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La tyrannie la plus redoutable n'est pas celle qui prend figure d'arbitraire, c'est celle qui nous vient couverte du masque de la légalité." Albert Libertad

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le blog du laboratoire anarchiste

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12 avril 2012 4 12 /04 /avril /2012 20:07

Le groupe Areva a-t-il commencé les opérations de rinçage de l’usine d’enrichissement de l’uranium Eurodif  ( Georges Besse I)du Tricastin qui va être démantelée avant même d’avoir les autorisations ? C’est ce que dénonce l’intersyndicale CGT-CFDT-FO. « Sous couvert de poursuivre des essais, Areva a déjà traité plus de 10  % des installations pour les opérations de rinçage au dangereux trifluorure de chlore (ClF3). La direction détourne la loi en n’attendant pas l’autorisation pour des motifs mercantiles », affirment les syndicats.

qu'est ce qui se cache sous ce nom triflorure de chlore

La lutte contre le nucléaire et son monde appartient à tous ceux qui s'emparent du combat afin d'envisager la  réalité d' un rapport de force  dans la lutte contre le nucléaire

Le trifluorure de chlore a été préparé pour la première fois en 1931 par deux chimistes allemands, O. Ruff et H. Kug, par réaction du fluor F2 sur le chlore Cl2, ce qui produisit également du monofluorure de chlore ClF, séparé du trifluorure par distillation9 :

3 F2 + Cl2 → 2 ClF3

La molécule ClF3 a une forme en T, que la théorie VSEPR permet bien d'expliquer :

  • l'atome de chlore est au centre de la molécule
  • l'une des trois positions équatoriales est occupée par un atome de fluor lié au chlore par une liaison covalente
  • les deux autres positions équatoriales sont occupées chacune par un doublet non liant
  • les deux positions axiales sont occupées chacune par un atome de fluor formant, avec l'atome de chlore central, une liaison à trois centres et quatre électrons, normalement rectiligne mais ici un peu repliée sous l'effet des deux doublets non liants.

Les trois atomes de fluor sont donc liés au chlore par des liaisons de type différent, ce qui se traduit par des longueurs de liaison différentes :

  • ~ 159,8 pm pour la liaison Cl-F équatoriale (covalente)
  • ~ 169,8 pm pour les liaisons Cl-F axiales (qui participent à la liaison 3c-4e)

Le trifluorure de chlore pur est stable jusqu'à 180 °C, mais se décompose en F2 et Cl2 au-dessus de cette température.

C'est un oxydant très énergique ainsi qu'un agent fluorant. Très réactif avec la plupart des matières organiques et minérales, il est susceptible d'en déclencher la combustion spontanément, parfois de façon explosive. Les métaux donnent généralement des chlorures et des fluorures, le phosphore donne du trichlorure de phosphore PCl3 et du pentafluorure de phosphore PF5, tandis que le soufre donne du dichlorure de soufre SCl2 ainsi que du tétrafluorure de soufre SF4. A température ambiante, le sulfure d'hydrogène H2S explose au contact du trifluorure de chlore, lequel s'hydrolyse également violemment au contact de l'eau H2O en dégageant un ensemble de composés dangereux, à commencer par le fluorure d'hydrogène HF.

Risques

Le trifluorure de chlore étant plus oxydant que l'oxygène lui-même, il est susceptible de corroder des céramiques ainsi que divers matériaux à base d'oxydes minéraux qu'on imagine souvent être incombustibles, y compris le béton. Tout ce qui est amené à entrer en contact avec du ClF3 doit être soigneusement sélectionné et nettoyé de toute impureté qui pourrait déclencher une combustion explosive.

Au contact de la peau, le trifluorure de chlore peut initier la combustion des tissus vivants s'il est en quantité suffisante. Il s'hydrolyse en attaquant les cellules, en une réaction très exothermique qui provoque des brûlures à la fois thermiques et chimiques, notamment par l'acide fluorhydrique libéré dans les tissus par cette hydrolyse. Cet acide est, de surcroît, toxique, de sorte que l'empoisonnement métabolique s'ajoute aux dégradations physiologiques causées par sa nature acide.

Notes et références

  1. (en) David R. Lide, Handbook of chemistry and physics, CRC, 16 juin 2008, 89e éd., 2736 p. (ISBN 142006679X et 978-1420066791), p. 9-50 
  2. Masse molaire calculée d’après Atomic weights of the elements 2007 sur www.chem.qmul.ac.uk
  3. (en) David R. Lide, CRC Handbook of Chemistry and Physics, CRC Press Inc, 2009, 90e éd., Relié, 2804 p. (ISBN 978-1-420-09084-0)
  4. Hitoshi Habuka, Takahiro Sukenobu, Hideyuki Koda, Takashi Takeuchi, and Masahiko Aihara, « Silicon Etch Rate Using Chlorine Trifluoride », dans Journal of the Electrochemical Society, vol. 151, no 11, 2004, p. G783–G787 [lien DOI]
  5. United States Patent 5849092 "Process for chlorine trifluoride chamber cleaning"
  6. United States Patent 6034016 "Method for regenerating halogenated Lewis acid catalysts"
  7. (en) (BEST) Board on Environmental Studies and Toxicology, Acute Exposure Guideline Levels for Selected Airborne Chemicals: Volume 5 (citation at the National Academies Press), Washington D.C., National Academies Press, 2006 (ISBN 0-309-10358-4), p. 40
  8. notamment certains missiles ballistiques intercontinentaux, qui utilisent généralement des propergols liquides à quelques exceptions près, telles que, semble-t-il, le nouveau Jéricho-3 israélien.
  9. Otto Ruff, H. Krug, « Über ein neues Chlorfluorid-CIF3 », dans Zeitschrift für anorganische und allgemeine Chemie, vol. 190, no 1, 1931, p. 602–608 [lien DOI]

 

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12 avril 2012 4 12 /04 /avril /2012 19:44

lu  ce texte  et recopié sur le blog le jura libertaire

Synthèse et commentaire des inspections conduites par l’ASN en 2011

L’Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN) a rendu en janvier un rapport de plus de 500 pages sur les inspections des centrales nucléaires françaises que peu de personnes ont lu en entier. Jean-Marc Royer, rédacteur de l’appel « Hiroshima, Tchernobyl, Fukushima : des crimes contre l’humanité », a fait cet important travail de lecture et a réalisé un résumé de ce document, ainsi qu’une analyse très intéressante. Sa synthèse vous est présentée intégralement dans cette page.

http://pix.toile-libre.org/upload/original/1334114805.jpg

La centrale nucléaire de Penly (Seine-Maritime), le 6 avril 2012

Le rapport complet de l’ASN est consultable en ligne ici ou téléchargeable là (6,29 Mo)

Le texte de Jean-Marc Royer est aussi téléchargeable en fichier PDF (233 Ko)


Synthèse et commentaire des inspections et ECS conduites en 2011 par l’ASN
par Jean-Marc ROYER

Suite à l’accident de Fukushima, ces inspections et « évaluations complémentaires de sûreté » (ECS) ont été conduites entre le printemps et l’automne 2011 ; elles ont porté sur :

• Les dispositions de sûreté étaient-elles conformes aux cahiers des charges en cours (état des lieux) ?

• Au-delà de cette conformité basique, ces dispositions sont-elles adaptées « aux situations extrêmes » ?

• Peuvent-elles pallier aux effets cumulatifs (« effets falaise ») qui caractérisent ces situations accidentelles ?

• Quelles sont les dispositions susceptibles d’améliorer le niveau de sûreté des installations dans ces cas-là (p. 13).

Les thèmes abordés lors de ces inspections concernaient la protection contre les inondations et la résistance au séisme, la perte des sources de refroidissement, la perte des alimentations électriques, et la gestion des situations d’urgence (15).

Pour qui connaît les questions de « sûreté/sécurité industrielle », le fonctionnement « des autorités indépendantes » et le type de rapports qu’elles produisent à destination du public, il y aurait beaucoup trop à dire, sur le fond et sur la forme. Mieux vaut suivre au plus près, en les décortiquant et en les traduisant en langage clair, les écrits de l’ASN. Le résumé qui suit, issu d’un rapport de 524 pages, est très synthétique, mais situe toujours la source de ce qui est écrit par le N° de page (affiché entre parenthèses) auquel il se réfère.

En ce qui concerne les dangers induits par les inondations

La Règle Particulière de Conduite est déclinée avec des retards de plusieurs années, avec des « écarts » et de manière incomplète ou incohérente, en contradiction avec le Plan d’Urgence Interne ou sans convention d’alerte avec Météo France ; certains retours d’expérience ne sont pas renseignés, le ruban revenant aux sites de Cruas et du Tricastin qui n’ont toujours pas intégré qu’ils pouvaient être isolés par une inondation et même, pour ce dernier site, en perdre son alimentation électrique.

En amont, certains suivis météorologiques laissent à désirer ainsi que la détection des seuils d’alerte tandis que les exercices annuels sont bâclés, ce qui augure mal du « lancement dans les délais des actions appropriées » en cas de nécessité. Les moyens de protection (en particulier la Protection Volumétrique, les Moyens Mobiles de Pompage et leur alimentation) ne sont pas correctement suivis, entretenus (notamment les joints « waterstop » de la PV) ou surveillés (certaines galeries inter bâtiments ne sont pas étanches et un affaissement de pointe de digue a été constaté lors d’une inspection). En aval, l’ASN se plaint de ce que les échéances convenues pour effectuer des travaux à la suite de « l’évènement du Blayais » ne soient pas respectées sans qu’aucune mesure compensatoire n’ait été prise (pp. 25 à 32).

L’ASN faisant le constat que des « effets falaise » (effets cumulatifs) peuvent se produire très près des niveaux d’inondation retenus dans le « référentiel EDF », demande à l’exploitant de revoir toutes ses estimations (détail de la méthodologie et justifications utilisées pour caractériser le modèle d’inondation retenue), de se prononcer lui-même sur l’adéquation des bâtiments à ces évaluations et lui prescrira de revoir sa copie concernant Belleville et Tricastin, notamment en cas de rupture des digues amont.

Concernant ces « effets falaise » possibles suite à une inondation (perte totale de source froide ou des alimentations électriques), l’ASN pense que ni les rapports d’Évaluation Complémentaires de Sûreté, ni les compléments présentés par EDF en cours d’instruction, ne sont de nature à les éviter et lui demande de revoir là aussi sa copie (pp. 122, 124, 128, 130, 137 et 139).

Pour les dangers liés aux séismes majeurs

Un constat : la règle en vigueur (FS I.3.b) n’est pas respectée, l’instrumentation est insuffisante ou mal positionnée, son entretien et sa maintenance laissent à désirer, de même que sa qualification, son étalonnage et son réglage. De plus, les exercices ne sont pas réalisés et les opérateurs ne savent pas utiliser cette instrumentation sismique ou en interpréter les données en salle de commande ce qui les mettrait dans l’impossibilité de se faire une idée juste sur l’état du réacteur (p. 40).

« Les exploitants du site du Tricastin auraient des difficultés à gérer une situation accidentelle consécutive à un séisme majeur, du fait de la perte des alimentations électriques, des moyens de communication, de la supervision de l’installation ou encore du non dimensionnement au séisme de locaux annexes, des locaux de crise ou de repli, et des locaux abritant les moyens et les hommes de la Formation Locale de Sécurité » (p. 67). Sur d’autres sites, les moyens d’alimentation électrique de secours seraient généralement indisponibles en cas de séisme. (p. 79).

Concernant les dangers liés à la perte de la source froide (H1)

Encore des « écarts au référentiel », des disparités dans le suivi des équipements, des « anomalies de maintenance ou d’essais périodiques » et des relations problématiques entre les services centraux d’EDF et les centrales. Mention spéciale pour La Hague où il est nécessaire d’améliorer la maintenance et de vérifier la tenue dans le temps des équipements de refroidissement (échangeurs, aérothermes, tuyauteries) ou de ventilation naturelle des entreposages des colis compactés de coques et embouts (Areva NC) dont l’efficience semble remise en cause au vu des écarts constatés en inspection (pp. 41 à 44 et 71).

De plus, les dispositions proposées par EDF visent essentiellement à permettre des appoints (au circuit secondaire, au circuit primaire, et aux piscines combustible) pour prolonger l’autonomie des réacteurs et des piscines, ce qui permet de retarder la fusion du cœur mais pas nécessairement de l’éviter (p. 181) en quelques heures (p. 175).

L’ASN considère donc qu’EDF doit « conforter ses conclusions quant à la capacité des centrales à gérer une situation dégradée de type H1 sur plusieurs tranches simultanément, y compris lorsqu’une autre tranche connaît un accident grave » (p. 177).

Les dangers liés à la perte des alimentations électriques (H3)

L’ASN a relevé là aussi des écarts sur la conformité, l’entretien (corrosion interne ou externe des tuyauteries et des réservoirs de carburant sur une majorité de sites) et les contrôles périodiques, qui affectent la robustesse des groupes électrogènes de secours.

L’ASN a donc demandé à EDF de revoir sa copie et de :

• Fournir les informations sur la capacité et la durée des batteries ;

• Indiquer combien de temps le site peut faire face à la perte des alimentations électriques externes et des sources d’énergie de secours, sans intervention extérieure, avant qu’un endommagement grave du combustible ne soit inévitable ;

• Préciser quelles actions (extérieures) sont prévues pour prévenir la dégradation du combustible ;

• Identifier les moments où les principaux effets falaise se produisent ;

• Indiquer si des dispositions peuvent être envisagées pour prévenir ces effets falaise ou pour renforcer la robustesse de l’installation (modification de conception, modification des procédures, dispositions organisationnelles, etc.). (pp. 46, 152)

De plus, « l’ASN constate que les ECS mettent en évidence des « effets falaise » de court terme, caractérisés par un délai avant découvrement du cœur inférieur au délai prévu pour la mise en œuvre des moyens de la Force d’Action Rapide Nucléaire (p. 160) et recommande de mettre en œuvre sans délai les moyens proposés par EDF pour répondre à ces dangers » (p. 161).

Dans l’attente du déploiement progressif de dispositions qui prendra plusieurs années, l’ASN prescrira la mise en place de dispositions provisoires dès 2012, telles que des groupes électrogènes mobiles (p. 226).

À La Hague, la disponibilité problématique des moyens de secours et la corrosion avancée de certains équipements des groupes électrogènes commandent une action palliative rapide (p. 74), tandis que sur plusieurs « autres sites » (hors centrales) la perte des alimentations électriques conduirait à moyen terme à la perte des moyens de surveillance en salle de commande et à la perte des moyens de communication (p. 75).

Quelle « gestion des accidents graves » ?

Moyens matériels et organisation

EDF indiquant que :

• la disponibilité des moyens matériels nécessaires à la gestion de crise, (Matériels Mobiles de Sûreté, les matériels PUI et les Matériels du Domaine Complémentaire), ne peut être garantie dans les situations extrêmes (p. 187) ;

• l’arrivée des astreintes est impossible pendant les 24 premières heures suivant une situation de grande ampleur touchant tout le site (p. 186), [ce qui correspond au délai maximal de mise en œuvre de la future « Force d’Action Rapide Nucléaire »] ;

• les moyens de communication utilisés lors du gréement de l’organisation peuvent être défaillants (p. 189) ;

• la tenue aux situations extrêmes de l’instrumentation technique et environnementale nécessaire à la gestion de crise n’est pas garantie (p. 193),

et l’ASN, considérant que :

• EDF n’a pas été achevé l’analyse des points faibles de l’organisation en fonction de l’ampleur de la crise, et n’a pas évalué les conséquences des phénomènes dangereux liés à la dégradation des voies de communication et des canalisations dans les situations extrêmes (p. 190) ;

• une analyse approfondie devra être menée sur les conditions d’intervention spécifiques aux situations accidentelles (difficultés lors de la prise de décision, suffisance des ressources, compétences requises, accessibilité et habitabilité des locaux, stress et fatigue des intervenants, ambiance sonore, calorifique et radiologique (p. 224)

• et nonobstant l’installation prévue par EDF d’une instrumentation dédiée à la gestion des accidents graves permettant de détecter la percée de la cuve et de détecter la présence d’hydrogène dans l’enceinte,

l’ASN va prescrire à EDF d’intégrer dans le « noyau dur » les éléments indispensables à la gestion de crise, c’est-à-dire :

• Les locaux, les moyens matériels, les moyens de communication et l’instrumentation technique (notamment la détection de l’entrée en Accident Grave) et environnementale ;

• Les moyens de dosimétrie opérationnelle, les instruments de mesures pour la radioprotection et les moyens de protection individuelle et collective en quantité suffisante ;

• L’accessibilité, l’opérabilité, l’habitabilité des salles de commande en cas de rejets de substances dangereuses ou radioactives (p. 184), notamment après ouverture du système de filtration U5, lequel pose une série de problèmes non résolus à ce jour. En effet :

• il n’est pas « robuste aux séismes majeurs » ;

• il ne peut être utilisé pendant les premières 24h suivant un Accident Grave (AG) pour éviter le rejet des aérosols ;

• par la condensation ou la présence d’oxygène dans sa tuyauterie, il induit des risques de déflagration de l’Hydrogène ;

• son ouverture oblige les personnels à évacuer les salles de commande dans les 24h suivantes ;

• son efficacité de filtrage laisse à désirer surtout s’il est utilisé par deux réacteurs simultanément (pp. 184 à 207).

Par ailleurs, l’ASN a prescrit à EDF le renforcement du radier de Fessenheim, avant le 30 juin 2013 (p. 205).

Le cas particulier des piscines

Les centrales de Bugey et Fessenheim présentent un risque particulier d’endommagement de la piscine en cas de chute d’un emballage de transport de combustible (p. 210).

Compte tenu de la difficulté, voire de l’impossibilité, de la mise en place de moyens efficaces de limitation des conséquences d’un dénoyage prolongé des assemblages combustibles (confinement statique et filtration inefficaces), l’ASN imposera à EDF des prescriptions pour renforcer les mesures de prévention et la robustesse de l’installation afin de limiter la possibilité d’un tel accident (p. 213).

La Sous-traitance

« L’ASN considère qu’EDF n’apporte pas la démonstration que les différentes périodes d’arrêt de réacteur qui ont lieu au cours de l’année sur chacun des CNPE engendrent au total des surcroîts saisonniers qui justifieraient le recours à la sous-traitance. Par ailleurs, le recours à la sous-traitance pose la question du maintien des compétences internes au sein de l’organisation de l’exploitant, en particulier dans un contexte de prolongation éventuelle de la durée d’exploitation des installations nucléaires existantes et de renouvellement important des effectifs » (p. 216) et « l’ASN considère que la surveillance des sous-traitants exécutant des activités importantes pour la sûreté doit être renforcée, et en particulier que cette surveillance ne peut pas être déléguée » (p. 230).

Conclusion

L’analyse des rapports d’ECS d’EDF a montré que certains scénarios de perte de la source froide et de perte des alimentations électriques peuvent conduire, en l’absence de toute intervention, « à une fusion du cœur dans un délai de quelques heures pour les cas les plus défavorables » (p. 226). Or, « l’accident de Fukushima a montré que la capacité de l’exploitant et, le cas échéant, de ses prestataires à s’organiser pour travailler en cas d’accident grave est un élément essentiel de la maîtrise d’une telle situation » (p. 13).

Par ailleurs, « l’ASN considère, pour ce qui concerne la gestion de crise, que les exploitants du groupe AREVA ont dressé un état des lieux sommaire et n’ont pas tiré les conclusions pratiques des constats effectués » (p. 342).

« Au premier trimestre de 2012, l’ASN imposera donc aux exploitants un ensemble de dispositions de sûreté relatives à la prévention des risques de séisme et d’inondation, à la prévention des risques liés aux autres activités industrielles, à la surveillance des sous-traitants et au traitement des non conformités. D’ores et déjà Par la suite, l’ASN s’assurera du respect par les exploitants de la centaine de prescriptions qu’elle aura édictées, ainsi que de la prise en compte des nouveaux référentiels qu’elle aura approuvés » (p. 16).

Quelques commentaires et réflexions philosophiques subséquentes

Il n’y a pas une seule installation qui ne fasse l’objet d’une remarque d’inspection ou d’une recommandation importante. Qu’il s’agisse, en temps normal, ou en situation extrême (ou afin de l’éviter) :

• des estimations et des méthodes qui sont à la base des « référentiels nationaux » de l’exploitant,

• de la déclinaison obligatoire des règles particulières de conduites sur les sites ou de la gestion des « écarts » à ces règles,

• des conditions nécessaires à l’efficience de ces règles « en amont et en aval » (prédiction et retour d’expérience),

• du suivi, de l’entretien et de la maintenance des systèmes, des équipements et des matériels, y compris des groupes de secours,

• de la capacité à mettre en place et à utiliser une instrumentation spécifique (séisme, intégrité du confinement et entrée en AG),

• de la capacité du système de filtrage U5 et de ses dangers intrinsèques,

• du danger très particulier porté par les piscines de stockage dans le bâtiment réacteur,

• de l’analyse des situations internes et externes porteuses de dangers,

• de l’analyse des effets cumulatifs de toutes natures propre aux situations extrêmes et des moyens de les éviter,

• de l’organisation humaine ou matérielle locale et nationale, en particulier de l’usage de la sous-traitance,

• des moyens de mobiliser rapidement les personnels d’astreinte,

• de l’accessibilité, de l’opérabilité ou de l’habitabilité des locaux de commande, de crise ou de repli,

• des moyens de mesure et de radioprotection individuelle et collective en quantité suffisante,

• de la pérennité des moyens de communication,

• du respect des engagements de sûreté pris avec l’ASN.

Dans la conception (et après), l’accident majeur n’a pas été pris en compte

-1- Qu’est-ce que ce rapport vient démontrer ? À sa lecture, on réalise peu à peu ce qui est écrit noir sur blanc : les ingénieurs nucléaires, leurs commanditaires industriels, politiques et militaires se refusaient à penser il y a quarante ans qu’un accident majeur puisse un jour arriver. Les centrales ont été construites sur ce postulat : la probabilité de survenue d’un accident majeur était considérée comme nulle ou bien trop minime pour justifier des dispositions jugées trop coûteuses au regard de ce qui est toujours qualifié de « risque résiduel ». Poussé par Tchernobyl et Fukushima, c’est ce à quoi ce rapport se confronte, et à quoi il tente de pallier un peu tard, par des moyens et des méthodes dont on peut se demander ce qu’ils deviendront une fois traduits sur les sites par l’exploitant étant donné la manière dont les prescriptions en cours sont appliquées.

Le nucléaire français « au bord de la falaise » !

-2- Il n’y a pas un seul des sujets abordés par l’ASN qui ne pose problème, alors que l’exploitant, l’industrie dans son ensemble et les politiques qui les soutiennent nous serinent depuis des lustres que les centrales françaises sont les plus sûres ! Quel démenti cinglant et argumenté en détail ! Ce ne sont plus seulement des manques ou des négligences, mais une suite d’aveux, qui, mis bout à bout constituent justement le lit d’un accident majeur ! Un véritable gouffre, un précipice au bord duquel se trouve effectivement toute industrie nucléaire guettée par « un effet falaise » (les acronymes et les euphémismes sont un des traits majeurs de la novlangue) qui lui est consubstantiel (voir plus bas). Sans pouvoir malheureusement le démontrer dans ce cadre, il est évident qu’il se produira un accident nucléaire majeur en France. Intégrer cela dans le domaine de la pensée pose certes quelques difficultés, mais devient à mon sens plus que nécessaire.

Ce qui suit n’est certes pas une illustration centrale de cette hypothèse, mais elle en illustre l’accroissement de la probabilité (l’invention du MOX est récent).

Silence, on MOX !

-3- Un des silences assourdissant de ce rapport (il aurait été facile de l’introduire dans ces « stress-test ») concerne l’utilisation dans 22 réacteurs et avec l’accord de l’ASN, du MOX pour « Mixed Oxydes », un composé d’environ 6 à 7 % de dioxyde de plutonium au lieu de l’enrichissement classique à 4,2 % d’235U. D’une par il accroît notablement les dangers d’accidents majeurs car :

• la conduite des réacteurs avec MOX est nettement plus délicate ;

• il accélère le processus de vieillissement des réacteurs ;

• il a un processus de fusion plus bas et plus rapide : dans une configuration accidentelle, le risque de criticité, est donc plus important et plus rapidement atteint ;

• il aggrave toute situation accidentelle car l’eau mélangée au bore qui sert à atténuer les effets d’échauffement de la radioactivité en absorbant les neutrons, est d’une efficacité moindre avec le MOX.

D’autre part ce plutonium est issu du retraitement de l’uranium nucléaire usé, ce qui suppose le transport délicat et fréquent de matériaux hautement radioactifs des centrales vers les usines et retour.

Le plutonium fait non seulement partie des éléments présentant une radiotoxicité très élevée, mais tous les isotopes et autres composés issus du plutonium sont également très toxiques et radioactifs. En voie aérienne, on estime qu’une quantité de l’ordre du dixième de milligramme peut provoquer le décès rapide d’une personne.

Une gestion « statistico-probabiliste » du risque bien pratique…

-4- De plus, à faire pour la première fois cet exercice d’imagination, on s’aperçoit que tout l’appareil technico-politique du nucléaire nous donne à voir l’ampleur, non seulement les « écarts » (comme ils disent) avec les préconisations de sécurité de base, mais aussi et surtout :

• l’impossible maîtrise tous azimuts des aléas propres aux « Macro Systèmes Techniques » [Concept clé du philosophe Alain Gras, « Que sais je », 1997] ;

• l’incapacité de voir (ou d’imaginer) les effets cumulatifs possibles de ces éventualités (baptisées « effets falaise ») tant la dénégation des dangers majeurs a contribué à les refouler depuis des décennies ;

• et de plus, le refus de prendre en compte les hypothèses les plus pessimistes parce que le rapport coût/bénéfice est « économiquement défavorable ».

En fait, il s’agit là d’une extension du point de vue probabiliste de la mécanique quantique à la gestion des MST nucléaires : tout est régit par des études statistiques et probabilistes qui ont l’insigne avantage de se prêter à tous les désirs des industriels qui veulent nous les faire prendre pour des réalités, je veux parler de la soi-disant innocuité ou maîtrise de ces manipulations nucléaires. Autrement dit, ce mode de connaissance (statistique et probabiliste) des phénomènes atomiques est devenu par contagion et « par manque d’expérience » inéluctable le point de départ des hypothèses concernant la sécurité. Et, ce qui est pratique en l’occurrence, c’est que l’on peut faire dire ce que l’on veut à ces « calculs » suivant les modélisations et les arborescences que l’on valide [On appréciera d’autant plus ce type de raisonnement que l’on connaît la « ligne de défense » de l’industrie nucléaire et de l’OMS : ils demandent aux victimes de prouver un rapport déterministe entre les effets des radiations (notamment les contaminations aux faibles doses) et les maladies induites].

Les centrales nucléaires : des Macro-Systèmes Techniques intrinsèquement dangereux

-5- Force est de constater une fois de plus les fragilités (et les dangers qui s’en suivent) de tous ces MST constitués d’un entrelacs de techniques, de technologies, de process et d’interfaces multiples dont on veut nous faire croire que leurs complexités inévitables ne sont que le signe de la modernité et de la sûreté technoscientifiques.

La sophistication extrême des matériaux utilisés (bétons, aciers…) et le contrôle fin de leurs caractéristiques que cela suppose, la difficulté de leur mise en œuvre étant donné la précision de leurs spécifications, la complexité de la construction des parcs nucléaires et de leurs raccordements, les problèmes dus à l’interdépendance de multiples technologies entre-elles (mécanique, électrotechnique, électronique, pneumatique, hydraulique, informatique…), les questions de conduite opérationnelle ordinaire et extraordinaire, la gestion des urgences et des situations de crise, l’adéquation des interfaces hommes/machines à toutes les situations, la qualification des personnels intervenants, les opérations de maintenance et de réparations (compliquées et parfois dangereuses), la gestion du vieillissement tous azimuts des installations, la qualité de tous les contrôles opérant à tous les niveaux depuis la mise en service nominale jusqu’au démantèlement, la gestion des déchets… Ce listing élémentaire et générique donne une petite idée du nombre de process corrélés entre eux et des répercutions possibles d’un manquement ou d’une simple défaillance, pour peu que ceux-ci soient imprévus et se produisent sur une interface délicate.

-6- En plus de ces fragilités intrinsèques et des dangers dus aux aléas climatiques et géologiques, il en est d’autres qui ont été introduits depuis trente ans par la pression actionnariale et qui conduisent soit à la sous-traitance massive, soit à des malversations dans le but de faire des économies sur l’entretien et la maintenance (cf. les dossiers publiés concernant Tepco), soit à des politiques de « risques calculés » dont on a pu constater l’inanité à plusieurs reprises au Japon, en France et ailleurs.

De multiples conséquences supportées par les populations du monde entier

-7- Évidemment, la puissance dévastatrice intrinsèque des MST nucléaires (liée à ses fragilités) exige une « sûreté totale », c’est-à-dire un système politique du type « totalitarisme démocratique postmoderne » [Le film Food Inc en est une bonne illustration : l’auteur y montre comment, de manière totalement « démocratique » des lois sont votées dans certains états des États-Unis qui empêchent toute critique publique des industries agroalimentaires et des trusts de fast-food afin de protéger leur chiffre d’affaires. Il s’agit là, pour résumer, de l’utilisation des moyens démocratiques contre la démocratie, ce qui tend à devenir systématique en Occident. Une autre forme en est la dénégation des votes populaires rejetant les différents traités européens ou pire, les « ajustements » législatifs et constitutionnels des pouvoirs exécutifs afin de se soustraire aux poursuites judiciaires encourues à la suite d’agissements délictueux ou criminels ou, plus récemment, la nomination de banquiers à la tête de responsabilités gouvernementales en dehors de tout processus démocratique.] intériorisé dans les imaginaires des populations du monde entier. Un des multiples aspects de ces penchants, peu étudié, se niche dans le « droit nucléaire international » forgé sur mesure dans les années 60 en dérogation à tous les usages conventionnels [www.oecd-nea.org/law/isnl/10th/isnl-10th-anniversary-f.pdf]. Le nucléaire a ceci de particulier qu’il n’a pu se mettre en place qu’en bénéficiant (de la part des États) de régimes dérogatoires dans de nombreux domaines. Par contre-coup ses répercutions se sont fait sentir dans tous les domaines de l’activité humaine, y compris le politique, la philosophie et la morale [Lire le philosophe Günther Anders à ce sujet]. En voici une petite illustration.

-8- Un accident nucléaire majeur rend obsolètes et dérisoires tous les plans et les mesures de sécurité (on se souviendra longtemps des tuyaux d’arrosage à l’eau de mer dérisoirement inadaptés à refroidir des cœurs de réacteurs en fusion partielle à Fukushima, 60% de l’eau étant dissipée en évaporation et 20% ratant sa cible). Les possibilités de l’État (et du secteur privé plus encore) ne seront jamais à la mesure de la catastrophe ; c’est ce que la limitation des responsabilités de l’industrie nucléaire, actée dès ses débuts par diverses lois et conventions confirme de manière éclatante [ Conventions de Paris (juillet 1960) et Bruxelles (janvier 1963), amendées par les Protocoles de janvier 1964, novembre 1982 et février 2004. Loi d’octobre 1968 modifiée par celle du 16 juin 1990…]. De ce point de vue, le droit prenait en compte, noir sur blanc, les gigantesques dangers consubstantiels au nucléaire que les pouvoirs s’efforçaient, en même temps qu’ils négociaient ces conventions, de nier devant les opinions mondiales. Sans ce report des responsabilités sur le corps social, aucun investisseur, aucun industriel au monde n’aurait investi un seul centime dans cette industrie.

Déconstruire le nucléaire, décoloniser l’imaginaire occidental

-9- L’énergie nucléaire n’est que secondairement une technologie ; elle est avant tout « la fille aînée de la science ». Aucune technique n’aurait jamais permis une telle intrusion dans la composition de la matière. Autrement dit, « l’énergie nucléaire », n’en déplaise à beaucoup, n’est qu’une conséquence du mode de connaissance scientifique spécifique de l’Occident et du rapport à la nature (à l’écosphère) que cela sous-tend. D’un seul coup, en 1945, cette « création scientifique » a rendu totalement obsolètes toutes les critiques philosophiques qui s’en tenaient à celle des techniques, comme si d’ailleurs les techniques n’étaient pas un attribut inévitable de toute vie en société depuis la nuit des temps.

-10- Tous ces Macro Systèmes Techniques ont en commun la volonté de défier et de maîtriser au-delà des « lois de la Nature » (que la science a par ailleurs encensées à une certaine époque pour s’affirmer face aux croyances religieuses dominantes), ce qui s’apparente de facto à une activité fondamentalement transgressive que l’on baptise Progrès pour en faire oublier le caractère prométhéen. Mais il ne faut pas oublier que ces Macro Systèmes Techniques ont un but : faire de l’homme moderne un homme appareillé dont il suffira un jour de le débrancher pour mettre fin à son existence.

Le blog de Fukushima, 11 avril 2012

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11 avril 2012 3 11 /04 /avril /2012 07:42

  ce texte permet peut être de construire une opposition  contre  la nucléaire et  ce monde . Il ne peut être un objet de consommation  compte tenu que nous sommes ce mode de fonctionement.

Les chemins d'un vieux fleuve

Les centrales nucléaires ont besoin de beaucoup d’eau, elles ont été construites, dans

la région Rhône Alpes, au bord du Rhône ou alimentées par des canaux ,construit par la CNR . Les départements limitrophes du Rhône ont été circonvenus par la mafia du nucléaire, par conséquent de nombreuses associations du département reçoivent des subventions alimentées par cette industrie “hautement technologique”. Nous avons permis que tout cela se produise et se répéte encore en déléguant les décisions quitouchent pourtant à nos vies, à d'autres. Si nous ne sommes pas capables de nous

imaginer une autre existence et de nous battre pour la réaliser, alors il ne nous reste

qu'à nous préparer à mourir dans l'existence actuelle, tracée et imposée par d'autres.. Le délégué à la propagande nucléariste Frédéric de Agostini , nous promet ,après un débat au conseil général de la Drôme et à la CLIGEET 2012 ,pour le démantèlement de Georges Besse I« Aucun intérimaire ne sera habilité à intervenir sur le CIF3 », Nous reviendrons surcette déclaration parue dans le dauphiné libéré du 12 mars. Ce démantèlement sera accompagné d' irradiations transparentes et citoyennes. Banaliser l'accident par un flot d'informations. Les médias et l'état en ont fait la démonstration en 2008, lors de l'accident de la Socatrie. Avec ses contre experts et des procés intentés grace à une engeance citoyenne et... indemnisation des plaignants. Est -ce qu'ils indemnisent la nature?

On peut supposer aussi que les managers d'Areva savent que sur le terrain du démantèlement se joue l'avenir du nucléaire. Ce n'est pas du tout par philanthropie

que le directeur d'Areva va faire former des ouvriers pour intervenir avec le CIF3. Les

mêmes spéculateurs vont pouvoir tester Georges Besse II en toute tranquillité à partir du 8 juin, date officiel du démarrage de l'usine d'enrichissement d'uranium qui va fournir du combustible pour les centrales européennes au minimum . Georges besse II usine d'enrichissement d'uranium C'est un maillon indispensable de l'industrie nucléaire. Moins d'un an après l'accident de Fukushima la caste des nucléaristes poursuit ,avec une arrogance extrême son développement. On s'aperçoit au travers leur avancée forcenée, que le seul avenir qu'ils nous proposent véritablement est la survie en milieu contaminée . Ce n'est pas la catastrophe cauchemardesque de Fukushima qui ira ouvrir la faille qui va engloutir l'industrie nucléaire, une illusion déjà fort répandue, après Tchernobyl par certaines organisations citoyennes , la CRIIRAD entre autre. Il est temps que ça change!!.

L'acceptation par les populations de “l'énergie la plus sure”est érigé mais fragile. Dans

ce département sous domination des pollutions industrielles agrémentées par des

cultures bio (certifiées sans OGM à proximité), par des champs de lavandes nettoyées

par le fluide super critique détecté par des ingénieurs du CEA. Mais les habitantes et

les habitants peuvent baguenauder dans les trois parcs naturels régionaux qui

entourent la zone sous domination des pollutions industrielles. Apprenons à déjouer

leur jargon , à échanger entre nous des informations.

"L’importance de la discussion réside dans le fait qu’il faut envisager la réalité du

rapport de force dans la lutte contre le nucléaire. "

Nous t'invitons pour discuter ou écrire au local du laboratoire anarchiste

8 place St jean 26000, nous voulons reprendre la discussion interrompue

par une exhibition du réseau sortir du nucléaire rejoint par les appareils

politique des Verts et du NPA

 

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11 avril 2012 3 11 /04 /avril /2012 07:11
Les capitalistes s'inquiétent. Les émeutes libertaires et égalitaires deviennent
urgentes pour se libérer de ce mode d'exploitation et domination qui a tout
tarifié, qui a tout détruit.Le temps des catastrophes soit disant naturelle:


1972-2012 : le Club de Rome confirme la date de la catastrophe Futurism-Got-Corn-graph-631-thumb.jpg Il y a quelques semaines, le Club de Rome célébrait le quarantième anniversaire de son célèbre rapport (surnommé «Halte à la croissance?»), dit aussi Rapport Meadows, du nom de son principal rédacteur. Ce rapport avait été présenté au public le 1er mars 1972, à partir d'une commande faite par le même Club de Rome (créé en 1968) au Massachusetts Institute of Technology (MIT) en 1970. Cette célébration a donné lieu à un symposium le 1er mars 2012, dont les conclusions sont présentées sur le site du Club de Rome. Dans le même temps, un des organisme en charge du rapport, le Smithsonian Institution, rend public une version actualisée pour 2012 du rapport de 1972. Il s'agit, en fait d'un second rapport, utilisant la même méthodologie que le premier, avec les mêmes acteurs, le Club de Rome commanditaire et le MIT exécutant. Les instruments d'analyse ont cependant été modernisés, pour tenir compte des importants progrès accomplis dans les méthodes d'observation et de prévision. Le point essentiel, que tous les gouvernements, que toutes les entreprises, tout les média auraient du noter, est que le rapport de 2012 confirme celui de 1972. Celui-ci donnait soixante ans au système économique mondial pour s'effondrer, confronté à la diminution des ressources et à la dégradation de l'environnement. La situation est confirmée par la formule du Smithsonian Magazine, /«The world is on track for disaster.../», autrement dit, "tout se déroule comme prévu pour que survienne le désastre". Ce désastre, comme le résume le physicien australien Graham Turner, qui a succédé à Dennis Meadows comme rédacteur coordonnateur, découlera du fait que, si l'humanité continue à consommer plus que la nature ne peut produire, un effondrement économique se traduisant pas une baisse massive de la population se produira aux alentours de 2030. Le désastre n'est donc plus loin de nous, mais tout proche. 2020 est d'ailleurs considéré par certains experts comme une date plus probable. L'effondrement pourrait se produire bien avant 2030. Autrement dit tous les projets envisagés pour le moyen terme de 10 ans seraient impactés, voire rendus inopérants. Les rapporteurs font cependant preuve d'optimisme, en écrivant que si des mesures radicales étaient prises pour réformer le Système, la date buttoir pourrait être repoussée. *Rien ne sera fait* Mais nous devons pour notre part considérer, y compris en ce qui concerne nos propres projets, collectifs ou individuels, qu'aucune de ces mesures radicales ne seront prises. Le système économico-polirique, selon nous, ne peut se réformer. Ce sont en effet les décisions des gouvernements, des entreprises et des médias qui convergent pour que tout continue comme avant, /business as usual/, ceci jusqu'au désastre. Une petite preuve peut en être fournie par le fait que pratiquement aucune publicité n'a été donnée par aucun des acteurs que nous venons d'énumérer à la publication de cette seconde version du Rapport. Insistons sur le fait que ce n'est pas seulement le réchauffement global qui est incriminé par les rapporteurs, mais plus généralement l'épuisement des ressources et, au-delà, d'une façon plus générale, le saccage catastrophique de l'environnement sous toutes ses formes, autrement dit "la destruction du monde". Pour l'empêcher, il ne faudrait pas seulement réduire notre production de gaz à effets de serre, mais s'imposer une décroissance radicale, à commencer par celle qui devrait être mise en oeuvre dans les pays riches, qui sont les plus consommateurs et les plus destructeurs. Vains espoirs. Il suffit de voir comment, lors des élections françaises de cette année, la question a été évacuée des enjeux politiques 1). Dans le même temps, on envisage sérieusement de relancer la recherche des gaz de schistes et d'entreprendre des forages profonds en Méditerranée...Petit exemple, car des mesures autrement plus dangereuses se préparent en Arctique et ailleurs. Les opinions publiques se rassureront en faisant valoir que si ce nouveau rapport n'est pas discuté, si des milliers d' « experts » de tous ordres ne le mentionnent pas, c'est parce qu'il est le produit d'un étroit groupe de pression comptant sur le catastrophisme pour prospérer. Nous pensons pour notre part que certains décideurs, discrets mais influents, prennent au contraire ces prévisions très au sérieux et se préparent, évidemment par la force, à protéger leurs avantages face à la révolte des milliards d'humains qui seront touchés par le futur effondrement.
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10 avril 2012 2 10 /04 /avril /2012 13:11

Toutes les associations de Gauche de Valence laisse la place à cette fondation proche des vues du FN. Le  Blog du laboratoire s'indigne que des SDF  préfère faire appel à cette fondation, alors que le collectif le laboratoire a prposé dés le début de cet arrêté de combattre cet arrêté du maire avec prposition d'un avocat. Pour aider les squateurs et les SDF prpriétaires de chien. ELLES,ILS nous ont répondu , nous "on ne  fait pas de politique".  Voilà pour eux l'association brigitte  Bardot ne fait pas de politique

 

"Monsieur le Maire,

Votre arrêté du 9 janvier 2012, profondément scandaleux et portant atteinte aux libertés individuelles, condamne à mort de manière arbitraire les chiens que vous n’acceptez plus sur votre commune. Imposer la muselière à tous les chiens qui devront aussi être vaccinés alors que la loi ne l’impose pas, interdire aux propriétaires d’animaux de promener plus d’un chien à la fois sinon c’est la fourrière pour l’animal, donc l’antichambre de la mort, idem pour les chiens des personnes alcoolisées… Tout cela est à vomir et relève d’une politique fasciste !

Les personnes qui se trouvent actuellement à la rue, avec pour seul compagnon leur animal, sont les premières visées par vos mesures discriminatoires.

Agir contre les trafics de chiots en provenance de Roumanie exploités pour la mendicité est une chose, ma Fondation est active dans ce domaine et nous soutenons toute initiative allant dans ce sens, mais votre texte n’a rien à voir avec cela car il s’attaque ouvertement aux personnes marginalisées et aux personnes possédant plus d’un chien… En quoi cela est-il un crime à vos yeux ?

Tous les chiens placés en fourrière (s’ils sont promenés à deux, si un York ne porte pas de muselière, etc.) devront passer une évaluation comportementale systématique aux frais du propriétaire ou seront tués sans autre forme de procès !

Là encore, vous condamnez à mort les chiens qui sont de fidèles compagnons des SDF. Ma Fondation apporte une aide constante à ces exclus rejetés par les hommes, vous en êtes un lamentable exemple, ils ne peuvent compter que sur le soutien et l’affection de leur compagnon d’infortune et vous n’avez pas le droit, moral, de détruire ce lien qui est souvent leur dernier lien social.

Je suis profondément scandalisée, écœurée par ce texte totalitaire, digne des pires régimes. Des descentes sont organisées pour voler leurs chiens aux SDF, mais comment pouvez-vous le tolérer ?

Monsieur le Maire, vous devez casser cet arrêté immédiatement, des chiens ont été mis en fourrière et sont menacés de mort, ce n’est pas possible d’accepter des mesures d’une telle violence, nous devons et vous devez vous y opposer.

Je transmets votre arrêté de la honte à l’avocat de ma Fondation mais j’espère, encore, que vous aurez un sursaut d’humanité pour le supprimer de votre propre autorité.

Brigitte Bardot"

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9 avril 2012 1 09 /04 /avril /2012 20:29

lu dans siné mensuel

Par Noël Godin

Dure, dure, dure aussi la vie des livres frontalement anars qui ont, comme on sait, de plus en plus de mal à exister, à atterrir dans les librairies, et à faire parler d’eux un chouïa. La confrérie des critiques littéraires prostitués n’en cause que s’ils cassent la baraque à frites (Michel Onfray) ou que s’ils sont signés par des cracks adoubés par le gotha des « z’arts-zet-lettres » (Michel Ragon). La moindre des choses, c’est évidemment qu’à Siné Mensuel, on offre un coup de picton à ces proscrits – Tchin, les canailous ! Et qu’on vous engage à les lire de préférence au dernier Patrick Besson (qui est de toute façon vraiment à chier). Ou à Sur l’État, le recueil des cours casse-bonbons au Collège de France de l’ascétique Pierre Bourdieu.

 

Comment mieux ouvrir le feu qu’avec Marius Jacob ?

Attila et la magie blanche de Gilles Del Pappas (éd. Au-delà du raisonnable) n’est pas une bonne bio de plus du fascinant monte-en-l’air dont les exploits ont inspiré ceux d’Arsène Lupin (sur le plan technique seulement car, politiquement parlant, le gentleman-cambrioleur de Maurice Leblanc semble moins proche de Robin des Bois que du roi bigot et xénophobe Richard Cœur de Lion). Mais l’on y expose comment Jacob s’ingénia à « voler les bourgeois voleurs » au profit des démunis comme des camarades en lutte à un rythme tel que « les rapports de force s’en trouvassent réellement changés au sein de la société ». À la Belle Époque, sous la houlette de Jacob, il y eut, en effet, plus ou moins deux « réappropriations individuelles » de gros calibre par semaine, réalisées par treize équipes de « travailleurs de la nuit » veillant soigneusement à ne dévaliser que de riches salopards (patrons, juges d’instruction, banquiers, notaires, officiers, souteneurs, cardinaux).

Pour une anthropologie anarchiste de David Graeber (éd. Lux)

Le professeur trouble-fête Graeber, chassé de l’université Yale pour ses idées mutines, commence par mettre en relief les points de convergence entre l’anthropologie et l’anarchisme. Soit surtout « la conscience aiguë de l’étendue même des possibilités humaines ». Et de s’arrêter sur le cas de quelques-uns de ses collègues frondeurs : Norman Brown, Marcel Mauss, Georges Sorel, Pierre Clastres « rejetant explicitement la logique de l’État et du marché » pour leur opposer l’économie du don, et du potlatch, pratiquée harmonieusement dans certaines sociétés primitives. Puis l’érudit Graeber applaudit les rebelles zapatistes du Chiapas qui ont essayé de « révolutionner la stratégie révolutionnaire elle-même en abandonnant tout à fait l’idée voulant qu’un parti d’avant-garde prenne le contrôle de l’État. Les zapatistes luttent plutôt pour créer des enclaves libres qui pourraient servir de modèles d’auto-organisations autonomes dans l’idée d’une réorganisation générale de la société mexicaine en un réseau complexe de groupes autogérés se recoupant ».

Meurtres exquis à l’île d’Oléron de Jean-Marc Raynaud (éditions libertaires)

Un petit polar pyromanesque farci de private jokes qui pourrait malaisément s’amorcer plus gaiement puisqu’en l’espace de quelques pages, on découvre successivement les cadavres du député-maire répressif en diable de Saint-Denis d’Oléron, une balle entre les deux yeux, celui du directeur du Crédit Agricole, avec un A cerclé peint sur le front, et celui du curé de Chaucre crucifié la tête en bas sur la porte de son église avec un justificatif agrafé sur son string : « Ni Dieu ni maître ni gorille ».

Dictionnaire Proudhon orchestré par Chantal Gaillard et Georges Navet (éd. Aden)

Partant de l’impulsion initiale qui donna le tricotin à Pierre-Joseph Proudhon – et si on en finissait avec notre « société inégalitaire mutilante » –, l’étude de référence sur sa pensée étoffée par une cinquantaine d’interventions éclairantes. Comme à l’accoutumée, les textes de l’anarchologue Gaetano Manfredonia (rubriques « anarchie » et « utopie ») s’avèrent sacrément fortiches. Et, fort heureusement, on ne tente pas de nous monter le verre en fleurs : on reconnaît un peu partout dans cette somme que Proudhon fut un odieux phallocrate ne concevant la femme qu’« en courtisane ou en ménagère ». Si le concepteur du tonique Avertissement aux propriétaires n’avait pas avalé sa chique, j’aurais enfilé volontiers ma plus belle robe pour aller lui enfoncer avec mes copines pétroleuses un épluche-légumes dans le fion.

L’Art de voler d’Antonio Altarriba et Kim (Denoël Graphic)

Sacré en Espagne meilleur graphic novel de l’an 2010, l’histoire chamboulante du grand-papa de l’écrivain Altarriba, auteur à scandale de Tintin et le lotus rose, qui, le 4 mai 2001, âgé de 90 balais, sauta du quatrième étage de sa maison de retraite. Tout est magnifiquement prenant dans cette bédé balèzement dessinée. Et en particulier les pages reconstituant la guerre civile dans lesquelles le protagoniste, qui a hérité des espadrilles de Durruti, s’engage dans une centurie communiste-libertaire abolissant là où elle passe les hiérarchies et l’argent. Désormais, dans les zones libérées, « les gens s’échangent leurs produits et leurs savoir-faire ». Et y a plus de chefs, ni de grands ni de petits.

Précis d’éducation libertaire de Hugues Lenoir (éd. du Monde libertaire)

Sous le haut patronage de Rabelais (« Fais ce que voudras ») qui aurait sans doute tenu à ce que l’exposé du professeur Lenoir soit un peu plus rigolboche, un rappel chouaga des principes de l’éducation non-directive : 1) envoyer sur les fraises l’ensemble des pédagogies autoritaires, qu’elles soient laïques ou religieuses. 2) donner au loupiot « une place prépondérante, pour ne pas dire toute la place, dans l’organisation de son éducation. 3) Dans l’auto-organisation des apprentissages, veiller à « réprouver les conventions, les préjugés, les cruautés, les fourberies, les interdits et les tabous sur lesquels se fonde la société moderne ». Et veiller à respecter la liberté d’autrui pour peu qu’on respecte la nôtre, foutre-Dieu !

Dans la première partie de son syllabus, Hugues Lenoir recense les pionniers de l’anti-éducastration : Montaigne, Fourier, Godwin, Stirner, Bakounine, Considérant, les frères Reclus, Paul Robin, Sébastien Faure, Francisco Ferrer et, naturellement, A.S. Neil et les autres maîtres-camarades de Summerhill.

Inexténuable, Hugues Lenoir nous aiguille également sur la pédagogie parallèle dans Éduquer pour émanciper (éd. CNT RP), Henri Roorda ou le zèbre pédagogue (éd. du Monde libertaire), Éducation, autogestion, éthique (éditions libertaires).

Vient par ailleurs de paraître chez Libertalia Pédagogie et révolution de Grégory Chambat qui prône avec la même flamme mais aussi, soyons francs du collier, avec le même esprit de sérieux quelquefois lourdingue « une pédagogie socialement critique » reliant l’action éducative et l’action syndicale.

Et puis, rappelons que, dans sa stimulante anthologie Éducation et liberté (éd. Lux), l’ami canadien de la famille Siné, Normand Baillargeon, s’est lui aussi aventuré « sur les chemins buissonniers d’une autre école ».

Restons un tout petit peu avec le prof insurgé Baillargeon qui a sorti il y a peu deux pamphlets percutants.

Liliane est au lycée (éd. Flammarion Antidote) oppose l’asphyxiante culture bourge glorifiée par Luc Ferry et Finkielkraut au gai savoir nietzschéen et à l’esprit critique impertinent. Et la nouvelle version de Les Chiens ont soif (Lux), une satanée machine de guerre contre la servilité intellectuelle, le cynisme néo-libéral, le fauxculisme politicien proposant des « modèles alternatifs à la fois attirants, réalistes et mobilisateurs ». Mais, me dois-je de préciser, pas assez ludiques et transgressifs à mon goût.

L’Affaire Durand de Patrick Rannou (éd. CNT RP)

En 1910, le syndicalisme, ce n’était pas toujours de la gnognotte. Les syndicalistes révolutionnaires préconisant comme moyen d’action la grève insurrectionnelle débouchant sur la suppression du patronat et du salariat filaient les grolles à l’État. Il fallait leur casser les reins. C’est ainsi qu’on arrête le délégué syndical anarchiste Jules Durand et que la Cour d’assises de Rouen le condamne à mort sous prétexte qu’il serait « responsable moral » d’une rixe d’ivrognes au cours de laquelle un chef d’équipe jaune a péri. D’où grève générale, constitution de comités de soutien, division de la France en deux, commutation de la peine de mort en sept années de réclusion, transfert de l’inculpé à l’asile. En 1918, Durand est reconnu innocent. La machination contre lui est fort bien retracée par le compère Rannou. Elle est au cœur, en outre, du roman L’Affaire Quinot d’Émile Danoen publié de même par les aminches de CNT RP.

Le tour d’horizon continue avec quelques ouvrages destinés à éclairer les néophytes.

L’Anarchisme de Philippe Pelletier (éd. Le Cavalier Bleu), dont j’avoue m’être méfié, est un formidable outil, très fute-fute, très documenté, répondant dans les moindres détails et avec force nuances aux idées reçues du type « l’anarchie, c’est le chaos, c’est anti-tout, c’est hostile à la démocratie » ou alors « c’est une pure utopie ».

Incontournable classique qu’on peut chipoter (je ne me gêne pas) mais qui regorge de pépites, l’anthologie de Daniel Guérin Ni Dieu ni Maître (1970) est rééditée par La Découverte Poche en un seul volume de 774 pages.

Le florilège un rien pète-cul de la doctorante Irène Pereira L’Anarchisme dans les textes (Textuel) n’est pas non plus sans mérites (les textes couillus de César de Paepe, Joseph Déjacque, Georges Palante). Seulement, on n’y fait absolument aucune vraie découverte.

On retrouve Irène Pereira, que j’imagine, rien qu’à son nom, assez bandante, dans Philosophie et anarchisme de l’Atelier de création libertaire (ACL) de Lyon aux côtés de sympathiques experts en révoltes noires et rouges, Alain Thévenet, Daniel Colson, Vivien García, Ronald Creagh, mieux inspirés d’habitude. Fichtrement scolastiques, leurs propos tournent vite en brouet d’andouille.

L’autre ACL orchestré par Mimmo Pucciarelli, Engagement libertaire et organisations anarchistes, m’a plus convaincu. On y interviewe en profondeur de vaillants baroudeurs anarcho-syndicalistes, Laurent Fouillard de la Fédération anarchiste et Jean-Louis Phan-Van de la Confederación nacional del Trabajo sur laquelle on apprend l’essentiel dans 1910 Naissance de la CNT traduit de l’espagnol et commenté par Miguel Chueca (éd. CNT RP comme il se doit).

Chez ACL encore, Être anarchiste oblige ! décrit un autre parcours captivant, celui d’André Bernard, réfractaire en 1954 aux mauvaises influences (l’armée, l’école, sa famille), adepte aujourd’hui de la désobéissance civile imaginative.

Barricades à Barcelone d’Agustin Guillamón (éd. Spartacus)

Un reportage à chaud embrasant sur les anars ibériques qui, entre 1936 et 1937, durent se bagarrer à la fois contre les putschistes franquistes massacrant les révolutionnaires, contre les anarchistes de gouvernement pactisant avec le nationalisme social-démocrate régnant alors et contre les anti-fascistes staliniens soucieux de militariser les colonnes de guerrilleros libertaires crachant sur les grades, les honneurs, la discipline.

Les pétroleuses, en ces temps-là, ne furent pas à la traîne. « Les mujeres libres » mobilisèrent plus de 20 000 sœurs d’armes qui, tout en guerroyant pour l’autonomie des femmes en tout domaine, rejoignirent les columnas anarchistes. La féministe américaine Martha A. Ackelsberg détaille leur offensive dans La Vie sera mille fois plus belle estampillée ACL.

Marx théoricien de l’anarchisme de Maximilien Rubel (éd. Entremonde)

Il est bien connu que, pendant l’épopée de la Première Internationale, Karl Marx ne recula devant aucune grosse crasse pour discréditer les conjurés bakouniniens. Ce qui contribua pas mal à faire du barbu venimeux l’incarnation-même du socialisme autoritaire. L’hyperlucide marxologue Rubel met les choses au point. Oui, Marx fut souvent mauvais comme une teigne dans ses rapports avec ses petits camarades. C’est à lui néanmoins qu’on doit les premiers écrits-clé sur « l’anarchisme compris tout à la fois comme mouvement d’autolibération des esclaves modernes et comme projet de construction de la communauté humaine libérée du capital et de l’État ».

Quelques autres titres pour terminer car je ne peux quand même pas vous quitter sur un éloge de Karl Marx, moi qui lui cherche des poux depuis presque un demi-siècle.

Frigoussé par un des quatre écrivains cambodgiens (sur 200 !) à n’avoir pas été zigouillé par les khmers rouges, napalmé par les trois guerres de l’Indochine qui lui servent de toile de fond, l’incandescent roman autobiographique nihilisto-bouddhiste de Soth Polin, L’Anarchiste (éd. de la Table ronde), n’a strictement rien à voir avec l’anarchisme. Que ne lui a t-on laissé le titre de sa première version : « Sans pitié, les fesses en arrière ! »

Édité par le cher Jean-Paul Rocher, que je bécote, La Tentation anarchique de Philippe Pichon est sous-titré « Lettre ouverte à Julien Coupat ». Après avoir reconnu que le jeune desperado générait un « désordre utile », le « poète et flic » (sic !) Pichon n’arrête plus de lui tapoter paternalistement sur les doigts avec une règle à calculer en lui reprochant de ne pas personnifier un « vrai anarchisme solidaire » qui se vivrait pour bien faire dans un « État impartial, moderne, s’efforçant de dire et de réaliser le juste comme vérité », et n’oubliant jamais que « la violence est le pire gardien de nuit ».

Il me faut sur ce porter un toast à des « anarchistes solidaires » comme je les entends, moi.

Yannis Youlountas d’abord dont les éditions libertaires publient deux régalants crapouillots. Doté d’une couverture aphrodisiaque dessinée par Bob Siné, Derrière les mots s’offre le luxe de réinventer friponnement le Larousse. « Baptême : promesse de vente. » « Lapin : cobaye qui a servi à tester, en format réduit, les futures cités HLM » « Christianisme : religion qui professe de vivre comme si l’on était déjà mort ». Tandis que Paroles de murs athéniens nous balance dans les coquillards plein de splendides appels à l’insurrection gribouillés tout ces temps-ci sur les murs grecs : « Si vous voulez nous empêcher de rêver, nous vous empêcherons de dormir. » « Une société qui abolit toute aventure fait de l’abolition de cette société la seule aventure possible. » (Malatesta)

Mon second toast, je le porte aux trois revues anars à parution irrégulière les plus craquantes. À savoir :

À contretemps (a-contretemps@wanadoo.fr), une inouïe mine d’orgasmes pour les passionnés d’histoire de la subversion corsée. Leur dernier dossier (février 2012) est axé sur André Prudhommeaux, un des gnasses qui a le mieux capté ce qu’ont été la Commune de Berlin en 1918-1919 et la Catalogne en pétard en 1936-1937.

Et puis Réfractions (refractions.plusloin.org), le baromètre des prises de positions des anars du jour. Sous le titre Libres. De quelle liberté ?, le numéro d’automne 2011, après avoir réduit en cannelle la conception libérale de la liberté dans la contrainte, explore les multiples manières d’envoyer dinguer aujourd’hui les jougs de toute farine, par exemple, en Espagne, en Tunisie, en Grèce. À partir de sources diversifiées (Proudhon, Bakounine, Archinov, Castoriadis ou alors le gonflant Spinoza qu’il est devenu difficile de ne pas imaginer avec la tête de bréviaire de Philippe Val), un seul objectif : l’émancipation totale. Parmi les fers de lance du périple : les incisifs Eduardo Columbo, Tomas Ibenez, Edouard Jourdain et même Irène Pereira (ça y est, je rebande) à qui l’ambiance de « Réfractions » semble réussir.

Le troisième canard à la santé duquel je trinque, c’est Amer (http://zamdatala.net) qui n’a aucun mal à se placer à la tête des meilleures revues rentre-dedans de la décennie puisque, pourvu du don de ressusciter les morts, il compte, entre autres, parmi ses collaborateurs de choc Octave Mirbeau, Rachilde, Jules Jouy, Le père Peinard, Rémy de Gourmont et Friedrich Nietzsche.

Je parachèverai le mois prochain ce petit panorama subjectif avec une branlée d’ouvrages récents consacrés à des figures de proue de l’anarchisme : Sacco et Vanzetti, les frères Reclus, Louise Michel, Joseph Déjacque, Lucien Descaves, Malatesta, Kropotkine, Mirbeau, Chomsky, etc.

 

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9 avril 2012 1 09 /04 /avril /2012 18:18

lu et recopier  sur le site  OCL

Les Verts et la cité idéale

Façonner l’espace urbain de façon à le rendre gérable et contrôlable par les autorités étatiques est un souci constant des urbanistes et des architectes. L’époque moderne a associé à ces malades de l’ordre et de la gestion les adorateurs des nouvelles technologies. Mais pour que ces apprentis sorciers réunis puissent donner leur pleine mesure, il faut à la fois le feu vert des maîtres de l’économie et du Capital, et l’action décisive de leurs valets, les « politiques ». Et parmi ces derniers les Verts sont candidats aux premières places.

Des villes ubiquitaires, « intelligentes » et écologiques… Une ville prévue pour environ 500 000 habitants est en train de naître en Corée du Sud. U-Songdo-city, qui ouvrira ses portes en 2014, est le plus gros projet de développement urbain entrepris dans le monde. L’objectif affiché par ses concepteurs et ses investisseurs (30 milliards de dollars !) est d’accompagner les futurs habitants de manière « hyperpersonnalisée », de rationaliser chaque tâche et de garantir « bonheur et sécurité à chacun ». Dans ce qui répond au nouveau concept de Ville ubiquitaire, la frontière entre espace public et espace privé disparaît au profit de la santé, de la sécurité et du « bien-être » des individus. Comme il se doit, plus écolo que ce projet, tu meurs ! Pistes cyclables, taxis fluviaux, métro zéro CO2, toits végétaux et panneaux solaires s’intègrent dans une architecture informatique de la ville qui devient aussi importante que son architecture politique. Pour le gouverner, ce territoire sera doté, comme les personnes elles-mêmes, de capteurs reliés en permanence à un ordinateur central, le U-media Center, qui gérera toutes les données pour contrôler l’ensemble des services de la ville.

Plus au sud, en Chine, se construit une ville du même type, Dongtan près de Shanghaï, dont le caractère écologique est davantage encore mis en avant. Au cœur du projet, comme en Corée, les puces RFID qui permettent à tout moment d’emprunter un livre à la bibliothèque ou un vélo dans la rue, de prendre le bus ou le métro, de payer un parking ou un restaurant, etc. Un exemple : vous terminez une canette (consignée afin d’être recyclée !) de Coca. Pour vous en débarrasser, vous la jetez dans un conteneur sélectif prévu à cet effet que vous ne manquerez pas de croiser. Le conteneur, la canette et vous-même êtes incrusté d’une puce RFID contenant une foultitude de données. Au moment où vous jetez la canette, ces dernières sont transmises à un ordinateur central. Si bien que si vous avez mis la canette au bon endroit, votre compte sera crédité immédiatement de la valeur de la consigne. Mais si vous vous êtes trompé de bac, c’est une amende qui sera défalquée. On n’a rien sans rien !

Ce serait une erreur de penser que ces projets en cours de réalisation n’existent que dans une lointaine Asie adoratrice des nouvelles technologies, ou encore dans une Californie écolo-high-tech. Ce rêve de fusion organique et d’harmonie informatisée entre une ville et ses habitants, on le trouve aussi en France, paré encore plus clairement de vertus écologiques. Repenser le territoire et l’harmoniser grâce à l’informatique est l’ambition de tous les architectes des villes futures, d’où qu’ils soient. Mais pour que ces projets donnent leur pleine mesure, il faut que des intérêts communs se rencontrent. Ceux des « penseurs » technocrates et autres malades du contrôle, bien entendu. Mais aussi ceux des politiques et des financiers. Autrement dit, il faut que ces « utopies » collent avec la nécessité de faire du profit tout en faisant régner l’ordre. Et c’est bien ce qui se passe actuellement. Aussi bien en Corée qu’à Lille ou à Grenoble, comme nous le verrons, ces projets sont toujours associés à des intérêts économiques supérieurs, ceux du Capital (*), et non aux personnes individuelles elles-mêmes, comme le discours le laisse entendre. Cette imposture ne peut fonctionner que par une médiation sans équivoque et efficace des politiques – et, en Europe, des écologistes en tout premier lieu.

Cela fait longtemps que l’imagination d’Orwell a été dépassée par toutes les possibilités qu’offrent les nouvelles technologies. Parmi celles-ci, les puces RFID permettent de rassembler à l’infini des informations sur tout et n’importe quoi en même temps qu’elles font frétiller les industriels qui y voient des portes grandes ouvertes sur de nouveaux marchés.

Des Verts de Lille… Gérer rationnellement ses habitants est une idée fixe de tous ceux qui sont à la tête d’une métropole. Et, en cela, la communauté urbaine de Lille a pris de l’avance. En 2009, elle décidait d’introduire l’usage des puces RFID dans les cartes de transport en commun, comme nous le rapporte la réjouissante brochure L’Enfer Vert – Projet pavé de bonnes intentions – Ce que nous réservent les écolo-technocrates à partir du cas de Lille Métropole (Tomjo 2011, Badaboum éditions, 14 rue des Tours à Lille), de laquelle beaucoup des informations qui suivent ont été tirées.

En 2010, le pôle numérique régional du Pas-de-Calais lance l’Urban Web Project (UWP) avec le double objectif de faire naître de nouveaux services destinés aux usagers de la ville, et de stimuler l’innovation et l’expérimentation par les entreprises de la filière TIC (technologie de l’information et de la communication) que son pilote, le fringant chargé de mission depuis 2008 Alexandre Desrousseaux nomme « démocratie territoriale » au service d’« une citoyenneté plus participative ». Cette « gestion rationnelle des populations » s’est ensuite vite précisée, il s’est agi d’équiper chaque habitant d’une carte de vie quotidienne dotée d’une puce dite « sans contact ».

Ce projet génial n’est pas sorti du crâne d’œuf d’un Guéant ou d’un membre du FN, mais bien du cerveau de ceux que l’on peut appeler les socio-technocrates du PS et les écolo-technocrates d’EELV. Parmi ces derniers, deux personnages peu connus dans l’hexagone sont à la pointe du flicage généralisé à Lille : Dominique Plancke (élu aux transports de Lille Métropole) et Eric Quiquet (président de la commission transports du conseil régional). Le premier est conseiller régional du Nord-Pas-de-Calais. Il a un passé militant chez les Verts comme faucheur volontaire (condamné en 2008) ou bloqueur de train de déchets nucléaires. Conseiller municipal de Lille et adjoint au maire entre 1989 et 1993, il s’est occupé de Lille Métropole communauté urbaine pendant dix ans depuis 2001. Il est maintenant président du CEDIS (Centre d’écodéveloppement et d’initiative sociale qui siège chez Voynet, à Montreuil, et qui est financé par l’Etat), un cache-sexe pour ce qui n’est que le centre de formation des élus verts où il a piqué la place de… Jean-Vincent Placé (voir plus bas). Titulaire, comme il se doit, d’un DESS « collectivités locales », il transmet aux jeunes loups du Parti fraîchement élus son savoir-faire en matière de gestion municipale, un élément essentiel pour l’ancrage de la formation écologiste.

Le second (dit Riquiquet) est, lui, un véritable professionnel de l’écologie de bureau de la jeune garde écolo-gestionnaire. Il débute sa carrière au cabinet de Marie-Christine Blandin, présidente du conseil régional du Nord-Pas-de-Calais (1992- 1998). En 2001, il est élu à la mairie et à la communauté urbaine où il occupe depuis la fonction de vice-président aux transports et est deuxième adjoint au maire de Lille. Tête de liste des Verts aux municipales de 2008, c’est le grand promoteur des puces RFID dans les transports publics. Sa connivence avec Alex Türk, un politicien local de droite lui a favorablement balisé le terrain puisque ce dernier était le président de la Commission nationale informatique et libertés (CNIL). Pas de souci pour Riquiquet de ce côté-là ! Le Türk en question n’est pas connu pour être un farouche protecteur de la « vie privée ». Il a été nominé à plusieurs reprises aux Big Brother Awards pour l’ensemble de son œuvre en faveur du contrôle des citoyens et comme fossoyeur des libertés individuelles.

S’il s’agit, pour Quiquet, de gérer avant tout les flux dans le métro, il fait de sa mission une lecture beaucoup plus étendue en prenant aussi en charge les « incivilités ». Il a fait mettre en place un « dispositif humain de prévention-médiation » de 500 « agents » en contrat d’insertion. Payés pour être là avec leur tenue orange, ils « sécurisent ». Il a fait installer ensuite 1 200 caméras dans les couloirs du métro et, cerise sur le gâteau, il inaugure la mise sur écoute des voyageurs dans les rames. Quand Quiquet officie dans le métro, Plancke, lui, s’occupe du train en équipant les voyageurs de cette même carte avec les mêmes obsessions.

Parmi les arguments avancés pour promouvoir ce dispositif, on trouve aussi en bonne place la gestion de la fraude (l’exploitant des transports en commun lillois, Transpole, est propriété de Veolia qui possède un « fichier des fausses identités » ainsi que la liste des fraudeurs plus ou moins réguliers et des « clients » mauvais payeurs). Avec RFID, chaque contrôleur pourra savoir si, à un moment précis lors d’un contrôle, vous êtes sur votre parcours habituel entre domicile et boulot et à la bonne heure, ou si au contraire, pour une raison qui pourrait être louche, vous vous trouvez en dehors des clous. Il existera en outre un délicieux « compteur de courtoisie » qui fera immédiatement apparaître le nombre de fois où vous avez été en infraction et avec quel degré de gravité.

Evidemment, tout cela s’habille d’un souci de développement du transport vert – entendez sans bagnoles – et d’un discours sur le « vivre ensemble » permettant à la fois le contrôle de la « loyauté sociale » (entendez la traque les « incivilités », mot bobo lui-même « néo » pour désigner la délinquance) et la collecte des données destinées à adapter l’offre à une demande personnalisée de chaque usager. L’avant-gardisme technophile des Verts nous donne un avant-goût concret de la «  Ville ubiquitaire » à la française, de leur Urban Web Project, de la « France augmentée », comme ils disent : elle sera fluide et sous contrôle (cool mais hard, souple mais rigide…). C’est que nos écolos gestionnaires savent manier la langue de bois même sur le terrain social. Lors d’une grève des transports en commun suite à une agression de salariés, Quiquet a su caresser tout le monde dans le sens du poil en déclarant «  faire confiance à l’intelligence collective des salariés et de la direction de Transpole pour faire redémarrer la machine quand il le faudra ». Qu’exploiteurs et exploités s’entendent grâce à leur intelligence, quoi ! Martine Aubry possède là un futur ministre du Travail !

Nous pourrions continuer des pages entières sur ce laboratoire en taille réelle qu’est l’agglomération lilloise, mais ce serait donner trop d’importance à ce qui n’est qu’un exemple, et laisser entendre qu’il ne s’agit que d’une exception d’avant-garde dans le paysage de la gestion de gauche et écolo des villes.

L’obsession d’un bureaucrate, c’est la gestion… Le rêve saint-simonien de passer du gouvernement des personnes à l’administration des choses a irrigué les projet socialistes de toutes les tendances, autoritaires comme anti-autoritaires. Seulement voilà, la plupart de ces doctrines avaient sous-estimé, voire ignoré, un phénomène que la Révolution russe a fait émerger : la bureaucratie. Cette dernière s’appuie sur le précepte saint-simonien, mais en transformant les personnes en choses. C’est ainsi que le bureaucrate, toujours de bonne foi, peut s’imaginer ou faire croire qu’il ne fait que gérer des choses pour le plus grand bien des personnes humaines devenues inexistantes. Le vieux Gorz, pourtant passablement réformiste, avait déjà pressenti que pour cet exercice-là l’écologie pouvait être d’un grand secours : « Les limites nécessaires à la préservation de la vie seront calculées et planifiées centralement par des ingénieurs écologistes,, et la production programmée d’un milieu de vie optimal sera confiée à des institutions centralisées et à des techniques lourdes. C’est l’option technofasciste, sur la voie de laquelle nous sommes déjà plus qu’à moitié engagés  » (Ecologie et liberté, André Gorz, 1977, éd. Galilée).

Si les U-villes en construction ne sont pas une spécificité asiatique, la montée d’une nouvelle génération de bureaucrates verts impliqués dans une vision orwellienne de la ville n’est pas seulement hexagonale.

… Aux Grünen d’Allemagne En mai 2011, pour la première fois dans l’histoire de l’Allemagne, un Vert, Winfried Kretschmann, est élu à une présidence régionale, celle de la région la plus riche du pays, le Bade-Wurtemberg. Le nouvel élu se déclare « ni de droite ni de gauche », mais affirme quand même partager l’orientation « modérée et centriste » du chef local de la… CDU d’Angela Merkel. Ce cousinage avec la droite traditionnelle peut étonner le lecteur français ; elle n’est, en Allemagne, qu’un cas de figure très banal. A Berlin, le leader de la CDU estime qu’il a suffisamment de points communs avec les Verts pour bâtir un « projet de gouvernement ». Mais si, depuis vingt-cinq ans, les Verts ont accumulé une longue série de coparticipations aux différents pouvoirs (y compris fédéral, de 1998 à 2005, avec Gerhard Schröder – SPD), c’est le cas de Hambourg qui est exemplaire à plus d’un titre. Il illustre à la fois l’inévitable montée des apparatchiks dans tout parti qui fait de la multiplication des élus un objectif primordial, et le chemin qui conduit les « réalistes de la gestion » de l’écologie à visage rural, des AMAP, des sandales et des barbes non taillées, au rêve de la planification urbaine, chemise ouverte mais pas débraillée.

Après avoir participé à une coalition « rouge-verte » avec le SPD de 1997 à 2001, les Grünen reviennent aux affaires municipales dans une autre coalition dite « noire-verte » avec la CDU, de 2008 à 2010. Ecrasée en 2011, la droite laisse le pouvoir à un SPD disposant d’une majorité absolue sans les Verts qui,, s’étant maintenus au même niveau, continuent de faire leur miel de leur proximité avec le pouvoir. Leur gestion commune avec la droite a nourri le lyrisme du chef de la CDU locale, G. Jaecke : « Etre Verts, c’est avoir le goût de la vie et c’est une valeur que nous partageons. Nous avons le même souci du lendemain : nous, dans le sens chrétien du respect de la vie, et eux, dans le sens plus moderne du développement durable. C’est pourquoi la nécessité d’une politique économique équilibrée est mieux reconnue par les Verts que par le SPD. » Amen ! Au début de leur législature, Verts et CDU se sont entendus pour répondre à la crise financière qui pointait le nez en restreignant les dépenses publiques et en majorant le prix de nombreux services sociaux, comme les crèches, mais surtout en injectant 1,5 milliard d’euros dans les caisses de HSH Nordbank et dans celles du groupe maritime Hapag-Lyoyd. Comme l’a dit M. Jaecke : « Il fallait restaurer un climat de confiance, les Verts l’ont très bien compris. » Nous avons là l’illustration de ce que Jutta Ditfurth, une cofondatrice des Verts et présidente du groupe parlementaire jusqu’en 1991, affirmait en quittant le parti la même année, qu’il était devenu un « parti libéral à vélo ».

Katharina Fegebank, la toute jeune Verte du Parlement hambourgeois, n’a pas ces états d’âme. Elle déclare : « Les questions de sécurité intérieure étaient aux mains de nos alliés conservateurs, mais il n’y a pas eu de problème. » M. Jaecke confirme : « Nous avions des positions plutôt strictes en matière d’ordre public mais, après examen, les Verts les ont parfaitement acceptées. » Pas étonnant alors qu’une partie des électeurs bourgeois qui forment la base de la CDU soient aujourd’hui tentés par le vote vert, nous dit Olivier Cyran dans son article « Dans le laboratoire de l’écolo-bourgeoisie » paru dans Le Monde diplomatique d’août 2011, et dont beaucoup d’informations sur l’Allemagne contenues dans cet article sont tirées. Et il souligne que le nombre de voix engrangées par les Verts dans les quartiers populaires est bien moins élevé que dans les quartiers cossus. Il faut dire qu’un dispositif nommé Hartz (du nom de son concepteur, directeur des ressources humaines chez Volkswagen et homme de gauche) a élaboré une réforme du marché du travail sous la mandature de Gerhard Schröder, au début du siècle, à laquelle les Verts étaient associés. Sans entrer dans les détails, c’est un calque avant la lettre des mesures préconisées récemment par Sarkozy en France : renforcer la lutte contre le chômage volontaire, obliger les chômeurs à accepter n’importe quel emploi au plus vite, bref substituer à l’assistanat un salariat sans salaire. Le dispositif s’affine d’année en année jusqu’à récemment fusionner les allocations chômage et les aides sociales tout en obligeant les allocataires à accepter ce qu’on appelle les « jobs à un euro » et à déménager si le logement est jugé trop onéreux… Un quotidien conservateur a qualifié ces mesures de « coupe la plus drastique dans les aides sociales depuis 1949 ».

En 2001, Hambourg fut élue « capitale européenne de l’environnement ». La double participation des Verts aux affaires municipales (une première fois avec le SPD, une seconde avec la CDU) n’y est pas pour rien. C’est en effet grâce à eux que de formidables réalisations ont pu voir le jour ! Ainsi, à Hafen-city (les nouveaux projets de par le monde s’appellent toujours « city » quelque chose), un nouveau quartier pour riches sorti de rien, ils ont obtenu que les noms de rue respectent la parité homme/femme ! Les constructions utilisent des normes environnementales de haut niveau et sont « très créatives » : « Je trouve ça génial pour l’image de la ville », s’enthousiasme K. Fagebank. « Même si les prix sont exorbitants, nous prévient Anja Hajduk, députée verte au Bundestag de 2002 à 2008, ce qui nous importait quand nous étions au gouvernement [de Hambourg], c’était d’obtenir la garantie que le quartier soit ouvert à tous les habitants de la ville, qu’ils puissent venir s’y promener. » Une belle conquête, n’est-il pas ? Plus fort encore : la tour Unilever, le roi de la cosmétique et de l’agro-alimentaire, qui est un modèle écologique équipé d’ampoules à basse tension et d’un système de récupération de la chaleur, ce dont les écolos se félicitent, eh bien figurez-vous que les Verts ont obtenu en plus que « le rez-de-chaussée de la ville soit… ouvert au public » ! On reste confondu par une telle arrogance qui ne relève qu’accessoirement d’un programme politique erroné ou d’une trahison quelconque. Il s’agit pour l’essentiel d’une orientation intrinsèquement liée à une appartenance de classe qui n’a plus comme vision du monde que celle de sa propre place de moyenne bourgeoisie intellectuelle satisfaite et vertueuse au sein d’un système capitaliste qu’elle sert servilement.

Partout dans l’hexagone Lorsque Norbert Hackbusch, qui a quitté les Grûnen, écrit à propos de Mme Hajduk : « Elle est une représentante typique de ces nouveaux Verts qui ont le vent en poupe dans tout le pays, des gestionnaires pragmatiques, dépourvus de passion et totalement indifférents aux questions sociales », on a l’impression de lire une description des nouveaux militants EELV en France (sauf en ce qui concerne le vent en poupe, qui fut mais ne semble plus être !). Nous pourrions citer, outre nos deux Lillois dont il a été question plus haut, Jean-Vincent Placé en ce qu’il rassemble à merveille tout ce qui les caractérise. Voilà un quadragénaire, devenu sénateur en 2011, qui ne s’est guère embarrassé dans sa jeunesse de militantisme à la base. C’est un parfait apparatchik carriériste. Au sortir de ses études de droit bancaire et d’économie, il trouve du taf comme assistant parlementaire puis comme chef de cabinet de Michel Crépeau. Bien entendu, il adhère au Parti radical de gauche dirigé par ce dernier. Hélas, Crépeau casse sa pipe. Placé ne fait ni une ni deux et quitte le vieux parti pour adhérer en 2001 aux Verts qui lui semblent avoir plus d’avenir. Il n’a que 32 ans et déjà une longue carrière de politicien derrière lui. En 2002, il devient membre du secrétariat exécutif des Verts. C’est que l’homme grimpe vite. Conseiller régional d’Ile-de-France, il cumule des fonctions qui en font un personnage clé dans toutes les négociations menées par le parti. Il a parfaitement compris qu’il n’est guère de formation politique où on peut grimper aussi vite et aussi jeune dans la hiérarchie. Conseiller politique de Cécile Duflot, il négocie l’accord avec le PS, en 2011, qui fait passer sous la table la question du nucléaire. Gageons que si le parti décline, il ira vite voir ailleurs si ses ambitions peuvent s’exprimer plus efficacement. A noter également que Cécile Duflot, diplômée de l’Essec, est… urbaniste. La gestion de la ville l’intéresse davantage que de se cailler les miches dans des actions antinucléaires ou anti-LGV. C’est une rapide, elle aussi : elle adhère en 2001 et, dès janvier 2003, elle est élue au collège exécutif, puis devient secrétaire nationale en 2006. A eux deux, ils tiennent fermement en main Europe Ecologie-Les Verts (dont les relais médiatiques sont infiniment supérieurs au nombre réel de militants). Le tandem voit loin et verrouille comme il peut l’appareil, dans l’optique d’une candidature à la mairie de Paris, puis à la présidence de la République en 2017 pour l’une et d’un poste de ministre de l’Intérieur dans un gouvernement de gauche pour l’autre… à moins que le score à la prochaine présidentielle ne les amène à changer de crémerie où de stratégie.

De toutes les façons, quel que soit l’avenir électoral d’EELV, cette nouvelle génération d’écolos technocrates est déjà solidement ancrée dans les lieux de pouvoir et de décision, principalement dans la gestion urbaine et l’utilisation des nouvelles technologies. Une génération qui est une « ressource humaine » indispensable dans un système capitaliste qui mise sur le développement écologique pour rebondir et asseoir plus encore sa domination sur nos vie et notre monde.

A Grenoble, ville depuis longtemps consacrée et dévouée aux nouvelles technologies appliquées à la gestion urbaine s’il en est, les Verts ont voté, avec les socialistes, l’implantation de Minatec, un centre industriel de recherche sur les nanotechnologies. 2 400 chercheurs, 1 200 étudiants, et 600 industriels et spécialistes du transfert technologiques sont regroupés sur 20 hectares. Dans l’une de ses branches, le Leti, on traque la moindre application possible de l’introduction de micros et de puces RFID dans tous les matériaux possibles et imaginables, y compris humain bien sûr. Pas trace au Leti du moindre questionnement sur l’utilité réelle de ses brevets, le seul objectif est la commercialisation quels que soient les domaines. Si, pour Rabelais, la science sans conscience n’était que ruine de l’âme, elle n’est, pour le Leti et ses supports écologistes, qu’enrichissement pour les industriels !

Nanotechnologies mais aussi macroprojets fascinent nos élus verts high-tech : Il se déclarent contents parce que la ligne LGV Lyon-Turin qui a été décidée « est avant tout une victoire pour le parti des Verts qui a milité pendant vingt ans pour sa réalisation ». Quant au fait que la contestation italienne du projet soit aussi le fait de leurs homologues transalpins, « il ne s’agit là que d’un défaut de communication ». Autrement dit, les habitants du Val Susa n’ont pas compris l’intérêt qu’ils auraient à voir passer 300 trains chaque jour (voir le blog du collectif de lutte contre Notre-Dame-des-Landes). Quant au projet d’aéroport nantais, il ne suscite plus de leur part qu’une volonté de débat. Leur détermination à rester aux commandes de la ville de Nantes avec le PS pèse d’un poids plus lourd qu’une opposition déterminée, d’autant que son maire, Jean-Marc Ayrault, aimerait faire aussi bien que Lille et que Martine Aubry en matière d’aménagement urbain. Il y a là pour nos jeunes écolos des places à prendre pour l’avenir. Ce n’est pas le jeune loup local François Goullet de Rugy qui dira le contraire, lui qui, comme il se doit là encore, fut à 27 ans adjoint au maire de Nantes, chargé de mission sur les… transports et député depuis 2007.

Rappelons qu’un peu plus au sud, en PACA, les élus verts se sont prononcés en faveur du futur réacteur nucléaire à fusion froide, l’ITER… en échange de mesures de soutien aux énergie renouvelables. Tout comme à Paris ils participent à la mise en place des Vélibs… financés par JC Decaux.

La disparition progressive de l’engagement sur ce qui pouvait apparaître comme des fondamentaux (le nucléaire, les grands projets) s’est opérée au profit d’un intérêt grandissant pour les questions de gestion de la ville mêlant les problématiques sécuritaires et les technologies nouvelles. C’est à la fois la meilleure garantie d’un avenir ancré dans les conseils municipaux, généraux et régionaux, et le débouché naturel de la première génération issue des filières environnementales créées dans l’université et qui ne rêvent que de faire leur trou dans les nouveaux postes de chargés de mission ou de conseillers techniques qui ont fleuri ces dernières années dans tous les secteurs de l’aménagement du territoire. Ce processus s’est engagé progressivement dès 1997, lorsque D. Voynet était ministre ; il s’est poursuivi par une victoire relative aux municipales de 2001. Dès lors le parti est devenu un parti d’élus, comme le fut jadis celui des radicaux-socialistes. Au sommet, des écolos technocrates et bureaucrates aux dents longues, et, en dessous, de multiples « petits élus locaux » naviguant à vue pour conserver leur parcelle de micro-notoriété. Et pour ce faire il fallait bien sacrifier l’écologie de papa ruralisante des communautés et des petites fleurs (nous ne la regretterons qu’à moitié !). Mais exit aussi toute préoccupation sociale, et là c’est dommage… pour le parti qui est en train de le payer électoralement (ce qui est réjouissant !).

Jpd

(*) Ainsi, Songdo-city est programmée pour être une zone franche qui favorisera l’installation de pôles de recherche et de technologies du futur. Les sommes colossales investies seront donc vite rentabilisées pour le plus grand profit des multinationales.

RFID (Radio Frequency Identification) : il s’agit d’une méthode pour recueillir et mémoriser toutes sortes de données par le biais de marqueurs incorporés dans n’importe quel objet ou être vivant. L’objectif est d’établir une interactivité entre le porteur et un ou des récepteurs centraux qui lisent les données fournies par le marqueur afin de répondre à différents types de demandes ou de besoins (ouverture d’une porte, assistance médicale, objet ou être humain perdu, recherche et enquête policière, localisation d’un service quelconque, etc.).

U-Ville (Ubiquitous) Ville ubiquitaire : Etre partout en même temps ! Le rêve totalitaire de l’Homme devenu Dieu. Pas un recoin de votre vie douteuse, pas une de ces pensées sales que vous tenez secrètes n’échappe à Dieu. Mais, comme on le sait, Dieu est mort et les candidats à sa succession ne manquent pas. Parmi eux, bureaucrates et technophiles s’entendent comme larrons en foire et rivalisent de projets, d’autant plus facilement que le retour au puritanisme, qui est une marque de notre temps, élève au pinacle la « transparence », pourchasse les zones d’ombre, et déteste que la frontière entre le bien et le mal ne soit pas suffisamment nette, bref refuse… l’ambiguïté.

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5 avril 2012 4 05 /04 /avril /2012 09:23

lu sur le blog même pas peur

Balade anti- électorale à Grenoble
"Le samedi 31 mars, aux alentours de midi, nous avons joyeusement déambulé dans les rues de Grenoble contre les élections et leur monde. Sur notre chemin, en ont pris pour leur grade : le Dauphiné Libéré, la nouvelle permanence PS, Pôle Emploi, banques, agences d’intérim, d’immobilier et de sécurité. C’est à coup d’huile de vidange, de peinture, de compost et de fruits pourris que nous avons redécoré les devantures de nos cibles. Un texte a été diffusé durant la balade, que nous postons à la suite.

A cinquante, il est possible de reprendre la rue l’espace de quelques minutes. Et si on s’y mettait à plus ?

Pas d’élections sans bordel ; à bientôt dans la rue !

[TEXTE] Pourquoi sommes nous dans la rue aujourd’hui ?

A quelques semaines du premier tour des élections présidentielles, au moment où les candidats de gauche comme de droite examinent les derniers sondages, nous sortons dans la rue pour réaffirmer que nous n’irons pas voter. Nous n’irons pas voter pour ces spécialistes de la politique qui prétendent pouvoir gérer la vie de millions de gens ; nous n’irons pas voter car nous refusons le monde qu’ils nous proposent, enfin nous n’irons pas voter car notre imagination et nos désirs débordent de leurs bulletins de vote. La démocratie représentative n’est qu’une instance de gestion de la société ! Nous voulons vivre et pour cela nous pensons qu’il est primordial de reprendre en mains nos existence, commencer donc par refuser de déléguer. Nous voulons un changement global de ce monde ; décider de notre avenir ne peut être le fait d’un programme de parti, cela doit être le fruit d’une organisation collective à la base, en luttant contre toutes les formes de pouvoirs et de contrôle. Nous ne croyons pas en une insurrection civique, car l’histoire nous l’a montré, on ne peut utiliser les instruments du pouvoir pour le renverser. Il faut pour cela lutter concrètement en s’organisant collectivement. S’organiser contre les partis, de gauche comme de droite, qui ne voient dans la démocratie représentative qu’une manière de s’approprier le pouvoir. Ces experts qui veulent nous faire croire que la politique se joue dans des salles de réunions et des bureaux de vote, alors qu’elle n’existe que réellement dans la palabre et le vivre ensemble. Laissons les patauger dans leurs sondages, et reprenons notre droit à décider dans nos villages, nos quartiers, les écoles et les entreprises... S’organiser contre le travail présenté comme seul horizon, comme seul épanouissement d’une vie sans surprise. Le travail comme seul rapport au monde, comme seul rapport aux autres. Nous devons nous réapproprier et mettre en commun nos compétences et nos savoirs faire, pour ne plus les laisser aux exigences de la marchandise et du contrôle. Ne plus accepter que toujours plus de gens soient obligés d’aller taper à la porte d’un pôle emploi, soumis à des boulots de merde qu’il faut bien accepter pour ne pas être rallier, pour toucher cette thune par laquelle ils nous font marcher droit. Parce que oui, la réalité de ceux et celles qui n’ont pas de travail c’est bien souvent la misère économique, mais aussi sociale et affective. Finalement une dépendance toujours plus accrue au système responsable de cela : quand t’as pas de thunes tu t’accroches au moindre billet. Les discours actuelles sur la crise, présents dans la bouche des politiques, et relayés par tous les médias dominants, veulent nous faire croire que l’on traverse une période difficile, mais que l’on doit rester confiant dans le relance de la croissance, que ça ira mieux demain ! Mais nous avons compris que la crise n’est qu’une phase normale du fonctionnement normal de l’économie capitaliste. Une phase de plus dans laquelle les plus pauvres trinquent sévèrement pendant que les grosses fortunes réalisent des records de bénéfices. La crise n’est finalement qu’une façon supplémentaire de nous contraindre au silence, à l ’attente, au calme, à être « responsable ». Années de plomb ou années à fric qu’importe, nous refusons que nos existences vacillent au gré des fluctuations d’un capitalisme mondiale. Pour mettre à bas ce système, il nous faut désormais nous organiser sans argent ou plutôt contre l’argent, car il est la source majeur de notre malheur. Nous devons donc développer les solidarités, les combines et les pratiques qui puissent permettent en fin de compte de rendre les dispositifs de domination obsolètes. Cela veut dire se poser de manière commune certaines questions. Celle de la nourriture par exemple, pour ne plus être dépendant d’une agriculture productiviste et d’une bouffe de plus en plus industrielle. Mais c’est aussi la question du logement ; retrouver la possibilité d’habiter un espace qui nous convienne, nous ne voulons plus choisir entre la rue et un appart pourri. Nous refusons de croire que la vie la plus épanouissante se joue entre les quatre murs d’un trois pièces, dans une propriété aseptisée au sein d’un quartier sans âme. Pour faire accepter les cadres et mater les colères, toutes les formes de pouvoir, et nos « démocraties » ne sont pas en reste en la matière, s’entourent de vigiles, de policiers, de militaires... et aujourd’hui grâce à l’apport des nouvelles technologies, ce sont les caméras, les puces RFID... autant de possibilités de contrainte. Mais notre meilleure police c’est nous même, c’est notre façon d’accepter le « moins pire des mondes » et d’être prêt à le défendre même lorsqu’il nous broie. Il est grand temps de retrouver ensemble le courage de le combattre.

Le monde capitaliste se craquelle de part en part, les peuples du monde entier refusent de courber l’échine sans rien dire, mais il ne tombera pas seul ! S’organiser pour renverser ce système ne passera pas par les urnes, mais dans la pratique collective : dans les mouvements sociaux, dans les luttes en tous genre, dans les assemblées et dans la rue. Nous devons rendre présents tous ces gestes, les multiplier et les faire résonner entre eux jusqu’à ce qu’ils débordent..."



http://grenoble.indymedia.org/2012-04-02-balade-anti-electorale-a-Grenoble
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4 avril 2012 3 04 /04 /avril /2012 09:38

En écho à certaines luttes actuelles de réappropriation du territoire par des anti capitalistes

L’écologie : consolidation ou fragilisation du capitalisme ? »

Dans la visée d’une analyse de la pertinence politique de l’écologie, on pourrait distinguer deux attitudes critiques, divergentes dans la méthode. L’une consisterait à partir de ce fait : la récupération massive de l’écologie par le capitalisme en disqualifierait nécessairement la pertinence politique : si elle se fait récupérer à ce point, c’est que l’écologie elle-même contient ce qui la rend adéquate à l’économie capitaliste. Or, on ne peut prétendre éclairer ce qu’est réellement l’écologie en la collant d’emblée au type d’utilisation qu’en font le capitalisme et les partis qui s’en réclament. C’est là un vice de méthode rédhibitoire qui prend pour acquis ce qui justement doit être mis en question : est-ce bien d’écologie dont le capitalisme nous parle ? Ce genre d’analyses, fréquentes aujourd’hui, font de l’« écologisme » le nouvel ennemi des partisans d’un changement politique radical.

À cette méthode, qui n’analyse pas les potentialités politiques et conflictuelles de l’écologie, s’oppose une autre méthode, une autre disposition subjective, celle que j’ai essayé d’adopter dans ce texte, que l’on qualifiera de « pragmatiste » : attitude où il s’agit, non pas de dire ce qui est, mais de saisir dans l’expérience les choses se faisant, les lignes de tensions, les possibilités -c’est-à-dire aussi l’inattendu- que recèlent une situation. Le présent texte ne consiste donc pas à témoigner fatalement de ce qui est (ou serait : la récupération définitive de l’écologie par le capitalisme vert), mais plutôt à saisir et faire sentir les tendances et les virtualités contenues dans la référence de plus en plus large à l’écologie.

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Nul ne sait ce que peut l’écologie
Le Sabot, N°6, http://lesabotblog.blog-libre.net/

Pour prolonger la lecture, vous pouvez consulter le blog : http://communisme-ecosophique.rev... qui réunit des textes qui touchent, de près ou de loin, à la recherche d’une hybridation entre communisme et écologie.

L’article qui précède a été publié dans le n° 6 du Sabot.

Après de longs mois d’attente, le 6ème numéro du Sabot est enfin disponible ! Nous imaginons combien cette attente a pu être pénible pour les camarades qui nous rangent définitivement dans « le camp des syndicalistes et des démocrates ». Ils ne seront pas déçus.
Quant à ceux qui, de l’autre côté, nous classent dans le camp des hurluberlus et des « totos ». Ils trouveront aussi matière à délectation.
Il va de soi que nous assumons pleinement chacun de ces termes infamants.
Pour tous ceux-là et les autres, on peut trouver dès à présent Le Sabot à Rennes : Au papier Timbré, à La cour des miracles, chez Alphagraph, Planet IO, etc. Mais aussi à Bécherel, au chaudron. A Nantes : librairie vent d’ouest, bar la perle. A Lorient, à Paris,... 60 pages / 3 euros
Contact : le-sabot@no-log.org
Blog : http://lesabotblog.blog-libre.net/

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3 avril 2012 2 03 /04 /avril /2012 13:42
Espace et capital " par Alfredo Bonanno

ESPACE ET DU CAPITAL

Aucune partie de l'espace physique ne peut être isolé de l'interférence du capital, que ce soit dans l'univers ou dans les profondeurs de l'océan, les montagnes ou les rivières, les mers ou les déserts, la grande métropole ou le plus petit, le plus reculé des villages. Toute une série de relations se croisent et se chevauchent : les éléments sans liens apparents sont liés par la matrice commune de l'exploitation. On se fourvoierai encore en tentant d'aller quelque part au loin, en dehors du monde comme on dit, pour y découvrir que les mécanismes du capital continuent de nous atteindre et fonctionnent parfaitement. Cela explique pourquoi nous sommes contre l'écologisme, de même que nous sommes contre toute autre «alternative» et toute proposition qui prétend faire quelque chose contre l'exploitation en isolant une partie de la réalité du reste. Bien sûr, nous partons aussi depuis des points de replis dans nos interventions, mais nous ne nous leurrons pas en croyant que l'on pourrait vraiment attaquer l'ennemi en restant au sein de cette «partie».
Afin de passer à l'attaque, nous devons remédier à la fragmentation (des luttes) qui, à un certain point devient un choix nécessaire, mais est essentiellement une stratégie qui a été imposée à nous par le capital.

Maintenant, le plus grave pillage opéré par l'exploitation, la charge qui a le plus de conséquences, est le vol du temps et de l'espace. Ces deux privations sont substantiellement liées. Le Capital vole notre temps en nous obligeant à travailler et en conditionnant nos vies, en les infestant d'horloges, d'engagements, de délais et ainsi de suite, jusque dans les moindres détails. En volant notre temps, il nous empêche de nous comprendre. Il nous aliène. Sans le temps, nous n'aurions même pas remarqué le vol de l'espace. Nous avons besoin de temps afin de prendre conscience de la présence même de l'espace. Pour penser, pour écouter, pour rêver, pour désirer. En vivant l'espace en termes de distance, de kilomètres à parcourir, de déplacement d'un endroit à l'autre, nous perdons de vue notre relation avec les choses, la nature, le monde entier.

Le Capital nous a volé du temps (car il en avait besoin pour la production) - puis est venu le système du contrôle et de la répression, et, enfin, la généralisation du consensus. Maintenant, nous sommes confrontés à la nécessité de passer à la réappropriation de notre temps et de l'espace. Notre attaque ne peut manquer de causer des dommages et de la ruine. C'est dans la logique des choses, la logique de la guerre de classes. Le projet du pouvoir est global. Il ne peut pas permettre l'existence "d'espaces vides". Notre projet de libération est aussi mondial, pour la raison opposée. Il ne peut pas permettre que des espaces libres n'existent pas. Si nous devions laisser le capital atteindre la domination mondiale à ce niveau, nous serions morts pour de bon.

Heureusement, la route que devra parcourir le pouvoir afin d'achever sa mondialisation est encore longue. Ainsi comme l'espace (et les heures) détournées à un niveau global, le capital est en train de diviser la réalité en deux parties distinctes. Il ne s'agit plus seulement de l'ancienne fragmentation, mais d'une nette séparation, d'un véritable mur, entre inclus et exclus. La première partie sera la garantie d'un état de privilège, de domination, de niveaux élevés de culture, de projectualité et de créativité, et la seconde, une condition de survie, de consensus, de sous-cultures, de résignation ventre à terre, de manque de stimulation et peut-être même de manque de besoins. Dans cette perspective, le Capital et l'Etat exigent une disponibilité totale de l'espace social. Rien ne doit échapper à leurs contrôle.

Et ce n'est pas tout. Le Capital dispose désormais de technologies à sa disposition qui ne lui permettent pas tant la possession de l'espace que sa production réelle. Pensez à sa capacité à communiquer en «temps réel» entre deux points distincts séparés par des milliers de kilomètres de distance. Cela ne veut pas seulement dire changer l'ordre productif (variété, la créativité, les stocks, etc) mais aussi, et surtout, l'ordre humain des relations sociales (qui sont aussi économiques). Donc, le capital est effectivement la production de l'espace sur la base de son projet d'exploitation et de domination. Il transforme et détruit la nature, modifient les villes et les terres, détruit les mers, les rivières et les lacs, en soumettant les distances stellaires à sa logique militariste. L'espace produit de cette manière sert alors à canaliser les individus. Nous nous trouvons donc dans des embouteillages énormes, dans les accélérations le long des autoroutes, debout dans les files d'attente au supermarché. Nous sommes affligés par le chaos de la circulation, les rendez-vous qu'il ne faut pas manquer, les intérêts fictifs qui nous font nous sentir mal, nous obligent à être de manière insensée et perpétuellement en mouvement. Nous nous déplaçons dans des espaces qui ont été programmés pour nous, mais que nous imaginons que nous avons «choisi» nous-mêmes. Nos maisons sont pleines d'objets inutiles et dangereux. L'espace est devenu restreint ou a plutôt changé selon les besoins de la production capitaliste qui a besoin de vendre des télévisions, des réfrigérateurs, des machines à laver, des meubles intégrés dans les cuisines. Alors, presque sans s'en apercevoir, notre temps disparait et notre espace est lui-même la réduction des relations avec des objets qui témoignent de la puissance du capital à nous convaincre. De cette façon, nous sommes éduqués à la répétition. Nous effectuons les mêmes gestes, comme chacun-e sait (mais oublie systématiquement), dans l'antichambre du consensus.

Pour sa part, le capital est obligé de nous prendre l'espace, car il ne peut en laisser aucun disponible pour notre créativité, notre capacité à bricoler toute sorte de choses, notre désir d'innovation (qui est le premier stimulus pour trouver des solutions qui se révèlent être des dotations incroyables de la spontanéité et de la richesse). Si le capital devait laisser un espace à de telles forces individuelles, il ne serait pas en mesure d'atteindre le rythme de répétition qui est indispensable à sa production. Laquelle, nous ne devons pas oublier, ne repose que sur la condition de sa reproduction. Pensez aux efforts (aidés par la technique électronique) que le capital fournit pour réaliser les désirs de chacun-e avec le maximum (centralisée et codifiée) de diversification. Les grands noms de la mode, les chaînes de restauration rapide, la publicité qui met en valeur le goût individuel au sein de la production de masse, ne sont plus que des tentatives pour bloquer les divers chemins qui pourraient encore être parcourues aujourd'hui.

Bien que l'espace qui est produit et reproduit est basé sur le consensus, il contient une quantité considérable d'aspects purement répressifs, dans le sens policier du terme. Réglementer les mouvements dans tous les sens. Les matières premières et les hommes, les idées et les machines, l'argent et les désirs. Tout est coordonné, car tout a été préventivement homogénéisé. Les
différences ne sont pas plus que cela, elles ne sont pas les diversités radicales. Elles ont été réduites au rang des apparences et à ce titre sont louées au plus hauts des cieux comme le règne de la liberté. Ainsi, la stratégie du pouvoir est donc celle de la maîtrise de «tout» l'espace de la même manière qu'il contrôle «tout» le temps. Ce n'est pas seulement une question de contrôle policier, mais surtout de contrôle basé sur le consensus et l'acceptation de modèles de comportement et d'échelles de valeurs qui sont celles des technocrates capitalistes. Que faire ? Aller à la recherche du temps perdu ? Des espaces perdus ? Pas dans le sens d'un voyage nostalgique, de remonter dans le temps. Rien dans la vie ne va vers l'arrière, tout comme rien ne se présente à nouveau d'une manière identique (ou même de manière tout à fait différente).

La vieille relation avec l'espace a laissé le signe d'un lieu physique. Le signe de l'humain et ses choses. Une route, une place, un carrefour, un pays, un fleuve, la mer et le ciel, les bois et les montagnes, étaient dans une relation ouverte avec les individus qui ont su (et voulaient) en être à l'écoute. Et les affinités entre les individus les ont conduit aux mêmes endroits, ont animé leurs sentiments, les ont poussé à l'action et la réflexion. On se retrouvait comme individus, alors que l'on se cache désormais dans le cadre d'un ensemble, d'une foule.

Autrefois nous étions ouverts, mais aussi souvent mal préparés et plus vulnérables. Désormais, nous sommes tous protégés par l'uniformité, la répétitivité. Nous nous sentons plus en sécurité parce que nous appartenons à la masse. Tout est produit et reproduit. Tout semble prêt à devenir une marchandise.

Dans cette perspective, la lutte pour les espaces autonomes* devient une lutte pour la réappropriation de tous les «territoires» au-delà et contre les règles du contrôle et du consensus.



[Titre original: Spazio e capitale, publié dans le n.56 de "Anarchismo", 1987. Traduction en anglais par Jean Weir et publié dans "Let's destroy work, let's destroy economy" Elephant Editions, Londres. Traduit en français par Le Cri Du Dodo]link

*Note de traduction : Le terme anglais employé est "social spaces". L'expression "espaces autonomes" a été préférée à "espaces sociaux", parce que le terme est trop vague par rapport à ce à quoi il fait référence, et aussi à "centres sociaux", parce qu'il ne recouvre qu'une partie de la réalité de ces espaces, parmi lesquels le squat, la zone d'autonomie, et autres espaces occupés.
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