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La tyrannie la plus redoutable n'est pas celle qui prend figure d'arbitraire, c'est celle qui nous vient couverte du masque de la légalité." Albert Libertad

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le blog du laboratoire anarchiste

File:Wooden Shoe.svg
17 septembre 2010 5 17 /09 /septembre /2010 09:07

Nous sommes tous concernés, le laboratoire anarchiste organise tous les mercredis à 19h une discussion  et réplique autour des publications ( par exemple  Z, la décroissance,  le monde libertaire, le libertaire, union pacifiste et la calotte et encore plus).. Par exemple on peut profiter de ce jour pour commencer à réfléchir sur le texte ci - dessous.

 

Engagé depuis plusieurs années, un vaste plan de réforme vise à moderniser et rentabiliser Presstalis, principale entreprise de distribution de la presse en France, qui contrôle actuellement 80% du marché. Jusqu’à présent, force est de constater que cette initiative a surtout abouti à une baisse drastique des effectifs et à des coûts de restructuration qui, ajoutés à un recul du volume d’affaires (ventes réalisées), ont mis Presstalis au bord du dépôt de bilan. En 2009, ses pertes nettes atteignaient 26,5 millions d’euros. La situation d’urgence, propice aux «décisions douloureuses», explique sans doute le fait que la recapitalisation de Presstalis par les éditeurs et le groupe Lagardère, ainsi que l’aide de l’État, ont été conditionnées à une restructuration en profondeur de l’entreprise. Celle-ci comprend, entre autres, une refonte des barèmes (les tarifs facturés aux éditeurs), qui refléteront désormais le «coût réel» de la prestation de la messagerie de presse, et qui entreront en application au 1er octobre 2010. Ainsi, Presstalis rompt avec l’un des derniers axes subsistant de la loi Bichet (qui encadre, depuis 1947, la distribution de la presse), fondé sur une certaine péréquation des coûts de la distribution, en particulier pour les titres d’information politique et générale.

 

Seront désormais facturés à tous les éditeurs, ce qu’on appelle les «appoints» : ce terme technique désigne l’opération manuelle, consistant à extraire des liasses standards le nombre d’exemplaires complétant les quantités demandées par les dépositaires (lesquels les ventileront, ensuite, vers les marchands de journaux). Par exemple, pour 67 exemplaires commandés par tel dépositaire, l’opérateur expédiera une liasse de 50 exemplaires fournie par l’éditeur, et «cassera» une autre liasse pour y prélever les 17 exemplaires manquants. Il est évident que pour les «gros» titres, cette mesure ne représente rien. Lorsqu’on livre des milliers d’exemplaires à chaque dépositaire du réseau, une liasse complète de plus ou de moins n’a pratiquement pas d’importance. Ainsi, nombre d’éditeurs de la presse bourgeoise pourront échapper à un dispositif qui s’avérera particulièrement coûteux pour les autres. Ceux-là, dont la diffusion ne dépasse guère le millier d’exemplaires, sont systématiquement soumis à «l’appoint», car les quantités réclamées par les dépositaires sont, en comparaison, infinitésimales. Et, pour reprendre l’exemple donné plus haut, ils ne pourront livrer deux liasses de 50 exemplaires au dépositaire qui a commandé 67 exemplaires, à moins de prendre le risque d’augmenter dangereusement les invendus (dont l’importance joue également sur la facturation de Presstalis)... Conséquence directe pour le Monde libertaire : un coût de distribution de l’ordre de 120% ! Ironie du sort, notre titre appartenant à la famille d’information politique et générale, bénéfice tout de même d’une mesure de protection : nous ne pouvons être débiteurs, aussi le coût en est ramené à 100%. Merci Presstalis...

 

Pour ne parler que des titres libertaires, tous sont concernés, et tous seront touchés dans une mesure comparable. Aussi, la refonte des barèmes adoptée par Presstalis conduira rapidement à l’asphyxie économique d’une partie de la presse d’opinion opposée à la logique marchande et à la raison d’État. Il est dit qu’au titre de la «garantie du pluralisme» sur l’ensemble du territoire, l’État abondera une aide à hauteur de 18 millions d’euros. En admettant qu’il soit concerné, le Monde libertaire n’entend pas se mettre sous perfusion d’État, alors que si peu d’efforts sont déployés pour rendre notre titre visible - et par là même accessible - dans les kiosques. Depuis 1954, l’hebdomadaire de la Fédération anarchiste, sans maître et sans publicité, doit son existence, d’abord, à l’effort de ses militants et à la fidélité de ses lecteurs. Cela étant, nous n’acceptons pas l’abandon du principe de péréquation qui a toujours prévalu, notamment pour les titres d’information politique, et qui s’approchait un peu d’un des grands principes défendus par les libertaires : De chacun selon ses moyens, à chacun selon ses besoins. Nous appelons donc l’ensemble des libertaires à nous rejoindre dans la lutte pour la défense de nos moyens et de notre liberté d’expression.

 

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17 septembre 2010 5 17 /09 /septembre /2010 08:53

on a publié l'information que cette arrestation s'était produite à Roussilllon, on s'excuse auprès de nos lecteurs de cette fausse information. Comme les contacts avec L'Astiv semblent rompu pour l'instant , on demande à toutes les personnes de nous informer les suites de cette arrestation.

la denière information  ci dessous donnée par le site Rebellyon. infos

 

M. Amouch un des 100 marcheurs sans papier de la marche « Paris-Nice à pieds » est actuellement retenus au centre de rétention administrative Lyon Saint-Exupery.

Celui ci a été arrêté le mardi 14 Septembre 2010 alors qu’il se rendait avec sa compagne enceinte à un rendez vous avec le maire d’Agnin, commune de l’Isère, pour déterminer la date de son mariage. Des gendarmes l’attendaient à l’ entrée de la mairie et l’on placé en garde à vue. Ils avaient été prévenus par la mairie du fait qu’il se trouvait en situation irrégulière sur le territoire français. Sa compagne l’a appris de la bouche même de la mairesse de la commune.

Il est arrivé une première fois en 89 sur le territoire français, depuis cette date il vivait sur paris accumulant les petits boulots. Il a rejoins le CSP 92 collectif de sans papier de Versailles en 2006. Collectif qui se mobilisera demain sur paris en demandant lors d une manifestation sa libération et sa régularisation.

Il faisait parti des 100 marcheurs de la marche « Paris Nice à pied » qui a traversé toute la France durant un mois afin de sensibiliser la population française à la situation des sans papiers et tenter de rencontrer les représentants africains au présent à Nice pour le sommet Afrique/France début juin 2010.

Il sera présenté  vendredi  à partir de 9h au tribunal administratif et à 10h au tribunal de grande instance de Lyon devant le juge des libertés.

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17 septembre 2010 5 17 /09 /septembre /2010 08:06

une nouvelle" maladie" est apparu sur certains chataigners de la drome la Dryosmus Kuriphilus. Nous libertaire sommes très lié à la nature sauvage: une réflexion sur ce sujet a commencé au Laboratoire pour le soutien aux opposants du collectif ( QOCP) contre center parc à Roybon. avec des amis italiens de la région de Cuneo, ceux-ci nous avaient  transmis  quelque pistes de réflexion au travers la revue NUNATAK.

Que sait -on maintenant sur ce parasite le Dryocosmus Kuriphilus c'est un petit insecte qui appartient à l'ordre des hyménoptères, qui inclut également les abeilles et les guêpes. Cette espèce  est uniquement nuisible pour la chataigne.Originaire de chine et diffusé s 'est ensuite propagée à travers à l'ouest du Japon e dans les années  60 ans en Corée en 1974 avec la commercialisation de matériel de pépinière infestée, le Parasite a   atteint et a pris ses fonctions  et établi durablement aux  États-Unis.

Au printemps 2002il est signalé pour la première fois en Europe par les services phitosanitaires du Piémont.

commençons à publier les images de ces insectes parasites.

 

oriental chestnut gall wasp, Dryocosmus kuriphilus (Hymenoptera: Cynipidae)  
larves


 

Dryocosmus kuriphilus
Fig. 1
Adultes
Fig. 2
Galles plus ou moins rouges.
 

 
Dryocosmus kuriphilus

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16 septembre 2010 4 16 /09 /septembre /2010 22:29

rappel des faits , les deux militants viennent d'obtenir la relaxe, tu pourras lire leur réaction après le rappel et .remerciement militant pour le blog  de soutien

Le Collectif Oldartu, qui rassemble une douzaine d'organisations du Pays Basque Nord (AB, Attac, Batasuna, Collectif contre les violences sexistes, Comité d'action Soule, CNT, ELB, Ikasi eta Irauli, Réagis !, LAB, NPA, Segi, Solidaires) et Askatasuna, ont appelé hier à venir " massivement soutenir Aurore (Martin) et Jean-Luc (del Campo), lors de leur procès le 1er juillet à 13 h 45 au tribunal de Bayonne ". Objectif : obtenir la relaxe des deux prévenus, qui comparaissent pour refus de prélèvement ADN.

C'est la deuxième fois qu'Aurore Martin et Jean-Luc del Campo sont convoqués devant la justice française, après un premier procès en septembre 2008 à l'issue duquel ils avaient été condamnés à 1 000 euros d'amende chacun.

L'affaire remonte à novembre 2007. Alors qu'ils effectuent un " bombage " sur un mur de Baigorry, les deux Bas-Navarrais sont arrêtés. Les gendarmes leur demandent de réaliser des prélèvements ADN, ce qu'ils refusent. Quelques mois après le premier procès, au printemps 2009, rebelote. Et nouveau refus.

" Oui nous collons des affiches"

Présents hier aux côtés d'Oldartu et Askatasuna, Aurore Martin et Jean-Luc del Campo ont énoncé les raisons de leur opposition à ce fichage : " D'une part, nous avons été arrêtés en flagrant délit. Les gendarmes n'ont donc pas besoin de notre ADN, sinon pour grossir les fichiers du FNAEG  (Fichier National Automatisé des Empreintes Génétiques). D'autre part, dans le contexte actuel de forte tension et de répression, notre réaction a été instinctive. Enfin, nous assumons notre rôle de militants. Oui, nous collons des affiches, oui nous faisons des graffitis. Nous défendons la liberté élémentaire de chacun de pouvoir s'exprimer ".

Cette comparution soulève donc deux questions en une. D'un côté, la menace qui pèserait actuellement en Pays Basque Nord sur la liberté d'expression, que Murielle Lucantis (Askatasuna) résume ainsi : " Aujourd'hui, les gens qui posent des affiches le font de plus en plus avec l'impression de poser des bombes. Dans une démocratie, est-ce que c'est normal ? ".

Glissement législatif

De l'autre, la systématisation du fichage ADN, stigmatisé par Julien Iladoy (Oldartu) : " Lorsqu'il a été créé en 1998, le FNAEGne concernait que les délinquants sexuels et les personnes condamnées pour violences. Il s'est opéré depuis un glissement législatif. Aujourd'hui, quasiment tous les délits sont concernés, jusqu'au collage d'affiches. De 2 807 empreintes en 2003, on est passé à plus d'un million aujourd'hui. Nous refusons ce fichage qui va à l'encontre des libertés élémentaires ".

Plus d'info sur le FNAEG, sur Wikipedia

p004_ph01_1.jpg

L'une des raisons pour lesquelles ils ne sont pas totalement satisfaits de la décision d'hier est que la justice ne s'est pas prononcée sur les menaces à la liberté d'expression et le risque pour les libertés publiques que font courir les prélèvements d'empreintes génétiques généralisés et leur enregistrement dans le FNAEG (Fichier national des empreintes génétiques).

Pas de réponses

L'autre raison invoquée, est que dans l'affaire dite «Kalaka» pour laquelle plusieurs personnes ont été incarcérées pendant plus d'un an et des dizaines d'autres gardées à vue, il n'y a toujours pas, trois ans après, de «réponses» de la part de la justice. Pour Aurore Martin «la justice nous a demandé des comptes, et nous nous en avons demandés à la justice. Jusqu'à présent celle-ci ne nous a pas donnés de réponses»

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16 septembre 2010 4 16 /09 /septembre /2010 08:50
On fait circuler l'information  en tant que blog de contre information ( réunion tous les mercredi à 19h 
au laboratoire.On a reçu ces deux mails:
Le premier explique les circonstances de l'arrestation de Mohamed
Bonjour,
Je vous explique la situation,


Une rencontre pendant la marche PARIS-NICE, un amour est né!!!!

Nous devons nous marier !

Nous avons fait les démarches nécessaires pour le mariage et le mardi 14
septembre à 17 h, nous avions rendez-vous avec le maire pour fixer la
date de notre union.

La gendarmerie nous attendait devant la mairie, contrôle d'identité et il
a été embarqué par les gendarmes.C'est certainement un coup monté, puisque
ils nous attendaient. Comment ils ont pu avoir connaissance de l'heure de
ce putain de rendez-vous! A l'heure ou j'écris ce mail il est en garde à
vu, cela aurait du être un moment de bonheur et maintenant nous vivons un
cauchemar !!!!!

SUSPICION DE MARIAGE BLANC ALORS QUE JE SUIS ENCEINTE DE L'HOMME
QU'ILS M'
ONT ENLEVÉ.

AIDEZ-MOI, AIDEZ-NOUS, JE VOUS EN SUPLIE, JE SUIS SEUL ET IL DOIT SE
SENTIR SEUL.

Si vous connaissez des comités de soutien entre Valence et Lyon
envoyez
leur ce mail. VITE !!!!!!!
MERCI A VOUS
le second provient des soutiens:
Lyon TGI vendredi matin 9h30-10h
Sans appeller a un rassemblement "exterieur" les soutiens lyonnais ( et d
ailleur) sont les bienvenu devant le tgi de lyon vendredi matin entre 9h30 et
10h00 pour sandrine et mohamed, t shirt de la marche pour le clein d oeil.

A priori un soutien financier pour les frais d' avocat serai le bienvenue.



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16 septembre 2010 4 16 /09 /septembre /2010 08:29

 

Ce texte n'est jamais été diffusé sur internet, ni publié, si vous êtes interressé contactez le laboratoire  8 place St jean,je le publie aujourd'hui car j'ai reçu ce message:

C’est pourquoi le collectif du 9 MARS  invite à une nouvelle nuit de débats avec la volonté de développer la résistance.
Nuit du 24 septembre à l'hôpital psychiatrique du Vinatier au Centre Social de l'hôpital
Soirée sous couvert de la CGT de l'hôpital avec le collectif de la nuit du 9 mars

 

Le Collectif de résistance du 9 mars organise une soirée débat le
VENDREDI 24 SEPTEMBRE 2010 à partir de 17h
Au Centre Social du CHS vinatier et jusqu’au bout (de la nuit) le collectif du 9 mars organise le débat et la résistance pour ne pas céder à la propagande du pire.
(Cette soirée est organisée sous couvert de la CGT de cet établissement)
Attention, la résistance ne finira ni avec cette rencontre ni avec la nuit. 
"Faire disparaître les problèmes sociaux au travers du sécuritaire"

 

 

Un gouvernement, par définition, n’a pas de conscience. Il a, parfois, une politique, et c’est tout. », Albert Camus

A)rapide rappel historique.

Dans l'hexagone , en effet, les pouvoirs publics se sont heurtés à l'impossibilité de séparer les missions sanitaire et sociale de l'institution hospitalière depuis le XVIe siècle ( Dès cette époque,en rupture avec la tradition hospitalière de l'accueil, tant des « pauvres malades » que des« pauvres passants » et des pèlerins, les autorités vont tenter à plusieurs reprises, mais sans succès,de casser le lien entre le médical et le social, notamment en créant des institutions spécialisées (hotel-Dieu et les bureaux de paroisse, les sociétés de charité)

. « Dans  la figure du "pauvre nécessiteux", qui mérite l'hospitalisation , la maladie n'était que l'un des éléments dans un ensemble qui comprenait aussi bien l'infirmité , l'âge, l'impossibilité de trouver du travail , l'absence de soins. » « Il s'opère également à partir d'un quadrillage...des distinctions entre les diverses cathégories de malheureux auxquelles s'adressait confusément la charité..., une série de distinctions fonctionnelles ( les bons et les mauvais pauvres , les oisifs volontaires et les chômeurs involontaires)  »1Dés le traité de la Mare en 1705- grande charte des fonctions de police . La ˝police" du corps social doit assurer des contraintes de l'ordre plus générale d'une "police médicale" En fait , le vrai travail s'est fait quand on a voulu avoir un rôle bien spécifié par rapport à la famille devenue instance primaire de santé , au réseau étendu et continu du personnel médical et au contrôle administratif de la population Ce n'est qu'à la Révolution de 1789 que sont apparues les premières pratiques humanistes, avec Pinel et le retrait des chaînes qui entravaient les fous.. Un effort de réflexion sur la maladie mentale a vu le jour au XIXème siècle.Quant au XXe siècle, la distinction tant recherchée entre « hospice » et « hôpital » n'était guère réelle que dans les grandes villes jusqu'en 1945.

B)La rupture

La mobilisation d'une partie de la psychiatrie et sa participation au mouvement de mai 1968 . A Lyon à l'HP du Vinatier , un groupe de jeunes médecins et infirmiers interviennent sur la vie quotidienne de l'hopital (asile) et entraînent une révolte des malades. Ils sont sévèrement réprimés .Des centaines de révoltes citons rapidement par ex: Caen , la- Queue- en Brie,Perray – Vaucluse, Rennes. Toutes ces insurrection pour la vie permet d'obtenir rapidement un certain nombre d'avantages et consacre l'alliance réformiste avec la partie la plus moderne du capitalisme.

Plus près de nous, en1970, le législateur a voulu instituer la séparation entre le secteur sanitaire, réservé à l'hôpital, et le domaine social. C'était la loi de sectorisation .La psychiatrie “ fermée ”, carcellaire du début du XXe disparaît et si l’hôpital conserve une valeur comme établissement de soins, il n’obéit plus aux mêmes règles, non seulement dans le sens de l’humanisation, mais encore dans celui de la continuité des soins, en post-cure, et de la réinsertion du malade dans la société.

Les fous du village restaient au village avec leur personnel traitant dans le village ”2... Le secteur répond à ce souci de prévention, de cure (y compris les traitements ambulatoires), et de post-cure que nécessite l’état du malade. Il est confié à un médecin psychiatre, chef de secteur, ayant la responsabilité d’une équipe composée de médecins, assistantes sociales, psychologues, infirmières, etc. Outre les soins, l’équipe médicale psychiatrique peut et doit ainsi assurer les liaisons utiles avec tous ceux qui peuvent contribuer à la réadaptation et à la réinsertion sociale des malades (médecins traitants, services sociaux, médecins conseils de la Sécurité sociale, employeurs, services de reclassement, appareil judiciaire, etc). Des groupes continuent à contester la "révolution du capital"

GIA, Psychiatrisé en lutte , Marge , CERFI, Gardes- Fous , AERLIP, GLH.3On vit un refus de cette nouvelle forme de "Chasse au fou" qui tend à d'étendre à toute la vie de la grossesse à la mort , et qui s'inscrit dans un contexte politique global dans lequel la psychiatrie est un instrument de control social au service de la classe dirigeante. De plus nous ne partageons aucunement l’engouement pour les soins ambulatoires sous contrainte qui risquent de pervertir les liens qui se nouent dans les lieux d’accueil ambulatoires. Laisser croire que l’on peut résoudre le déni psychotique par le biais de soins pratiqués « au nom de la loi » dans les limites qui nous seront imparties par les préfets, constitue une imposture.

Or,dès les années 1980, la (re) montée de la pauvreté et de la précarité .A partir de 1981, avec l'arrivée de la gauche au pouvoir. Les infirmiers, médecins et psychologues ont créé, en plus des Centres Médico-Psychologiques, des Foyers, Centres d'Accueil Thérapeutique à temps partiel, appartements, hôpitaux de jour et autres structures.

C)Vers le retour de l'enfermement généralisé..

La loi du 22 juillet 1983 relative aux transferts des compétences entre l’Etat et les collectivités territoriales avait mis fin au paradis de financements croisés des dépenses d’hygiène mentale et confié à l’Etat seul le soin de financer sur ses crédits les actions extra-hospitalières en psychiatrie.

La récupération économique des idées antipsychiatriques par l'Etat a permis de prendre de plus en plus en charge les patients en ville et même chez eux. Mais les impératifs de rentabilité dévoient en partie la qualité de ce travail. Des traitements inadaptés, psychocognitivistes ou chimiothérapiques, avec des sujets à pathologie lourde, autant sociale que psychologique, sont à l'origine d'un véritable désastre. De nombreux patients se retrouvent à la rue et, livrés à leur problématique, ingérable pour eux, finissent par se retrouver en prison La force de travail des individus étant devenue inessentielle, car interchangeable et nombreuse, l'ancienne mission de la médecine de « réparer le travailleur » afin qu'il soit réutilisé pour l'exploitation économique devenait obsolète à tel point qu'un maintien de la médecine telle qu'elle est, reste un obstacle à l'avancée du capitalisme. En médecine, c'est une aspiration libertaire diffuse qui en 83, mis en place un projet concret d'autogestion des facs de médecine sur la base d'un souci de santé publique et d'une volonté d'en finir avec les mandarins (pendant que cette grève passait aux yeux des médias comme une grève de droite !). Évidemment, malgré une massive participation à ce projet, le gouvernement ne donna pas suite En 1987, une nouvelle grève éclata en médecine et appliquant encore une exemplaire démocratie directe, contre un projet Barzach (déjà passé) de sous-qualifier les futurs généralistes. Cette grève déclenchée 3 mois après décembre 86 , prit des tournants très sociaux et ouverts, mais fut récupérée par la gauche électorale remontante et qui concrètement au pouvoir en 88 n'abolit bien sûr pas la loi Barzach4. Dans les années 90,d'autres mouvements de personnels soignants, comme les infirmiers en psychiatrie ont tenté de rejoindre ce mouvement et ont reçu un accueil différent selon les jeunes médecins qu'ils rencontraient. Les infirmiers en psychiatrie, luttaient contre le retrait autoritaire de leur spécificité. Et il est important de comprendre que cette spécificité dérobée va plus loin qu'une simple modification de statut car elle correspond à l'évacuation complète, et de la reconnaissance et de l'enseignement fait aux infirmiers, de ce qui restait (et avait été conquis en psychiatrie) de préoccupations sanitaires centrées autour de l'autonomie du sujet, du respect de sa singularité et de ses relations inter-subjectives. Le statut d'infirmier psychiatrique5avec sa formation de soins bien spécifique va être remodeléA droite comme à gauches,ils sont fasciné par le développement technologique, qui accorde à la technologie l'exclusivité des rapports avec la nature et sépare les personnes de leur activité collectives de production et de construction d'un monde commun. La naissance de l'individu hors sol. "L'exaltation officielle de l'individu dans nos sociétés, n'est que la mise à nu — dans la souffrance — du MOI, et toutes les défenses et protections immunitaires qui permettaient à ce MOI d'advenir dans la subjectivité et la singularité, sont aujourd'hui mises à rude épreuve. À tel point que le repli sur soi dans la dépression ou l'autisme n'a comme seule thérapeutique que la consommation à outrance de la marchandise, qu'il s'agisse de psychotropes ou de jeux vidéos (etc.). La rigidification des défenses comme la préoccupation immunologique ultra spécialisée dans une vision non globale de la personne humaine est le dernier recours défensif et actuel pour protéger ce MOI régressif et fragilisé par sa mise à nu. L'avènement de la singularité ne pouvant s'opérer que dans une socialisation permettant à ce MOI d'advenir en JE. Et le JE, se conjugue au singulier comme au pluriel : Je, tu, il, elle, nous, vous, ils, elles… Je ne sais s'il s'agit de la création d'un homme nouveau, (le clone ?), pour le moment il s'agit d'une formidable régression, fragilisant les individus au point d'en faire des êtres sans défense face à l'appétit sans limite des dominants." Yves – Michel Dusanter.

b) La réforme de la santé- service public et le privé

On se rappelle encore les campagnes de presse sur le trou de la sécurité sociale tout le battage médiatique qui a eu pour finalité la « réforme de la santé » qui sera publiée au Journal Officiel le 24 Avril 19966, qui prévoit 5 ans la mise en chantier d'une superstructure d'encadrement de maîtrise et de rationnement des soins tant dans le service public que dans le privé ne provoque-t-elle pas leur éclatement et donc la concurrence de tous contre tous. Les transformations de l'état s'échelonne entre quelques dates dans les années 90

-En 1993 autre campagne de presse qui a permis à Balladur la réforme des retraites,déjà un rapport estimait à 30% la proportion de sans abri présentant un trouble psychiatrique. Et il est actuellement préconisé d'établir des relations de partenariat entre les secteurs psychiatriques et les services d'aide aux sans abri.

-En 1995 posait implicitement l'existence d'une crise de l'État et l'exigence de services collectifs sans que cela passe forcément par le renforcement de l'État. Nous reprenons la notion de la revue temps critiques l'État-réseau7se contente d'effets d'annonce et de contrôler efficacement les rapports sociaux en les pénétrant dans les moindres détails. Il a englobé l'ancienne société civile et tend à dissoudre les anciennes séparations entre public et privé. D'où l'impression d'une inflation de règles qui contrôlent, sécurisent, gèrent alors que les grandes institutions liées au modèle de l'État-nation sont résorbées ou s'autonomisent. Des lois sécuritaires sont édictées soit par la gauche et la droite,"l'état est devenu total, comme le capital. Dans sa forme réseau il étend ses tentacules dans la vie quotidienne de chacun, ce qui nous amène à dire que l'État c'est aussi nous-mêmes quand nous profitons de la Sécurité Sociale, des cartes de retrait, du crédit"8

Le fait divers concernant le crime dans l'hopital psychiatrique de Pau dans la nuit du 17 au 18 décembre 2004, Les soignants (infirmiers ou médecins) qui, dans le contexte actuel, ont réclamé plus de sécurité ont joué avec le feu,…D'autre fait divers moins tragique ( évasion d'un prisonnier de l'HP de Marseille...) Avec une parfaite logique l'état amplifie sa fonction régalienne .Il apparaît clairement pour la maladie mentale dont le symptôme principal est la dangerosité et l'obscénité, l'unique réponse scientifique est l'asile qui doit la prendre en charge et la contrôler.Il rapproche ces personnes ( des faits divers ) aussi du loup-garou,mi-humain mi-animal, les médias ont joué leur rôle"les messages délivrés par la radio ,un "appareil à bavardages" qui "n'en dit guère plus lorsqu'il se déchaîne que lorsqu'il se tait, le plus souvent diffusés par les services de propagande soviétiques (mais pas uniquement), où la véritable parole n'est jamais dite mais s'efface pour la fausse parole qui occupe toute la place, brain-trust quotidien qui consiste à changer le réel ou à le contraindre de prendre une forme qu'il n'a pas "9la fausse parole d' Armand Robinhttp:

Ils n’ont maintenant que plus d’arguments pour lutter contre le "soin sécuritaire "10…La psychiatrie est en train de reconstruire les murs que la psychiatrie désaliéniste avait tenté d’abolir. Quand les impératifs sécuritaires rejoignent les impératifs gestionnaires, cela signe un gigantesque gâchis." Ce qui est en jeu est cette fois le rapport entre le technicien , la science et sa pratique, dont les masses sont l'objet, une fois que le technicien-en particulier celui des sciences humaines-- a reconnu que son rôle , dans ce système social , est une manipulation du consentement à travers les idéologies que ce système produit et met en oeuvre"11. Contre la fabrique du consentement que représente d'une façon ultime et le retour sans fard de l'utilisation des techniciens des sciences humaines peuvent être utilisés pour garantir la scientificité et la légalité de la torture et des crimes. Voilà pourquoi l'urgence d'entrer dans un champ de lutte avec l'usager des services psychiatriques pour faire naître l'histoire de l'interné, habituellement privé d'histoire par le fait même qu'il est objet d'un tel service.Notre rôle à jouer n'est pas facile , et il est au départ de refuser de masquer , d'enterrer et même de résoudre des contradictions individuelles et sociales , de les rendre apparentes . Lors qu'on a analysé d'une façon succincte le rôle de fossoyeurs des "révoltes Logiques" des années 70 aujourd'hui ils organisent pour peut être mieux contrôler la contestation de l' UHSA du Vinatier .





 

 

 

 

1Dits et écrits II p16 Michel Foucault

2http://entretenir.free.fr/klapahouk2.html

3GIA (groupe information asile ), A.E.R.L.I.P( ( assos Extension pour la Radicalisation des Luttes contre Institutions Psychiatriques)GLH ( Groupe de Lutte des Handicapés)

4/www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=LEGITEXT000006068951&dateTexte=20100611

5http://www.infirmiers.com/historique-de-la-profession-des-infirmiers-en-psychiatrie

6http://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=LEGITEXT000005620817&dateTexte=20100611

7http://tempscritiques.free.fr/spip.php?article246

8http://tempscritiques.free.fr/spip.php?article110

9la fausse parole d' Armand Robin chez le Temps qu’il fait, 1985.

10http://www.collectifpsychiatrie.fr

11Les criminels de la paix de Basaglia au puf

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15 septembre 2010 3 15 /09 /septembre /2010 10:54

 

Dans le dauphiné libérée du 15 septembre,le squat face à la Maison d'arrêt est objet de polémique,cette maison c'est une maison achétée il y a quelques années par la ville de Valence , sans doute en vue du grand projet futur de rénovation urbaine En effet la MA de Valence situé dans le périmètre doit céder les locaux d'ici 2015 date d'ouverture de la future prison de Valence. Le terrain pour la construction est déjà vendu à l'administration pénitentiaire. Le dossier est très délicat au point que toutes informations sont bloquées . Seule chose connu à l'heure actuelle il s'agira d'un Centre de détention et d'une maison d'arrêt. Mas il y a aussi dans les tiroirs un projet d'une prison des mineurs d'un nouveau type, en tirant les enseignements du bilan désastreux de la prison des mineurs de Meyzieux. Quel est notre étonnement de lire que les squateurs ont un projet d'association d'un centre d'hébergement et de réinsertion sociale( CHRS)., peut être une structure autogérée à voir...

Qu'en est il de ces structures sociales? Définition de Wikipédia:

un centre d'hébergement et de réinsertion sociale ou CHRS est une catégorie d'établissements sociaux intervenant dans le domaine de l'accueil, de l'hébergement et de la réinsertion sociale et professionnelle des personnes en situation d'exclusion.

Les CHRS relèvent du champ de compétence de l'État. La tarification, le financement, le contrôle et le suivi de ces établissements sont assurés par la DGCS (Direction Générale de la Cohésion Sociale) à l'échelon départemental.

Avant 1998, l'intitulé était centre d'hébergement et de réadaptation sociale.

En 2008, la ville de Nice a installé dans un CHRS, à des fins de contrôle d'accès, un dispositif biométrique de reconnaissance d'empreintes digitales, stockées sur support individuel [1].

23 établissements et services, accompagne adultes et enfants en souffrance psychique à travers différents champs d’intervention voir : L'oeuvre Falret:

  • Insertion/ Réadaptation sociale, dont 2 CHRS

  • Emploi/ retour à l’emploi

  • Médico-social

  • Enfance

Les squateurs valentinois se lancent dans l'associatif, ceux de l'avenue de Provence la maison à coté du novotel) association déjà créé, et maintenant ceux de l'armée belge. Surtout pas un squat affiché politiquement avec info kiosque . Voilà on laisse la parole aux squateurs pour intervenir sur leur choix, dans le blog du laboratoire ou peut être sur radio Mega.

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15 septembre 2010 3 15 /09 /septembre /2010 06:31

Compte tenu de la sécheresse des débats  autour de le lieu de parole 17h -19h  devant la préfecture de Valence pour le rassemblement quotidien, on a décidé de publier ce texte . Ce texte a été capté sur le blog le silence qui parle

 

L’humanisme est tout autre chose : c’est un thème ou plutôt un ensemble de thèmes qui ont réapparu à plusieurs reprises à travers le temps, dans les sociétés européennes ; ces thèmes, toujours liés à des jugements de valeur, ont évidemment toujours beaucoup varié dans leur contenu, ainsi que dans les valeurs qu’ils ont retenues. De plus, ils ont servi de principe critique de différenciation : il y a eu un humanisme qui se présentait comme critique du christianisme ou de la religion en général ; il y a eu un humanisme chrétien en opposition à un humanisme ascétique et beaucoup plus théocentrique (cela au XVIIème siècle). Au XIXème siècle, il y a eu un humanisme méfiant, hostile et critique à l’égard de la science ; et un autre qui plaçait (au contraire) son espoir dans cette même science. Le marxisme a été un humanisme, l’existentialisme, le personnalisme l’ont été aussi ; il y eut un temps où on soutenait les valeurs humanistes représentées par le national-socialisme, et où les staliniens eux-mêmes disaient qu’ils étaient humanistes.
De cela il ne faut pas tirer la conséquence que tout ce qui a pu se réclamer de l’humanisme est à rejeter ; mais que la thématique humaniste est en elle-même trop souple, trop diverse, trop inconsistante pour servir d’axe à la réflexion. Et c’est un fait qu’au moins depuis le XVIIème siècle ce qu’on appelle l’humanisme a toujours été obligé de prendre son appui sur certaines conceptions de l’homme qui sont empruntées à la religion, à la science, à la politique. L’humanisme sert à colorer et à justifier les conceptions de l’homme auxquelles il est bien obligé d’avoir recours.
Or justement, je crois qu’on peut opposer à cette thématique, si souvent récurrente et toujours dépendante de l’humanisme, le principe d’une critique et d’une création permanente de nous-mêmes dans notre autonomie : c’est-à-dire un principe qui est au cœur de la conscience historique que l’Aufklärung a eue d’elle-même. De ce point de vue je verrais plutôt une tension entre Aufklärung et humanisme qu’une identité.
En tout cas, les confondre me parait dangereux ; et d’ailleurs historiquement inexact. Si la question de l’homme, de l’espèce humaine, de l’humaniste a été importante tout au long du XVIII ème siècle, c’est très rarement, je crois, que l’Aufklärung s’est considérée elle-même comme un humanisme. Il vaut la peine aussi de noter que, au long du XIXème siècle, l’historiographie de l’humanisme au XVIème siècle, qui a été si importante chez des gens comme Sainte Beuve ou Burckhardt, a été toujours distincte et parfois explicitement opposée aux Lumières et au XVIIIème siècle. Le XIXème siècle a eu tendance à les opposer, au moins autant qu’à les confondre.
En tout cas, je crois que, tout comme il faut échapper au chantage intellectuel et politique “être pour ou contre l’Aufklärung“, il faut échapper au confusionnisme historique et moral qui mêle le thème de l’humanisme et la question de l’Aufklärung. Une analyse de leurs relations complexes au cours des deux derniers siècles serait un travail à faire, qui serait important pour débrouiller un peu la conscience que nous avons de nous-mêmes et de notre passé.
B. Positivement. Mais, en tenant compte de ces précautions, il faut évidemment donner un contenu plus positif à ce que peut être un êthos philosophique consistant dans une critique de ce que nous disons, pensons et faisons, à travers une ontologie historique de nous-mêmes.
1) Cet êthos philosophique peut se caractériser comme une attitude limite. il ne s’agit pas d’un comportement de rejet. On doit échapper à l’alternative du dehors et du dedans ; il faut être aux frontières. La critique, c’est bien l’analyse des limites et la réflexion sur elles. Mais si la question kantienne était de savoir quelles limites la connaissance doit renoncer à franchir, il me semble que la question critique, aujourd’hui, doit être retournée en question positive : dans ce qui nous est donné comme universel, nécessaire, obligatoire, quelle est la part de ce qui est singulier, contingent et dû à des contraintes arbitraires. Il s’agit en somme de transformer la critique exercée dans la forme de la limitation nécessaire en une critique pratique dans la forme du franchissement possible.
Ce qui, on le voit, entraîne pour conséquences que la critique va s’exercer non plus dans la recherche des structures formelles qui ont valeur universelle, mais comme enquête historique à travers les événements qui nous ont amenés à nous constituer à nous reconnaître comme sujets de ce que nous faisons, pensons, disons. En ce sens, cette critique n’est pas transcendantale, et n’a pas pour fin de rendre possible une métaphysique - elle est généalogique dans sa finalité et archéologique dans sa méthode. Archéologique - et non pas transcendantale - en ce sens qu’elle ne cherchera pas à dégager les structures universelles de toute connaissance ou de toute action morale possible ; mais à traiter les discours qui articulent ce que nous pensons, disons et faisons comme autant d’événements historiques. Et cette critique sera généalogique en ce sens qu’elle ne déduira pas de la forme de ce que nous sommes ce qu’il nous est impossible de faire ou de connaître; mais elle dégagera de la contingence qui nous a fait être ce que nous sommes la possibilité de ne plus être, faire ou penser ce que nous sommes, faisons ou pensons.
Elle ne cherche pas à rendre possible la métaphysique enfin devenue science ; elle cherche à relancer aussi loin et aussi largement que possible le travail indéfini de la liberté.
2) Mais pour qu’il ne s’agisse pas simplement de l’affirmation ou du rêve vide de la liberté, il me semble que cette attitude historico-critique doit être aussi une attitude expérimentale. je veux dire que ce travail fait aux limites de nous-mêmes doit d’un côté ouvrir un domaine d’enquêtes historiques et de l’autre se mettre à l’épreuve de la réalité et de l’actualité, à la fois pour saisir les points où le changement est possible et souhaitable et pour déterminer la forme précise à donner à ce changement. C’est dire que cette ontologie historique de nous-mêmes doit se détourner de tous ces projets qui prétendent être globaux et radicaux. En fait, on sait par expérience que la prétention à échapper au système de l’actualité pour donner des programmes d’ensemble d’une autre société, d’un autre mode de penser, d’une autre culture, d’une autre vision du monde n’ont mené en fait qu’à reconduire les plus dangereuses traditions.
Je préfère les transformations très précises qui ont pu avoir lieu depuis vingt ans dans un certain nombre de domaines qui concernent nos modes d’être et de penser, les relations d’autorité, les rapports de sexes, la façon dont nous percevons la folie ou la maladie, je préfère ces transformations même partielles qui ont été faites dans la corrélation de l’analyse historique et de l’attitude pratique aux promesses de l’homme nouveau que les pires systèmes politiques ont répétées au long du XXème siècle.
Je caractériserai donc l’êthos philosophique propre à l’ontologie critique de nous-mêmes comme une épreuve historico-pratique des limites que nous pouvons franchir, et donc comme travail de nous-mêmes sur nous-mêmes en tant qu’êtres libres.
3) Mais sans doute serait-il tout à fait légitime de faire l’objection suivante : à se borner à ce genre d’enquêtes ou d’épreuves toujours partielles et locales, n’y a-t-il pas risque à se laisser déterminer par des structures plus générales dont on risque de n’avoir ni la conscience ni la maîtrise?
À cela deux réponses. Il est vrai qu’il faut renoncer à l’espoir d’accéder jamais à un point de vue qui pourrait nous donner accès à la connaissance complète et définitive de ce qui peut constituer nos limites historiques. Et, de ce point de vue, l’expérience théorique et pratique que nous faisons de nos limites et de leur franchissement possible est toujours elle-même limitée, déterminée et donc à recommencer.
Mais cela ne veut pas dire que tout travail ne peut se faire que dans le désordre et la contingence. Ce travail a sa généralité, sa systématicité, son homogénéité et son enjeu.
Son enjeu. Il est indiqué par ce qu’on pourrait appeler “le paradoxe (des rapports) de la capacité et du pouvoir”. On sait que la grande promesse ou le grand espoir du XVIIIème siècle, ou d’une partie du XVIIIème siècle, était dans la croissance simultanée et proportionnelle de la capacité technique à agir sur les choses, et de la liberté des individus les uns par rapport aux autres. D’ailleurs on peut voir qu’à travers toute l’histoire des sociétés occidentales (c’est peut-être là que se trouve la racine de leur singulière destinée historique - si particulière, si différente [des autres] dans sa trajectoire et si universalisante, dominante par rapport aux autres) l’acquisition des capacités et la lutte pour la liberté ont constitué les éléments permanents. Or les relations entre croissance des capacités et croissance de l’autonomie ne sont pas aussi simples que le XVIIIème siècle pouvait le croire. On a pu voir quelles formes de relations de pouvoir étaient véhiculées à travers des technologies diverses (qu’il s’agisse des productions à fins économiques, d’institutions à fin de régulations sociales, de techniques de communication) : les disciplines à la fois collectives et individuelles, les procédures de normalisation exercées au nom du pouvoir de l’État, des exigences de la société ou des régions de la population en sont des exemples. L’enjeu est donc : comment déconnecter la croissance des capacités et l’intensification des relations de pouvoir ?
Homogénéité. Ce qui mène à l’étude de ce qu’on pourrait appeler les “ensembles pratiques”. Il s’agit de prendre comme domaine homogène de référence non pas les représentations que les hommes se donnent d’eux-mêmes, non pas les conditions qui les déterminent sans qu’ils le sachent. Mais ce qu’ils font et la façon dont ils le font. C’est-à-dire les formes de rationalité qui organisent les manières de faire (ce qu’on pourrait appeler leur aspect technologique) ; et la liberté avec laquelle ils agissent dans ces systèmes pratiques, réagissant à ce que font les autres, modifiant jusqu’à un certain point les règles du jeu (c’est ce qu’on pourrait appeler le versant stratégique de ces pratiques). L’homogénéité de ces analyses historico-critiques est donc assurée par ce domaine des pratiques avec leur versant technologique et leur versant stratégique.
Systématicité. Ces ensembles pratiques relèvent de trois grands domaines : celui des rapports de maîtrise sur les choses, celui des rapports d’action sur les autres, celui des rapports à soi-même. Cela ne veut pas dire que ce sont là trois domaines complètement étrangers les uns aux autres. On sait bien que la maîtrise sur les choses passe par le rapport aux autres ; et celui-ci implique toujours des relations à soi ; et inversement. Mais il s’agit de trois axes dont il faut analyser la spécificité et l’intrication : l’axe du savoir, l’axe du pouvoir, l’axe de l’éthique. En d’autres termes, l’ontologie historique de nous-mêmes a à répondre à une série ouverte de questions, elle a affaire à un nombre non défini d’enquêtes qu’on peut multiplier et préciser autant qu’on voudra ; mais elles répondront toutes à la systématisation suivante : comment nous sommes-nous constitués comme sujets de notre savoir ; comment nous sommes-nous constitués comme sujets qui exercent ou subissent des relations de pouvoir ; comment nous sommes-nous constitués comme sujets moraux de nos actions.
Généralité. Enfin, ces enquêtes historico-critiques sont bien particulières en ce sens qu’elles portent toujours sur un matériel, une époque, un corps de pratiques et de discours déterminés. Mais, au moins à l’échelle des sociétés occidentales dont nous dérivons, elles ont leur généralité : en ce sens que jusqu’à nous elles ont été récurrentes ; ainsi le problème des rapports entre raison et folie, ou maladie et santé, ou crime et loi ; le problème de la place à donner aux rapports sexuels, etc.
Mais, si j’évoque cette généralité, ce n’est pas pour dire qu’il faut la retracer dans sa continuité métahistorique à travers le temps, ni non plus suivre ses variations. Ce qu’il faut saisir c’est dans quelle mesure ce que nous en savons, les formes de pouvoir qui s’y exercent et l’expérience que nous y faisons de nous-mêmes ne constituent que des figures historiques déterminées par une certaine forme de problématisation qui définit des objets, des règles d’action, des modes de rapport à soi. L’étude des (modes de) problématisations (c’est-à-dire de ce qui n’est ni constante anthropologique ni variation chronologique) est donc la façon d’analyser, dans leur forme historiquement singulière, des questions à portée générale.
Un mot de résumé pour terminer et revenir à Kant. je ne sais pas si jamais nous deviendrons majeurs. Beaucoup de choses dans notre expérience nous convainquent que l’événement historique de l’Aufklärung ne nous a pas rendus majeurs ; et que nous ne le sommes pas encore. Cependant, il me semble qu’on peut donner un sens à cette interrogation critique sur le présent et sur nous-mêmes que Kant a formulée en réfléchissant sur l’Aufklärung. Il me semble que c’est même là une façon de philosopher qui n’a pas été sans importance ni efficacité depuis les deux derniers siècles. L’ontologie critique de nous-mêmes, il faut la considérer non certes comme une théorie, une doctrine, ni même un corps permanent de savoir qui s’accumule ; il faut la concevoir comme une attitude, un êthos, une vie philosophique où la critique de ce que nous sommes est à la fois analyse historique des limites qui nous sont posées et épreuve de leur franchissement possible.
Cette attitude philosophique doit se traduire dans un travail d’enquêtes diverses ; celles-ci ont leur cohérence méthodologique dans l’étude à la fois archéologique et généalogique de pratiques envisagées simultanément comme type technologique de rationalité et jeux stratégiques des libertés ; elles ont leur cohérence théorique dans la définition des formes historiquement singulières dans lesquelles ont été problématisées les généralités de notre rapport aux choses, aux autres et à nous mêmes. Elles ont leur cohérence pratique dans le soin apporté à mettre la réflexion historico-critique à l’épreuve des pratiques concrètes. Je ne sais s’il faut dire aujourd’hui que le travail critique implique encore la foi dans les Lumières ; il nécessite, je pense, toujours le travail sur nos limites, c’est-à-dire un labeur patient qui donne forme à l’impatience de la liberté.
Michel Foucault
Qu’est-ce que les Lumières ? / 1983

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14 septembre 2010 2 14 /09 /septembre /2010 08:03

 

 Ce texte est publié pour information ,  pour un débat sur la vidéo surveillance dans cette agloo.

Ce texte sera envoyé à L'ASTIV, LDH, CRBE,Gisti valence, Amnisty international ( valence).

La vidéoprotection est au menu de la discussion ouverte sur le projet de loi d’orientation et de programmation pour la performance de la sécurité intérieure (dit LOPPSI 2).

….. Un rapport d’information (n° 2728) de la commission des lois (Ass. nat.), remis par G. Geoffroy [1], s’intéresse à la contribution de l’État au développement de la vidéoprotection, et plus particulièrement dans le cadre des collectivités territoriales.

L’analyse qui y est présentée, se réalise sans qu’une réponse à la question de l’incidence de la vidéoprotection sur les libertés individuelles et collectives soit donnée. Pourtant, le rapporteur s’interrogera, un peu tardivement, en fin de parcours, sur le contrôle du fonctionnement des systèmes sur la voie publique… mais sans pouvoir donner d’autres indications que la nécessité d’un contrôle par une commission indépendante, la CNIL plutôt que Commission nationale de la vidéosurveillance, créée auprès du ministre de l’intérieur [2].

….. Relevant le changement sémantique, la vidéoprotection étant présentée comme la « nouvelle appellation de la vidéosurveillance », ce rapport prétend qu’il « reflète une modification de l’attitude de nos concitoyens à l’égard de cet outil », alors qu’il traduit plutôt un souci de légitimation d’une méthode de surveillance et de contrôle des citoyens par le gouvernement [3]. L’un des enjeux de ce rapport serait ainsi de banaliser la présence de caméras voyeuses en tous lieux, prétendument pour diffuser un sentiment de sécurité : « L’utilisation de caméras sur la voie publique est désormais considérée comme un élément, parmi d’autres, d’une politique globale de lutte contre l’insécurité ». En affirmant que « l’État est … devenu un acteur majeur du développement de la vidéoprotection », il s’agit aussi de justifier la réduction des personnels dans les corps et cadres de la police. Car, alors que l’Etat jouait « un rôle d’arbitrage et de régulation des développements de la vidéoprotection », il est, sous la pression des diverses lois relatives à la sécurité intérieure, « devenu son principal promoteur. »

Cependant, même promoteur du développement de l’implantation de mécanismes de vidéosurveillance, l’Etat n’est pas l’acteur principal de la mise en place des systèmes corrélatifs. C’est là l’un des regrets du rapporteur : « « la mise en place de caméras sur la voie publique ne constitue pas une compétence de l’État mais relève principalement des collectivités locales. L’intervention de l’État dans ce domaine n’est donc pas directe, elle passe principalement par le biais de subventions et d’aide à la maîtrise d’ouvrage. Ainsi, l’effort financier de l’État en faveur du développement de la vidéoprotection est significatif et ne cesse de croître dans le cadre de la montée en puissance du programme national d’équipement en vidéoprotection, (…). Or, cet effort financier utilise un outil bien spécifique, le fonds interministériel de prévention de la délinquance (FIPD) qui n’est pas alimenté par des ressources budgétaires, mais principalement par un prélèvement sur le produit des amendes de police, voté chaque année en loi de finances rectificative. Par conséquent, aucun débat sur la contribution de l’État au développement de la vidéoprotection ne peut avoir lieu dans le cadre du débat sur la loi de finances initiale... »

….. Afin d’expliciter les fondements juridiques de cet outil qui constitue un des points d’ancrage de la relation contemporaine entre Etat et collectivités territoriales, il est nécessaire de se référer à la loi n° 95-73 du 21 janvier 1995 d’orientation et de programmation relative à la sécurité [4], loi qui avait introduit dans la panoplie des droits dits fondamentaux, la “sécurité” : « La sécurité est un droit fondamental et l’une des conditions de l’exercice des libertés individuelles et collectives./ L’Etat a le devoir d’assurer la sécurité en veillant, sur l’ensemble du territoire de la République, à la défense des institutions et des intérêts nationaux, au respect des lois, au maintien de la paix et de l’ordre publics, à la protection des personnes et des biens. » (art. 1er).

Cet article a été réécrit par la loi n° 2003-239 du 18 mars 2003 pour la sécurité intérieure [5] : « La sécurité est un droit fondamental et l’une des conditions de l’exercice des libertés individuelles et collectives. / L’Etat a le devoir d’assurer la sécurité en veillant, sur l’ensemble du territoire de la République, à la défense des institutions et des intérêts nationaux, au respect des lois, au maintien de la paix et de l’ordre publics, à la protection des personnes et des biens. /Il associe à la politique de sécurité, dans le cadre de dispositifs locaux dont la structure est définie par décret, les collectivités territoriales et les établissements publics de coopération intercommunale ainsi que les représentants des professions, des services et des associations confrontés aux manifestations de la délinquance ou oeuvrant dans les domaines de la prévention, de la médiation, de la lutte contre l’exclusion ou de l’aide aux victimes. »

….. Le long article 10 de la loi du 21 janvier 1995, remanié par la loi n° 2006-64 du 23 janvier 2006 relative à la lutte contre le terrorisme et portant dispositions diverses relatives à la sécurité et aux contrôles frontaliers [6], a pour objet de fixer « le cadre légal de la vidéosurveillance sur la voie publique et dans les lieux ouverts au public ».

Selon cet article, d’une part, en un § II : « La transmission et l’enregistrement d’images prises sur la voie publique, par le moyen de la vidéosurveillance, peuvent être mis en œuvre par les autorités publiques compétentes aux fins d’assurer la protection des bâtiments et installations publics et de leurs abords, la sauvegarde des installations utiles à la défense nationale, la régulation du trafic routier, la constatation des infractions aux règles de la circulation ou la prévention des atteintes à la sécurité des personnes et des biens dans des lieux particulièrement exposés à des risques d’agression ou de vol. / La même faculté est ouverte aux autorités publiques aux fins de prévention d’actes de terrorisme ainsi que, pour la protection des abords immédiats de leurs bâtiments et installations, aux autres personnes morales, dans les lieux susceptibles d’être exposés à des actes de terrorisme… » Les autorités publiques compétentes sont les autorités titulaires du pouvoir de police général, donc principalement “les maires”. La circulaire du 22 octobre 1996 relative à l’application de l’article 10 de la loi n° 95-73 du 21 janvier 1995 d’orientation et de programmation relative à la sécurité [7] avait ainsi précisé que par cette expression il fallait entendre : « le préfet et le maire, mais également les responsables d’établissements publics (par exemple SNCF, RATP, hôpitaux) ou services publics (par exemple établissements pénitentiaires) et certains concessionnaires, tels que les sociétés concessionnaires d’autoroutes. » [8]

D’autre part, en cet article 10, un § III dispose que « l’installation d’un système de vidéosurveillance (…) est subordonnée à une autorisation du représentant de l’Etat dans le département et, à Paris, du préfet de police (…) ./ L’autorisation préfectorale prescrit toutes les précautions utiles, en particulier quant à la qualité des personnes chargées de l’exploitation du système de vidéosurveillance ou visionnant les images et aux mesures à prendre pour assurer le respect des dispositions de la loi. /L’autorisation peut prescrire que les agents individuellement désignés et dûment habilités des services de police et de gendarmerie nationales sont destinataires des images et enregistrements. Elle précise alors les modalités de transmission des images et d’accès aux enregistrements ainsi que la durée de conservation des images, dans la limite d’un mois à compter de cette transmission ou de cet accès, sans préjudice des nécessités de leur conservation pour les besoins d’une procédure pénale. (…)../ Les systèmes de vidéosurveillance sont autorisés pour une durée de cinq ans renouvelable… » [9]

Le rapporteur remarque que ces dispositions « ne (font) pas de l’État un acteur majeur dans ce domaine. » Mais, en revanche, « ce cadre légal donne … un rôle d’arbitrage important au préfet, chargé d’étudier les dossiers présentés et de vérifier qu’ils respectent bien les différentes garanties inscrites dans la loi (obligation d’information du public, interdiction de filmer l’entrée et l’intérieur des immeubles d’habitation, respect des motifs d’installation prévus par la loi…). »

Ces observations ne rendent pas compte de la dérive que la LOPPSI 2 suppose du fait d’une insertion appuyée des organismes privés dans la mise en place des dispositifs de vidéosurveillance. Une relative "privatisation" des missions de sécurité et de police en ressort. Des opérateurs privés se verront alors confier la mission de lutter contre la délinquance...

….. Le seul champ dans lequel les opérateurs privés ne seraient pas les principaux acteurs, à côté des collectivités territoriales, aurait pu être celui de la lutte contre le terrorisme.

La question de la vidéoprotection ne peut être directement liée à la politique de lutte contre le terrorisme. De fait, « la gestion du risque terroriste étant une prérogative régalienne, il appartient … à l’État d’inciter, voire de contraindre, les personnes publiques ou privées susceptibles d’être la cible d’attentats de se doter de dispositifs de vidéosurveillance. » La désignation des lieux concernés dépend ainsi de la perception que l’Etat a des ‘cibles’ éventuelles, lesquelles induisent une implantation des dispositifs de vidéosurveillance et non de vidéoprotection. Les termes ne sont donc pas interchangeables [10].

Dans un rapport rendu en octobre 2005 sur La vidéosurveillance et la lutte contre le terrorisme [11], il avait été remarqué que « le réseau de vidéosurveillance français se trouvait dépourvu d’une vision précise de ses objectifs stratégiques en matière de sécurité. » En effet, « l’État n’a pas exprimé clairement les contours d’une politique nationale, le rythme de développement souhaitable, et plus encore ses finalités : la vidéosurveillance a-t-elle pour but principal de rassurer les commerçants et la population, en permettant aux maîtres d’ouvrage qui le désirent de s’équiper, après une passe d’armes plus ou moins complexe avec l’administration ? S’agit-il de lutter effectivement contre la délinquance générale, en ajoutant un outil à une palette d’intervention des responsables de la sécurité publique ? Espère-t-on aussi améliorer les résultats de la lutte contre la criminalité organisée, en recueillant des éléments probants dans des affaires où la preuve est difficile ? Ou convient-il, par cet outil, d’accentuer la lutte contre le terrorisme, qui n’est pas au nombre des objectifs explicites de la loi, en cherchant ou bien à faciliter le déroulement des enquêtes si des actes terroristes viennent à être commis, ou bien aussi à prévenir les attentats ? » [12] L’État n’avait pas de vision stratégique du rôle de la vidéosurveillance. Il n’est pas certain qu’il en ait désormais une de nos jours.

….. Même si « l’efficacité de la vidéosurveillance est souvent mise en doute » [13], le rapporteur entend retenir les études qui en démontrent l’impact positif. De ce fait, il approuve le projet de loi d’orientation et de programmation pour la performance de la sécurité intérieure (LOPPSI 2), tel qu’il a été adopté par l’Assemblée nationale et maintenant en discussion devant le Sénat, qui tend à développer la vidéoprotection. Selon ce projet, la loi du 21 janvier 1995 connaîtrait de nouvelles modifications. De nouvelles dispositions interviendraient :

« La transmission et l’enregistrement d’images prises sur la voie publique, par le moyen de la vidéoprotection, peuvent être mis en œuvre par les autorités publiques compétentes aux fins d’assurer : / 1° La protection des bâtiments et installations publics et de leurs abords ; / 2° La sauvegarde des installations utiles à la défense nationale ; / 3° La régulation des flux de transport ; / 4° La constatation des infractions aux règles de la circulation ; / 5° La prévention des atteintes à la sécurité des personnes et des biens dans des lieux particulièrement exposés à des risques d’agression, de vol ou de trafic de stupéfiants ; / 6° La prévention d’actes de terrorisme ; / 7° La prévention des risques naturels ou technologiques ; / 8° (nouveau) Le secours aux personnes et la défense contre l’incendie. / Après information du maire de la commune concernée, les autres personnes morales peuvent mettre en œuvre sur la voie publique un système de vidéoprotection aux fins d’assurer la protection des abords de leurs bâtiments et installations, dans les lieux susceptibles d’être exposés à des actes de terrorisme ou particulièrement exposés à des risques d’agression ou de vol. » [14]

….. A propos de l’extension des possibilités d’usage de la vidéoprotection sur la voie publique par les personnes morales de droit privé en cas de risque d’agression ou de vol, le rapporteur note que la disposition correspondante « permettra de créer “un maillage territorial commun” de vidéoprotection sur un territoire. En effet, l’installation de systèmes de vidéosurveillance de la voie publique par des personnes distinctes permettra, comme l’expliquait l’étude d’impact annexé au projet de loi, “une véritable continuité territoriale et ce, à moindre coût, puisque la commune pourra mener son projet de sécurisation en tenant compte des implantations privées” » ( !).

Cette lecture d’une association entre implantation privée de caméras et exploitation publique des données invite à la réflexion. « Permettre le visionnage des images par des agents extérieurs à la personne qui a obtenu l’autorisation d’installation du système de vidéosurveillance » revient donc à étendre considérablement la finalités des surveillances et des contrôles. Le prétexte de la “mutualisation des centres de supervision” pour une réduction des coûts est fallacieux, le spectre de la privatisation s’y glisse furtivement.

….. Dans ce cas, toute la dynamique du développement de la vidéoprotection repose sur le soutien financier de l’Etat aux collectivités territoriales.

L’implication de l’État se réalise via le fonds interministériel de prévention de la délinquance (FIPD) [15] Aussi, « même si la décision de créer un dispositif de vidéoprotection relève principalement de l’initiative des élus locaux », sa mise en œuvre dépend, au moins pour les communes ne disposant pas ressources suffisantes [16], d’un partenariat avec les services de l’État. Pour multiplier le nombre de caméras sur les voies publiques, l’Etat participe, au moyen de ce fonds, au financement de l’installation ou de l’extension de systèmes de vidéoprotection par les communes ou les établissements publics de coopération intercommunale lorsqu’ils ont cette compétence [17].

Mais comme le souligne le rapporteur, « l’État ne participe pas du tout aux frais de fonctionnement des systèmes de vidéoprotection. » [18] Or, selon lui, « l’efficacité de la vidéoprotection repose largement sur la façon dont les images sont exploitées : en dehors de petits bourgs où l’existence même de caméras peut avoir un effet dissuasif, la mise en place d’un centre de supervision urbain (CSU) est indispensable. » [19]

….. Vidéosurveillance ou vidéoprotection, l’objectif est toujours le même : ni surveiller, ni protéger, contrôler [20]…

…..

 [21]

Notes

[1] En juillet 2010.

[2] D. n° 2007-916 du 15 mai 2007 mod.

[3] Lors de la séance du mardi 7 septembre 2010, le sénateur C. Gautier a estimé, à raison, que« le choix du néologisme « vidéoprotection » semble surtout relever du marketing politique... »

[4] JO 24 janvier 1995.

[5] JO 19 mars 2003.

[6] JO 24 janvier 2006.

[7] JO 7 décembre 1996. Elle prend aussi en considération le décret n° 96-926 du 17 octobre 1996 portant application de l’article 10 de la loi n° 95-73 du 21 janvier 1995 d’orientation et de programmation relative à la sécurité (JO 20 octobre 1996).

[8] S’il était alors précisé, dans ce même article 10 § II, que « les opérations de vidéosurveillance de la voie publique sont réalisées de telle sorte qu’elles ne visualisent pas les images de l’intérieur des immeubles d’habitation ni, de façon spécifique, celles de leurs entrées », les évolutions de la législation et, surtout, des pratiques administratives et policières, laissent supposer une relativisation de cette précaution générale dans l’implantation des différents dispositifs de vidéoprotection.

[9] Le décret n° 2009-86 du 22 janvier 2009 modifiant le décret n° 96-926 du 17 octobre 1996 relatif à la vidéosurveillance a considérablement allégé les démarches pour l’obtention de l’autorisation préfectorale.

[10] Rappel : Dans le projet de loi d’orientation et de programmation pour la performance de la sécurité intérieure, l’article 17 A dispose : « Sous réserve des dispositions de la présente loi, dans tous les textes législatifs et réglementaires, le mot : “vidéosurveillance” est remplacé par le mot :“vidéoprotection” ».

[11] Rapport dirigé par P. Melchior, Ministère de l’Intérieur, Ministère de la défense et Ministère des transports, octobre 2005

[12] Cité par le rapport objet de ce post.

[13] V. sur un Drôle d’en-Droit, « La vidéosurveillance en général ne réduit pas la délinquance ».

[14] En notant le 6°, le risque terroriste n’est plus disposé en particularité et… se banalise.

[15] Le FIPD a été créé par la loi n° 2007-297 du 5 mars 2007 relative à la prévention de la délinquance. L’article 5 de cette loi dispose en premier alinéa : « Il est créé au sein de l’Agence nationale pour la cohésion sociale et l’égalité des chances, créée par la loi n° 2006-396 du 31 mars 2006 pour l’égalité des chances, un fonds interministériel pour la prévention de la délinquance, destiné à financer la réalisation d’actions dans le cadre des plans de prévention de la délinquance définis à l’article L. 2215-2 du code général des collectivités territoriales et dans le cadre de la contractualisation mise en œuvre entre l’Etat et les collectivités territoriales en matière de politique de la ville définie au dernier alinéa de l’article L. 121-14 du code de l’action sociale et des familles. »

[16] Et ces dernières sont de plus en plus nombreuses...

[17] La police administrative municipale ne relèverait donc pas du champ d’application du principe de libre administration…

[18] Sauf à Paris, agglomération qui constitue le seul exemple en France où l’État prend la maîtrise d’ouvrage d’un système de vidéoprotection de voie publique. Le plan de vidéoprotection pour Paris est « directement mis en œuvre par l’État, par l’intermédiaire de la préfecture de police. »

[19] Confirmant ainsi que, comme le fait remarquer la sénatrice E. Assassi, ce mardi 7 septembre 2010, « la vidéosurveillance n’a rien de protecteur, puisqu’elle n’est utilisable qu’a posteriori ».

[20] Lors de la séance du 7 septembre 2010, la sénatrice A. Boumediene-Thiery notait que le texte de la LOPPSI 2 « légalise l’avènement d’une société de surveillance terrifiante, sous prétexte de lutte contre la délinquance ».

[21] Précision : il existe un site entièrement consacré à la vidéoprotection, sous le label du ministère de l’intérieur, celui du Comité de pilotage stratégique de la vidéo protection.



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14 septembre 2010 2 14 /09 /septembre /2010 07:26

l'important c'est chercher la vérité, Le blog du laboratoire  subit des attaques perpétuelles, après celle d'un autre blog menaçant de procés, mais aujourd'hui c'est  le tour de l'AFP . La contre information pour la vérité c'est notre but et pour construire cette contre information   tous les mercedi à 19h au Laboratoire 8 place St jean voir Affichage

texte trouvé ici

Ce lundi 6 septembre à 14 heures, Anaiz Funosas, porte-parole d'Askatasuna était convoquée au commissariat de Bayonne. Le procureur du parquet anti-terroriste de Paris a en effet ouvert une enquête préliminaire en réponse à l'hommage rendu à Jon Anza à Ziburu, le 24 juillet dernier. Le prétexte étant la prise de parole de trois personnes se revendiquant de l'ETA, lors de cet hommage.

Déclaration

Elle s'est rendue à cette convocation entourée de membres du comité Jon Anza et d'Askatasuna. Des policiers interdisant l'accès à la rue, les militants ont dû attendre au coin des allées Paulmy. Avant de partir vers le commissariat, Anaiz Funosas a lu à la presse une déclaration : " Je suis convoquée aujourd'hui à la PJ de Bayonne pour être interrogée au sujet de l'hommage rendu à Jon Anza. (...) Ce jour-là, trois membres de l'ETA sont montés sur la scène et ont lu un message, chose qui n 'était pas prévue à l'avance. Quoi qu 'il en soit, le problème n 'est pas ce qui s'est passé le jour de l'hommage ".

Le problème, en effet, c'est la disparition de Jon Anza, il y a maintenant 18 mois et qui reste sans explications, ainsi que les " dysfonctionnements " qui sont avancés pour justifier l'absence de résultat des " recherches " effectuées à la demande de la procureure de Bayonne, Mme Kayanakis, après la disparition de Jon Anza, en mai 2009 et ensuite, après la réapparition de son corps, en mars 2010, dans un tiroir de la morgue de Purpan, à Toulouse.

" Qu'ont-ils fait de Jon du 18 au 29 avril ? Pourquoi son corps a-t-ïl été retrouvé 10 mois après sa disparition dans la morgue de l'hôpital Purpan où il se trouvait depuis tout ce temps alors que la police disait à la famille qu'elle examinait toutes les hypothèses ? »

Pourquoi la ministre Alliot-Marie n'a-t-elle pas encore donné suite à la saisine de la famille de Jon Anza déposée en juin ? La conclusion s'impose logiquement : " Qu'ont-ils à cacher ? ".

Ressortie de l'interrogatoire en milieu d'après-midi, Anaiz Funosas explique qu'elle s'en est tenue à ces déclarations, en insistant sur le fait que le collectif cherchera et fera toute la vérité sur la disparition, la mort et la nouvelle disparition de Jon Anza.

Que cherche l'appareil judiciaire ?

Anaiz Funosas a été informée, lors de cet interrogatoire, du fait que le parquet avait ouvert une enquête préliminaire concernant les circonstances de l'hommage à Jon Anza. Ces circonstances-là intéressent beaucoup plus la " justice " que celles ayant conduit aux disparitions et à la mort de Jon Anza. Peut-être espère-t-on, en haut lieu, que le temps fera son œuvre, que l'affaire s'effacera, comme dans le cas de Popo Larre. Mais cette fois-ci, il y a un corps, il y a des traces, des dossiers, des personnes qui ont vu, ne serait-ce que dans les services hospitaliers. La vérité sortira et ceux qui la cachent devront faire face à leurs dissimulations. Dans un autre domaine, celui de la scandaleuse affaire Woerth-Bettancourt, qui n'a pourtant pas causé mort d'homme, nous voyons bien des responsables politiques s'enfoncer dans leurs mensonges. La vérité sur la mort et les disparitions de Jon Anza ne reste enfouie que parce que personne ne veut la révéler, ni les politiques soucieux de la vertu républicaine, ni les enquêteurs sincères, ni les journalistes d'investigation. Serait-ce parce qu'il s'agit d'une " affaire basque " devant laquelle le " sens démocratique " s'efface ?

Pour le comité Jon Anza, la réponse est simple, " au-delà de tous les obstacles, nous ferons toute la vérité ".

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