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La tyrannie la plus redoutable n'est pas celle qui prend figure d'arbitraire, c'est celle qui nous vient couverte du masque de la légalité." Albert Libertad

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le blog du laboratoire anarchiste

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20 juillet 2011 3 20 /07 /juillet /2011 21:38

Gabriel Pombo Da Silva - Texte de présentation du livre en France Tarrio

J'aime m'asseoir en face de la machine à écrire quand je me réveille et ne savent même pas qui je suis, d'où je viens et où je vais ... quand l'esprit se trouve dans une nébuleuse chaotique et confus, bien au-delà de l'espace-temps et toute dialectique ...

Progressivement, et au moment où j'écris «revenir» à mon ego (ou quoi que ce soit ...) ... J'ouvre la fenêtre de "mon" cellule: respirer profondément l'air frais du matin et je me sens mes poumons qui élargissent ... Je prépare une tasse de café, ses parfum me détend, me rappelle d'un «autre temps» ... mon enfance et ma mère ...

Ma mère me réveillais tous les jours à 5 heures pour aller travailler ... mettre la cafetière sur la cuisinière et la propagation dans l'air dans les minutes quest'aroma journal que j'aimais tant ... Comme un enfant, j'étais convaincu que l'une des raisons pour lesquelles Ma mère était si «par défaut» résidait dans la consommation de café ... Je ne sais pas pourquoi, les pensées d'un enfant ...

Le week-end j'ai l'habitude d'accompagner ma mère au travail, ou quand je le pouvais, car je devais aller à l'école ... J'ai aimé aider ma mère ...

Ma mère était (et est) une "femme de ménage" et a dû gagner sa vie et de commerces de nettoyage des bureaux des autres a toujours été détaché montré fier de son travail ... ou peut-être au travail ... Je n'ai jamais su pour sûr ...

Mon père était un maçon (aujourd'hui décédé) et des maisons construites pour les autres, alors que nous vivions dans le loyer dans une porcherie, il a également montré fier de son travail ... ou peut-être même de travailler ... Je ne savais pas ...

Dès son jeune âge a commencé à croître en moi un profond sentiment d'aversion pour ce que nous appelons aujourd'hui «travail salarié», mais à cette époque était simplement appelé "travail" ... D'une certaine manière, j'ai été l'enseignement de la réalité quotidienne que ceux qui n'ont pas rien eu à vendre le même temps et la force à ceux qui avaient déjà tout ...

Quand j'ai demandé à mon pourquoi il ya des pauvres et riches, ils ont répondu que j'avais toujours été comme ça depuis que le monde ... toujours choqué moi "mentalité" de mes parents ... parce que ces vagabonds et mendiants ont été ...; putains étaient telles vicieux parce que ...; de même pour les voleurs qui étaient des criminels ...

Il a dû travailler, obéir, être honnête et de «bons chrétiens» ... toujours être prêt à souffrir et à tendre l'autre joue ... quelques jours, au-delà, nous avons trouvé notre récompense ...

Quand j'étais petite, j'avais honte de dire que ma mère était une «femme de ménage" ... maintenant j'ai honte d'avoir honte de moi-même ... ma mère avait honte d'être pauvre ... (qui est, «prolétarienne», car nous n'avons jamais supplié ...) , comme si être né pauvre, dans une classe ouvrière, était un «péché», quelque chose que l'on a choisi ...

Non, je ne pourrais jamais accepter cet «ordre des choses» ... Je ne voulais pas accepter que l'ordre ... Je ne voulais pas être un employé de fierté qui travaille pour les «autres» et vendus pour de l'argent, son temps, toute son énergie et parfois aussi l'âme.

présentation du livre:

Des lieux d'extermination, de ces endroits seuls peuvent sortir des histoires comme celle écrite par Xosé Tarrio Gonzàles et ses compagnons. HUYE HOMBRE HUYE, son livre qui vient de sortir, nous raconte ce qu'a été et ce qu'est actuellement le régime carcéral de la démocratie espagnole pendant la décennie passée : un lieu d’anéantissement. Après les grandes émeutes carcérales qui ont caractérisé les luttes des prisonniers pour l’amélioration des conditions de vie à l’intérieur des prisons, les continuelles tentatives d’évasion, les séquestrations des matons et des intervenants pénitentiaires, les violences, la COPEL dans les années 80, l’APRE(R) maintenant, il existe depuis neuf ans en Espagne un régime carcéral dénommé F.I.E.S. UNE PRISON DANS LA PRISON !

Il a été crée au début des années 90 par le gouvernement (dirigé par le PSOE) pour contenir et éliminer physiquement tous les individus qui dans les année précédentes avaient organisé protestations, évasions, émeutes dans les geôles espagnoles ; un régime d’incarcération spécial qui sert à tenir éloigné du reste de la population carcérale toute ces femmes et tous ces hommes classés dangereux en raison de leur insoumission envers le régime d’emprisonnement. Officiellement le F.I.E.S n’existe pas, mais il est bien en application ; 35000 détenus malades du SIDA condamnés à mourir menottés dans les lits des hôpitaux pendant la phase terminale de leur maladie : c’est une des nombreuses réalités décrites par Xosé Tarrio Gonzàles dans son livre. Ce n’est pas un hasard si la libération des prisonniers malades a toujours été une des principales revendications qui ont accompagné les émeutes et les rébellions, y compris la dernière et les futures, des prisonniers enfermés dans les prisons espagnoles.

Le livre de Tarrio, appelé aussi le Che, est un témoignage important afin que tous aient connaissance de ce qu’est la prison et de la violence qu’exercent ceux qui la rendent efficace : juges, matons, flics, assistants sociaux, médecins, opérateur, prêtres, médias... Les tortures subies, les violences psychologiques, le manque de toute assistance sanitaire, les privations, les abus quotidiens, les provocations continuelles, les suicides, les transferts, les expériences pharmacologiques, les rayons X, les projets d’anéantissement, les gestes d’automutilations ....tout cela serait difficilement imaginable si ce n’était pas raconté dans ce récit. Un monde caché qui tente d’enterrer vivant, jusqu’à leur mort, des centaines de personnes. Un monde “ éloigné ", où les cris et la violence engendrés sont étouffés par tous les moyens ; des cris qui malheureusement réussissent à alimenter les fantasmes de ceux qui conçoivent et réalisent tout cela.

Ce n’est pas un hasard si les systèmes d’emprisonnement et de contrôle, à l’intérieur et hors des prisons, sont en continuelle évolution et vont de paire avec la nécessité de " sécurité sociale " voulue et demandée par toute les forces politiques.

Ces cris devraient, au contraire, armer tous les individus en révolte. Ce que nous racontent et ce que vivent Tarrio et ses compagnons, est une guerre contre la prison, contre ses bourreaux et contre la société qui la génère.

Une guerre à laquelle personne ne devrait se sentir étranger car la dignité et la liberté de chaque homme et de chaque femme sont en jeu.

Assassine serait la parole la plus tendre qu’on pourrait adresser à qui s’est rendu et se rend quotidiennement responsable de tout ce qui se passe dans les prisons. Mais l’histoire de Tarrio est aussi et surtout une histoire de douceur. Gestes de générosité infinie, d’amour et de solidarité sans réserve caractérisent la vie des personnes évoquées. Amour envers les camarades battus, humiliés, trahis, tués. Un sentiment de fraternité qui les unit, dans les paroles dans les gestes et les actions qu'aucune torture ni aucune exaction n’a jamais réussi à briser.

Ce n’est pas seulement un livre sur la prison, mais aussi un livre de pensées et de réflexions d’une personne qui a passé la majeure partie de sa vie entre maisons de corrections et prisons de tous genres. Raisonnements et pensées sur ce qui l’a amené à être un rebelle social et un ennemi de l’état, en réfléchissant aussi sans peur sur ses propres erreurs.
cet pssage l) n'est pas traduit en français:

Le livre est introduit par un bel écrit de Claudio Lavazza, anarchiste détenu en Espagne pour braquage et meurtre de policiers, condamné a quarante neuf années de prison et enfermé lui-même en régime F.I.E.S.

Huye hombre huye
par Xosé Tarrio Gonzalez

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19 juillet 2011 2 19 /07 /juillet /2011 10:43
on a choisi de faire un copié collé d'un article du site les Gimenologues. On avait espéré  construire avec eux  une conférence à Valence(26) pour que la mémoire( textes et témoignages des proches des libertaires) émerge dans cette ville controlée surtout  par la mémoire communiste ( PCF)et des proches du  PSOE
Suite des « Itinéraires » de Jordi Gonzalbo
« Lucia et José dans une rue de Barcelone avant 1933 ou courant 1936 »

De 2008 à 2010 nous avons accompagné Jordi Gonzalbo dans ses Itinéraires « non choisis » puis « choisis », depuis sa Barcelone natale jusqu’à sa ville d’adoption : Perpignan [1].

Il nous embarque aujourd’hui dans la Barcelone des années trente et quarante et revient sur l’activité militante de ses parents Lucia et José, grâce notamment à la découverte du volumineux sumarísimo de José Gonzalbo Benedicto [2] aux archives du Tribunal militaire Tercero de Barcelone, où se trouvent les dossiers de toutes les personnes exécutées au Campo de la Bota après une instruction judiciaire accélérée et un jugement sommaire [3]. La trouvaille suivante – des articles de La Vanguardia de 1933 et 1934 – nous a permis d’en savoir plus sur les aléas de l’engagement de José et de Lucia Esteve Vidal avant 1936 [4]. Les Giménologues ont participé au texte qui suit en apportant quelques développements d’ordre historique.

Les Giménologues, le 11 juillet 2011



« RETOURS SUR MEMOIRE
Lucia et José »




Quand on atteint un âge respectable et qu’on est conscient du fait que le futur n’est fait que de lendemains sans avenir, certains éprouvent le besoin de faire un arrêt sur image, de jeter un regard teinté de mélancolie sur ce qu’a été leur cheminement de vie.
Pour quelques-uns c’est juste un aller-retour, rapide bien sûr ; ce qui est fait est fait, donc inutile de se prendre la tête sur ce qui aurait pu, ou dû, être. Le présent est déjà tellement difficile à gérer…
Pour d’autres il en va tout autrement, surtout quand leur enfance a été émaillée d’événements disons hors norme, subis car non choisis. Se raconter devient un besoin (comprendre les pourquoi et les comment) autant qu’un plaisir. D’autant plus que les souvenirs nichés pêle-mêle quelque part dans la tête éprouvent soudainement le besoin de sortir de leur hibernation, insistent, se font pressants.

Tenté mais pas du tout convaincu d’être capable de mener à bien une telle entreprise avec juste le Certificat d’Etudes Primaires en bandoulière, on peut hésiter à sauter le pas. Mais je me suis lancé dans l’aventure il y a déjà quelques années. La raison de cette audace ? Le plaisir de se raconter, l’envie de laisser une trace, de revenir sur une époque disons agitée ; essayer de comprendre, revoir des visages qui ne sont plus, revivre des situations, laisser remonter des ressentis. Les raisons sont multiples. Mélancolie quand tu nous tiens…

À vrai dire ce fut moins ardu que je le craignais. Il suffisait d’ouvrir grand la porte de la cage aux souvenirs pour qu’ils s’égaillent et emportent craintes et hésitations sur leur passage. Le plus difficile fut de mettre de l’ordre, d’élever des garde-fous, d’éviter l’éparpillement et que le témoignage soit cohérent.

Agréablement surpris d’avoir pu apporter ma petite contribution au « devoir de mémoire » [5] (lequel n’est fait que d’une multitude de mémoires individuelles mises bout à bout), je pensais avoir gagné le droit de dormir du sommeil des « justes ». C’était sans compter avec les « pisteurs de mémoire » acharnés à extirper le moindre brin de souvenir encore existant chez les derniers rescapés qui avaient de près ou de loin arpenté le rugueux sol d’Aragon ou d’ailleurs en Espagne [6]. Fouineurs s’il en est, ils trouvent leur plaisir dans le monde si particulier de « l’enfoui », que ce soit dans les têtes ou dans les lieux, salivant au moindre petit bout de papyrus susceptible d’apporter un éclairage nouveau sur tel ou tel événement d’importance. En quelque sorte dérangeants et utiles à la fois car tout nouvel apport d’information inédite implique de revoir certaines parties d’un témoignage forcément incomplet, nourri d’images et de situations perçues par un enfant.

La première partie de mes Itinéraires revenait sur l’époque de mes six ans. En fonction des dernières découvertes, me voilà donc « obligé » de remonter jusqu’à la troisième année de ma naissance. Que ne fait-on pas pour la cause !


« Lucia, Jordi et Montserrat à Barcelone »




De fait je m’étais souvent demandé pourquoi j’avais gardé si peu de souvenirs de l’appartement où je suis né en 1930, sis au 27 de la calle Jaime Giralt, dans le Barrio Gótico, et où j’étais censé avoir habité pendant quelques années. La réponse est toute simple et d’importance.

Selon La Vanguardia du 20 décembre 1933, le jeune José Mariño Corballada fut arrêté par la police porteur d’un sac de toile contenant quatre bombes et plusieurs cartouches de dynamite, au moment où il sortait de la maison située au 27 de la rue Jaime Giralt, premier étage, première porte. Mes parents furent accusés d’avoir gardé chez eux ce matériel détonnant.
Si José Gonzalbo – surnommé « Pep de la Figaira » selon l’auteur de l’article de La Vanguardia – n’était pas connu des services de police, Lucia avait déjà fourni la matière à un rapport sur elle : « Lucia Esteve Vidal est très connue de la police pour fréquenter assidûment les centres anarchistes et se dédier à des activités en faveur des prisonniers, à vendre les journaux anarchistes et syndicalistes quand les libertaires organisent des séances publiques. » [7] On apprend ensuite que la calle Giralt était surveillée par la police et que José Gonzalbo était membre d’un Ateneo rationaliste de Barcelone [8]. Il est précisé que ni Lucia ni José ne reconnaissent les faits dont on les accuse.
Je pense que Lucia était au courant, mais pas forcément son mari.

Mariño quant à lui demeura toujours muet sur la provenance du matériel ; il affirma ne pas connaître le couple et n’admit que ses convictions anarchistes. Selon le rédacteur de l’article il avait déjà été arrêté pendant les grèves et insurrections de 1933 [9], mais il avait été laissé en liberté faute de charges et du fait de son jeune âge (19 ans) ; et peut-être aussi parce qu’il était issu « d’une honnête famille vivant depuis longtemps à Barcelone déplorant l’idéologie de son héritier dont elle n’a pu le détourner malgré ses efforts » [10].

En dépit de leurs dénégations, les trois compères furent emprisonnés jusqu’au jugement. Le tribunal condamna Mariño à six mois de prison et les époux Gonzalbo à deux ans chacun en janvier 1934 [11].

Ce n’est que bien plus tard que j’eus connaissance de ces arrestations mais pas de leur importance. En fait, en fonction des informations trouvées dans La Vanguardia, j’ai pris la mesure de la situation peu ordinaire qu’ils vécurent, surtout ma mère.

Il est évident qu’à cette époque les couples qui menaient de front travail à l’usine [12] et militantisme devaient souvent faire des choix difficiles, et certains lourds de conséquences. Mes parents travaillaient pour vivre, militaient pour faire la révolution et jonglaient avec leur « temps libre » pour s’occuper au mieux de leurs enfants, Montserrat, née en 1927, et moi-même, né en 1930. Je suis persuadé que ce qui leur permettait de garder la tête hors de l’eau c’était l’entraide et la solidarité, mots qui à leur époque avaient un sens.
Cette solidarité avait pour moi un visage, celui d’une personne d’âge moyen, que nous appelions affectueusement la dida, Fernanda Vila.

« Fernanda Vila »




Elle appréciait mes parents, particulièrement ma mère ; aussi quand ils avaient des problèmes elle me prenait chez elle le temps qu’il fallait. Fernanda habitait le même quartier que nous avec son mari et leur fils Fernando âgé d’une vingtaine d’années.
Elle m’a donc recueilli chez elle lors des arrestations. Ma mère, je la voyais de temps à autre, sans trop me poser de questions, mais il est certain que je n’habitais pas avec elle, et pour cause…

La Vanguardia du 27 février 1934 titrait cette fois en page 12 : « Evasion de la prison de femmes. Deux prisonnières condamnées à plusieurs années se font la belle ». Les fugueuses étaient Adela Aulestia Mas (condamnée à 24 ans de prison) et Lucia Esteve Vidal. Le plus simplement du monde elles avaient dérobé dans le bureau de la directrice les clefs qui leurs permirent de passer toutes les portes jusqu’à la sortie dans la rue, sans que personne ne les remarquât.
Cela se produisit donc pour Lucia après quelques semaines de détention seulement, et l’on suppose qu’elle trouva à se cacher et à vivre clandestinement grâce au milieu libertaire. C’est dans ces conditions qu’elle vint me visiter de temps à autre chez la dida, et comme celle-ci vivait près de notre rue (calle de los Judíos), il n’y a pas eu de véritable rupture dans mon existence. Le plus étonnant de l’histoire c’est que ma mère a vécu pendant pratiquement deux ans dans la clandestinité, et que même à la fin de sa vie elle ne m’en a jamais parlé.

Mon père fut emprisonné à la cárcel Modelo. Il eut ensuite le loisir d’apprécier la qualité d’accueil d’un autre lieu de détention : le pénitencier de Chinchilla [13], d’où il s’évada on ne sait pas bien à quelle date : l’évasion était décidément une affaire de famille. Réincarcéré peu après [14], il fut amnistié et libéré après la victoire du Front Populaire aux élections de février 1936.

En février 1936, je ne me souviens pas que nous ayons vécu à nouveau en famille dans l’appartement du 27 de la calle Giralt. Ma sœur Montserrat avait des problèmes respiratoires depuis longtemps et elle fut hospitalisée dans un sanatorium non loin de Barcelone. Je me rappelle d’un bâtiment immense entouré de pins et de montagnes, lors d’une visite qui doit dater de 1933. Après sa sortie du Sanatorium de Tarrasa, les médecins recommandèrent à mes parents d’éloigner Montserrat de la ville. Entre 1933 et 1936, grâce à des amis communs, Francisca Matas Volasell qui ne pouvait avoir d’enfant proposa de garder la convalescente chez elle à Rosas.
Montserrat y resta visiblement jusqu’au départ de Lucia à Perpignan en 1938. Lucia et José travaillant [15], ils ne pouvaient s’occuper de moi que le dimanche, et dans la semaine j’étais pris en charge par Fernanda.

« La dida Francisca et son mari à Rosas »




Et puis survint le coup d’Etat militaire suivi du processus révolutionnaire, intense à Barcelone comme on le sait.
Lucia a raconté à ma fille sur un ton encore exalté les batailles des journées de juillet 1936 à Barcelone ; comment elle et d’autres s’affairaient à soigner les blessés. Elle se souvenait d’un pharmacien auquel il avait fallu arracher du matériel sanitaire des mains car il ne voulait pas le donner à la population.

José et Lucia connaissaient à l’évidence plusieurs responsables de la CNT-FAI catalane, et ils étaient comme chez eux tant au front qu’à Barcelone où ils participaient d’une manière ou d’une autre aux activités de la régional CNT.
Ils sont partis un moment au front d’Aragon dans la colonne Durruti. Lucia a raconté, toujours à ma fille, comment elle laissa le fusil (car à chaque coup tiré sa petite silhouette tombait à la renverse) pour s’occuper des prisonniers (au front ou à Barcelone). Elle m’a dit un jour comment cela lui paraissait paradoxal et gênant pour une anarchiste de se trouver de l’autre côté des barreaux.
Il se trouve que Lucia – qui avait été élevée au couvent – eut à garder des nonnes, et qu’elle s’occupa d’elles avec « charité », ce qui lui valut des marques de reconnaissance de ses dernières. Elle leur répondit sèchement que dans la situation inverse, ce n’aurait pas été le cas, car elle connaissait bien leur mentalité détestable.

Quand les femmes durent quitter le front, selon Lucia, Durruti intervint pour qu’elle restât. Lucia connaissait bien Durruti ; elle m’a raconté qu’elle était allée le visiter en prison, comme le faisaient beaucoup de militantes au sein des Comités Pro presos. Il n’est pas exclu qu’elle soit allée le voir durant sa cavale lors des arrestations d’octobre 1934.

Les époux Gonzalbo faisaient visiblement des allers-retours entre le front et Barcelone, et ils passaient aussi à Rosas voir leur fille chez sa dida. Selon les dires de Francisca Matas dans sa déposition en 1941 [16] José se déplaçait en Aragon et aussi à Madrid. Lui et Lucia se rendirent en voiture à Rosas voir leur fille en septembre 1936 ; José était armé. Francisca et son mari Miguel Blanch leur demandèrent d’intervenir pour sauver la peau d’un membre de la famille qui s’occupait aussi de Montserrat, Benito Trull Escatllar, arrêté par les patrouilles de contrôle de Rosas. Ma mère le connaissait et estimait que c’était un bourgeois de droite [17] mais pas un fasciste. Par ailleurs si au cours des grèves insurrectionnelles elle avait soutenu les représailles contre des matons ou des hommes de main du patronat, elle n’était pas favorable aux exécutions en période révolutionnaire.

Elle alla à Rosas et convainquit ses copains de libérer Trull. Selon la déposition faite en 1941 par Miguel Blanch, José intervint également auprès du Comité révolutionnaire de Rosas pour que Trull soit transféré à Barcelone et mis sous la responsabilité du Comité régional CNT. Puis il demanda à la personne [Soria ?] avec laquelle il s’était évadé de Chinchilla de le faire libérer.
Par ailleurs en décembre 1936, à la demande de Benito Trull, José contacta Ramona Coll Suquet de Rosas, et entreprit des démarches pour faire libérer son mari Domingo Cusi Trull, cousin germain de Trull.

C’est sans doute à cette période que la relation entre mes parents se disloqua complètement. Lucia, à tort ou à raison, a toujours présenté José comme un militant moins engagé qu’elle, et un peu volage.
J’ai su bien plus tard que vers la fin 1936 ou début de 1937, José avait noué une relation amoureuse avec Aurelia López, une artiste de cabaret. José déclare à la police le 10 février 1941 qu’il « a vécu toute la guerre chez Aurelia López au 44 de la rue de Rosal à Barcelone », et qu’ils eurent une fille ensemble. Il s’agit sans doute de l’enfant de moins de trois ans qui apparaît avec José sur la photo, récupérée aux archives dans le sumario en 2007. Donc j’ai – ou j’ai eu – une demi-sœur.
Ainsi je suppose que Lucia et José vivaient chacun de leur côté déjà en 1936. Je reviendrai plus loin sur les raisons et les conditions de leur séparation.

« José et ma demi-sœur en 1940 ou 1941 »




Le coup d’État militaire, la militance, le front, la Retirada, l’exil, son retour inopiné à Barcelone en octobre 1939, son arrestation et son exécution en octobre 1942 : tous ces événements cumulés firent que je n’ai pratiquement pas connu mon père, excepté les quelques mois d’exil partagés à Perpignan.

Dans mes Itinéraires non choisis, j’écrivais qu’en octobre 1939 « mon père décida de retourner à Barcelone. À vrai dire je ne connaissais pas la vraie raison de son départ. Pendant quelques années j’ai cru – ou voulu croire, je ne sais plus – qu’il allait en Espagne reprendre le combat contre le franquisme. Son arrestation et son exécution me confortèrent dans l’idée que mon père était un héros. (…) En réalité je sus plus tard ce que ma mère me taisait : mon père était retourné en Espagne rejoindre une personne avec qui il avait vécu peu après notre départ de Barcelone ».

Toujours selon « les dernières nouvelles » mon père retourna donc à Barcelone vivre avec la femme dont il avait un enfant. Il fut arrêté en février 1941 [18] pour une sombre histoire de meubles qu’il avait achetés à un tiers. Rien de grave au départ, mais ça le devint. Incroyable mais vrai José n’avait pas pris la précaution de changer d’identité, imprudence qui permit aux policiers de visiter son curriculum vitae en toute facilité.

L’affaire des bombes pour laquelle mes parents furent condamnés en décembre 1933 refit surface ainsi que son évasion de Chinchilla, passif agrémenté, selon le compte rendu de l’instruction, d’actes de terrorisme :

« Il fut condamné et envoyé au pénitencier de Chinchilla pour y purger sa peine ; peu après il s’évada en compagnie de quelques individus ; qu’en une certaine occasion, il remit à un jeune homme un paquet en lui recommandant de le porter à un endroit précis ; ce paquet explosa et le jeune homme fut arrêté et confessa que c’était José GONZALBO qui lui avait donné cinq ou dix pesetas pour porter le paquet à l’endroit indiqué ; qu’il faisait partie d’une bande de malfaiteurs, et que postérieurement il fut arrêté en raison d’actes de terrorisme et de s’être évadé du pénitencier. Il fut libéré lors des élections du Front Populaire le 16 février 1936 [19]. »

Ces présumées activités terroristes auraient forcément eu lieu avant décembre 1933, puisque de cette date à février 1936 il fut logé et blanchi par l’État espagnol [20].
Par contre les accusations portées contre lui pour son activité durant la guerre civile étaient autrement plus graves, bien qu’ubuesques :

« Que lorsque advint le MN (« Mouvement National ») il fut chef des patrouilles de contrôle [21]. Qu’il signa la sentence en tant que délégué du Comité Régional [de la CNT] du général GODED (chef militaire de la place de Barcelone). Qu’il fut organisateur des colonnes rouges volontaires pour le front ; qu’il fut délégué de la FAI au comité de censure à la prison Modelo de cette cité. Qu’il eut un rôle important au sein du comité régional CNT-FAI. Qu’il avait une très grande amitié avec EROLES [22], ainsi qu’avec DURRUTI, dont il était l’homme de confiance, et chef en second des colonnes de ce nom, aux fronts d’Aragon et de MADRID. Qu’à la libération de Barcelone il s’enfuit en France. » [23]

Il faut savoir que toutes ces accusations proviennent exclusivement de dépositions (non vérifiées) d’habitants de Rosas faites les 4 et 5 février 1941 : Andres Reda Brunet, qui aurait lu dans la presse de Barcelone que José avait signé avec Miratvilles l’exécution de Goded [24] ; Ramona Coll Suquet dont le mari Domingo Cusi Coll a été arrêté le 19 novembre 1936 par les patrouilles de contrôle de Rosas et sans doute tué par elles, et auprès de laquelle José se serait vanté de détenir l’arme d’un marquis madrilène qu’il aurait assassiné avec sa famille, ce qui semble peu plausible. [25] La police exploita également les dépositions venant de personnes qui ne voulaient pas accabler José : celles de Francisca Matas et de son mari ; celle de Benito Trull que José et Lucia ont sauvé de l’exécution. Trull ne cache pas qu’il soupçonne José de prendre contact avec des familles de droite dont des membres sont emprisonnés pour leur soutirer de l’argent. [26]

Mon père n’était donc pas un simple héros, comme le croyait l’enfant que j’étais, et si l’on prend au sérieux les chefs d’accusation, il était un surhomme doté d’un don d’ubiquité exceptionnel.
Toujours selon le compte rendu de l’instruction, José dit qu’il avait bien fait partie de la CNT [27], comme tant d’autres, et avait travaillé au Comité Régional en tant que chauffeur ; qu’il connaissait Durruti de vue comme tout un chacun, sans plus et qu’il n’avait jamais eu ni exercé les responsabilités qu’on lui attribuait.

Il est curieux comme des souvenirs visuels, tactiles et olfactifs marquent un enfant. Le fait de monter aujourd’hui dans une voiture « sentant le neuf » me ramène un gros tas d’années en arrière quand, assis à côté de mon père, la tête penchée hors de la portière, le visage fouetté par la vitesse, nous roulions quelque part dans Barcelone dans la voiture dont il avait la charge.

Il est évident que la justice franquiste avait taillé à mon père un costume trop large, et je doute qu’il ait exercé les responsabilités avancées. Il est possible que José se soit lui-même donné une importance qu’il n’avait pas dans le Mouvement libertaire.
Il était bien cénétiste mais pas un destacado [28] ; toutefois il avait dû connaître beaucoup d’hommes d’action en prison pendant près de deux ans. Il prétend dans sa déclaration – et c’est de bonne guerre – ne pas connaître les nommés Escorza et Eroles, qui étaient des personnalités marquantes au sein du comité régional, en charge de « l’investigation » [29]. Pourtant dans une lettre écrite à ma mère le 26 octobre 1938, José faisait allusion à l’ingratitude de ces camarades « Oliver [30], Pasques [sic] [31], Ezcorza [sic] » avec lesquels il avait tellement travaillé.
En outre, Benito Trull de Rosas déclare dans sa déposition qu’après son arrestation le 26 septembre 1936 il fut visité par José et Lucia qui lui dirent que des démarches étaient entreprises auprès d’Escorza « bossu et handicapé au niveau des jambes, chef de l’investigation sociale du Comité Régional de la CNT-FAI catalane ».
Connaître Escorza, cela voulait dire être au plus près de l’activité de police de la CNT-FAI. Qu’il ait eu ou non une charge officielle dans le Comité Régional de la CNT de Barcelone, José avait eu les moyens de faire libérer Trull.

On trouve aussi dans le dossier de José la déposition d’un témoin « à décharge » : celle de Trinidad Romero de la Cruz, une commerçante de 45 ans, qui déclare en avril 1942 qu’elle rencontra José à Barcelone où elle se trouvait depuis le 24 novembre 1936, cherchant un moyen de passer à l’étranger. Il lui a procuré un passeport et elle a pris le train pour la France le 10 février 1937. Arrêtée peu avant Gérone par la police ferroviaire et ramenée à Barcelone, elle fit prévenir José et elle fut libérée le 11 au soir. Le 12 au matin il l’accompagna lui-même à l’aéroport du Prat, et elle se retrouva à Marseille. Elle conclut ainsi : « Sans avoir d’amitié avec lui, il me traita très respectueusement et avec une véritable attention. »

On trouve aussi dans le sumario la déposition d’un commerçant vivant dans la rue Baja San Pedro qui déclare en mars 1942 que José est efficacement intervenu en juillet 1936 pour lui sauver la vie.

Et puis un étonnant document administratif « municipal de estadística » sur « la conduite sociale et politique de l’accusé » en date du 14 octobre 1941 essaie visiblement de le décharger quasi complètement ainsi que son ami Taberne Aige. Il y est déclaré que José eut une bonne conduite pendant le « dominio rojo » ; qu’il sauva des personnes de droite ; que dans l’affaire de 1933, on ne savait pas si les explosifs visaient des personnes de droite ou les communistes… Selon les témoins cités, Enriqueta Pellicer « inquilina [locataire] del 35 » et Jaime Juan « el del 22 Carboneria », la mise en liberté de José ne poserait aucun problème pour le « glorieux mouvement national ». Le document est signé du maire.
José connaissait sans doute quelqu’un de haut placé qui intervint – sans succès- à ce niveau-là.
Sinon la défense de José est bien maigre : il déclare avoir travaillé comme chauffeur chez l’avocat de la CNT De Emilio ; mais la déposition en septembre 1941 du portero du cabinet de cet avocat, déclarant que ce dernier n’avait pas de chauffeur et qu’il n’avait jamais vu José, la démolit. On peut quand même penser que José ne citait pas le nom de cet avocat par hasard [32].

Saurai-je jamais quelle sorte de militant fut mon père ? Militant engagé comme il y en eut tant, certes, mais également homme d’action déterminé ? Ou opportuniste ?

Ce dont je suis certain, c’est qu’il fut fusillé le 16 octobre 1942 au campo de la Bota à Barcelone pour s’être opposé les armes à la main au « Mouvement national » de juillet 1936. Avait-il rêvé d’un monde tout autre ? Sans doute…

« Lucia »




Il me reste de lui quelques lettres.

Les lettres de José sont au nombre de neuf, échelonnées entre le 26 octobre 1938 et le 13 octobre 1942 (soit trois jours avant son exécution). Trois lettres de José : la première d’octobre 1938 (1) ; la deuxième (2) et la troisième (3) – adressées aux enfants – ne comportent pas de date, mais il est évident qu’elles ont été écrites avant 1939.

Trois lettres sont écrites et signées par Aurelia López (la personne avec qui il vivait), mais c’est lui qui les dictait. La première (4) date du 14 juillet 1940 ; la deuxième (5) sans date mais sans doute de 1940, et la troisième du 20 juillet 1940 (6). Elles commencent toutes par : « Chère cousine ».

Ensuite les trois dernières rédigées après l’arrestation de José : celle du 12 mars 1941 (7), celle du 4 juin 1941 (8) et enfin celle du 13 octobre 1942 (9), toutes dictées par José à Aurelia pendant les visites à la prison.

J’inclus dans ce dossier deux lettres signées « Isidro Lafarga ». En réalité l’auteur en est Fernando, le fils de ma « nourrice » Fernanda Vila ; elles sont datées respectivement du 26 avril 1942 et du 1er septembre 1942.

Le contenu de ces correspondances, joint aux quelques souvenirs de l’enfant que j’étais, m’aident à mieux comprendre les raisons de certains choix et comportements de ma mère que je ne m’expliquais pas bien. Parfois leur contenu laisse perplexe car du fait de la censure et de la répression, tant à Barcelone qu’en prison, chacun se cassait la tête à ne pas dire explicitement les choses.

En premier lieu la mésentente entre mes parents : je suppose que c’est la principale « raison » pour laquelle ma mère décida de quitter José au printemps 1938 et de mettre une frontière entre eux. Reste à connaître les circonstances de cette mésentente qui ont abouti à une décision aussi radicale.
Il y avait sans doute chez elle avant tout l’intention de nous mettre à l’abri des bombardements de Barcelone. Mais il n’y en avait pas à Rosas où était ma sœur, pourquoi aller à Perpignan ? Il est permis de penser que ma mère partait pour ne pas revenir. [33]

« Jordi, Lucia et Montserrat »




Le début de la lettre (1) de José à Lucia illustre l’ampleur de la mésentente ; elle commence par : « Selon toi je ne suis qu’un ami, donc, chère amie… »

Je lis dans un morceau de lettre sans date, de José à Lucia (2) : « Des fois je me questionne et je pense qu’un idéal entraîne comme conséquence un mal-être dans une famille, et c’est ce qui nous est arrivé. (…) Pour moi, pour une ambition, j’ai laissé ce que je ne devais pas abandonner ; et toi pour une doctrine tu fis ce qu’il ne fallait pas faire. Au point que chérie, si je peux encore t’appeler ainsi, nous avons été deux fous. »

José écrit dans la lettre (8) :
« Chère cousine Lucia, avant autre chose, je voudrais répondre à tes lignes, bien qu’à vrai dire tu continues d’être la même, plus froide que froide, moi j’ai toujours été le même. Je ne veux pas discuter pour savoir qui a raison. (…) Ne t’obstine pas à [illisible] sur mon passé, nous péchons tous dans la vie, moi je n’ai rien à te reprocher, et toi ? »

Il lui avait auparavant confié dans la lettre (5) :
« Le comble de l’imbécillité c’est quand on a la personne que nous aimons le plus avec soi, qu’on n’y attache pas d’importance et que nous cherchons des stupidités pour lui abaisser le moral. (…) Toi tu as tout fait le temps que nous étions ensemble, et moi, qu’ai je fait ? rien… et maintenant que je me trouve seul, j’éprouve des remords et je ne trouve pas les mots pour que tu puisses me pardonner pour tout ce que je t’ai fait. »

Je pense que la raison de cette mésentente profonde repose essentiellement sur la conception divergente que chacun avait de l’engagement militant ; très poussé chez elle, beaucoup plus tempéré chez lui. De ce constat découle leur mal vivre. D’ailleurs José dans sa lettre (2) cerne bien le problème quand il fait référence à l’idéal et à un fort engagement militant qui aboutit selon lui au délitement du couple.
Je pense ne pas me tromper en supposant que lorsqu’ils furent arrêtés pour détention d’explosifs en décembre 1933, José n’était pas dans le secret des dieux.

D’autre part, si je me réfère à la photo contenue dans le dossier de José, montrant mon père promenant une petite fille (ma demi-sœur) apparemment âgée d’environ trois ans (photo prise après son retour à Barcelone et avant son arrestation) on peut raisonnablement penser que cet enfant avait été conçu courant 1937.
Donc il est évident que José avait déjà des relations avec la mère de l’enfant, Aurelia López. Est-ce la raison pour laquelle ma mère décida de rompre ? Sans doute, mais ce ne fut pas la seule.

En février 1939, mon père fit partie des réfugiés qui allèrent peupler les camps d’Argelès, mais comme sa femme vivait en France en toute légalité depuis 1938, il fut libéré et put la rejoindre.
Donc il vécut avec nous quelques mois, difficiles sur le plan matériel car seule ma mère travaillait. Je me rappelle qu’il fabriquait des ceintures en soie que ma sœur et moi allions proposer, sans grand succès, aux commerçants du coin.
Cette situation dura jusqu’à ce qu’il décide de retourner à Barcelone en octobre 1939. La raison de son départ, je ne la connaissais pas vraiment, je supposais plus tard qu’il était retourné en Espagne pour reprendre le combat, ce qui d’une certaine manière me consolait de son absence.

Dans la lettre (8), José justifiait son départ par un courrier qu’il avait reçu de sa famille lui disant que s’il voulait « revenir avec les siens » ( !) il pouvait le faire car, selon son père, il n’avait rien à craindre.
Apparemment, nous ne faisions plus partie « des siens ». En clair, il retourna vivre avec la personne qu’il fréquentait jusqu’à la retirada. Ma mère l’avait recueilli à Perpignan, aidé, s’était décarcassée pour nous faire tous vivre ; mais apparemment nous ne pesions guère lourd au moment du choix.

Grâce à l’information que ma fille s’est procurée en fouillant dans les archives barcelonaises, il apparaît qu’il vécut avec sa compagne, non loin de son quartier, et ce sans prendre le soin de changer d’identité.
Comportement qui déplut fortement à ma grand-mère maternelle, Sofia Vidal Prunell, qui ne lui pardonnait pas « sa trahison » vis-à-vis de sa fille et ne supportait pas qu’il « s’affiche » avec sa concubine. Elle s’acharna à lui rendre la vie difficile avant et après l’arrestation.

Dans la lettre (6), José écrit « Je te dirai que l’autre jour j’ai eu la visite de la Sofia, et comme tu peux le comprendre cette visite n’a pas été à mon goût, surtout dans les circonstances où je me trouve. » À noter que José et sa compagne ont changé d’adresse en juillet 1940 ; la nouvelle apparaît en bas de la lettre : « calle Mora del Ebro, 74 Vallcarca », dans un quartier excentré, où se trouve le parc Güell. Il dit dans la lettre (8) qu’il avait dû y aller pour « respirer un air plus sain ».

D’après le compte rendu de l’enquête diligentée par le juge d’instruction lors de son arrestation en février 1941, il habitait à nouveau à Barcelone à ce moment-là, calle Blay, 42 (Barrio Poble sec).

Dans la lettre (7) écrite environ un mois après son arrestation et envoyée du centre de tri des personnes suspectes qu’était le Palacio de las Misiones, il dit encore :
« En ce qui concerne la Sofia, elle n’a servi qu’à m’occasionner beaucoup de désagréments », ce qui laisse penser qu’elle le « chargea à mort » lors de son arrestation.

« Fernando Vila et son épouse »




On trouve dans la lettre de Fernando (alias Isidro Lafarga) à Lucia du 26 avril 1942, de quoi alimenter les pires soupçons :
« De plus José sera content de travailler là ou il travaille car c’est la tía Sofia qui lui a trouvé la place. »

Faut-il penser que Sofia l’aurait dénoncé ? Pourtant il n’y a pas de déposition d’elle dans le dossier judiciaire : seul un rapport de police du 18 juin 1941 signale que selon « Sofia Vidal Prunell habitant au 35 de la rue Jaime Giralt, l’inculpé abandonna sa femme après lui avoir occasionné beaucoup de soucis ».

Sinon, par cette lettre, Fernando nous informe qu’il avait été lui-même embastillé à ce même centre de tri pendant huit mois, et qu’il s’était retrouvé en compagnie de José. Il ajoute :

« La maison est très bonne ; tu te rappelles quand il travaillait jour et nuit, nous allions le voir le dimanche ; donc c’est la même chose maintenant. » Il fait allusion aux arrestations de décembre 1933. J’apprends du coup que ma mère, pourtant en cavale, allait donc avec Fernando visiter son mari incarcéré pour la même affaire entre 1934 et 1936. Heureuse époque où l’ordinateur n’existait pas !

La dernière lettre de José (9) date du 13 octobre 1942, sans savoir qu’il était près de son exécution. Curieusement, il se considère hors de danger, au point de faire des projets d’avenir [34] :
« J’espère que tu te décideras à venir. Ton linge, personne n’y a touché. En plus, la Sinta peut te loger, sinon la Fernanda a un lit. En dernier recours, je ferai le nécessaire pour arranger ta situation. »

Trois jours après, il était criblé de balles…

Il ne nous restait plus que les yeux pour pleurer, comme on dit communément. Imaginer la terrible déception qui avait du être la sienne après la bouffée d’espoir qui illuminait sa dernière lettre. Comment a-t-il vécu ses derniers moments ? Question qui vient toujours à l’esprit et ne cesse pas pour autant d’être absurde…

FELIPE RATERO

C’est par l’entremise d’un compagnon de cellule de José que ma mère apprit l’exécution de son mari. Felipe Ratero Pérez s’était apparemment engagé auprès de lui et il écrivit le 19 octobre 1942 à Lucia. Le contenu de la lettre est émouvant et mérite la peine d’être transcrit :

« Chère cousine,
Cette lettre a pour but ce qui suit. Je suppose que tu avais reçu une lettre (celle du 13 octobre que t’avait écrite notre cousin José) et qui avait dû te faire plaisir. Moi-même, ainsi que toute la famille, nous nous étions également réjouis, mais plus tard, notre cousin rendit l’âme à Dieu.
Tu ne peux pas imaginer avec quelle intensité il pensait à toi, jusqu’au dernier moment. Il me disait que s’il arrivait à guérir, il partirait te faire une visite ; il avait très envie de te voir.
Je prie beaucoup pour qu’ils nous donnent cette possibilité, la chance de nous voir un de ces jours, chance qu’il n’a pas eue et que toute la famille lui souhaitait.
J’espère une réponse de ta part si tu reçois cette lettre et que tu me racontes des choses agréables qui puissent conforter ce semblant de vie qui est la mienne actuellement. Ici nous nous divertissons en nous nous remémorant nos “ illusions de jeunesse ”. »

En fait, il y eut un échange de quatre lettres entre Felipe et ma mère, qui dura jusqu’à son exécution : la dernière lettre de Lucia du 8 septembre 1943 lui fut retournée avec la mention « Ejecutado el 9-5-43 ».

Certes je n’ai jamais connu ce jeune homme, mais ses missives étaient « envahissantes », structurées et extrêmement émouvantes. Il est évident que Felipe avait le besoin vital d’un lien avec le monde vivant. Il s’étourdissait de mots, de concepts, s’efforçant ainsi d’oublier l’épée de Damoclès suspendue au-dessus de sa tête. On constate que Felipe, comme mon père, a été fusillé quand (allez savoir pourquoi) il croyait être tiré d’affaire.
Il est tout de même curieux de constater que si je ne suis pas arrivé à bien cerner la personnalité de mon père, celle de Felipe, à travers le contenu de ses courriers, me semble parfaitement lisible, touchante au point d’éprouver le besoin de lui rendre hommage.
Conquis par ses certitudes apparemment intactes, en dépit des angoisses et découragements inévitables, il croyait « à en mourir » à un monde juste.

Jordi Gonzalbo, 11 juillet 2011


QUELQUES PRÉCISIONS POUR MIEUX COMPRENDRE CE DOSSIER

Gonzalbo (ou Gonzalvo) Benedicto Joseph, Henri
Fils de Eduardo et Maria
Né le 21 novembre 1902 à Gabian (Béziers) France
arrêté à Barcelone le 21 décembre 1933 ; libéré en février 1936
Arrêté à Barcelone en février 1941
Jugé le 3 juillet 1942 ; la peine de mort est confirmée le 3 octobre 1942.
Exécuté le 16 octobre 1942 au Campo de la Bota

Esteve Vidal Lucia
Née le 26 mai 1903 à Cassa de la Selva (province de Gerona)
Fille de Pedro Esteve Puig et de Sofia Vidal Prunell
arrêtée à Barcelone le 21 décembre 1933
évadée le 27 février 1934
Décédée à Perpignan le 15 novembre 1987

Aurelia López
Compagne de José, sans doute depuis 1936
Meurt entre mars et juin 1941 à Barcelone alors que José est en prison depuis février
A eu une fille avec lui, sans doute née en 1938

Felipe Ratero Pérez compagnon de cellule de José
« Exécuté le 7 mai 1943 au campo de la Bota.
29 ans. Né à Santo Espíritu (Salamanca). Paysan. Célibataire
Confédéral résidant à Esplugues de Llobregat.
Juzgado Militar n° 12 [35] »

 

[1] Lire les articles 332, 341, 425, 428.

[2] et de Juan Taberne Aige, son ami et co-accusé qui fut pour sa part condamné à 12 ans de prison.

[3] Dans cette affaire, l’acte d’accusation du 18 novembre 1941 clôt une instruction commencée le 15 février 1941. L’acte d’accusation du sumarísimo n°675 contre José GONZALVO BENEDICTO et Juan TABERNE AIGE énonce les charges suivantes contre José :
« Durant le Mouvement national, il fut membre de premier plan de la F.A.I. et des Patrouilles de contrôle ; il prit part aux assassinats et s’enfuit en France. (…). On ne peut lui infliger de peine inférieure à 12 ans de prison. »

[4] Tout ceci grâce à l’œil de lynx de notre ami barcelonais Pere, qui nous a mis sur la piste des deux découvertes en 2007.

[5] Après la diffusion des Itinéraires « non choisis » et « choisis » rédigés en 2003 et 2004.

[6] Allusion aux Giménologues.

[7] « Les perturbateurs de l’ordre », La Vanguardia du 20 décembre 1933, p. 7.

[8] La Vanguardia du 22 décembre 1933, p. 8.

[9] Beaucoup de militants CNT-FAI, dont Durruti, sont en état d’arrestation au même moment à Barcelone.

[10] La Vanguardia du 20 décembre 1933, p. 7. Ceci est en partie corroboré par une courte biographie de « Pepe Mariño » rédigée par Anna Monjo après un entretien avec lui, publiée dans « Militants. Participació i democràcia a la CNT als anys trenta », Ed. Laertes, 2003, p. 496. Nous en avons retenu ces éléments : Pepe Mariño est né à Monforte de Lemos (Galice) en 1914. Son père était fonctionnaire de la compagnie téléphonique, affilié à « L’Action Catholique ». José est envoyé à 14 ans à Barcelone mais il rompt avec son éducation religieuse et avec sa famille, et commence à travailler comme photographe dans la maison Galí (de 1928 à 1930), où il devient délégué syndical d’atelier. De 1930 à 1933 il est embauché dans la maison Serra comme teinturier (même profession que José Gonzalbo : se seraient-ils connus là ?). Arrêté en décembre 1933 pour détention d’explosifs, il « ne prend que six mois » de prison grâce à l’intervention d’un magistrat qui connaissait son père. Affilié à la CNT depuis 1930, Pepe participe aux activités des Athénées et des JJ.LL., se rapprochant des tendances les plus radicales. Il part au front où il est blessé gravement devant Caspe le 25 juillet 1936 ; une fois guéri, il combat à Madrid avec Durruti en novembre 1936.

[11] La Vanguardia du 26 janvier 1934, p. 10. 1936

[12] dans l’industrie textile, sans doute du côté de Can Tunis pour Lucia.

[13] dans la ville du même nom, province d’Albacete.

[14] Selon le « Sumario José Gonzalvo Benedicto » du 8 février 1941 (rapport d’instruction rédigé après l’arrestation de José en février 1941 qui aboutit à son procès et à son exécution en octobre 1942) :
« Condamné à deux ans, il dit qu’il purgea une partie de sa peine à la prison Modelo de cette capitale, et fut plus tard transféré au pénitencier de Chinchilla, d’où il s’évada au bout de six mois avec six ou sept individus, desquels il ne se rappelle que le nom d’un certain Juan Soria qui avait été condamné pour actividades sociales. Qu’après son évasion du pénitencier il fut à nouveau arrêté et incarcéré à Madrid pendant douze jours, étant ensuite à nouveau enfermé au pénitencier de Chinchilla jusqu’à l’amnistie du 16 février 1936. » Archives du Tribunal Tercero de Barcelone (ad nomem). Un certain Daniel Soria Verner, une connaissance de José Mariño, est arrêté le 10 avril 1935 à Barcelone ; pourrait-il s’agir de lui ?
Mais la déclaration de José du 10 février 1941 diffère un peu : « Questionné, il manifeste son désaccord avec la déclaration présentée devant la police concernant son évasion de la prison de Chinchilla ; toutefois, quand il fut amnistié, il ne lui restait plus que deux mois pour purger sa peine ; ainsi qu’en ce qui concerne Soria, auquel il fait référence dans sa première déclaration ; il la [l’évasion ?] fit en compagnie de six ou sept autres dont il ne se souvient pas des noms ; il est erroné de dire qu’il fut arrêté à Madrid. » D’après la déposition du mari de la dida de Rosas [voir infra dans le texte], Miguel Blanch Bosch, José s’est évadé avec 25 autres prisonniers, et les gardiens en ont blessé un que José a soigné.

[15] José travaille de février à juillet 1936 chez Pla y Mestres, usine d’apprêts de la rue Pedro IV.

[16] « Sumario José Gonzalbo Benedicto », archives du Tribunal Tercero de Barcelone.

[17] Président de la Lliga catalana à Rosas.

[18] En réalité il se rendit à une convocation de la police, sans doute début février, « au commissariat de la rue Lauria pour le seul fait d’avoir acheté des petites tables qui provenaient d’un vol », selon la déclaration de José du 10 février 1941 à la police. Il fut arrêté sur place ainsi que son ami Juan Taberne Aige, soupçonné du vol desdits meubles chez son patron. L’enquête à son sujet a commencé à Rosas le 4 février ; on en déduit qu’il a été convoqué et arrêté quelques jours avant.

[19] Extraits du « Sumario José Gonzalbo Benedicto » daté du 8 février 1941. Archives du Tribunal Tercero de Barcelone.

[20] Mais ces faits peuvent aussi dater de la période de sa cavale, et comme l’on suppose que ce sont des gars de la FAI qui l’ont aidé à s’évader de Chinchilla, il a dû participer à leurs actions avant de se faire arrêter à nouveau, et peut-être au cours de l’une d’elles.

[21] Début août 1936 le Comité Central des Milices Antifascistes (CCMA) qui détient le pouvoir à Barcelone institutionnalise l’existence des Patrouilles de Contrôle qui avaient surgi spontanément pendant les combats de juillet 1936, à l’initiative des comités de quartiers ou de localités. Les onze patrouilles de contrôle, correspondant à onze quartiers de Barcelone, comptaient 700 militants de la CNT-FAI, de l’ERC, de l’UGT et du POUM, et avaient pour secrétaire général José Asens. Elles acquirent une certaine autonomie et survécurent à la dissolution du CCMA. Le frère de Lucia, Juan Esteve Vidal, en faisait partie.
Source : Agustín Guillamón, Barricades à Barcelone, 1936-1937, Spartacus, Paris, 2009, pp. 70-74.

[22] Dioniso Eroles Batlló, membre de la CNT-FAI, chef des Services de l’Ordre Public (« Jefatura de policia ») de la Généralité de Barcelone depuis le 27 septembre 1936 jusqu’en mai 1937. Aurelio Fernández, José Asens, Jaime Riera et Eroles ont en 1936 la haute main sur « l’ordre public » en Catalogne. Tous leurs services traquent les fascistes et autres « cinquième colonne » actifs en Catalogne, et ils disposent d’un personnel constitué en partie d’hommes d’action de la CNT-FAI. José est accusé par un témoin d’avoir fait partie des patrulleros « nanos de Eroles », qui avaient une réputation assez terrible auprès des gens de droite.

[23] Récapitulatif des chefs d’accusation à partir des dépositions des témoins de Rosas. Archives du Tribunal Tercero de Barcelone.

[24] L’officier commandant l’insurrection le 18 juillet 1936 à Barcelone, arrêté et fusillé. Cette assertion est complètement fantaisiste mais elle est reprise par l’accusation sans aucun complexe.

[25] C’est aussi elle qui avance que José était « un des chefs du Comité régional de la CNT et le bras droit de Durruti », et qu’il aurait participé à former les milices pour le front.

[26] Benito Trull fait cette déposition qui accable José alors qu’il a une relation paternelle avec la fille de ce dernier, Montserrat, revenue à Rosas le 19 octobre 1939 chez la dida Francesca, grâce à son entremise. Jusqu’à ses 18 ans, Montserrat sera considérée comme de la famille Trull, et après la mort de ce dernier, elle habitera la maison qu’il lui avait léguée. Benito Trull sera maire de Rosas en 1945 et rédigera un rapport « sur l’action des autorités pendant la domination rouge dans cette circonscription ». Archives de la Causa general, partido judicial Rosas. Document 0074.

[27] Dans le Sumario les enquêteurs écrivent que José est affilié à la CNT depuis 1929 ou 1930.

[28] Un militant de premier plan.

[29] Manuel Escorza del Val fut le responsable principal des Servicios de Investigación de la CNT-FAI. Depuis juillet 1936 il exécuta toutes sortes de tâches répressives, de l’espionnage et du renseignement.

[30] Juan García Oliver, homme d’action de la CNT-FAI avec Durruti, Ascaso et bien d’autres dont l’audace permit l’échec du soulèvement militaire à Barcelone. Militant de premier plan devenu un des ministres anarchistes de la Generalité de Catalogne puis du gouvernement de Madrid.

[31] Mariano Rodríguez Vázquez, dit Marianet, secrétaire national de la CNT à partir de novembre 1936 et durant toute la guerre civile.

[32] Si José a travaillé comme chauffeur – et en général cette fonction comportait d’autres volets : homme de main, garde du corps etc. – de l’avocat Ignacio De Emilio Domínguez, né le 10 juin 1887, il a peut-être aussi participé à l’Oficina Jurídica où travaillait un autre avocat affilié à la CNT, Eduardo Barriobero. Cet organisme fut mis en place en août 1936 par le Comité Central des Milices Antifascistes. Près de 80 hommes d’action de la CNT-FAI étaient au service de l’O. J. Peut-être José « officia-t-il » avec eux un moment ? Ou en connaissait-il certains. Après la dissolution de l’O. J. le 14 novembre 1936, l’avocat De Emilio continua son boulot jusqu’en janvier 1939 dans le cadre de la comisión jurídica de la CNT et des comités pro-presos réactivés en mai 1937. Il se réfugia en France en janvier 1939, puis en Belgique. Il revint en Espagne après avoir été gracié en 1946.

[33] Voir dans les Itinéraires non choisis le récit de l’arrivée de Jordi à Perpignan et les circonstances qui les amenèrent à prendre un logement.

[34] Il faut croire qu’il savait que des démarches avaient été entreprises en sa faveur.

[35] Source : Sole i Sabaté « La repressió franquista a Catalunya 1938-1953 », Ed. 62, 1985, p. 382.
Nous espérons pouvoir consulter un jour le dossier sumarisimo de Felipe au Tribunal Tercero de Barcelone.

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19 juillet 2011 2 19 /07 /juillet /2011 09:33

 


Nous croyons qu'il est important pour l'autonomie sous toutes ses formes, y compris celle des loisirs, de reprendre une pratique que nous ne voulons pas  déléguer à la mafia d'État et de la  coercition.
Nous proposons donc au début de Septembre une réunion entièrement consacrée aux 'AUTO ET PLAISIRS DE DÉFAUTS

Confirmés jusqu'à présent les activités suivantes:

- Construction d'un alambic avec une cocotte-minute
- Avec l'alambic de brandy
- Auto-démarrage à domicile de la bière à partir du grain
- La culture et le séchage du tabac
- Marcher avec la reconnaissance de plantes psychoactives naturelles
- Modifier les moteurs diesel à utiliser la bio-carburant diesel
Desserts végétalien -
- Bibelots d'autodétermination sexuelle

Et puis les chats sur la culture de la marijuana, la réduction des risques, l'utilisation de l'Internet gratuit et anonyme

Enfin, l'auto-production de s'amuser avec les étranges soirées à thème, concerts & diggei Septembre
Concours de rots et de alcoltest, salutation au soleil et le yoga en début de matinée.

Le seul repas que nous vous offrons une boisson, pour le reste nous allons offrir une cuisine de campagne.
Apportez ceux qui aiment manger et boire et de vos plats, casseroles et poêles.
Rappelons qu'un espace est LasVegans antispecista et n'ont donc pas de produits d'origine animale!

Nous ne voulons pas les différences de rôles entre les organisateurs et les participants,

je salue les suggestions, les conseils et l'organisation de soutien.
Nous vous invitons également à apporter vos échanges banquets, le troc et l'auto-productions.



Pour plus d'informations:

http://incontro2011.noblogs.org/
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avion trouvez la ligne 91 et rejoindre la gare centrale http://www.atc.bo.it/orari_percorsi/linee/pdf/atc_01081.pdf # view = FitBH (moins cher) ou prendre la navette http://www.atc. bo.it/orari_percorsi/linee/pdf/atc_01040.pdf # view = FitBH

* IMPORTANT * le dernier bus à 19h15 depuis le bus, et des voies ferrées à l'ouest de 19h16 http://www.fer-online.it/arch/docs/404/nuovo 20vignola.pdf%

voiture Sortie tangentielle 1 ou 1a direction Vignola Maranello, suivre l'autoroute jusqu'à la sortie Tolè / Mont Saint- Pierre, continuer à Tolè, après Goose, Badia (traversée d'un pont), Padoue, Ronca, et un peu "de lacets, vous verrez sur la gauche de la ferme Cà Buco del, après 200 mètres vous trouverez le droit Via Lombardia: si vousêteschargé prendre et continuer jusqu'à la fourche pour environ 1 km, sinon aller sur la route continue de se garer dans le village (Montepastore) et demandez là le parc Borgotto et suivre les panneau

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17 juillet 2011 7 17 /07 /juillet /2011 22:39

ce texte a été publié par non fides remerciement avec mes félicitations pour le collage

feu a toutes les prisons sur le quartier Belleville( Paris)

Les textes ci-dessous sont traduits d’un recueil allemand ayant pour cadre la ville de Leipzig. Ces récits se déroulent tous avant la chute du Mur de Berlin en 1989, dans un pays habituellement présenté comme une dictature, où la seule opposition aurait été composée d’intellectuels/artistes ou assurée par l’Eglise (protestante). Cette version de l’histoire voudrait nous faire croire qu’il n’y avait pas de continuité entre l’Est et l’Ouest (notamment les deux Allemagne) mais opposition entre “démocratie” et “dictature”. Or la différence entre capitalisme de marché et capitalisme d’Etat est bien moindre qu’entre les révoltés des deux blocs et l’Etat qui les écrasait. Ensuite, il est toujours intéressant pour les dominants de présenter une opposition officielle afin de constituer les cadres du futur et asseoir la légitimité du nouveau régime.

La plupart des récits de “Haare auf Kravall” nous montrent au contraire que les “dissidentEs” ne se battaient pas touTEs pour les libertés formelles de l’Ouest ou le paradis de la consommation, mais bien pour une liberté qu’aucun Etat ne saurait satisfaire, et des désirs qu’aucune économie ne viendra combler. Enfin, même dans un cadre qui pouvait sembler absolu, ils nous montrent que l’oppression tient bien moins sur la force militaire que sur la soumission de tous et toutes. Ces jeunes qui squattaient, volaient, vivaient en petites communautés punks, se battaient avec les flics lors de fêtes ou après des matchs de foot, affichaient des messages subversifs dans les rues, n’étaient “asociaux” que parce que le reste était bien trop social, en phase avec une société de contrôle et de délation.

LIBERTÉ POUR JANA, MITA ET A-MICHA !

LE GROUPE NAMENLOS [Sans nom] de Berlin était à l’époque composé d’une femme à la batterie et d’une chanteuse. C’était quelque chose d’extraordinaire et ces femmes qui jouaient dans un groupe punk m’ont fortement impressionnée. Les autres filles punks n’étaient souvent que la copine de untel et il était difficile pour beaucoup de femmes de se faire une place dans ce milieu. Il fallait avoir une grande gueule, ce que j’avais.

Mita, la batteuse, avait l’air d’un petit garçon, elle ressemblait au personnage de Struwelpeter avec ses cheveux en désordre et son pantalon de cuir . Elle était aussi un peu comme une " sale punk ". L’un des titres du groupe était " les nazis sont de retour à Berlin Est ". Ils l’avaient écrit en réaction à tous ces citoyens qui n’arrêtaient pas de parler de gazer les punks et de répéter qu’une telle chose n’aurait jamais existé sous Adolf.

Lorsque nous sommes alléEs à Berlin [en 1983], nous avons appris que Jana, Mita et A. Micha avaient atterri en taule à cause de cette chanson. Nous étions vraiment énervéEs qu’il /elles soient tombées pour ce texte car on nous traitait vraiment comme il/elles le disaient et ces espèces de types avec leurs slogans fascistoïdes n’étaient pour nous rien d’autre que des nazis.

De retour à Leipzig, nous nous sommes dit qu’il nous fallait vraiment faire quelque chose !

Les bombages faisaient en quelque sorte partie de notre quotidien de punk et nous avions envie d’en faire depuis des lustres, mais cela ne marchait jamais. Il ne s’agissait pas seulement de " dégradation du bien public et de vagabondage ", c’était aussi, selon le contenu de ce l’on pouvait écrire, un acte politique. Mais soit nous n’avions pas de bombe de peinture, d’ailleurs on n’en trouvait pratiquement pas dans le commerce, soit on n’arrivait pas à se retrouver avec les personnes avec qui on en avait discuté. Enfin, nous ne savions pas non plus exactement ce que nous voulions bomber. En principe, on avait pourtant toujours quelque chose à dire et on trouvait à redire à tout. Une fois, j’étais chez Fleischer, qui faisait une fête à Grünau, cette nouvelle zone d’habitation. Nous avons bu et nous avons discuté de finir quand même par faire quelque chose pour celui et celles de Berlin. " Allons faire des bombages ! " avons nous dit et les autres ont répondu : " arrêtez vos conneries ! " car nous étions plutôt bourréEs. Mais je suis partie avec Ratte, Krüzner et Fleischer. Fleischer était quelqu’un de simple, de très drôle et de dynamique et il était prêt pour tout ce qui avait trait à l’action, mais ses motivations n’étaient pas particulièrement d’ordre politique. En tant que punk, il était simplement toujours en première ligne. Je connaissais bien Ratte et Krüzner est venu avec nous parce que c’est lui qui s’était procuré les bombes de peinture.

Nous avons cherché un mur blanc et tagué " Libérez Jana, Mita et Micha ! ".

Le fait de bomber m’a fait un effet boeuf. Le cliquetis des bombes m’enivrait littéralement.Cela avait quelque chose d’étrangement aventureux et de dangereux. A l’époque, nous voulions vraiment être radicaux et conséquentEs en toute chose. Nous pensions que toute personne complice du système était coupable. Nous avons continué notre chemin et nous ne voulions plus nous arrêter. Nous avons bombé chaque mur, même celui de ces idiotes maisons peintes.

Partout nous bombions des signes anarchistes, le nom du groupe " Wutanfall ", " Etat policier " et des paroles des chansons politiques du groupe " Slime ". Nous avons continué à monter et y avons toujours pris plus de plaisir. Nous avons même commencé à bomber des voitures.

Dessus, nous avons tagué " la propriété c’est le vol " et " la voiture, c’est de la merde, un symbole social et la chose la plus sacrée pour le petit bourgeois ". Ensuite, Ratte a arrêté de faire les voitures. Krützner, lui, est seulement venu avec nous mais il n’a rien fait.

Nous étions totalement insouciantEs et nous avons déliré de plus en plus. Nous étions soulEs et nous nous sommes mis plein de bombe sur les bras et nous avons continué à déambuler sans but particulier. J’aurais préféré renverser les bagnoles et leur foutre le feu. Je voulais que Grünau brûle tout entier.

C’est à l’âge de quatorze ans que j’ai compris qu’il y avait d’autres manières de vivre. Au marché aux puces j’ai rencontré des jeunes aux cheveux longs que je n’avais encore jamais vus et les flics ont fait dégager l’un d’entre eux en le tabassant à coups de matraques. Il m’a fait énormément de peine et j’ai tout de suite été du côté des cheveux longs. Par hasard, j’ai ensuite fait la connaissance de l’un d’entre eux dont je suis tombée immédiatement amoureuse et c’est ainsi que je suis arrivée à la discothèque de Günthersdorf. C’est là que se retrouvaient les cheveux longs et que j’ai connu les types les plus politiques qui soient, et qui, dès notre première rencontre, ont commencé à parler d’amour libre, d’anarchie et autres choses. Au début, ça m’a mise complètement KO. Tout cela me semblait à la fois dangereux et super beau. Ils m’ont emmenée avec eux dans des fêtes et m’ont fait entrer dans des cercles où l’on discutait d’anarchie et où l’on disait à quel point tout ici était injuste et absurde et comment on pouvait y résister. Tout est allé très vite, en moins de deux, car dans ces milieux il te fallait simplement être politique, sinon tu te plantais. Au début, je voulais plaire, naturellement, tout simplement me faire une place. C’est tout d’abord pour en imposer à ces hommes intéressants que je me suis occupée de ces affaires politiques. Ensuite, j’ai bien sûr fini par trouver ma propre dynamique. Et ces gens m’ont aussi permis de connaître les punks.

" Ah, c’est toi ! " m’a dit Menzel, le lendemain, en venant m’arrêter au travail. " Si j’avais su, j’aurais pris mes menottes ". La police criminelle avait appelé sur mon lieu de travail et demandé une certaine Cornélia. Bien sûr, j’ai immédiatement passé plein de coups de fil pour me trouver un alibi mais ni ma mère, ni mes amies n’ont voulu m’en donner un. Une collègue de travail m’a donné des cigarettes et un peu d’argent, ensuite nous sommes partis dans la trabbi de Menzel. Comme d’habitude, il y avait un casque de chantier dans le compartiment à chapeaux, tenue de camouflage oblige !

Dans la Beethovenstrasse, on m’a fait décliner mon identité et on a commencé à m’interroger.

A ce moment là, je trouvais tout ça plutôt intéressant. J’étais aussi assez insolente car je pensais : “ tu n’as que 17 ans, ils vont peut-être te garder un ou deux jours mais tu n’iras certainement pas en prison, pas pour ça, au pire ils te mettront en maison de correction”.

Lors de l’interrogatoire, ils ont dit que les autres avaient déjà tout avoué et qu’il était absurde de me taire. J’ai pensé : " tu connais le truc ". Tout ça était tellement absurde, comme dans un film. Il y avait le gentil flic et le méchant et ils essayaient de te faire tomber. Mes doigts étaient pleins de peinture et je n’avais pas d’alibi ; en fait tout était clair. Il s’agissait pour eux de savoir qui avait bombé quoi et pourquoi. Entre temps, ils ont perquisitionné ma chambre chez mes parents. Ils ont tout pris : les affiches, les photos, les textes de Biermann sur une pochette de disque, des t-shirts dessinés, tous mes journaux intimes, tous mes poèmes et un porte-monnaie avec des inscriptions, tout ! Ensuite, à des fins dissuasives, ils ont exposé tout cela lors de la fête de la presse suivante, dans le pavillon de la Stasi [Staatssicherheitpolizei, police politique] du parc des expositions. Ça a été extrêmement pénible pour moi, car ça n’avait absolument rien à voir avec ma période punk. A part cela, ils avaient exposé un sac US qu’un punk avait décoré au stylo bille. A un autre, ils avaient pris un tee-shirt de l’ouest portant l’inscription " Du pain pour le monde ! ". Malheureusement, les punks n’ont pas eu l’autorisation d’entrer dans le parc des expositions et nous n’avons pas pu voir cela de nos propres yeux. Menzel voulait naturellement savoir si j’avais couché avec tous les hommes mentionnés dans mon journal intime. C’était un type écoeurant et mielleux . Il nous balançait directement dans la gueule : " je vous foutrais tous en taule ! ". Il a fini par avoir raison. Il est revenu vers 10 heures en agitant le mandat d’arrêt : " bon, allez, c’est parti ! En avant pour la taule ! " Avant le départ pour la Kästnerstrasse pour la détention préventive, il m’a conseillé de regarder une dernière fois le ciel, car je ne le reverrai pas de si tôt. Je n’arrivais toujours pas à y croire. Ce n’est que lorsque je me suis retrouvée devant la juge de la préventive que j’ai compris qu’à présent c’était sérieux. Cette conne m’a dit qu’elle avait examiné mon dossier et constaté que la détention préventive était nécessaire. On m’a signifié que j’étais accusée de menées contre l’Etat, dégradation, vagabondage, diffamation publique, ainsi de suite ... Dès le départ, ils en ont fait une affaire politique.

Quatre jours avant le procès, le procureur en charge de l’affaire est tombé malade. Ça a été une grande chance pour nous. Nous avons eu droit à un procureur très jeune, relativement correct ou, tout au moins, pas trop terrible.

En préventive, j’étais avec une femme très sensible et intelligente. Ça m’a beaucoup aidée. Elle était en taule pour tentative de fuir la RDA et a ensuite été libérée. Par hasard, celui qui était accusé d’être son complice se trouvait dans la même cellule que Ratte.

A elle, j’ai tout raconté. Je ne pouvais rien faire d’autre dans cette situation. Je n’aurais pas réussi à fermer ma gueule pendant tout ce temps là, pas à cet âge.

Au début, j’étais complètement intimidée. J’avais peur et je ne savais pas comment me comporter. Quel ennui ! Il n’y avait ni radio, ni télé et un seul journal. Il n’y avait rien à faire. Il était interdit de rester allongée et il n’y avait qu’une heure de promenade. Les interrogatoires constituaient notre unique distraction. C’étaient des interrogatoires de la Stasi : " voulez vous travailler avec nous ? " " Non ! " et je m’en prenais directement une dans la gueule de la part de vrais prolos, de monsieurs muscles aux bras tatoués. C’étaient trois jeunes hommes qui ressemblaient à d’anciens taulards. Ils me montraient des photos sur lesquelles je devais reconnaître des gens. Ils étaient abrutis au point de ne pas se rendre compte que je ne me reconnaissais pas moi-même sur les photos... Ensuite en arrivait un autre qui voulait que j’accepte que mes poèmes soient détruits. Comme j’ai refusé, ils les ont quand même détruits, mais sans mon accord.

Toutes les deux semaines, on me prêtait deux livres que je ne choisissais pas, de vraies merdes qui parlaient d’Erika et Hans et Hans s’en va à l’armée et comment leur amour reste intact..., voilà les merdes qu’ils racontaient. Pourtant, j’en ai aussi reçu quelques uns qui étaient vraiment bons, Anna Seghers par exemple. Je ne l’aurai jamais lue dehors. J’ai même lu " Das neues Deutschland " [journal quotidien d’Etat de RDA], en entier ! Comme j’étais jeune, une fois on m’a même donné des fruits, quelle récompense ! J’ai crue mourir de joie. On m’a toujours confisqué l’argent que m’envoyaient mes parents, sauf une fois 15 marks. Avec ça j’ai cantiné des cigarettes, de la moutarde et de la limonade. Une autre fois, mes parents m’ont apporté du " nudossi ", ce nutella de l’est qu’on ne trouvait jamais nulle part. Là, on a fait la fête dans la cellule. C’en était une de fête ! Il ne se passait jamais rien, c’est pour ça que l’on se concentrait ainsi sur la bouffe. Sur la bouffe et sur son corps. Mais ensuite, j’ai appris très vite ce qui se passe en taule et ce qu’il est possible de faire. Tous les soirs, j’ai crié aussi loin que possible " Bonne nuit ! " à Ratte et à Fleischer, de toutes mes forces, par dessus toute la cour, jusqu’au bâtiment des hommes. Fleischer et Ratte ont toujours répondu à mes appels. Finalement, on m’a attribuée deux nouvelles codétenues qui se trouvaient là pour "comportement asocial". A partir de ce moment là, c’est parti à fond. Pendant deux semaines, nous avons animé toute la taule, gueulé à travers les couloirs, imité la télé. Nous avons fait tout ce qui était interdit et ramené nos grandes gueules. J’ai énormément ri en préventive. Quoi de plus logique que d’avoir eu les idées les plus folles dans cette situation exceptionnelle... ? Ça a duré jusqu’à ce qu’ils nous séparent. Ils m’ont mise ensuite avec les " asociales " les plus terribles parce qu’ils pensaient que la pire peine qu’ils pouvaient m’infliger étaient de me placer avec des gens " au niveau zéro ". Comme j’avais 17 ans, on ne pouvait pas me mettre à l’isolement et on m’avait déjà collé toutes les autres punitions. Là, il m’a fallu écouter à longueur de journée des histoires de prostituées, de pipes et de sodomie.

Ça a marché. Pendant une semaine je ne me suis pas faite choppée à crier, ni en faisant passer des trucs par balancier... et j’ai demandé à ce qu’on me remette avec des gens " normaux ".

Le procès a commencé quatre mois après. Il a entièrement tourné autour du fait “d’être punk”. L’avocate, que m’avaient procurée mes amies les Leutzscher, a tout de suite dit que je n’avais pas beaucoup de chance de m’en sortir. Je n’ai établi aucun rapport de confiance avec elle parce que je ne savais pas comment se déroulait un procès. Je me suis dit qu’elle était elle aussi une sorte de Stasi.

Au cours du procès, j’ai dû aller d’urgence aux toilettes. Lorsque je me suis assise sur la cuvette, je n’ai pas pu faire car les policiers se tenaient face à moi. C’était vraiment infernal. Je n’arrivais plus à me concentrer sur rien et j’ai pensé : ça m’est complètement égal ce que je vais prendre, l’essentiel c’est que je puisse aller aux toilettes ! Deux semaines plus tard lorsqu’il a fallu y retourner pour le verdict, j’ai été étonnée qu’on me sorte de cellule au pas de course, qu’on me fasse entrer puis sortir du panier à salade les menottes aux poignets, bâillonnée et toujours en courant. Nous sommes passés de la Bernhard-Göring-strasse au tribunal.

Là, j’ai pu apercevoir tous mes amis qui étaient postés à l’entrée. Lorsqu’ils nous ont vu, ils ont symboliquement levé le poing en l’air, ce qui m’a beaucoup réjouie. Ils ne pouvaient pas crier, on les aurait immédiatement fait sortir pour ça. Il était déjà assez dangereux de se trouver réunis à cet endroit juste pour nous.

Bien entendu, ils avaient choisi la plus petite salle. Mes meilleurs amis étaient à l’extérieur. Rotz a fait un scandale en demandant pourquoi on lui interdisait d’entrer au tribunal en bleu de travail alors qu’il était un travailleur dans le pays des travailleurs et paysans. Mon père avait mis exprès un jeans déchiré avec une vieille veste et, quand il est entré, il a également levé le poing vers moi. Cela a beaucoup compté pour moi. Ils ont prononcé le jugement si vite que je n’ai pas vraiment compris ce qu’ils disaient. Fleischer a pris 10 mois, Ratte 7, Krützner 8 et moi 9. Immédiatement, on nous a tiré à l’extérieur de la salle. Mon père a encore crié quelque chose, mais nous étions déjà en train de parcourir les couloirs du tribunal, menottes aux poignets, jusqu’à la cour. J’ai crié en direction de Fleischer : “mais qu’est-ce qu’ils font ?”. C’était comme si on allait nous pendre sur l’instant. En réalité, on nous a juste fait passer très rapidement par la porte de derrière parce que nos amiEs nous attendaient à la sortie.

A ce moment, ils ont eu peur de nous et ça a été un sentiment très agréable.

J’ai fait le trajet jusqu’au centre de détention pour exécuter la peine, en compagnie des deux femmes avec qui je m’étais si bien entendue. Cela signifiait : encore trois jours à la Kästnerstrasse. Nous nous en réjouissions d’avance. Mais celle-ci s’est révélée beaucoup plus dure que nous le pensions.

De mon expérience à la Beethovenstrasse j’avais gardé l’idée qu’on pouvait se permettre pas mal de choses, mais là, j’ai pu constater le pouvoir qu’ont les flics. Je me disais, ici ils peuvent ainsi t’assassiner sans que personne ne le remarque. Ici, il y avait des matonnes d’un tout autre genre, des femmes assez vieilles, de vraies portes de prison avec leurs cheveux bien tirés, et avec des surnoms tels que “nazie” ou “surveillante de camp de concentration”.

Lorsque j’ai crié quelque chose, une fois, des matonnes sont venues, m’ont tirée par les cheveux et m’ont fait ainsi tomber du lit d’en haut. Je me suis écrasée contre le sol en pierres. La douleur était atroce. Pour me punir, on m’a ordonné de cirer le couloir. J’ai refusé en arguant qu’il l’était déjà, alors elles m’ont menottée à un lit dans une cellule sans fenêtre. Deux heures après, elles m’ont redemandé la même chose puis, devant un nouveau refus, m’ont enfermée dans la salle des douches et attachée à un tuyau. Il y avait des traces de merde partout et j’ai presque vomi sur moi.

Comme je gueulais, elles ont inondé la pièce et m’ont laissée avec de l’eau jusqu’aux chevilles. Mes mains et mes pieds ont fini par devenir bleus, et je me demandais ce qui allait se passer. Lorsqu’elles sont finalement revenues me chercher, on m’a fait enfiler de grosses chaussettes et une veste pour que tout cela ne se voit pas : j’étais transférée.

En préventive, l’ambiance était à la camaraderie. Les détenues s’entraidaient, nous partagions tout et nous nous sommes données du courage. Elles m’ont dit que ça se passerait bien pour moi, que j’irai au quartier des mineurs et que dans tous les cas, j’arriverai bien à m’imposer : “toi, avec ta grande gueule, tu t’en sortiras partout. Tu n’as pas à avoir peur”.

On nous a transféré à bord de l’express “Otto-Grotewohl” dans un wagon de prisonnières qui contenait très peu de places, presque un wagon à bestiaux. On nous a fait traverser la gare menottes aux poignets comme de grandes délinquantes. Nous avons alors pris congé les unes des autres car nous allions chacune dans une taule différente. A part moi, personne ne savait où elle allait. J’étais transférée à Hohenleuben, la seule prison pour femmes mineures.

Je m’en suis sincèrement réjouie. Des jeunes ! Seulement des jeunes filles dans le groupe ! Avec elles, je vais pouvoir bavarder tranquillement !

Hohenleuben était un grand bâtiment neuf doté de grandes pièces claires avec fenêtres, très différente en cela des autres taules. De la cellule d’arrivée, on nous tenait encore une semaine à l’écart du groupe, j’ai entendu courir dans le couloir, des chuchotements, et des files qui criaient des choses sympathiques. J’avais l’impression d’être en camp de vacances.

On m’a donné des fringues horribles, une jupe raide, de grosses chaussettes et un foulard à carreau (pour se le mettre sur la tête). On se ressemblait toutes. Lorsque je suis arrivée dans la cour, elles ont toutes accouru vers moi, me demandant d’où je venais et pourquoi j’étais là. Je leur ai raconté ce que j’avais bombé mais elles ne m’ont pas cru. “On ne prend pas si peu pour une chose pareille” m’ont-elles répondu. “Tu débloques, tu mens, tu n’es même pas punk” ; elles ont commencé à me chercher, me donnant des coups de pied dans les tibias et me bousculant. Je ne comprenais plus rien.

A partir de ce moment là, je n’ai plus voulu sortir dans la cour ni me rendre aux repas car j’avais terriblement peur. Les filles me jetaient de la bouffe, me saluaient par un “Heil Hitler”, me menaçaient à travers la porte de la cellule et je ne savais absolument pas ce qu’elles me voulaient. Les mineures étaient très différentes des autres détenues. Il n’y avait ni de mères ni de personnes plus âgées parmi elles qui auraient pu se trouver là pour des délits économiques. Ici, les filles venaient toutes de foyers ou de maisons de correction et avaient un terrible besoin d’être au centre du monde. Il régnait une atmosphère follement explosive.

Lorsque je suis arrivée dans mon groupe, j’avais horriblement peur. Elles voulaient que je me comporte bien afin que le groupe ne se fasse pas tancer ou punir. Je me demandais si elles n’étaient pas cinglées et où j’avais bien pu tomber.

Parmi les femmes, il y avait la soi-disante “élite”. C’est elles qui déterminaient qui se prenait une baffe dans la tronche, c’est à elles qu’on devait céder un pourcentage de ses paquets, c’est encore elles qui contrôlaient ce qui se passait entre les filles. Il faut dire que les matonnes ne s’intéressaient pas aux accrochages entre détenues. D’ailleurs, personne n’aurait jamais appelé une matonne. C’était tabou, particulièrement lorsque cela concernait le groupe “d’élite”, huit filles, de vraies cogneuses qui s’étaient autoproclamées membres de ce groupe. Dès le début, elles sont venues de voir et l’une d’elle m’a dit : “Bien, maintenant tu me baises les pieds”. Sur le moment, j’ai pensé : “si tu le fais une fois, alors tu devras le faire tout le temps. Ne le fais pas, quoi qu’il advienne”. Je savais qu’après une telle chose, je n’aurais plus jamais pu me regarder en face. Malgré tout, j’aurais préféré le faire, le courage n’est pas venu de moi, mais de la raison.

Je leur ai répondu que je ne comprenais pas ce qu’elle voulait et qu’elle devait me le montrer. Lorsqu’elle se mit à genoux et me montra ce qu’elle voulait, je lui demandais si elle n’avait pas l’impression d’avoir l’air con. Elle s’est relevé, m’a regardée et m’a dit : “tu es OK”.

Mais cela ne voulait rien dire. Ce n’est pas pour cela que j’avais une meilleure position, ça n’avait simplement été qu’un heureux hasard. Il fallait lutter jour après jour pour se faire sa place.

Jusqu’à Noël, je n’ai pas prononcé un seul mot à l’intérieur du groupe. Les filles se faisaient des cadeaux et bien sûr, je n’ai rien reçu. Puis, à l’heure du repas, est arrivé un groupe de prisonnières majeures qui se trouvaient aussi à Hohenleuben. Parmi elles se trouvait Maria qui m’apportait un très gros sac plein de cadeaux. Quelques prisonnières avaient fait une collecte pour que j’ai aussi quelque chose à Noël, elles avaient remarqué que j’étais toujours seule. J’ai remercié Maria de tout mon coeur. Je la connaissais très bien du milieu de Leipzig, c’était une hippie. Elle était très respectée parmi les 400 détenues adultes d’Hohenleuben, c’était une des “grandes gueules”. Le fait de m’offrir un cadeau m’a procuré un grand respect chez les filles, et Maria signifiait aussi clairement au groupe d’élite : “foutez lui la paix !”.

En taule, il a fallu que je commence un apprentissage de couturière. Il y avait des cours et des discussions sur des thèmes politiques. Là, on nous expliquait à quel point nous avions enfreint la loi, on discutait de sport qu’on ne pratique que pour l’Etat, on mettait l’amour lesbien plus bas que terre et nous parlions des élections. Je dis que j’avais 17 ans et que je n’avais jamais eu le droit de vote. Je n’avais jamais pu voter pour dire si je voulais d’un Etat ou pas mais que j’avais quand même été condamnée par ses lois. “J’aimerai bien vivre dans un autre pays avec d’autres lois”, ai-je conclu pour provoquer, puis je me suis directement fait virer de la salle.

Lorsque j’ai été transbahutée dans une cellule où toutes avaient été à l’école [c’est-à dire vécues ailleurs qu’enfermées] et où aucune ne faisait partie de l’ “élite”, j’ai pensé pouvoir faire bouger les choses. Quand quelque chose est de la merde, bien sûr que tu veux faire changer les choses. Ça a commencé par des bagarres pour ne pas faire mon lit, cirer les chaussures, ne pas faire chier les nouvelles arrivantes. Nous avons essayé de saper le pouvoir du groupe d’élite et ce fut comme dans un roman policier. Il fallait être prudentes car celui-ci ne devait rien en savoir. Nous ne pouvions nous permettre une confrontation ouverte, sinon ça foirerait et aucune fille n’aurait accepté d’y participer. Là, j’ai fait preuve d’une diplomatie hors pair, genre nous sommes toutes dans le même bateau. Ensuite, je me suis aussi rapprochée de la meneuse du groupe d’élite, j’ai fait appel à son sens de la justice. Je lui étais sympathique parce que je me montrais sincère. Mais il ne fallait pas exagérer, on pouvait perdre sa position à la moindre occasion. C’était très fréquent.

Cela a fini par porter ses fruits. Ça n’était pas aussi dur qu’au début, lorsque je suis arrivée. Bien sûr, les baffes partaient de temps à autre. Mais lorsqu’on réglait une affaire concernant une fille, celle-ci participait à la discussion, ce qui était avantageux quant au résultat de la décision.

Un autre point : nous devions nous-même noter notre comportement en taule. Je me mettais toujours la même sale note car ça m’était égal. Je m’en foutais d’avoir le droit de regarder la télévision ou pas. Ils ne pouvaient pas non plus nous mettre éternellement à l’isolement. Finalement, les matonnes ont essayé de mettre la pression par le biais du groupe. “Si l’une d’entre vous a une sale note, aucune ne pourra regarder la télé !”. Mais à force, il est arrivé un moment où personne dans notre groupe n’en a plus rien eu à foutre, et le chantage des éducatrices est tombé à l’eau.

Il y avait aussi les punitions collectives. Lorsque par hasard j’ai été l’aînée du groupe, on m’a demandé de faire descendre l’escalier correctement à mon groupe. Nous l’avons donc redescendu, mais elles ont voulu nous le faire refaire cinq fois. J’ai regardé les filles, et nous l’avons refusé avec détermination. “C’est pour nous chercher”, ai-je dit. On nous a immédiatement interdit de réfectoire et enfermées dans la salle de garde pour mutinerie. On nous a punies à rester “cellules fermées”. En temps normal, les cellules étaient ouvertes et on pouvait naviguer dans les couloirs - c’est cette possibilité qui était supprimée. Nous avons alors décidé de retourner cette situation en la rendant tellement agréable qu’elle ferait pâlir d’envie celles qui resteraient à l’extérieur et de leur donner envie de nous rejoindre. Nous allions faire gerber les matonnes ! Nous avons alors développé des trésors d’imagination, joué, fait du sport, crié (de joie). On a réussi à s’occuper quatre jours durant puis la dynamique de groupe est retombée, certaines ont préféré ressortir et regarder Winnetou à la télévision.

La taule a également été pour moi une expérience positive. J’ai appris ce que l’on peut supporter, à quel point on peut aller loin dans ses refus, quel courage on peut avoir et ses limites. J’ai vu combien les gens sont injustes, combien ils peuvent être faux et intriguants. Tout cela, je ne le connaissais pas à cet âge là, j’avais toujours eu de bon amis, j’ai appris qu’il n’y a pas que de bonnes personnes. Mais d’un autre côté, j’ai aussi compris que ces personnes ne sont pas “méchantes”, mais qu’elles le sont devenues.

C’est vraiment fou, ce que certaines filles ont vécu. Je me suis aussi rendu compte qu’au fond de moi je suis très lâche, et que tout ce que j’ai fait de “courageux”, je l’ai fait uniquement par raison. “Tu dois faire ça maintenant ! Tu dois agir justement sinon tu ne pourras plus te supporter et les autres dehors non plus”. Et cette décision, je ne la regrette pas. Je me suis toujours dit : “mes amies me voient de l’extérieur, et tu dois dire ou faire cela”.

Lorsque je suis sortie, je n’ai pas arrêté de pleurer. C’était terrible pour moi de savoir que toutes les files étaient encore là-dedans. Ma “libération” ne m’a pas calmée. J’étais certes dehors, mais cet enfermement ne me quittait pas. Ce sentiment a duré des années et des décennies. L’idée que des filles restaient toujours là-bas m’a complètement bousillée. J’en ai rêvé des nuits entières.

Le lendemain de ma sortie, je suis allée à la Wilhemshöhe pour retrouver mes amies. Là-bas, on a commencé par m’apprendre qui était en prison et qui était à l’Ouest. Ma meilleure amie était en taule, tous les Leutzscher en prison, mon copain de l’époque à l’Ouest. Rien n’était vraiment beau. Le soir, ils ont organisé une fête de bienvenue. Ca m’a fait très plaisir. Les jours suivants, j’ai passé tout mon temps avec Ratte.

Nous avons uniquement discuté de notre expérience de taule, nous nous sommes racontés toutes nos histoires et avons échangé toutes nos impressions.

Un an après cette “libération”, je suis retournée avec Chris, une fille avec qui je m’étais liée d’amitié en prison, à Hohenleuben pour rendre visite à un prof, le seul qui n’était pas comme les autres et qui nous donnait un peu d’espoir. Il était comme un oasis dans cet océan de merde, et essayait de régler les problèmes qu’il y avait entre nous en dehors des matonnes. Il nous a porté de l’intérêt et nous traitait comme des personnes normales. J’aimais bien ce prof, et il avait pris très gentiment congé de moi. Il était classe, et je me suis toujours demandée pourquoi cette personne travaillait là-dedans.

A Hohenleuben, ça a été la panique générale. Nous avons été immédiatement reconnues car tout le monde dans ce village avait un lien quelconque avec la prison. C’était le seul employeur important pour eux. On nous a évitées. Ils ont probablement pensé que nous voulions nous venger ou commettre un attentat. Nous essayions en fait de trouver où habitait ce prof. Il résidait dans une petite maison, et nous a invité à entrer boire un café après avoir bredouillé. Bien entendu, nous voulions parler de la prison avec lui. Nous sommes alors alléEs nous promener parce qu’il supposait que son appartement était sur écoute. Il nous a raconté son parcours, que la taule payait bien les profs, que les jeunes enfermés étaient en quelque sorte un défi pour lui. Bien sûr, il ne pouvait pas nous dire tout ce qui le faisait gerber dans ce système. Il ne savait pas ce que nous ferions de telles infos, mais il a clairement laissé paraître qu’il considérait beaucoup de choses très graves. Il avait bien remarqué que son travail ne servait à rien et que toutes les files étaient récidivistes. Il était vraiment flippé, mais ça l’impressionnait tout de même que nous soyons revenues pour le voir.

Lorsque j’ai été libérée, on m’a aussi remise les lettres de Mita, dans lesquelles elle m’écrivait en personne pour me dire qu’elle trouvait complètement incroyable que j’ai bombé tout cela pour eux. Elle m’a écrit plusieurs fois et m’a toujours fait passer le bonjour. Je crois qu’elle a simulé la folie et reçu une peine moins lourde que Jana. Jana a passé quelques mois en taule dans la prison de femmes de Hoheneck réservée aux “politiques” et est restée ma copine.

On a continué à jouer la chanson “Les nazis sont de retour à Berlin-est”.

Texte de Connie M. (née en 1966)

[Traduit de l’allemand par L. Tiré de Haare auf Krawall, Jugendsubkultur in Leipzig 1980 bis 1991, Connewitzer Verlagsbuchhandlung, pp. 84-93 (292 pages), été 1999]


 le Meneur

lire la suite sur non fides:http://www.non-fides.fr/?Experiences-est-allemandes-dans

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12 juillet 2011 2 12 /07 /juillet /2011 09:24
texte déjà publié dans le blog de temps critique, on publie à nouveau ce texte car je suis éffaré de la main mise de la pensée manageuriale sur la pensée des indignés de valence( réal démocratie- valence). Nonne soyons pas dupe!!
1 – L'impossible réactivation de la politique comme sphère séparée

1 Une méprise traverse cette proposition1. Alors que la visée se veut une « alternative à la barbarie techno-capitaliste » à travers « l'auto-institution de sociétés autonomes », l'essentiel de l'argumentation repose sur la nécessité d'instaurer (ou de réinstaurer) une sphère particulière de la politique dans la vie collective des hommes.

2 Autrement dit, penser qu'il est encore possible de démocratiser la politique en créant des « communautés » pour y réaliser une « praxis », un « agir ensemble », une sorte de nouvelle démocratie directe, n'est-ce pas vouloir ignorer que l'auto-référence, l'autonomie, l'auto-institution sont devenus des opérateurs majeurs de la capitalisation des activités humaines. La barbarie capitaliste d'aujourd'hui s'est généralisée aussi au nom de l'autonomie et de toutes ses variantes « plurielles » (autogestions, auto-évaluation, culte du moi, du « choix personnel », du goût2, de la « fierté » des particularismes, etc.).

3 En s'imposant comme communauté-société, le capital a supprimé la politique comme sphère séparée de la vie collective ; il a internisé l'ancien espace-temps de la politique dans l'imagerie de la politique, dans la virtualisation de la politique. On peut repérer cet englobement de la politique par la capitalisation des rapports sociaux dans les périodes qui ont suivi les deux moments révolutionnaires du xxe siècle, celui de 1917-21 et celui de 1967-74.

Deux moments d'englobement de la politique comme sphère séparée

4 L'État démo-républicain de la société bourgeoise a combattu le premier grand assaut prolétarien mondial (celui des années 1917-21) en réimposant de manière forcenée la sphère séparée de la politique, celle de la représentation parlementaire, du pluralisme idéologique, du règne des partis, etc. Le nazisme et le fascisme ont permis au capitalisme de commencer à s'affranchir de la politique séparée en pratiquant l'interclassisme et « l'esprit national », en réprimant toutes les actions internationalistes. Le second assaut révolutionnaire, celui de la fin des années 60 et du début des années 70, a comporté deux faces. Il a éprouvé3 la fin du cycle des révolutions prolétariennes, de la dialectique des classes, du sujet historique de la révolution, etc. ; il a ouvert un cycle historique dans lequel nous sommes encore : une révolution à titre humain (« l'espèce humaine et la croûte terrestre » disait Bordiga en 1952). Dans la société capitalisée d'aujourd'hui la politique n'a pas disparu, elle est englobée, impliquée dans la vie quotidienne des individus et dans leurs relations. Cela ne signifie pas que « tout est politique » comme le proclamaient les gauchistes du début des années 70 en niant les individualités et les singularités au nom du futur parti prolétarien à rebâtir ; cela signifie que la politique est internisée, subjectivisée et qu'elle est aussi rendue abstraite, objectivée et globalisée. La sphère autonome et spécifique de l'action politique et des institutions politiques a été dissoute. En prendre acte ce n'est pas abandonner tout projet d'intervention sur le cours des choses ; c'est ne pas dépenser vainement de l'énergie pour réactiver un ordre qui a trop servi les despotismes et les dominations de la société bourgeoise et de son État démo-républicain.

Les nostalgiques de la Cité-État grecque

5 Dans la lignée des philosophies politiques antitotalitaires du xxe siècle (Arendt, Orwell, Ellul, mais aussi le Castoriadis d'après 1968 qui n'est pas cité, mais qui est présent4) cette proposition repose sur un présupposé non analysé, celui qui affirme qu'un « espace public » doit être constitué et que cet espace « commun » sera celui où l'on « fait de la politique » et que faire de la politique, c'est « décider à plusieurs dans quel monde on veut vivre ». Exercer ce pouvoir collectif ne serait rien d'autre qu'une expression de la liberté qui serait au fondement de la politique. Le capitalisme mondialisé aurait dépossédé les hommes de ce pouvoir ; il aurait fait disparaître le domaine de la politique et « avec lui, la liberté ». Bref, il n'y aurait plus de démocratie et il serait urgent de la réinventer.

6 Il n'est pas étonnant que cette conception d'un espace commun spécifique (« une assemblée d'égaux ») dans lequel « la parole et l'agir politique(s ?) » doivent se déployer trouve son modèle dans la Cité-État de la Grèce ancienne. Comme Marx, comme Nietzsche, comme Debord et tant d'autres5, la démocratie grecque est ici exaltée, célébrée. Certes, on reconnaît que si la polis a été possible c'est grâce à l'exploitation du travail des esclaves qui a « libéré les citoyens grecs du règne de « la nécessité ». Il est cependant passé sous silence le fait qu'à Athènes, seule une minorité d'individus étaient membres de l'assemblée : les propriétaires, les soldats (les hoplites) et le clergé. Ni les femmes, ni les paysans, ni les artisans, ni les esclaves n'étaient admis dans cette sphère de la politique, autant dire la majorité de la société.

7 Le mythe démocratique des Cités-États de la Grèce ancienne a été bien souvent réactivé par les mouvements révolutionnaires de l'époque moderne occidentale. C'est toujours le libre débat dans l'assemblée qui a été donné comme le modèle pur et jamais l'État qui en constituait pourtant le fondement. Rien de surprenant à cela puisque forts rares furent les révolutions modernes qui cherchèrent à dissoudre l'État ; bien au contraire, il s'agissait de s'emparer de l'État pour le convertir à ses intérêts de classe et de parti. Reconnaître cela n'implique pas pour autant que la question de l'État est aujourd'hui dépassée. Cela n'implique pas cependant que les alternatives qui cherchent à créer un autre mode de vie en commun sont vaines, bien au contraire. Cela indique une différence entre les diverses formes de communautés de vie (historiques6 et actuelles) et ce qui est visé ici sous le nom de « communautés politiques » comme réactivation d'une sphère séparée de la politique. Imaginer des « communautés politiques » qui contribueraient à réinventer une sphère de la politique peut-il conduire à autre chose qu'une errance entre le Charybde du parti politique et le Sylla de la secte ?

2- De l'État-nation à l'État-réseau

8 Affirmer qu'aujourd'hui « le pouvoir n'est plus dans l'État » et que « la prise de l'État est donc sans objet » (p. 1), c'est ignorer les transformations que le capital a fait subir à l'État. Dans les bouleversements révolutionnaires des années 64-74, les institutions de l'État-nation bourgeois ont été contestées et en partie vidées de leur contenu historique de classe. Leur pouvoir de médiation dans la reproduction des rapports sociaux s'est fortement affaibli. Soumis aux exigences des restructurations et de la globalisation, l'État s'est mis en réseau ; il associe les « partenaires sociaux », les associations, les groupes de pression à son action politique ; il abandonne le gouvernement au profit de « la gouvernance ».

9 L'État s'est intériorisé dans chaque individu et de cette subjectivisation il en tire un pouvoir objectif comme opérateur dans les flux mondiaux de capitaux et de puissance7. La société capitalisée d'aujourd'hui n'est pas une société étatisée comme celles de l'Europe de la modernité. Contrairement aux prévisions de Marx sur la dissolution de l'État dans la révolution prolétarienne, l'État n'a pas été dissout, il est toujours l'État du capital mais il exerce sa domination en se faisant « social », « participatif », en « négociant », en « libérant la créativité des individus », en « dynamisant les réseaux », etc.

10 Comment ces « communautés politiques » dont il est question dans le texte pourraient-elles vivre sans être confrontées à l'État-réseau d'aujourd'hui, voilà une question centrale qui n'est qu'à peine effleurée dans le texte. Car aucun espace n'échappe désormais au contrôle soft (et parfois hard comme à La Picharlarié8 en juillet 2007) de l'État-réseau puisqu'il tend à se confondre avec la société tout entière. Il s'agit d'une totalisation non totalitaire. Il n'y a donc plus de « base arrière » possible comme cela fut le cas dans les luttes de classes où les résistants trouvaient des ressources dans les quartiers situés derrière les barricades ou encore dans les maquis en montagne. Pas plus au fond des Cévennes qu'au centre de l'Afrique, il n'est aujourd'hui possible d'installer des « bases arrière ». Les communautés humaines (et non « politiques ») établies dans les Cévennes au début des années 70 ont été les dernières à croire qu'elles pouvaient échapper quelque peu à l'État9.

3- Une réalité en devenir : des communautés de lutte ?

11 Poursuivant sur la lancée du modèle autonomiste et auto-référentiel, le texte en vient à poser « l'autonomie économique » comme « le premier choix à travers lequel s'exerce la liberté ». Les Grecs ne sont pas loin, là encore, puisqu'ils n'ont fait qu'élargir et intensifier le mouvement de la valeur qui avait déjà pris naissance dans les royaumes du Nord de la Mésopotamie dès le viiie siècle (Cf. la Lydie et le roi Crésus). La naissance de l'économie comme domaine séparé consacré à l'accroissement des richesses et de la puissance ne s'est réalisée dans les Cités-États grecques qu'à partir du moment où une classe du travail (les esclaves) a pu être exploitée dans la transformation des ressources naturelles et dans la circulation des marchandises. L'oïkos n'est pas seulement le domaine de l'administration de la vie matérielle et domestique, comme le définit l'auteur, il est surtout l'institution d'un domaine spécifique et particulier dans la société, celui où se réalise production des marchandises et circulation des capitaux : l'économie. L'autonomisation de l'économie a été un moment décisif dans le développement des puissances étatiques de l'antiquité.

12 A l'époque moderne, l'économie s'incarne dans une classe sociale, celle des marchands puis celle des bourgeois. Elle trouve sa légitimité théorique dans l'économie politique, puis dans la science économique. De ce point de vue, la modernité s'achève. Nous ne sommes plus des « modernes » comme l'affirme l'auteur car cela lui permet de se mettre en continuité avec la « démocratie grecque ».

13 Nous ne sommes plus dans cette dynamique historique. Dans la crise, le chaos et la barbarie, le capital a quasiment supprimé le travail humain productif10, il cherche à devenir homme ; il a englobé la valeur11. L'économie tend à être dissoute comme réalité matérielle séparée des activités humaines : ces activités considérées, il y a encore peu de temps, comme « non-économiques ». Elle subsiste comme puissance idéologique, comme morale du travail.

14 Comme l'autonomie politique, l'autonomie de l'économie dans la société a été englobée. C'est ce que nous avons décrit comme la capitalisation de la société. « L'autonomie économique » attendue dans cet écrit comme fondement de la liberté est une fiction car elle comporte le plus souvent une contre-dépendance à la puissance du capital.

15 Dans cette perspective, on pourrait avancer que seules les solidarités qui se nouent dans les luttes manifestent parfois cette aspiration à communiser les rapports sociaux et les relations interindividuelles.

16 Ce qui est recherché dans les communautés de luttes actuelles, c'est davantage une indépendance pratique du mouvement réalisée dans tous les aspects de la vie quotidienne. Certains moments forts du récent mouvement contre le cpe12 ont comporté embryonnairement cette dimension.

 

Notes

1 – Cf. « Proposition pour une communauté politique ». Ce texte a circulé dans les milieux alternatifs du sud de la France en 2008. À ma connaissance, il est resté inédit.

2 – Cf. Wajnstejn J., Capitalisme et nouvelles morales de l'intérêt et du goût, éd. L'Harmattan, 2002.

3 – Au double sens de fait la preuve de… et d'endurer.

4 – Nous avons analysé l'impasse théorique de l'autonomisme chez Castoriadis dans Guigou (Jacques), « L'institution résorbée », Temps critiques, no 12, hiver 2001, p. 34-44. Texte disponible sur le site de l'auteur :
www.editions-harmattan.fr/mi...
Ou bien à : tempscritiques.free.fr/spip.php ?article103

5 – Cf. « La Cité-État grecque contre le communisme », une réponse de Jacques Guigou à Jean-Pierre Courty, 1997.
Adresse : www.harmattan.fr/minisites/i...

6 – Et parmi tant et tant, on se souviendra des communautés anarchistes et communistes américaines du xixe siècle et de la premières moitié du xxe bien décrites par Ronald Creagh dans Laboratoires de l'utopie, éd. Payot, 1983.

7 – Cf. revue Temps critiques, « L'État-réseau et l'individu démocratique », no 13, hiver 2003, p. 53-64.

8 – Cf. le site « Cévennes en lutte ». Adresse :
www.lapicharlerie.internetdo...

9 – On peut lire une intéressante démystification de cette illusion dans le journal tenu au début des années 70 par certains membres d'une communauté en milieu rural ; Cf. Hervieu-Leger D. et Hervieu B., Retour à la nature. Au fond de la forêt… l'État, éd. L'Aube, rééd. 2005.

10 – Cf. Guigou J. et Wajnsztejn J., (dir.), La valeur sans le travail, L'Harmattan, 1999.

11 – Cf. Guigou J. et Wajnsztejn J., L'évanescence de la valeur, L'Harmattan, 2004.

12 – Cf. « Hard blocking », Temps critiques, no 14, hiver 2006.



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Les Nostalgiques de la Cité Grecque
(format A5, PDF – 139 ko)
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11 juillet 2011 1 11 /07 /juillet /2011 10:14

les commentaires sont à signaler, c'est le jeu de l'été:

le 30 juin le site la terre d'abord affirmait:

Les « primaires de l’écologie » – en réalité les primaires d’Europe écologie les Verts et ses alliés – sont terminées et on a maintenant les résultats. Voici les chiffres officiels :

A l’issue du dépouillement, voici les résultats du premier tour de la Primaire de l’écologie.

Eva Joly : 12571 votes, soit 49,75 %
Nicolas Hulot : 10163 votes, soit 40,22 %
Henri Stoll : 1269 votes, soit 5,02 %
Stéphane Lhomme : 1172 votes, soit 4,44 %
bulletins blancs : 94 votes, soit 0,37 %

Si nous parlions des écologistes version bobo, il y a quelques jours, c’est justement pour cela. Il existe une véritable culture écolo bobo, qui a été sous-estimée par Hulot, et qui a même réussi à le mettre dans les cordes.

Hulot considère en effet que l’écologie consiste en de l’accompagnement du gouvernement avec la réalisation de mesures ; pour EELV, il s’agit d’une vision du monde, celle de quartiers urbains pacifiés où l’on peut vivre agréablement quand on dispose de certains moyens…

Hulot est-il dupe de cela ? Pas si sûr. Il y avait déjà sa petite phrase sur Borloo, lors de la campagne des primaires. Et, dans un même registre, il y a sa fondation qui a pris hier une décision… pour le moins étrange.

En effet, la Fondation pour la Nature et l’Homme (auparavant la « Fondation Nicolas Hulot ») a décidé de revenir dans le comité de suivi du Grenelle de l’Environnement…

La Fondation l’avait quitté en mars 2010 en raison du report de la fameuse « taxe carbone », report sans date d’ailleurs.

Qu’est-ce qui a changé depuis ? En fait, la Fondation se justifie par la création par Sarkozy d’un « groupe de travail sur la constitutionnalité de la fiscalité écologique. »

Ce qui ne veut strictement rien dire, n’est même pas une mesure concrète, et montre bien qu’il s’agit d’un prétexte pour se replacer au cœur des institutions, comme « porte de sortie » pour Hulot qui, à défaut d’EELV, pourra donc avoir toute légitimité pour devenir ministre de l’écologie d’un Sarkozy (éventuellement) réélu !

Notons au passage que Sarkozy vient d’annoncer un programme de 35 milliards d’euros d’investissements pour l’énergie du futur, un mélange de nucléaire et de développement durable…

Et faut-il rappeler que le Grenelle de l’environnement ne parle pas de nucléaire ? Hulot n’en a parlé que très récemment lui-même, et encore pour dire que Fukushima l’avait fait changer d’avis…

Pas difficile de voir quelles alliances peuvent se profiler ici ! Il y a là un jeu politique très subtil, une belle preuve d’ailleurs de la bataille d’appareils que constituent tous ces gens se goinfrant sur l’écologie.

Pas difficile de voir non plus les conséquences.

Car au sein du « milieu » (au sens le plus large possible) pour les animaux, nombreux étaient les structures rêvant d’un triomphe de Hulot, afin de faire passer en contrebande leur proposition « apolitique » des « droits pour les animaux. »

L’échec de Hulot coule totalement cette option ridicule et ne reposant sur strictement rien à part un désir de reconnaissance médiatique, une volonté d’effectuer des bénéfices commerciaux et la perspective d’une intégration des Universités comme professeurs et autres chercheurs !

On peut être certain que tout ce petit monde soutiendra Jean-Marc Governatori, qui se présentera également à la présidentielle, au nom de l’Alliance écologiste indépendante dont la secrétaire est désormais l’ancienne « star du porno » Zara Whites (qui troque donc PeTA contre Governatori). Vegmag joue bien entendu déjà son rôle de « soutien indirect »…

Governatori, évidemment soutenu par Bardot, « se paie » sa candidature, comme il explique dans une interview:

C’est vrai que je suis l’un des principaux contribuables de France, mais une campagne présidentielle ne coûte pas cher. Je suis outré par les budgets des partis classiques de plusieurs millions d’euros, payés par les contribuables. Une campagne présidentielle coûte au maximum 300 000 euros, essentiellement des frais de déplacement. Le budget est raisonnable, donc on n’aura pas de problèmes à ce niveau-là.

Le cynisme complet de ses propos n’est même pas à expliquer, et choquera comme il se doit toutes les personnes bataillant au quotidien pour conquérir une vie digne tant pour eux et elles-mêmes que pour les animaux… Mais finalement, pourquoi être choqué? Ces propos sont typiques des « appareils » et de ceux qui veulent faire carrière dans les institutions.

Mais l’échec de Hulot est également le triomphe d’Eva Joly, et cela ne va pas aider les « décroissants » qui justement sont censés rejeter les institutions. La candidature de Stéphane Lhomme était symbolique, mais elle se fondait sur le succès triomphal de Hulot…

Elle devait permettre une recomposition grâce à cette résistance symbolique. Maintenant, Stéphane Lhomme apparaît comme celui qui a aidé Eva Joly, celui qui est comme Eva Joly mais en plus dur, en plus idéaliste, etc.

Avec une victoire de Hulot, Stéphane Lhomme aurait pu se laver les mains d’EELV, maintenant il est coincé, et avec lui tous les « décroissants »… On pourra longtemps lui reprocher cette photographie, qui le montre à côté d’Eva Joly (tout à gauche), et prouve qu’il considère au moins avoir des choses en commun avec elle !

Quant à l’écologie, on en n’entendra pas parler. Eva Joly ne vient même pas des Verts, elle hésitait à aller au MODEM avant de rejoindre EELV pour être directement élue. Elle est là car elle représente l’idéal d’un capitalisme écolo et sans corruption, social et sans préjugés.

C’est cela, l’écologie d’EELV, une sorte de grand nettoyage, de réfection… Nullement l’annonce d’un grand retour à la nature, pourtant tant nécessaire !

Jean-Marc Governatori
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10 juillet 2011 7 10 /07 /juillet /2011 19:47

cette page a une importance considérable compte tenu de l'article du journal le  monde du 10  juillet  2011 page 13 et +

À part le désaccord exprimé par ceux de ses membres appartenant au Parti républicain, désaccord manifestement fondé sur du vent, la Commission d’enquête sur la crise financière aurait difficilement pu prévoir que le rapport qu’elle a produit en janvier suscite un grand émoi. Au bout d’un an et demi de recherches et de recueil de témoignages d’universitaires et autres économistes, ce rapport n’a rien produit de plus que ce que dictait déjà le bon sens populaire, à savoir que la récession économique qui éclata publiquement en 2007 aurait pu être évitée, ayant résulté d’une combinaison de règles étatiques laxistes et d’une prise de risques excessive par les prêteurs et les emprunteurs, en particulier dans le secteur immobilier. Ce même bon sens populaire nous a rassuré que de promptes mesures gouvernementales avaient empêché la Grande crise de se transformer en une dépression généralisée et que la récession avait ouvert la voie à une reprise, quoique « fragile ».

Or, cette idée de bon sens a beau être répétée inlassablement, elle reste peu convaincante. Pourquoi la reprise est-elle si fragile ? Pourquoi le chômage reste-t-il élevé ? Pourquoi les banques, nouvellement pourvues en liquidités par cette prompte action gouvernementale, sont-elles si peu désireuses de les mettre au service de l’expansion économique ? Pourquoi la série de crises de la dette souveraine en Europe a-t-elle comme pendant aux Etats-Unis l’effondrement des budgets des Etats ? Pourquoi les politiciens réclament-ils sans relâche l’austérité alors même que l’économie est déjà incapable de satisfaire les besoins de millions de gens en matière de logement, de santé, d’éducation et même de nourriture ? La faillite de la soi-disant science de l’économie déjà démontrée par l’incapacité des spécialistes à prédire la catastrophe est soulignée par la même inaptitude à expliquer ce qui se passe à l’heure actuelle ou à arriver à un consensus sur les mesures à prendre pour y remédier.

Un trait remarquable des commentaires sur les actuels ennuis de l’économie est que, malgré ses références constantes à la Grande crise des années 30, ainsi qu’aux nombreuses récessions survenues depuis la Deuxième guerre mondiale, on n’a peu parlé du fait que les crises sont la marque récurrente de l’économie capitaliste depuis la révolution industrielle. Pourtant même l’examen le plus succinct de l’histoire montre que les événements récents sont loin d’être inhabituels. En réalité, depuis le début des années 1800 jusqu’à la fin des années 1930, le capitalisme a passé entre le tiers et la moitié de son histoire en crise (selon la façon dont les différentes autorités les datent), crises qui sont allées en s’aggravant régulièrement jusqu’à La Grande crise de 1929.

Ce n’est que la faible profondeur des crises qui ont eu lieu depuis la dernière guerre qui ont fait naître l’idée que le capitalisme ne connaîtrait plus les hauts et les bas caractéristiques de ses premières cent cinquante années d’existence comme forme sociale dominante. Le choix de la théorie économique semblait se placer entre l’idée néolibérale du capitalisme comme système capable de s’autoréguler et la conception keynésienne d’une l’économie contrôlable par des manipulations étatiques. L’insuffisance des deux points de vue démontrée par les événements économiques actuels appelle un autre regard sur la dynamique à long terme du système capitaliste.

Les premiers auteurs d’études de ce qu’à la fin du XIXe siècle on finirait par appeler le « cycle des affaires » comprirent que c’est une caractéristique de l’économie de marché, ou la plupart des biens sont produits pour être vendus. Dans pareille économie, la raison pour laquelle les entreprises produisent biens et services, c’est gagner de l’argent ; les entreprises croissent et décroissent et passent de la production d’une marchandise à une autre, en réponse au niveau de profits atteint par leurs investissements. Au début du XXe siècle, les études statistiques (conduites par l’économiste américain Wesley Mitchell et le National Bureau of Economic Research) montrèrent que l’alternance entre prospérité et crise suivait les fluctuations de la rentabilité des affaires.

L’explication la plus élaborée de ces fluctuations, la théorie du taux de profit de Karl Marx, était tellement éloignée du courant principal de la théorie économique qu’il fut largement ignoré par les auteurs d’études sur le capitalisme, y compris la plupart des auteurs de gauche. Mais l’histoire de l’économie semble confirmer l’exactitude de l’idée que, si la prospérité crée les conditions d’une crise éventuelle, les crises qui s’ensuivent rendent possible une renaissance de l’économie, du fait que la baisse des coûts d’investissement — grâce aux faillites, à l’effondrement des prix, à l’évaporation des créances et la baisse des coûts de la main d’œuvre due à l’augmentation du chômage et l’amélioration de la productivité des nouvelles machines — fournissent des taux de retour sur investissement plus élevés, entraînant une augmentation des dits investissements et donc une expansion de l’économie.

Malgré leurs traits singuliers, la Grande crise et la reprise de l’économie capitaliste après 1945 suivirent, dans les grandes lignes, le schéma établi lors des précédents épisodes d’effondrement et de régénération de l’économie. La crise fut longue et le niveau de destructions physique et économique du capital anormalement élevé (surtout pendant la guerre sur laquelle elle déboucha). Il n’est donc pas surprenant que la reprise amena une période de prospérité, qui dura jusqu’au milieu des années 1970, et que les économistes baptisèrent Âge d’or du fait de sa durée et de son ampleur. L’absence relative de récessions graves pendant ces années était due à la poursuite dans la période post-crise de ce qu’on désigna sous le nom de méthodes keynésiennes : la proportion des dépenses étatiques par rapport au PNB des pays de l’OCDE passa de 27 % en 1950 à 37 % en 1973. Aux Etats-Unis, comme l’a noté Joyce Kolko en 1988, « près de la moitié des nouveaux emplois créés après 1950 le furent grâce aux dépenses d’État, et une évolution analogue se produisit dans les autres pays de l’OCDE ».

L’idée de Keynes était que les États devaient emprunter de l’argent en période de crise pour faire repartir l’économie ; quand le revenu national augmentait par voie de conséquence, les impôts qui le frapperaient pour rembourser la dette ne l’affecteraient guère. En réalité, la gestion des crises se transforma en une « économie mixte » État-privé permanente. Quand l’Âge d’or prit fin définitivement au milieu des années 1970, l’augmentation énorme des dépenses publiques qui évita un retour des conditions de la crise constitua un pas de plus vers le déficit de plus en plus problématique d’aujourd’hui. La raison même de l’augmentation des dépenses de l’État — l’insuffisance des profits — rendit impossible le remboursement de la dette d’État qui en était résultée.

Pendant ce temps, la dette publique s’accompagna de l’augmentation vertigineuse de la dette des entreprises et de la dette privée, rendant possible la prospérité apparente des vingt dernières années. Les promesses de payer un jour, dans l’avenir, prirent la place de l’argent que l’économie capitaliste ralentie ne parvenait plus à produire. Étant donné que les États, les entreprises et, dans une mesure toujours croissante, les individus empruntaient des fonds pour acheter des marchandises et des services, la dette publique, des entreprises et des ménages apparut dans les bilans des banques et des autres sociétés dans la colonne des recettes. Mais le remboursement des dettes exige de l’argent produit par une production rentable et la vente de biens et de services. Or, comme l’observé Robert Brenner, professeur d’histoire à l’UCLA :

« Selon les indicateurs macroéconomiques standards, entre 1973 et aujourd’hui, la performance économique des Etats-Unis, de l’Europe occidentale et du Japon s’est détériorée, de cycle des affaires en cycle des affaires, de décennie en décennie (à l’exception de la deuxième moitié des années 1990). Tout aussi parlant, pendant la même période, l’investissement en capital à l’échelle mondiale et dans toutes les régions en dehors de la Chine, en incluant même les pays d’Asie du Sud-Est [nouvellement industrialisés] depuis le milieu des années 1990, a régulièrement diminué. »

Le résultat, ce fut, grosso modo, la réapparition en 2007 de la crise évitée dans les années 1970.

Quand l’éclatement de l’énorme bulle américaine des prêts immobiliers en 2007 déclencha la crise mondiale, les gouvernements centraux se retrouvèrent pris entre le besoin de maintenir le système en état de marche en injectant de l’argent dans les établissements financiers « trop gros pour faire faillite », le soutien des gouvernements locaux et la « stimulation » de l’économie privée d’une part, et la nécessité impérieuse de limiter l’augmentation de la dette publique avant qu’elle n’atteigne le point du défaut de paiement de grande ampleur. Les Etats-Unis avaient une dette de 16 milliards de dollars en 1930 ; elle atteint aujourd’hui 14 mille milliards de dollars et elle continue à monter. La dette fédérale représentait déjà 37,9 % du PNB en 1970. Quand en 2004 le FMI signala que la combinaison du déficit du budget de l’Amérique et du déséquilibre croissant de sa balance commerciale menaçait « la stabilité financière de l’économie mondiale », elle atteignait 63,9 %. Les appels mondiaux des patrons et des politiciens à des réductions des dépenses publiques, aussi exagérés qu’ils soient par l’idéologie néolibérale, marquent la reconnaissance d’une nouveauté par rapport aux années 30 : le fait que la carte keynésienne a été largement jouée.

En conséquence, bien que le capitalisme actuel soit par bien des aspects une version très transformée de la forme qu’il avait au XIXe siècle, cette transformation n’a pas entraîné de diminution des problèmes systémiques diagnostiqués par les critiques de cette époque. Au lieu de cela, elle les présente sous de nouvelles formes. En fait, la crise se profile à l’horizon a des chances, entre autres, d’être plus terrible que les grandes crises de 1873-93 et de 1929-39. La poursuite de l’industrialisation de l’agriculture et de l’urbanisation de la population — en 2010, on a estimé que plus de la moitié des habitants de la planète habitait dans des villes — a rendu de plus en plus de gens dépendants du marché pour se fournir en nourriture et satisfaire leurs besoins essentiels. L’existence à la lisière de la survie ou au-delà de cette limite vécue par les masses urbaines du Caire, de Dakka, de Sao Paulo et de Mexico aura un écho dans les pays les plus avancés sur le plan capitalistique, du fait que le chômage et l’austérité imposée par les gouvernements affecteront de plus en plus de gens, non seulement dans les anciennes zones industrielles du monde développé mais à New York, Los Angeles, Londres Madrid et Prague.

Laissé à ses propres moyens, le capitalisme promet des difficultés économiques pour les dizaines d’années à venir, avec des attaques de plus en plus violentes contre les gains et les conditions de travail de ceux qui ont encore la chance d’être salariés dans le monde, des vagues de faillites et de consolidations pour les entreprises capitalistes et des conflits de plus en plus graves au sein des entités économiques et mêmes de pays entiers sur la question de savoir qui va payer tout cela. Quels constructeurs automobiles, dans quels pays, survivront, quand d’autres s’empareront de leurs avoirs et de leurs marchés ? Quelles institutions financières seront écrasées par des dettes impossibles à recouvrer et lesquelles survivront et réussiront à s’emparer d’énormes parts du marché mondial pour gagner de l’argent ? Quelles luttes éclateront pour le contrôle des matières premières comme le pétrole, l’eau pour l’irrigation et la boisson ou les terres arables ?

Aussi déprimantes que soient ces considérations, elles négligent deux facteurs paradoxalement liés qui promettent des effets encore plus désastreux pour l’avenir du capitalisme : le déclin annoncé du pétrole — base de tout le système industriel actuel — comme source d’énergie, et le réchauffement de la planète provoqué par la consommation de carburants fossiles. Même si la stagnation actuelle devait ralentir le changement climatique causé par les gaz à effet de serre, les dommages déjà créés sont extrêmement graves. Elizabeth Kolbert, une journaliste qui n’est pas portée à l’exagération, a intitulé son essai sobrement informatif Field Notes From a Catastrophe [Notes de terrain sur une catastrophe].

La fonte des glaciers ne menace pas seulement les panoramas suisses mais l’approvisionnement en eau potable de populations entières dans des régions telles que le Pakistan ou la ligne de partage des eaux des Andes ; les sécheresses ravagent l’agriculture australienne et chinoise depuis des années ; quant aux inondations elles dévastent périodiquement les habitations de dizaines de millions d’individus dans les régions à basse altitude d’Asie du Sud Est. Le défilé ininterrompu de catastrophes ne fait malheureusement que commencer. Il accompagnera une économie stagnante et ne pourra qu’être exacerbé par l’augmentation des émissions de gaz à effet de serre que le retour à une vraie prospérité entraînerait.

Ce que nous promettent ces tensions continuelles sur la société, c’est que le déclin de l’économie, même infléchi cycliquement, sera le vecteur d’une crise du système social qui, parce qu’il obéit aux lois de la physique et de la chimie, dépassera les domaines strictement économiques. Si le déclin de l’approvisionnement en pétrole et les catastrophes causées par le changement climatique ne provoquent pas une transformation majeure de la vie sociale, il est difficile d’imaginer ce qui pourra le faire. Cette idée peut sembler irréelle aujourd’hui à ceux qui parmi nous vivent encore, pour la plupart, dans ce qui subsiste de la prospérité matérielle apportée par le capitalisme d’après-guerre, tout comme la misère et la terreur qui accablent les habitants du Congo déchiré par la guerre sont difficiles à saisir par les habitants de New York ou de Buenos Aires. Mais cela ne fait que montrer la pauvreté de notre imagination et non l’irréalité des défis qui nous attendent, comme les catastrophes telles que la marée noire qui s’est déversée d’une plateforme de forage de BP dans le golfe du Mexique en 2010, nous aideront peut-être à mieux le comprendre.

La plus grande inconnue lorsqu’on envisage l’avenir du capitalisme, c’est le degré de tolérance de la population mondiale face aux ravages que ce système social lui infligera. Les gens sont parfaitement capables de réagir de manière constructive face à l’effondrement des structures normales de la vie sociale et d’improviser des solutions aux problèmes immédiats de la survie physique et émotionnelle. Cela nous est amplement démontré par leur conduite face aux catastrophes tels que les tremblements de terre, les inondations, les dévastations de la guerre, ainsi que lors des précédentes périodes de bouleversement économique. Le fait que les gens du XXIe siècle n’ont pas perdu la capacité de faire face aux autorités pour défendre leurs intérêts a été démontré par les jeunes protestataires d’Athènes, les fonctionnaires grévistes de Johannesburg et, plus récemment et spectaculairement, par les Égyptiens qui, du moins pendant un moment, ont détruit un État policier en place depuis des dizaines d’années.

Dans tous les cas, les gens vont avoir l’occasion d’explorer pareilles possibilités dans un avenir proche, s’ils souhaitent améliorer leurs conditions de vie de la manière concrète qu’une économie déliquescente exigera. Alors qu’à l’heure actuelle ils attendent encore le retour promis de la prospérité, à un moment donné les millions de nouveaux sans abris, comme beaucoup de leurs prédécesseurs dans les années 1930, risquent de s’intéresser aux logements vides récemment saisis, aux biens de consommation invendable et aux stocks de nourriture accumulés par l’État, et d’y trouver tout ce dont ils ont besoin pour survivre. En outre, le fait de s’emparer et d’utiliser des logements, de la nourriture et d’autres objets, en enfreignant les règles d’un système économique fondé sur l’échange de biens contre de l’argent, implique en soi un mode d’existence sociale radicalement nouveau.

La relation sociale entre patrons et salariés, relation qui associe une dépendance mutuelle à un conflit inhérent, est devenue la relation de base dans tous les pays du monde. Elle modèlera de manière décisive la manière dont nous vivrons le futur et dont nous réagirons. Il ne fait aucun doute que, comme par le passé, les travailleurs exigeront que les patrons ou les États leur fournissent des emplois. Or si les premiers pouvaient employer plus de monde en faisant des profits, ils le feraient déjà. Quant aux seconds, ils se heurtent dès à présent aux limites de la dette souveraine. Au fur et à mesure que le chômage s’étendra, il se peut que les travailleurs prennent conscience que, avec ou sans emploi, les usines, les bureaux, les fermes, les établissements scolaires et autres lieux de travail continueront d’exister même s’ils ne permettent plus de dégager de profits, et qu’ils peuvent être mis en marche pour produire les biens et les services dont les gens ont besoin. Même s’il n’y a pas assez d’emplois — d’emplois payés par les entreprises ou par l’État — il y aura beaucoup de tâches à accomplir si les gens organisent la production et la distribution pour eux-mêmes, en dehors des contraintes de l’économie marchande. Cela signifiera, bien sûr, bâtir une nouvelle forme de société.

Le capitalisme existe depuis tant de générations, il a prouvé sa vitalité en chassant ou en absorbant tous les autres systèmes sociaux du monde entier, qu’il semble faire partie de la nature et paraît irremplaçable. Mais ses limites historiques apparaissent désormais visiblement dans son incapacité à répondre aux défis écologiques qu’il pose, à entraîner assez de croissance pour employer les milliards d’individus qui s’entassent dans les bidonvilles d’Afrique, d’Amérique du Sud et d’Asie, ainsi qu’un nombre toujours plus grand d’entre eux en Europe, au Japon et aux Etats-Unis, et à échapper au dilemme de sa dépendance vis-à-vis d’une participation de l’État à la vie économique d’un niveau tel qu’il draine l’argent des entreprises privées. Tout comme la Crise de 29 a montré les limites des moyens mis en place pendant les années 40 pour contenir la tendance du capitalisme à la catastrophe périodique, elle suggère la nécessité de prendre enfin au sérieux l’idée que, comme on dit, un autre monde est possible.

Paul MATTICK

13 mars 2011

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8 juillet 2011 5 08 /07 /juillet /2011 08:16

 itinéraire :http://maps.google.fr/maps?hl=fr&tab=ll   à partir de l' arrivée en gare de valence.

Rock in Gats se déchaîne !
En marge des festivités estivales, Rock in Gats contre-attaque la prison et son monde !

http://pix.toile-libre.org/upload/original/1310069381.jpg

Cette année le collectif R.I.G. a décidé de remettre ça avec une problématique de société : l’enfermement carcéral.

Nous ouvrons un coin de pré en soutien à L’Envolée parce que l’on se retrouve dans leur action, que l’on veut la partager, pour en savoir plus car nous sommes toutes et tous concerné-e-s.

La totalité des bénéfices de cet évènement est reversée au journal L’Envolée.

« L’Envolée  est un journal critique du système carcéral et judiciaire, et du monde qui le génère. Il s’inscrit dans l’histoire de la critique sociale abordée sous l’angle du châtiment, de la discipline, de la prison. Les textes viennent à la fois de l’intérieur et de l’extérieur de la détention. L’enfermement carcéral joue un rôle social de repoussoir ; il produit une peur nécessaire au maintien de cette société. En ce sens, c’est bien plus qu’une simple répression, qu’un moment de contrôle, de sanction des acte délictueux; c’est un ciment nécessaire à l’état pour permettre au capitalisme de  se développer dans ses nouvelles formes. Nous ne sommes pas les porte-parole de ceux que la prison relègue au rang de muets sociaux : les prisonniers écrivent, réfléchissent, résistent… Nous ne voulons pas penser et nous battre à leur place mais avec eux. » (extrait du site)

Le week-end est autogéré avec des groupes indépendants, des technicien-ne-s et des intervenant-e-s qui s’engagent en venant sur la base d’un défraiement.

Notre démarche s’opère volontairement sans subvention, sur le principe du prix libre pour un accès sans discrimination de revenu. Pour cela on produit un maximum de trucs nous-mêmes, dans un souci de qualité, d’autonomie et de moindre coût.

Le Diois n’est pas qu’une carte postale Biovalley, soyons actifs, brisons nos chaînes !

Collectif Rock in Gats

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2 juillet 2011 6 02 /07 /juillet /2011 09:02

Risques sismiques, vétusté avérée, incidents à répétition, risques d’inondations, non-conformité aux normes de sécurité, conception périmée : le site nucléaire du Tricastin et ses 4 réacteurs nucléaires doivent être fermés de toute urgence et définitivement.


A ce jour, les 4 réacteurs du site nucléaire de Tricastin ont plus de 30 ans d'âge. Tous les éléments des réacteurs vieillissent : les générateurs de vapeur, l’enceinte de béton, les soudures, tout…et en particulier les cuves du réacteur qui jouent un rôle essentiel vis-à-vis des trois fonctions de sûreté du réacteur tel le confinement de la matière radioactive, la maîtrise de la réactivité et le refroidissement du coeur.

Pourtant le remplacement des cuves n’est pas envisagé sur ce type de réacteur pour des raisons de coûts et de faisabilité car les accidents avec fusion du coeur n'ont pas été considérés lors de la conception des réacteurs de 900MW, les concepteurs ayant estimé que «  la rupture de la cuve est un accident inenvisageable »… « dont les conséquences ne sont donc pas prises en compte dans l’évaluation de la sûreté du réacteur ».

Pourtant, région la plus nucléarisée d’Europe, la Provence est le terrain de jeu des nucléocrates apprentis-sorciers qui ont implanté leurs installations sur les grandes failles (sud-sud/ouest et nord-nord/est) d'Aix-en-Provence-Durance, de Nîmes et d'Alès qui se subdivisent en faisceaux, accompagnés de failles transversales d’Est en Ouest. Aucune magnitude de séisme serait neutre et sans effet sur les installations.

Les risques d'inondation sont aussi présents.

Aussi face à ce cumul de risques avérés et à la terreur radioactive qu'ils font planer sur nos vie et nos territoires, nous exigeons la fermeture immédiate et définitive du site nucléaire du Tricastin et notamment de ces 4 réacteurs nucléaires.

Arrêt immédiat, inconditionnel et définitif du nucléaire. Pas dans 10 ans, pas dans 20 ans : Ici, partout et maintenant.


CAN84

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1 juillet 2011 5 01 /07 /juillet /2011 15:21

Les pêcheurs regroupés au sein de la coopérative maritime Logicoop pratiquent depuis 2009 la vente directe de leur pêche sur le quai du port de Saint-Jean-de-Luz. Cette démarche permet à une dizaine d’équipages de vivre de leur activité mais ce n’est pas du goût de tout le monde et notamment de la Chambre de Commerce et d’Industrie qui souhaite voir la coopérative cesser son activité. La coopérative qui aide à la permanence d'une pêche artisanale sur la côte basque a depuis établi des liens avec des groupes de consommateurs de l'intérieur du Pays Basque pour des livraisons de colis de poissons dans les bourgs éloignés de la côte. 

 

port-de-saint-jean-de-luz.jpg

 

    “Le principe, directement inspiré de ce qui se pratique dans l'agriculture avec les associations pour le maintien d'une agriculture paysanne (Amap), a d'abord une visée économique mais a également pour but de valoriser des espèces de poissons moins demandées à la criée ou en poissonnerie, mais ayant des qualités gustatives comparables aux poissons dits nobles : maquereau, sardine, chinchard, mais aussi dorade ...”

 

Pour plus d'informations, voir : regard sur la pêche et l’aquaculture. http://aquaculture-aquablog.blogspot.com/2010/03/logicoop-persiste-et-signe-dans-la.html

 

ou http://www.logicoop-ciboure.com/
Logicoop, B.P. 315   64500 Ciboure

logicoop@wanadoo.fr

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