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La tyrannie la plus redoutable n'est pas celle qui prend figure d'arbitraire, c'est celle qui nous vient couverte du masque de la légalité." Albert Libertad

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le blog du laboratoire anarchiste

File:Wooden Shoe.svg
25 mars 2012 7 25 /03 /mars /2012 19:44
Lu sur indymedia.Nantes , pourquoi le le blog du laboratoire publie ce texte. Nous sommes du côté des défenseurs de leur territoire N O TAV et du versant occupé par QOCP contre center parc à Roybon .  Du côté des basques qui luttent contre le tourisme même vert. du côté les habitants de saint Paul les Dax qui luttent contre le projet de  golf qui va recouvrir une partie de l'histoire préhistorique ouvrière de cet ville envahie par les thermes de la ville de DAX.
Un bref récit partiel et partial de la manifestation contre le projet d'aéroport à Notre Dame des Landes, à Nantes, le samedi 24 mars.

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3 cortèges devaient converger vers le centre de la Métropole, en provenance du nord, de l'est et du sud.

12h30, Rond Point de Rennes, côté nord : un rendez vous avait été lancé pour un cortège anticapitaliste (voir l'appel : http://nantes.indymedia.org/article/25315). Des dizaines de personnes commencent à se rassembler sous un grand soleil en attendant la colonne de tracteurs. Des militants d'Europe Écologie et des membres de l'ACIPA sont aussi présents.

Un impressionnant cortège de tracteurs est accueilli par des applaudissements, des slogans, un fumigène. Plus d'une centaine de tracteurs défilent sous nos yeux. Aussitôt, le cortège anticapitaliste se structure pour démarrer.

Ce cortège de plusieurs centaines de manifestants est créatif, actif, révolté. Les slogans sont offensifs. Beaucoup de taggs, de pochoirs, de jets de peinture fleurissent tout au long de la rue Paul Bellamy. La permanence d'Europe Écologie (du député De Rugy) est redécorée, quelques militants verts viennent s'interposer, le ton monte un peu. Il faut rappeler à ce sujet les déclarations policières matraquées par ce parti plusieurs jours avant la manif dans les médias locaux : par exemple, dans un communiqué, Europe Écologie-les Verts « condamne par avance toutes les dégradations et violences qui pourraient avoir lieu avant, pendant ou après la manifestation ». (source : http://www.nantes.maville.com/actu/actudet_-A-Nantes-le...u.Htm)

L'hélicoptère survole ce cortège nord et en particulier les "anticapitalistes". Des BACeux sont présents à chaque coins de rues, des flics prennent des photos depuis certains bâtiments... Mais cette surveillance est encore relativement "légère" comparée à l'hyperprésence policière qui va suivre.

Le déploiement répressif annoncé par les médias a bien eu lieu. 1500 policiers, des véhicules anti-émeutes (lanceurs d'eau), des dizaines de cars de CRS, de gendarmes mobiles, des gros groupes de dizaines de BACeux, et surtout l'hélicoptère qui survolait la manifestation avec vacarme.

Nantes n'avait jamais connu un tel dispositif policier. La terreur d'État avait été importée depuis Notre Dame des Landes au cœur même de Nantes. (article de la presse bourgeoise : Nantes sur le pied de guerre avant la manif : http://www.nantes.maville.com/actu/actudet_-Nantes-sur-...u.Htm)

Sur le cours des 50 Otages, face à la préfecture, les trois cortèges se rassemblent. Plusieurs milliers de personnes convergent. La foule est très hétérogène. Au milieu des manifestants : des vaches, des chèvres, chevaux...

Les véhicules anti-émeute sont exhibés au niveau de la préfecture, le dispositif est impressionnant. Malgré cette intimidation, la grille anti-émeute et la préfecture sont barbouillées de terre et de purin. Une brigade de clowns fait un sketch. Après un moment de flottement, la manifestation démarre par la rue de Strasbourg. 10 000 manifestants (?) peut-être plus défilent. Le chiffre importe peu : l'offensivité créative et la participation effective et joyeuse des manifestants sont frappantes. Beaucoup de banderoles diverses et faites mains également.

Un dragon coloré crache une fumée blanche sur les flics, sur les bâtiments officiels, sur les banques. Une Batucada joue et donne du rythme. La manifestation passe devant la mairie : des dizaines de CRS la protègent, le bâtiment est rempli de policiers. La mairie, comme le reste des bâtiments, est tout de même taggée.

La manif est toujours très créative, de nombreuses affiches sont apposées, des pubs détournées, les locaux de banque, d'agence immobilières et autres nuisibles sont "redécorés". Les graffitis sont polyglottes : espagnols, italiens, français. L'ambiance est festive et enragée. Après une déambulation dans le centre ville, retour sur le cours des 50 Otages pour y rester. On se fixe au niveau de la place du Cirque. Le bocage s'installe en pleine métropole.

Les flics sont déjà en position pour nous prendre en étau : ils sont positionnés partout, bloquant toutes les rues environnantes. L'hélicoptère continue sa surveillance bruyante.

Mais la réappropriation de la ville est effective : des arbres sont plantés, les murs remplis de slogans, les banques complètement repeintes par le dragon qui crache à présent des litres de peinture.

Les flics avaient installé pour l'occasion une caméra "360°" sur le toit de l'Hôtel la Pérouse, pour fliquer -encore plus- tout le rassemblement. Un manifestant parvient à monter sur le toit, et sectionne le câble de la caméra sous les applaudissements de la foule. Dans la foulée, cet Hôtel de luxe est maculé de peinture rouge. Pendant ce temps, une partie de la rue commence à être dépavée. Une rangée de policiers trônent en haut d'un escalier surplombant le cours : une barricade de grilles et de bacs de végétaux est installée face à eux en bas de l'escalier, les empêchant de charger. Une grande banderole est attachée pour leur masquer la vue du rassemblement.
Des BACeux descendent pour essayer de harceler des manifestants isolés, plusieurs dizaines de personnes répliquent aussitôt et font reculer les flics.

Vers 17h, un feu est allumé dans un brasero. Très rapidement, le feu s'étend, il se transforme en immense brasier qui crépite et qui explose. D'autres foyers partent, des fumigènes sont allumés. Un épais panache de fumée noire vient perturber l'hélicoptère pendant que des feux d'artifices sont tirés. Mais la peur n'est pas de notre côté : la batucada continue à donner le rythme, il y a aussi un accordéon, des gens dansent, jouent. La scène est étonnante. La fête et la révolte sont réunis. La foule est toujours hétérogène. Des flics postés en haut de l'escalier essuient rageusement des jets divers.

Les flics, malgré leur déploiement considérable semblent hésiter face à cette ambiance. Des passants se greffent aux manifestants, d'autres vont et viennent. Il n'y a plus vraiment de clivage entre manifestants et non-manifestants en cette fin de samedi après midi ensoleillée.

Avant le crépuscule, les flics décident de faire le ménage. Après des sommations inaudibles, des centaines de forces de l'ordre commencent à charger. Toutes les rues vomissent des rangées de CRS. Une charge de BAC est accueillie par une nuée de projectiles. Le risque que le cortège soit découpé par les policiers est alors grand. Le recul est rapide. Le rapport de force est trop défavorable. Malgré tout, quelques personnes allument des barricades de fortune le long du cours des 50 otages : pneus, poubelles, cartons, palettes. Cela n'empêche pas la progression inexorable des flics. Ce qui reste du cortège s'éparpille : le long de l'Erdre, rue Paul Bellamy, place Viarme ou les BACeux chargent et interpellent.

Vers 21h, les flics contrôlent totalement la ville. Des rangées de CRS quadrillent toutes les grandes artères. En même temps, les équipes de nettoyages entrent déjà en scène : il faut aseptiser la Métropole socialiste, effacer les stigmates de cette après-midi de résistance le plus vite possible.

Les journaflics annoncent dans la soirée 7 interpellations et 5 Garde à Vues. D'autres manifestants auraient été repoussé jusqu'au Rond Point de Rennes le long de la rue Paul Bellamy. Qu'en est-il ?

N'hésitez pas à corriger, compléter ce compte rendu.

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25 mars 2012 7 25 /03 /mars /2012 08:36

Le lundi 2 avril 2012 de18h15 à 19h, l'équipe radio du laboratoire anarchiste prépare une émission de radiode témoignages et de modestes réflexions dans la continuité locale  des textes paru dans le journal sans remède  et aussi davec la brochure à clair voie. Cette émission sera construites par des témoignages   soit enregistré  au laboratoire anarchiste les jours  de présence signalés sur le blog et avec du direct dans le studio de l'émission. Pour que cette émission soit l'expression  de nos envies écrire à l'adresse du laboratoire,prenez contact avant le 2 avril,on sera à radio Mega dés 17h pour prépare l'émissionde 18h15.

Lien vers le journal sans remède

Après l'adoption de la loi de réforme de juillet 2011

Adoption définitive de la loi de réforme des “soins” psychiatriques sans consentement

lu dans le site du journal sans remède

Extraits d’une dépêche de l’APM (Agence Presse Médicale) reprise, dans un but purement informatif, à partir du site du CRPA (http://psychiatrie.crpa.asso.fr/)

PARIS, 22 juin 2011

Les députés ont adopté mercredi le projet de loi sur les soins sans consentement en psychiatrie dans sa version définitive, en reconnaissant des incohérences dans sa rédaction.

Les députés ont voté à main levée le projet de loi relatif aux droits et à la protection des personnes faisant l’objet de soins psychiatriques et aux modalités de leur prise en charge dans la version adoptée jeudi par le Sénat. (…)

Le rapporteur Guy Lefrand (UMP, Eure) a déploré de devoir adopter un texte imparfait en raison de la date limite d’entrée en vigueur des nouvelles dispositions au 1er août, imposée par le Conseil constitutionnel.

Il a reconnu que deux articles du projet de loi, l’article 3 sur l’admission en soins sans consentement sur décision du représentant de l’État (nouveau nom de l’hospitalisation d’office – HO) et l’article 3 bis (qui sera numéroté article 4 dans la loi promulguée), introduit par le gouvernement au Sénat, sur la nécessité d’un deuxième avis médical en cas de désaccord entre le préfet et un premier psychiatre sur la levée de la mesure, étaient en partie incompatibles.

D’un côté, l’article 3 prévoit la saisine automatique du juge des libertés et de la détention (JLD) en cas de refus du préfet de lever une H.O. alors que le psychiatre demande cette levée.
De l’autre, l’article 3 bis prévoit, dans le même cas de figure, de demander l’avis d’un deuxième psychiatre.
Cela conduira le directeur d’établissement à engager « deux procédures parallèles », la saisine du JLD et le deuxième avis, a remarqué le rapporteur.

Guy Lefrand a relevé que la secrétaire d’État à la santé, Nora Berra, avait laissé entendre au Sénat que le contrôle systématique du JLD n’aurait lieu que dans le cas d’avis divergents des deux psychiatres et que le préfet maintiendrait la mesure de soins.
Mais, a-t-il ajouté, rien dans le texte ne le précise et aucune disposition de coordination entre les deux articles n’a été introduite.
(…)
Il a souligné que la décision du Conseil constitutionnel remettait en cause « les fondements mêmes de l’HO » notamment sur les considérations d’ordre sanitaire et d’ordre public.

Guy Lefrand a aussi souligné que les personnes considérées à risque (déclarées pénalement irresponsables ou hospitalisées en unité pour malades difficiles – UMD) devront obtenir trois avis de confirmation.
Il a estimé que ce serait peu compatible avec un réexamen « à bref délai » de leur situation, comme l’a exigé le Conseil constitutionnel, en raison du nombre de psychiatres en exercice.

La décision du Conseil constitutionnel impliquait d’engager « une réflexion globale sur l’H.O. et sur le rôle du préfet » mais l’a rendue impossible en ne prolongeant pas le délai de mise en conformité.

Guy Lefrand a toutefois souligné que le projet de loi apportait « des évolutions marquantes » et que la majorité ne devait pas « rougir du texte ».
Il s’est déclaré « atterré » que « des personnes ayant des responsabilités » évoquent « le retour des chaînes » ou « des lettres de cachet » et « ose la comparaison avec Guantanamo » — une allusion à l’appel de Strasbourg de la Conférence des présidents de commission médicale d’établissement (CME) de centres hospitaliers spécialisés (CHS) et de la Fnapsy.

Tout en soutenant le texte, Jean-Luc Préel (Nouveau centre, Vendée) a fait part de ces critiques et notamment celle de voter « un texte en sachant qu’il pose un problème ». (…)
Il a pointé les difficultés prévisibles d’application en raison de la multiplication des certificats médicaux, de la disponibilité des JLD pour « 80 000 décisions par an », pour le déplacement du malade au tribunal « délicat à organiser » ou le transport du juge et du greffier à l’hôpital et la mise en place de la vidéoconférence.

Le socialiste Serge Blisko (Paris) a jugé le texte « inapplicable et voué à l’échec ». Il a relevé que les avancées du texte, le contrôle du JLD et l’avis prépondérant du médecin sur le préfet, n’étaient pas à mettre au crédit du gouvernement mais à celui du Conseil constitutionnel.
(…)

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25 mars 2012 7 25 /03 /mars /2012 08:02
Reçu sur notre boite mail, on publie le communiqué.
JUSTICE, TOULOUSE, INJURE, RACIALE, SYNTHESE, Société
TOULOUSE (AP) — Le tribunal correctionnel de Toulouse a relaxé mercredi après-midi Houria Bouteldja qui était poursuivie pour "injure raciale". La porte-parole du Parti des indigènes de la République avait été assignée en justice par l'Agrif (Alliance générale contre le racisme et pour le respect de l'identité française et chrétienne) après avoir employé en 2007, lors d'une émission télévisée, le terme "souchiens" pour désigner les Français "de souche". A l'énoncé du délibéré, Bernard Antony, président de l'Agrif, ancien conseiller régional de Midi-Pyrénées et ancien député européen Front national, s'est dit "attristé mais pas abattu" et a annoncé qu'il allait faire appel de la décision. M. Antony a regretté que la justice ait "refusé de considérer que l'expression d'Houria Bouteldja, avec ou sans tiret, était renforcé par son idée que les souchiens devaient être rééduqués". "Une désinformation médiatique consistant à assimiler l'Agrif au groupuscule provocateur du Bloc identitaire a aussi joué contre nous", a déclaré à l'Associated Press Bernard Antony. De son côté, Me Henri Braun, conseil d'Houria Bouteldja, a estimé qu'il serait "intéressant de connaître les motivations de cette relaxe sur le fond" dont a bénéficié sa cliente. "Le bon sens a triomphé et la justice a refusé de se faire instrumenter par l'extrême droite néo-colonialiste", a-t-il déclaré à l'Associated Press. Houria Bouteldja elle-même ne s'est pas dit très étonnée par cette relaxe. "J'étais assez sereine, il aurait été grotesque que l'on juge l'expression 'souchiens' raciste. Comme je l'ai répété durant le procès, c'est un néologisme formé sur le mot souche que j'ai utilisé pour critiquer l'expression Français 'de souche' et en aucun cas il ne s'agit d'un jeu de mots", a réagi Houria Bouteldja. Le 21 juin 2007, lors de l'émission "Ce soir ou jamais" sur France 3, Houria Bouteldja avait utilisé le néologisme "souchiens" pour désigner les Français "de souche", les "blancs". A la suite de ses déclarations qui avaient été vivement critiquées à l'époque par l'hebdomadaire Marianne, le philosophe Alain Finkielkraut ou encore Brice Hortefeux, alors ministre de l'Immigration et de l'Identité nationale, l'Agrif avait déposé une première plainte qui n'avait pas été suivie par le parquet. L'association avait déposé une nouvelle plainte avec constitution de partie civile en février 2008. Lors du procès d'Houria Bouteldja, le 14 décembre dernier, le parquet, tout en soulignant "l'ambiguïté" du terme, s'en était remis a l'appréciation du tribunal. "Il y a un doute sur le sens voulu par Houria Bouteldja lorsqu'elle a employé le mot 'souchiens'. L'emploi de ce mot a été fait à dessein pour blesser et outrager une certaine catégorie de Français (...) mais une conviction n'est pas une preuve", avait déclaré le procureur Patrice Michel. Le procès d'Houria Bouteldja s'est tenu le 14 décembre dernier sous protection policière. Avant même son ouverture, plusieurs CRS ont fait barrage entre une cinquantaine de membres du comité de soutien de la porte-parole du Parti des indigènes de la République (PIR) et une centaine de militants du Bloc Identitaire, de Riposte laïque et de Résistance républicaine. Ces trois mouvements d'extrême droite, qui se disent en lutte "contre l'islamisation de l'Europe", avaient déroulé les banderoles "Maintenant les souschiens montrent les crocs" ou encore "Vous êtes les indigestes de la République". Né en 2005, suite à "l'Appel des Indigènes de la République", le Mouvement du même nom s'est transformé en mars 2010 en parti politique et a pris le nom de Parti des indigènes de la République. Le PIR se revendique comme "organisation qui lutte contre le racisme que subissent les populations issues de l'immigration postcoloniale". En marge de l'affaire d'Houria Bouteldja, Bernard Antony a affirmé mercredi qu'il allait porter plainte pour propos racistes contre Mourad Boudjellal, le président du club de rugby de Toulon qui, mardi, dans les colonnes du quotidien régional "La Provence", avait déclaré: "oui, le rugby français est raciste". "M. Boudjellal affirme que le rugby français est raciste et qu'il est à l'image de la France, franchouillarde et conservatrice. Il n'a pas le droit d'insulter ainsi notre peuple", a indiqué M. Antony. AP xdec/se/pyr
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24 mars 2012 6 24 /03 /mars /2012 21:17

On a reçu ce message de la part du site stopextradition, on le publie.

Le lundi 19 mars l'institut culturel allemand de Paris, Goethe institut, inaugurait une exposition intitulée : Deutschland für Anfänger, censée illustrer la réalité de la vie allemande, une trentaine de personnes sont allées rappeler la situation de Sonja Suder incarcérée à Francfort et de son compagnon Christian Gauger.

Tous deux ont été extradés de France en septembre 2011, pour être jugés en Allemagne pour leur participation aux luttes sociales il y a plus de trente ans.

A cette occasion 2 banderoles réclamant la libération de Sonja ont été déployées et le texte suivant a été lu et distribué.

Solidarité avec Sonja Suder et Christian Gauger!

Le 14 septembre 2011, Sonja Suder (79 ans) et Christian Gauger (70 ans) ont été extradés en Allemagne après 33 ans passés en France. Sonja a été enfermée dans la prison de Francfort-Preungesheim et Christian, transporté de l'autre côté de la frontière en ambulance, a été enfermé dans un hôpital carcéral.

Christian est sorti de prison au bout d'un mois en raison de ses lourds problèmes de santé ; pour le moment, il est soumis à un contrôle judiciaire strict : il doit pointer deux fois par semaine au commissariat.

Sonja, elle, reste en prison. Elle est l'une des personnes les plus âgées qui soit enfermée dans une prison européenne.

Soupçonnés d’avoir appartenu au RZ* (cellules révolutionnaires), Sonja et Christian sont accusés de deux attaques contre le nucléaire : la première contre la compagnie allemande MAN qui collaborait à la construction de la bombe atomique pour le régime raciste d'apartheid sud-africain ; la seconde contre la compagnie KSB, qui, à cette époque, était le plus gros fabricant de pompes utilisées dans les centrales nucléaires.

Trente ans après, le gouvernement allemand fait un procès à Sonja et Christian pour ces actions. En revanche le fait que rien n'ait été entrepris contre les industriels qui ont soutenu le régime d'apartheid, rien non plus contre les entreprises qui ont exporté le matériel nucléaire permettant le développement de l'industrie nucléaire, montre bien que l'acharnement à poursuivre des gens comme Sonja et Christian n'est en rien « neutre », et objectif.

Sonja et Christian sont également accusés d'avoir participé à une attaque incendiaire contre le château d'Heidelberg. Cette action dénonçait la rénovation et la restructuration urbaines qui mettaient en œuvre la destruction de quartiers entiers de la ville, chassant ainsi les plus pauvres de leurs logements pour satisfaire au tourisme et au profit.

Concernant ces accusations, l'implication de Christian et Sonja s'est basée sur les « témoignages » extorqués à Hermann F. au cours de l'été 1978, à Munich. Hermann F. avait transporté une bombe destinée au consulat de la dictature argentine. Cette bombe a explosé sur ses genoux.  Hermann F. a survécu, mais il a perdu les yeux, les jambes et a été brûlé au 3e degré sur tout le corps.

Après avoir  été emmené à l'hôpital, il a très vite été placé en isolement total dans un bâtiment de police. Des témoignages lui ont alors été extorqués dans des conditions et par des traitements ayant des effets de la même nature que la torture.

Hermann F. est resté 18 semaines dans cette situation d'impuissance absolue et de perception limitée sous l'emprise de puissants sédatifs, privé d'avocat, avec pour seuls contacts les gardes des renseignements généraux, les procureurs et le juge. Ses déclarations ont ainsi été construites par la police  et Herman F. les a désavouées dès sa sortie de l'isolement.

A l'automne 78, alors que  l'Etat allemand mène une chasse contre les activistes des mouvements radicaux, Sonja et Christian décident de partir. C'est plus tard seulement qu'ils auront connaissance des accusations portées contre eux.

En 2000, longtemps après avoir pris des distances avec son groupe, Hans Joachim Klein arrêté pour avoir participé à l'action  d'un commando germano-palestinien contre la conférence de l'OPEP de 1975 à Vienne, Hans Joachim Klein accuse Sonja d'avoir participé à la logistique de cette action. Il est rapidement relâché et gracié.

Bien que des allégations du même type de celles contre Sonja aient été déclarées « non crédibles » par la cour de justice allemande de Francfort, elles serviront tout de même de prétexte pour délivrer un mandat d'arrêt. C'est ainsi que Sonja et Christian seront arrêtés à Paris en 2000. A cette époque, une cour française a statué et s'est prononcée contre leur extradition en Allemagne et le couple a pu rester en France.

En 2007, la justice allemande avait renouvelé la demande bien que ce mandat d'arrêt ne contienne aucune nouvelle preuve. Néanmoins, cette extradition a été rendue possible sur la base du mandat d'arrêt européen et, en 2010 , la justice française et le gouvernement de Sarkozy ont répondu positivement à cette requête.

Après 33 ans passés en France, c'est seulement grâce au fait que le droit européen est construit au détriment des immigrés et de ceux qui cherchent l'asile que Sonja et Christian sont en prison.

Leur extradition et leur procès a été et sera mené d'une manière d'autant plus acharnée qu'ils ont refusé toute collaboration mais aussi toute forme de chantage et de témoignages comme il est demandé aux militants allemands depuis deux ou trois ans par la justice d'Etat. Le parcours de vie de chacun d'eux montre comment il est possible de ne pas trahir ses idéaux, de rester fidèle à ses idées.

Comme dans tous les procès contre celles et ceux qui luttent contre l'Etat et le capitalisme, la résistance de Sonja et Christian, le fait d’avoir choisi la liberté et la vie, a été considéré un crime.

Pourtant le crime n'est-il pas d'avoir armé le régime raciste d'apartheid, de nous avoir imposé le nucléaire, de détruire des quartiers populaires et d'exclure les pauvres des zones agréables à vivre ?

La détermination de Sonja et Christian est restée intacte et les raisons pour lesquelles ils ont lutté sont, hélas, toujours d'actualité.

Contre le nucléaire, la chasse aux pauvres, le racisme et la prison, ne nous résignons pas. Solidarité et liberté pour Sonja et Christian !

*Les Cellules révolutionnaires (RZ) ont, à partir de 1973, participé aux mouvements révolutionnaires voulant renverser l'Etat. Ils ne prétendaient pas être une avant-garde mais agissaient à l'intérieur même du mouvement de gauche non clandestin et ils menaient comme tant d'autres à leurs côtés une offensive contre le capitalisme. Vers la moitié des années 70 naîtra de leur mouvance l'organisation féministe Rote Zora. Les RZ comme la Rote Zora cesseront leurs actions au début des années 90.

Pour en savoir plus:
www.secoursrouge.org

www.linter.over-blog.com

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24 mars 2012 6 24 /03 /mars /2012 06:41

Des populations  de vastes régions , pas seulement la drome du sud , vont faire les frais  de la nouvelle expérience  grandeur nature des nucléocrates.Il est inconséquent  de faire croire que le "vivre  en anarchie" est possible en faisant abstraction du démentellement de georges Besse I  . Il n'ya rien d'autre à faire qu'agir  contre notre véritable ennemi .Depuis  de nombreuses années les communicants d'Areva ont pénétré les diverses composantes contestataires régionales.Dans ce blog on vous donne l'information qu'on dispose , le secret c'est le pouvoir. Nous nous excusons de nos propos malveillants à l'égard du site rebellyon.info  Celui-ci i a publié le texte de L'ACNM".la clé plutot que la chaîne"

D'après l' édition locale du dauphiné libéré du 16 Mars l'arrêt définitif de la production de Georges Besse I est annoncé le 8 juin . Le démantèlement ne se fera pas dans la foulée . Eurodif devra au préalable décontaminer les installations. Celles ci pèsent 130 000 tonnes composé par des ferrailles et de béton. Après 30 ans de fonctionnement, les dépôts d’uranium sont estimés à 320 tonnes.Mais le directeur de l'usine du Tricastin prévient ilya des risques chimique (transparence oblige).Mais un enjeu essentiel du groupe industrie Aréva , c'est gagner le marché mondial du démantèlement.

" Le projet Prisme pour “Projet de rinçage intensif suivi d’une mise à l’air”, sera mis en œuvre dès l’arrêt de l’usine George Besse I et s’étendra sur trois ans. Il vise à récupérer les 320 tonnes d’uranium accumulé dans les circuits de l’installation tout en réduisant la radioactivité et la toxicité chimique des matériaux qui seront issus du démantèlement. L’objectif est aussi de produire des déchets à très faible activité et de maîtriser les risques d’exposition (chimique et radiologique) des personnels dans la phase de démantèlement.

Du trifluorure de chlore (CIF3) sera introduit dans les groupes de la cascade de diffusion afin de faire réagir et d’extraire l’uranium et de le récupérer sous forme d’UF6 (hexaflorure d’uranium). La manipulation de ce produit n’est pas sans risque. Aussi Eurodif formera des salariés à cette manipulation. « Aucun intérimaire ne sera habilité à intervenir sur le CIF3 »," dans le dauphiné libéré du 12 Mars déclaration du directeur Frédéric De Agostini, directeur Areva Tricastin .

ci dessous extrait d'une plaquette d'"information" d'Areva de juillet 2011

Zoom sur l’arrêt de production

�� L’enjeu est d’extraire la totalité de l’UF6 gazeux des cascades de diffusion

�� L’arrêt des cascades de diffusion nécessite la réalisation de nombreuses opérations pendant

une durée estimée à 4,5 mois : arrêt des groupes de diffusion, extraction et vidange des circuits…

�� Ces opérations seront réalisées dans le respect des règles de sécurité et de sûreté, conformément au référentiel de sûreté

PRISME : les évolutions nécessaires pour réaliser les traitements avant rejet

�� Avant rejet des effluents de procédé, le traitement sera réalisé sur le site à SOCATRI

�� Pendant la durée des opérations de traitement, les autorisations de rejets de SOCATRI devront être augmentées temporairement en conséquence

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24 mars 2012 6 24 /03 /mars /2012 05:41

 

Pour un débat qui reste à mener localement pour contrer le confusionisme qui autorise les NPA locaux de se présenter comme proche des idées anarchistes  .

En-assujetissement et subjectivation : le vivre éthique de l’anarchie

 

Emancipation et personne

 

Une caractéristique historique de l’anarchisme a été sa préoccupation pour la question des modes de vie et, à travers de cette question, pour le problème des conditions de constitution d’une subjectivité libre et pleine. Cette préoccupation pour l’émancipation de la subjectivité, que l’anarchisme des deux derniers siècles avait coutume de désigner comme l’“individu”, ne signifie en aucune manière pas l’anarchisme oppose l’“individuel” au “social” et, encore moins, qu’il privilégie l’“individuel” face au “social”, comme le fait la modernité libérale. Dans la tradition anarchiste la plus consistante, se préoccuper de la subjectivité n’implique pas de négliger la société, simplement parce qu’il est entendu que la véritable subjectivité est sociale, concrète, située dans le monde avec les autres. Ce qui signifie plutôt que, face aux logiques anonymes du capital, l’émancipation sociale ne peut surgir séparément de l’émancipation de la subjectivité, et doit se concrétiser dans la création de modes de vie alternatifs, c’est-à-dire de nouveaux modèles de relations intersubjectives et intersociales.

Cette exigence de l’anarchisme l’a ainsi distingué du socialisme simplement redistributif, qui tend à réduire le changement social à la redistribution de la richesse sociale. Avec les socialistes “utopiques”, l’anarchie entend que l’émancipation doit se traduire dans la manière concrète de vivre et de se relationner avec les autres : on ne peut prétendre transformer le système de domination en reproduisant passivement dans les manière de vivre les éléments d’aliénation et dans les relations sociales les modèles de domination que génère le système. Dans la sphère du travail par exemple, l’émancipation du travailleur ne pas à la redistribution des biens socioéconomiques, ni encore moins à la étatisation de la propriété : quand se reproduisent les schémas verticaux de pouvoir dans l’organisation du travail, de telle manière que les travailleurs son dépossédés de leur capacité d’auto-organisation, les relations de travail ne se transforment pas alors qu’elles sont un aspect important de la vie concrète des personnes. A ce sujet, Luis Mercier Vega avait noté justement l’« échec majeur des théories et des méthodes révolutionnaires qui ne partent pas du seul endroit où peut se former une pratique et s'ébaucher une perspective socialiste, à savoir le lieu où le travail s'organise et se fait.»[1] De la même manière, l’émancipation du travailleur, du "citoyen", et plus généralement de la personne comme telle, ne se réduit pas non plus à l’accès à la consommation des biens matériels, et ne peut se réaliser dans un mode de vie étroitement basé sur la consommation. Face au socialisme simplement redistributif, l’anarchisme signale que l’objectif de tout changement social est la « libération de la vie quotidienne » [2], et que cette libération doit se concevoir à travers de ce même processus de changement : «dans son active préoccupation pour les questions de la vie quotidienne, l'anarchisme s’est toujours préoccupé des styles de vie, de la sexualité, de la communauté, de la libération féminine et des relations humaines.»[3] A la différence du socialisme simplement distributif, les anarchistes prêtent une attention particulière aux « problèmes subjectifs » de la transformation sociale, dans la mesure où 'il n'y a pas de vraie transformation sociale si l’on ne transforme pas substantiellement les manières de vivre [4]. À cette préoccupation se relient les expériences de vie communautaire favorisées par certains anarchistes, comme la communauté “La Cecilia” créée en 1890 au Brésil [*] Dans ces tentatives de construire des formes de vie alternatives, par la voie de la création de modes de vie communautaire, les anarchistes se rapprochent du fouriérisme et d’autres expressions de ce que le marxisme a dénommé le « socialisme utopique », en attribuant à l'adjectif utopique une signification négative.

 

Emancipation sociale

 

Cependant, avec Marx, l’anarchie entend que l’émancipation humaine n’est pas une question purement privé, parce que dans la réalité, il n’existe pas des “individus” mais des subjectivités qui s’entreconstituent en permanence par l’interaction sociale et qui, par là même, sont vulnérables aux mécanismes d’oppression et d’aliénation produits par la logique instrumentale et marchande du capitalisme. La subjectivation ne se fait pas en marge des autres, mais avec les autres et contre les autres, dans la construction de nouvelles formes de relations humaines dans toutes les sphères de l’activité sociale : l’économie, la santé, l’éducation, l’habitat, le travail, la création symbolique et la vie publique. Dans l’anarchie, la liberté et l’égalité ne s’opposent pas mais plutôt se co-appartiennent et se co-signifient, de telle sorte que la liberté s’affirme dans la solidarité et l’égalité dans la justice sociale, et pas seulement dans le droit comme dans le libéralisme individualiste.[5] : dans la perspective de son principal représentant, Max Stirner, une telle abolition équivaudrait à réduire les hommes à la condition de « déguenillés » [6] La séparation que soutient Arvon entre deux traditions anarchistes, une “anarcho-communiste” représentée par Bakounine et Kropotkine, qui s’occuperait « surtout » de ce qui concerne l’économie, et l’autre “anarcho-individualiste” qui revendique l’ « individu » face à la société qui nécessairement l’ « opprime » et reproduit les dichotomies caractéristiques de la matrice idéologique libérale-capitaliste. L’“individualisme” de l’anarchisme individualiste pourrait seulement posséder un sens anarchiste que dans la mesure où on lui confierait la signification de singularisation, c’est-à-dire, de création de soi-même avec les autres dans le monde, en rompant avec le “formatage” de l’identité imposé par la dictature du sujet anonyme produit par l’industrie de la consommation. Mais, contrairement à ce que prétendait Stirner, la singularité concrète ne se constitue pas à partir d’un “soi-même” abstrait. La singularisation ou subjectivation n’est pas “individualisation” : en reprenant un texte écrit avec Raúl Fornet Betancourt en 1979, nous dirions que la subjectivation se créé seulement «…par la médiation du monde» et non en s’échappant du monde, en se démondanisant et se réfugiant «…en un soi-même abstrait et vide » : ce dont il s’agit est de redécouvrir «le “je” dans et par le monde», et non de redécouvrir «le monde dans le “je” et à partir du “je”».[7] L’anarchie peut être en même temps “anarcho-communiste” et libératrice de la subjectivité, que dans la mesure où elle part d’une anthropologie qui comprend l’humain comme subjectivité concrète dans le monde, c’est-à-dire dans les termes de Sartre, comme universel singulier ou perpétuelle retotalisation du social-historique dans la subjectivité et de la subjectivité dans le social-historique.[8] L’actualité possible de la réflexion et de la pratique anarchistes, et leur apports peut-être les plus importants au projet moderne de l’émancipation, réside dans son exigence originale de ne pas séparer la transformation de la société de la transformation de la vie.

 

Anarchie et éthique

 

Dans l’anarchisme, la construction de communauté n’a pas été, bien sûr, ni la dernière, ni l’unique réponse possible au problème de la transformation de la quotidienneté. Kropotkine par exemple, critiquait en 1896 l’idée de communes volontaires dans la mesure où de telles communes s’isolaient de la société et ne respectaient pas la privacité de ses membres. A la pratique des communes isolées, il opposait la signification éthique d’une vie de lutte dans la diversité du social.[9] Dans une même perspective, des anarchistes contemporains comme Murray Bookchin signalaient que c’est dans les propres luttes pour la transformation globale de la société que doivent se créer des modèles alternatifs de relations intersubjectives et intersociales : le mouvement de transformation sociale est «intimement lié à un style de vie». La subjectivité du changement social, que Bookchin qualifie de «révolutionnaire» doit «…essayer de vivre la révolution dans sa totalité et pas seulement d’y participer (…) Dans sa recherche du changement social, le révolutionnaire ne peut éviter les changements personnels que lui demande la reconquête de son être propre. Comme le mouvement auquel il participe, le révolutionnaire doit essayer de refléter les conditions de la société qu’il essaie d’atteindre ; dans la mesure où cela est possible dans la société existante.»[10]

Ce que Bookchin appelle « révolution » est, dans la sphère du personnel, un mode de vie dans lequel la critique de la domination sociale, économique et politique ne se trouve pas séparée de la critique de la domination en elle-même, c’est-à-dire, des éléments de personnalité autoritaire, aliénée et aliénante que produisent et reproduisent les formes établies de relations interhumaines. Cette préoccupation historique de l’anarchisme pour la question des modes de vie et, en conséquence, pour les conditions d’une subjectivité libre et pleine, est une préoccupation éthique au sens plein du terme : ethos désigne en grec, le mode de vie habituel d’une personne ou d’un groupe. L’éthique ou la morale – entendue ici à partir de son étymologie qui renvoie aussi à l’idée de mode de vie normale – n’est pas quelque chose qui s’oppose à l’anarchie dans la mesure où par anarchie nous entendons un mode de vie basé sur certains critères et certaines règles. Il ne faut pas confondre anarchie (absence de “pouvoir” entendu comme domination) et anomie (absence de règles). Nier la morale notait Malatesta est valide si par “morale” on entend seulement la morale bourgeoise, supposément absolue, éternelle et immuable, que sanctionne l’inhumaine exploitation humaine et qui proscrit tout acte qui affecte les intérêts des privilégiés[11] Mais refuser la morale imposée par la force ne doit signifier en aucune manière «…renoncer à toute réserve morale ou à toute obligation envers les autres»[12] Les «anarchistes» qui croient pouvoir s’abstenir de ce type d’obligation «…oublient que pour combattre une morale, il est nécessaire de lui opposer, en théorie et en pratique, une morale supérieure»[13] A la morale «bourgeoise individualiste», l’anarchisme de Malatesta oppose une «morale de la lutte et de la solidarité», qui cherche à «établir des institutions conformes avec notre conception des relations entre les hommes» [14]

Dans le quotidien, créer l’anarchie signifie alors indissociablement critiquer les relations d’inhumanité entre les hommes et créer, dans la mesure du possible, des relations d’humanité. Dans « le possible » dans les conditions actuelles, disait Bookchin, étant donné que le mode de vie anarchiste ne peut s’abstraire purement et simplement des conditions générales de vie imposées par le régime capitaliste : le simple fait de vivre dans une société capitaliste implique une série de compromis, qui ne doivent cependant pas compromettre le sens critique général du mode de vie anarchiste : «tous, sans exception, nous sommes plus ou moins contraints de vivre en contradiction avec nos idées» a écrit Malatesta, ajoutant immédiatement : «…nous sommes socialistes et anarchistes précisément dans la mesure que nous souffrons de cette contradiction et que nous tâchons, autant que possible, de la rendre moins grande.»[15] Dans son autoconstitution comme subjectivité éthique, l'anarchiste est comme le cordonnier qui, sachant utiliser les circonstances du mieux possible, parvient à fabriquer les meilleures chaussures avec le morceau de cuir dont il dispose.[16]

Le projet éthique de création d’un mode de vie plus humain pour soi-même et pour tous, suppose comme toute pratique éthique, une certaine caractérisation des modes de vie et des relations sociales existantes.

Quelle description l'anarchisme propose-t-il des modes de vie existants, et comment justifie-t-il l'exigence éthique de les dépasser, en proposant des modèles de vie alternatifs ? Une première approche à cette question peut être faite en prenant comme point de départ le signifié élémentaire et général du mot anarchie : une absence de “pouvoir”, en entendant le pouvoir non comme capacité (pouvoir faire, pouvoir être) mais comme domination (oppression). La critique anarchiste des modes de vie existants part de la compréhension de ces derniers comme les formes de vivre dans lesquels les subjectivités se trouvent diversement enchaînées à des mécanismes de domination sociale, économique, idéologique et politique.

Dans tous les cas, indépendamment de la spécificité de chaque mode de domination, la subjectivité souffre d'une forme de dépossession ou de perte de soi, que déjà dans les écrits de 1844, le jeune Marx avait décrit et caractérisé par le concept d'aliénation (Entfremdung) [17][**] : “éloignement” [***] de soi-même, dans le sens de devenir un être étranger à soi-même. Mais cette aliénation [ou extranéation] n'est pas simplement une “pathologie” de la psyché – malgré le fait qu’elle puisse conditionner des expressions psychologiques spécifiques – mais un processus social par lequel la subjectivité est en quelque sorte “produite” comme étrangère à elle-même. Dans cette production, ce qui est produit n'est pas l’être spécifique étranger à lui-même inhérent à la subjectivité, que nous pourrions désigner comme “étrangeté”, mais une manière d'être étranger qui est, en quelque sorte, imposée de l'extérieur, par des relations spécifiques de domination, et dans lequel la subjectivité est assujettie par un sujet indifférencié et anonyme. A partir de Heidegger, qui a qualifié ce sujet anonyme comme "On" (Das man) [18], on peut distinguer l’extranéation (assujetissement de la subjectivité par des puissances extérieures) de l'étrangeté (la perpétuelle transcendance à soi-même en transcendant le monde). L'aliénation s’oppose à l'étrangeté : assujetir la subjectivité par une détermination établie et définitive est en quelque sorte lui soustraire sa transcendance constitutive. En termes de Sartre, c’est interpréter l'être-pour-soi (l'être de la conscience) comme être-en-soi (l'être des choses)[19] ; en termes de Marcuse, c’est produire un sujet unidimensionnel, dont la pensée et l’activité sont fermés aux idées, aux aspirations et aux objectifs qui «transcendent l'univers établi du discours et l'action»[20] ; il s’agit d’un sujet caractéristique de la société fermée, qui est, une société qui «…normalise et intègre toutes les dimensions de l'existence, privée et publique», c'est à dire, qui exclut toute possibilité de changement qualitatif, ou «toute transcendance»[21].

= = =

Ce texte est un extrait de la nouvelle préface de la réédition prochaine de “Anarquismo y anarcosindicalismo en América Latina”par les éditions La Carreta Editores (Medellin, Colombie). Publié pour la première fois à Paris et à Barcelone en 1980, le livre est épuisé depuis de nombreuses années.
Alfredo Gómez Muller est professeur de philosophie, auteur de plusieurs ouvrages dont “Anarquismo y anarcosindicalismo en América Latina”, “Ethique, Coexistence et Sens” (Desclée de Brouwer), “Penser la rencontre de deux mondes” (PUF), “Chemins d’Aristote”, “Sartre : de la nausée à l’engagement” (editions du Félin). Il a récement coordoné un ouvrage “Sartre et la culture de l’autre” (L’Harmattan)

Notes

[1] MERCIER VEGA, Luis,Anarquismo ayer y hoy, Monte Avila editores, Caracas, 1970. Se référant à une déclaration d'une conférence de la Central Obrera Boliviana (COB) en 1954, qui stipule que la participation des travailleurs au gouvernement, le droit de veto et l’organisation syndicales sont la garantie des conquêtes réalisés récemment par les travailleurs, Mercier Vega dit: « Mais on ne parle ni de l'organisation ouvrière des mines ni de l'organisation du travail par les travailleurs. Cela signifierait que le travailleur est capable de faire et de défaire le gouvernement, mais incapable de gérer ce qu'il connaît le mieux, c'est à dire l’entreprise où il est employé, la mine où il travaille. »Ibid., p. 170.

[2] Bookchin, Murray, El anarquismo en la sociedad de consumo, editorial Kairós, Barcelona, 1974, p. 50. Première édition en anglais, Post Scarcity Anarchism (1971). Le texte, “L’anarchisme après la pénurie” a été publié dans un recueil sous le titre Pour une société écologiquechez Christian Bourgeois en 1976 (traduit par Helen Arnold et Daniel Blanchard). Cet ouvrage est épuisé.

[3] Ibid., P. 27.

[4] Ibid., P. 50.

[5] Arvon, Henri, L'anarchisme au XX e siècle, PUF, Paris, 1979, p. 22.

[6] Ibid., P. 50-51.

[7] FORBE, Raúl, y GÓMEZ, Alfredo, “Apuntes para una anarquización de la anarquía. Presentados a partir de un ejemplo de Sartre”, en Cuadernos de Ruedo Ibérico, fascículo extraordinario: CNT: ser o no ser. La crisis de 1976-1979, París-Barcelona, 1979, p. 239.

[8] Sur la conception sartrienne de la subjectivité et la notion d’“universel singulier”, se reporter à notre étude “Praxis, subjetivación y sentido”, en: Ciencia Política, n° 2 (julio-diciembre 2006), Departamento de Ciencia Política, Facultad de Derecho, Ciencias Políticas y Sociales de la Universidad Nacional de Colombia, p. 10-24.Voir aussi notre livre: Sartre, de la nausée à l'engagement, Editions Le Félin, Paris, 2005

[9] Kropotkine, Piotr, Obras, Editorial Anagrama, Barcelona, 1977, p. 40-41. Dans ce texte, Kropotkine suggère, cependant, une forme de réponse au problème de la reproduction des rapports de domination au sein de la commune, en évoquant la nécessité d'une fédération de nombreuses communes, entre lesquelles les personnes pourraient circuler librement.
[
10] Bookchin, Murray, op cit., P. 51.

[11] Malatesta, Errico, "Les Anarchistes et le sentiment moral" (1904), in Articles Politiques, UGE, collection 10-18, Paris, 1979, p. 46.

[12] Ibid., P. 47.

[13] Ibid.

[14] Ibid., P. 49.

[15] Ibid., P. 48-49.

[16] Aristote, Ethique à Nicomaque.

[17] Marx, Karl, Manuscrits de 1844, Éditions sociales, Paris, 1972.

[18] Heidegger, Martin, El Ser y el Tiempo (Être et Temps), Fondo de Cultura Económica, Mexico, 1980, § 27, 35, 36, 37 et 38.

[19] Sartre, Jean-Paul, L'Être et le Néant, Gallimard, Paris, 1947.

[20] Marcuse, Herbert, L'Homme unidimensionnel. Essais sur l'idéologie de la société industrielle avancée, éditions de Minuit, Paris, 1968, p. 37. Première édition en anglais: One-Dimensional Man. Studies in the Ideology of Advanced Industrial Society, 1964.

[21] Marcuse, Herbert, Ibid., P. 7, 41, 48.

 

 

Notes du traducteur

[*] Qui donna lieu à un film de Jean-Louis Comoli en 1976, disponible en DVD chez Doriane Films. Il existe également un ouvrage “La Cécilia, Histoire d'une communauté cnarchique et de son fondateur Giovanni Rossi”, Isabelle Felici, éditions ACL.

[**] Marx utilise indifféremment deux termes, Entfremdung et Entaüsserung, pour définir l’aliénation. Le premier terme se rapporte plutôt à l’idée de rendre étranger, le second exprime plutôt la dépossession.

[***] Eloignement ou plutôt estangement (en anglais) que certains, depuis Jean Hyppolite, traduisent par le néologisme extraénation, devenir autre, étranger à soi. D’autres l’on traduit par l’adverbe substantivé “étrangement”.

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23 mars 2012 5 23 /03 /mars /2012 22:24

on a reçu ce message de la part d'une femme  du collectif stop exradition

Chers amis, 

 

Âgée de 16 ans, Amina Filali -- violée, battue et obligée d'épouser son violeur -- s'est suicidée à cause du code pénal du Maroc qui permet aux violeurs d'épouser leur victime si elle est mineure. Mettons fin au scandale et pressons le gouvernement à honorer sa promesse d'adopter une législation qui réforme cette loi et stoppe les violences faites aux femmes. Signez la pétition et diffusez-la à tous vos contacts: 

Signez la pétition

Il y a quelques jours, Amina Filali, jeune fille de 16 ans violée, battue et obligée d'épouser son violeur, s'est donné la mort -- le seul moyen à ses yeux d'échapper au piège que lui ont tendu son violeur et la loi. Si nous agissons maintenant, nous pouvons empêcher cette tragédie indicible d'arriver à une autre jeune fille.

L'article 475 du code pénal marocain permet aux violeurs d'échapper à des poursuites et d'éviter une longue peine de prison en épousant leur victime si elle est mineure. Depuis 2006, le gouvernement promet d'annuler cet article de loi et d'adopter une législation interdisant les violences faites aux femmes, mais cela n'a pas eu lieu.

Des centaines de Marocains manifestent dans la rue pour réclamer une véritable réforme et font monter la pression sur le Premier ministre et sur d'autres ministres qui rédigent et soumettent des projets de loi, tandis que ces évènements sont relatés par les médias du monde entier. Si nous intensifions la pression, nous pourrons obtenir des avancées concrètes.Signez la pétition pour une loi globale visant à stopper les violences faites aux femmes et qui prévoit l'abrogation de l'article 475. Lorsque nous aurons atteint 500,000 signatures, nous nous concerterons avec des associations féministes locales pour remettre notre appel aux décideurs:

http://www.avaaz.org/fr/forced_to_marry_her_rapist_fr/?vl

Suite au viol brutal d'Amina, sa famille est allée signaler l'agression à des fonctionnaires de leur ville, Larache. Au lieu d'engager des poursuites à l'encontre du violeur, le tribunal lui a donné la possibilité d'épouser sa victime -- et la famille d'Amina a accepté cette proposition.

Aujourd'hui, pour répondre à la vague d'indignation mondiale, le gouvernement a publié une déclaration affirmant que le rapport était consenti, mais cela n'a pas encore été vérifié. Nos partenaires marocains sur le terrain disent qu'il est très courant que le gouvernement tente de rejeter la faute sur la victime et de classer l'affaire -- en attendant, la loi figure toujours dans le code pénal et maintenant, plus que jamais, nous devons récuser l'article 475. Les associations féministes au Maroc ont longtemps combattu cette loi, et il est temps que la législature renonce à cette affreuse tradition et adopte une législation qui protège réellement les femmes.

Les Marocains indignés inondent les réseaux sociaux et descendent en masse dans la rue en signe de protestation. Des centaines de femmes ont organisé un sit-in devant le tribunal de Larache et un autre devant le Parlement la semaine passée. Ajoutons nos voix à leurs revendications pour que la loi protège les droits des femmes au lieu de les piétiner:

http://www.avaaz.org/fr/forced_to_marry_her_rapist_fr/?vl

Encore et toujours, les membres d'Avaaz utilisent notre puissance collective pour s'allier à des citoyens du monde entier et lutter ensemble pour un monde meilleur -- aujourd'hui, unissons nos voix pour Amina Filali et la contribution pleine d'espoir que doit apporter son histoire.

En portant cet espoir,

Dalia, Carol, Emma, Rewan, Ricken, Luis, Antonia et toute l'équipe d'Avaaz

Plus d'informations:

Les Marocains manifestent contre les violences faites aux femmes (La Croix)
http://www.la-croix.com/Actualite/S-informer/Monde/Les-Marocains-manifestent-contre-les-violences-faites-aux-femmes-_EP_-2012-03-18-779609

Le Maroc veut des mesures après le viol d'une adolescente (Metro)
http://www.metrofrance.com/info/le-maroc-veut-des-mesures-apres-le-viol-d-une-adolescente/mlcp!7mqizmtpyNdA/

RABAT - Maroc: les femmes dans la rue pour la réforme d'une loi discriminatoire sur le viol (20 Minutes)
http://www.20minutes.fr/societe/899969-maroc-femmes-rue-reforme-loi-discriminatoire-viol

Compte rendu des violences faites aux femmes au Maroc (Global Rights)
http://www.globalrights.org/site/DocServer/Final_Shadow_Report_to_CAT_French.pdf?docID=13103

Maroc: les parents d'Amina contredisent la version officielle et assurent que leur fille a été violée (Al-Arabiya - en anglais)
http://english.alarabiya.net/articles/2012/03/17/201337.html

Groupe de soutien sur Facebook: "Nous sommes tous Amina Filali"

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23 mars 2012 5 23 /03 /mars /2012 12:20

 

 

"Dans la nuit du mardi 20 au mercredi 21 mars, plusieurs dizaines de wagons stationnés dans le dépot de train de Grenoble ont été recouverts d’inscriptions contre le TGV lyon-Turin (ou TAV, treno alta velocita)

No-tav ! Non au TGV Lyon Turin Solidarité avec Luca (militant no-tav, frappé par  la répression policière en Italie) Solidarité avec le Val de Suse en lutte

Depuis ce matin, et jusqu’à ce qu’ils soient nettoyés, ces trains vont sillonner toutes les gares de la région Rhône-Alpes. Nous tenions à remercier la SNCF de se faire ainsi le porte parole du mouvement no-Tav auprès de la population locale !

Rappelons que la ligne ferroviaire Lyon-Turin, c’est le saccage de l’environnement alpin. C’est un projet décidé par et pour les élites économiques et politiques, les gros industriels et les lobbys du bétonnage et du transport routier. Derrière le faux argument écologiste du fret, le tav signifie l’accélération et l’intensification des échanges de marchandise et du traffic de poids lourds à travers l’Europe.

Par cette action, nous avons voulu exprimer notre solidarité avec les habitant-e-s du Val de Suse en Italie qui luttent depuis 20 ans contre ce projet. Mais surtout, nous avons voulu soutenir la construction, de ce coté-ci de la fontière, d’un mouvement contre le TAV et le monde qui l’accompagne.

Ici aussi, a sara dura !

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23 mars 2012 5 23 /03 /mars /2012 10:53

on a lu sur le site du jura libertaire, on  le publie à la suite de cette petite réflexion. L'attaque contre l'armée et l'attaque contre une école. Ces deux attaques pour nous c'est des attaques de type  fasciste.  On est quelques uns au laboratoire anarchiste toujours refusant  de tomber dans l'omerta qui a saisi les milieux anarchiste après la série des attaques des propagandistes appliquant la propagande par le fait,après le massacre des la communard en 1871. Certaines  et certains anarchistes dans ces années  de la fin du dix neuvième étaient obligé-e-s de réfléchir.Face à la peur et la continuation du capitalisme industriel qui n'avait peu de barrière face à eux. Le regroupement des ouvriers était pourchassé par les gendarmes, il était interdit de se réunir pour discuter de la fantastique histoire de la commune de Paris. Dans la banlieue de la ville de Romans. les gendarmes espionnaient les déjeuners sur l'herbe des ouvrières et des ouvriers sur ordre du préfet de la Drome. La présence d'un patron d'industrie de Romans  qui visitait Blanqui en prison. Cette  anecdote n'est pas consigné dans les rapports des gendarmes. Beaucoup de livres de témoignagesdes propagandistes  par les faits ont été publié. Parfois même  financé par la région Rhône Alpes. Ces publications restent toujours des livres de Bibliothéque, ils restent à faire un effort énorme pour casser cette Omerta maintenu par les divers courants anarchiste avec pignon sur rue. Sans replacer les lois scélérates dans le contexte  de la bataille d'idées entre le courant qui vont se définir libertaire par peur du mot anarchiste Cette bataille  a amputé les idées anarchistes. la propagande par les bombes a eu une place dans les  années 1970 porté par d'autres courants révolutionaires à l'inverse des anarchistes labelisés FA.

Théorème de la Hoggra

Scénariser, mettre en scène — pour mieux faire comprendre. Et à la recherche historique et au combat politique, adjoindre l’arme de la littérature. Le Théorème de la Hoggra, dernier ouvrage du sociologue Mathieu Rigouste, relève de cette double ambition : il s’agit d’incarner ce que démontrait L’Ennemi Intérieur. De lui donner vie.

« Alors il faut bien se raconter quelques histoires avant de crever. »

Des histoires, il en est question au cours de ces presque 240 pages. Elles cheminent, en d’incessants va-et-vient, le long des fissures qui parcourent le fond de la Méditerranée : de l’Europe à l’Afrique, de la France à l’Algérie, de la métropole au département, du moins celui d’avant 1962. Des fissures sans fin, sans fond, dans lesquelles l’auteur n’hésite pas à trimballer sa lampe de spéléo, histoire de mettre à jour la nature intrinsèque de tout bon État démocratique qui se respecte. Une nature qui pourrait se réduire à une seule obsession : le contrôle de sa population, et notamment de sa frange la plus pauvre. Et dans ce registre-là, qui mieux que l’armée pour mener la danse ? Qui mieux que l’armée française lors des fameuses opérations de pacification menées en Algérie de 1954 à 1962 ?

De la doctrine de la guerre révolutionnaire, Mathieu Rigouste a tout dit dans son bouquinL’Ennemi Intérieur [Éditions La Découverte]. Dans Le Théorème de la Hoggra [Éditions BBoyKonsian, collection Béton arméE. À commander notamment ICI.], son dernier ouvrage, il s’agit cette fois de rendre le propos plus fluide, plus accessible, mais aussi de l’incarner à travers le parcours et la destinée de plusieurs personnages, avec comme épicentre géographique, La Mandoline, une cité de Gennevilliers. Il y a Houria, la vieille Algérienne née à Constantine en 1934. Fille d’un mineur militant indépendantiste, sa conscience politique sera définitivement aiguisée lors des massacres de Sétif, Guelma et Kherrata en 1945. Après avoir été torturée par l’armée française, le FLN l’enverra en France en 1957 «  pour se reconstruire et disparaître ». Il y a Nordin, qui a eu comme pouponnière le bidonville de Nanterre. « Le nom de son père figurait dans la liste des portés disparus du 17 octobre 1961. Cette nuit-là, il venait d’avoir trois ans, il a commencé à saisir de quel côté de la France il était né. » Travailleur à la chaîne, Nordin participera aux agitations ouvrières des années 1970, dealera de la came avant de renouer avec le combat politique dans les années 1980. À la Brasserie des blés, on croisera le commissaire Maurice Carnot, bourré comme une huître mais beaucoup plus disert que le susdit mollusque. Carnot a fait la bataille d’Alger, «  vitrine de l’excellence française dans le domaine de la contre révolution ». En octobre 1961, le flic a balancé quelques fellouzes dans la Seine. « Certains collègues avaient pris l’habitude de leur faire bouffer une ou deux cigarettes, pour être sûr de les crever. J’ai jamais apprécié ces méthodes mais c’était la guerre », confiera le poulet éthylique. Quelques pages plus loin, on fera la connaissance de sa fille, Mélanie. L’indocile purge une peine de perpette à la maison d’arrêt pour femmes de Fleury. « Ceux qui m’ont enfermée disent que je suis la fille de Maurice Carnot et de Liliane Schmitt, mais dans la réalité je suis ce qui ne fonctionne pas. » Pute à son compte, Mélanie s’est fait serrer par les condés avant que ces derniers ne la violent lors de sa garde à vue. Fleur bleue, elle a choisi le jour de la Saint Valentin pour rendre à ses amants assermentés la mitraille de leur pièce, « trois jolies cartouches de fusil de chasse, qu’ils doivent conserver entre les poumons et la gorge ».

De violence il est éminemment question dans ce bouquin puisque de coloniale, la guerre s’est fait sociale. Et donc totale. Le spectre de Rigouste balaie les cinquante dernières années durant lesquelles va fermenter un dispositif sécuritaire qui confine à la paranoïa. D’Alger à Tarnac, en passant par Dakar et Villiers-le-Bel, l’auteur dessine les contours de plus en plus nets d’une mécanique militaro-policière toujours en recherche du dernier ajustement. Aux manettes de cette machine de mort, quelques concepteurs à la botte des 1 % planétaires. Politiques, industriels ou bien hauts-gradés, toujours cyniques, Rigouste les caricature ébauchant et griffonnant le portrait-robot de cet ennemi intérieur tant fantasmé. Tel ce boss du GIGN qui, hésitant entre ultragauche et islamistes, fait ce constat alarmant : «  Les derniers rapports de la SDAT confirment la mise en place de plusieurs réseaux d’autodéfense à travers le pays. C’est pas les révolutionnaires qui embarquent la racaille, comme on croyait. C’est toute la vermine, bougnoules et subversifs confondus qui parle de prendre les armes ! »

Outil éminemment politique, Le Théorème de la Hoggra ne saurait se laisser réduire à un exercice de pur didactisme. Se faisant passeur d’histoires, Rigouste a taillé son verbe pour le béton et le verre de ces zones grises où l’hystérie médiatico-sécuritaire joue à plein. Il n’en fallait pas moins pour donner chair à ces hommes et femmes de peu, à ces silhouettes toujours mouvantes car en dérapage constant sur des lignes de fuites. Fuite devant la norme, fuite devant la génuflexion, fuite au travers les mailles d’un filet qui se tend en fonction des convulsions capitalistes du moment. Des rouages d’une machinerie en rodage permanent naîtront des accès de jubilation. La vengeance est un carburant qui ne connaît pas la crise. La matière est là pour nourrir le polar forcément insurrectionnel : « Le spectacle assimile les rois et les bouffons. Il enivre et rend les pères Ubu assez stupides pour laisser traîner la lame que le peuple leur plongera dans la couenne. »

Rigouste fait ainsi un pari, et mise tout sur des épaules soudain lasses de tenir les murs. De clinique, sa phraséologie devient incantatoire. Peut-être de quoi en rebuter certains. Quant aux autres, celles et ceux pour qui résignation rime avec suicide quotidien, la brèche est là qui fait béance. C’est le grand soir des calendes grecques qui précipite soudain son agenda. Sous nos yeux, l’écrivain se fait stratège et scénarise le retournement. Comme si les vieilles cendres n’avaient jamais été froides, et les brasiers prêts à repartir. Finalement il n’aura fallu qu’un souffle. Celui du vent qui se lève. Ou celui d’un larsen prêt à irriguer les fièvres.

« Au départ des courts-circuits, au croisement des contraires,
Au carrefour des massacres, au point d’impact des colères,
À contre-courant envers et contre toutes les muselières,
À la périphérie des genres, au cœur des poudrières. »
(L’Angle Mort – Zone Libre vs Casey & Hamé)

Sébastien Navarro – Article 11, 22 mars 2012.

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22 mars 2012 4 22 /03 /mars /2012 11:25
On a reçu ce document pour informer tout nos lectrices et lecteurs dela prochaine Marche
des sans papiers( celle devait avoir lieu en févieri les divers collectif de sans papier
ont reporté celle -ci en juin 2012
Marche européenne 2012

Faisant suite à la réunion qui s'est tenue à Paris le jeudi 15 mars

dernier enprésence

des représentants des collectifs de Suisse (Lionel Roche,représentant) et

d'Italie (Aboubakar Soumahoro, représentant), il a été convenu, concernant le

trajet de la marche, de répartir un certain nombres de jours à chaque pays

concerné.

Il est laissé à l'appréciation de chaque collectif d'organiser le trajet,

déterminer

les étapes de marche et les transports si les distances sont trop longues

(au-delà de 30 km) Et donc, de même, les actions (fêtes/conférences/

spectacles...)

peuvent être organisées localement,

dans chaque pays, par les collectifs, selon

  • le territoire,

  • les soutiens sur place,

  • le calendrier,

(prévoir à cet effet des jours sans marche (de repos) pour faire de cette

marche un grand événement dans les différentes villes où elle passera.

 

Départ : Bruxelles (Belgique) (le 02 juin 2012)

Arrivée : Strasbourg (du 02 au 5 juillet 2012)

 

Trajet envisagé :

Bruxelles – Maastricht – Luxembourg – Schengen – France (Verdun-Florange)

– Allemagne – Suisse – Italie – France (Strasbourg).

 

Le trajet respecte les demandes de chaque collectif et passe par

les villes des différentes directions des instances européennes et

les lieux symboliques liés à l'histoire des travailleurs étrangers

(Verdun – Florange pour la France)

 

Soit :

Belgique – Pays-Bas - Luxembourg

(à partir de Bruxelles) – Maastricht – Luxembourg : 6 JOURS

du 02 au 08 juin 2012

(proposition : 4 étapes de marche et 2 jours off)

 

France (Lorraine) via Verdun et Florange – vers l'Allemagne : 6 JOURS

du 08 juin au 14 juin 2012

(proposition : 4 étapes de marche et 2 jours off)

 

Allemagne : 6 JOURS

du 14 juin au 20 juin 2012

(proposition : 4 étapes de marche et 2 jours off)

 

Suisse : 5 JOURS

du 20 juin au 25 juin 2012

(laissé à l'appréciation du collectif)

 

Italie : 5 JOURS

du 25 juin au 30 juin 2012

(laissé à l'appréciation du collectif)

 

France : Strasbourg : à partir du 1er juillet jusqu'au 5 juillet 2012

(selon les rencontres possibles avec les instances européennes)

Anzoumane SISSOKO – Paris, le 21 mars 2012

 

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