Retrouvé inanimé dans sa cellule de la maison d'arrêt de Valence, Jérémy Martinez est mort des suites de ses blessures le mardi 4 mars à l'hôpital. D'abord présentées comme un acte suicidaire, les circonstances de la mort de ce garçon de 19 ans sont rapidement devenues plus complexes... Jusqu'à ce que la justice décide de mettre en examen pour meurtre, le codétenu de Jérémy - Raphaël Loubières, 19 ans également - qui clame depuis son innocence.
En marge de l'enquête menée par la brigade criminelle, la famille de Jérémy Martinez avait très vite mis en cause l'administration pénitentiaire. Assurant notamment avoir dénoncé en vain auprès de surveillants des faits de violences dont le jeune garçon aurait été victime quelques jours seulement avant sa mort. « On a laissé Jérémy avec son bourreau ! Il a été martyrisé et torturé puis il a été tué », martèle depuis la famille qui demande des comptes à l'État.
Jérémy ne voulait pas réintégrer sa cellule
Des éléments qui auraient été dissimulés à l'inspection pénitentiaire chargée de l'enquête administrative interne lancée dans la prison quelques jours seulement
après le décès du jeune garçon.
Selon nos informations, l'après-midi précédant sa mort, Jérémy Martinez serait sorti de sa cellule avec toutes ses affaires, restant un certain temps dans la coursive et demandant instamment à
être intégré dans une autre geôle. En vain. C'est cet épisode que deux agents auraient longuement caché aux enquêteurs. Qui auraient alors dû lourdement insister pour que les surveillants
concernés reconnaissent les faits.
Un épisode qui vient en fait s'ajouter aux nombreuses demandes que Jérémy aurait émis afin de
changer de cellule, se plaignant des agissements de son codétenu qui a depuis été mis en examen pour le meurtre du jeune homme...
« C'est la loi du silence ! »
« C'est la loi du silence, c'est effrayant, grave et inquiétant quant au fonctionnement des prisons ! », s'est indignée Me Marie-Christine Buffard, l'avocate de la
famille. Interrogée, l'administration pénitentiaire régionale s'est refusée à tout commentaire.
Silence aussi sur les décisions prises à la suite de l'enquête interne. Toujours selon nos sources, le rapport aurait conduit à l'enclenchement de trois procédures disciplinaires pour
négligences. Deux surveillants auraient déjà fait l'objet de sanctions et auraient été déplacés d'office.
Depuis, le parquet de Valence a saisi le juge chargé de l'instruction sur le meurtre de Jérémy Martinez d'un réquisitoire supplétif pour "non-assistance à personne en danger". Il appartient donc
désormais au magistrat instructeur de déterminer si l'administration pénitentiaire a, ou non, une part de responsabilité dans la mort du garçon de 19 ans.