lu sur le site de l'ocl
Le 1er février, a débuté dans le nord-ouest du Pérou, une « grande marche pour l’eau et pour la vie » qui est arrivée à la capitale Lima le 11 février, au terme d’un parcours de 860
kilomètres.
Née du dernier grand conflit en date contre l’industrie de la mine dans une région précise du pays, cette marche avait pour objectif de rendre visible et audible la multiplicité des conflits en
cours liés à l’extractivisme minier et pétrolier à l’échelle de tout le pays, d’imposer un moratoire sur les futurs projets et un coup d’arrêt définitif à ceux qui détruisent et polluent les
ressources naturelles, dont l’eau est indéniablement la plus nécessaire de toutes. L’autre enjeu est d’obtenir un droit de « consultation », et donc de veto, de toutes les populations
concernées par tout projet de ce type. En fait, il s’agit de faire de l’ensemble de ces conflits un enjeu politique majeur face au nouveau gouvernement, ce qui, en d’autres termes, revient à
remettre en cause le bien fondé d’un modèle économique productiviste et capitaliste dans ses fondamentaux et le type de relation politique entre l’Etat et les populations – indigènes et
majoritairement paysannes – habitant dans les zones rurales.
Cette initiative est consécutive d’un mouvement de protestation apparu dans cette région contre un nouveau projet d’extraction minière. Cela fait plusieurs mois qu’une grande partie des
populations de la région de Cajamarca sont entrés en rébellion ouverte contre un nouveau mégaprojet minier, appelé Conga, d’extraction d’or et de cuivre à ciel ouvert, à 3500 mètres d’altitude,
situé dans une des rares zones humides d’altitude, là même où naissent les sources de rivières irriguant les vallées fertiles de toute la région. La zone visée par ce projet comporte 682 sources
d’eau recensées, alimentant le départ de cinq rivières principales desquelles dépendent 22 communautés. Deux de ces rivières fournissent 70% de l’eau courante utilisée dans la ville de Cajamarca.
De plus cet écosystème très particulier, faisant fonction de « châteaux d’eau » naturels, est aussi situé à proximité relative du bassin et de vallée du río Marañon, l’une des deux
principales rivières donnant naissance à l’Amazone.
Conga no va ! : « Sans or, on vit. Sans eau, on meurt »
Ce projet, le plus important en investissements de tout le pays, est à la charge d’un consortium, Yanacocha, contrôlé surtout par la société états-unienne Newmont Mining
Corporation (associée à une entreprise péruvienne)[1]. Il doit être lancé en 2014 avec un investissement prévu de 4,8 milliards de dollars. Ces chiffres lancés pour séduire les habitants,
n’auront aucun impact : il s’agit d’installations et d’infrastructures propre à l’exploitation, un système de transport du minerais, des excavatrices, des camions géants ainsi que la
construction des bâtiments et le campement permanent dont sera bénéficiaire la grande entreprise de BTP brésilienne Odebrecht. Plus précisément, il s’agit d’un second
projet : Yanacocha exploite déjà, depuis 1993, à quelques kilomètres de là, la plus grande mine d’or à ciel ouvert de toute la planète[2]. D’après le quotidien conservateur El Comercio, l’objectif du projet Conga est l’extraction de 6 millions d’onces d’or, évaluées à 12 milliards de dollars au cours actuel, mais en constante augmentation. Ceci sans
parler des bénéfices attendus de l’extraction du cuivre, dont les cours ont presque triplés ces trois dernières années (passant de 3000 à 8500 dollars la tonne).
Dans une région rurale et d’économie paysanne peu approvisionnée en eau, où existent déjà quatre grandes mines à ciel ouvert, où souvent la distribution en eau dans les villes est limitée à
quelques heures par jour, ce projet nécessite de sacrifier quatre lacs-réservoirs naturels en les asséchant, pour en reconstruire quatre artificiels, plus grands et plus profonds : deux
d’entre eux serviront à déposer les déchets et autres résidus.
L’extraction de l’or est non seulement excessivement gourmande en eau (et en énergie), mais elle utilise en outre des produits polluants qui contaminent les nappes phréatiques, notamment le
cyanure pour lequel la même compagnie Yanacocha a investi 270 millions de dollars dans une usine de fabrication en 2009. En matière d’énergie, les excavatrices, les énormes camions bennes, le
matériel de concassage arrachent, déplacent et brisent 150 000 tonnes de roche par jour pour quelques grammes d’or…
A ce sujet, les habitants de la région gardent en mémoire un redoutable accident en juin 2000, lorsqu’un camion de l’entreprise Newmont Mining a répandu 150 kg de mercure
sur une route longue de 45 kilomètres dans la région. Malgré les graves problèmes de santé dont ont souffert plus d’un millier de personnes envoyées pour décontaminer la zone, la Newmont Mining s’en était alors tiré avec une amende de 500 000 dollars dérisoire au regard des décès déjà comptabilisés et des maladies incurables contractées.
Aujourd’hui, c’est principalement la menace directe sur les ressources hydriques de toute la région qui a mis le feu aux poudres et déclenché d’importantes manifestations depuis la mi-novembre
2011 aux cris de « Conga no va ! » [« Non à Conga »].
Le gouvernement nationaliste de gauche face à ses contradictions
Le président nouvellement élu Ollanta Humala avait promulgué en septembre 2011 une loi qui rend obligatoire l’approbation des communautés locales pour l’implantation d’une nouvelle mine,
revendication portée par les mouvements amérindiens, paysans, depuis des années, que ce soit dans les régions amazoniennes (Bagua en 2009[3]), près de la frontière équatorienne (Piura depuis
2002) ou dans les hauts plateaux andins de Cuzco et de la Puna au sud du pays. Mais il lui sera clairement impossible de concilier deux logiques contradictoires : cette promesse concernant
plusieurs dizaines de conflits (90 selon certaines sources, près de 200 selon d’autres) en cours dans tout le pays contre les projets miniers ou énergétiques et l’orientation extractiviste et
exportatrice de l’économie, contre le modèle de développement et les investissements de grande envergure prévus par les multinationales étrangères ainsi qu’un ensemble non négligeable
d’entreprises capitalistes nationales, souvent partenaires et associées dans des consortiums.
Les grèves et blocus dans la région de Cajamarca ont débuté à la mi-novembre 2011 et ont rapidement commencé à provoquer des problèmes d’approvisionnement en carburant, en médicaments et en
denrées alimentaires, et, par leur intensité, avaient rapidement contraint des commerces et des écoles à fermer leurs portes. Le mouvement de protestation contre le mégaprojet minier Conga avait
augmenté d’un cran dès la deuxième semaine avec la mise en place de barrages sur toutes les routes et un blocus de l’aéroport local suspendant complètement le trafic. Des affrontements entre
forces de l’ordre et manifestants près du lac El Perol avaient fait plus de 20 blessés selon le Défenseur du peuple Eduardo Vega, la plupart par des balles en caoutchouc. En représailles, le soir
même, les locaux de Minas Conga et de la société chinoise Lumina Cooper avaient été incendiés dans la ville de Celendín.
Pour calmer les esprits face aux mobilisations grandissantes de milliers d’opposants, principalement dans les zones rurales mais affectant l’économie urbaine, la construction de la mine a été
suspendue le 30 novembre à la demande du gouvernement qui, officiellement, souhaitait permettre ainsi un dialogue plus apaisé avec le consortium minier et les opposants. Mais le mouvement de
protestation s’est poursuivi : les opposants au projet ne se contentent pas d’une suspension des travaux, ils réclament l’arrêt définitif du projet contre la levée des barrages et de la
grève générale.
Un état d’urgence…
Face à cette poursuite du mouvement, le 5 décembre, le président de la République, Ollanta Humala, décrète l’état d’urgence dans quatre provinces de la région de Cajamarca (Cajamarca, Celendín,
Hualgayoc et Contumazá)[4], une mesure qui restreint pour une durée de 60 jours les déplacements et les réunions de groupe et autorise les militaires et la police à se déployer en permanence et à
rétablir l’ordre public dans l’arbitraire le plus total.
« Le gouvernement a pour obligation de garantir la vie et la tranquillité des personnes, de rétablir ses services basiques d’éducation et de santé et de permettre le libre
transport des marchandises », avait déclaré le chef de l’État dans la nuit précédent l’instauration de l’état d’urgence. Pendant près de dix heures, le dimanche 4 décembre, une
délégation de cinq ministres, menée par le Premier ministre Salomon Lerner, avait essayé de négocier à Cajamarca avec des dirigeants locaux de la protestation pour qu’ils suspendent le mouvement,
sans résultat. Dans son message, le président Humala avait dénoncé « la rigidité » des protestataires. Effectivement, ils étaient rigides et
« inflexibles » et ne souhaitaient parler qu’au Président et pas à ses sbires, fussent-ils ministres…
Le lendemain, le mardi 6 décembre, six leaders des mouvements d’opposition au mégaprojet minier étaient arrêtés par la police. Parmi eux, Wilfredo Saavedra, président du Front de défense
environnementale de Cajamarca et figure activiste du mouvement de protestation. Saavedra a été condamné dans le passé à 10 ans de prison pour collaboration avec le mouvement révolutionnaire Túpac
Amaru (MRTA), un groupe guérilla de gauche (de référence léniniste et guévariste) qui a connu son apogée il y a 20 ans [5] Après avoir purgé sa peine, il a retrouvé la liberté il y a 12 de cela.
Son arrestation – et son parcours politique – ont bien évidemment été utilisés par le gouvernement dans sa propagande contre les opposants en les désignant comme fauteurs de troubles et ennemis
de la démocratie…
Depuis l’instauration de l’état d’urgence, la vie à Cajamarca a été marquée par le retour à une certaine et apparente normalité ; réouverture des écoles et des commerces, reprise du trafic
et des vols aériens. Mais la mobilisation continue et ne se limite pas à la grande ville (220 000 habitants).
Le gouvernement et les entreprises minières « doivent respecter la volonté et la décision des peuples dans le sens où le projet Conga n’est pas viable », a déclaré
lors d’une conférence de presse le président du Frente de Defensa de los Intereses de Cajamarca, Idelso Hernández, quelques jours après l’imposition de l’état d’urgence. Le
leader paysan a précisé que 70 % de l’activité économique à Cajamarca est agricole (cultures et élevage), raison pour laquelle les habitants rejettent le projet minier qui menace directement
en quantité et en qualité les réserves hydriques déjà trop rares. « Cajamarca n’est pas un peuple terroriste, il est pacifique et l’état d’urgence déclaré par le
gouvernement est absurde » a déclaré Idelso Hernández dès le lendemain. La tentative gouvernementale de stigmatiser et criminaliser la protestation a fait chou blanc. L’église locale
soutient le mouvement ainsi que nombre d’élus tandis que le président de la région réaffirme son opposition totale au projet.
L’action répressive du gouvernement a peut-être rétabli l’ordre provisoirement mais ne parvient pas à inverser le cours des choses. Elle a surtout montré que, contrairement à ce que disait la
coalition Gana Perú emmenée par Ollanta Humala pendant la campagne électorale sur la priorité à l’« inclusion sociale » par des mécanismes de consultation
populaire ou de redistribution, la première réaction de l’exécutif face à un conflit minier comme il y en a tant dans le pays, a consisté, comme d’habitude, à décréter l’état d’urgence, à
poursuivre et incarcérer des militants en vue et à envoyer la troupe pour tenter de briser le mouvement.
… suivi d’un premier recul du gouvernement
C’est ainsi que quatre jours après la déclaration de l’état d’urgence, le premier ministre, Salómon Lerner, a démissionné et dix autres ministres lui ont emboîté le pas, parmi lesquels ceux de
l’agriculture, de l’énergie, de l’exploitation minière et de l’environnement, c’est-à-dire tous ceux impliqués officiellement dans le dossier.
Le 15 décembre, le nouveau premier ministre Óscar Valdés Dancuart promet une expertise environnementale indépendante menée par des spécialistes internationaux. Celle-ci devrait servir de base à
la prochaine décision sur la continuation du projet Conga. Mais, le nouveau premier ministre n’est autre l’ancien ministre de l’intérieur, par ailleurs ex-entrepreneur et ancien militaire de
carrière. Et surtout, Ollanta Humala, comme ses prédécesseurs à la tête de l’État, a fait de l’expansion de l’exploitation minière (et énergétique) la priorité de sa politique de développement
économique, cela en conformité avec les intérêts de la bourgeoisie « nationale » et du capitalisme global bien « réel ».
Suite aux nombreuses protestations, régionales, nationales et internationales, le chef de l’État finit par reculer et l’état d’urgence est finalement levé le 18 décembre. Mais le conflit est loin
d’être résolu et ce recul, s’il résulte d’un rapport de force, est avant tout tactique. Les entreprises minières et le gouvernement ont surtout essayé de gagner du temps et de diviser les
mouvements de protestation et les communautés villageoises qui se sont soulevés contre le projet, en développant massivement une contre-propagande médiatique, notamment en insistant sur
l’importance des emplois (15 000 !) que le projet permettrait de créer. Mais sur place, personne n’y croit, la grande mine existante de Yanacocha emploie sur site à peine plus de 3000
personnes. Et l’argument porte peu. Comme le disait un activiste, vers 1990, soit avant l’exploitation de la première mine de Yanacocha, la région de Cajamarca était la quatrième plus pauvre du
pays. Vingt ans après, nous sommes toujours la quatrième région la plus pauvre… Alors ?
Le conflit est dans l’impasse. Pour le gouvernement (qui peut compter sur le soutien de diverses forces politiques de gauche issues du stalinisme local) et les élites de la nation, « Conga si va ! » et l’eau n’est pas menacée par l’or. Pour les opposants, c’est l’inverse : c’est, ou l’eau, ou l’or. Aucun compromis ne semble possible du fait
que l’or est disséminé en fines particules dans la roche juste en dessous des lacs, qui sont ce que les péruviens appellent les « cabeceras de cuenca », les « têtes de
bassin » hydriques qui, avec les glaciers, sont les véritables sources de toute l’eau douce du pays.
Pour le gouvernement, la priorité est de développer encore plus une industrie minière qui représente déjà 60% des exportations du pays et plus d’un tiers de ses revenus fiscaux. Le Pérou est en
effet le premier producteur mondial d’argent, second producteur de cuivre et de zinc ainsi que le cinquième producteur d’or ; il possèderait 8% des réserves connues de ce métal hautement
précieux. Le ministère de l’économie péruvien a récemment déclaré que 40 milliards de dollars pourraient être investis dans les mines péruviennes par des entreprises étrangères dans les cinq
prochaines années. D’autant que la hausse continuelle des cours de l’or – multiplication par quatre au cours des dix dernières années – ne fait qu’aiguiser un peu plus les appétits et élever le
niveau des enjeux.
C’est pour sortir de cette impasse que les opposants au projet Conga ont imaginé une initiative forte, qui désenclave leur lutte et opère une confluence avec l’ensemble des conflits qui
parcourent le pays contre la mine et pour la défense des biens naturels : une « marche nationale pour l’eau », dont nous publions en annexe le manifeste.
Une marche nationale pour l’eau
La marche est partie symboliquement, le 1er février, de l’un des quatre lacs situés à 3800-4000 mètres d’altitude qui, selon le projet, doivent être vidés, agrandis et remplis afin de satisfaire
aux besoins de l’extraction du cuivre et de l’or.
Plusieurs centaines de personnes, en provenance des différents districts et provinces de la région se sont rassemblées près des lagunas Cortada et Namacocha. Après une cérémonie en hommage à la
Terre (le « Pago al Agua » – la Cochamama – et à la Pachamama) et plusieurs prises de parole, près de 500 personnes se sont mises en marche en direction de Cajamarca avant d’atteindre
le lendemain la communauté de Choropampa, victime du déversement de mercure en l’an 2000.
Pour rejoindre le plus directement un autre lac avant de redescendre dans la vallée, la marche a emprunté le chemin le plus court et s’est heurtée dès le départ à une des dimensions de tous les
projets miniers : l’appropriation privée du territoire, des routes et des voies de circulation. Les marcheurs ont en effet été bloqués par un barrage policier déployé pour protéger la
« propriété privée » de l’entreprise minière Yanacocha, en l’occurrence une portion de la route ainsi que des installations et matériels entreposés un peu plus loin, à environ 500
mètres. Une grande partie des marcheurs a été interdite de passage et seul un petit groupe, fermement encadré par des policiers, a pu traverser ce territoire privatisé et protégé par l’État. La
surface de la concession existante n’est pas connue avec précision et selon les estimations, elle varierait de 26 000 à 67 000 hectares, selon que l’on considère les dimensions officielles ou les
terrains appropriés de fait, desquels d’ailleurs moins de 10% sont réellement utilisés. Le nouveau projet doublerait cette surface puisqu’il est question de 251 km2.
Dans la soirée, la marche est arrivée à Cajamarca où plusieurs milliers de personnes qui avaient participé à une « Marcha de los Cántaros » [marche des cruches] les ont rejoint et
accompagné jusqu’à la place principale de la ville, qui, comme partout au Pérou, s’appelle Plaza des Armas.
Une lutte locale comme révélateur de multiples conflits et d’un enjeu global
La marche doit ensuite se diriger vers la zone côtière du pays. Des organisations sociales et environnementales de régions situées plus au nord (Lambayeque, Piura, Tumbes…) doivent se joindre à
la marche lorsqu’elle atteindra la côte. Dans plusieurs villes du pays, des actions de solidarité sont prévues pendant toute la durée de la marche. Á Arequipa, au sud du pays, ainsi qu’à Lima,
des manifestations d’un millier de personnes chacune, se sont déroulées dès ce premier jour.
Le même jour, l’Organización Regional de Pueblos Indígenas del Oriente (ORPIO) avait appelé à une manifestation dans la grande ville amazonienne d’Iquitos contre des
sociétés pétrolières et le début imminent d’une activité d’extraction de brut dans le bassin de la rivière Nanay qui fournit de l’eau aux habitants d’Iquitos. Dans l’appel à manifester, l’ORPIO
rappelle que depuis 40 années d’activités extractives, les entreprises pétrolières « ont détérioré nos poissons, nos vallées, nos lacs, notre terre et l’eau qui nous donne
la vie. Les bassins des rivières Corrientes, Tigre, Pastaza, Chambira et Marañon subissent maintenant l’impact des société pétrolières ». Cette mobilisation était également organisée en
« solidarité et soutien à la lutte du peuple de Cajamarca contre le projet Conga » et à la marche pour l’eau.
Si l’origine de cette mobilisation est le conflit né en novembre dernier dans la région de Cajamarca contre le mégaprojet Conga, cette « Marche de l’eau » est aussi appelée
« Nationale » et est co-organisée avec tout un ensemble de mouvements dans le pays, dont la Conacami (Confederación Nacional de Comunidades del Perú Afectadas por la
Minería) qui articulent la protestation générale aux multiples situations et projets miniers et hydriques qui affectent localement les populations et ont donné lieu à de nombreux conflits
ces dernières années.
On se souvient sans doute du récent soulèvement de Bagua, en 2009, où les populations amérindiennes du versant amazonien de la cordillère ont tenu tête à une répression sanglante et ont rendu les
coups parvenant ainsi, malgré le coût élevé (morts, blessés, répression) d’arracher une loi de niveau constitutionnel les protégeant.
En remontant dans le temps, dans la région septentrionale de Piura, dès 2002, les populations se sont massivement mobilisées par des consultations référendaires organisées par les municipalités
en rébellion et les « rondas campesinas »[6], manifestations et grandes marches violemment réprimées (en 2004-2005) contre le projet Río Blanco, à 6 kilomètres de la frontière avec
l’Équateur (Minera Majas concédée à la société britannique Monterrico Metals) qui visait à créer la plus grande exploitation minière (cuivre et molybdène) d’une région où
dans certaines zones déjà 25% du territoire est concédé et qui plus est dans une totale illégalité car une loi constitutionnelle péruvienne de caractère « nationaliste » interdit toute
concession à des intérêts étrangers à moins de 50 kilomètres de toute frontière du pays.
Plus récemment, en mai-juin 2011, dans la région de Puno, limitrophe avec la Bolivie, un très grand conflit s’est soldé par une victoire : l’annulation de la concession donnée à la société
canadienne Bear Creek Mining Compagny pour l’exploitation d’une mine d’argent (Santa Ana). Pendant 45 jours, des dizaines de milliers de personnes ont manifesté puis
organisé une paralysation de toutes les activités économiques du département, un des plus touristiques du pays : blocages de routes (dont les postes frontières), prise d’assaut de l’aéroport
de Juliaca par les manifestants et interruption du trafic aérien à cause de l’épaisse fumée dégagée par un gigantesque incendie d’un stock de foin entreposé à proximité des pistes, incendies
d’installations gouvernementales, pillages de centres commerciaux… mais aussi cinq morts et une trentaine de blessés par les balles de la police.
Une victoire bien sûr. Mais, comme l’avait déclaré à la presse le leader des Indiens Aymara Walter Aduviri Calizaya (du Front de Défense des Ressources naturelles de la zone sud du Pérou) au
moment du changement de président, il reste le problème des 600 concessions minières et pétrolières déjà accordées dans tout le sud du Pérou et que le nouveau président devra résoudre.
Á Cuzco, la manifestation du 1er février, qui a rassemblé environ 400 personnes, dénonçait le projet Majes-Siguas II, deuxième phase d’un mégaprojet de détournement de
ressources hydriques vers le versant pacifique du sud péruvien. Etaient présents, une importante délégation de la province voisine d’Espinar qui s’est fortement mobilisé, avec grève générale,
paralysation du trafic routier et des commerces, attaques de la préfecture et du commissariat (un mort et des dizaines de blessés en septembre 2010) contre ce projet démentiel qui les affectera
directement.
Ce projet n’inclut pas seulement la construction d’un grand barrage à Angostura pour la production hydraulique d’électricité, mais aussi pour l’irrigation de 40 000 hectares supplémentaires dans
les plaines de Majes et Siguas (près d’Arequipa) par un accroissement artificiel du débit de rivières en transvasant d’énormes quantité d’eau depuis les hauteurs de la cordillère andine (le río
Colca et le río Apurimac, ce dernier orienté sur le versant amazonien) jusqu’à la plaine grâce à des canaux et des tunnels… Des détournements d’eau de rivière à grande échelle d’une région de
montagne dont les hauts plateaux sont très peuplés, à une autre, de plaine, près des villes et de la côte, pour la production électrique et le développement industriel d’une agriculture
d’exportation déjà existante depuis plusieurs années : banane, cacao bio, asperges (premier producteur au monde), paprika (premier exportateur), artichauts, avocats, mangues, raisins,
agrumes, cela sans compter les premières cultures irriguées dans ces plaines : maïs, coton, canne à sucre…
A Cuzco, les manifestants ont également dénoncé le projet « agro énergétique » Salcca Pukará à Sicuani (province voisine de Canchis, au sud-est de Cuzco) et les
projets miniers de Ares, Anabi, Constancia, et le “mineroducto” [pipeline de minerais], dans la province de Chumbivilcas (sud de Cuzco).
Il existe au Pérou d’autres projets similaires à celui de Majes-Siguas, notamment dans le nord du pays. Citons-en deux : le projet “Chavimochic”
pour l’irrigation des zones arides situées entre les vallées des ríos Chao, Virú, Moche et Chicama, avec un canal principal de 288 kilomètres de long depuis la partie supérieure du fleuve Santa
et au moins trois installations hydrauliques ; le projet “Olmos”, dans le région de Lambayeque avec percement d’un tunnel transandin de 19,3 kilomètres de long et 5,3
mètres de diamètre pour détourner, grâce à un barrage, les eaux du río Huancabamba (situé sur versant oriental et amazonien) vers le río Olmos situé sur le versant Pacifique avec comme objectif
l’irrigation de 100 000 hectares.
Transformer la bande côtière quasiment désertique du Pérou en vallées verdoyantes, était à la base un projet tout droit sorti des “cerveaux” de la Banque mondiale dans les années 1960-70 :
l’idée de faire pousser « des asperges dans le désert » est devenu dans les années 1980 un projet d’État qui possédait (et possède encore) l’essentiel du foncier
et l’a cédé à des particuliers ou des société privées, à charge pour eux de rentabiliser ses terres sablonneuses et désolées mais désormais irriguées, par n’importe quel moyen (affermage,
location, sous-traitance…)
La « Marche Nationale pour l’eau » apparaît donc comme une initiative permettant de donner un écho, une visibilité, à tout un ensemble de conflits locaux, en cours, certains depuis des
années, contre une série de mégas projets de grandes infrastructures de type industriels s’inscrivant dans une perspective de développement du capitalisme, à plusieurs niveaux : extraction
minière, métallique et non métallique[7], gaz et pétrole, notamment en Amazonie générant la déforestation (15 ha par puits en moyenne) et produisant des milliers de mètre cubes de boues et de
déchets toxiques par puits ; grands barrages hydrauliques, projets d’irrigation pour une agriculture de type industrielle pour le marché « mondial », mais plus précisément
nord-américain et européen ; sans oublier les projets d’axes de transports terrestres (camions) et de communications comme le « couloir transamazonien » (dit aussi autoroute
« interocéanique ») en cours de construction dans le sud-est visant à développer l’« intégration » commerciale continentale et l’agrandissement des ports de commerce, celui de
Callao (le port de Lima) et des deux futurs terminaux portuaires de l’axe interocéanique, Ilo et Matarani, dans le sud du pays, accélérant ainsi la croissance démographique des zones côtières,
l’urbanisation et la métropolisation (et surtout la “bidonvilisation”) du pays : le taux d’urbanisation atteint maintenant 75% et l’agglomération de Lima regroupe aujourd’hui à elle seule
plus du tiers de la population du pays.
Le 11 février, la marche est arrivée à Lima comme prévu, après plusieurs étapes, notamment dans la grande ville de Trujillo où au moins 5000 personnes les attendaient. Des milliers de
manifestants de la capitale se sont joints aux centaines de marcheurs ainsi qu’aux délégations massives et nombreuses venues des quatre coins du pays réaffirmant que « Conga
no va » et aussi que « Si Conga va, Ollanta se va » (« si Conga se fait, Ollanta devra partir »). Lors de différentes prise de paroles, les
divers représentants des mouvements organisateurs de la marche ont fait savoir au gouvernement œœqu’il doit renoncer au projet Conga, faute de quoi serait appelé un « paro nacional »
(arrêt, grève/blocage général). La situation dramatique du pays a été rappelée : les grands projets accélèrent la désertification de l’intérieur du pays et dans la capitale, 25% des 11
millions d’habitants n’ont pas accès à l’eau courante et doivent payer cher pour remplir leurs bidons à partir de camions citerne qui font la tournée quotidienne des quartiers de la périphérie.
Alors que le pays possède 160 bassins hydriques, d’un côté l’eau douce est menacée par le développement, de l’autre elle devient une marchandise, interdite aux pauvres mais bien distribuée dans
les beaux quartiers et commercialisée par l’industrie de la mise en bouteilles.
Les marcheurs ont remis officiellement deux projets de lois aux députés de l’alliance gouvernementale ; le premier proposant l’« intangibilité » des têtes de bassins hydriques et
le second l’interdiction de l’utilisation du mercure et du cyanure dans les exploitations minières. Plusieurs centaines d’organisations sociales et environnementales ont ensuite initié le Forum
Hydrique avec diverses tables rondes et conférences, montrant qu’au-delà du projet Conga, la question de la défense de l’eau et des ressources naturelles avait un caractère général et global.
La vie contre le « développementisme »
Les grands projets de développement ont tous comme point commun de s’en prendre directement aux ressources en eau douce, soit parce qu’elle est détournée et polluée par l’exploitation minière et
pétrolière, soit parce qu’elles est captée, détournée, retirée des régions de petite agriculture familiale ou villageoise/communautaire au profit d’une agro-industrie exportatrice qui, en outre,
ne peut fonctionner qu’en profitant de l’hyperexploitation d’une force de travail intermittente, employée dans l’informalité ou rémunérée aux salaires les plus bas de tout le continent grâce à un
mouvement ouvrier/syndical peu combatif, peu indépendant des diverses fractions qui se disputent le pouvoir exécutif et de toute façon absent car, sauf rares exceptions, limité au secteur
public.
Un mode de production qui ne peut être réalisé que par de grands groupes économiques de dimension internationale utilisant, en plus de l’eau, de grandes quantités de ressources énergétiques (pour
l’exploitation des sols, pour les transports et la conservation des produits…) tout en épuisant les sols et en contaminant le sous-sol et la nappe phréatique par l’adjonction de tous les intrants
chimiques, quand ils ne sont pas transgéniques, nécessaires à ce type de production de masse de produits artificiellement standardisés et calibrés.
Les mobilisations « pour l’eau » et contre les mégaprojets dévastateurs tels que l’exploitation minière, les grands barrages hydroélectriques, les détournements de fleuves,
l’appropriation des terres pour l’irrigation de zones dédiées à l’agro-industrie, les projets d’autoroutes et de ports de commerce en eau profonde, etc. forment le trait commun de la plupart des
conflits de toute l’Amérique latine aujourd’hui : du Mexique (projets de développement dans l’isthme mexicain de Tehuantepec, dans la Jalisco (barrage) ou dans les territoires des Wirikutas
(Huichols) menacés par des projets miniers…) au sud du Chili (projet HidroAysen, du consortium hispano-chilien Endesa-Colbun, qui prévoit la
construction de cinq barrages sur deux vallées sauvages de Patagonie, diverses mines à ciel ouvert dans la Cordillère…), c’est tout un continent qui vit sous le même régime du
« développementisme » pour le plus grand profit des plus grandes entreprises capitalistes, qu’elles soient « nationales » ou « étrangères ».
Pour ne prendre que des exemples se déroulant simultanément à la « Marche nationale pour l’eau » du Pérou ; en Argentine, en plus des mobilisations permanentes dans les provinces
de La Rioja (mine de Famatina) et de Tucumán, des opposants à la mine Bajo La Alumbrera de l’entreprise Barrick Gold dans la province de Catamarca qui maintenaient un
blocage des accès depuis trois semaines ont été violemment dispersés par la police le 8 février, provocant 40 blessés et un nombre indéterminé de détenus, dont des mineurs ; au Panamá, les
amérindiens des communautés Ngäbe-Buglé se sont de nouveau mobilisés par des barrages de route dans tout l’ouest du pays depuis la fin janvier contre un projet de loi autorisant les projets
miniers et hydrauliques sur leur territoire et, cela, contrairement aux accords conclus l’an passé avec le gouvernement au terme de plusieurs mois de mobilisation qui avaient coûté la vie à deux
manifestants ; en Equateur, c’est aussi le branle-bas de combat et les mouvements amérindiens viennent d’annoncer la réalisation d’une « Grande Marche Plurinationale pour l’Eau, la Vie
et la Dignité des Peuples de l’Equateur » devant converger sur la capitale à partir du 8 mars prochain… Sans parler des luttes quotidiennes des Mapuches du Chili pour la récupération de
leurs terres et du territoire contre leur appropriation par les entreprises forestières et hydrauliques et le terrorisme d’État ; sans parler du refus catégoriques des populations indigènes
du nord amazonien contre le mégaprojet du barrage Belo Monte, troisième plus grand au monde ; sans parler des luttes contre l’appropriation des terres et la monoculture du soja
(transgénique) en Argentine, au Paraguay, au sud du Brésil.[8]
Il est important de souligner que dans la plupart de ces pays, plus de la moitié des conflits sociaux recensés le sont pour des raisons socio-environnementales et qu’elles sont parfois gagnantes
en contraignant de grands groupes capitalistes, adossés à des fonds de pension et soutenu par les pouvoirs politiques de gauche comme de droite, à reculer, à renoncer. Victoires fragiles et
provisoires le plus souvent : suspension des projets HydroAisen au Chili, suspension toute récente des travaux de la mine Famatina du groupe canadien Osisko Mining Corporation en Argentine, abandon du projet de la mine Santa Ana au sud du Pérou…
Le “développement” et les luttes socio-environnementales comme paradigmes reconfigurateurs du combat anticapitaliste
L’enjeu de ces batailles pour l’eau n’est autre que celui d’un type de société, et pas qu’à la marge. Assez explicitement, ce qui est posé dans la remise en question du modèle productiviste,
capitaliste, ici « extractiviste » et exportateur, c’est certes de savoir qui contrôle et possède les ressources : les entreprises du « privé » ou le
« commun ». Mais c’est aussi – et surtout – de voir dans quel cadre la revendication de ce contrôle des « biens communs » s’insère et selon quelles modalités : pour un
marché anonyme et dans une logique d’optimisation et de marchandisation ou selon d’autres critères faisant droit à des « besoins » explicitement exprimés, discutés, argumentés tout en
tenant compte de la « nature » de ces bien naturels… Autrement dit, comment sont envisagés les manières vivre, les modes de production et de reproduction de l’existence sociale, la
transformation des relations humaines, et plus largement les modes de socialisation et de décisions politiques, particulièrement celles qui définissent les rapports d’usage que les communautés ou
sociétés humaines établissent entre les « besoins » (ce qui est jugé utile et nécessaire à la reproduction sociale) et les ressources et « biens naturels », épuisables et
limités, sans lesquels la vie, dont l’existence humaine dans son sens plus basiquement biologique, est tout simplement impossible, rendant, si tel devait être le cas par la poursuite de ces
entreprises de destruction massive et irrémédiable, toute autre discussion ou préoccupation sans objet.
Indissociablement, le refus du modèle productiviste, le rejet des dévastations du « développementisme » et la revendication d’une obligation de consultation préalable des populations,
introduisent une dimension proprement politique dans la relation de pouvoir entre celles-ci et les institutions : qui décide ? Et finalement, et suivant en cela les transformations en
cours dans la Bolivie voisine où le gouvernement d’Evo Morales ne peut plus décider quoi que ce soit sans voir se soulever les populations directement affectées par ses décisions : qui a le
pouvoir dans le pays ? Les institutions étatiques à Lima, pilotées par la minorité oligarchique des beaux quartiers, et le capital – dans une "parfaite" alliance opérationnelle et
stratégique entre quelques grandes familles de sa fraction « nationale » et les groupes étrangers (miniers, pétroliers, du BTP, fabricants du matériel d’extraction ou des turbines
électriques comme Alstom…), dont les investissements sont alimentés par les prêts avantageux de la Banque mondiale, de banques privées et des fonds de pensions des pays du Nord [9] – ou le
« peuple », dans ses régions, communautés, territoires où les relations de travail, d’échanges, de coopération ne sont pas encore totalement gangrenées et ordonnées par la
marchandisation et les logiques d’optimisation et d’exploitation, c’est-à-dire là où il existe encore des espaces d’autonomie et d’autodétermination sociale ?
Le développement capitaliste sous ses diverses variantes, mais avec ses effets universellement dévastateurs de spoliation, de destruction des écosystèmes, de création à grande échelle de formes
systématiques d’asservissement, de dépendance et de misère, devient dans l’ensemble de l’Amérique latine (et au-delà), le nouveau paradigme sous lequel se forge la lutte anticapitaliste
aujourd’hui. Á l’origine, luttes de résistance pour la préservation de l’existant face à ce qui le menace, elles deviennent porteuses d’autres significations dans le cours même de leur dynamique
et de ce qu’elles révèlent en profondeur. Il n’est pas indifférent que le terme qui émerge et parcourt toutes ces réalités de combats, de mobilisations populaires depuis ces quinze dernières
années soit celui d’autonomie – sociale, communautaire, territoriale…– en tant qu’elle semble pouvoir exprimer et condenser les multiples facettes et enjeux de ces conflits
et de leurs capacités à modifier la réalité existante, à configurer de nouveaux imaginaires, à faire émerger de nouvelles expectatives et aspirations ici et maintenant.
Au-delà – et en dépit – de son caractère polysémique et de ses ambigüités inhérentes, cette autonomie, « desde abajo », d’en bas, collective et individuelle, comme pratique et manière
de vivre, comme recherche, comme horizon et comme projet, où s’épuise la distinction de la fin et des moyens, n’est-elle pas l’autre nom de l’émancipation ?
J.F.
Le 13 février 2011
_ _ _ _ _
Notes :
[1] La Newmont Mining détient 51% du capital, la péruvienne Buenaventura y participe à hauteur de 43% et la Corporation Financière
Internationale, une institution appartenant à la Banque Mondiale, en possède 5%.
[2] Les Français ont vaguement entendu parler de cette mine dans les années 1990. Cette mine d’or a été découverte en 1980 par le BRGM, un organisme public français. Exploité au début par un
consortium d’entreprises péruviennes, états-unienne et le BRGM. Sous la direction de Claude Alègre, en 1994, les actifs “français” de la mine sont privatisés au profit d’une entreprise
australienne. Mais la société états-unienne Newmont Mining, partenaire du projet, dénonce en justice cette transaction et obtient rien de moins que la possession de la mine.
Quelques « coqs » gaulois se sont alors étranglés devant la perte de ce joyau et on a parlé à l’époque d’intérêts troubles et de corruption possible au niveau des responsables (Allègre)
et intermédiaires français (proches de Chirac).
[3] Voir “Bain de sang dans l’Amazonie péruvienne” [ http://oclibertaire.free.fr/spip.php?article573 ],
“Pérou : Victoire indienne et populaire !” [ http://oclibertaire.free.fr/spip.php?article583 ]
[4] Avant de disparaître en 1997 après la prise d’otages et l’assaut militaire contre l’ambassade du Japon à Lima.
[5] Au Pérou, ce qu’on appelle une « province » correspond un peu, en superficie, à nos départements. Ces « provinces » sont divisées en districts, dirigés par des maires élus
mais de taille beaucoup plus grande que nos communes. Plusieurs provinces forment une région.
[6] Ces « rondes paysannes » sont une forme d’organisation de type communal, crées de manière autonome dans les provinces du nord su Pérou au cours des années 1970. Elles se sont
ensuite étendues dans d’autres zones du pays, plus au sud, au départ surtout comme groupes d’autodéfense (armés) pour faire face aux incursions et au rançonnage exercé par la guérilla maoïste du
Sentier Lumineux. Dans la partie centrale de la cordillère, ces « rondas campesinas » se sont souvent maintenues depuis la fin de cette guérilla comme structures d’entraide et de
mobilisation. Dans la partie nord du pays, elles sont devenues des unités reconnues d’organisation sociale/politique de base, territoriales, autonomes de l’État, particulièrement là où il est
inexistant.
[7] Parmi les minerais non métalliques, le borate, le kieselguhr, la bentonite, les roches phosphoriques et le travertin.
[8] L’implantation et le développement rapide d’un modèle à la fois « extractiviste » et agro-industriel tourné vers l’exportation fait dire à certains économistes que l’on assiste à
une « re-primarisation » de l’économie, en particulier pour des pays qui ont eu un passé (ou des velléités) de développement industriel (secteur secondaire) ou qui visent à une
tertiarisation dans une nouvelle économie des services et de la connaissance… Sur le cas argentin, on peut se reporter à l’article ‟Il y a dix ans… l’insurrection argentine” [ http://oclibertaire.free.fr/spip.php?article1095 ]
[9] Le consortium Yanacocha est emblématique de cette fusion d’intérêts. Entreprises états-unienne et péruvienne, participation minoritaire (5%) et prêts de la Banque mondiale, investissements du
fonds national des pensions suédois (ce dernier, pur produit du modèle social-démocrate).
Quelques sources d’information.
Site de la marche
http://www.marchanacionaldelagua2012.blogspot.com/
Agence d’informations SERVINDI
http://servindi.org/
Coordinadora Nacional de Comunidades Afectadas por la Minería
http://conacamiperu.blogspot.com/
Observatoire des conflits miniers en Amérique latine
http://www.conflictosmineros.net/home