lu sur le site des liquidateurs du vieux monde
Catastrophe nucléaire au Bugey : il n’y aura pas d’évacuation
Aucune évacuation officielle des habitants n’a lieu dans les villes de Fukushima
et Iwaki, aucune évacuation officielle n’a eu lieu dans la ville de Kiev (à 100 km de Tchernobyl). Les élus et
les responsables du nucléaire le savent, il a été impossible pour les entreprises comme pour les États
de faire face à l’évacuation et au dédommagement d’une ville fortement peuplée. Si l’accident au Bugey arrive,
il faut plutôt s’attendre à une communication de crise qui se rôde au fur et à mesure des accidents qui
se succèdent. L’accident nucléaire n’a pas d’autre solution.
Aucune évacuation officielle des habitants n’a lieu dans les
villes de Fukushima (300’000 hab) et Iwaki (350’000 hab), situées respectivement à 60 et 80 km de la
centrale accidentée au Japon, alors que tous les relevés indiquent une radioactivité dans les habitations,
les rues, les bureaux, les écoles, les forêts et les rivières, bien au dessus des normes internationales
de radioprotection.
Aucune évacuation officielle n’a eu lieu dans la ville de Kiev (2’200’000 hab) située à 110 km de la
centrale nucléaire de Tchernobyl, alors que la ville et sa région sont toujours fortement contaminées,
25 ans après l’accident.
Il se passerait à Lyon la même chose qu’il s’est produit dans ces villes du Japon ou d’Ukraine, en cas
d’accident majeur à la centrale nucléaire du Bugey, à Saint-Vulbas. Parce que Lyon est beaucoup plus
proche de la centrale (25 km) et que la ville est très peuplée (1,5 million d’habitants).
Pas d’évacuation pour la majorité des victimes du nucléaire
Le maire de la ville de Fukushima, Takanori Seto, l’exprime très clairement lorsqu’il indique que
« l’absence d’évacuation des populations sur les territoires irradiés fait partie intégrante d’une
catastrophe nucléaire ».
Les observateurs indépendants de Glasnost sur Fukushima signalent aussi que « quel que soit le pays, la même gestion inadmissible de crise s’est reproduite.
Les populations locales ont été sacrifié pour des enjeux économiques trop importants (Tchernobyl en 1986, Fukushima en 2011). Il est malheureusement probable que
le prochain accident reproduira le même scénario. »
Même André-Claude Lacoste président de l’Autorité de Sureté Nucléaire en France le reconnaît sans détour,
lors de son audition devant l’Office parlementaire : « Autour du site [de Fukushima Daïchi], les
autorités japonaises ont pris des décisions de protection de la population qui, dès le début, nous sont apparues comme raisonnables, avec une zone de vingt kilomètres pour évacuer la population, puis une zone de
mise à l’abri entre vingt et trente kilomètres. Une quantité considérable de personnes ont été évacuées
[NDA : 8000 personnes en tout].
Je ne suis pas certain que nous pourrions assurer les mêmes conditions en France. Les personnes qui
sont dans les zones de vingt à trente kilomètres vivent apparemment très mal, dans la mesure où plus
aucun fournisseur ne veut accéder à cette zone pour apporter des denrées de première nécessité.
D’eux-mêmes, les gens partent. Le gouvernement japonais ne les en empêche pas. Il constate la difficulté
de vivre dans cette zone et pense probablement que ces gens qui partent d’eux-mêmes allégeront de
possibles évacuations futures. Cette zone de trente kilomètres n’est absolument pas une borne à
la contamination. Il existe très probablement de la contamination au-delà de cette zone. »
Pas de plan d’évacuation pour Lyon
Avons-nous entendu parler de nouveaux plans d’évacuation
en cas de catastrophe nucléaire, suite à l’échec de l’évacuation de la ville de Pripiatet celle de Kiev, en 1986,
de celles de Minamisoma, Fukushima et Iwaki en 2011 ? L’idée est effrayante, mais la réponse est non.
Est-il seulement possible d’évacuer Lyon si la rupture d’un barrage hydroélectrique provoque
l’accident nucléaire et des inondations ?
Avons-nous entendu EDF parler d’un budget provisionné pour le dédommagement d’un million et demi
de personnes en cas de catastrophe nucléaire à Saint-Vulbas ? Non. Faire le calcul permet de comprendre :
un dédommagement estimé a minima à 50’000 euros par personne (évacuation, relogement, équipements) nécessite de provisionner 110 Mds d’euros et il resterait encore à payer la majeure partie de la facture liée à
la gestion de la centrale accidentée, des territoires contaminés et des déchets radioactifs.
Impossible financièrement de provisionner une telle somme (pour comparaison, le budget de la France en
2010 est de 300 Mds d’euros et le chiffre d’affaire d’EDF pour la même année est de 65 Mds).
Même si l’évacuation pouvait avoir lieu, où relogerait-on la quasi totalité des habitants de la ville de Lyon ?
Et hormis sur le site de la centrale accidentée, où les ex-Lyonnais iraient-ils travailler pour financer la vie quotidienne ?
Un scénario clef en main
En cas de catastrophe nucléaire majeure à la centrale du Bugey, pour pallier à l’impossibilité d’évacuer la
ville de Lyon, voilà plutôt le scénario probable :
Les experts du nucléaire (ASN, AIEA) et EDF masquent l’importance de la contamination les premiers jours
de la catastrophe, lors des relâchements de radioactivité les plus importants. Et ce afin d’éviter la panique de
la population.
Puis, avec l’aide de l’État, les experts et EDF délimitent une zone d’évacuation, en forme de cercle, autour
de la centrale accidentée du Bugey. Comme par miracle la frontière qu’ils tracent s’arrête aux portes de la
ville de Lyon. L’évacuation de la totalité de la ville étant impossible.
Météofrance confirme cette limite de contamination en évitant soigneusement d’informer sur la direction et
la vitesse réelle des vents qui soufflent sur la ville.
Les plus introduits sont les seuls à connaître l’état de la catastrophe et les dangers inhérents, les plus riches
les seuls à pouvoir quitter Lyon avec leurs proches. La majeure partie de la population du Rhône
est contaminée.
Pour conserver leur pouvoir et se déresponsabiliser de leurs actes, EDF, les experts et l’État rehaussent
les doses limites de radioprotection, comme cela est prévu et a déjà été fait.
C’est ce qu’il s’est déjà passé à Tchernobyl en 1986 et se passe à Fukushima en 2011, une grande partie de
la population contaminée et irradiée est abandonnée des États, des experts et des entreprises, elle
reste quasiment seule face à la radioactivité dans un territoire contaminé (voir les articles précédents
sur Fukushima et se documenter ici sur Tchernobyl).
L’accident nucléaire n’a pas de solution
Un accident nucléaire est sans solution. La technologie surpuissante entraîne des dégâts surpuissants.
Les promesses faites au sujet de la sécurité des centrales ne change rien à l’impossibilité matérielle et
financière d’évacuer une ville comme Lyon et de dédommager un million et demi d’habitants.
Si un accident majeur devait se produire à la centrale nucléaire du Bugey il est fort à craindre que la
majeure partie de la population ainsi que le territoire du Rhône seraient tous deux fortement contaminés pour longtemps.
Comme l’a souligné Naoto Kan, le premier ministre japonais à l’époque de l’accident, après sa démission :
« Quand vous pensez à la possibilité d’un accident qui pourrait rendre la moitié du pays inhabitable, vous
ne pouvez pas prendre ce risque, même si cela n’arrivait qu’une fois dans un siècle ».
Défendons notre vie et notre ville, arrêtons la centrale nucléaire du Bugey avant que la catastrophe ne le fasse
à notre place.
Post-Scriptum
Tiens, vous êtes au courant qu’il y a un accident nucléaire en Europe, depuis une vingtaine de jours ?
Mais que personne ne révèle où il a lieu exactement ? Ni l’ASN, ni l’AIEA, ni les experts du nucléaire français… belle illustration de la culture du secret et du mépris des populations.
Des traces d’iode 131 détectées dans l’air en France
Des traces d’iode 131, imputables à des rejets radioactifs, ont été détectées dans l’air en France sans toutefois présenter de risque sanitaire, annonce, mardi 15 novembre, l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN). L’origine et la date des rejets à l’origine de cette pollution par l’iode 131 — un élément à la durée de vie courte dont la radioactivité diminue de moitié tous les huit jours — « sont inconnues à ce jour » mais n’auraient aucun lien avec l’accident nucléaire de Fukushima, au Japon, selon l’IRSN.
L’Institut avait été informé par ses réseaux scientifiques de la détection par plusieurs pays d’Europe centrale d’« iode 131 à l’état de traces dans l’air » et a donc lancé des analyses pour rechercher la présence éventuelle de cet élément radioactif en France, explique l’Institut dans un communiqué. Les « premiers résultats indiquent la présence de traces d’iode 131 particulaire dans l’air en France à des niveaux de concentration ne dépassant pas quelques microbecquerels par mètre cube et proches de la limite de détection des instruments de mesure », selon l’IRSN.
« Si la présence d’iode 131 dans l’air est tout à fait inhabituelle à cette échelle du territoire national, indiquant l’occurrence de rejets radioactifs anormaux dans l’atmosphère, les niveaux de concentration observés sont sans aucun risque pour la santé des populations », assure l’Institut. Des calculs de « rétro-trajectoire » sont en cours pour tenter de retracer la provenance des masses d’air ayant transporté l’iode 131 détecté.
Le 11 novembre, l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) avait fait état de la présence d’iode 131 dans l’atmosphère en République tchèque et dans d’autres pays européens à des niveaux ne présentant « aucun risque pour la santé ». L’AIEA n’a pas précisé de quels autres Etats il s’agissait, mais plusieurs agences de sûreté nucléaire de pays voisins — Pologne, Autriche, Slovaquie notamment — ont, eux aussi, révélé la présence de cette substance dans l’atmosphère, toujours à des doses très faibles.
Leur presse (LeMonde.fr), 15 novembre 2011.