Le collectif solidarité prisonnier fait suivre ce communiqué
L’A.R.P.P.I (association pour le respect des proches de personnes incarcérées) et la FLD (faites la lumière en détention) s’interrogent.
Pourquoi, début février la parole des parents de Jérémy, 19 ans, qui avaient interpellé l’institution pénitentiaire sur les dangers qu’encouraient leur fils à la prison de Valence, n’a t’elle pas
été prise en compte ou entendue ?
En effet, 12 jours avant sa mort, la mère et la grand mère en visite au parloir, avaient constaté des traces des bleus sur le dos de Jérémy ainsi qu’une bosse à l’épaule, elles ont interpellé la
surveillante du parloir qui leur a répondu que Jérémy devait écrire pour demander à voir un médecin, parce que c’était la procédure.
La grand mère a insisté et demandé à un autre surveillant, mais finalement, toutes deux ont été été mises à la porte.
L’ARPPI et la FLD dénoncent le manque de considération des familles par l’administration pénitentiaire alors qu’elles sont, qu’on le veuille ou non, les garantes de leur réinsertion et de leur
bien être.
Il est clairement établi que la parole de la famille si elle avait été prise en compte, dans cette dramatique affaire, où les dysfonctionnements ont été légion, aujourd’hui, Jérémy serait
probablement en vie.
Il est des évidences que l’on ne peut occulter.
Par ailleurs, pourquoi a t’on placé Jérémy Martinez en cellule avec un jeune homme dont la dangerosité était clairement établie ?
En effet, d’après ce que nous connaissons de l’affaire, son co cellulaire, jeune homme âgé de 19 également, au parcours social chaotique avait également de graves difficultés.
Dans une note du médecin il avait été précisé que ce jeune homme devait rester seul en cellule et que les agents devaient lui ouvrir la porte en binôme.
Pourquoi les deux surveillants auxquels s’était adressé Jérémy, la veille de son meurtre, pour changer de cellule, ne l’ont ils pas fait ou simplement signalé à leur hiérarchie?
Force est de constater que le torticolis nous gagne à force de détourner la tête lorsqu’un qu’un drame se prépare ou se déroule à côté de chez nous, dans nos prisons.
Pourtant, chacun d’entre nous pourrait agir à son petit niveau en refusant de cautionner l’alibi sécuritaire.
Allons nous continuer, par impôts interposés, entre deux discours citoyennistes, à nous faire les complices indirects mais bien réels, d’un système carcéral et judiciaire qui n’est plus
acceptable ?
La véritable décroissance commence par le désengorgement carcéral.
Quel mépris pour la vie de nos enfants, et surtout quel immense gâchis au regard de ce que nous pouvions et pourrions éviter à tous ces jeunes qui dérivent entre prison et futur à construire.
Cessons de bourrer la cocotte minute carcérale, de frustrations en surpopulation, sans jamais permettre à la vapeur de s’échapper, car détenus, proches et surveillants, à force de pression, de
mixage et de macération, finiront par exploser.
Un pays dans lequel ses jeunes se suicident ou se font tuer est un pays malade et, si nous continuons à détourner les yeux sur ce cancer social, ses métastases sécuritaires finiront par bouffer
toute la société.
Que faire pour stopper la machine à broyer ?
Une réflexion et une action communes s’imposent devant l’urgence de la situation.
Pour commencer aidons les familles et les proches à être pris en compte et écoutons ce qu’ils nous disent et peut être qu’en les écoutant pourrons nous sauver des vies ?
Car comme le souligne le vieil adage :
Qui sauve une vie, sauve l’humanité entière…
Catherine Présidente de l’A.R.P.P.I