans nos régions.

Jusqu'à maintenant, les anarchistes ont surtout été organisés pour les objectifs à court terme, avec de petites campagnes, menées par petits groupes. La solidarité internationale est cruciale pour que l'anarchisme acquière un caractère social, avec à des buts à long terme. Nous devons partager nos expériences dans ce processus de projets à long terme. Nous avons l'esprit de 1850, mais nous sommes actifs depuis 2004. Nous attendons de vous, par exemple, qui avez une tradition révolutionnaire en Amérique latine, de pouvoir partager vos expériences et d'écouter les nôtres.


[Traduction française : OCL / Courant Alternatif]


Version en castillan ici : http://www.anarkismo.net/article/15311
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