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La tyrannie la plus redoutable n'est pas celle qui prend figure d'arbitraire, c'est celle qui nous vient couverte du masque de la légalité." Albert Libertad

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le blog du laboratoire anarchiste

File:Wooden Shoe.svg
13 mars 2012 2 13 /03 /mars /2012 05:45

 

Ce projet CROUS 2020, adopté au CNOUS en janvier 2012,est un texte qui vise à définir la politique et la gestion des CROUS pour la prochaine décennie. Il a pour objectif d’accentuer la "décentralisation", c’est-à-dire renforcer leur mise en compétition, passant par une " autonomie renforcée " des CROUS, suivant la même logique que la loi LRU. Une fois de plus, le gouvernement s’attaque au service public en lui imposant les normes managériales propres au secteur privé et capitaliste : recherche accrue de rentabilité au dépend des étudiant-e-s et des personnels, mise en concurrence, logique de « marketing », caporalisation des rapports hiérarchiques, plus de poly-compétences pour les personnels…

Dans cette nouvelle configuration, nous nous attendons à une fatale augmentation des prix, une dégradation des conditions de travail, une privatisation du logement, une externalisation des postes et la poursuite des coupes budgétaires. Finalement, toutes les étapes nécessaires à une privatisation partielle ou totale des Crous dans les années à venir !!

 

Ce projet CROUS 2020 intervient dans un contexte de misère et de surveillance généralisée.

 

Outre la qualité, c’est aussi la quantité insuffisante de logements disponibles ainsi que les critères profondément discriminants (quotas, préférence nationale, résultats scolaires…) que nous déplorons. La multiplication des partenariats avec les « bailleurs sociaux » est inquiétante, livrant ainsi des logements dits sociaux aux spéculateurs. Une très grande majorité d’étudiant-e-s n’ont que le choix de rester chez leurs parents ou de payer le prix fort du loyer dans le logement privé que le gouvernement privilégie manifestement (fond de paiement des cautions).

Les restos-U, non seulement ne sont pas épargnés par la hausse des prix, mais se trouvent directement vampirisés par les banques (Crédit Agricole, CIC…), qui imposent peu à peu l’usage de la carte monéoqui avait pourtant connu un véritable flop ! En plus d’offrir une commission aux banquier-e-s sur chaque transaction, cette carte monéotransforme le CROUS et l’université en appareils de contrôle (suivi permanent des opérations, flicage des personnels et de leur productivité, « carte d’identité étudiante » donnant accès aux emprunts de livres, photocopies, médecine universitaire, vote aux élections étudiantes, informations personnelles…).

Moins d’un-e étudiant-e sur quatre bénéficie des aides financières (500 000 sur 2,3 millions), les étudiant-e-s étranger-ères y ont difficilement accès (notamment pour ceux hors-UE) et, dans le contexte de crise sociale actuelle, ce système est largement insuffisant, injuste, et se dégrade. En effet, les critères d’attribution n’ont pas fini de se durcir allant jusqu’à indexer les bourses sur la « réussite » scolaire et l’assiduité conformément à l’esprit de compétition et de sélection sociale qui s’impose à l’université. On remarque que le système est tout simplement défaillant : les retards (parfois sur plusieurs mois !) dans le versement des bourses sont dangereusement devenus habituels. De même, les demandes au FNAU (Fond National d'Aide d'Urgence) en 2011 explosent de manière spectaculaire (+ 20%), alors que le budget de ce fond n’a lui pas été augmenté d’un pouce jusqu’à aujourd’hui, et que le 10èmemois de bourse négocié par l’UNEF est encore compromis.

 

La précarité s’aggrave dans des proportions inédites mais le gouvernement préfère soumettre les CROUS à la loi du profit au lieu d’améliorer les conditions et les moyens des travailleur-euse-s du CROUS. Celui-ci n’est alors pas en mesure de remplir les missions de service public nécessaires pour garantir l’égalité d’accès aux études supérieures. En effet, un-e étudiant-e sur 2 est officiellement salarié-e, mais en comptant le travail au noir et le salariat saisonnier, on passe à 75% minimum d’étudiant-e-s salarié-e-s. Un-e étudiant-e qui doit continuellement jongler entre les cours, travail et révisions n'en est plus un-e, et le taux d'échec parmi les étudiant-e-s salarié-e-s est deux fois plus élevé que chez les non salarié-e-s (source : OVE). Ces faits démontrent incontestablement l’exacerbation de la précarité et de la sélection sociale que nous dénonçons.

C'est dans nos luttes qu'il faudra porter notre volonté d'une autre répartition des richesses, plus juste et égalitaire !!

 

L’Union Nationale CGT CROUS, les fédérations syndicales de la FSE et de SUD étudiant revendiquent de concert :

- Réengagement réel de l'Etat dans l'Enseignement Supérieur, la Recherche et les CROUS.

- Renforcement du service public des CROUS avec l'ajout de nouvelles compétences dévolues aujourd'hui aux universités: culture, sports, médecine de prévention, services sociaux, etc.

  • Gestion démocratique des CROUS : un CA avec uniquement des personnels et des étudiant-e-s.

  • La fonctionnarisation des personnels ouvriers, qui sont sur un statut d’agent non titulaire de l’Etat actuellement.

  • Une politique d’emplois adéquate, plus de personnels pour faire fonctionner les différents services aux étudiant-e-s.

  • Une politique salariale revalorisant le personnel, qui aujourd’hui a le salaire le plus bas de la fonction publique.

- L'assurance d'un 10ème mois de bourses et l'arrêt des coupes budgétaires pour les aides sociales.

- Augmentation en nombre et en montant des bourses sur critères sociaux, versées de manière régulière, sur 12 mois, avant d'instaurer un salaire socialisé ou une garantie sociale étudiante pour les étudiant-e-s se déclarant fiscalement indépendant de leurs parents, financée par les cotisations sociales.

- La suppression des critères socialement discriminatoires.

- La construction massive de logements publics de qualité (espaces, normes environnementales...).

- La rénovation des résidences universitaires, sans hausses de loyers

- La réquisition des logements vides

- La gestion des résidences "sous contrat" directement par le CROUS

- La rupture de tous les partenariats public-privé du CROUS

- La baisse significative des loyers

 le 5 mars 2012 par la Cgt CROUS, la fédération Sud-Etudiant et la Fédération Syndicale Etudiante.


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13 mars 2012 2 13 /03 /mars /2012 05:07

nous signalons aux lectrices lecteurs du blog le laboratoire la sortie d'un livre chez la maison d'édition agone le 18/05/2012:

La bio, entre Business et projet de société

Sous la direction de Philippe Baqué

« Des paysans qui vendent leurs produits bio, avec une réflexion sur un prix juste, sur des marchés de plein vent ou au sein d’Amap. De l’autre côté, une enseigne de la grande distribution qui propose des produits bio importés de l’autre bout du monde, au bilan carbone catastrophique, cultivés par des ouvriers sous-payés et revendus entre cinq et dix fois leurs prix d’achat. 
Plutôt qu’une démarche globale, indissociablement écologique, sociale et politique, peut-on réduire la bio à une distribution d’aliments sans pesticides pour consommateurs soucieux de leur santé ? La bio peut-elle se mettre au service du “bien-être” d’une partie de la population sans ébranler les fondements d’une société fondée sur le “mal-avoir” ? »
Ce livre collectif est l’aboutissement du travail de journalistes, sociologues, agronomes et paysans. Certains ont mené des enquêtes de terrain en Amérique, en Afrique, au Proche-Orient et en Europe, d’autres se sont inspirés de leurs propres expériences. Ils nourrissent la critique du « bio-business » mais montrent surtout comment des paysans mettent en pratique les principes fondamentaux de l’agriculture bio et proposent des alternatives à un modèle de société dominant et destructeur.

Introduction : Quel sens donner à la bio ?
1. Colombie : la bio au cœur des conflits
2. La double nature de la bio
3. Élevages de volailles : la bio va-t-elle y laisser des plumes ?
4. La bio et la grande distribution
5. Andalousie : bio et mer de plastique
6. La bio est-elle soluble dans le marché ?
7. Maroc : l’obsession exportatrice
8. Biocoop : le grand écart
9. Une autre distribution pour changer de société
10. Comment le lait bio va-t-il tourner ?
11. Les Amap : miracle ou mirage ?
12. Israël - Palestine : la bio entre champ et bataille
13. Semences : la bio contre la bio diversité ?
14. De la démocratie alimentaire aux États-Unis
15. Bolivie : l’agroécologie d’avant la bio ?
16. L’agroécologie, un outil de transformation sociale
Conclusion : Une autre bio pour un autre monde ?

Philippe Baqué est journaliste indépendant, collaborateur du Monde diplomatique, de Politis, de Silence, de Témoignage Chrétien…, auteur du livre Un nouvel or noir, Paris Méditerranée, 1999 et réalisateur de films documentaires : Carnet d’expulsion, de Saint-Bernard à Bamako et Kayes ; Melilla, l’Europe au pied du mur ; L’Eldorado de plastique ; Le Beurre et l’argent du Beurre…

Pierre Besse est ingénieur agronome et maraîcher bio sur une exploitation familiale de la banlieue de Toulouse, membre des associations Areso (éco-constructeur du sud-ouest) et Terr’eau (assainissement écologique). Il participe aux réseaux des Amap aux niveaux régional, national et international. Il écrit des articles pour les revues Nature et ProgrèsEcorev et Silence.

Michel Besson est co-fondateur de la Coopérative Andines et de l’association Minga, qui regroupe des entreprises impliquées dans la recherche d’une économie équitable. Sociologue de formation (chargé de cours à l’université de Lille), il est l’auteur d’ouvrages sur les communautés (co-auteur de Tentatives communautaires, 1976), sur les 
dangers de l’automatisation et sur la Colombie.”

Clémentine Cirillo-Allahsa est journaliste indépendante spécialisée en sciences humaines et patrimoine régional, impliquée à titre professionnel ou personnel dans différentes associations et ONG, dont, entre autres, des ONG sociales et médicales en Inde, Népal et Togo. Ancienne volontaire civile en Palestine, elle est actuellement collaboratrice de Politis.

Patrick Herman est paysan-journaliste, producteur de fruits bio dans le sud Aveyron, actuellement sans certification ni mention. Impliqué dans le mouvement du Larzac et dans la Confédération paysanne, il collabore à Réalité de l’écologiele Monde diplomatiquePolitisXXI a participé au livre collectif de la Confédération paysanne, Changeons de politique agricole, Mille et une nuits, 2002 et est l’auteur de Les nouveaux esclaves du capitalisme, Au diable Vauvert, 2008.

Hind Aïssaoui Bennani est journaliste indépendante sensibilisée à l’agriculture et à la condition de la femme au Maroc, ancienne animatrice de la Confédération paysanne.

Silvia Pérez-Vitoria est économiste, sociologue, réalisatrice de films documentaires sur les questions agricoles et paysannes dans divers pays. Auteure des livres Les Paysans sont de retour, Actes Sud, 2005 (prix Farmers’friend 2008 et prix Nonino en 2009) et La Riposte des paysans, Actes Sud, 2010.

Laetitia Mailhes est journaliste indépendante, installée en Californie et spécialisée dans l’agriculture durable et l’alimentation. Fondatrice du blog thegreenplate.org, elle collabore à Radio France InternationalCare 2 et a participé aux ouvrages L’effet Whuffie, Diateino, 2010 et Seule la diversité cultivée peut nourrir le monde, réponses à l’OMC, Minga, 2011.

 

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12 mars 2012 1 12 /03 /mars /2012 21:02

la discussion entre les individu-e-s associée-s peut  continuer, l'opération médiatique remisée dans les photos souvenirs, dans les articles de journaux ( voir le 12/03/2012 la une du Duphiné libéré).

On a distribué le tract ici  pour l'action du 11 Mars comme dit le tract page 1 de "la clé plutôt que la chaîne" de l'association contre le nucléaire et son monde:

" Une autre tendance, négation de la première, (« Notes sur Valognes et ses suites » in Pas de sushi l’État Geiger, n° 2, p 21-22), quant à elle, louvoie en assimilant la thèse de la défaite des nucléocratesà « l’illusion d’une prise de conscience généralisée comme il en fut jadis dans l’après-Tchernobyl ».

Illusio n qui aurait spéculé, déjà, sur la catastr o p h e nucléaire comme opp o r t u n i té pou r renverser ce mo n d e. Si nous critiquons, nous aussi, cette thèse de la fin inéluctable du capitalisme par la catastrophe nucléaire, nous ne nous souvenons pas de la propagation d’une telle illusion dans les années qui ont suivi Tc her n o b y l 2. Engager une activi té désabusée sur la base des possibilités d’alors (notamment dans les luttes contre les projets de stockage de déchets nucléai res) et contribue r à fissurer le consensus qui régnait nous paraissait alors indispensable d’autant que le développemen td’une conscience critique collective ne tombe jamais du ciel, fût-il cauchemardesque

L’imp o r t a n ce de la discussion réside dans le fait qu’il faut envisager la réalité du rapp o r t de forcedans la lutte cont re le nucléaire. "

Nous proposons de continuer la discussion entamée pour la rédaction de "Romance criminelle" le 14 mars à 16h au local du laboratoire 8 place s t jean .

Les indidu-e-s associé-e-s en lutte contre le nucléaire et son monde le 12/03/2012

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12 mars 2012 1 12 /03 /mars /2012 17:12

 

brève donné par le jura libertaire

Saint-Martin-d’Hères : un incendie signé No TAV ?

Cette nuit vers 3 heures du matin, une entreprise de travaux publics a été victime d’un incendie criminel.

http://pix.toile-libre.org/upload/original/1331556224.jpg

Il s’agit de Spie Batignolles, rue de Champ Roman à Saint-Martin d’Hères. Un camion a été incendié. Les flammes se sont ensuite propagées à un autre poids lourd puis au bâtiment, qui a été endommagé. Une inscription « collabos du Tav » a été découverte sur le site. Ce tag fait référence à un mouvement italien d’opposants au projet de TGV Lyon-Turin.

L’entreprise de travaux publics a travaillé sur le chantier de la descenderie de la Praz, un chantier lié au projet ferroviaire et qui s’est achevé en 2009.

http://pix.toile-libre.org/upload/original/1331556244.jpg

Le 3 mars dernier, une inscription similaire avait été découverte après des actes de sabotage survenus sur les lignes SNCF près de Chambéry et qui avaient perturbé la circulation des trains vers les stations de ski, en plein week-end de chassé-croisé.

Deux jours plus tôt, à Lyon, des opposants au TGV Lyon-Turin avaient endommagé des caténaires entre les gares de Jean-Macé et de Perrache, dans le centre-ville, qui avaient bloqué la circulation des trains durant une heure et demie.

Dans le nord de l’Italie, à Chianoccho, treize membres des forces de l’ordre ont par ailleurs été blessés ce même jour au cours d’affrontements avec des opposants au TGV Lyon-Turin qui avaient bloqué une fraction d’autoroute pendant plusieurs jours.

Leur presse (France 3 Alpes, 12 mars 2012

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11 mars 2012 7 11 /03 /mars /2012 18:58

Lettre d'Alessio incarcéré depuis le 26 janvier 2012, il est parmi des personnes incarcéré ce jour làpour avoir participé à la  manifestation pour reprendre le chantier du tgv lyon Turin. ce montage judiciaire contre l'ensemble  du mouvement No Tav.  Mais Alessio effectue encore deux mois de prison qu'il n'avait pas effectué , Tobia impérato est toujours en grève la faim pour briser l'isolement. il lui intedit de recevoir des gens extérieur de ses proches.  Le soutien est surtout financier aujourd'hui.Car Tobia ne peut plus travailler pour subvenir à ses besoins vitaux.

Ma correspondance est bloquée. Je suis soumis à la censure (ex-article 18 ter), donc mes lettres devraient simplement être vérifiées avant d’être envoyées. Mais ce n’est pas le cas.

J’ai commencé à envoyer des lettres depuis mon premier jour en prison le 24 janvier. Au 10 février, ces lettres étaient toujours retenues. Les chiens de garde pensent qu’ils peuvent isoler un individu de cette manière. Tous les arrogants inutiles qui ne gèrent ne serait-ce qu’une miette de pouvoir, croient que les idées, la passion et le désir de révolte peuvent être éteints une fois qu’on est enfermé, et que les liens de solidarité et de réciprocité avec ceux de l’extérieur peuvent être ralentis.

Je pense que même complètement isolé, je ne serai jamais seul.

Je porte en moi le courage, la détermination et les sacrifices de tous les compagnons et compagnonnes qui m’ont précédé sur le sentier de la révolte. J’ai marché dans leurs pas et j’ai bien l’intention d’attaquer cet existant de soumission et d’humiliation quotidienne avec la force de tout mon être. Dans ma vie, j’ai toujours accouru partout où je pensais pouvoir m’opposer à l’autorité. Je l’ai fait avec ma méthode, en construisant mes complicités, et lorsque je n’en ai pas trouvées, j’ai agit de moi-même. J’ai eu la chance de beaucoup voyager. Beaucoup de langues et d’individus différents rencontrés en chemin. Mais partout, j’ai trouvé la même douleur, la même usure et le même harcèlement. Une malédiction nommée État, une insulte nommée Capital. Tous deux sont des crachats jetés au visage de la dignité des individus.

J’ai donc décidé de n’attendre ni que les temps soient mûrs, ni les grands nombres. Je sais qu’il n’existe pas de meilleur jour qu’aujourd’hui pour se révolter, je sais qu’un individu n’a besoin de rien d’autre que de la capacité de ses bras et de la dignité de ses propres idées. J’ai donc pratiqué l’action directe, et mon cœur a chaque fois battu plus fort. En fixant à chaque fois les ennemis de la vie dans les yeux, je me suis dit que ce n’était pas assez, que c’était encore trop peu. C’est vraiment comme ça, ils n’ont encore rien payé. Et même s’ils devaient commencer à le faire, ce ne serait jamais assez.

Il est temps que la passion de chacun et chacune explose, que nous cherchions des hommes et des femmes en affinité avec nous, que nous observions l’ennemi. Et quand nous sommes prêts, passons à l’attaque. Malgré l’énorme déploiement d’hommes, de moyens et de technologies répressives, il existe encore dans ce monde des spectres en chair et en os qui ne se rendent pas. Quel que soit le risque, quel que soit le prix que nous fera payer le pouvoir.

J’ai eu le privilège de rencontrer des hommes et des femmes qui, après 20 ou 30 ans de prison, se sont retroussés les manches une fois dehors et, avec un grand sourire, ont repris leur place au combat. Ils ont passé leur vie au milieu de la tempête, en continuant à donner leur précieuse contribution.

J’espère que vous comprendrez à partir de ces lignes mon admiration et ma profonde gratitude pour ces individus, pour ces compagnons.
Je ne trouverai la paix que lorsqu’il ne restera plus rien des institutions et des propriétés des riches.

Cet existant doit être subverti, et il n’existe pas de meilleure manière que de commencer à le subvertir.

Depuis la prison « Le Vallette » (Turin)
Alessio Del Sordo - anarchiste,

Pour lui écrire : Alessio Del Sordo
C.C. via Pianezza 300
10151 Torino

[Retraduit de l’italien par nos soins. L’original en italien se trouve là.]

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11 mars 2012 7 11 /03 /mars /2012 09:38

 voilà le tract d'appel au rassemblement à 14h30, la lecture du tract  la clé plutot la chaine  est conseillé . apprèciez le. l

Romance criminelle

 

Un an après le début de la catastrophe de Fukushima, 26 ans après la catastrophe de Tchernobyl., les

médias ronronnent de catastrophismes en images de films apocalyptiques. Non! Assez!!

Nous avons grandi avec tous les cancers, toutes les malformations qu’ont encore à subir les populations de

là-bas. Les médias nous ont habitués à une contamination lente, par de « petits incidents », de « faibles »

rejets radioactifs constants dans l'air, dans les cours d'eau. Nous avons grandi avec cette idée que des pans

entiers de territoire seraient sacrifiés, presque à jamais, pour les besoins de l’industrie atomique.

.

Ce qui arrive aux japonais nous arrive également. C’est notre bouffe qui est empoisonnée, ce sont nos frères

et nos sœurs qui tentent d’atténuer les conséquences de la catastrophe en cours. Près de 400 000 personnes

sont déjà intervenues sur les réacteurs de Fukushima-Daïchi — ce sont nos semblables, nos proches, qui

sont voués à mourir à petit feu. Les frontières, les milliers de kilomètres ne sont pas des obstacles à notre

empathie. Il n’y a pas d’exotisme de la situation japonaise, car c’est une société nucléarisée, comme la nôtre.

Le fonctionnement ordinaire de l’industrie nucléaire exige déjà, ici, des sacrifices humains. Nous ne pouvons

nous empêcher de hurler contre Georges Besse II à Tricastin (construite pour produire du combustible

nucléaire pendant au moins 40 ans) , de penser aux travailleurs précaires du nucléaire, aux cheminots qui

convoient les trains de matière radioactive, à leur exposition constante aux rayonnements ionisants. La

catastrophe ne fait qu’en accroître le nombre de personnes affectées.

 

Avec Fukushima, une brèche ne s’est pas seulement ouverte dans les réacteurs, elle s’est ouverte aussi au

fond de nous, résonnant avec l’horreur, nous poussant à agir et à lutter. Le fait de nous proposer un débat

sur le nucléaire n’est-il pas la solution pour éviter sa sortie? Les débats publics sont une manière de

gouverner les masses en leur faisant croire qu’elles ont droit au chapitre! Les intérêts sonnants et trébuchants,

mais aussi géo-stratégiques, sont bien plus importants que l’intérêt du débat. En face de ce glacis, ce que

nous ressentons est des plus communs: peur et colère! L’urgence devient vitale. Souvent, l’impression

qu’aucun changement n’est possible nous tétanise.

 

L’industrie nucléaire a pourtant une infrastructure publique et privée. Elle porte le nom d’Areva, Vinci,

Bouygues, GDF-Suez, EDF, du CEA, les grand corps d’ Ètat proches de l’armée, et l’école des Mines.

Des noms familiers, des noms que l’on retrouve facilement ailleurs. Oui, le nucléaire est une affaire de

nucléocrates négationnistes qui font sereinement des théorèmes du haut de leurs pinacles. La Fourberie du

débat français qui porte essentiellement sur la manière dont l’économie française pourra supporter le passage

à d’autres techniques de production d’électricité a quelque chose de fantasmagorique; Les crânes d’œuf de

l’économie discutent gentiment avec les docteurs Folamour du nucléaire. Avec eux, tout est hors contrôle.

 

Nous, pas plus que nos parents, n’avons choisi cette société nucléarisée. La lutte contre le nucléaire civil et

militaire s’inscrit, dans cette volonté de faire valoir notre capacité commune à discuter explicitement de nos

besoins et à inventer nos manières d’habiter, de partager et de vivre.

Aujourd’hui, l’avenir que projettent toutes les élites est celui d’un capitalisme vert, austère, sécuritaire, aux

frontières fermées. Une pression jamais égalée sur les individus est la seule réponse qu’autorise le

capitalisme. Nous refusons de peser nos poubelles, de contrôler nos voisins, de devenir les managers

stressés de notre capital humain et écologique. Nous voulons que s’organise la rupture avec un système qui

se nourrit de la concurrence de tous, de surconsommation et de toujours plus de destruction. C’est ce

système qui est la sangsue: pas la solidarité, l’entraide et la construction consciente.

Malheureusement, face à la crise économique et écologique, nous réagissons chacun comme des bêtes qui

voudraient traverser une autoroute: fascinés par les phares, nous appréhendons d’être écrasés. En ce

moment, comme d’autres, nous nous demandons comment détourner le regard et bâtir une passerelle.

Ce qui se passe en Grèce ces jours-ci, le cynisme avec lequel, au Japon, la continuité de l’économie a été

privilégiée sur l’évacuation des populations devrait tous nous inciter à essayer de prendre prise sur la

situation qui nous est faite. Il est grand temps de rompre avec une économie qui ne survit que par

l’endettement. Endettement vis-à-vis du futur; endettement vis-à-vis d’une nature, que nous nous sommes

habitués à considérer comme hostile. Ce n’est pas à la nature qu’il faudrait déclarer la guerre. Toutefois nous

n’avons pas de solution miracle. En revanche nous savons que la première nécessité est celle de la solidarité.

D’une solidarité qui permette de mieux articuler les sabotages, les actions collective et la réflexion sur

d’autres modes de production -au lieu de les opposer. Se redonner du courage, à travers des actions et un

soutien inconditionnel de tous, pourrait nous permettre de sortir de l’impasse présente. Ce qui s' est passé à

Valognes nous l’indique, ce qu’il se passe au Japon l’exige de nous.

 

Pour le 11 mars, nous appelons, à Valence, à un rassemblement à la gare de valence ville à 14h 30

- Pour dénoncer les convois de trains de matières radioactives traversant fréquemment la région valentinoise.

 

  • Pour apporter notre solidarité aux assemblées populaires no TAV en lutte de l’autre côté des Alpes.

     Ces assemblées populaires ont décidé de placer la lutte contre le nucléaire dans leur lutte contre le

     train à grande vitesse, depuis la prise du chantier de Venaus. Certains d'entre nous se sont déplacés à

     leur invitation pour décrire le désastre quotidien de la vallée de la chimie et du nucléaire. Comment les

     paysans de la basse vallée du Rhône doivent apprendre à vivre en milieu contaminé. La grande

     vitesse est un cheval de Troie technologique utilisé par le nucléaire

  •  

Pour exiger aussi l’arrêt immédiat de Georges Besse II

 

Pour l’arrêt immédiat du nucléaire civil et Militaire

 

individu-e-s associé-e-s valentinois-e -s en lutte contre le nucléaire le 9 /03/12

 

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10 mars 2012 6 10 /03 /mars /2012 21:35

lu  le tract sur le jura libertaire,  mais malheureusement demain on  ne pourra distribuer, ce tract très clair, au rassemblement devant la gare de valence  à 14h30 -pour la solidarité aux assemblées populaires No TAV en lutte de l'autre côté des ALPES car les no TAV savoie ne trouve rien de mieux que d'appeler à la chaine humaine. on manifestera aussi-pour la sortie immédiate du nucléaire  civil et militaire et aussi pour demander l'arrêt total  de l'usine  georges Besse II .

À Luca Abbà, plongé dans le coma depuis le lundi 27 février 2012, après avoir chuté d’un pylône en haut duquel il s’était réfugié alors qu’il était poursuivi par les flics sur ordre direct du ministre de l’Intérieur italien qui intimait la reprise du chalet collectif La Baïta appartenant au mouvement d’opposition No Tav.

LA CLÉ PLUTÔT QUE LA CHAÎNE

Depuis Fukushima, le but morbide et explicite de la mafia nucléariste est de convaincre chacun que ce monde tel qu’il va ne peut plus aller sans le nucléaire. Les pronucléaires et les anti-nucléaires devraient s’en accommoder, comme l’imposent les mégalomanes criminels qui, au nom du principe de leur réalité, considèrent que l’humanité peut bien s’adapter à des accidents répétés de centrales [Ainsi, Jean-Marc Jancovici, membre de la « Commission de veille écologique » de la Fondation Nicolas Hulot, a récemment déclaré : « Du point de vue des écosystèmes, et ce n’est pas du tout de l’ironie, un accident de centrale est une excellente nouvelle, car cela crée instantanément une réserve naturelle parfaite ! La vie sauvage ne s’est jamais aussi bien portée dans les environs de Tchernobyl que depuis que les hommes ont été évacués… » (Enerpresse, 20 février 2012).]. Les cauchemars en cours n’ont pour effet dans les crânes d’œuf des nucléocrates négationnistes que de générer des théorèmes ubuesques où la probabilité prévaut aux décisions même lorsqu’elle est supérieure à 1. Ce ne sont pas quelques antinucléaires du « Réseau pour sortir du nucléaire » rejoints par l’appareil politique des Verts exhibant leur chaîne le long d’une faille sismique, serait-ce sur 1000 kilomètres Nord-Sud, qui auront la moindre incidence sur la catastrophe et les choix politiques qui en sont la cause. La mobilisation de Valognes en novembre 2011 nous paraît mériter une bien plus grande attention.

Ne taisons pas nos divergences

Au sein du collectif de valognes, une position idéologique a voulu prendre le pas sur le sens du « blocage » du train Castor à Valognes le 23 novembre 2011, cette tentative réussie d’action autonome. Dogmatiquement activiste, elle affirme que « la permanence des luttes de chapelles en France n’exprime que l’insuffisance pratique du mouvement ». (Appel au camp de Valognes en novembre 2011, septembre 2011) : elle recoupe celles des insurgés-qui-vont-arriver, qui considèrent avoir déjà gagné, du moins pratiquement : « Quelle que soit la virulence du déni, les nucléocrates le savent bien : en tant qu’industrie, le nucléaire n’a aucun avenir, hormis l’industrie de son démantèlement » (« Panique chez les nucléocrates », in Libération du 21 novembre 2011).

Une autre tendance, négation de la première, (« Notes sur Valognes et ses suites » in Pas de sushi l’État Geiger, n° 2, p 21-22), quant à elle, louvoie en assimilant la thèse de la défaite des nucléocrates à « l’illusion d’une prise de conscience généralisée comme il en fut jadis dans l’après-Tchernobyl ». Illusion qui aurait spéculé, déjà, sur la catastrophe nucléaire comme opportunité pour renverser ce monde. Si nous critiquons, nous aussi, cette thèse de la fin inéluctable du capitalisme par la catastrophe nucléaire, nous ne nous souvenons pas de la propagation d’une telle illusion dans les années qui ont suivi Tchernobyl [Au contraire : « Il serait, bien entendu, ridicule, aujourd’hui, d’espérer un "avenir sans nucléaire" comme certains écologistes le mendient de l’État. Le nucléaire est malheureusement là, et pour longtemps. Mais le pseudo-réalisme qui se fonde sur cette constatation pour admettre que le nucléaire continue à coloniser la planète est un raisonnement suicidaire », écrivait, en 1987, le Comité Irradiés de tous les pays, unissons-nous, dans sa Plateforme.]. Engager une activité désabusée sur la base des possibilités d’alors (notamment dans les luttes contre les projets de stockage de déchets nucléaires) et contribuer à fissurer le consensus qui régnait nous paraissait alors indispensable d’autant que le développement d’une conscience critique collective ne tombe jamais du ciel, fût-il cauchemardesque.

L’importance de la discussion réside dans le fait qu’il faut envisager la réalité du rapport de force dans la lutte contre le nucléaire.

Il ne s’agit pas d’éluder les contradictions, dont nous ne faisons pas table rase au motif d’un « mécanisme de division atavique [qui] nous dédouan[erait] certes de toute responsabilité, mais nous condamn[erait] à perpétuer les causes de notre faiblesse. » (Appel au camp de Valognes). Les contradictions ont la vie dure et leur refoulement sous la tente de l’unité ne nous empêchera jamais de considérer comme nuisance l’activité lobbyiste d’un Greenpeace ou comme confusionniste celle d’une association complice de l’industrie nucléaire comme l’ACRO.

Il est tout aussi faux et vain d’écrire, comme les uns, que le nucléaire est à « l’amorce de sa fin » (« Panique chez les nucléocrates ») sans envisager toute l’infrastructure sur laquelle il s’appuie et qui, elle, n’est pas véritablement mise à mal, que de prétendre, comme les autres, que le nucléaire continue comme avant, sans tenir compte des raisons pour lesquelles certains États ont décidé de mettre un bémol. Oublions les indignés du nucléaire qui, eux, se contenteront d’un capitalisme sans nucléaire, sans même se demander si c’est possible. Les Notes sur Valognes et ses suites se sont fait l’écho de différentes positions extérieures au collectif qui se fondaient sur la confusion entre l’action de Valognes et la stratégie formulée par les « appellistes ». Pourtant, à l’intérieur du collectif, « les approximations de la tribune de Libération sur la prétendue agonie finale de la mafia nucléaire » (Valognes et après…, plinkar Un de ceux de Valognes), étaient sources de dissensions.

La perturbation de Fukushima

Quel autre monde une arme de guerre, arrachée à la connaissance, devenue moteur industriel mondial pouvait-elle promettre sinon celui d’une survie réduite aux contraintes sécuritaires ? L’abondance des matières radioactives utilisables militairement et la diffusion de ces technologies sont telles aujourd’hui qu’elles ne déterminent plus les choix du nucléaire civil, en dehors des pays isolés géopolitiquement, tels l’Iran ou la Corée du Nord.

Personne ne peut plus nier que Fukushima, à la suite de Tchernobyl, peut entraîner un problème majeur pour le développement mondial de l’industrie nucléaire civile, car une telle catastrophe est aussi un démenti total des prétentions affichées précédemment par les nucléocrates. Du seul fait de son existence, la catastrophe de Fukushima contraint la caste nucléariste à poursuivre un travail de Sisyphe de « reconquête de l’opinion ».

Alors que cette caste est durablement engagée dans la poursuite de l’exploitation de l’énergie nucléaire, comme en France, où elle persiste avec une arrogance extrême à vouloir développer le nucléaire civil — quitte même à se servir de la catastrophe de Fukushima comme argument commercial —, elle peut aussi faire le dos rond et faire des promesses, comme en Italie ou en Allemagne.

Les pays émergents ne peuvent pas tous être pareillement ni aveuglément pronucléaires. Certains basaient leur production d’électricité sur des projets colossaux de développement de la filière nucléaire. Ainsi, l’Inde a pratiquement suspendu l’ensemble de son programme, dont la mise en chantier de 4 EPR, sous la pression des populations, après avoir prévu de multiplier par 14 son potentiel en vingt-cinq ans. Dans un autre sens, la Chine possède 14 réacteurs, en prévoit 25 nouveaux, dont 2 EPR, d’ici 2020. Mais cela ne veut pas dire pour autant qu’ils peuvent sans contradictions sacrifier leur population. Ainsi les autorités du district de Wangjiang s’opposent-elles à celles, voisines, de Pengze où se construit un nouveau réacteur, un AP1000, dernier-né de la technologie américaine, sur une faille sismique en activité. Comme partout, un journal, en l’occurrence Xinjing Bao, promeut la transparence.

Aux États-Unis, l’administration Obama veut relancer l’implantation de centrales. Pour la première fois depuis 1978, la construction de deux nouveaux réacteurs, en Georgie, a obtenu l’agrément de la NRC (Nuclear Regulatory Commission), l’instance fédérale.

Quelles que soient les décisions de l’après-Fukushima, personne n’ignore plus désormais que l’humanité, tant qu’elle existera, devra se protéger de la radioactivité artificielle que cette société a diffusée partout en connaissance de cause.

L’utopie EPR

Nous avions décrit dans Du mensonge radioactif et de ses préposés quelques aspects de la « reconquête de l’opinion » que la catastrophe de Tchernobyl avait alors rendu nécessaire pour les nucléaristes français. Aujourd’hui, les mêmes ont conçu le thème de la « renaissance du nucléaire ». Avec Fukushima, forts de cette expérience de gestion de catastrophe globale, les communicants du pouvoir nucléariste, c’est-à-dire aussi ceux de l’État français, ont tout de suite attaqué en traitant d’« infâmes » les écolos qui se seraient servis du malheur des Japonais et, dans la foulée, ils ont essayé de placer l’EPR comme remède à tous ces maux. Ils ont fait de ces morts un argument sécuritaire.

L’arrogance de cette mafia se lit parfaitement dans l’histoire de la conception de l’EPR et dans son usage : le programme nucléaire français avait été fondé sur la filière à neutrons rapides, « le réacteur du futur ». Après la construction de Superphénix — le roi Soleil — et du centre de La Hague, la filière a dû être abandonnée, échec industriel monumental. Les 58 réacteurs en service construits sur la licence Westinghouse en l’attente du développement de la filière française ont finalement servi à produire le plutonium que La Hague recycle sous forme de MOX, alimentant lui-même les réacteurs qui ne sont pas adaptés à ce combustible. L’EPR est la quintessence du savoir-faire français : il peut consommer du MOX et il a intégré les nouvelles règles de sécurité définies depuis Tchernobyl. Il peut même supporter la chute d’un avion de ligne, enfin il devrait… (bien que cela ait été contredit par un document d’EDF de 2003 classé secret d’État). Mais ce type de réacteurs implique tellement d’exigences qu’il en devient inconstructible, sinon à prix prohibitif. D’ailleurs, sur les quelques dizaines de réacteurs dont la construction est prévue dans le monde, il n’y a que 4 EPR. Les deux premiers — Olkiluoto 3 en Finlande, vendu à perte, et Flamanville — ont vu, pour l’heure, leur temps de construction et leur prix doubler, et ils sont encore loin d’être achevés. Le cas des deux de Taishan, en Chine, semble faire exception, mais on sait bien que, si la Chine n’est pas en voie de désindustrialisation, elle peut bien ignorer ses autorités de sûreté.

Pendant ce temps, les Coréens et les Canadiens obtiennent des contrats pour la construction de futurs réacteurs : ils sont moins chers, souvent de plus faible puissance et leur construction demande moins de temps…

Le colosse aux pieds d’argile n’a pas de porte-monnaie

L’appareil de production des énergies n’a pas à être rentable immédiatement puisque l’énergie anime l’ensemble des industries. Le raisonnement économique dans le nucléaire doit donc être envisagé comme l’expression politique de choix étatiques. La rentabilité n’est pas primordiale pour ses gestionnaires mêmes. Les profits se réalisent bien en aval des investissements proprement énergétiques. Économiquement, l’État avance mais le capital gère quand ça roule, c’est-à-dire hors prise en compte de « caractéristiques propres (risques, règles de sûreté et de sécurité, lien avec les questions de défense…) » que précisait le rapport Roussely, ex-président d’EDF et sans contradiction vice-président du Crédit Suisse, en 2010. Socialement, surtout en cas d’incident ou d’accident, l’État gère (par exemple, au Japon où Tepco va être nationalisée), le capital fuit et les humains se démerdent avec ce qui leur reste de santé et d’environnement.

Le gestionnaire Roussely sait également de quoi il parle quand il écrit : « Le nucléaire est en effet probablement la seule activité économique dont l’avenir est largement déterminé par l’opinion publique. L’acceptation par le public et les acteurs institutionnels est une condition majeure pour le développement du civil nucléaire. » La gestion à laquelle ils se livrent n’est pas seulement économique et sociale, elle est aussi celle des consciences, la police de la pensée.

Les coûts du nucléaire sont incommensurables puisqu’il s’agit du seul investissement qui aura été lancé pour l’éternité. La Cour de comptes s’est pourtant essayée à présenter un chiffrage du coût de la filière nucléaire française. Selon elle, les caisses seraient vides et, de plus, il est trop tard pour opérer le renouvellement du parc de centrales. Le choix de prolonger la durée de vie des centrales françaises (ainsi que dans la plupart des pays disposant déjà d’un parc) a donc déjà été fait. Initialement prévues pour être renouvelées au bout de quarante ans, les centrales pourront continuer leur fonctionnement pour atteindre cinquante ou soixante ans (il n’y a aucune limite réglementaire). Il faudra donc payer les rénovations (moins coûteuses que le remplacement) qu’un autre rapport, celui de l’ASN, juge nécessaire. Les deux rapports précisent les données et les contraintes d’un problème que les acteurs du nucléaire ne manqueront pas de contourner.

L’inimaginable au pouvoir

« Il faut accepter de se préparer à des situations complètement inimaginables parce que ce qui nous menace le plus, ce n’est pas un accident “standard” […] Si un accident se produit, le moins invraisemblable est que ce soit un accident absolument extraordinaire, lié par exemple à des effets dominos avec d’autres installations voisines, des aléas naturels ou des actes de malveillance » (dépêche AFP du 6 mai 2011), disait Jacques Repussard, directeur général de l’IRSN. Ce qu’ils n’avaient pas daigné imaginer auparavant devient, lors d’une réunion du Comité directeur pour la gestion de la phase post-accidentelle (Codirpa), la base de leur analyse. Repussard fait porter la cause sur les circonstances. Mais ce ne fut pas le tsunami qui fut radioactif.

Bon an mal an, on s’aperçoit, au travers de leur avancée forcenée, que le seul avenir qu’ils nous proposent véritablement est la survie en milieu contaminé, comme on peut le voir autour de Tchernobyl et au Japon. Un monde dans lequel il devient normal qu’un pédiatre japonais, Shintaro Kikushi, soit assailli par le dilemme des parents hésitant à envoyer leurs enfants jouer au jardin d’enfants : « Du point de vue de la santé, je pense que le risque de ne pas jouer est supérieur à celui qui est lié aux radiations » (Asahi Shimbun, 2 février 2012).

Le vortex de Valognes

Aujourd’hui comme hier, il s’agit pour nous de saisir les possibilités de remettre publiquement en discussion l’exploitation du nucléaire. Mais n’étant pas des martyrs, nous ne nous enchaînerons pas en réseaux de citoyens. Nous n’offrirons pas le spectacle d’un enchaînement volontaire immobile reposant sur l’espoir sidérant que sa présence passive occasionnerait une prise de conscience généralisée. Nous savons trop bien comment les nucléocrates et les économistes considèrent l’humanité, ils la prennent en compte quitte à la faire disparaître. L’opération menée à Valognes ne s’est pas faite sans divergences. Leur apparition dans les discussions est un moment nécessaire pour que les individus ne voient pas leur lutte dénaturée et accaparée par toutes sortes de représentants ou d’arrivistes.

Mars 2012,
Association contre le nucléaire et son monde.

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10 mars 2012 6 10 /03 /mars /2012 20:35

lu sur le site de l'ocl

Le 1er février, a débuté dans le nord-ouest du Pérou, une « grande marche pour l’eau et pour la vie » qui est arrivée à la capitale Lima le 11 février, au terme d’un parcours de 860 kilomètres.

Née du dernier grand conflit en date contre l’industrie de la mine dans une région précise du pays, cette marche avait pour objectif de rendre visible et audible la multiplicité des conflits en cours liés à l’extractivisme minier et pétrolier à l’échelle de tout le pays, d’imposer un moratoire sur les futurs projets et un coup d’arrêt définitif à ceux qui détruisent et polluent les ressources naturelles, dont l’eau est indéniablement la plus nécessaire de toutes. L’autre enjeu est d’obtenir un droit de « consultation », et donc de veto, de toutes les populations concernées par tout projet de ce type. En fait, il s’agit de faire de l’ensemble de ces conflits un enjeu politique majeur face au nouveau gouvernement, ce qui, en d’autres termes, revient à remettre en cause le bien fondé d’un modèle économique productiviste et capitaliste dans ses fondamentaux et le type de relation politique entre l’Etat et les populations – indigènes et majoritairement paysannes – habitant dans les zones rurales.


Cette initiative est consécutive d’un mouvement de protestation apparu dans cette région contre un nouveau projet d’extraction minière. Cela fait plusieurs mois qu’une grande partie des populations de la région de Cajamarca sont entrés en rébellion ouverte contre un nouveau mégaprojet minier, appelé Conga, d’extraction d’or et de cuivre à ciel ouvert, à 3500 mètres d’altitude, situé dans une des rares zones humides d’altitude, là même où naissent les sources de rivières irriguant les vallées fertiles de toute la région. La zone visée par ce projet comporte 682 sources d’eau recensées, alimentant le départ de cinq rivières principales desquelles dépendent 22 communautés. Deux de ces rivières fournissent 70% de l’eau courante utilisée dans la ville de Cajamarca. De plus cet écosystème très particulier, faisant fonction de « châteaux d’eau » naturels, est aussi situé à proximité relative du bassin et de vallée du río Marañon, l’une des deux principales rivières donnant naissance à l’Amazone.

Conga no va ! : « Sans or, on vit. Sans eau, on meurt »

Ce projet, le plus important en investissements de tout le pays, est à la charge d’un consortium, Yanacocha, contrôlé surtout par la société états-unienne Newmont Mining Corporation (associée à une entreprise péruvienne)[1]. Il doit être lancé en 2014 avec un investissement prévu de 4,8 milliards de dollars. Ces chiffres lancés pour séduire les habitants, n’auront aucun impact : il s’agit d’installations et d’infrastructures propre à l’exploitation, un système de transport du minerais, des excavatrices, des camions géants ainsi que la construction des bâtiments et le campement permanent dont sera bénéficiaire la grande entreprise de BTP brésilienne Odebrecht. Plus précisément, il s’agit d’un second projet : Yanacocha exploite déjà, depuis 1993, à quelques kilomètres de là, la plus grande mine d’or à ciel ouvert de toute la planète[2]. D’après le quotidien conservateur El Comercio, l’objectif du projet Conga est l’extraction de 6 millions d’onces d’or, évaluées à 12 milliards de dollars au cours actuel, mais en constante augmentation. Ceci sans parler des bénéfices attendus de l’extraction du cuivre, dont les cours ont presque triplés ces trois dernières années (passant de 3000 à 8500 dollars la tonne).

Dans une région rurale et d’économie paysanne peu approvisionnée en eau, où existent déjà quatre grandes mines à ciel ouvert, où souvent la distribution en eau dans les villes est limitée à quelques heures par jour, ce projet nécessite de sacrifier quatre lacs-réservoirs naturels en les asséchant, pour en reconstruire quatre artificiels, plus grands et plus profonds : deux d’entre eux serviront à déposer les déchets et autres résidus.
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L’extraction de l’or est non seulement excessivement gourmande en eau (et en énergie), mais elle utilise en outre des produits polluants qui contaminent les nappes phréatiques, notamment le cyanure pour lequel la même compagnie Yanacocha a investi 270 millions de dollars dans une usine de fabrication en 2009. En matière d’énergie, les excavatrices, les énormes camions bennes, le matériel de concassage arrachent, déplacent et brisent 150 000 tonnes de roche par jour pour quelques grammes d’or…

A ce sujet, les habitants de la région gardent en mémoire un redoutable accident en juin 2000, lorsqu’un camion de l’entreprise Newmont Mining a répandu 150 kg de mercure sur une route longue de 45 kilomètres dans la région. Malgré les graves problèmes de santé dont ont souffert plus d’un millier de personnes envoyées pour décontaminer la zone, la Newmont Mining s’en était alors tiré avec une amende de 500 000 dollars dérisoire au regard des décès déjà comptabilisés et des maladies incurables contractées.

Aujourd’hui, c’est principalement la menace directe sur les ressources hydriques de toute la région qui a mis le feu aux poudres et déclenché d’importantes manifestations depuis la mi-novembre 2011 aux cris de « Conga no va ! » [« Non à Conga »].

Le gouvernement nationaliste de gauche face à ses contradictions

Le président nouvellement élu Ollanta Humala avait promulgué en septembre 2011 une loi qui rend obligatoire l’approbation des communautés locales pour l’implantation d’une nouvelle mine, revendication portée par les mouvements amérindiens, paysans, depuis des années, que ce soit dans les régions amazoniennes (Bagua en 2009[3]), près de la frontière équatorienne (Piura depuis 2002) ou dans les hauts plateaux andins de Cuzco et de la Puna au sud du pays. Mais il lui sera clairement impossible de concilier deux logiques contradictoires : cette promesse concernant plusieurs dizaines de conflits (90 selon certaines sources, près de 200 selon d’autres) en cours dans tout le pays contre les projets miniers ou énergétiques et l’orientation extractiviste et exportatrice de l’économie, contre le modèle de développement et les investissements de grande envergure prévus par les multinationales étrangères ainsi qu’un ensemble non négligeable d’entreprises capitalistes nationales, souvent partenaires et associées dans des consortiums.

Les grèves et blocus dans la région de Cajamarca ont débuté à la mi-novembre 2011 et ont rapidement commencé à provoquer des problèmes d’approvisionnement en carburant, en médicaments et en denrées alimentaires, et, par leur intensité, avaient rapidement contraint des commerces et des écoles à fermer leurs portes. Le mouvement de protestation contre le mégaprojet minier Conga avait augmenté d’un cran dès la deuxième semaine avec la mise en place de barrages sur toutes les routes et un blocus de l’aéroport local suspendant complètement le trafic. Des affrontements entre forces de l’ordre et manifestants près du lac El Perol avaient fait plus de 20 blessés selon le Défenseur du peuple Eduardo Vega, la plupart par des balles en caoutchouc. En représailles, le soir même, les locaux de Minas Conga et de la société chinoise Lumina Cooper avaient été incendiés dans la ville de Celendín.

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Pour calmer les esprits face aux mobilisations grandissantes de milliers d’opposants, principalement dans les zones rurales mais affectant l’économie urbaine, la construction de la mine a été suspendue le 30 novembre à la demande du gouvernement qui, officiellement, souhaitait permettre ainsi un dialogue plus apaisé avec le consortium minier et les opposants. Mais le mouvement de protestation s’est poursuivi : les opposants au projet ne se contentent pas d’une suspension des travaux, ils réclament l’arrêt définitif du projet contre la levée des barrages et de la grève générale.

Un état d’urgence…

Face à cette poursuite du mouvement, le 5 décembre, le président de la République, Ollanta Humala, décrète l’état d’urgence dans quatre provinces de la région de Cajamarca (Cajamarca, Celendín, Hualgayoc et Contumazá)[4], une mesure qui restreint pour une durée de 60 jours les déplacements et les réunions de groupe et autorise les militaires et la police à se déployer en permanence et à rétablir l’ordre public dans l’arbitraire le plus total.

« Le gouvernement a pour obligation de garantir la vie et la tranquillité des personnes, de rétablir ses services basiques d’éducation et de santé et de permettre le libre transport des marchandises », avait déclaré le chef de l’État dans la nuit précédent l’instauration de l’état d’urgence. Pendant près de dix heures, le dimanche 4 décembre, une délégation de cinq ministres, menée par le Premier ministre Salomon Lerner, avait essayé de négocier à Cajamarca avec des dirigeants locaux de la protestation pour qu’ils suspendent le mouvement, sans résultat. Dans son message, le président Humala avait dénoncé « la rigidité » des protestataires. Effectivement, ils étaient rigides et « inflexibles » et ne souhaitaient parler qu’au Président et pas à ses sbires, fussent-ils ministres…

Le lendemain, le mardi 6 décembre, six leaders des mouvements d’opposition au mégaprojet minier étaient arrêtés par la police. Parmi eux, Wilfredo Saavedra, président du Front de défense environnementale de Cajamarca et figure activiste du mouvement de protestation. Saavedra a été condamné dans le passé à 10 ans de prison pour collaboration avec le mouvement révolutionnaire Túpac Amaru (MRTA), un groupe guérilla de gauche (de référence léniniste et guévariste) qui a connu son apogée il y a 20 ans [5] Après avoir purgé sa peine, il a retrouvé la liberté il y a 12 de cela. Son arrestation – et son parcours politique – ont bien évidemment été utilisés par le gouvernement dans sa propagande contre les opposants en les désignant comme fauteurs de troubles et ennemis de la démocratie…

Depuis l’instauration de l’état d’urgence, la vie à Cajamarca a été marquée par le retour à une certaine et apparente normalité ; réouverture des écoles et des commerces, reprise du trafic et des vols aériens. Mais la mobilisation continue et ne se limite pas à la grande ville (220 000 habitants).

Le gouvernement et les entreprises minières « doivent respecter la volonté et la décision des peuples dans le sens où le projet Conga n’est pas viable », a déclaré lors d’une conférence de presse le président du Frente de Defensa de los Intereses de Cajamarca, Idelso Hernández, quelques jours après l’imposition de l’état d’urgence. Le leader paysan a précisé que 70 % de l’activité économique à Cajamarca est agricole (cultures et élevage), raison pour laquelle les habitants rejettent le projet minier qui menace directement en quantité et en qualité les réserves hydriques déjà trop rares. « Cajamarca n’est pas un peuple terroriste, il est pacifique et l’état d’urgence déclaré par le gouvernement est absurde » a déclaré Idelso Hernández dès le lendemain. La tentative gouvernementale de stigmatiser et criminaliser la protestation a fait chou blanc. L’église locale soutient le mouvement ainsi que nombre d’élus tandis que le président de la région réaffirme son opposition totale au projet.

L’action répressive du gouvernement a peut-être rétabli l’ordre provisoirement mais ne parvient pas à inverser le cours des choses. Elle a surtout montré que, contrairement à ce que disait la coalition Gana Perú emmenée par Ollanta Humala pendant la campagne électorale sur la priorité à l’« inclusion sociale » par des mécanismes de consultation populaire ou de redistribution, la première réaction de l’exécutif face à un conflit minier comme il y en a tant dans le pays, a consisté, comme d’habitude, à décréter l’état d’urgence, à poursuivre et incarcérer des militants en vue et à envoyer la troupe pour tenter de briser le mouvement.

… suivi d’un premier recul du gouvernement

C’est ainsi que quatre jours après la déclaration de l’état d’urgence, le premier ministre, Salómon Lerner, a démissionné et dix autres ministres lui ont emboîté le pas, parmi lesquels ceux de l’agriculture, de l’énergie, de l’exploitation minière et de l’environnement, c’est-à-dire tous ceux impliqués officiellement dans le dossier.

Le 15 décembre, le nouveau premier ministre Óscar Valdés Dancuart promet une expertise environnementale indépendante menée par des spécialistes internationaux. Celle-ci devrait servir de base à la prochaine décision sur la continuation du projet Conga. Mais, le nouveau premier ministre n’est autre l’ancien ministre de l’intérieur, par ailleurs ex-entrepreneur et ancien militaire de carrière. Et surtout, Ollanta Humala, comme ses prédécesseurs à la tête de l’État, a fait de l’expansion de l’exploitation minière (et énergétique) la priorité de sa politique de développement économique, cela en conformité avec les intérêts de la bourgeoisie « nationale » et du capitalisme global bien « réel ».

Suite aux nombreuses protestations, régionales, nationales et internationales, le chef de l’État finit par reculer et l’état d’urgence est finalement levé le 18 décembre. Mais le conflit est loin d’être résolu et ce recul, s’il résulte d’un rapport de force, est avant tout tactique. Les entreprises minières et le gouvernement ont surtout essayé de gagner du temps et de diviser les mouvements de protestation et les communautés villageoises qui se sont soulevés contre le projet, en développant massivement une contre-propagande médiatique, notamment en insistant sur l’importance des emplois (15 000 !) que le projet permettrait de créer. Mais sur place, personne n’y croit, la grande mine existante de Yanacocha emploie sur site à peine plus de 3000 personnes. Et l’argument porte peu. Comme le disait un activiste, vers 1990, soit avant l’exploitation de la première mine de Yanacocha, la région de Cajamarca était la quatrième plus pauvre du pays. Vingt ans après, nous sommes toujours la quatrième région la plus pauvre… Alors ?

Le conflit est dans l’impasse. Pour le gouvernement (qui peut compter sur le soutien de diverses forces politiques de gauche issues du stalinisme local) et les élites de la nation, « Conga si va ! » et l’eau n’est pas menacée par l’or. Pour les opposants, c’est l’inverse : c’est, ou l’eau, ou l’or. Aucun compromis ne semble possible du fait que l’or est disséminé en fines particules dans la roche juste en dessous des lacs, qui sont ce que les péruviens appellent les « cabeceras de cuenca », les « têtes de bassin » hydriques qui, avec les glaciers, sont les véritables sources de toute l’eau douce du pays.

Pour le gouvernement, la priorité est de développer encore plus une industrie minière qui représente déjà 60% des exportations du pays et plus d’un tiers de ses revenus fiscaux. Le Pérou est en effet le premier producteur mondial d’argent, second producteur de cuivre et de zinc ainsi que le cinquième producteur d’or ; il possèderait 8% des réserves connues de ce métal hautement précieux. Le ministère de l’économie péruvien a récemment déclaré que 40 milliards de dollars pourraient être investis dans les mines péruviennes par des entreprises étrangères dans les cinq prochaines années. D’autant que la hausse continuelle des cours de l’or – multiplication par quatre au cours des dix dernières années – ne fait qu’aiguiser un peu plus les appétits et élever le niveau des enjeux.

C’est pour sortir de cette impasse que les opposants au projet Conga ont imaginé une initiative forte, qui désenclave leur lutte et opère une confluence avec l’ensemble des conflits qui parcourent le pays contre la mine et pour la défense des biens naturels : une « marche nationale pour l’eau », dont nous publions en annexe le manifeste.

Une marche nationale pour l’eau

La marche est partie symboliquement, le 1er février, de l’un des quatre lacs situés à 3800-4000 mètres d’altitude qui, selon le projet, doivent être vidés, agrandis et remplis afin de satisfaire aux besoins de l’extraction du cuivre et de l’or.

Plusieurs centaines de personnes, en provenance des différents districts et provinces de la région se sont rassemblées près des lagunas Cortada et Namacocha. Après une cérémonie en hommage à la Terre (le « Pago al Agua » – la Cochamama – et à la Pachamama) et plusieurs prises de parole, près de 500 personnes se sont mises en marche en direction de Cajamarca avant d’atteindre le lendemain la communauté de Choropampa, victime du déversement de mercure en l’an 2000.

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Pour rejoindre le plus directement un autre lac avant de redescendre dans la vallée, la marche a emprunté le chemin le plus court et s’est heurtée dès le départ à une des dimensions de tous les projets miniers : l’appropriation privée du territoire, des routes et des voies de circulation. Les marcheurs ont en effet été bloqués par un barrage policier déployé pour protéger la « propriété privée » de l’entreprise minière Yanacocha, en l’occurrence une portion de la route ainsi que des installations et matériels entreposés un peu plus loin, à environ 500 mètres. Une grande partie des marcheurs a été interdite de passage et seul un petit groupe, fermement encadré par des policiers, a pu traverser ce territoire privatisé et protégé par l’État. La surface de la concession existante n’est pas connue avec précision et selon les estimations, elle varierait de 26 000 à 67 000 hectares, selon que l’on considère les dimensions officielles ou les terrains appropriés de fait, desquels d’ailleurs moins de 10% sont réellement utilisés. Le nouveau projet doublerait cette surface puisqu’il est question de 251 km2.

Dans la soirée, la marche est arrivée à Cajamarca où plusieurs milliers de personnes qui avaient participé à une « Marcha de los Cántaros » [marche des cruches] les ont rejoint et accompagné jusqu’à la place principale de la ville, qui, comme partout au Pérou, s’appelle Plaza des Armas.

Une lutte locale comme révélateur de multiples conflits et d’un enjeu global

La marche doit ensuite se diriger vers la zone côtière du pays. Des organisations sociales et environnementales de régions situées plus au nord (Lambayeque, Piura, Tumbes…) doivent se joindre à la marche lorsqu’elle atteindra la côte. Dans plusieurs villes du pays, des actions de solidarité sont prévues pendant toute la durée de la marche. Á Arequipa, au sud du pays, ainsi qu’à Lima, des manifestations d’un millier de personnes chacune, se sont déroulées dès ce premier jour.

Le même jour, l’Organización Regional de Pueblos Indígenas del Oriente (ORPIO) avait appelé à une manifestation dans la grande ville amazonienne d’Iquitos contre des sociétés pétrolières et le début imminent d’une activité d’extraction de brut dans le bassin de la rivière Nanay qui fournit de l’eau aux habitants d’Iquitos. Dans l’appel à manifester, l’ORPIO rappelle que depuis 40 années d’activités extractives, les entreprises pétrolières « ont détérioré nos poissons, nos vallées, nos lacs, notre terre et l’eau qui nous donne la vie. Les bassins des rivières Corrientes, Tigre, Pastaza, Chambira et Marañon subissent maintenant l’impact des société pétrolières ». Cette mobilisation était également organisée en « solidarité et soutien à la lutte du peuple de Cajamarca contre le projet Conga » et à la marche pour l’eau.

Si l’origine de cette mobilisation est le conflit né en novembre dernier dans la région de Cajamarca contre le mégaprojet Conga, cette « Marche de l’eau » est aussi appelée « Nationale » et est co-organisée avec tout un ensemble de mouvements dans le pays, dont la Conacami (Confederación Nacional de Comunidades del Perú Afectadas por la Minería) qui articulent la protestation générale aux multiples situations et projets miniers et hydriques qui affectent localement les populations et ont donné lieu à de nombreux conflits ces dernières années.

On se souvient sans doute du récent soulèvement de Bagua, en 2009, où les populations amérindiennes du versant amazonien de la cordillère ont tenu tête à une répression sanglante et ont rendu les coups parvenant ainsi, malgré le coût élevé (morts, blessés, répression) d’arracher une loi de niveau constitutionnel les protégeant.

En remontant dans le temps, dans la région septentrionale de Piura, dès 2002, les populations se sont massivement mobilisées par des consultations référendaires organisées par les municipalités en rébellion et les « rondas campesinas »[6], manifestations et grandes marches violemment réprimées (en 2004-2005) contre le projet Río Blanco, à 6 kilomètres de la frontière avec l’Équateur (Minera Majas concédée à la société britannique Monterrico Metals) qui visait à créer la plus grande exploitation minière (cuivre et molybdène) d’une région où dans certaines zones déjà 25% du territoire est concédé et qui plus est dans une totale illégalité car une loi constitutionnelle péruvienne de caractère « nationaliste » interdit toute concession à des intérêts étrangers à moins de 50 kilomètres de toute frontière du pays.

Plus récemment, en mai-juin 2011, dans la région de Puno, limitrophe avec la Bolivie, un très grand conflit s’est soldé par une victoire : l’annulation de la concession donnée à la société canadienne Bear Creek Mining Compagny pour l’exploitation d’une mine d’argent (Santa Ana). Pendant 45 jours, des dizaines de milliers de personnes ont manifesté puis organisé une paralysation de toutes les activités économiques du département, un des plus touristiques du pays : blocages de routes (dont les postes frontières), prise d’assaut de l’aéroport de Juliaca par les manifestants et interruption du trafic aérien à cause de l’épaisse fumée dégagée par un gigantesque incendie d’un stock de foin entreposé à proximité des pistes, incendies d’installations gouvernementales, pillages de centres commerciaux… mais aussi cinq morts et une trentaine de blessés par les balles de la police.

Une victoire bien sûr. Mais, comme l’avait déclaré à la presse le leader des Indiens Aymara Walter Aduviri Calizaya (du Front de Défense des Ressources naturelles de la zone sud du Pérou) au moment du changement de président, il reste le problème des 600 concessions minières et pétrolières déjà accordées dans tout le sud du Pérou et que le nouveau président devra résoudre.

Á Cuzco, la manifestation du 1er février, qui a rassemblé environ 400 personnes, dénonçait le projet Majes-Siguas II, deuxième phase d’un mégaprojet de détournement de ressources hydriques vers le versant pacifique du sud péruvien. Etaient présents, une importante délégation de la province voisine d’Espinar qui s’est fortement mobilisé, avec grève générale, paralysation du trafic routier et des commerces, attaques de la préfecture et du commissariat (un mort et des dizaines de blessés en septembre 2010) contre ce projet démentiel qui les affectera directement.

Ce projet n’inclut pas seulement la construction d’un grand barrage à Angostura pour la production hydraulique d’électricité, mais aussi pour l’irrigation de 40 000 hectares supplémentaires dans les plaines de Majes et Siguas (près d’Arequipa) par un accroissement artificiel du débit de rivières en transvasant d’énormes quantité d’eau depuis les hauteurs de la cordillère andine (le río Colca et le río Apurimac, ce dernier orienté sur le versant amazonien) jusqu’à la plaine grâce à des canaux et des tunnels… Des détournements d’eau de rivière à grande échelle d’une région de montagne dont les hauts plateaux sont très peuplés, à une autre, de plaine, près des villes et de la côte, pour la production électrique et le développement industriel d’une agriculture d’exportation déjà existante depuis plusieurs années : banane, cacao bio, asperges (premier producteur au monde), paprika (premier exportateur), artichauts, avocats, mangues, raisins, agrumes, cela sans compter les premières cultures irriguées dans ces plaines : maïs, coton, canne à sucre…

A Cuzco, les manifestants ont également dénoncé le projet « agro énergétique » Salcca Pukará à Sicuani (province voisine de Canchis, au sud-est de Cuzco) et les projets miniers de Ares, Anabi, Constancia, et le “mineroducto” [pipeline de minerais], dans la province de Chumbivilcas (sud de Cuzco).

Il existe au Pérou d’autres projets similaires à celui de Majes-Siguas, notamment dans le nord du pays. Citons-en deux : le projet “Chavimochic” pour l’irrigation des zones arides situées entre les vallées des ríos Chao, Virú, Moche et Chicama, avec un canal principal de 288 kilomètres de long depuis la partie supérieure du fleuve Santa et au moins trois installations hydrauliques ; le projet “Olmos”, dans le région de Lambayeque avec percement d’un tunnel transandin de 19,3 kilomètres de long et 5,3 mètres de diamètre pour détourner, grâce à un barrage, les eaux du río Huancabamba (situé sur versant oriental et amazonien) vers le río Olmos situé sur le versant Pacifique avec comme objectif l’irrigation de 100 000 hectares.

Transformer la bande côtière quasiment désertique du Pérou en vallées verdoyantes, était à la base un projet tout droit sorti des “cerveaux” de la Banque mondiale dans les années 1960-70 : l’idée de faire pousser « des asperges dans le désert » est devenu dans les années 1980 un projet d’État qui possédait (et possède encore) l’essentiel du foncier et l’a cédé à des particuliers ou des société privées, à charge pour eux de rentabiliser ses terres sablonneuses et désolées mais désormais irriguées, par n’importe quel moyen (affermage, location, sous-traitance…)

La « Marche Nationale pour l’eau » apparaît donc comme une initiative permettant de donner un écho, une visibilité, à tout un ensemble de conflits locaux, en cours, certains depuis des années, contre une série de mégas projets de grandes infrastructures de type industriels s’inscrivant dans une perspective de développement du capitalisme, à plusieurs niveaux : extraction minière, métallique et non métallique[7], gaz et pétrole, notamment en Amazonie générant la déforestation (15 ha par puits en moyenne) et produisant des milliers de mètre cubes de boues et de déchets toxiques par puits ; grands barrages hydrauliques, projets d’irrigation pour une agriculture de type industrielle pour le marché « mondial », mais plus précisément nord-américain et européen ; sans oublier les projets d’axes de transports terrestres (camions) et de communications comme le « couloir transamazonien » (dit aussi autoroute « interocéanique ») en cours de construction dans le sud-est visant à développer l’« intégration » commerciale continentale et l’agrandissement des ports de commerce, celui de Callao (le port de Lima) et des deux futurs terminaux portuaires de l’axe interocéanique, Ilo et Matarani, dans le sud du pays, accélérant ainsi la croissance démographique des zones côtières, l’urbanisation et la métropolisation (et surtout la “bidonvilisation”) du pays : le taux d’urbanisation atteint maintenant 75% et l’agglomération de Lima regroupe aujourd’hui à elle seule plus du tiers de la population du pays.

Le 11 février, la marche est arrivée à Lima comme prévu, après plusieurs étapes, notamment dans la grande ville de Trujillo où au moins 5000 personnes les attendaient. Des milliers de manifestants de la capitale se sont joints aux centaines de marcheurs ainsi qu’aux délégations massives et nombreuses venues des quatre coins du pays réaffirmant que « Conga no va » et aussi que « Si Conga va, Ollanta se va » (« si Conga se fait, Ollanta devra partir »). Lors de différentes prise de paroles, les divers représentants des mouvements organisateurs de la marche ont fait savoir au gouvernement œœqu’il doit renoncer au projet Conga, faute de quoi serait appelé un « paro nacional » (arrêt, grève/blocage général). La situation dramatique du pays a été rappelée : les grands projets accélèrent la désertification de l’intérieur du pays et dans la capitale, 25% des 11 millions d’habitants n’ont pas accès à l’eau courante et doivent payer cher pour remplir leurs bidons à partir de camions citerne qui font la tournée quotidienne des quartiers de la périphérie. Alors que le pays possède 160 bassins hydriques, d’un côté l’eau douce est menacée par le développement, de l’autre elle devient une marchandise, interdite aux pauvres mais bien distribuée dans les beaux quartiers et commercialisée par l’industrie de la mise en bouteilles.

Les marcheurs ont remis officiellement deux projets de lois aux députés de l’alliance gouvernementale ; le premier proposant l’« intangibilité » des têtes de bassins hydriques et le second l’interdiction de l’utilisation du mercure et du cyanure dans les exploitations minières. Plusieurs centaines d’organisations sociales et environnementales ont ensuite initié le Forum Hydrique avec diverses tables rondes et conférences, montrant qu’au-delà du projet Conga, la question de la défense de l’eau et des ressources naturelles avait un caractère général et global.

La vie contre le « développementisme »

Les grands projets de développement ont tous comme point commun de s’en prendre directement aux ressources en eau douce, soit parce qu’elle est détournée et polluée par l’exploitation minière et pétrolière, soit parce qu’elles est captée, détournée, retirée des régions de petite agriculture familiale ou villageoise/communautaire au profit d’une agro-industrie exportatrice qui, en outre, ne peut fonctionner qu’en profitant de l’hyperexploitation d’une force de travail intermittente, employée dans l’informalité ou rémunérée aux salaires les plus bas de tout le continent grâce à un mouvement ouvrier/syndical peu combatif, peu indépendant des diverses fractions qui se disputent le pouvoir exécutif et de toute façon absent car, sauf rares exceptions, limité au secteur public.
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Un mode de production qui ne peut être réalisé que par de grands groupes économiques de dimension internationale utilisant, en plus de l’eau, de grandes quantités de ressources énergétiques (pour l’exploitation des sols, pour les transports et la conservation des produits…) tout en épuisant les sols et en contaminant le sous-sol et la nappe phréatique par l’adjonction de tous les intrants chimiques, quand ils ne sont pas transgéniques, nécessaires à ce type de production de masse de produits artificiellement standardisés et calibrés.

Les mobilisations « pour l’eau » et contre les mégaprojets dévastateurs tels que l’exploitation minière, les grands barrages hydroélectriques, les détournements de fleuves, l’appropriation des terres pour l’irrigation de zones dédiées à l’agro-industrie, les projets d’autoroutes et de ports de commerce en eau profonde, etc. forment le trait commun de la plupart des conflits de toute l’Amérique latine aujourd’hui : du Mexique (projets de développement dans l’isthme mexicain de Tehuantepec, dans la Jalisco (barrage) ou dans les territoires des Wirikutas (Huichols) menacés par des projets miniers…) au sud du Chili (projet HidroAysen, du consortium hispano-chilien Endesa-Colbun, qui prévoit la construction de cinq barrages sur deux vallées sauvages de Patagonie, diverses mines à ciel ouvert dans la Cordillère…), c’est tout un continent qui vit sous le même régime du « développementisme » pour le plus grand profit des plus grandes entreprises capitalistes, qu’elles soient « nationales » ou « étrangères ».

Pour ne prendre que des exemples se déroulant simultanément à la « Marche nationale pour l’eau » du Pérou ; en Argentine, en plus des mobilisations permanentes dans les provinces de La Rioja (mine de Famatina) et de Tucumán, des opposants à la mine Bajo La Alumbrera de l’entreprise Barrick Gold dans la province de Catamarca qui maintenaient un blocage des accès depuis trois semaines ont été violemment dispersés par la police le 8 février, provocant 40 blessés et un nombre indéterminé de détenus, dont des mineurs ; au Panamá, les amérindiens des communautés Ngäbe-Buglé se sont de nouveau mobilisés par des barrages de route dans tout l’ouest du pays depuis la fin janvier contre un projet de loi autorisant les projets miniers et hydrauliques sur leur territoire et, cela, contrairement aux accords conclus l’an passé avec le gouvernement au terme de plusieurs mois de mobilisation qui avaient coûté la vie à deux manifestants ; en Equateur, c’est aussi le branle-bas de combat et les mouvements amérindiens viennent d’annoncer la réalisation d’une « Grande Marche Plurinationale pour l’Eau, la Vie et la Dignité des Peuples de l’Equateur » devant converger sur la capitale à partir du 8 mars prochain… Sans parler des luttes quotidiennes des Mapuches du Chili pour la récupération de leurs terres et du territoire contre leur appropriation par les entreprises forestières et hydrauliques et le terrorisme d’État ; sans parler du refus catégoriques des populations indigènes du nord amazonien contre le mégaprojet du barrage Belo Monte, troisième plus grand au monde ; sans parler des luttes contre l’appropriation des terres et la monoculture du soja (transgénique) en Argentine, au Paraguay, au sud du Brésil.[8]

Il est important de souligner que dans la plupart de ces pays, plus de la moitié des conflits sociaux recensés le sont pour des raisons socio-environnementales et qu’elles sont parfois gagnantes en contraignant de grands groupes capitalistes, adossés à des fonds de pension et soutenu par les pouvoirs politiques de gauche comme de droite, à reculer, à renoncer. Victoires fragiles et provisoires le plus souvent : suspension des projets HydroAisen au Chili, suspension toute récente des travaux de la mine Famatina du groupe canadien Osisko Mining Corporation en Argentine, abandon du projet de la mine Santa Ana au sud du Pérou…

Le “développement” et les luttes socio-environnementales comme paradigmes reconfigurateurs du combat anticapitaliste

L’enjeu de ces batailles pour l’eau n’est autre que celui d’un type de société, et pas qu’à la marge. Assez explicitement, ce qui est posé dans la remise en question du modèle productiviste, capitaliste, ici « extractiviste » et exportateur, c’est certes de savoir qui contrôle et possède les ressources : les entreprises du « privé » ou le « commun ». Mais c’est aussi – et surtout – de voir dans quel cadre la revendication de ce contrôle des « biens communs » s’insère et selon quelles modalités : pour un marché anonyme et dans une logique d’optimisation et de marchandisation ou selon d’autres critères faisant droit à des « besoins » explicitement exprimés, discutés, argumentés tout en tenant compte de la « nature » de ces bien naturels… Autrement dit, comment sont envisagés les manières vivre, les modes de production et de reproduction de l’existence sociale, la transformation des relations humaines, et plus largement les modes de socialisation et de décisions politiques, particulièrement celles qui définissent les rapports d’usage que les communautés ou sociétés humaines établissent entre les « besoins » (ce qui est jugé utile et nécessaire à la reproduction sociale) et les ressources et « biens naturels », épuisables et limités, sans lesquels la vie, dont l’existence humaine dans son sens plus basiquement biologique, est tout simplement impossible, rendant, si tel devait être le cas par la poursuite de ces entreprises de destruction massive et irrémédiable, toute autre discussion ou préoccupation sans objet.

Indissociablement, le refus du modèle productiviste, le rejet des dévastations du « développementisme » et la revendication d’une obligation de consultation préalable des populations, introduisent une dimension proprement politique dans la relation de pouvoir entre celles-ci et les institutions : qui décide ? Et finalement, et suivant en cela les transformations en cours dans la Bolivie voisine où le gouvernement d’Evo Morales ne peut plus décider quoi que ce soit sans voir se soulever les populations directement affectées par ses décisions : qui a le pouvoir dans le pays ? Les institutions étatiques à Lima, pilotées par la minorité oligarchique des beaux quartiers, et le capital – dans une "parfaite" alliance opérationnelle et stratégique entre quelques grandes familles de sa fraction « nationale » et les groupes étrangers (miniers, pétroliers, du BTP, fabricants du matériel d’extraction ou des turbines électriques comme Alstom…), dont les investissements sont alimentés par les prêts avantageux de la Banque mondiale, de banques privées et des fonds de pensions des pays du Nord [9] – ou le « peuple », dans ses régions, communautés, territoires où les relations de travail, d’échanges, de coopération ne sont pas encore totalement gangrenées et ordonnées par la marchandisation et les logiques d’optimisation et d’exploitation, c’est-à-dire là où il existe encore des espaces d’autonomie et d’autodétermination sociale ?

Le développement capitaliste sous ses diverses variantes, mais avec ses effets universellement dévastateurs de spoliation, de destruction des écosystèmes, de création à grande échelle de formes systématiques d’asservissement, de dépendance et de misère, devient dans l’ensemble de l’Amérique latine (et au-delà), le nouveau paradigme sous lequel se forge la lutte anticapitaliste aujourd’hui. Á l’origine, luttes de résistance pour la préservation de l’existant face à ce qui le menace, elles deviennent porteuses d’autres significations dans le cours même de leur dynamique et de ce qu’elles révèlent en profondeur. Il n’est pas indifférent que le terme qui émerge et parcourt toutes ces réalités de combats, de mobilisations populaires depuis ces quinze dernières années soit celui d’autonomie – sociale, communautaire, territoriale…– en tant qu’elle semble pouvoir exprimer et condenser les multiples facettes et enjeux de ces conflits et de leurs capacités à modifier la réalité existante, à configurer de nouveaux imaginaires, à faire émerger de nouvelles expectatives et aspirations ici et maintenant.

Au-delà – et en dépit – de son caractère polysémique et de ses ambigüités inhérentes, cette autonomie, « desde abajo », d’en bas, collective et individuelle, comme pratique et manière de vivre, comme recherche, comme horizon et comme projet, où s’épuise la distinction de la fin et des moyens, n’est-elle pas l’autre nom de l’émancipation ?

J.F.

Le 13 février 2011


_ _ _ _ _

Notes :
[1] La Newmont Mining détient 51% du capital, la péruvienne Buenaventura y participe à hauteur de 43% et la Corporation Financière Internationale, une institution appartenant à la Banque Mondiale, en possède 5%.
[2] Les Français ont vaguement entendu parler de cette mine dans les années 1990. Cette mine d’or a été découverte en 1980 par le BRGM, un organisme public français. Exploité au début par un consortium d’entreprises péruviennes, états-unienne et le BRGM. Sous la direction de Claude Alègre, en 1994, les actifs “français” de la mine sont privatisés au profit d’une entreprise australienne. Mais la société états-unienne Newmont Mining, partenaire du projet, dénonce en justice cette transaction et obtient rien de moins que la possession de la mine. Quelques « coqs » gaulois se sont alors étranglés devant la perte de ce joyau et on a parlé à l’époque d’intérêts troubles et de corruption possible au niveau des responsables (Allègre) et intermédiaires français (proches de Chirac).
[3] Voir “Bain de sang dans l’Amazonie péruvienne” [ http://oclibertaire.free.fr/spip.php?article573 ], “Pérou : Victoire indienne et populaire !” [ http://oclibertaire.free.fr/spip.php?article583 ]
[4] Avant de disparaître en 1997 après la prise d’otages et l’assaut militaire contre l’ambassade du Japon à Lima.
[5] Au Pérou, ce qu’on appelle une « province » correspond un peu, en superficie, à nos départements. Ces « provinces » sont divisées en districts, dirigés par des maires élus mais de taille beaucoup plus grande que nos communes. Plusieurs provinces forment une région.
[6] Ces « rondes paysannes » sont une forme d’organisation de type communal, crées de manière autonome dans les provinces du nord su Pérou au cours des années 1970. Elles se sont ensuite étendues dans d’autres zones du pays, plus au sud, au départ surtout comme groupes d’autodéfense (armés) pour faire face aux incursions et au rançonnage exercé par la guérilla maoïste du Sentier Lumineux. Dans la partie centrale de la cordillère, ces « rondas campesinas » se sont souvent maintenues depuis la fin de cette guérilla comme structures d’entraide et de mobilisation. Dans la partie nord du pays, elles sont devenues des unités reconnues d’organisation sociale/politique de base, territoriales, autonomes de l’État, particulièrement là où il est inexistant.
[7] Parmi les minerais non métalliques, le borate, le kieselguhr, la bentonite, les roches phosphoriques et le travertin.
[8] L’implantation et le développement rapide d’un modèle à la fois « extractiviste » et agro-industriel tourné vers l’exportation fait dire à certains économistes que l’on assiste à une « re-primarisation » de l’économie, en particulier pour des pays qui ont eu un passé (ou des velléités) de développement industriel (secteur secondaire) ou qui visent à une tertiarisation dans une nouvelle économie des services et de la connaissance… Sur le cas argentin, on peut se reporter à l’article ‟Il y a dix ans… l’insurrection argentine” [ http://oclibertaire.free.fr/spip.php?article1095 ]
[9] Le consortium Yanacocha est emblématique de cette fusion d’intérêts. Entreprises états-unienne et péruvienne, participation minoritaire (5%) et prêts de la Banque mondiale, investissements du fonds national des pensions suédois (ce dernier, pur produit du modèle social-démocrate).

Quelques sources d’information.

Site de la marche
http://www.marchanacionaldelagua2012.blogspot.com/

Agence d’informations SERVINDI
http://servindi.org/

Coordinadora Nacional de Comunidades Afectadas por la Minería
http://conacamiperu.blogspot.com/

Observatoire des conflits miniers en Amérique latine
http://www.conflictosmineros.net/home


 

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9 mars 2012 5 09 /03 /mars /2012 10:19

information qui contredit la campagne de promotion de la voiture électrique de Michèle Rivasi pour devenir député européenne d'Europe écologie les verts. Maintenant madame la député soutien la chaîne humaine pour sortir du nucléaire

 

 

voiture-nucleaire-propre

La voiture reste encore aujourd’hui le symbole absolu de  l’incapacité de la société de consommation à se remettre en cause et à stopper cette course en avant technologique. Ainsi, bien que le pétrole soit enfin reconnu comme une énergie épuisable, la société entière (Etat, entreprises, médias, chercheurs, …) n’arrive toujours pas à imaginer une société sans automobile individuelle. On cherche donc désespérément une alternative au pétrole… bien que sur terre il n’y ait pas d’autre énergie aussi concentrée et aussi disponible que le pétrole. Ils en sont alors à  proposer de nouvelles pseudo alternatives comme l’est la voiture  électrique.  

Voiture électrique = voiture nucléaire

La preuve par les chiffres: si on estime la consommation d’une petite voiture électrique à 0.2KWh (KiloWattHeure) par km (climatisation et autres options énergivores comprises) et que celle-ci parcourt 14.000 km/an (kilométrage moyen en France) on obtient: 0.2KWh par km x 14.000 km par an = 2,8 MWh (MégaWattHeure) pour une petite voiture par an.

En France, 36 millions de petites voitures x 2,8 MWh = 100 millions de MWh par an.

A titre de comparaison la puissance éolienne installée aujourd’hui est de 6000 MWH, la production solaire est de quelques milliers de MWh. Alors que reste-t-il pour fournir ces millions de MWh? Le nucléaire!

Avec une production moyenne de 6 millions MWh par réacteur et par an on obtient: 100/6 = environ 17 nouveaux réacteurs nucléaires sont donc nécessaires pour pouvoir électrifier l’ensemble du parc automobile français!

Irréaliste

Finalement, si on se place d’un simple point de vue économique (dans la logique du capitalisme), le projet d’une voiture électrique semble irréaliste au vu des coûts très largement supérieurs à une voiture à essence. Entre le  prix élevé des batteries et le prix de l’électricité, qui ne peut d’ailleurs que  progresser, cela semble illogique de développer cette technologie. Même si les prix du pétrole continuent de progresser, ils ne peuvent compenser le surcoût du prix du véhicule, surtout que la majorité du coût de l’essence  vient des taxes et l’on n’est donc pas à l’abri d’une baisse des taxes pour compenser l’augmentation des prix du pétrole brut.

La pile à combustible = fausse solution

Pour pallier le problème du stockage de l’électricité (batteries lourdes, à faible durée de vie et polluantes), on nous parle souvent de la pile à combustible. On peut résumer son principe en expliquant qu’une membrane spéciale permet de créer de l’électricité à partir de l’hydrogène en relâchant juste un peu de vapeur d’eau. Comme ça a l’air génial! Sauf qu’il n’y a pas d’hydrogène disponible dans la nature. Alors que faire? Créer cet hydrogène à partir de l’eau et de… l’électricité. Electricité nécessaire alors en quantité phénoménale, donc forcément issue de centrales nucléaires (dangereuses et polluantes!).

Il existe aussi un autre type de pile à combustible alimenté en méthanol. Mais comme cet alcool est artificiel et n’existe pas dans la nature il doit donc être créé par l’homme et le problème de l’énergie se repose… échec et mat!

Voiture électrique ≠ véhicule propre

• A l’heure d’aujourd’hui la voiture électrique rechargée sur le réseau d’électricité est tout sauf un véhicule propre. En effet, si on prend le cas classique de la personne qui rentre chez elle après son travail et qui met alors sa voiture électrique « en charge », elle va consommer de l’électricité très polluante en CO2.

Rappelons qu’entre 17h et 20h, heures de pointe de la consommation d’électricité en France, l’électricité produite vient en partie de sources  fossiles (essentiellement le gaz pour la France mais aussi le charbon ou le pétrole pour d’autres pays). En terme de bilan carbone (Selon le Réseau de  transport de l’électricité, les usages intermittents de l’électricité ont un bilan carbone avoisinant les 600 à 700 grammes de CO2 par kWh.). La voiture électrique risque d’émettre autant voire plus de CO2 que son équivalent à essence. Un comble!

• Le bilan carbone de la voiture électrique reste très mauvais. Il faut dire que 20 à 30% de son bilan carbone est lié à sa seule fabrication.

• En fin de vie, la dépollution et le recyclage pour les deux systèmes envisagés (pile à combustible ou batteries), n’est écologiquement pas neutre. En effet ils comportent des matériaux polluants et dangereux (plomb, nickel et autres métaux lourds) dont le recyclage total (sans pollution) n’est pas possible. De plus les batteries s’usent assez vite, cinq années de durée de vie en moyenne (tout types de batterie confondus).

• Enfin l’électricité nucléaire engendre des déchets polluants donc dangereux pour des dizaines de milliers d’années!

Foi aveugle dans le progrès technologique

Bien sûr cette histoire de trouver de nouvelles technologies pour sauver  l’automobile vient en partie de cette foi aveugle dans l’idéologie du progrès. Ainsi certains rêvent d’une voiture avec des panneaux solaires qui s’autoalimenteraient (très irréaliste), une voiture à réacteur nucléaire, une voiture à air comprimé (nucléaire elle aussi car il faut de l’énergie pour comprimer de l’air), à bio carburant (alors qu’on a déjà du mal à nourrir tous les êtres humains on va consacrer des terres agricoles à faire du carburant?), … tout ça pour éviter de remettre en cause le concept même de l’automobile individuelle!

Le ratio « poids du véhicule / charge à transporter » très négatif

Tout le problème du gaspillage des ressources par l’automobile vient de ce ratio poids du véhicule/charge très défavorable. En effet, une voiture moyenne pèse 1200kgs (rajoutons 200kgs de batterie cela fait 1400 kg). Or en moyenne on est 1,8 personnes dans une voiture (à peu près 120 kg à transporter). Ainsi le moteur utilise seulement 8% de son énergie utile pour déplacer les personnes et 92% de son énergie pour bouger le véhicule!

Scientifiquement c’est une hérésie et un gaspillage éhonté de l’énergie. Qu’est-ce qui explique donc cette aberration? Simplement que le concept de l’automobile a été inventé à une époque on l’on croyait que le pétrole était inépuisable et que sa combustion ne polluait pas…

Aujourd’hui, avec les nouvelles connaissances scientifiques, on aurait du remettre en cause le mythe de l’automobile… mais la rationalité s’est vite effacée devant cette nouvelle idéologie qu’est l’automobile, entre religion (adoration irrationnelle) et drogue (dépendance).

Autres problèmes environnementaux non résolus

A part sur la question du bruit où les voitures électriques suppriment cette nuisance, tous les autres aspects négatifs du transport automobile subsistent. La défiguration (pollution visuelle) des villes et des campagnes restera la même. Les embouteillages continueront, les accidents de la route resteront ce qu’ils sont, la place de la voirie consacrée à ce transport individuel restera majoritaire sur les autres occupations d’espace public (places, bancs, espaces verts, zones piétonnes, espaces de jeu pour les enfants, etc.).

En conclusion, comme la voiture électrique ne remet pas en cause l’aberration qu’est l’automobile individuelle, elle ne résout aucun des problèmes environnementaux liés à l’automobile. Et pourtant des solutions existent, notamment en privilégiant le transport collectif (bus, train, tramway) qui est moins consommateur d’énergie ou le transport individuel non polluant (vélo, vélo à assistance électrique, marche, roller, etc.). Mais comme l’automobile résulte d’un choix idéologique presque religieux, tout le discours rationnel, environnemental et scientifique a du mal à passer et à convaincre. Et pourtant une autre manière de se déplacer est possible…

Collectif lyonnais « pour une ville sans voitures« 




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9 mars 2012 5 09 /03 /mars /2012 07:57

dimanche 11 mars à 14h30 rassemblement devant la gare de valence

-pour exiger la sortie immédiate du nucléaire civil et militaire

-pour demander l'arrêt immédiat de Geoges Besse II

-pour une solidarité aux assemblée populaires no tav en lutte de l'autre côté des Alpes

Le tract d'appel  au rassemblement est en préparation par l'assemblée antinucléaire réuni au laboratoire le 8  mars

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Agenda

    dimanche 30 juin

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du 22 juillet