nous passons ce texte malheureusement après la tenue du forum mais il nous permettra d'aborder un des bilans de ce forum et continuer avec les habitantes et les habitants du quartier du polygone et dans une pratique sociale loin des chemins balisés. Nous donnons rendez vous sur le quartier pour diffuser et échanger autour le bulletin de résistons ensemble
Résistons Ensemble n° 54 juin 2007 |
Les 22, 23 et 24 se tient à Saint-Denis (93) le Forum social des quartiers populaires, à l’initiative de diverses associations et du Mouvement de l’immigration et des banlieues. La logique est de construire un mouvement politique autonome des banlieues. Commentaire d’un militant.
La droite est passée, et alors ? La gauche s’écroule, et alors ? Face à l’hystérie électoraliste, qui prétend que l’inscription sur les listes électorales et le vote étaient l’unique voie de salut pour les quartiers et leurs habitants, il est temps de réaffirmer que les banlieues ne sont pas des déserts politiques.
À travers les grèves des foyers Sonacotra, les luttes pour la résorption des bidonvilles, les Marches pour l’égalité, les actions contre les crimes sécuritaires, etc., les quartiers populaires sont riches d’une histoire riche de résistances et de luttes.
Le Forum social des quartiers populaires qui se déroulera les 22, 23 et 24 juin 2007 à Saint-Denis (93) entend être un rendez-vous des militantes, des militants et des habitants des cités, dégagé des tutelles politiques institutionnelles.
L’objectif est de retisser un réseau entre les associations dans les quartiers au niveau local et national pour un rapport de force centré sur les problématiques des quartiers : apartheid urbain, violences policières, rapports hommes-femmes, islamophobie, éducation au rabais… Nous avons besoin d’un mouvement politique autonome des quartiers, pour mutualiser les archives et les expériences. Notre histoire souffre en effet trop souvent d’une négation institutionnelle et du manque de transmission entre générations.
Nécessaire autonomie
Leur calendrier électoral n’est pas le notre, au contraire d’une certaine élite indigène prête à tout pour les miettes du maître ! Nous continuerons à tracer un chemin difficile, loin de la fosse médiatique, pour une expression politique et sociale des banlieues.
Nous ne détenons pas la vérité, d'autres populations souffrent dans le silence. Les classes populaires, les précaires, les chômeuses et les chômeurs, les sans-papiers, avons intérêt à nous unir au-delà de nos identités multiples. Nous y sommes prêts… Mais pas au prix du reniement de nos mémoires, pas au prix de l'oubli de nos identités et de l'histoire.
Le Forum social des quartiers populaires est une dynamique autonome et indépendante. Notre expérience nous a appris que c’est une condition sine qua non de succès. La dépendance quasi-totale des associations de quartier vis-à-vis de l’aide extérieure pénalise l'existence d'espaces de contre-pouvoir. L'État a toujours tenté d'intégrer et de domestiquer la contestation par le financement des associations. Il est très facile pour une association « culturelle » de faire des « couscous-party » et d'organiser des voyages à la mer. Mais une association qui milite pour que les habitantes et les habitants des quartiers se saisissent du pouvoir et décident eux-mêmes sur leur avenir, ou cherchent à établir la vérité et exigent la justice sur des violences policières et racistes, est considérée comme « trop politique ». « Trop politique », c'est bien l'argument qui a été opposé à nos demandes de subventions pour le Forum.
Nous pouvons échapper à ce cercle vicieux. Que toutes les personnes concernées prennent leurs responsabilités, dont celle de l'autofinancement. En contribuant financièrement au projet, vous devenez les garants de son indépendance et vous permettez qu'une dynamique inédite puisse émerger dans les quartiers.
Face aux matons qui nous guettent, nous avancerons avec la patience des chameaux que nous sommes et la détermination des loups que nous serons. Ni victime, ni héros, debout avant tout.