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La tyrannie la plus redoutable n'est pas celle qui prend figure d'arbitraire, c'est celle qui nous vient couverte du masque de la légalité." Albert Libertad

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le blog du laboratoire anarchiste

File:Wooden Shoe.svg
24 mai 2011 2 24 /05 /mai /2011 06:58

 

De Fukushima à Vintimille

LE PRINTEMPS DES LIBERTÉS1 2011 vous invite à faire un tour d’horizon de l’état des libertés, avec une pensée particulière pour ceux qui en sont les premiers privés : les sans papiers, les sans droits2, qui nous rappellent que si nous ne ne nous battons pas, nous perdrons tous des parcelles de liberté que nous aurons du mal à reconquérir.

Aujourd’hui, en France comme ailleurs, on nous rebat les oreilles de la crise. La pauvreté croît, et il faudrait nous préparer à faire des efforts et à nous serrer la ceinture, alors que les entreprises du CAC40 n’ont jamais réalisé autant de bénéfices. Face à leur incapacité à améliorer la vie de leurs administrés, nos dirigeants répondent par la mise en place de lois de plus en plus liberticides et répressives, essayant par là-même d’empêcher toute contestation.

-Au Japon on a découvert à propos des travailleurs précaires du nucléaire au Japon qui sont parfois des SDF et souvent d'une minorité ethnique.La catastrophe de Fukushima est officiellement reconnue comme telle mais,simultanément, à Tokyo, les retombées n’auraient pas d’incidence notable sur les habitants ! Le Premier ministre leur demande de ne pas bouger,de vaquer à leurs occupations et d’attendre les prochaines directives !Belle banalisation de la catastrophe ! L’objectif est double : reconnaître,parmi les conséquences sanitaires des radiations, celles qui apparaissent le plus vite dans la zone la plus contaminée, ce qui amène la population à accepter les autres ; associer la même population à leur gestion au nom de la coresponsabilité du risque. Ainsi, en focalisant l’attention sur l’iode radioactif et la prise de capsules d’iode neutre qui peut, parfois, en empêcherla fixation sur la thyroïde, l’Etat fait passer à la trappe le cocktail d’éléments radioactifs rejetés par les réacteurs en déroute. L'AIEA visitera la centrale nucléaire le 24 mai l'Omerta de Tepco , de l'état japonais , sur l'état des réacteurs 1 et 3, ne pouvait plus durer ( l'opérateur est obligé d'annoncer le combustible nucléaire des réacteurs 1, 2 et 3 avait vraisemblablement fondu, faute d'avoir été immergé durant plusieurs heures après la catastrophe ).Le cauchemar va être enfin annoncée

-Ici les étrangers, bouc-émissaires tout trouvés, en sont les premières victimes. La liberté de circulation et d’installation leur est refusée en dépit même de la déclaration universelle des droits de l’homme. Pourtant, si ces personnes se déplacent au risque de leur vie, ce n’est pas pour faire des séjours de plaisance, mais pour fuir la pauvreté ou pour échapper à des menaces politiques, qui trouvent bien souvent leurs origines dans les relations néocolonialistes de domination et d’exploitation entretenues par les pays occidentaux.
Une fois en France, de nombreux droits de base leur sont déniés. La loi Besson va encore faire monter la pression d’un cran, avec son cortège de dispositions liberticides, l’allongement des séjours en Centre de rétention administrative, et ses expulsions inhumaines, séparant les familles, ne laissant pas aux lycéen(ne)s et étudiant(e)s le droit de passer leurs examens, instituant les expulsions d’étrangers malades au risque de les faire mourir sans soins dans leur pays.
Après avoir soutenu pendant des années les dictateurs dans les pays du Maghreb afin de mieux en piller les ressources, les autorités françaises ciblent aujourd’hui les premières victimes de ces régimes et de la misère sociale qui les caractérisait, ceux-là même qui se sont révoltés et ont renversé leurs dirigeants. Ainsi les migrants tunisiens, bien qu’en règle puisque le gouvernement italien leur a délivré des autorisations de séjour, se retrouvent en France chassés, raflés avant d’être refoulés pour la plupart vers la frontière italienne. Cela se passe à Nice, Menton, à Marseille dans les trains, à Paris… partout les migrants subissent le sort que d’autres ont subi et continuent à subir sur les côtes du littoral nord de la France, à Calais particulièrement. Et le gouvernement français, en ces temps préélectoraux, tente sans vergogne de concurrencer une extrême droite revigorée par les sondages.

Ces privations de libertés subies par les migrants font échos à celles toujours plus nombreuses que nous subissons tous et toutes dans notre pays. Elles obéissent à une même logique de soumission des populations aux impératifs des détenteurs du pouvoir économique et politique. Chez nous aussi, la condition économique est la première entrave à la liberté. Difficile, dans un monde où l’argent est roi, de réaliser ses rêves quand on n’a pas de quoi finir le mois et parfois même le commencer... et que toute tentative pour des solutions alternatives est réprimée.
Et lorsque l’on veut protester, ou affirmer sa solidarité, à nouveau la répression frappe. La solidarité ou l’expression d’un désaccord ne sont pas des délits, les mettre en pratique n’est pas un crime. Pourtant, à Grenoble, le dernier rassemblement pour le logement, la "Nuit solidaire" du 30 mars, a été sévèrement réprimé, les soutiens matraqués, coursés jusqu’au centre ville.
Le récent projet de loi d’orientation et de prévention sur la sécurité intérieure (Loppsi 2), qui touche de nombreux domaines de la vie courante, comme le logement ou la légalisation du fichage, est l’un des plus liberticides des dernières décennies. Et même s’il a été en partie retoqué, l’acte final reste des plus inquiétant à l’égard des libertés fondamentales.
Actuellement, de façon significative, le pouvoir administratif ( arrêté d'expulsion du logement) prend le pas sur le pouvoir judiciaire. On peut, par exemple, bloquer un site Internet sans passer par un jugement (la lutte contre la pédopornographie a bon dos…) Après Internet, à qui le tour ? Autre exemple – et dans l’agglomération valentinoise, nous sommes bien placés pour le savoir – l’expansion de la vidéo-surveillance, dernière innovation du tout sécuritaire, est loin d’être anodine : avec elle, toute contestation se trouve placée sous contrôle, et nos vies en "liberté surveillée".

Libertés de circulation, d’installation, d’expression, de réunion, de manifestation... liberté de vivre sa vie comme on l’entend... Ne laissons pas fouler aux pieds ces droits fondamentaux !

Dans le monde d’aujourd’hui, face aux pressions économiques intolérables, aux politiques antisociales et liberticides, des luttes pour les libertés fleurissent ; des murs s’écroulent, seuls nous ne sommes rien, unis nous pouvons tout. Pour en finir avec les séparations…

Les « révoltes arabes » comme les récents mouvements contre les mesures d’austérité3 en Europe nous ont montré qu’il existe un au delà de la résignation et que le goût de la liberté reste bien vivant.
Nous auto-organiser dans des assemblées, contrecarrer les gestionnaires du désastre, voilà ce que nous entendons faire


Rendez-vous le 28 mai à partir de 11 heures sur la place Manouchian4



le collectif libertaire du laboratoire dont le collectif chômeuse chômeur et précaire sans honte, le collectif solidarité prisonnier) C/O association le laboratoire 8 place St jean 26000



1Les révolutionnaires de Tunisie , de l'Egypte, de la libye et de la Syrie ont commencé de dépoussiérer la liberté

2Selon la loi pénitentiaire de décembre 2009 auront des droits .Les prisonniers des MA d'Angers et d'Osny et du Mans ont commencé ce printemps de contester cette loi bidon

3Nous voulons tout, nous le voulons maintenant, si tu es d´accord avec nous : UNIS-TOI A NOUS !!!

“Il vaut mieux prendre des risques et perdre, que perdre sans avoir pris de risque”

Tout le pouvoir aux assemblées ! 
Groupe Sauvage(Madrid) 18/05/2011

 

4Missak Manouchian, responsable des FTP-MOI les Francs-Tireurs et Partisans immigrés . Il sera fusillé au Mont-Valérien, avec vingt-et-un de ses camarades, le 19 février 1944.

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23 mai 2011 1 23 /05 /mai /2011 07:46

l'article XI nous a donné à lire cet article.

Maud Simonet, sociologue membre de l’Institut européen du salariat (IES), est l’auteure de l’ouvrage Le travail bénévole : travail gratuit ou engagement citoyen ? Suite à la naissance du « service civique » [1] en France en 2010 et à l’émergence de programmes soutenant le bénévolat, elle s’est intéressée aux enjeux sociaux et politiques posés par ces nouveaux dispositifs. Afin d’affûter l’expertise, elle interroge la situation hexagonale au détour d’enquêtes de terrain qu’elle a mené aux États-Unis, pays où le volontariat a une longue histoire. Rencontre sous la neige en décembre 2010 dans les préfabriqués (durables ?) de l’Université Paris Ouest Nanterre La Défense :

Du workfare

« Le workfare découle de l’idée qu’un bénéficiaire de l’aide sociale doit faire des heures de travail afin de prouver à la société sa citoyenneté s’il veut continuer à percevoir ses allocations. Il en existe plusieurs formes. Je ne suis pas spécialiste de ce point précis même si je collabore depuis 2008 avec le sociologue John Krinsky, qui travaille sur ce sujet aux États-Unis [2]. Quelques villes étasuniennes ont été pionnières dans la création de programmes de workfare, comme New-York dans les années 1980. La loi Clinton de 1997 qui réforme l’aide sociale a étendu le dispositif au niveau national. »

Les parcs de New-York

Un terrain historique des luttes syndicales
« Nous menons en commun avec John Krinsky une enquête sur les parcs publics et municipaux de New-York. Initialement, la main d’œuvre était publique et syndiquée. Mais ces parcs sont devenus peu à peu un laboratoire d’expérimentation du workfare.
Aux États-Unis dans les années 1930, les salariés du privé ont obtenu des droits syndicaux. Ceux du public ont dû se battre localement pour les obtenir. Les travailleurs des parcs new-yorkais – les parkies – ont réussi à y accéder dans les années 1950. Leur lutte a été forte, ils ont mené des actions emblématiques, comme s’enfermer dans une cage à Central Park avec une pancarte : « Espèce : travailleur du parc. Caractéristiques : n’a pas les mêmes droits que les autres travailleurs ; pas de dignité au travail ; pas de salaire négocié ; pas le droit de se syndiquer ». Ils furent parmi les premiers travailleurs publics new-yorkais à obtenir des droits syndicaux, et à voir leurs conditions de travail, leurs rémunérations et leurs prestations sociales négociées collectivement.
Le syndicat aux États-Unis ne correspond pas exactement à ce que l’on peut connaître ici. C’est un acteur qui négocie avec la direction ce qu’ils appellent le contrat de travail, c’est-à-dire l’ensemble des prestations.
Avant la crise budgétaire de la ville dans les années 1970, ils étaient 7 500 ; ils sont environ 2.000 aujourd’hui. Pourtant, les parcs de New-York sont plus propres que jamais. Avec John Krinsky, nous nous sommes posés la question : « Qui nettoie ces parcs aujourd’hui ? ». »

Le feuilletage des statuts
« Les éléments de réponse sont multiples. On a vu arriver dans un premier temps des salariés associatifs, embauchés par des conservencies, qui gèrent l’entretien des parcs en partenariat avec la ville de New York. Certaines emploient encore une part de main d’œuvre publique, mais elles commencent à embaucher leurs propres salariés. Central Park et Prospect Park sont dans ce cas. A contrario, Brian Park n’a plus que sa propre main d’œuvre.
Les configurations sont diverses. Les partenariats entre les conservencies et la municipalités diffèrent. Cette nouvelle main d’œuvre n’est pas syndiquée. Ils font le même travail que les salariés du public sans avoir le droit de se syndiquer. Des syndicats new-yorkais ont fait campagne pour qu’ils puissent être représentés et avoir le droit à une négociation collective de leurs conditions de travail : ça a échoué, l’employeur associatif ne veut pas de syndicats.
Sont arrivés ensuite deux types de travailleurs que l’on pourrait qualifier d’« invisibles » ou de « peu visibles », ceux qui ont particulièrement intéressé John Krinsky et moi-même : les travailleurs du workfare et les bénévoles.
Dans le premier cas, il est question de milliers de personnes dépendant de l’aide sociale, envoyés dans les années 1980-90 dans les parcs pour continuer à toucher leurs allocations. Certains ont aussi été envoyés dans le métro via le programme municipal Work Experience Program. Un mouvement social a eu lieu dans les années 1990 pour dénoncer un travail qui n’était pas considéré comme tel. Associations de lutte contre la pauvreté, avocats et syndicats se sont regroupés pour mener un combat suscitant des positions et une rhétorique compliquées, parfois ambiguës [3]. Les arguments ainsi que les répertoires créés pour défendre ce nouveau type de travailleurs étaient complexes.
Aujourd’hui, quelques WEP workers [4] subsistent dans les parcs, mais très peu, parce que le mouvement a réussi à montrer que la municipalité remplaçait des travailleurs publics, rémunérés, syndiqués, par les travailleurs du workfare. Des enquêtes sociologiques s’intéressant aux tâches et à l’éventail de tâches confiés à ces travailleurs ont clairement prouvé la substitution. Peu d’argent circule. L’État fédéral finance le workfare ; c’est du travail gratuit pour la municipalité. Ces travailleurs sont « pressurisés ». Ils ne peuvent pas refuser le boulot sans risquer de perdre leurs allocations. »

Un pas en avant, deux en arrière
« Ce statut a été vivement critiqué et dénoncé. La mobilisation a débouché sur une évolution législative, notamment avec la création d’un statut intermédiaire, le Parks Opportunity Program (POP) à New-York, devenu plus tard le Job Training Program (JTP). Les personnes bénéficiant de l’aide sociale ont intégré ce programme, sans que leur dossier ne soit fermé. Leur indemnité a été transformée en salaire. Le programme durait onze mois et demi au départ, avec une rémunération en fonction de la tâche effectuée. Cela revenait à entrer dans la fonction publique. Si vous patrouillez dans le parc, vous êtes un PEP, et êtes rémunérés comme tel. Si vous nettoyez le parc, vous êtes un City Park Worker durant onze moi et demi, vous êtes payés comme tel, et avez le droit d’être syndiqué et représenté la durée du contrat, comme les statutaires. Cette avancée sociale a été supprimée par un des maires de New-York suivant, malgré de durs conflits.
Dans les années 1990, le JTP remplace le POP, et la rémunération passe en dessous du salaire du premier niveau de la fonction publique. Les JTP deviennent une catégorie, sont tous rémunérés pareil et leur mission est de six mois. Ils peuvent être syndiqués, mais seulement dans une section particulière du syndicat créée pour eux. Les enjeux étaient très forts pour les syndicats : imaginez l’arrivée de 3.500 personnes supplémentaires : vous modifiez les rapports de force des luttes internes. Mis à part, rattachés aux « cols bleus », leurs droits sont moindre, leurs cotisations plus faibles, et ils ne peuvent pas voter pour désigner leurs représentants.
En pratique, la personne qui les évalue est leur supérieur hiérarchique direct. Il décide de leur emploi du temps, de leurs jours de congé. Et il faut ajouter que ces JTP sont à 75% de jeunes femmes d’une trentaine d’années, noires, seules, et avec enfant(s). Avec de telles relations hiérarchiques et l’espoir d’obtenir un emploi municipal à la sortie, en cas de conflits, il est très difficile de porter des revendications. La situation est structurellement compliquée, ces travailleurs sont tenus et facilement mobilisables. »

L’arrivée des travailleurs bénévoles
« Au même moment, toute une série de travailleurs invisibles arrivent dans les parcs. Mobilisés, organisés, rationalisés même : ce sont les travailleurs bénévoles. Avant, ceux-ci existaient à la marge, mais les années 1990 voient apparaître des associations pour organiser leur travail.
Contrairement à ce qu’affirment les néolibéraux, de nombreuses études montrent que l’État ne disparaît pas, mais qu’il transforme ses modalités d’intervention [5]. Pour la gestion des parcs, l’État n’est pas seul. Des fondations comme la City Parks Foundation sont partenaires. C’est une fondation américaine classique, créée par des personnes issues du milieu des entreprises, qui vivent souvent autour de Central Park. Ce sont des riverains fortunés, membres de l’élite financière, qui se mobilisent pour dire : les parcs ne peuvent pas être laissés à la dérive. Dans les années 80, la réputations des parcs était mauvaise : des joggeurs se faisaient assassiner à Central Park, et Brian Park, derrière la National Library, était surnommé « needle park » – le parc des seringues.
La mobilisation de la fondation autour de ce problème social public a rencontré l’intérêt de l’État. Le Department of Parks & Recreation et la City Parks Foundation ont monté ensemble un partenariat : Partnerships for Parks. Les gens qui travaillent pour cette structure ont la moitié de leur salaire payé par le Department of Parks & Recreation, l’autre moitié par la fondation. Cette double loyauté est intéressante : jusqu’à l’intérieur d’une personne même, l’interpénétration entre le privé et le public est présente. Partnerships for Parks est une association dont l’objectif est de développer le bénévolat dans les parcs, de plein de manières différentes. Ils font par exemple des partenariats avec des entreprises pour mettre en place du bénévolat d’entreprise. »

Team building you !
« Si vous êtes la Walt Disney Company, Timberland, Morgan Stanley, en somme une grande entreprise, et que vous souhaitez envoyer vos salariés faire une activité ensemble en dehors ou pendant leur temps de travail, vous pouvez entrer en contact avec Partnerships for Parks, et leur demander : « Qu’est-ce que vous pouvez organiser, un samedi après-midi pour six cents personnes ? » Ils vous répondent : «  On peut aller dans un parc du Queens ou de Brooklyn, et on organise un grand nettoyage de 10h à 17h. »
Partnerships for Parks évalue le coût par salarié (il faut acheter du matériel - des gants, des pelles, des graines, des sacs poubelles, etc.). L’entreprise paie un forfait, et Partnerships for Parks récupère de l’argent à réinvestir dans l’organisation de cette main d’œuvre bénévole. Pour les entreprises, l’idée est que tout le monde soit ensemble un temps, avec une activité à faire du matin jusqu’au soir, et le sentiment d’avoir accompli une tâche précise à la fin de la journée. »

Mobiliser le voisinage
« Partnerships for Parks génère aussi des associations de voisins qui s’occupent d’un parc. J’ai réalisé des entretiens avec des personnes membres de ce genre d’associations. Je les ai interrogés sur leur structuration. Généralement, une personne qui venait régulièrement dans le parc, discutant avec le salarié et l’employé municipal, était repérée par Partnerships for Parks [6]. La fondation demandait aux intéressés, de préférence engagés et ayant un intérêt pour le parc, s’il y avait une association de voisins. Ensuite, si ce n’était pas le cas, elle proposait de créer et structurer une non-profit organization afin d’avoir un peu d’argent pour organiser des événements, participer à des concours et gagner des prix, ou encore élaborer un site web. L’objectif final du support était que des associations de voisins s’occupent de l’entretien des parcs de New-York.
Aujourd’hui, ces dernières sont très présentes, elles ont les clefs pour ouvrir et fermer l’espace pour les chiens, voire parfois le parc. Les riverains apportent aussi du capital et du travail : ils organisent des après-midi nettoyage, plantation et jardinage. A Central Park, où l’argent ne manque pas, les questions matérielles ne sont pas un problème, mais dès que l’on sort de Manhattan et que l’on va dans certains lieux du Queens ou de Brooklyn, les responsables municipaux vous disent qu’ils n’ont ni sacs poubelles, ni papier toilette, et qu’ils apprennent à leurs travailleurs à économiser les sacs. Alors, une association de voisins qui arrive et apporte trois ou cinq heures de travail sur une journée, même s’il faut les encadrer, représente un apport important au système de débrouille qui se met en place. Les responsables locaux sont incités à recourir à cette aide ; ils sont de plus en plus évalués. »

Le (sur)coût des travailleurs publics
« L’État ne finance plus les employés municipaux parce que ça coûte cher : il faut payer les retraites et la couverture sociale. A partir d’un certain nombre d’années passées dans le secteur public aux États-Unis, vous avez une couverture médicale à vie. Depuis la crise des années 1970-80, et a fortiori aujourd’hui, avec la nouvelle crise financière, un discours sur le coût des travailleurs publics se développe. Ils doivent disparaître par non-renouvellement des postes, voire licenciement. Le recours à des formes de travail invisible pas cher se généralise.
Abraham Beame, maire démocrate de New-York de 1974 à 1977, a dit la chose suivante lors d’un discours : «  Il va falloir en appeler à la citoyenneté, à l’engagement des citoyens, parce qu’on n’a plus d’argent  ». L’an dernier, Michael Bloomberg affirmait lors de la remise d’un prix à des bénévoles engagés dans les parcs : « On est conscients de vos préoccupations en terme d’emploi public, on essaiera de ne pas trop licencier ».
Lors d’entretiens avec des responsables municipaux de parcs, deux d’entre-eux ont reconnu que sans le travail gratuit des travailleurs du workfare et des bénévoles, ils ne pourraient pas assurer le travail dans leur arrondissement.
Le recours au workfare et la mobilisation du travail bénévole ne sont pas opposés, c’est le même État néolibéral qui fonctionne dans les deux cas, bien que les populations exposées ne sont pas tout-à-fait les mêmes. Les registres et les techniques de mobilisation sont différentes. »

France – États-Unis : liaisons dangereuses ?

De la démocratie en Amérique
« Il y a une volonté dans mon livre de faire tomber une certaine représentation des liens entre l’État et les bénévoles, une représentation très ancrée dans le rapport France/États-Unis, que j’appelle l’héritage tocquevillien. Je me suis intéressée à la manière dont le legs d’Alexis de Tocqueville a été mobilisé et à la prétendue dichotomie France/États-Unis [7] : d’un côté, ils n’ont pas d’État, donc ils ont plein de bénévoles (États-Unis) ; de l’autre, ils ont un gros État, donc ils n’ont pas beaucoup d’associations (France). En suivant ce raisonnement, il y aurait un vase communiquant. Soit nous avons des gens engagés, et pas d’État, soit nous avons un État important, et par conséquent pas d’engagement.
Aux États-Unis, c’est Ronald Reagan qui a le plus porté ce discours en se référent explicitement à Tocqueville, et en agissant en conséquence. Il affirmait : « Ce grand français qui est venu nous voir et qui a bien dit...  ». Bill Clinton a fait la même chose. Pierre Bourdieu le relevait ainsi : « Qui mieux que Tocqueville pouvait légitimer la démocratie américaine ?  » Si l’ennemi français, aristocrate de surcroît, l’a dit, c’est certainement vrai... Alexis de Tocqueville était le meilleur outil de légitimation de la démocratie états-uniennes.
Ronald Reagan a beaucoup œuvré pour promouvoir l’engagement citoyen en mobilisant le mythe tocquevillien. Tocqueville a écrit peu ou prou : « Dès qu’il y a le moindre problème aux États-Unis, les gens se retrouvent, créent une association, là où en France, on a un gouvernement et un État ». Ronald Reagan a repris cette idée selon laquelle, à un moment donné de l’histoire des États-Unis, des personnes s’engageaient et prenaient tout en charge jusqu’à l’arrivée de l’État. Ce dernier a asséché l’engagement, pris la place des citoyens. Ronald Reagan a dit : «  Il est temps que l’État recule et arrête d’évincer l’engagement. [...] Les gens vont arrêter d’être fainéants et de laisser l’État tout faire, ils vont reprendre une citoyenneté active et s’occuper des problèmes ».
La mise en pratique s’est traduite par d’énormes coupes dans les budgets sociaux et des appels multipliés à l’engagement. La réponse se fait encore attendre... Des statistiques, à utiliser avec prudence, montrent que durant la présidence de Ronald Reagan, l’engagement n’a pas augmenté, mais plutôt stagné, peut-être même un peu diminué. »

La mauvaise équation
« Quels sont les enseignements à en tirer ? Dans un premier temps, croire que les gens s’engagent parce qu’ils ne veulent pas d’État est une erreur d’interprétation. Je ne vous dis pas que je n’ai rencontré personne dans ce cas-là, mais c’est plus complexe que ça. Même aux États-Unis, dans les parcs, les gens s’engagent parce qu’ils trouvent que l’État ne fait pas son travail. La rhétorique de Ronald Reagan n’a pas convaincu. Le sens de l’engagement n’est pas forcément anti-étatique. C’est une des complexités du sujet, et cela peut donner lieu à des contradictions très fortes.
Dans un second temps, on voit que quand l’État coupe les budgets sociaux, il assèche le monde associatif et les possibilités de développement de l’engagement. »

Le détour du chercheur
« Entre les États-Unis et la France, on ne peut pas faire directement de transfert. Ce ne sont pas les mêmes pays, les mêmes institutions, les mêmes politiques, États et mondes associatifs. Les logiques sont différentes. Au niveau politique et institutionnel, j’essaie de ne pas faire d’analogie.
Cependant, l’histoire du statut de volontariat est plus longue aux États-Unis. On peut la suivre et elle peut nous amener à questionner ce qui se passe chez nous. J’ai fait des découvertes quand je suis partie sur cette problématique. Lorsqu’on est chercheur à l’étranger, on va fouiller plus loin que dans son propre pays, parce que l’on ne comprend pas tout très bien. Par exemple, pour comprendre Teach For America, il faut d’abord saisir ce qu’est être enseignant aux États-Unis, et comment fonctionne le système éducatif. C’est intéressant de voir les enjeux qui se sont posés dans les deux pays,.et ils ne se posent pas de la même manière.
Par exemple, en France, quels sont les liens entre le volontariat et les emplois jeunes ? Il n’y a pas de filiation, mais plutôt une concurrence entre les deux programmes qui sont entrés en collusion avec des alternances politiques où chacun défendait son programme : le volontariat est freiné quand les socialistes sont aux pouvoirs, et boosté quand la droite revient. »

Transferts de modèles et de pratiques ?
« Le deuxième niveau est celui des transferts. Unis-Cité est une association française dont le concept est emprunté à City Year. Unis-Cité a retenu l’attention politique parce qu’ils sont bons et savent faire du lobbying. Aujourd’hui, en France, c’est leur modèle de service civique qui a été adopté. Le modèle français actuel est moins éloigné du modèle américain qu’en 2005. Les transferts opérés par les structures sont aussi le résultat de déplacements de chargés de mission qui se rendent aussi aux États-Unis. Un travail reste à faire pour retracer cela. Les personnes qui ont réfléchi aux dispositifs de service civil puis de service civique sont allés aux États-Unis. Les frontières sont perméables, et les États-Unis restent un modèle sur ses questions-là. Si vous travaillez sur le bénévolat de compétences vous ne pouvez pas ne pas aller voir ce qui s’est joué là-bas entre les entreprises qui ont fait circuler les pratiques et les sénateurs français qui s’y sont rendus. Des enjeux communs de transformations des deux pays existent.
Dans tous les cas, je ne dis pas que ce sera la même chose demain en France, mais cela semble loin d’être impossible. J’ai discuté de manière informelle avec des conseillers régionaux à qui je présente mon travail, et ils me disent : «  Oui, sur la question de l’aide sociale à l’enfance notamment, nous avons interpellé des associations de bénévoles. Nous devons quand même employer des personnes formées, alors nous leur payons la formation.  » Ainsi, les partenariats se renforcent. Récemment, une municipalité, qui a vu le service civique arriver, a supprimé les « emplois-tremplins ». Le service civique lui coûte moins cher [8], et elle peut se permettre de donner 200 euros supplémentaires aux volontaires... Par conséquent, il faut continuer à suivre l’évolution du dispositif.
On a eu des aides-éducateurs, des assistants d’éducation, va-t-on avoir maintenant des volontaires dans les écoles ? Est-ce qu’on va avoir ce qui se passe aux États-Unis avec City Year ? Au départ, ils faisaient ce que fait aujourd’hui Unis-Cité [9]. A la fin des années 1990 la Corporation for Community & National Service qui finance au niveau fédéral les programmes de volontariat a lancé un appel clair : «  On soutiendra les programmes éducatifs  ». Cela vient d’un grand moment politique où il y a eu un accord entre les différents représentants pour dire qu’il fallait s’atteler à la question éducative. City Year a recentré ces activités là-dessus. Ils ont décidé de mettre des jeunes à l’année dans des écoles publiques, par exemple dans la ville de New-York, dernier site créé. Le matin, ceux-ci sont avec les enseignants, et l’après-midi, jusque 18h, ils mènent des activités avec les enfants. C’est très proche du travail que font les para-professionnels aux États-Unis dans les écoles publiques.
Ces jeunes ne sont pas syndiqués. Ils n’ont pas le droit de manifester, de faire des boycotts et d’avoir des activités politiques sur le lieu. Dès qu’ils portent l’uniforme, ils n’ont aucun droit Cela vient de l’accord de City Year avec l’État et ses financements fédéraux : interdiction totale d’être engagés dans une quelconque activité politique quand on représente l’organisation.
En France, les organisations développent des efforts pour poser un ensemble de limites : «  Tu ne feras pas le travail d’un professionnel. Tu feras bien attention. Etc.  ». Évidemment, l’ensemble de la mission d’un jeune volontaire ne sera pas la même que celle d’un éducateur ou d’un para-professionnel, mais une partie de la mission reste la même. »

La fin du travail ?
« La thématique de la fin du travail apparue aux États-Unis a été théorisée par Jeremy Rifkin. Elle a été largement importée en France [10], et est apparue comme la réponse à toute une série de problématiques autour des questions sociales et du chômage. Je ne suis pas une spécialiste de ces questions-là, mais Fanny Darbus qui a fait sa thèse sur l’économie sociale ou Matthieu Hély [11] ont largement creusé cette problématique. Des personnes ont circulé entre l’espace scientifique, administratif et politique, par exemple dans la délégation ministérielle à l’économie sociale. L’engagement, l’espace associatif, une certaine souplesse de l’informel, étaient vus comme la solution à nombre de problèmes... Le référentiel politique a été construit à ce moment-là.
Dans tous les cas, je ne fais pas de prospective et il faut bien garder en tête les deux échelons d’analyse. »

En substance, les transformations de l’ État

Les contradictions à l’œuvre
« J’ai trouvé intéressant de pointer les contradictions. Teach For America est un exemple caractéristique, mais cela se retrouve aussi ailleurs. Il faut plusieurs niveaux pour arriver à maintenir cet écart, pour arriver à avoir une masse de jeunes qui s’engagent, dans une logique de lutte contre les inégalités, finalement très opposée au discours politique à l’œuvre. Ça passe par des choses fines.
Mettre un acteur dans le champ de l’école publique et lui donner autant de poids financier, symbolique, n’est pas anodin, notamment quand celui-ci s’oppose à la logique syndicale. Teach For America porte une représentation de ce qu’est le bon enseignant et donc de ce que n’est pas un bon enseignant. Elle met la responsabilité de l’échec sur les épaules de l’enseignant, là où, par exemple, les syndicats se battent pour dire : «  Est-ce que vous avez vu dans quelles conditions nous travaillons ? » Aux États-Unis, les enseignants sont mal payés, beaucoup ont un deuxième job pour nourrir leurs familles. Ils sont profs le matin et VRP l’après-midi, ils frappent aux portes pour vendre des produits... Beaucoup font des remplacements sans être formés pour la discipline. Là où les syndicats en appellent à des transformations structurelles, Teach For America nous dit : « Ce ne sont pas des bons enseignants. Nous allons vous ramener des jeunes de Harvard, de la Ivy League. Vous allez voir qu’ils vont changer la donne.  » Cela discrédite en partie le discours des syndicats.
Ça fait penser aux logiques d’accompagnement qui se développent dans le monde associatif : « Si on accompagne bien la personne, qu’on la remet en route, elle va se retrouver ». Hors, est-ce uniquement une question d’accompagnement ? Le chômage, les problèmes sociaux. On peut repérer où se construisent les contradictions. Je me sens moins dans une position de dire ce qui va se passer, je me sens plus dans une position d’essayer de souligner des contradictions, des enjeux, de poser la question du travail au travers des pratiques bénévoles et volontaires. »

Interrogations en suspens
« Je ne suis pas toute seule, Matthieu Hély s’intéresse aux salariés associatifs et Anne Bory au bénévolat d’entreprise. Il y a cette envie de poser la question du travail dans le monde associatif, de la poser en lien avec le travail public. Jusqu’où le travail associatif, rémunéré ou pas, est-il une forme de travail public ? De quel type de travail public parle-t-on alors ? Qu’est-ce que cela sous-entend de la part des services publics, de l’État ? Vers quel type de collectif de travail s’oriente-t-on ?
Revenons brièvement aux parcs. Comment construit-on un collectif de travail dans un parc avec des travailleurs associatifs rémunérés sans syndicat, des travailleurs publics syndiqués qui dépendent de la municipalité, des travailleurs bénévoles qui ne se pensent même pas comme des travailleurs et qui sont en lien avec l’association ? Des travailleurs workfare qui se considèrent comme des travailleurs mais ne sont pas considérés comme tels. Qui essaient de sauver leur situation, et qui, en terme de classes sociales, de rapport au travail, sont très loin des travailleurs bénévoles et tout aussi loin des travailleurs municipaux. Ce sont des travailleurs en transition. Comment construit-on un collectif de travail ? Comment organise-t-on une lutte ?
J’ai suivi en partie la campagne syndicale dans certains parcs. De nombreux travailleurs n’étaient même pas au courant des luttes en cours. Est-ce que les travailleurs bénévoles vont se mobiliser pour que les salariés de leur association aient le droit syndical ? Cette question a été posée par d’autres, je pense au très beau travail de Paul Bouffartigues et de Sophie Béroud [12]. On ajoute un niveau de complexité avec des travailleurs qui, pour certains, sont invisibles ou ne se pensent même pas comme des travailleurs, et qui peuvent venir de classes sociales, avoir des conditions de vie, et un rapport au travail complètement différent.
Quand on cherche à créer de la mixité sociale, les usages du volontariat et des rapports à ce statut sont profondément différents en fonction de la provenance des jeunes. Comment construire des collectifs de travail entre les volontaires, puis entre les volontaires et les salariés ? Cela pose tout une série d’interrogations auxquelles il faut réfléchir dans le monde associatif.
Quand on questionne la liberté d’engagement, cela pose la question des frontières qu’il peut y avoir entre un dispositif de workfare ou de welfare to work, et un dispositif de volontariat aux États-Unis dans lequel les jeunes des milieux populaires, voire des minorités ethniques sont envoyés, en disant : « Ça c’est un bon truc pour toi, si tu te tiens bien tu pourras rencontrer des gens et trouver un boulot après. En plus, tu vas gagner un peu d’argent, c’est mieux que la prison : vas-y ! »
Une partie des programmes associatifs de volontariat aux États-Unis sont proches du workfare... même s’ils ne sont pas censés en être. Les associations ont réussi en mettant en avant la question de l’engagement et à attirer des jeunes de milieux aisés. Cela permet de dire que ce n’est pas juste un programme de sous-emploi ou de mise au travail des jeunes qui traînent dans les rues. Une partie des jeunes d’Unis-Cité viennent des missions locales et ont été adressés là parce qu’on leur a dit : « Vas-y, c’est bien pour toi...  » Les éducateurs les envoient sans réfléchir si cela sera vraiment bon pour eux. On est sur un rapport à l’emploi, au travail et à un salaire même si on appelle ça une indemnité. Qu’est-ce que cela veut dire d’être volontaire durant six, huit, dix ou douze mois ? Qu’est-ce que cela veut dire d’être un travailleur qui n’a pas toute la panoplie de droits du statut de salarié ?
J’espère qu’il va y avoir des débats, des réflexions, des prises de conscience et, peut-être, du refus aussi du côté du monde associatif. On n’a pas envie de rentrer dans tous les dispositifs et de jouer tous les jeux. L’instrumentalisation de l’État et des gens de loi fonctionne parce qu’elle rencontre l’intérêt des structures associatives. Elle rejoint aussi un certain rapport au monde du travail qui existe dans le monde associatif. »

Les associations en première ligne
« Ma première audience se situe au niveau des associations. Les interrogations soulevées dans le secteur associatif pourraient avoir du sens dans d’autres secteurs qui fonctionnent à la vocation. L’enseignement notamment. J’espère qu’il y aura des réactions à ces transformations du travail. De petits signes le montrent comme la grève d’Emmaüs ou des Restos du Cœur et leurs fortes médiatisations. On peut commencer à dire des choses dans le champ associatif. Ce sont des signes de réflexivité du monde associatif sur lui même.
En Angleterre, des problématiques similaires émergent. Lorsque David Cameron a expliqué son plan d’après crise et qu’il a dit qu’il fallait que les gens au chômage fassent un travail d’intérêt général dans les associations et les municipalités, il a évoqué tout un registre de tâches d’utilité sociale. Il faut montrer qu’on est utile à la société pour pouvoir bénéficier de ses allocations. Je me demande comment vont réagir les associations. Vont-elles dire : «  Super, tous ces travailleurs qui arrivent, on les accueille car ça nous fait une nouvelle ressource ». Ou alors, diront-elles : « Non, nous sommes contre cette logique workfariste. Nous ne les prendrons pas... » ?
Dans mon ouvrage, je montre tous les liens entre cette idéalisation du travail associé à l’engagement et les carrières qui s’ensuivent, plus ou moins réussies, plus ou moins avancées. On voit comment cet engagement devient, pour certaines structures associatives, un véritable vadémécum de la gestion des ressources humaines bénévoles. »

La double face de l’engagement
« En France, la reconnaissance des expériences volontaires risque de passer par un passeport bénévole [13]. Tout le monde ne l’aura pas. Ne redoublons-nous pas l’inégalité d’accès à l’emploi avec ces formes de travail invisible ? Ceux qui sont bien insérés peuvent valoriser le bénévolat ou le volontariat, tandis que ceux qui ne sont pas bien insérés font du travail gratuit. Pour un salarié qui a accès au monde du travail, il peut sembler envisageable, à la limite, de prendre en charge un travail gratuit supplémentaire durant quelques heures par semaine. Il a une forme de sécurité à côté. En revanche, pour quelqu’un qui est dans une situation difficile et qui n’a pas accès au marché du travail, l’engagement peut se transformer en travail contraint et gratuit. »

De la privatisation de l’État...
« L’État central finance moins les projets associatifs qu’auparavant, mais les collectivités locales ont plus d’argent. Viviane Tchernonog a montré qu’il y a des reconfigurations dans la provenance de l’argent public. Je ne sais pas si vous pouvez me citer là-dessus parce que je commence à peine à m’y intéresser, mais avec le service civique, il va probablement y avoir moins d’argent donné au niveau structurel aux associations, mais il va y en avoir pas mal qui va arriver par le service civique. Ce qu’une association risque de perdre en terme de financement structurel, elle va pouvoir le récupérer avec des volontaires en service civique, payés par l’État. On aura moins d’argent pour rémunérer les salariés de l’association, mais on aura de l’argent pour rémunérer d’autres types de travailleurs.
Il faut réfléchir au transfert. Quand un État donne moins d’argent et fait un partenariat avec une entreprise, c’est toujours un État qui finance une politique, mais qui finance une politique de privatisation. Cette transformation est très marquée aux États-Unis. En tout cas, le montant donné ne me semble pas être suffisant, comme indicateur, pour souligner le degré d’intervention de l’État dans le monde associatif.
Quand Georges W. Bush et le Department of Education financent et soutiennent Teach For America, beaucoup d’argent est donné et un fonds spécial octroyé. Le financement est récurrent du côté de la Corporation for Community & National Service et du côté de l’État fédéral. Le soutien est aussi présent dans les discours, mais Teach For America est aussi subventionné par les entreprises, et c’est exactement ce que voulait G. W. Bush dans le système éducatif : ne pas avoir uniquement de l’argent public, mais faire entrer du privé dans le système d’éducation publique.
Teach For America fait entrer des jeunes qui vont directement enseigner dans les écoles publiques et qui sont financés en partie par des entreprises et des fondations. Là où ça devient complexe, c’est que les jeunes qui s’engagent dans Teach For America sont plutôt à gauche, plutôt mobilisés et très soucieux de la question de l’inégalité des chances aux États-Unis. Ils sont prêts, après avoir fait de très belles études dans de grandes universités, après avoir très bien réussi, à ne pas foncer vers un emploi qui rémunère beaucoup, et à consentir à un sacrifice financier. Ils vivent leur expérience dans les écoles publiques les plus défavorisées pendant deux ans comme un engagement, mais n’ont pas forcément conscience de ce que le programme signifie derrière. Alors, le jour où Laura Bush vient faire la pub de leur programme, ils manifestent et se disent « Mais, qu’est-ce qu’elle fait dans notre programme ? C’est pas possible, ça n’a rien à voir avec ce pourquoi on s’engage ? »
Par ailleurs, l’organisation Teach For America passe son temps à dire : « On ne fait pas de politique, on n’est pas politique  ». Comment peut-on ne pas être politique sur la question de l’enseignement et de l’éducation aux États-Unis ? S’il y a un endroit sur lequel ce pays, depuis les années 1980 et la publication du rapport A Nation At Risk, reconnaît qu’il a un problème, c’est bien au niveau de son système éducatif.
Quand Nicolas Sarkozy dans son plan « Agir pour la jeunesse » annonce le service civique, de façon symptomatique, il parle de citoyenneté, d’un « désir d’engagement » auquel il faut répondre absolument. Il ne parle pas d’emploi et de chômage. Qu’est-ce que signifie 10% d’une classe d’âge en service civique avec un tel pourcentage de chômage ? Lors de son discours, il a fait ce superbe lapsus : « ces jeunes qui rentreront dans le service public ». Certes, on ne prouve rien avec un lapsus (je ne l’ai pas utilisé dans le livre), mais ça souligne le silence qui règne autour de toutes ces questions. »

… à la « publicisation » du privé
« Cela remet aussi les choses en perspective pour les États-Unis. J’espère avoir fait tomber cette image qui voudrait que l’État soit absent et que les citoyens fassent tout aux États-Unis. L’État américain est un État fort, présent et politique. Les partenariats mis en place avec des fondations pour engager les citoyens à venir nettoyer les parcs en temps de crise budgétaire sont le résultat d’un choix politique. La délégation de la gestion des citoyens à des associations qui ne veulent pas reconnaître des droits syndicaux à leurs travailleurs est aussi un choix politique. Ce sont des formes de politiques publiques qui méritent notre attention. L’État n’est pas absent.
La situation est complexe, avec plusieurs couches. Dans le système qui émerge, il est compliqué de se mobiliser, de savoir contre qui on lutte, contre qui on se bat, et comment on peut se battre ensemble. C’est une privatisation du public mais aussi une « publicisation » [14] du privé. C’est le cas lorsque les engagements associatifs sont cadrés par l’État.
S’en tenir à l’idée du retrait de l’État revient à rater beaucoup de choses au niveau politique. Avec John Krinsky, nous insistons sur l’usage du travail gratuit ou peu payé par le secteur public. En France, Génération précaire avait posé la question par rapport aux stages. On assiste a une forme de « gratuitisation » du travail, pas juste une privatisation de services publiques. Les travailleurs du workfare sont financés par le secteur public et n’ont pas tous les droits sociaux. Ils n’ont pas une rémunération liée au travail effectué. L’invisible au travail est de retour. Avec le salariat, on essayait de « visibiliser » et de donner des droits. Plein de choses sont à critiquer dans le salariat, mais c’est aussi un lieu où il y a des institutions comme le droit du travail, les cotisations sociales, en somme une construction collective. On n’est pas seul face à son histoire de travailleur ni face à son employeur... Cette partie du salariat est attaquée par les formes de travail invisible. »


Débat avec Maud Simonet - 27 avril

L’indispensable librairie Quilombo organise ce soir (mercredi 27 avril) au CICP (23 rue Voltaire, Paris 11e) un débat autour du livre de Maud Simonet. Le thème : « LE TRAVAIL BÉNÉVOLE – engagement citoyen ou travail gratuit ? » Ouverture des hostilités à 19h45. Foncez !

Notes

[1] Nous parlions de la petite histoire française du « service civique » ici.

[2]  Interview de John Krinsky par Maud Simonet dans l’émission Les oreilles loin du front sur Radio FPP ; lire aussi la note de ce dernier, « Qu’est-ce que le workfare ? », publiée par l’IES en novembre-décembre 2009. L’IES publie des notes mensuelles (ou quasi) sur des problématiques contemporaines liées au salariat, ainsi qu’aux lois, réformes et rapports qui peuvent l’affecter.

[3] Cf. le livre Free labor : Workfare and the Contested Language of Neoliberalism de John Krinsky, The University of Chicago Press Books, 2007.

[4] Workers Expect Paychecks.

[5] Ndlr : à ce sujet lire la somme de Pierre Dardot et Christian Laval, Le nouvel ordre du monde – Essai sur la société néolibérale, La Découverte, 2009.

[6] Ndlr : cette approche rappelle la réflexion du sociologue Saul Alinsky sur les organisations communautaires et les leaders.

[7] Theda Skocpol pour les États-Unis et François Weil pour la France ont étudié la question.

[8] Depuis la rentrée 2010, l’indemnité est de 440 euros par mois, dont 340 pris en charge par l’État.

[9] Envoyer des volontaires sur différentes petites missions, courtes, dans des secteurs très différents.

[10] Ndlr : en France, un chercheur comme Roger Sue a largement contribué à vulgariser et diffuser tout une rhétorique autour de l’émergence de la « société civique ». Le sociologue Bernard Eme, initialement très proche de ces réflexions, est plus critique : il a soulevé la question de la bureaucratisation du monde associatif qui accompagne sa professionnalisation. Lors de l’évaluation d’un Picri en 2010 (Partenariats institutions-citoyens pour la recherche et l’innovation), il soulignait une tendance selon laquelle certaines associations professionnalisées deviennent comme des syndicats ou des partis politiques : les citoyens prennent du recul et s’éloignent de ces structures. La représentation à la base souffre et l’informel se développe. Cf. cet article de lui sur l’économie solidaire dans La Brique.

[11] Auteur du notable article « L’économie sociale et solidaire n’existe pas. »

[12] Quand le travail se précarise. Quelles résistances collectives ?, La Dispute, 2009.

[13] Ndlr : par exemple, développement de portfolios de compétences développé par France Bénévolat.

[14] Matthieu Hély utilise ce concept dans ses travaux.

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21 mai 2011 6 21 /05 /mai /2011 21:05

Nouvelles reçus d'un compagnon anarchosyndicaliste madrilène.

 Tous le monde est concentré sur le devenir de cette concentration et l'alternative proposée par les petits militants de voter en masse est en train de partir en fumée au vu des vrais propositions qui sont faîtes par des groupes avant appelés “radicaux” et désormais “indignés”. La presse a diffusé en première page ces évènements même aux states. C'est aussi le cas chez nous.  Je ne suis pas resté cette nuit car j'avais trop sommeil mais ce soir rebelotte on squatte la place et ceci jusqu'à l'instauration d'une entité populaire assemblaire comme seule et unique voie à la gestion d'une fédération. Il n'y a pas d'autre alternative!
La lucha está en la calle y no en el parlamento.
La lutte est dans la rue,elle n' est pas au parlement.

 Le problème c'est que ça reste salement democratique. Les gens du syndicat (CNT-AIT) sont en train de gérer les besoins et de coordiner les bouffes et l'info. Nous n'avons toujours pas distribué de flyers et le seul message pour le moment est en pancarte (de 12 mètres!) et en chants, tel que doit être la lutte. Nous sommes entré quelques uns dans les divers comissions (assemblées) qui rodent autours de la place et qui sont certainement infiltré par des flics ou des pigistes. Je me suis moqué ouvertement de communication car il prétende faire la revolution sur twitter et comme tous ont un teléphone avec 3G internet et tout ça ils n'ont même pas “piraté” les reseau voisins. Je vais me mettre avec “art”, les gens qui font les affiches.


Grêve générale indéfinie! Que personne n'aille bosser le lundi…

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Ci-dessous quelques photos envoyées par un compagnon anarchosyndicaliste madrilène.

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Manif du 15 mai

http://pix.toile-libre.org/upload/original/1305945915.jpg

Occupation sauvage de la Puerta del Sol

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21 mai 2011 6 21 /05 /mai /2011 18:53

victor serge d'après wikipédia

En 1909, il quitta la Belgique pour Paris, où il continua à écrire dans la presse anarchiste (L'Anarchie, le journal d'Albert Libertad, avec pour pseudonyme « Le Rétif ») et à tenir des conférences politiques. Influencé par la tendance anarchiste-individualiste, il s'inquiétait néanmoins de la dérive d'une partie de cette mouvance vers l'illégalisme.[1] C'est dans ce cadre qu'il fut impliqué dans l'affaire de la bande à Bonnot. Pour avoir hébergé les principaux membres de la bande et refusé de les dénoncer, il fut condamné en 1912 à cinq ans de réclusion, qu'il effectua de 1912 à 1916, en partie à la prison de la Santé. Il évoqua plus tard cette expérience dans son roman, Les Hommes dans la prison.

Parallèlement, il rejette ce qu'il nomme les « absurdités syndicalistes » des anarchistes-syndicalistes : « Pour les uns, il (le syndicalisme) allait par de sages et prudentes réformes améliorer sans fracas l'état social. Pour les autres (les anarchistes syndicalistes) il était la première cellule de la société future, qu'il instaurerait un beau matin de grève générale. Il fallut déchanter beaucoup. On s'est aperçu – du moins ceux que l'illusion n'aveuglait pas – que les syndicats devenaient robustes et sages, perdaient envie de chambarder le monde. Que souvent ils finissaient par sombrer dans le légalisme et faire partie des rouages de la vieille société combattue ; que d'autres fois, ils n'arrivaient qu'à fonder des classes d'ouvriers avantagés, aussi conservateurs que les bourgeois tant honnis. » (L'Anarchie, n°259, 24 mars 1910)

Expulsé à l'issue de sa peine, il participa en juillet 1917 à une tentative de soulèvement anarchiste à Barcelone puis revint clandestinement en France, où il fut à nouveau emprisonné. Pendant son internement, il s'enthousiasma pour la révolution russe. En janvier 1919, il fut échangé avec d'autres prisonniers dans le cadre d'un accord franco-soviétique et put gagner la Russie. Il évoqua cette période dans son livre Naissance de notre force.

Victor Serge, est un ancien militant anarchiste qui rejoint les Bolchéviks en 1917. Il travaille au commissariat des Affaires étrangères. A partir de la lecture des archives de l’ancien régime, il écrit ce texte, publié en 1921 dans l’hebdomadaire de la III eme internationale : Le Bulletin communiste. Il révèle les techniques de la police secrète tsariste, l’Okhrana, techniques qu’on pourrait qualifier de classiques – filatures, écoutes téléphoniques, interception du courrier, procédés anthropométriques, infiltration et provocation. Plus tard, il devient membre de l’opposition de gauche dans le parti bolchévik animé par Trotsky. Emprisonné, il fut libéré et banni d’URSS en 1936. Il n’est jamais inutile de connaître les méthodes de nos ennemis. En ce sens, le texte de Serge garde toujours un caractère d’actualité.


SIMPLES CONSEILS AU MILITANT
La révolution russe a pu vaincre parce que vingt-cinq années d’action politique lui avaient formé de fortes équipes de révolutionnaires professionnels préparées à l’accomplissement d’une œuvre presque surhumaine. Cette expérience et cette vérité devraient être sans cesse présentes à l’esprit de tout révolutionnaire digne de ce nom. Dans la complexité actuelle de la guerre des classes, il faut pour former un militant des années d’efforts, d’épreuves, d’études, de préparation consciente. Tout ouvrier animé du désir de n’être pas dans la masse exploitée un passant insignifiant, mais de servir sa classe et de vivre d’une vie plus haute en participant au combat pour la transformation sociale, devrait s’efforcer d’être – dans la mesure du possible, aussi faible soit-elle –, lui aussi, un révolutionnaire professionnel… Et, dans le travail du parti, du syndicat ou du groupe, il devrait notamment – c’est ce qui nous occupe aujourd’hui – se montrer assez averti de la surveillance policière, même invisible, même inoffensive comme elle paraît l’être dans les périodes de calme, pour la déjouer.
Les quelques recommandations qui suivent peuvent l’y aider. Elles ne constituent certes pas un code complet de la clandestinité ni même de la circonspection révolutionnaire. On n’y trouvera aucune recette sensationnelle. Ce ne sont que règles élémentaires... L’imprudence des révolutionnaires a toujours été le meilleur auxiliaire de la police...

LA CORRESPONDANCE ET LES NOTES
Écrire le moins possible. Ne pas écrire est mieux. Ne pas prendre de notes sur les sujets délicats : mieux vaut parfois oublier certaines choses que les noter par écrit… À cette fin, s’exercer à retenir par des procédés mnémotechniques les adresses, et particulièrement les numéros des rues...

LES LETTRES
Se défier de toutes les précisions (de lieu, de travail, de date, de caractère, etc.)... Ne jamais oublier le : « Donnez-moi trois lignes de l’écriture d’un homme et je vous le ferai pendre », expression d’un axiome familier à toutes les polices.

LA CONDUITE GÉNÉRALE
Se défier des téléphones. Rien n’est plus facile que de les surveiller. La conversation téléphonique entre deux appareils mis à la disposition du public (cafés, appareils automatiques, gares) présente le moins d’inconvénients...

ENTRE CAMARADES
Poser en principe que, dans l’action illégale, un militant ne doit savoir que ce qu’il est utile qu’il sache ; et qu’il est souvent dangereux d’en savoir ou d’en faire connaître davantage. Moins un travail est connu, et plus il offre de sécurité et de chances de succès... Se défier du penchant aux confidences. Savoir se taire : se taire est un devoir envers le parti, envers la révolution...

EN CAS D’ARRESTATION
Garder absolument tout son sang-froid. Ne se laisser ni intimider ni provoquer. Ne répondre à aucun interrogatoire sans être assisté d’un défenseur et avant de s’être entretenu avec ce dernier qui doit être, autant que possible, un camarade de parti. Ou, à défaut, sans avoir mûrement réfléchi. Tous les journaux révolutionnaires russes portaient autrefois, en caractères gras, cette recommandation invariable : « Camarades, ne faites pas de déposition ! Ne dites rien ! »..

DEVANT LES POLICIERS ET LES JUGES
Ne pas céder au penchant, inculqué par l’éducation idéaliste bourgeoise, d’établir ou de rétablir la « vérité ». Il n’y a pas dans la mêlée sociale de vérité commune aux classes exploiteuses et aux classes exploitées. Il n’y a pas de vérité – ni petite ni grande – impersonnelle, suprême, planant au-dessus de la guerre des classes.
Pour la classe possédante, la Vérité c’est son Droit : son droit d’exploiter, de spolier, de légiférer ; de traquer ceux qui veulent un avenir meilleur ; de frapper sans merci les porteurs de la conscience de classe du prolétariat. Elle appelle vérité le mensonge utile. Vérité scientifique, disent ses sociologues, l’éternité de la propriété individuelle (abolie par les Soviets). Vérité légale, ce mensonge révoltant : l’égalité des pauvres et des riches devant la loi. Vérité officielle, l’impartialité de la Justice, arme d’une classe contre les autres. Leur vérité n’est pas la nôtre.
Aux juges de la classe bourgeoise, le militant ne doit aucun compte de ses actes, aucun respect d’une prétendue vérité. La contrainte l’amène devant eux. Il subit la violence. Son seul souci doit être de servir ici encore la classe ouvrière. Pour elle, il peut parler, se faisant du banc des accusés une tribune, et d’accusé accusateur. Pour elle, il doit savoir se taire. Ou se défendre utilitairement de manière à reconquérir avec la liberté ses possibilités d’action.
La vérité, nous ne la devons qu’à nos frères et camarades, à notre classe, à notre parti.
Devant les policiers et les juges, ne jamais oublier qu’ils sont les domestiques, préposés aux plus viles besognes, des riches : – que, s’ils sont les plus forts, c’est pourtant nous qui, sans appel, avons raison contre eux ; – qu’ils défendent servilement un ordre inique, malfaisant, condamné par le cours même de l’histoire ; – tandis que nous travaillons pour la seule grande cause de ce temps : pour la transformation du monde par la libération du travail.

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20 mai 2011 5 20 /05 /mai /2011 15:09

Après la lecture du texte du printemps de la liberté sur indymédia grenoble, on a  commencé à rechercher

 

Ce n’est pas en vain que l’expérience agit comme pierre de touche de nos opinions ou facteur de rectification de nos erreurs. Elle enseigne toujours quelque chose à quiconque ne se réfugie pas dans l’aprioritique, dans le préconçu.

Déjà, dans ma pensée, j’ai rompu avec l’équivoque. Cette rectification subjective, élaborée par la prédisposition, l’analyse et l’expérience, répond à un apport copieux de vérité, de clarté et de certitude de mon cerveau, et de là à mes idées. Par exemple, je ne considère plus la liberté comme une aspiration future, comme un projet dont la réalisation prendra place dans l’avenir, au delà de notre vie personnelle, dans le lieu abstrait que prophétise l’hyperbole rédemptoriste ; comme un état social de bien-êtres collectifs et construit dans des siècles ou des années sur nos tombe…

Or, savez-vous qui a le mieux signalé les nuances de cette heure intense de luttes spirituelles ? Max Stirner. Et qui les a rendues plus claires et plus assimilables ? John Henry Mackay. La genèse des opinions définitives de Carrad Auban, le personnage inconséquent de Les Anarchistes, se retrouve dans l’expérience de la sélection, qui confond et emplit son esprit de doutes, d’incertitudes et de luttes terribles – et cela jusqu’à ce qu’elle aboutisse, cette sélection, à un sommet de sérénité et d’équilibre spirituel, à un point élevé de vérité et de justice.

Il est évidemment certain qu’à l’origine nous désirons tous la transformation d’un milieu qui prohibe presque absolument le développement individuel. Mais quand nous pénétrons dans la catégorie des résolutions et que nous entendons rendre consistants nos désirs;  quand nous prétendons les réduire en idées accessibles à d’autres hommes, - à ceux qui se trouvent hors de toute aspiration libératrice – nous nous sentons perplexes : nous ne savons quelle orientation donner à nos efforts, dans quel sens employer notre volonté, jusqu’où diriger nos pensées, quelles formes donner à nos volitions – bref dans quelle direction lancer nos activités.

Généralement, les hommes se prononcent en faveur d’idées d’ordre abstrait et extra personnelles, d’aspirations générales intéressant l’avenir ou de réformes assez innocentes à réalisations actuelles. Rapidement, sur ces erreurs on érige un système de doctrines, un parti, une secte. On établit alors – conséquence obligée de toutes les idées extra personnelles – une théorie aprioritique en vertu de laquelle on aboutit à la liberté aprioritique forcée des autres ; de ceux qui n’ont pas épousé et n’épouseront jamais ces idées.

C’est parce que l’on voit seulement l’extérieur des faits et des choses. L’ouvrier se lamente-t-il de sa situation précaire ? – Qu’on fasse une loi ou qu’on organise une société de résistance. L’ouvrer clame-t-il ses misères ? – Qu’on détruise le système capitaliste ; il n’y a qu’à socialiser la propriété ! Le citoyen se plaint-il des maux de l’autorité ? Qu’on réforme ou qu’on abolisse l’Etat.

Je ne trouve rien à redire, – loin de là, – à ce que l’homme-ouvrier ou l’homme-citoyen se dresse, même de la manière bornée et inintelligente dont il le fait, – contre les exploitations et les tyrannies du milieu social. Mais, dans les termes où le problème se trouve posé, les « rédemptoristes » sont incapables de savoir si dans la bouche des ouvriers ou des citoyens le mot liberté représente un propos délibéré ou une inquiétude vague.

A quelle altitude de liberté personnelle n’aurions-nous pas atteint si ce qui n’a toujours été qu’inquiétude plus ou moins passagère, plus ou moins énergique, eût été, au contraire, un effort persistant de volonté individuelle ?

Les révolutions, les changements de régime politiques, les convulsions populaires, etc… dénotent seulement le point culminant de cette inquiétude, inhérente à la nature des hommes comme à celle des peuples.

Aujourd’hui on semble avoir fait de l’aspiration vers la liberté une revendication définitive. Mais, en réalité, qu’on s’en trouve éloigné !

On a formé, certes, des idées arrêtées, exaltées déjà à la catégorie de dogmes ; – des groupes de gens dont les mouvements sont « programmés », prévus d’avance ; – des associations et des partis doués d’une existence permanente, laquelle se prolonge comme s’ils devaient durer éternellement. Partout, en effet, le substantif liberté palpite sur les lèvres. Mais étant donné que pour son interprétation il y a autant de critères que d’individus, les conceptions particulières se multiplient indéfiniment. Qu’est-ce que la liberté ? Théoriquement, un ordre de choses uniforme, bien que cela semble paradoxal ; pratiquement, une aspiration pluralisée de par sa nature.

Pour le catholique, la liberté de l’homme consiste dans la survivance de ses croyances ; pour le socialiste, dans le gouvernement collectif des choses ; pour maint prétendu anarchiste, dans la Révolution Sociale, qui libère tout autant celui qui veut être libéré que celui qui ne le veut pas.

Qui s’est arrêté pour réfléchir que la liberté ne pas être une chose abstraite et du domaine de l’avenir – le résultat d’une circonstance collective ; – qui a réfléchi que la liberté est uniquement un mode individuel de vie et d’activité, d’application immédiate, qui ne dépasse pas notre fin ?

Le coefficient de tout cela, c’est qu’en vérité il n’y a pas d’hommes libres. On rencontre même difficilement quelqu’un ayant élevé l’inquiétude de la liberté au niveau d’une règle de conduite particulière. Où se trouvent les hommes qui n’ont pas converti la liberté en un objet abstrait de culte ? Il y en a, certes, mais on ne les rencontre pas sûrement dans nos troupeaux de parasites et de débiles…

La démonstration la plus évidente de tout cela nous est fournie par les agglomérations ouvriéristes, socialistes, politiques, religieuses. Un rédempteur sous-entend l’existence de cent, de mille individus sans aptitudes ni volonté pour réaliser un effort d’autonomie, principe d’une liberté bien entendue. Cette forme de parasitisme est une manifestation aiguë d’impersonnalité et d’esprit grégaire, chose bien opposée, certes, à tout concept de liberté.

Que signifie pour ces êtres ce mot « liberté », sinon une nouvelle religion ? – Que peuvent éprouver d’autre, ces hommes, qu’une vague inquiétude engendrée généralement par leur malaise économique ? A quelle espèce de liberté aspirent-ils, eux qui ne font pas un effort pour leur propre compte ?… C’est à d’autres qu’ils confient le travail de leur émancipation…

Sans nul doute, pour la grande partie des hommes, la liberté est une inquiétude et elle le demeurera tant qu’on la considèrera comme une chose extra personnelle, dépendante du milieu.

A cette absurde théorie, nous opposons notre point de vue anarchiste qui considère la liberté comme la conséquence d’un travail opiniâtre, d’une activité constante et sereine de l’individu pour annuler et limiter les influences et les dominations du milieu, ainsi que par la prédominance inexplicable des situations économiques.

Mais pour cela – comme le dit notre ami E. Armand : – « Il faut vouloir en premier lieu être libre ».

Angel Pumarega-Garcia
Par delà la Mêlée, mi-janvier 1917

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16 mai 2011 1 16 /05 /mai /2011 12:12

Projection du laboratoire.

à partir de 19h pour préparer à manger, à 20h, la projection est suivie d’un souper-débat.
Sans offrir des réponses toutes faites sur l’injustice et l’oppression, des films ont un rapport sensible avec le monde et posent ainsi des questions, résonnent avec nos vies. Les partager permet peut-être de se réapproprier un horizon des possibles.

 Cette soirée sera  organisé par le collectif chomeuses chomeur et précaires sans honteet  par le collectif solidarité prisonniers.

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14 mai 2011 6 14 /05 /mai /2011 07:56

le libertaire du mois de mai 2011est paru consultable en version papier le mercredi à partir de 16h au laboratoire 8 place St jean 26000.

http://www.lelibertaire.org/IMG/pdf/le_libertaire_52.pdf

Au banquet des requins,les peuples se rebiffent !
Le G8 réunira les 26 et 27 mai à Deauville les dirigeants des 8 pays les plus riches du monde. Au lendemain
de la tempête financière de 2008, ce G8 a maintenu la dictature de la finance qui emprisonne tous les
aspects de notre existence : logement, travail, éducation, agriculture, climat, retraites, connaissance, biodiversité...
Les réponses solidaires et démocratiques à la crise mondiale viendront des peuples eux-mêmes, pas des
dirigeants des pays les plus riches ! Nous leur refusons le droit d'imposer des plans d'austérité dont ils
sont exonérés et qui font payer aux citoyens la crise dont leur capitalisme est responsable.
La planète est bousculée !
Les exemples européens montrent la violence des attaques contre les conditions d'existence des populations
mais les énormes manifestations à Londres et ailleurs prouvent la volonté des peuples de ne pas se
résigner.
Les processus révolutionnaires en cours dans le monde arabe ont abattu deux dictatures et viré leurs
familles mafieuses. Pourtant, rien n'est acquis et les populations luttent encore pour leurs droits et pour la
justice. Le soutien nécessaire aux révolutions arabes ne doit pas faire oublier que la récente intervention
militaire en Libye a surtout pour but de préserver les intérêts économiques des grandes puissances tout en
récupérant la manne pétrolière confisquée par le clan Khadafi.
Enfin, la catastrophe naturelle et nucléaire subie par le peuple japonais démontre une fois de plus qu'il est
temps d'en finir avec cette logique du profit et du secret qui permet fraudes, mensonges et autres manipulations
pour sacrifier les hommes et dévaster la planète.
Un G8 dans les salons de Deauville pour jouer l'avenir du monde...
Une fois de plus les 8 dirigeants du Monde des riches vont s'enfermer derrière une muraille de policiers et
de militaires pour décider de notre avenir sans entendre la voix des peuples.
... Et un contre G8 populaire au Havre
A l'occasion de la tenue du G8 à Deauville, un contre sommet est organisé au Havre les 21 et 22 mai par un
large collectif constitué d'associations, syndicats, partis politiques et mouvements citoyens.
La ville sera ouverte à toutes celles et ceux qui veulent démontrer par leurs pratiques et leurs propositions
que des voies alternatives existent. L'accès de tous aux droits humains fondamentaux et la protection de
notre planète passent par un juste partage des richesses, d'autres modes de développement et une gestion
démocratique des biens communs.
le 6 avril 2011
Samedi 21 mai 2011 - 15H / Gare SN

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13 mai 2011 5 13 /05 /mai /2011 09:04
 vous pouvez arroser les éditions Repas( nid de négationiste de gauche).

Une soixantaine d’éditeurs, revues, librairies et collectifs participeront le samedi 14 et le dimanche 15 mai 2011, au Salon des éditions libertaires organisé par le CDL (Centre de Documentation Libertaire), les Amis de la Gryffe et la librairie libertaire la Gryffe.

Le salon se déroulera à la Maison des Associations de Lyon Croix-Rousse, 28, rue Denfert-Rocherau.
Le samedi de 11h à 19h, et le dimanche de 10h à 17h.

Mise à jours : programme détaillé du salon.

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12 mai 2011 4 12 /05 /mai /2011 22:05

On pourrait se demander comment on réagirait si des commandos irakiens atterrissaient sur la résidence de George W. Bush, l’assassinaient et jetaient son corps dans l’Atlantique.

Noam Chomsky

Il est de plus en plus clair que cette opération consistait en un assassinat prémédité qui viole de multiples façons les lois internationales. Il n’y a, semble-t-il, eu aucune tentative d’appréhender la victime non armée, comme, j’imagine, aurait été capable de le faire un commando de 80 membres face à pratiquement aucune résistance – sauf, selon eux, de la part de son épouse qui s’est précipitée vers eux. Dans les pays qui disent se conformer quelque peu aux lois, un suspect est censé être appréhendé, traduit en justice et bénéficier d’un procès équitable. Je souligne "suspects". En avril 2002, le directeur du FBI, Robert Mueller, informait la presse qu’après l’enquête la plus approfondie de l’histoire, le FBI n’avait pas trouvé grand chose, si ce n’est que, « selon lui » le complot avait été conçu en Afghanistan, mais mis sur pied dans les Emirats Arabes Unis et en Allemagne.
Ce qu’ils ne faisaient que croire en avril 2002, ils ne le savaient manifestement pas 8 mois plus tôt, quand Washington rejetait les offres timides des Taliban (à quel point elles étaient sérieuses, on ne sait pas puisqu’elles ont été rejetées d’emblée) d’extrader Ben Laden si on leur apportait des preuves - que, comme nous l’avons vite su, Washington n’avait pas. Et donc Obama mentait tout simplement quand il a dit, dans sa déclaration depuis la maison Blanche, qu’ils "avait rapidement appris que les attentats du 11/9 avaient été perpétrés par al Qaeda". Aucun renseignement sérieux n’a, depuis, été fourni. Il est beaucoup question des « aveux » de Ben Laden mais c’est un peu comme quand j’ai avoué avoir remporté le Marathon de Boston.
Il s’est vanté d’avoir accompli quelque chose qu’il considérait comme un grand exploit. On a également beaucoup parlé du fait que le Pakistan n’avait pas livré Ben Laden, alors que certains éléments de l’armée et des forces de sécurité étaient sans doute au courant de sa présence à Abbottabad. On a moins épilogué sur la colère des Pakistanais suscitée par l’invasion de leur territoire pas les Etats-Unis pour commettre un assassinat politique. L’anti-américanisme était déjà très répandu au Pakistan, or, ces évènements ne peuvent que l’exacerber.
La décision de jeter le corps en pleine mer provoque déjà, comme on peut l’imaginer, à la fois la colère et le scepticisme dans pratiquement tout le monde musulman. On pourrait se demander comment on réagirait si des commandos irakiens atterrissaient sur la résidence de George W. Bush, l’assassinaient et jetaient son corps dans l’Atlantique. Il est indéniable que ses crimes dépassent largement ceux de Ben Laden, et, dans son cas, il ne s’agit pas seulement de "soupçons" , mais, c’est, sans conteste, lui le "cerveau’ qui a donné l’ordre de commettre "le crime international suprême qui ne diffère des autres crimes de guerre que parce qu’il comprend tous les maux que contiennent tous les autres " (citation tirée du Procès de Nuremberg) et pour lequel ont été pendus des criminels nazis : les centaines de milliers de morts, les millions de réfugiés, la destruction d’une grande partie du pays, les violences entre factions rivales se sont actuellement étendues à tout le reste de la région.
Il y aurait beaucoup à dire sur Orlando Bosch (le terroriste qui a fait sauter l’avion cubain), qui vient de s’éteindre paisiblement en Floride, et sur les mesures antiterroristes qui comprennent, entre autres, la "doctrine Bush ” selon laquelle les pays qui abritent des terroristes sont aussi coupables que les terroristes eux-mêmes et doivent être traités de la même façon. Personne n’a relevé que Bush en appelait à l’invasion et à la destruction des Etats-Unis, et à l’assassinat de son président criminel.
C’est comme pour le nom "Opération Geronimo". La mentalité de l’empire est tellement ancrée dans l’esprit de toute la société occidentale que personne ne réalise qu’ils encensent Ben Laden en l’identifiant à la résistance courageuse contre les envahisseurs génocidaires. C’est comme si on donnait à nos armes meurtrières le nom de victimes de nos crimes : Apache, Tomahawk … C’est comme si la Luftwaffe appelait ses avions de combats "juif" ou "tzigane".
Il y a encore beaucoup à dire sur tout ça, mais même les faits les plus évidents, les plus élémentaires doivent nous donner matière à réfléchir.

SOURCE : Des bassines et du zèle

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11 mai 2011 3 11 /05 /mai /2011 22:30

 la liberté c'est de commencer à communiquer et construire la solidarité

  Objet : Vacances tunisiennes
      

          Bonjour à tous,
          nous voilà rentrés de Tunisie où nous pensions passer une semaine de repos total à ne rien faire et à ne penser à rien… mais l'actualité en a décidé autrement !
          Suite à la révolution tunisienne, les langues se sont déliées et les tunisiens sont ravis de pouvoir enfin dire aux touristes intéressés tout ce qu'ils ne pouvaient pas exprimer auparavant, et ils ont de quoi parler des heures et des heures ! Discussions passionnantes et interminables donc, mais ce n'est pas tout.
          Dès le début de la semaine, nous avons vu débarquer 350 réfugiés à l'hôtel, venant tous de Lybie et n'ayant pas mangé depuis 5 jours… sacré choc pour nous autres ! J'ai réalisé en les regardant que je ne connaissais pas dutout la vraie faim.
          En tentant de communiquer avec eux dans un anglais très accentué thaïlandais, nous avons compris qu'ils n'avaient eu le temps de rien récupérer avant de partir et qu'ils n'avaient même plus de papiers. Ils travaillaient en Lybie pour une grosse boîte allemande de BTP, qui a gardé tous leurs papiers et n'a pas pris en charge leur rapatriement vers la Thaîlande.
          Nous avons ensuite compris que la ville de Zarzis vers laquelle nous nous trouvions était remplie de réfugiés également, dormant dans tous les lieux publics, les mosquées et même chez l'habitant.
          Les tunisiens ont conscience d'être à l'origine de ces révolutions et prennent à coeur leur responsabilité en accueillant les bras ouverts tous ces réfugiés. Ils étaient tous étrangers, employés en Lybie comme main d'oeuvre à très bas prix, la plupart par des entreprises européennes…
          
          Mardi, les ONG n'étaient pas encore sur place, mais tout était pris en charge par l'armée et le peuple tunisien. Nous avons vu des familles entières dans Zarzis apporter leurs tapis et leurs matelas pour donner un lit aux réfugiés, les hommes distribuer les quelques médicaments qu'ils avaient, les femmes cuisiner des énormes couscous et distribuer des parts dans les rues, les hôtels organiser des distributions de sandwichs et ouvrir grand leurs portes**_(sauf le Club Med…)._**
          

          Une belle leçon de solidarité
          Le mercredi sont arrivés à l'hôtel les représentants et coordinateurs de toutes les ONG présentes sur le terrain. 92 000 réfugiés avaient déjà passé la frontière, des campements de fortune installés tout le long des routes, et toujours pas d'eau. Deux enfants sont morts de froid dans la nuit du mardi au mercredi. Les premiers campements de l'UNHCR ont été montés et des listes circulaient pour toutes les denrées alimentaires manquantes.
          Spontanément, chacun s'est mobilisé pour charger des voitures, des charrettes, des taxis et aller remplir les entrepôts des ONG.
          C'était tout simplement incroyable.
          A l'hôtel, les touristes aussi ont donné beaucoup d'argent. Jeudi, nous voilà donc partis, 4 touristes et 3 taxis, faire les courses avec cet argent, remplir les coffres pour aller déposer tout cela sur le campement de l'armée tunisienne à la frontière lybienne.
          Mais nouvelle surprise : après les thaïlandais, les chinois et les égyptiens, les nouveaux arrivants venaient du Bengladesh. Ils étaient apparemment les plus exploités, les plus démunis et avaient fait la route à pied depuis Tripoli. Lorsque nous sommes arrivés sur place, une procession de 10 km d'hommes à la queue leu leu avait déjà passé la frontière dans un calme impressionnant. Ils nous rencontraient avec le sourire, tout étonnés d'être accueillis, prenant en s'excusant et en nous bénissant les bouteilles d'eau que nous leur tendions.
          Samedi soir, plus de 100 000 réfugiés avaient déjà quitté l'aéroport de Djerba à destination principalement de leur pays d'origine, mais aussi quelques uns vers l'Europe. A Zarzis et Djerba, tout s'est passé dans le calme et la spontanéité. Personne n'avait peur de personne (sauf au Club Med…) et chacun s'est senti avant tout concerné et responsable de ce qui est en train de se passer.

          J'espère que nous entendrons parler dans les médias où par internet de la réaction du peuple tunisien, et pas seulement des sondages qui annoncent que 67% des français ont déjà peur d'être envahis. Nous allons bientôt ouvrir un blog avec Nicolas, pour y déposer quelques photos et témoignages de touristes et de tunisiens qui ont tenu à parler et nous ont demandé de diffuser ce qu'ils avaient à dire. Nous vous donnerons l'adresse dès qu'il sera créé.
          Ce mail est un peu long mais l'émotion a été très forte pendant toute cette semaine et j'avais besoin de la partager !
          Merci et à bientôt.
          Les photos de tout ça, ici :
          https://picasaweb.google.com/hernic/Mar42011TunisieFrontiereLybienneExodeEtCampsDeRefugies#
 
 
 
 

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