15 mars 2012
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C’est le premier communiqué depuis qu’elle a annoncé avoir cessé
définitivement ses actions armées le 20 octobre dernier. Dans ce communiqué en trois langues et daté
du 22 février, l’organisation rappelle qu’il y a quatre mois, elle avait demandé
l’ouverture d’un dialogue direct avec le gouvernement français concernant les
“conséquences du conflit” et elle veut donc faire “part à la société française”
de ses “réflexions”.
Communiqué d’ETA à la société française
Alors que quatre longs mois se sont écoulés depuis qu’ETA a annoncé la fin
de son action armée et a appelé le gouvernement français à entamer un
dialogue direct concernant les conséquences du conflit, ETA veut faire part
à la société française de ses réflexions :
Après de longues années de confrontation armée, l’occasion de dépasser
celle-ci est ouverte. Nous sommes face à l’enjeu de construire la paix juste
et durable qui permettra la résolution d’un conflit historique et qui mettra fin
définitivement à des décennies de souffrances.
Les décideurs français, dans leur discours, ont l’habitude de présenter
le “problème basque” comme s’il s’agissait d’une question relevant de
l’Espagne, occultant ainsi la responsabilité directe de l’Etat français.
Pourtant, autant la France que l’Espagne nient la réalité nationale
d’Euskal Herria et le droit des Basques à décider de leur avenir.
Le centralisme de l’Etat français ne concède aucune reconnaissance politique
aux territoires du Labourd, Basse-Navarre et Soule et continue à faire
la sourde oreille face à la revendication du Pays Basque pour un
cadre institutionnel spécifique.
L’Etat français s’associe, par ailleurs, à l’Espagne dans sa stratégie
répressive à l’encontre de la résistance basque, depuis le franquisme
jusqu’à aujourd’hui. L’Etat français a été directement impliqué dans la guerre
sale, dans les disparitions de militant(e)s basques et dans des cas de torture.
Parfois, en fermant les yeux sur ces affaires et d’autres fois, en les
protégeant sciemment.
Il persécute et arrête les militant(e)s qui travaillent en faveur d’Euskal Herria,
ainsi que les réfugié(e)s politiques. Aujourd’hui, 140 prisonnier(e)s politiques
basques sont dispersé(e)s dans les prisons françaises.
Le 17 octobre dernier, des personnalités de renom international ont signé la
déclaration d’Aiete. A travers celle-ci, ils ont défini une feuille de route
rassemblant les éléments pour la résolution du conflit et indiquant la
responsabilité des deux Etats.
ETA a répondu positivement au premier point de cette déclaration, le 20
octobre.Tout en annonçant la fin définitive de son action armée, ETA en
appelait auxgouvernements français et espagnol afin qu’ils ouvrent un
dialogue direct dont l’objectif serait de résoudre les conséquences du conflit.
Jusqu’à présent, la seule réponse apportée par les responsables du
gouvernement français a été d’affirmer qu’ils appliqueront ce que le
gouvernement espagnol ordonne. Et au lieu de s’impliquer dans la résolution
du conflit, ils ont continué dans la voie répressive, arrêtant des militants
basques, maintenant la politique devengeance envers les prisonnier(e)s
politiques basques et remettant aux mains de l’Etat espagnol des
citoyen(ne)s basques par le biais des mandats d’arrêt européen.
La majorité des acteurs politiques et sociaux du Labourd, Basse-Navarre et
Soule se sont prononcés contre cette attitude. Au-delà des positions
politiques divergentes quant au passé et à l’avenir, ils sont largement
d’accord pour souligner que, face à cette occasion historique, des
engagements et des actes de la part de la France sont nécessaires.
Pour toutes ces raisons, ETA considère qu’il existe une opportunité réelle de
construire une paix juste, basée sur la résolution de ce conflit séculaire.
Nous pensons que les citoyens basques espèrent que le gouvernement
français réponde positivement à la possibilité de mettre fin définitivement
aux conséquences du conflit, en entamant pour cela des discussions directes
avec ETA.
Comme le stipule la déclaration d’Aiete, pour que la résolution soit ferme et
durable, il convient aussi de répondre aux causes politiques qui sont à
l’origine du conflit.
ETA considère que les forces politiques, syndicales et sociales basques
seront à même de trouver les accords politiques nécessaires à cela.
Nous pensons que la France a un rôle essentiel à jouer dans la résolution
juste et rationnelle de ce conflit historique et nous sommes convaincus que
c’est le souhait de la société basque.
Pour terminer, ETA tient à exprimer sa reconnaissance et sa gratitude à
toutes les personnes qui, en France, ont soutenu et soutiennent
la cause du peuple basque. ETA les invite à poursuivre leur effort afin de
tirer pleinement profit de l’opportunité ouverte.
Gora Euskal Herria askatuta! Gora Euskal Herria sozialista!
Jo ta ke independentzia eta sozialismoa lortu arte!