Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Présentation

  • : le blog lelaboratoire
  • : Le blog du laboratoire anarchiste est un blog actif a propos de l'actualité sociale
  • Contact

Pour nous contacter

Le laboratoire Anarchiste
8 Place st Jean
26000 Valence

envoyer vos suggestion

sur:

new:c.l-v@hotmail.fr

rappel envoie aucun message à

le laboratoire@no-log.org


 


Bibliothéque  de prêt

infokiosques
le mercredi de  16h30 - 19h

Accueil/infos SIAD-AIT
vendredi toutes les deux semaines

de  17h30à19h

Emission radio Labo
sur radio Mega
99.2FM
lundi en direct
18h15 - 19h
rediffusion:
jeudi de 9h à  9h 45
http://radio-mega.com
04 75 44 16 15

Recherche

Texte Libre

La tyrannie la plus redoutable n'est pas celle qui prend figure d'arbitraire, c'est celle qui nous vient couverte du masque de la légalité." Albert Libertad

Archives

le blog du laboratoire anarchiste

File:Wooden Shoe.svg
10 septembre 2011 6 10 /09 /septembre /2011 09:08

Fumigènes et pétards, le chaos près du Sénat

Manifestazione davanti al Senato Rome – (Adnkronos / Ign) – Des manifestants, pour la plupart représentants des syndicats, ont manifesté contre le plan de rigueur dans les environs de la Palazzo Madama, puis se sont dirigés vers  Montecitorio », car la bataille continue. » Schifani au Parlement déplore la violence: «vulnus à la démocratie »

Rome, 7 Septembre (Adnkronos / Ign) – Moments de tension à proximité du Sénat lors d’une manifestation pour protester contre le plan d’austérité. Au cours de la manif au niveau de la Piazza Navona, certains militants avec des drapeaux des syndicats RPC ont lancé des pétards et des fumigènes. La police est intervenue lorsque les manifestants semblaient s’approcher du Sénat, puis la situation est revenue au calme.

« Nous avons quitté le Sénat à la Chambre parce que la bataille continue », a déclaré un des douze manifestants arrivé à Piazza Montecitorio (ce ​​qui est principalement basée représentants des syndicats). Maintenant nous avons répondu par une forte présence policière et de police anti-émeute afin de maintenir la situation sous contrôle.

Le Sénat va voter pour le plan de rigueur. Avant de donner les résultats du vote, le président du Sénat, Renato Schiafani a dit que la violence de la rue dans le quartier du Sénat est «un point faible pour la démocratie et le pays. » Schifani a déclaré que «le droit de manifester et de grève est protégé par la Constitution», mais que l’usage de la violence est un «point faible pour la démocratie et le pays. » l’Etat a également exprimé sa gratitude envers les policiers qui «ont risqué leur sécurité afin de prévenir ces événements qui se sont déroulés juste à côté du Sénat. »

Presse bourgeoise – adnkronos, 07/09/2011

Affrontements à Rome devant le Sénat: la police accusée

ROME / Tout en étant un vote de confiance au Sénat, des affrontements ont éclaté devant le Sénat.

Un groupe de manifestants d’environ 500 personnes ont tenté de forcer les barrages de police. La police a immédiatement chargé deux fois. La tension reste élevée. L’accès qui mène à la résidence du Premier ministre a été fermé.

Tous les yeux sont maintenant tournés vers le quartier Palazzo Grazioli où pourrait converger d’autres manifestants.

Presse bourgeoise – cronacalive.it, 07/09/2011

Articles traduits par le chat noir emeutier, 08/09/2011

Scontri durante l'approvazione della manovra economica al Senato

Partager cet article
Repost0
9 septembre 2011 5 09 /09 /septembre /2011 06:40

Grève de la CGIL, émeutes et tensions à Rome, Milan, Turin et Naples
Lancés d’œufs, de peinture, des pétards et des fumigènes. 8 flics blessés à Naples

à Naples arrestations d'un compagnon*photo sur napoli.indymedia.org

 


ROME / Durant la matinée, des tensions ont été répertoriées dans de nombreuses villes italiennes, journée de grève nationale appelée par la CGIL.
Des milliers de personnes ont protesté dans les rues de Rome contre les coupures du gouvernement. Certains manifestants du cortège de l’USB ont jeté des fumigènes, des pétards et des œufs contre le ministère de l’Administration Publique et de la Présidence du Conseil ainsi que sur le Corso Vittorio Emanuele.
Les murs et la porte de l’immeuble ont été couverts d’insultes envers le Premier ministre et les ministres Brunetta et Sacconi, tandis que la police a bloqué l’accès au Sénat. 

A Turin, une douzaine de manifestants qui participaient au cortège des syndicats contre les coupes budgétaires du gouvernement ont organisé une flash mob devant le siège de la Banque d’Italie à Turin vers 11 heures ce matin. Après avoir porté des robes vertes, tenues hospitalières, les manifestants ont imité un échantillon de sang symbolique et ensuite colorés avec des oeufs et de la peinture rouge sur la porte de la banque.

Les moments de plus hautes tensions ont été vécu à Naples, où huit policiers, dont certains agents du ministère Digos et mobiles, ont été blessés durant les affrontements près de la Piazza Municipio à Naples. Plusieurs pétards, y compris des bombes en papiers ont été lancées au niveau des yeux contre la police avec de la peinture et des oeufs.
De plus, à Naples, un militant considéré comme proche des centres sociaux a été menée au commissariat de police pour interrogatoire.

À Milan, les manifestants des centres sociaux, après avoir pris part à la manifestation commencée à 9h30 ce matin , ont essayé plusieurs fois d’aller sur la Piazza Affari( place des affaires), pour enfin réussir vers 13h.
Publié le 7 septembre 2011 par lechatnoiremeutier

Partager cet article
Repost0
2 septembre 2011 5 02 /09 /septembre /2011 14:11

on vous recommande la lecture du livre de Tom Thomas:"démanteler le capital ou être broyés"

 

Les crises qui s’aggravent en Europe et aux USA engendrent des réponses socio-politiques différentes dans la classe ouvrière et dans la classe moyenne. En Europe, et particulièrement dans les pays méditerranéens (Grèce, Espagne, Portugal et Italie), les jeunes chômeurs, les travailleurs et les fonctionnaires du bas de la classe moyenne ont organisé une série de grèves générales, occupé les places publiques et autres formes d’actions directes. En même temps, la classe moyenne, les employés du secteur privé et les propriétaires de petits commerces se sont tournés vers la "droite dure" et soit ont déjà élu soit sont en passe d’élire des premiers ministres réactionnaires au Portugal, en Espagne, en Grèce et peut-être même en Italie. En d’autres termes, les crises de plus en plus profondes ont eu comme effet d’augmenter les oppositions, elles ont causé le renforcement du pouvoir institutionnel de la droite dure tout en augmentant la capacité de la gauche non-parlementaire à mobiliser le "pouvoir de la rue".

Par contre, au centre et au nord de l’Europe, la droite dure et les mouvements néo-fascistes ont progressé de manière significative chez les travailleurs et le bas de la classe moyenne aux dépens des partis traditionnels du centre gauche et du centre droit. La stabilité relative que donnent des emplois stables et nombreux à la classe ouvrière nordique s’est accompagnée d’un soutien accru aux partis racistes, anti-émigrants et islamophobes.

Dans le cas des USA, à part quelques exceptions notables, la classe laborieuse a assisté passivement au tournant à droite du parti démocratique et à la capture de la droite dure par le parti républicain. Il n’y pas d’aile gauche constituée aux USA, à la différence de l’Europe du sud, et la politique d’extrême droite du Congrès et de la Maison Blanche n’engendrent aux USA qu’un rejet et un refus passifs.

Bien loin de révéler la solidarité de la classe laborieuse, la crise économique met en lumière sa fragmentation, sa désunion et ses contradictions internes.

La polarisation droite/gauche

Une des principales raisons qui explique l’attrait croissant que la droite exerce sur les travailleurs d’Europe du Nord est l’effondrement des partis, des leaders et de l’idéologie de la classe ouvrière. Les partis travaillistes et sociaux-démocrates ont initié et mis en oeuvre des politiques néo-libérales tout en promouvant des stratégies d’exportation dirigées par les multinationales. Ils ont soutenu des "réductions" d’impôts pour les grandes entreprises ; ils ont participé à des guerres impérialistes d’agression ((Afghanistan, Irak et Libye) ; ils ont soutenu la soi-disant "guerre contre le terrorisme" surtout contre les pays musulmans tout en tolérant le développement de groupes d’islamophobes fascistes d’extrême droite qui pratiquent "l’action directe" pour expulser les immigrants d’Europe.

Les partis du centre gauche qui gouvernent en Europe (social-démocratie et travaillistes) et le centre-droit ((Sarkozy, Cameron et Merkle) ont multiplié les assauts contre le "multiculturalisme", nom de code pour les droits des immigrants musulmans. Leur tolérance et leur exploitation de l’islamophobie a pour but d’obtenir à moindre frais les votes d’un électorat xénophobe et de justifier leur implication dans des guerres d’agression israélo-étasuniennes au Moyen-Orient et en Asie du Sud. Ce faisant les régimes appartenant à l’idéologie dominante ("mainstream") ont affaibli la solidarité de la classe laborieuse avec les travailleurs immigrés et ont sapé les efforts concertés de l’état et de la société civile pour contrecarrer les racistes néo-fascistes qui essaient de répandre une version encore plus virulente de l’islamophobie qui s’inspire de la vision idéologique sioniste du nettoyage ethnique.

Les syndicats ont perdu des adhérents à cause principalement de l’augmentation des "travailleurs à temps partiel ou temporaires" qui sont particulièrement sensibles à l’appel de l’extrême droite. Autre raison tout aussi importante, les syndicats ne s’investissent plus dans la formation politique pour améliorer la solidarité entre les travailleurs. Même si en Europe du Nord les salaires augmentent encore, la collaboration des syndicats avec l’élite entrepreneuriale a rendu les travailleurs vulnérables à la propagande anti-immigrants et islamophobe. Dans ce contexte, une "lutte des classes" perverse dresse les travailleurs inorganisés contre ceux "d’en dessous", les immigrants. Les néo-fascistes gagnent du terrain en promouvant et en exploitant le chauvinisme culturel que les syndicats et les partie de la social-démocratie ne combattent plus activement par l’éducation des travailleurs et la lutte des classes. En d’autres termes, l’action et l’idéologie néolibérale des partis et syndicats de "centre-gauche" affaiblit les identités politiques de classe et ouvre la porte à l’influence et à l’emprise de la droite. C’est particulièrement évident quand les leaders du centre-gauche ou des syndicats ne prennent même plus la peine de consulter la base ou de discuter avec leurs membres des décisions à prendre : ils imposent leurs décisions politiques à leurs membres, fournissant ainsi à "l’extrême droite" une arme formidable pour attaquer "la nature élitiste" du système politique du centre-gauche.

Par contre, à l’ouest de l’Europe, la profonde crise économique, due largement aux terribles conditions imposées par les banquiers d’Europe du nord et de l’ouest et par leurs politiciens du centre droit et du centre gauche, a renforcé et aiguisé la conscience politique et la conscience de classe. Les appels de l’extrême droite à une politique anti-immigrants et anti-musulmans a peu d’impact sur les travailleurs d’Europe de l’ouest par rapport aux taux records de chômage et aux coupes sauvages dans les retraites et les salaires.

Les travailleurs d’Europe du nord se sont alliés avec la droite et ses politiciens et ses banquiers pour exiger des mesures d’austérité plus drastiques contre les pays de l’Europe de l’ouest, en vertu de l’idéologie raciste selon laquelle les travailleurs méditerranéens sont paresseux, irresponsables et toujours en vacances. En fait, les travailleurs grecs, portugais et espagnols travaillent plus de jours par an, ont moins de vacances et leurs retraites sont bien moins sûres. Les mêmes sentiments racistes qui dressent les travailleurs du nord de l’Europe contre les immigrants, nourrissent aussi chez eux des stéréotypes chauvins contre les travailleurs militants du sud de l’Europe qui favorisent le rapprochement avec la droite.

Les banquiers créditeurs et les leaders politiques du nord de l’Europe pressurent leurs contribuables des classes moyennes et ouvrières pour pouvoir aider leurs homologues de l’élite des pays d’Europe du sud qui sont endettés et ces derniers en retour pressurent leurs travailleurs et leur fonctionnaires pour pouvoir rembourser les prêts que leur ont consenti leurs amis du nord. On a convaincu les travailleurs des pays impérialistes du nord que leur niveau de vie est menacé par l’irresponsabilité et l’endettement du sud et non par la spéculation et les prêts irresponsables de leurs propres banquiers. Au sud les travailleurs sont soumis à la double exploitation des créditeurs du nord et de leur élite locale ; c’est pourquoi ils ont une plus grande conscience de classe de l’injustice du système capitaliste local et impérial.

Dans la mesure où les travailleurs du nord font cause commune ave leur propre classe dirigeante de créditeurs et détournent leur colère sur les travailleurs étrangers et les immigrants, ils deviennent vulnérables à l’appel de la droite. Ils expriment ouvertement leur ressentiment envers les grèves des Grecs, des Espagnols et des Portugais dont les luttes militantes risquent de déranger leurs vacances organisées dans les îles de la Méditerranée ou les stations balnéaires. La bataille idéologique qui devrait dresser les travailleurs du nord de l’Europe contre leurs propres états créditeurs et l’élite financière des spéculateurs se transforme en hostilité contre les travailleurs du sud de l’Europe et les immigrants. Les aides à l’étranger, les guerres impériales et les coupes dans les budgets sociaux ont augmenté la compétition pour des aides sociales en réduction constante ainsi que les conflits entre les travailleurs et les chômeurs "de souche" et "immigrants".

La solidarité internationale entre les travailleurs a été sévèrement affaiblie et à la place on assiste parfois à la prolifération de réseaux internationaux d’extrême droite qui véhiculent une propagande anti-immigrants (et anti-socialiste) virulente et qui comme cela a été le cas dans le massacre de presque 70 jeunes de gauche, pour la plupart des militants du parti travailliste norvégien, représentent une menace meurtrière directe pour les supporters des droits des immigrants. L’extrême droite a commencé par attaquer les immigrants et les musulmans et maintenant elle s’en prend aux mouvements progressistes et à la gauche locale qui les soutient. Cela a pris une dimension encore plus complexe avec l’union des idéologues sionistes pro-israéliens fanatiques (surtout étasuniens) et des islamophobes néo-fascistes pour attaquer ceux qui défendent les droits des Palestiniens, une problématique sur laquelle Anders Behring Breivik, l’assassin de masse norvégien fasciste, a insisté à de nombreuses reprises. Le problème est que les partis sociaux-démocratiques et conservateurs libéraux "respectables" se sont associés, pour des raisons électoralistes, aux appels anti-immigrants et anti-musulmans de l’extrême droite pour attirer les travailleurs, au lieu de procéder à des réformes en profondeur pour réduire les inégalités, réformes dont le financement serait assuré par l’augmentation des tranches de l’impôt progressif et l’augmentation des investissements publics, ce qui auraient pour conséquence d’unifier les travailleurs (de souche et immigrants) dans la lutte contre le capital.

Parce qu’il n’y a pas de solidarité de classe dans la classe laborieuse, les fils et filles d’immigrants, et spécialement les jeunes qui souffrent du chômage infiniment plus que les autres, se livrent à des formes d’actions directes comme le pillage de commerces locaux, les confrontations avec la police et diverses destructions, comme on l’a vu dans les émeutes qui ont secoué l’Angleterre pendant le "chaud mois d’août" 2011. Le fait que la classe laborieuse ne soit plus prise en compte par les politiques a engendré un violent extrémisme de droite, des émeutes raciales d’immigrants et du pillage. L’élite travailliste assiste à tout cela en spectateur, se bornant à condamner l’extrémisme et la violence et à demander des enquêtes, mais sans se livrer au moindre début d’autocritique ni élaborer le moindre programme pour changer les structures socio-économiques qui sont la cause du virage à droite et des violences des ouvriers et des chômeurs.

Les USA : la montée de la droite

A la différence de l’Europe, l’extrême droite aux USA est l’ordre établi. De brutales politiques anti-immigration ont entraîné l’expulsion de presque un million de travailleurs sans-papiers ou de membres de familles d’immigrés dans les trois premières années du régime Obama (trois fois plus que pendant les années Georges W. Bush). Le Tea Party a élu des membres du Congrès du parti Républicain qui veulent faire des coupes massives dans le filet de sécurité sociale avec la collaboration de la Maison Blanche. Les médias dominants, le Congrès, la Maison Blanche, les politiciens qui représentent les fondamentalistes chrétiens et les personnalités et organisations sionistes les plus influentes, tous encouragent activement l’islamophobie et mènent de virulentes campagnes contre les musulmans en brandissant le spectre de l’insécurité publique. "L’establishment" étasunien est en avance sur l’extrême droite européenne pour ce qui est des politiques racistes. L’extrême droite pointe ses canons vers les programmes sociaux des pauvres, de la classe laborieuse et des fonctionnaires (spécialement les enseignants).

Qui plus est, leurs attaques contre les dépenses publiques et le financement de la dette ont engendré des conflits avec des secteurs de la classe capitaliste qui dépendent de l’état. Au cours du récent "débat" au Congrès pour relever le plafond de la dette, Wall Street s’est joint ponctuellement à la lutte contre l’extrême droite en réclamant un "compromis" sur les coupes sociales et les réformes des impôts tout en soutenant leur offensive contre les services publics.

Contrairement à l’Europe, la majeure partie de la classe laborieuse et des pauvres des USA sont passifs. Ils ont été neutralisés : ils ne se soulèvent pas comme en Angleterre, ne prennent le brusque virage à droite de leurs homologues du nord de l’Europe et ne se mettent pas non plus en grève comme les travailleurs militants du sud de l’Europe. Les syndicats étasuniens, à l’exception des syndicats du secteur public du Wisconsin, ont été complètement absents des grandes confrontations. Les leaders syndicalistes étasuniens se consacrent au lobbying des institutions du parti Démocrate et sont bien incapables de mobiliser leurs membres en diminution.

Le Tea Party, à la différence de ses homologues d’Europe du nord n’attire pas beaucoup de travailleurs à cause des ses virulentes attaques contre des programmes sociaux populaires comme Medicare, Medicaid, l’assurance chômage, la sécurité sociale —tous les programmes qui ont le plus de chance de profiter aux ouvriers étasuniens et leurs familles. D’un autre côté, la crise économique aux USA n’a pas provoqué des actions de masse comme celle du pourtour de la Méditerranée parce que les syndicats étasuniens n’existent pas (93% du secteur privé n’est aps syndicalisé) ou sont compromis au point d’en être paralysé.

Jusqu’ici la classe laborieuse étasunienne assiste en spectateur à la montée de l’extrême droite, parce que ses leaders traditionnels ont lié leur destin au parti Démocratique qui, lui, a adopté de larges pans du projet de l’extrême droite.

Conclusion

Les USA, à la différence de l’Europe, passent sans heurt du néolibéralisme à l’extrême droite, la classe laborieuse et la classe moyenne se comportant en victimes passives de la droite ou de la gauche et non en combattants actifs. En Europe, la crise actuelle révèle un profond contraste entre le radical virage à gauche des travailleurs du sud et l’adhésion croissante des travailleurs d’Europe du nord à l’extrême droite. L’idéal de la solidarité internationale des travailleurs est remplacé, au mieux, par une solidarité régionale chez les travailleurs d’Europe de l’ouest et, au pire, par un réseau de groupuscules de droite dans les pays du nord de l’Europe. Avec le déclin de la solidarité internationale, les thèses racistes et chauvines se répandent dans le nord pendant qu’au sud les mouvements de travailleurs se joignent à un vaste éventail de mouvements sociaux qui regroupent les chômeurs, les étudiants, les gérants de petits commerces et les retraités.

La droite capitalise sur le désenchantement des électeurs du centre gauche à l’ouest de l’Europe, mais elle doit faire face en même temps à une formidable résistance de travailleurs et de mouvements sociaux extra-parlementaires. Par contre, dans le nord de l’Europe et aux USA, l’extrême droite ne rencontre aucune opposition consciente —ni dans les rues ni sur le lieu de travail. Dans ces deux contrées, seul l’effondrement du système économique ou une longue et sévère récession économique combiné avec une réduction dévastatrice des protections et des programmes sociaux est susceptible de générer une renaissance des mouvements de travailleurs. Espérons que le réveil de la conscience de classe viendra de la gauche et non de l’extrême droite.

James Petras

James Petras, ancien professeur de sociologie à Binghamton University, New York, a 50 d’expérience dans la lutte des classes ; il offre son assistance à ceux qui sont privés de terre et de travail au Brésil et en Argentine ; et il est le co-auteur de Globalization Unmasked (Zed Books). Son dernier livre est : The Arab Revolt and the Imperialist Counterattack.

Pour consulter les notes et l’original : http://dissidentvoice.org/2011/08/european-and-us-working-cl...

Traduction : Dominique Muselet pour LGS

  lu sur le blog le  grand soir

Partager cet article
Repost0
30 août 2011 2 30 /08 /août /2011 07:30

 

 

=

 

 

 

 

Vidéo de l’Alternative Information Center (AIC) :

http://www.alternativenews.org/english/index.php/topics/news/3754-aic-video-palestinian-workers-strike-

 

 

Une première dans l’histoire de la colonisation israélienne et dans celle des luttes sociales palestiniennes.

Depuis le 16 juin, 35 des 42 travailleurs palestiniens d’une carrière située dans une colonie israélienne, sont en grève totale pour toute une série de revendications et pour que celles-ci fassent l’objet d’une convention collective.

 

Une première donc qui sur le fond met le doigt sur l’apparente complexité de la situation, à la croisé de la lutte anticoloniale/nationale et de la lutte sociale, de la même manière – même s’il ne s’agit pas évidement pas du même type de lutte – que le Mouvement du 14 Juillet de protestation «pour la justice sociale» en Israël qui peut à la fois vouloir chercher à transcender les appartenances et les rapports de domination et d’inégalité issus de la situation coloniale, et s’y trouver tout aussi directement et immédiatement confronté ou encore tenter de les minimiser et de les éluder.

 

Nul doute que l’onde du “printemps arabe” a rapidement atteint toute la région, selon des formes et dans des effets spécifiques selon qu’il s’agit de la société israélienne ou de la société palestinienne, à Gaza comme en Cisjordanie.

 

L’enjeu de ce conflit des ouvriers palestiniens est important. Bien sûr pour ceux qui le mènent. Mais au-delà, il a une portée plus générale parce qu’il concerne potentiellement tous les autres travailleurs palestiniens des colonies. Et il a valeur de symbole car il met à nu à la fois l’un des éléments clé de la colonisation, sa base sociale/économique, et l’exploitation spécifique de la force de travail palestinienne directement liée à cette occupation et à l’existence de colonies de peuplement en constante croissance.

 

Peu de choses à notre connaissance sont sorties en français sur cette lutte. Voici deux articles qui abordent le sujet et qui, espérons-le, contribueront modestement à briser le mur du silence.

 

 

= = = = = = =

 

Les Palestiniens cherchent à obtenir un accord historique

 

Par Jillian Kestler-D’Amours

(IPS - International Press Service – 19 août)

 

JERUSALEM, 19 août 2011 (IPS) - Blottis entre les collines situées juste à l’extérieur de Jérusalem, une douzaine de travailleurs palestiniens se sont échappés de la chaleur torride de l’été dans l'ombre d’une tente de fortune, où ils attendent avec impatience de signer ce qui serait le premier accord négocié d’une convention collective entre des travailleurs palestiniens et un employeur israélien.

«Tous les travailleurs ont dit, nous voulons faire la grève, donc nous n’allons pas revenir en arrière. Concluons cet accord, signons tout et obtenons nos droits. Après, nous retournerons au travail. Chaque jour, nous sommes assis ici» dit Niyaz Qadadeh, un chef d’équipe de la carrière qui a devenu le leader de la grève des travailleurs depuis le début le 16mai. Appartenant à l’entreprise israélienne Salit Mishor Adumim, la carrière de Salit emploie plus de 40 travailleurs palestiniens, tous avec soit des cartes de résidence de Jérusalem Est ou des cartes d’identités de Cisjordanie occupée. Sur le site, les travailleurs extraient le gravier et la saleté et fabriquent de quoi faire de l’asphalte.

Excédés de leurs conditions de travail difficiles et de l’absence d’un minimum de droits, les ouvriers ont commencé à négocier pour arracher une convention collective à la fin 2009. Ils ont mené plusieurs grèves de courtes durées pour faire pression sur la direction de la carrière afin qu’elle vienne s’asseoir à la table des négociations. Ils mènent maintenant cette grève pour contraindre l’entreprise à signer un accord rédigé à la suite de ces négociations.

Selon Qadadeh, qui a travaillé à la carrière pendant 17 ans, la grève à comme objectif d’assurer que lui et ses collègues aient des pensions de retraite garanties, des bulletins de paie mensuels, des salaires justes et conditions de travail sécurisées, entre autres choses.

«Il y a des gens qui ont travaillé ici pendant 23, 24 ans. Lorsqu’ils prendront leur retraite, ils partiront avec rien. Comment est-ce possible ? Dites-moi comment ?» déclare Qadadeh.

«Le temps est très mauvais : la poussière, le sable et aussi il fait trop chaud dans ce secteur. C’est un travail dangereux Un homme a été électrocuté C'est un travail très dangereux, pas facile...»

Situé dans la zone industrielle de Mishor Adumim, dans la juridiction de la colonie israélienne de Ma’ale Adumim, à l’est de Jérusalem, la carrière a été créée en 1983 et se trouve dans la zone C de la Cisjordanie occupée, celle qui se trouve sous le total contrôle civil et militaire israélien. Selon le Bureau Palestinien des Statistiques, en 2010, plus de 14 pour cent des Palestiniens de Cisjordanie travaillaient dans des colonies. Cette même année, le salaire moyen des Palestiniens qui travaillent dans les colonies israéliennes était le double de ceux n’ayant pas de travail dans les colonies.

Si elle est signée, la convention collective de la carrière de Salit serait la première du genre entre les des travailleurs palestiniens et une société israélienne, et ce serait un précédent important pour les Palestiniens travaillant pour d’autres entreprises israélienne dans l’ensemble de la Cisjordanie occupée. «C’est une chose énorme pour les Palestiniens», explique Erez Wagner, le coordonnateur du Centre de Conseil des Travailleurs [Worker’s Advice Center –WAC Ma’an], une organisation syndicale israélienne indépendante qui aide les travailleurs à s’organiser et qui a été activement impliquée dans le processus de la négociation collective de la carrière.

«Vous voyez, à Mishor Adoumim, il y a beaucoup d’entreprises où les travailleurs palestiniens ne gagnent pas le salaire minimum. S’ils voient qu’une convention collective existe ici, ils vont se battre eux aussi pour une convention collective. Cela fera une différence pour les Palestiniens, pour les travailleurs ici.» Selon Wagner, alors que l’accord est déjà rédigé – et, en principe, accepté par les deux parties – la direction de la carrière n’a cessé de reporter la signature.

«Ils ne veulent pas signer l’accord parce qu’ils ne veulent pas signer un accord avec des Palestiniens. Ils ne veulent pas d’ouvriers travaillant sous une convention collective. Ils ont dit qu'ils vont discuter avec nous dans un mois mais en attendant ils veulent que les travailleurs reprennent le travail sans accord, sans aucun des points concrets dont ils savent qu'ils seront acquis grâce à l’accord» a déclaré Wagner à IPS.

«Les travailleurs veulent obtenir tous leurs droits et ils vont se battre pour cela. Ils ne veulent pas continuer dans cette situation plus longtemps». De retour sous la tente de fortune des travailleurs, Niyaz Qadadeh déclare que sans travail et salaire depuis plus de deux mois, lui et ses collègues se battent pour soutenir leurs familles, notamment au milieu du mois saint du Ramadan, et avec les fêtes de l'Aïd et l’arrivée rapide de la prochaine rentrée scolaire.

Pourtant, même si les travailleurs veulent au bout du compte retourner à leur travail dès que possible, ils continueront la grève jusqu'à ce que l’accord soit signé et que leurs droits soient garantis.

«Nous souhaitons nous asseoir tous ensemble (avec la direction) pour signer l’accord et en pour finir avec le problème. C'est très difficile parce qu’ici tout le monde est payé mensuellement. Notre vie est mensuelle. Ce que nous gagnons, nous le dépensons. Ce n’est pas une vie facile ici et tout est très cher », a ajouté Qadadeh, un père de trois enfants, à IPS.

 «Ce n’est pas facile. Mais tant que je me bats pour mes droits, je dois être fort »

 

[ source : http://www.ipsnews.net/news.asp?idnews=104825 ]

 

 

= = = = = = = = =

 

Entre les lois : la grève des travailleurs palestiniens à la carrière Salit

(The Palestine Monitor – 4 août 2011)

Un groupe de 42 Palestiniens en sont à leur deuxième mois de grève à la carrière Salit, une entreprise israélienne associée à Mishor Adumim, la zone industrielle de la colonie Ma'ale Adumim en Cisjordanie.

Les revendications des travailleurs sont assez basiques: des salaires raisonnables, réguliers, des bulletins de paie mensuels et sûrs, des conditions de travail décentes.

Bien qu’il y ait environ 30 000 Palestiniens travaillant dans les colonies israéliennes, ce mouvement de grève organisé – où les employés palestiniens de Cisjordanie revendiquent un traitement juste par la loi israélienne – est la première du genre.

 

1. “C'est une terre sans homme”

Niyaz Qadadeh travaillé à la carrière Salit depuis les 17 dernières années. «Je me souviens quand c’était une montagne ici», dit Qadadeh et, en pointant l’arête supérieure de la carrière Salit, il trace une ligne en l’air avec sa main. Pour les Bédouins locaux, cette vallée était autrefois connue sous le nom de Khan al-Akhmar, le Caravansérail Rouge

«Nous avons extrait la majeure partie de la pierre et on l’a envoyé à l'intérieur, en Israël. Notre gravier sert à construire les fondations des immeubles en Israël », dit-il. Qadadeh est chef d’équipe à la carrière et c’est aussi un membre éminent du mouvement de grève. Il a 55 ans, il est grand et a une longue barbe grise. Avec les 41 autres employés palestiniens et bédouins de la carrière de Salit, il est en grève depuis le 6 juin. Ils refusent de retourner au travail à la carrière, dit Qadadeh, jusqu’à ce qu'ils soient traités correctement.


«Le directeur pensait qu’il pouvait nous traiter comme il voulait», dit Qadadeh. «Mais plus maintenant »

La carrière Salit a été créée en 1983 par un juif israélien nommé Uzi Kalev, un homme d’affaires charismatique et travailleur de Jérusalem. L’Administration Civile, l’autorité occupante dans les Territoires Palestiniens, a accordé la licence à la carrière.

La carrière est située au sud-est de Ramallah, à quelques kilomètres de Jérusalem, à la périphérie et dans la juridiction de la colonie tentaculaire de Ma'ale Adumim. Mishor Admumim est la zone industrielle de la colonie. Dans la carrière, ils extraient du gravier et la poussière provenant des collines environnantes blanchies par le soleil. Il y a aussi une usine de fabrication de l’asphalte.


Depuis la mort de Kalev, en 1999, la carrière est dirigée par deux Israéliens juifs. Le président du conseil d’administration de la carrière de Salit est un homme du nom de Netan Netanzon, de Shilo et le directeur général est Hezi Soroka, de Jérusalem.

Et depuis sa fondation, au cours des 27 dernières années, des Palestiniens ont travaillé ici. Les hommes viennent de Hébron (al-Khalil), Jéricho, Naplouse, Ramallah et de tous les petits villages situés entre eux. Certains travailleurs sont de Jérusalem-Est. D’autres sont des Bédouins.


Selon les accords d’Oslo, la carrière se situe dans la zone C et est donc sous le total contrôle israélien. Mais cela ne signifie pas les lois israéliennes s'appliquent ici.

Il s'agit d'un «no man’s land pour les droits des travailleurs», déclare Assaf Adiv, le fondateur et directeur du Centre de Conseils des Travailleurs (WAC), un syndicat de travailleurs israélien indépendant associé avec les travailleurs de la carrière Salit. Le WAC a été fondée dans les années 1990, peu après la signature des accords d'Oslo, et exige l’égalité des droits « pour tous les travailleurs, israéliens, migrants et palestiniens ».

Ils voient également cela comme «un devoir moral de base pour aider les travailleurs qui vivent dans les territoires occupés» Le WAC travaille en Israël et dans la zone C de la Cisjordanie occupée.

«Nous avions alors analysé que les accords d’Oslo ne pourraient apporter qu’une fausse paix. Et les gens qui souffriraient le plus seraient, comme toujours, la classe ouvrière», explique Adiv. «Ce sont eux qui se battront pour nourrir leurs familles. Nous nous sommes formés pour défendre ces travailleurs»


Adiv a été contacté par un groupe de travailleurs de la carrière Salit en 2007 lorsque les conditions de travail avaient atteint leur plus bas niveau après qu’un homme soit mort à cause de l’épuisement et de l’environnement de travail dangereux. C’est seulement après avoir porté l’affaire en justice que sa famille a pu recevoir une compensation. D’autres travailleurs sont tombés malades aussi en inhalant de la poussière et du sable de la carrière. Les véhicules n’étaient pas assurés et il n'y avait pas de salle de bains ou d’eau fraîche sur le lieu de travail.

Depuis qu'ils ont commencé à travailler ensemble, le WAC et les travailleurs ont obtenu un certain nombre de petites victoires, y compris la formation d’un Comité de Travailleurs, un groupe d’employés élus qui agissent comme intermédiaire représentant des travailleurs auprès de la direction, le premier de ce genre dans une colonie israélienne de Cisjordanie.


Maintenant, il y a une salle de bains sur le site, l’eau froide et un lieu de travail plus convenable, ombragé. Mais il leur manque encore quelques droits de base, comme des bulletins de paie réguliers, mensuels et documentés, que la direction n’accepte pas de leur donner. C’est pourquoi ils ont décidé de faire grève.

«La direction a cessé de parler avec nous», dit Qadadeh. «Il est devenu très difficile de travailler avec eux. Ils ajournent les réunions, ne donnant aucune explication. Ils espéraient que nous abandonnerions notre lutte, que nous nous arrêterions de demander un traitement plus juste.»

Alors que les employés résidents à Jérusalem-Est – qui ont des papiers israéliens – reçoivent un traitement relativement meilleur, les Palestiniens de Cisjordanie ne sont pas payés régulièrement et toutes leurs rémunérations sont faites sous la table. Ils n'ont pas de documents qui témoigneraient de leur travail. «Nos revendications sont simples. Pourquoi ces travailleurs se contenteraient-ils de moins que ce qu’ils méritent ?», demande Adiv. «Ce que nous demandons n’est pas radical. Les travailleurs palestiniens dans les Territoires Occupés Palestiniens méritent des droits».

 «La direction pense qu'il n'y a aucune loi dans ce secteur, qu’ils peuvent faire ce qu'ils veulent», dit-il. «Pourquoi ne pouvons-nous avoir les mêmes droits que les Israéliens? Nous ne voulons rien de plus que ça».


2. “Il n'y a pas de travail en Palestine”

La carrière Salit est poussiéreuse, sèche et – ces jours-ci – tranquille. Il y a peu de travail en cours. Quelques camions entrent et sortent (la plupart, les travailleurs sont en grève mais pas tous) durant la matinée, et emmènent du gravier de la carrière à Jérusalem, où la majeure partie est vendue en gros à une société israélienne appelée Readymix Industries. Readymix Industries est le premier producteur et fournisseur de matières premières d’Israël pour l'industrie de la construction.

La carrière est un amas de machines et d’excavatrices. Un bâtiment long et bas, en aluminium, s'étend à travers le site et les remorques et les camions à benne dispersent la terre. Le gravier de pierre est amassé en d’énormes piles.

Les grévistes assis sur le bord de la route, à l’entrée de la carrière, se reposent à l’ombre d’une tente de fortune. Ils viennent ici chaque matin, comme s’ils commençaient leur journée de travail et y restent toute l’après-midi.

«L'entreprise perd autour de 2,5 millions de shekels [soit 480 000 euros] par mois», dit Qadadeh, «ils devront bientôt parler avec nous»


Qadadeh est originaire de Atara, au nord de Ramallah, et il travaille ici, à la carrière, depuis 1994. Il a une femme et ensemble ils ont deux fils et une fille. Un de ses fils étudie à l’Université de Birzeit. Il dit : «C'est une bonne école, mais après, je m’inquiète qu'il ne puisse pas trouver de travail». «Il n’y a pas de travail en Palestine», dit-il, et les emplois qui pourraient être trouvés dans la zone A, sous contrôle de l’Autorité palestinienne «paient presque moins que je celui que j’ai ici»

Le nombre exact de Palestiniens travaillant dans les colonies n’est pas connu parce que peu d’entre eux le signalent à l’Autorité palestinienne (AP). Depuis 2009, il est devenu techniquement illégal pour les Palestiniens qui vivent dans les zones A et B de trouver un emploi à l’intérieur des colonies. Pourtant, des sources israéliennes estiment qu'il y a entre 30 et 35.000 Palestiniens travaillant dans les colonies israéliennes.

«Ils ne peuvent pas appliquer la loi», dit le Dr Basim Makhool, un professeur de sciences économiques de l'Université An-Najah. «L’AP ne peut pas fournir d’alternatives et ils le savent.» Makhool estime qu’il coûterait environ 60 millions de dollars (40 millions d’euros) à l’AP pour de petites subventions et autres créations d’emplois afin d’absorber ces travailleurs dans l’économie palestinienne. «Ils ne peuvent pas se permettre de le faire maintenant», dit-il.


Il y a trois principales activités dans les colonies israéliennes qui emploient des ouvriers palestiniens. Ils travaillent dans la construction, la production industrielle et l’agriculture. Pour les entreprises israéliennes en Cisjordanie, les Palestiniens fournissent une main d’œuvre bon marché et disponible. Employer des Israéliens – ou d'autres travailleurs étrangers – coûterait plus cher aux colonies. Par ailleurs, les Palestiniens ont jusque là été fiables dans l’acceptation de salaires inférieurs.

«Il n’y a presque pas d’alternatives concurrentielles sur le marché palestinien», dit Makhool. Même des salaires d'exploitation dans les colonies peuvent être plus attrayants que les salaires offerts en Palestine. Makhool note que les Palestiniens ont développé la réputation d’être «des travailleurs particulièrement productifs». En outre, la plupart d’entre eux parlent couramment l'hébreu.

3. “Aucun Palestinien ne doit travailler pour que ces colonies”

Le boycott officiel et institutionnel des produits et du travail des colonies par l’Autorité palestinienne est devenu une loi le 26 avril 2010. Les produits fabriqués dans les colonies devaient être boycotté par le marché palestinien et les Palestiniens devraient être également empêchés de travailler dans les colonies.

Ce mois-ci, Hassan Abou Libda, ministre de l’économie de l’AP a déclaré qu’«il est honteux pour nous Palestiniens de soutenir les activités des colonies et de contribuer à leur bien-être pendant qu’ils occupent et de confisquent nos terres». «Mais, admet-il, ce que nous avons échoué à faire, c’est de créer des emplois pour les Palestiniens comme alternative au travail dans les colonies».


«Non, nous ne sommes pas en favorable à ce que des Palestiniens travaillant dans les colonies», dit le Dr Abdullah, directeur de la Recherche en Economie Politique de Palestine. «Aucun Palestinien ne doit travailler pour que ces colonies, qui, selon nous – et le droit international – sont illégales».

Il y a plus de 120 colonies israéliennes et 100 avant-postes. En incluant Jérusalem-Est, ce chiffre devrait être beaucoup plus grand. Si les grévistes de la carrière Salit obtiennent ce qu’ils demandent, un nouveau précédent pourrait être créé pour les Palestiniens qui travaillent dans les colonies. Mais pour Abdullah, en imposant les lois du travail israéliennes en Cisjordanie il y a une menace de franchir une étape non souhaitable vers la normalisation et la légitimation des colonies. «Si les Israéliens appliquent leurs propres lois du travail et leur salaire minimum dans les colonies pour les Palestiniens, d’une certaine manière, cela légitime la Cisjordanie comme faisant partie d'Israël», dit Abdullah. «Et ce n'est pas ce que nous voulons. Nous voulons que ces colonies soient démantelées.»

Pourtant, il comprend le pétrin dans lequel se trouvent les travailleurs palestiniens. «Nous ne voulons pas couper les gens de leurs revenus. Je comprends qu’ils doivent nourrir leurs familles. Nous voulons que les conditions s’améliorent pour les travailleurs palestiniens, bien sûr. Mais légitimer les colonies n'est pas ce que nous voulons. Il y a un mouvement de boycott international contre Israël, continue Abdullah, et nous devrions y prendre part en Palestine aussi.»

«A long terme, dit Abdallah, il n'y a pas de vie durable avec cette occupation. C’est la question principale. Il y a beaucoup de problèmes ici en Palestine. Mais pour beaucoup d’entre nous, l’aspiration politique – le combat national – est le plus important.»

«Ce que je préfèrerais, c’est que tous les Palestiniens travaillent ici, à la maison», dit-il. «Mais nous en sommes loin.»


En 2000, au début de la Seconde Intifada, l’économie israélienne employait environ 150 000 travailleurs. A la suite de l'Intifada et de la construction du Mur en 2002, ce nombre a chuté considérablement à 15.000. Aujourd'hui, le chômage se situe actuellement à 40% et presque la moitié de la population vit en dessous du seuil de pauvreté de 2 dollars par jour.

4. “Je regarde juste vers l'avenir”


Les ouvriers de la carrière de Salit veulent maintenir leur mouvement loin de la politique nationale. Ils craignent que si la direction qualifie leur grève comme ayant des ramifications politiques, leurs exigences seront rejetées. «Il ne s’agit pas de la lutte nationale, dit Adiv, il s'agit de droits humains basiques. La direction israélienne voit cela comme une sorte de menace existentielle, symbolique, entre la Palestine et Israël. Mais ce n’est pas ça». 

Au moment où nous publions cet article, ni le président du conseil d’administration, Netan Netanzon ni le directeur, Hezi Soroka n’ont répondu aux appels du Palestine Monitor pour cet article. «Je connais bien le directeur, dit Qadadeh, et il nous connaît. Il sait que nous sommes des travailleurs acharnés. S'ils signent cet accord, nous retournons au travail, heureux.

Le Ramadan a commencé cette semaine et la grève se poursuit. Grâce à la collecte de fonds, le WAC a pu donner à chaque travailleur 1000 shekels [190 euros] pour les soutenir pendant les longues vacances d’un mois de jeûne. La direction n’a pas indiqué qu’elle était prête à négocier.

«Je ne suis pas un homme plus jeune, dit Qadadeh, je ne devrais pas avoir à commencer un nouvel emploi. Pourquoi devrais-je aller travailler ailleurs ? C'est mon travail. C'est le travail que je connais», dit-il. «Je sais comment fonctionne chaque machine dans cette carrière».

 

e workers are organized by the Maan workers organized by the Workers Advice Center (WAC-MAAN). If signed, this will be the first collective agreement between Palestinian workers and an Israeli employer.

salit2

= = = = = = =

 

Solidarité n°1

 

Faire pression sur le principal client

 

Jérusalem, 19 août 2011.

 

Le 16 Juin, 35 travailleurs palestiniens des carrières Salit à Mishor Adumim (zone C à l’est de Jérusalem, en Cisjordanie occupée) ont entamé une grève. Les ouvriers, membres du syndicat indépendant WAC-Ma’an, exigent la fin de l’exploitation et de l’humiliation. Ils revendiquent un premier accord collectif. Le principal client des carrières Salit est Readymix Industries (Israël). Les carrières Salit dépendent totalement de Readymix, le plus grand et de loin le plus important des clients. De ce fait, Readymix a la responsabilité de s’assurer que son fournisseur respecte la législation du travail et garantit les droits élémentaires des travailleurs de Salit. Nous appelons Readymix à exiger de la direction de Salit, la fin de cette grève inutile en négociant un accord collectif avec les travailleurs et WAC-Ma’an.

 

http://www.labourstart.org/cgi-bin/solidarityforever/show_campaign.cgi?c=1059

 

 

= = = = = =

 

Solidarité n°2

 

Faire connaître et soutenir financièrement

 

 

Informations en anglais ici :

 

Worker’s Advice Center – Ma’an (WAC) : http://www.wac-maan.org.il/en/home

 

et en particulier, comment pratiquement relayer la campagne financière de soutien aux grévistes :

http://www.wac-maan.org.il/en/article__202

 

Ce soutien peut leur permettre de tenir et de vaincre.

 

= = = = = =

 

Signalons l’existence d’une autre organisation indépendante de solidarité avec les travailleurs : Kav-LaOved

 

Kav-LaOved (en hébreu, La Hotline des Travailleurs), comme le WAC – Ma’an, s’adresse à tous les travailleurs, qu’ils soient Juifs, Arabes, immigrés, qu’ils soient en Israël et dans les TPO de Cisjordanie, de nationalité israélienne comme Palestiniens, immigrés avec ou sans papiers.

 

http://www.kavlaoved.org.il/default_eng.asp

 

= = = = = = =

 

 

 

 

 

Partager cet article
Repost0
29 août 2011 1 29 /08 /août /2011 09:45

 

De passage à valence les 40 indigné-e-s en provenance en majorité de catalogne

Depuis le 15 Mai, des dizaines de milliers d'indignés espagnols descendent chaque jour dans les rues pour exprimer leur ras le bol.

Ras le bol du chômage, de travailler pour un salaire qui ne permet pas de vivre, d'être étudiants et de n'avoir aucune perspective d'avenir, de payer les pots cassés de cette crise dont nous ne sommes en rien responsables, de subir une rigueur qui nous enfonce chaque jour un peu plus... Les raisons de s'indigner sont nombreuses! Nous sommes tous pour une démocratie réelle un système qui ne pense plus en terme de capitaux et qui rende toute sa place à l'humain, que politique et économie soient enfin au service des peuples, un partage équitable des ressources-savoirs-pouvoirs et richesses... à nous de prendre les choses en main pour que cela voit le jour!

"Regardez autour de vous, vous y trouverez les thèmes qui justifient votre indignation. Vous trouverez des situations concrètes qui vous amènent à donner cours à une action forte. Cherchez et vous trouverez! Dans ce monde, il y a des choses insupportables. La pire des attitudes est l'indifférence.

https://mail.google.com/mail/?ui=2&ik=f434ff9354&view=att&th=1321122314d52514&attid=0.4&disp=inline&zw

Les Indignés de la Marche méditerranéenne, en provenance de Barcelone, continuent leur progression vers leur destination finale, Bruxelles le 15 octobre.

message des indignés stéphanois:

iHier, à partir de 19 heures, les indignés espagnols sont arrivés, par petits groupes. Les uns remontaient d’Annonay, les autres venaient de la Haute-Loire. Au total, une quarantaine de marcheurs espagnols venant essentiellement de Catalogne se sont retrouvés au point de rencontre annoncé, le centre commercial de Monthieu. Ils étaient bien sûr accueillis et attendus par les indignés stéphanois si bien que le rassemblement a pris de l’ampleur. Et vers 20 heures, ce sont pas moins d’une soixantaine de personnes qui, en cortège et au son des djembés, ont pris la direction du centre-ville via la rue de la Montat. En tête du défilé, une grande banderole « Indigne-toi ». Le cortège a pris du poids en cours de route et c’est environ une centaine de personnes qui a défilé à la tombée de la nuit dans le centre-ville stéphanois. Pas de changement dans les mots d’ordre. « Nous luttons tous contre le système financier, le chômage, la précarité », nous disait hier Djamel Rami, l’un des animateurs du mouvement à Saint-Etienne.

Un repas en commun était organisé hier soir, suivi de prises de paroles. Les Espagnols doivent quitter la ville ce matin. Comme d’autres indignés ils vont rejoindre Paris, où est prévu un rassemblement le 17 septembre. De là, une marche de protestation sera organisée jusqu’à Bruxelles.

 

Partager cet article
Repost0
28 août 2011 7 28 /08 /août /2011 10:54

LA marche des indigné-e-s passent par valence(26)le 28/08 à 13h -15h place de la liberté. On publie ce texte pour te permettre d'affiner tes  questions. il y a aussi dans le journal le monde du 28/08les différentes mesures pour les contrats de travail précaires.

 

Ce texte d’un camarade du groupe de Barcelone Etcetera a été publié dans Echanges n°137 (été 2011)

L’appel spon­tané à mani­fes­ter du 15 mai, qui s’est tra­duit par l’occu­pa­tion des places des prin­ci­pa­les villes espa­gno­les (voir Lettres de Barcelone, place de Catalunya), n’a pas eu seu­le­ment une rép­onse mas­sive ; il a aussi réveillé l’enthou­siasme et offert l’oppor­tu­nité d’occu­per l’espace public comme lieu d’expres­sion ouvert à tout le monde. De plus, il s’est pro­duit en pleine cam­pa­gne des élections muni­ci­pa­les. La spon­tanéité de la mobi­li­sa­tion, pro­vo­quée par l’« indi­gna­tion » et dif­fusée à tra­vers ce qu’on appelle les réseaux sociaux d’Internet, était pleine d’ambi­guïtés, et aussi d’ingénuité, comme le mon­trent les termes de l’appel lui-même et sa reven­di­ca­tion d’une démoc­ratie par­ti­ci­pa­tive. Ce fut en tout cas la ten­dance domi­nante de ce qui s’est passé à Barcelone et l’impres­sion donnée par les infor­ma­tions venant de Madrid et des autres villes.  L’éclosion sociale du 15 mai fut expli­ci­te­ment une rév­olte cita­dine, « citoyen­niste » si l’on veut, qui en dénonçant la cor­rup­tion ram­pante du système démoc­ra­tique en vigueur, réc­lame une régé­nération du système de représ­en­tation (rejet de la cor­rup­tion domi­nante, chan­ge­ment de la loi élec­to­rale, du contrôle sala­rial et des acti­vités des députés – et je passe sur les géné­ralités concer­nant la dég­ra­dation de la vie poli­ti­que et son éventu­elle régé­nération, base du « pro­gramme mini­mum » des « indi­gna­dos »).

Ce ne fut pas tout, bien sûr : le malaise social larvé est devenu mani­feste. Extrêmement hétérogène, son hori­zon s’ins­cri­vait dans le cadre du système de représ­en­tation démoc­ra­tique (« Démocratie réelle, main­te­nant ! » a été le mot d’ordre de la mobi­li­sa­tion et les mani­fes­tes issus des différ­entes assem­blées ont mis l’accent sur la néc­essité de chan­ger la loi élec­to­rale et d’adop­ter une série de mesu­res, évid­emment rai­son­na­bles mais dont la mise en pra­ti­que parais­sait très impro­ba­ble). La mobi­li­sa­tion s’est déb­attue entre le rejet expli­cite des partis et des syn­di­cats, leur sou­mis­sion au pou­voir finan­cier, etc. et l’appro­ba­tion de ce même système de représ­en­tation ; tout ceci, sans se poser la ques­tion de la nature de la démoc­ratie comme forme poli­ti­que du capi­tal et sans ana­ly­ser le fait que l’unique démoc­ratie pos­si­ble sous la domi­na­tion capi­ta­liste ne peut être que celle-ci, puis­que le niveau de concen­tra­tion du pou­voir a fait de la prise de décision un exer­cice oli­gar­chi­que. La démoc­ratie est chaque fois un peu plus une affaire de jour­na­lis­tes, de pro­fes­sion­nels, d’artis­tes, de grou­pes d’opi­nion, etc., autre­ment dit, d’un nou­veau bloc conser­va­teur au sens littéral qui prétend main­te­nir un système de représ­en­tation et de redis­tri­bu­tion de type keynésien (pacte social et bien-être), impos­si­ble et qui se montre inca­pa­ble de dép­asser sa condi­tion de gauche du capi­tal, du fait de sa posi­tion sociale comme de sa culture poli­ti­que, en dette envers l’idéo­logie de gauche.

Il faut cepen­dant cons­ta­ter un pre­mier aspect posi­tif de la mobi­li­sa­tion : le chan­ge­ment géné­rati­onnel qu’elle a pro­vo­qué. Et ceci bien que l’explo­sion de sub­jec­ti­vité, par laquelle chaque indi­vidu inter­vienne à tout va pour impo­ser son point de vue, fît état d’une grande dis­per­sion reven­di­ca­tive chargée prin­ci­pa­le­ment d’émoti­onnel col­lec­tif : le plai­sir d’être ensem­ble et de sentir une force col­lec­tive plus poten­tielle et sym­bo­li­que qu’effec­tive à l’heure d’exer­cer une pres­sion directe sur les ins­ti­tu­tions poli­ti­ques, éco­no­miques et finan­cières. L’enthou­siasme, l’abus de lan­gage (spa­nish revo­lu­tion, « Nous fai­sons l’his­toire », « Nous chan­geons le monde », etc.) et le mimét­isme avec d’autres expéri­ences réc­entes (Egypte) aident peu à com­pren­dre les par­ti­cu­la­rités des cir­cons­tan­ces pro­pres à l’Espagne, nos intérêts et la faillite du modèle qui les garan­tis­sait jusqu’à main­te­nant. Entre autres exem­ples, on oublie que les évé­nements de la place Tahrir au Caire avaient été précédés depuis plu­sieurs mois par des cen­tai­nes de grèves dans les cen­tres de pro­duc­tion. Mais cela ne signi­fie pas pour autant qu’occu­per la rue, même sym­bo­li­que­ment, soit un acte inu­tile. Les réc­entes mani­fes­ta­tions (15 mai 2011, 1er mai 2011 à Barcelone, grève géné­rale de sep­tem­bre 2010) vien­nent tém­oigner d’un malaise social de fond qui va en aug­men­tant avec la pro­lon­ga­tion de la crise éco­no­mique. Bien sûr, les dis­po­si­tifs de récu­pération de l’appa­reil méd­ia­tique ne se sont pas fait atten­dre : inter­views de porte-parole, représ­entants (? !?), etc. qui, nous ne le savons que trop, sont une oppor­tu­nité avérée de pro­mo­tion pro­fes­sion­nelle des nou­veaux représ­entants des mou­ve­ments sociaux.

De plus, la sol­li­ci­ta­tion d’hommes poli­ti­ques honnêtes liée à un bas niveau de cons­cience poli­ti­que est le ter­rain fer­tile à l’émerg­ence d’une nou­velle caste représ­en­ta­tive. Mais ceci n’est ni nou­veau, ni le plus révé­lateur de la mobi­li­sa­tion et les pro­pres « indi­gna­dos » dans leurs assem­blées comme dans leurs com­mu­ni­qués ont clamé « qu’ils ne représ­entaient per­sonne et que per­sonne ne les représ­entaient » (cam­pe­ment de Barcelone).

Sur les places occupées est appa­rue l’indi­gna­tion accu­mulée devant les abus et l’aplomb du capi­tal finan­cier et de son système de représ­en­tation poli­ti­que ainsi que le malaise réel qui accom­pa­gne le pro­ces­sus accéléré de prolé­ta­ri­sation des « clas­ses moyen­nes ». Ceci expli­que les formes « citoyen­nis­tes », fes­ti­ves et res­pec­tueu­ses du jeu démoc­ra­tique établi, qui se sont exprimées dans les mani­fes­ta­tions et les actions menées à ce moment-là. On peut aussi les com­pren­dre comme l’éclosion de l’hétérogénéité qui accom­pa­gne la déc­om­po­sition sociale dans laquelle nous sommes immergés : comme une explo­sion de méc­ont­en­tement mais de basse inten­sité conflic­tuelle. Ce qui n’est abso­lu­ment pas à mép­riser si nous sommes capa­bles de tirer quel­ques conclu­sions pra­ti­ques de ces contra­dic­tions.

Comme il se doit, la mobi­li­sa­tion a pris tout le monde par sur­prise, par sa spon­tanéité, par sa dimen­sion et par sa décision de per­du­rer. Mais, en soi, le fait de la mobi­li­sa­tion de masse dans sa dimen­sion quan­ti­ta­tive n’est que très peu signi­fi­ca­tive si on ne fait atten­tion ni aux conte­nus, ni à l’hori­zon de trans­for­ma­tion qu’il vise, autre­ment dit, si on ne fait pas atten­tion à ce qui se passe par en des­sous, dans les formes que pren­nent la socia­lité et la coopé­ration lors du dével­op­pement des actions. C’est là, dans ces pra­ti­ques élém­ent­aires, que la mobi­li­sa­tion peut évoluer vers sa propre cons­ti­tu­tion en sujet col­lec­tif. La mobi­li­sa­tion comme simple fruit de l’indi­gna­tion devant la cor­rup­tion poli­ti­que et devant la détér­io­ration des condi­tions de vie d’une large partie de la popu­la­tion ne peut être qu’un point de départ. Le fas­cisme ne se nour­rit-il pas, lui aussi, de la mobi­li­sa­tion des masses en colère ? Et dans le cas de la mobi­li­sa­tion du 15 mai en Espagne, le ton ne vise pas, pour l’ins­tant, un dép­as­sement de l’hori­zon démoc­ra­tique capi­ta­liste.

Nous sommes, malgré tout, face à un mou­ve­ment de la popu­la­tion prolé­tarisée (que les socio­lo­gues s’entêtent à appe­ler la classe moyenne) dans un pays capi­ta­liste européen qui com­mence à se convain­cre, au moins pour une partie des mobi­lisés, que la sta­bi­lité éco­no­mique et sociale assurée par la ges­tion admi­nis­tra­tive de représ­entants poli­ti­ques honnêtes n’est pas pos­si­ble, non plus que le retour au bien-être démoc­ra­tique passé, et qu’il nous faut cher­cher d’autres manières de vivre.

C’est à ce niveau qu’appa­raît une contra­dic­tion dans laquelle le poids de la dépo­li­ti­sation pro­grammée des der­nières déc­ennies joue un rôle fon­da­men­tal. Surtout quand il s’agit de cana­li­ser l’esprit de sou­mis­sion au prin­cipe de délé­gation défini par le système de représ­en­tation démoc­ra­tique capi­ta­liste reflété dans le « pro­gramme mini­mum », approuvé dans les assem­blées. Alors que dans le même temps, ce même mou­ve­ment dén­once l’étr­oite dép­end­ance du système des partis et des syn­di­cats au système finan­cier, et avec raison puis­que ces appa­reils sont inu­ti­li­sa­bles pour une trans­for­ma­tion sociale démoc­ra­tique et équi­table – parce qu’ils sont l’expres­sion poli­ti­que for­melle du degré de concen­tra­tion du capi­tal et de décision poli­ti­que de l’élite domi­nante. C’est comme si on fai­sait table rase d’abord de l’expéri­ence his­to­ri­que qui définit la démoc­ratie comme une des formes poli­ti­ques du capi­tal (l’autre est la dic­ta­ture, le fas­cisme), ensuite des formes poli­ti­ques vues comme dép­end­antes des condi­tions dans les­quel­les se dével­oppe le pro­ces­sus d’accu­mu­la­tion du capi­tal.

Si tout cela reflète la fai­blesse poli­ti­que, d’autres traits méritent d’atti­rer notre atten­tion. L’impor­tance que revêt l’image méd­ia­tique sur notre confi­gu­ra­tion men­tale (spéc­ia­lement au sein des géné­rations plus jeunes qui sont les acteurs des cam­pe­ments) conduit fréqu­emment à un enthou­siasme démesuré envers la tech­no­lo­gie de la com­mu­ni­ca­tion ; cela s’est déjà passé avec le « pásalo » du 14 mars 2004, avec les rés­ultats que l’on connaît (1) et va jusqu’à considérer Internet et ce qu’on appelle les « réseaux sociaux » comme des armes « dans nos mains »du fait de leur effi­ca­cité dans la mobi­li­sa­tion, etc., ceci étant dit sans vou­loir en arri­ver à faire le compte des impli­ca­tions du bazar méga-tech­no­lo­gi­que sur la for­ma­tion de notre monde et sur la détér­io­ration des condi­tions de nos vies. La soif de visi­bi­lité et le foi­son­ne­ment de trans­mis­sion des images de la mobi­li­sa­tion sont d’une part « pain bénit » pour les pro­fes­sion­nels des médias qui pen­sent que ce qui ne passe ni à la télé ni sur Internet n’existe pas, et d’autre part un des points cri­ti­ques des réc­entes mobi­li­sa­tions de masse et des mou­ve­ments ou ten­dan­ces poli­ti­ques émerg­entes (à quand une cri­ti­que de la tech­no­lo­gie et de la super­che­rie de son appa­rente neu­tra­lité ?).

On res­sent une sorte d’éto­uf­fement devant cette soif de visua­li­sa­tion qui se tra­duit par une pro­lifé­ration d’enre­gis­tre­ments qu’on doit conver­tir en images et objets méd­ia­tiques de la mobi­li­sa­tion sans voir à quel point cette visua­li­sa­tion bana­lisée peut conver­tir la démo­nst­ration de force col­lec­tive dans la rue en une forme de spec­ta­cle. Cependant, ni tout ce qu’on « voit » n’est réel, ni la réalité de la mobi­li­sa­tion ne s’est épuisée dans l’ ins­tru­ment méd­ia­tique.

Dans la nuit du jeudi 19 mai, c’est para­doxa­le­ment la décision bornée du « Conseil élec­toral cen­tral » d’inter­dire le ras­sem­ble­ment qui a permis à la mobi­li­sa­tion de remet­tre une couche de contenu poli­ti­que : main­te­nir l’occu­pa­tion et mettre au jour la contra­dic­tion entre le cénacle de bureau­cra­tes chargés de faire exé­cuter une for­ma­lité légale et sa remise en ques­tion par une partie de la « société civile », main­tes fois men­tionnée, prés­ente dans la rue. Une chose simi­laire avait eu lieu à Madrid le mardi pré­cédent : l’évac­uation du camp de la Puerta del Sol par la police avait pro­vo­qué un afflux de per­son­nes et la réac­ti­vation du mou­ve­ment avec la réoc­cu­pation de la place. L’ordre d’évac­uation a dém­ontré une fois de plus l’usage ins­tru­men­tal que font les admi­nis­tra­teurs démoc­ra­tiq­uement élus de la notion de société civile comme alibi de leurs décisions arbi­trai­res. Il est pos­si­ble alors que les invo­ca­teurs de la régé­nération démoc­ra­tique en tirent quel­ques conclu­sions.

Pour l’ins­tant, il faut reconnaître une vic­toire sym­bo­li­que à la mobi­li­sa­tion pour ce qui est de la signi­fi­ca­tion des cam­pe­ments imposés par la volonté de la rue contre l’appa­reil bureau­cra­ti­que de l’Etat (Conseil élec­toral). Le fait est qu’en plein combat élec­toral, les partis poli­ti­ques ont tenté de pro­fi­ter de la situa­tion ; spéc­ia­lement le parti d’oppo­si­tion (PP) qui réc­lamait au PSOE d’appli­quer la loi et de faire évacuer les places par la force, ce que les socia­lis­tes n’ont pas fait pour ne pas aggra­ver encore plus leur perte d’électeurs.

Malgré la dimen­sion de la mobi­li­sa­tion qui a réuni des dizai­nes de mil­liers de per­son­nes dans plus de 60 villes espa­gno­les pen­dant plu­sieurs jours au milieu de la cam­pa­gne élec­to­rale, son impact sur le rés­ultat des élections muni­ci­pa­les du 22 mai ne semble pas être révé­lateur. Les repro­ches aux partis poli­ti­ques qui ont été déversés dans la mobi­li­sa­tion ne se sont pas reflétés dans les urnes alors que le niveau de par­ti­ci­pa­tion fut même supérieur de trois points à celui des élections de 2007 (excepté en Catalogne), bien que les votes nuls et blancs aient été plus nom­breux et qu’un déto­ur­nement de votes vers les orga­ni­sa­tions de gauche eût été cons­taté (par exem­ple, l’entrée en jeu de la Candidature d’unité popu­laire, CUP, extrême gauche indép­end­ant­iste). Les rés­ultats élec­toraux confir­ment dans un cer­tain sens ce qui a été dit pré­céde­mmment à propos des limi­tes du prin­temps espa­gnol : pas de remise en ques­tion du système de représ­en­tation, sinon le refus de le voir uti­lisé par des poli­ti­ciens mal­honnêtes, soumis au système finan­cier – de là vient qu’une partie de l’indi­gna­tion se cana­lise dans les votes nuls et blancs.

La pro­tes­ta­tion des places, bien qu’une des moti­va­tions prin­ci­pa­les eût reposé sur la dén­onc­iation de la cor­rup­tion poli­ti­que, n’a pas non plus empêché que les cadors ou escrocs (tri­le­ros) éhontés du com­merce de la poli­ti­que (une cen­taine de can­di­dats étaient pour­sui­vis pour cor­rup­tion dont le pré­sident de la com­mu­nauté urbaine de Valence) soient réélus démoc­ra­tiq­uement dans les mai­ries et les gou­ver­ne­ments auto­no­mes. Peut-être cela fera-t-il réfléchir sur la nature réelle du système démoc­ra­tique et de son arti­cu­la­tion comme système oli­gar­chi­que dans la prise de décision, qui est rati­fiée et légitimée par une frac­tion de la popu­la­tion avec laquelle les gou­ver­nants entre­tien­nent des rela­tions clientél­istes.

Pour le reste, les rés­ultats élec­toraux du 22 mai ont enre­gis­tré le revers du PSOE (perte de 1,5 mil­lion de votes par rap­port aux élections pré­céd­entes) en rép­onse à sa ges­tion capi­ta­liste de la crise (aides mas­si­ves aux ban­ques, loi de réf­orme du tra­vail et des retrai­tes, réd­uctions budgét­aires dans le social, pro­mes­ses non tenues, etc.). Le triom­phe élec­toral de la droite dû à la baisse de la gauche (le PP a obtenu 500 000 voix de plus qu’en 2007) mit en évid­ence par la sphère méd­ia­tico-poli­ti­que la frag­men­ta­tion réelle sous-jacente de la société. Que cette frag­men­ta­tion for­melle se conver­tisse en pola­ri­sa­tion sociale active dép­endra de l’évo­lution de la mobi­li­sa­tion du 15 mai et, sur­tout, de l’accé­lé­ration de la dég­ra­dation des condi­tions matéri­elles d’exis­tence de la popu­la­tion prolé­tarisée, dans une situa­tion de crise éco­no­mique et sociale qui ne semble pas tou­cher le fond (les ana­lys­tes, experts et autre mar­chands de som­meil social repous­sent pér­io­diq­uement le début de l’éventu­elle « récu­pération »).

De même peut-on dire que la mobi­li­sa­tion de mai est aussi le reflet de la forme actuelle de la domi­na­tion du capi­tal sur la popu­la­tion prolé­tarisée, dans la mesue où l’énorme mani­fes­ta­tion de sub­jec­ti­vité exprimée sur les places n’a pas apporté un élément plus consis­tant que l’élan émoti­onnel (l’indi­gna­tion) matér­ialisé par ce pro­gramme mini­mum qu’est la réf­orme de la loi élec­to­rale et des ins­ti­tu­tions démoc­ra­tiques. Peut-être est-ce le niveau auquel pour le moment accèdent les fameu­ses clas­ses moyen­nes en voie de prolé­ta­ri­sation accélérée. Un pro­ces­sus cepen­dant qui par­ti­cu­la­rise les situa­tions indi­vi­duel­les au point de les ato­mi­ser dans la lignée de la mul­ti­pli­cité de formes de vie dans les­quel­les se matér­ia­lise la rela­tion sociale capi­ta­liste dans les sociétés avancées, et qui frag­mente à l’extrême la situa­tion per­son­nelle de chaque indi­vidu, ses res­sour­ces, sa capa­cité réac­tive et sa marge de manœuvre de survie face aux assauts du pro­ces­sus de prolé­ta­ri­sation (2).

Ceci se remar­que au moment d’éla­borer une plate-forme reven­di­ca­tive qui ne soit pas seu­le­ment une déc­la­ration cir­cons­tan­cielle d’inten­tion et de géné­ra­li­sation propre au dis­cours poli­ti­que idéo­lo­gique. Par cer­tains côtés, on a pu retrou­ver la sen­sa­tion d’impuis­sance mani­feste qui avait accom­pa­gné les mani­fes­ta­tions mas­si­ves de rejet à la guerre en Irak.

La pré­do­min­ance du sym­bo­li­que sur les rés­ultats pra­ti­que

Par expéri­ence, il est dif­fi­cile de lais­ser de côté deux éléments clés dans la cons­ti­tu­tion et la conso­li­da­tion de n’importe quel mou­ve­ment social signi­fi­ca­tif. Il faut comp­ter sur un élément fort qui vient s’ajou­ter à une base phy­si­que et directe qui est, dans la société capi­ta­liste, obli­ga­toi­re­ment liée à notre mode d’inser­tion dans la vie sociale à tra­vers l’argent néc­ess­aire à notre sub­sis­tance, autre­ment dit pre­miè­rement « de quoi nous vivons » (tra­vail, allo­ca­tions, bourse, sou­tien fami­lial, etc.) et deuxiè­mement « com­ment » , de quelle manière nous nous pro­cu­rons de façon pra­ti­que notre sub­sis­tance quo­ti­dienne. C’est sur cette base phy­si­que et spa­tiale qu’émergent les objec­tifs ou les reven­di­ca­tions dont l’expres­sion et l’enchaî­nement aident à donner de la cohésion et à conso­li­der le mou­ve­ment. Dans le cas du mou­ve­ment de mai 2011, l’élément fort de rajout a été un sen­ti­ment : l’indi­gna­tion. Cela a pu se refléter dans les pro­po­si­tions qui, ou bien sont à la remor­que de ce contre quoi il s’est rebellé (le système élec­toral) ou bien se per­dent en géné­ra­li­sations.

Dans la même ligne, un autre aspect mérite réflexion : c’est la manière dont s’est faite la convo­ca­tion à la mobi­li­sa­tion : nous pour­rions dire « par en haut », depuis la com­mu­nauté vir­tuelle appelée les réseaux sociaux du Net, com­mu­nauté où pré­do­minent les pra­ti­ques de la com­mu­ni­ca­tion et de l’éch­ange d’infor­ma­tion. A la différ­ence des mou­ve­ments ouvriers ou popu­lai­res récents – où le point de départ des conflits par­tait « du bas », s’enra­ci­nait dans les pra­ti­ques quo­ti­dien­nes des com­mu­nautés ouvrières des usines et des quar­tiers et dont les formes et expres­sions (syn­di­ca­lisme, auto­ges­tion, etc.) étaient à la remor­que du capi­tal – dans les mou­ve­ments actuels, la vir­tua­lité des réseaux sociaux du Net est à la remor­que de la pro­duc­tion méd­ia­tico-spec­ta­cu­laire au moment où elle accen­tue la scis­sion entre la matér­ialité de la vie (les cir­cons­tan­ces matéri­elles de chaque indi­vidu) et la vir­tua­lité de la com­mu­nauté hyper-com­mu­ni­ca­tive.

Un autre point qui doit être abordé concerne la capa­cité de cette mobi­li­sa­tion à inter­rom­pre le pro­ces­sus général de cir­cu­la­tion et d’accu­mu­la­tion du capi­tal. Comme lors des mobi­li­sa­tions contre la guerre en Irak, pour la majo­rité de ceux qui ont donné leur appui aux cam­pe­ments, il s’agit d’actions de fin de semaine ou d’acti­vités de temps libre. Il est entendu que dans les mobi­li­sa­tions de mai, le rôle de l’occu­pa­tion de l’espace public a été per­ma­nent mais une fois de plus, ceci a mis en évid­ence les limi­tes de l’action pra­ti­que de la masse prolé­tarisée, périp­hérique du procès de repro­duc­tion sociale, expulsée du cir­cuit de valo­ri­sa­tion du capi­tal. C’est ainsi que l’action a pu être considérée comme un pro­blème d’ordre public, avec une ges­tion des coûts poli­ti­ques limités pour les admi­nis­tra­teurs de l’appa­reil répr­essif. De fait, réunie en dehors des horai­res et des journées de tra­vail, la capa­cité de pres­sion de cette mul­ti­tude sur les cen­tres de décision poli­ti­ques et sociaux a été sub­stan­ciel­le­ment réd­uite, non pas cette fois du fait de la reven­di­ca­tion « citoyen­niste » de régé­nération démoc­ra­tique mais pour quel­que chose de bien plus impor­tant : pour le fait d’être une masse d’indi­vi­dus (étudiants, chômeurs, pro­fes­seurs, retraités…) qui, soit en raison de sa mar­gi­na­li­sa­tion et de son exclu­sion du procès général de repro­duc­tion du capi­tal, soit en raison de la fonc­tion secondaire à laquelle ils res­tent subor­donnés (pro­fes­seurs, artis­tes, jour­na­lis­tes, créateurs, etc.), limite sa capa­cité de blo­quer le procès de repro­duc­tion du capi­tal et d’impo­ser ses reven­di­ca­tions.

De toutes façons, d’un point de vue stric­te­ment poli­ti­que, ce qui est apparu clai­re­ment, c’est l’extrême fra­gi­lité du système démoc­ra­tique, précisément pour son inca­pa­cité à donner une rép­onse qui ne fût pas la répr­ession à toute expres­sion de masse (paci­fi­que et paci­fiste à outrance). Une occa­sion de plus, en fait, de vérifier le visage de la démoc­ratie que l’on peut mettre en cor­res­pon­dance avec le visage dur et arro­gant du minis­tre de l’intérieur cata­lan, Felip Puig.

Mais, sur­tout, on ne peut igno­rer l’énorme créa­tivité déployée dans l’auto-orga­ni­sa­tion de la dyna­mi­que propre des cam­pe­ments, de leurs dis­cus­sions, de leur capa­cité à gérer le quo­ti­dien (des cen­tai­nes de repas par jour, l’orga­ni­sa­tion de la pro­preté, des acti­vités, etc.) et de la capa­cité à obte­nir des rép­onses rapi­des et soli­dai­res de « l’extérieur » aux besoins d’ali­ments, de matériels, d’outils et d’autres réa­li­sations faites sur les cam­pe­ments (le 27 mai à midi, à peine la police partie de la place, le cam­pe­ment avait été recons­truit – cui­sine, com­mis­sions…).

On peut ajou­ter à cela leur influence sur le malaise de la société civile, le sou­tien de la popu­la­tion obtenu suite à l’appel du ven­dredi matin 27 mai en a été la preuve. Pour cela, indép­end­amment de l’éval­uation super­fi­cielle du caractère de la pro­tes­ta­tion, de l’acte contes­ta­taire, il faut sou­li­gner la dimen­sion bien plus riche et bien plus contra­dic­toire aussi de ce qui peut être retenu de la simple lec­ture des mani­fes­tes et des consi­gnes d’une mobi­li­sa­tion déb­ord­ante d’enthou­siasme.

D’un point de vue général, les mobi­li­sa­tions de la mi-mai en Espagne ont mis en évid­ence ce qui se passe dans le sou­ter­rain social : la pres­sion sourde mais réel­lement prés­ente des masses. Cette pres­sion qui pousse les élites au pou­voir à favo­ri­ser la paix sociale sub­ven­tionnée précisément par peur des « clas­ses dan­ge­reu­ses » (bien que la par­ti­ci­pa­tion des émigrés et des jeunes de ban­lieue n’ait pas été spéc­ia­lement impor­tante, du moins à Barcelone) et de ses pra­ti­ques (les liens de sou­tien mutuel qui bou­le­ver­sent et sup­pri­ment les intermédi­aires de l’éco­nomie capi­ta­liste, les irrup­tions dans les lieux publics ou privés et la demande d’exi­gen­ces socia­les qui, en bout de course, oblige à une nou­velle rép­ar­tition [voir enca­dré p. 12]). Si évaluer les évé­nements comme simple expres­sion du « citoyen­nisme » des clas­ses moyen­nes en cours de prolé­ta­ri­sation était insuf­fi­sant ou super­fi­ciel, on pour­rait en dire tout autant de ceux qui ten­tent de mettre en balance les termes de vic­toire ou de déf­aite. Au-delà de la mise en spec­ta­cle de la répr­ession et de son bilan lamen­ta­ble de plus d’une cen­taine de blessés (dont deux très graves), l’impor­tant est que cette mobi­li­sa­tion a été capa­ble de faire pren­dre cons­cience à des mil­liers de per­son­nes que l’action soli­daire de masse peut rendre pos­si­ble la conquête d’un espace d’expres­sion et d’attein­dre des objec­tifs aussi modes­tes pour les par­ti­ci­pants de cette mobi­li­sa­tion, tout citoyen­nis­tes qu’ils soient. Les conséqu­ences des mobi­li­sa­tions sur la sphère de représ­en­tation poli­ti­que res­tent à voir mais une chose est sûre, c’est qu’un pré­cédent a été créé : « Quand nous le vou­drons, nous revien­drons. »

Au-delà de la polé­mique entre vic­toire ou déf­aite liée à la sou­mis­sion à l’idéo­logie domi­nante et à l’esthé­tique ten­ta­tion de la déf­aite comme thème littér­aire (une fas­ci­na­tion dans la culture espa­gnole), il faut reconnaître, qu’en plus de la vic­toire sur le « Conseil élec­toral », l’appren­tis­sage poli­ti­que pra­ti­que acquis par des mil­liers de per­son­nes, leur expéri­ence d’auto-orga­ni­sa­tion ainsi que l’énergie déployée dans la confron­ta­tion avec les orga­nis­mes de pou­voir, et sa déc­an­tation indi­vi­duelle et col­lec­tive, aura une influence sur l’avenir immédiat de l’inter­ven­tion poli­ti­que.

Au jour d’aujourd’hui (2 juin), les cam­pe­ments de Barcelone ont décidé de conti­nuer à occu­per la place en main­te­nant la dyna­mi­que des dis­cus­sions et en essayant de trou­ver une alter­na­tive pour conti­nuer le mou­ve­ment. Bien que l’acti­vité pra­ti­que de la vie quo­ti­dienne entre­tienne la mobi­li­sa­tion sur la place, en plus des autres mani­fes­ta­tions qui deman­dent la dém­ission du minis­tre de l’Intérieur de Catalogne et l’appel inter­na­tio­nal à mani­fes­ter le 19 juin, le risque existe que la volonté de main­te­nir la mobi­li­sa­tion s’érode peu à peu et que le mou­ve­ment s’éteigne. Les cam­pe­ments en sont cons­cients, comme le prouve l’orien­ta­tion de la dis­cus­sion sur le « com­ment pour­sui­vre ? ».

Indépendamment des dérives et des contra­dic­tions (citoyen­nisme démoc­ra­tique) ainsi que des réus­sites conjon­tu­rel­les que le mou­ve­ment de mai connaîtra, il est indén­iable qu’il aura remis au pre­mier plan de l’actua­lité la ques­tion de l’action auto­nome de masse (pas de l’indép­end­ance à la poli­ti­que comme le prét­endent cer­tains) et son pou­voir de dés­ta­bi­li­sation sur le statu quo social dans un contexte où les causes pro­fon­des du mou­ve­ment non seu­le­ment per­du­rent mais vont aller en s’aggra­vant du fait des res­tric­tions budgét­aires annoncées dans le social.

Corsino Vela,

Barcelone le 2 juin 2011
NOTES

(1) Référence au SMS qui avait appelé à mani­fes­ter suite à l’atten­tat ter­ro­riste du 11 en gare de Madrid et qui se ter­mi­nait par « fais-le passer », pour cer­tains ce mes­sage a été la cause de l’écras­ante vic­toire du PSOE (Zapatero) sur le PP (Aznar) dans les élections qui sui­vi­rent.

(2) Il est bien clair que les contra­dic­tions struc­tu­rel­les qui déc­oulent de la crise capi­ta­liste ne trou­vent pas de solu­tion à tra­vers des dis­po­si­tifs indi­vi­duels pou­vant donner une cer­taine marge de manœuvre, tou­jours plus étr­oite quand il faut bouf­fer. Il est néc­ess­aire de cons­ta­ter leur fonc­tion comme fac­teur atténuant et déf­or­mateur de la conflic­tua­lité sociale.

(3) Pour ajou­ter un peu de com­plexité à la situa­tion sociale et poli­ti­que géné­rale déjà sufi­sam­ment confuse, il faut ajou­ter que lors de la mani­fes­ta­tion du 14 mai der­nier convo­quée par des partis, des syn­di­cats et d’autres ins­ti­tu­tions civi­ques de l’État, contre les coupes socia­les, les syn­di­cats de la police cata­lane était aussi présents deman­dant un budget plus impor­tant pour leur Département.

source

Partager cet article
Repost0
19 août 2011 5 19 /08 /août /2011 09:04

Cette question traverse les discussions lors de nos rencontres avec le collectif  de soutien aux sans papiers 26-07, nous publions ce texte bien qu'il ne soit parfaitc'est pour construire une réflexion autour de la question de la syndicalisation.

 

 

(Texte paru dans Les Temps Maudits N° 28- Nov 201. Par Étienne Deschamps, juriste auprès du syndicat CNT du Nettoyage et Bernard)

La syndicalisation des travailleurs sans-papiers

Dès 2006, le syndicat du nettoyage s’est rendu compte qu’un certain nombre de ses adhérents se trouvaient dans cette situation sans le révéler. Le syndicat a donc décidé d’engager une campagne de syndicalisation spécifiquement orientée vers ces travailleurs. Il s’agissait de rappeler qu’ils ont, au regard du droit du travail, les mêmes droits que tous les travailleurs :
-  application du Code du travail et des conventions collectives,
-  égalité en matière de salaire,
-  possibilité de saisir le conseil de prud’hommes,
-  prise en charge des accidents du travail par la sécurité sociale. Pour le syndicat du nettoyage, cet engagement pour la défense des salariés les plus précarisés, les plus exploités s’inscrit donc dans les orientations de la Confédération et au-delà, dans les missions de toute organisation syndicale se réclamant du syndicalisme révolutionnaire et de l’anarcho-syndicalisme. Cet engagement a également contribué à donner une réelle visibilité du syndicat au sein des différents collectifs de travailleurs sans-papiers. De nombreux travailleurs se sont syndiqués à cette époque, y compris des camarades de la restauration. C’est dans ce contexte que le syndicat CNT du nettoyage a participé, dès le mois de juin 2007 au groupe de travail initié par l’Union contre l’immigration jetable (UCIJ) qui regroupait des syndicalistes, des associations et des collectifs de sans papiers.

Un travail inachevé

L’objectif de ce groupe de travail était de réfléchir sur les freins à la syndicalisation des travailleurs sans-papiers qui, par leur situation, s’adressent peu ou pas aux sections syndicales d’entreprises et rencontrent des difficultés pour entrer en contact avec les structures syndicales au niveau local ou professionnel. Plusieurs témoignages ont décrit cette difficulté, rapportant des cas où des militants syndicaux conseillaient aux travailleurs sans papiers de revenir quand ils seraient régularisés. Le groupe de travail s’était fixé plusieurs axes de travail :
-  publication d’une plaquette à destination des travailleurs eux-mêmes,
-  réalisation d’une brochure en direction des équipes syndicales confrontées à cette réalité,
-  organisation de réunions publiques sur le sujet. Si le premier objectif a été réalisé par la publication d’un « quatre pages » tiré à plusieurs dizaines d’exemplaires, le groupe n’a pas survécu au sectarisme de la CGT. Au sein de ce groupe, le syndicat du nettoyage a défendu plusieurs axes d’action, dont la saisine groupée du conseil de prud’hommes par plusieurs syndicats pour obtenir réparation en cas de licenciements pour défaut de papiers, action en direction des fédérations patronales les plus concernées par l’emploi de ces travailleurs sans-papiers. Le lancement en février 2008 par la seule CGT de l’occupation du restaurant « La Grande Armée » et surtout la vague de grèves d’avril et mai 2008, sonne le glas du groupe de travail qui cessera définitivement de se réunir. Le syndicat CNT du nettoyage s’est naturellement engagé dans cette lutte en s’appuyant sur l’article 40 de la loi du 20 novembre 2007.

La régularisation exceptionnelle par le travail

Le porte parole de l’UMP et député, Frederic Lefebvre a présenté un amendement devenu l’article 40 de la loi du 20 novembre 2007 qui institue une procédure d’admission exceptionnelle au séjour avec la délivrance de carte de séjour portant la mention salarié. Il s’agissait pour lui de répondre au besoin du patronat de procéder à des régularisations pour éviter de tomber sous le coup de procédure pénales du fait de l’emploi de travailleurs sans papiers. Sont particulièrement concernes des branches comme le bâtiment, la restauration le commerce et bien sur le nettoyage. Loin de lui l’intention de favoriser une régularisation massive des salariés déjà en poste. Dans les faits, ce texte devait permettre de régulariser des salariés déjà en poste dans des métiers dits en tension. Et si sous la pression des mobilisations des salariés concernés, des syndicats des associations et des comités de travailleurs immigrés, les premières régularisations se sont faites sur la base de critères relativement souples, très vite les préfecture ont imposé leur propres critères de plus en plus durs.

Une vague de grèves.

Le 15 avril, la CGT et Droits Devant lancent une série de grèves avec occupations dans le secteur de la restauration et du bâtiment. Solidaires et la CNT, mécontents d’avoir été mis devant le fait accompli alors même qu’ils participaient à l’UCIJ aux côtés de la CGT, se lancent pourtant eux aussi dans la bagarre. Des travailleurs du restaurant Charlie Birdy, syndiqués à la CNT, poussent leur syndicat à lancer une action. Pourtant, le syndicat hésite : les dossiers sont plutôt mauvais, plusieurs de ces travailleurs ne remplissent pas les conditions de séjour en France et d’ancienneté dans l’entreprise. Conscients de ces difficultés, avertis que l’issue de la lutte est incertaine, les salariés décident malgré tout de rejoindre le mouvement. Le 20 avril, vers 15h, une trentaine de militants de la CNT et de Solidaires envahissent le restaurant Charlie Birdy, rue de la Boétie, à deux pas des Champs-Elysées, pour exiger de la direction qu’elle remplisse les documents administratifs (CERFA) nécessaires à la régularisation de cinq sans papiers, dont trois récemment licenciés. La direction se montre plutôt conciliante, mais nous refusons de quitter les lieux et négocions un compromis : le restaurant restera ouvert, mais nous en occuperons une partie, jour et nuit. Quelques jours plus tard, Solidaires occupe le restaurant Pasta Papa, à quelques rues de là, et la CNT vient lui prêter main forte, car le patron, qui se vante d’une vague parenté avec Mussolini, en a retenu les pratiques. En région parisienne, la CGT occupe une trentaine de sites, restaurants, entreprises de restauration collective et chantiers de construction. Le mouvement se poursuit jusqu’en juillet et en règle générale, les patrons cèdent et acceptent de remplir les fameux CERFA. Les piquets sont levés pour l’été. Au cours de cette période, deux salariés du restaurant Charlie Birdy sont finalement régularisés.

Le gouvernement reprend la main.

A la rentrée, profitant de l’abandon du mouvement, le gouvernement durcit les conditions de délivrance des titres de séjour. Chaque préfecture semble agir à sa guise, les critères les plus divers et les plus fantaisistes sont invoqués, les équipes militantes s’épuisent à monter des dossiers de régularisation, APRF (arrêté préfectoral de reconduite à la frontière) et OQTF (obligation de quitter le territoire français) tombent en rafale. Bien que le gouvernement ait soigneusement omis de donner les chiffres exacts, il semble qu’environ 2800 régularisations aient été obtenues depuis le début du mouvement, ce qui semble dérisoire par rapport aux centaines de milliers de sans-papiers présents en France.

Une nouvelle vague de grèves.

En octobre 2009, une intersyndicale dont la CNT a été écartée relance les grèves chez les sans-papiers. Cette fois-ci, la revendication semble plus claire : obtenir une « circulaire qui permette la régularisation des salarié(e)s sans-papiers quel que soit leur statut, leur situation, leur nationalité et leur secteur d’activité. Cette circulaire doit définir des critères améliorés, simplifiés, appliqués dans l’ensemble du territoire national. Elle doit garantir une égalité de traitement de chaque salarié(e) quel que soit son lieu de travail. Elle doit définir une procédure de régularisation sécurisée et standardisée quel que soit le département. » Pourtant, à bien y regarder, » et même si dans ses meetings, les ténors de la CGT affirment haut et fort qu’ils « ne laisseront personne sur le bord de la route, » il n’est nulle part expliqué clairement ce que doivent être ces « critères simplifiés et améliorés. » Les travailleurs sans papiers, peu au fait des subtilités du langage syndical, comprennent, eux, qu’ils se battent pour obtenir des papiers pour tous.

La CNT dans la lutte.

Le 27 octobre, les grévistes du syndicat CNT du Nettoyage occupent l’entreprise EFFI Services, à Argenteuil. Au bout d’une quinzaine de jours d’occupation, la direction cède et signe un protocole par lequel elle accepte de remplir les CERFA et réintègre tous les salariés ayant travaillé depuis un an dans l’entreprise. Sur 41 personnes, 38 bénéficient d’une carte d’un an. Le 18 octobre, des travailleurs sans papiers du syndicat du Nettoyage CNT, dont certains viennent d’être licenciés par leur employeur, ISS, pour défaut de titre de séjour, occupent le hall de la Cité des Sciences, client d’ISS. Ils sont évacués le soir même par les flics, mais le 23, ils occupent le siège d’une grosse agence parisienne d’ISS, rue des Meuniers. La direction envoie sur place des équipes de gros bras, dont certains recrutés dans les filières serbes, qui se relaient vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Quelques jours plus tard, avec l’aide de militants de Solidaires, nous chassons les vigiles manu militari. Deux des gros bras sont embarqués par la police, mais également un travailleur sans-papiers qui fera un mois de prison avant d’être relaxé. Le 6 novembre, une ordonnance du tribunal de grande instance de Paris force les grévistes à lever l’occupation de l’agence de la rue des Meuniers. Quelques jours plus tard, ils investissent une autre agence, rue Championnet, dans le dix-huitième arrondissement. Dès lors, les grévistes du syndicat du Nettoyage, avec l’appui de quelques militants d’autres syndicats de la CNT harcèlent sans cesse la société ISS, dont le siège, rue Ordener, se trouve à quelques pas de la rue Championnet. En province, les syndicats de la CNT multiplient les actions de solidarité en distribuant des tracts devant les agences d’ISS et chez ses clients, en popularisant cette lutte exemplaire. La solidarité internationale se manifeste également, car la SAC suédoise et la CGT espagnole interviennent en faveur des grévistes. Au début de l’occupation, la direction niait tout bonnement l’emploi de sans papiers et refusait catégoriquement de négocier avec la CNT. Finalement, devant l’opiniâtreté des syndicalistes, elle capitule en rase campagne, et, le 10 janvier 2010, signe un protocole de fin de grève. La direction accepte de donner des CERFA pour les trente-trois grévistes et met en place une cellule juridique pour les accompagner dans leurs démarches aux côtés du syndicat CNT du Nettoyage. Elle s’engage à réembaucher tous les grévistes dès la remise d’un récépissé avec autorisation de travail.

Une grève critiquée ?

Pourtant, et en dépit des succès que remporte le syndicat du Nettoyage, ce vaste mouvement de grèves et d’occupations ne fait pas totalement l’unanimité au sein du mouvement libertaire, voire, plus curieusement, chez certains syndicalistes de la CNT. Ici et là, on reproche au syndicat du Nettoyage, aux syndicats et aux militants de la CNT qui se sont rangés à ses côtés de cautionner la pratique du « cas par cas » imposée par le gouvernement, ce qui impliquerait un renoncement global sur la liberté de circulation et d’installation au profit d’une autorisation de séjour temporaire et précaire. Pour répondre à ces critiques et souligner l’importance de cette lutte, trois militants syndicalistes, Clotilde, de Solidaires, Olivier, de la CGT, et Etienne, juriste auprès syndicat CNT du Nettoyage, publient une Tribune libre dans laquelle ils font valoir qu’il s’agit là d’un mouvement de classe : « la lutte des sans-papiers a muté d’une lutte antérieure autour de lieux symboliques (St Bernard, St Denis, etc…) destinée à rendre visibles les hommes et femmes, les revendications qu’ils portent pour investir le champs de la production. L’année dernière, l’action s’articulait surtout entreprise par entreprise alors que, cette année, le mouvement ne porte pas uniquement contre les patrons voyous mais remet en cause les mécanismes même d’un système qui se nourrit du travail des SP. S’y retrouvent donc, aux delà des collectifs de travailleurs organisés dans certaines entreprises, également des individuels qui se regroupent par champs professionnels. En ce sens, on peut affirmer qu’il s’agit d’un mouvement de classe et de masse. » Au reproche de réformisme, les trois militants répondent qu’à leur avis, « ces critiques sont dépassées au regard de la situation actuelle :
- l’action collective des travailleurs SP, de leurs organisations syndicales et de leurs associations vise à imposer la régularisation de tous les travailleurs sans papiers par un rapport de force favorable.
- sur la durée même du titre, rappelons que cela ne dépend que des préfectures et du rapport de force que le mouvement saura imposer. Chacun comprendra qu’un titre d’un an vaut toujours mieux que le centre de rétention. » Les trois militants soulignent aussi que pour mener leurs luttes, les sans-papiers utilisent l’arme traditionnelle des travailleurs, le syndicat. Ils rappellent également que si cette résurgence du syndicalisme chez les sans papiers se focalise dans un premier temps sur la question des titres de séjour, c’est aussi pour eux l’occasion d’appréhender l’ensemble de leurs conditions de travail, de rendre concrète l’action syndicale et peut-être de faire émerger de nouvelles équipes militantes. Encore faut-il, ajoutent-ils, que le syndicat joue son rôle formateur et se révèle un véritable outil de lutte et d’émancipation. Mais n’est-ce pas là la raison d’être de la CNT ?

Et maintenant ?

Pour autant, la lutte des travailleurs sans papiers d’ISS n’est pas terminée : si les ouvriers d’EFFI Services, une entreprise relativement modeste, ont pu reprendre le travail en attendant la délivrance d’une autorisation provisoire de séjour, la direction d’ISS, une multinationale, s’est montrée intraitable sur ce point, arguant avec quelque logique qu’en faisant à nouveau travailler des salariés sans titre de séjour valable, elle se mettait en infraction par rapport à la loi et risquait une condamnation pénale. A l’heure où nous écrivons ces lignes, seuls huit ouvriers sur trente-trois ont pu reprendre le travail, les autres ne survivant depuis un an, sans salaire, que grâce aux maigres subsides dispensés par le syndicat du Nettoyage et à la solidarité de leurs camarades des foyers. Si la direction d’ISS a scrupuleusement respecté ses obligations au regard du protocole de fin de grève, ce sont désormais les préfectures et le ministère de l’Immigration qui multiplient les atermoiements et rechignent visiblement à appliquer la loi pourtant inique qu’ils sont chargés d’appliquer. C’est ainsi qu’au début, la CNT se voyait interdire de déposer des dossiers de régularisation et il a fallu toute l’obstination du syndicat du Nettoyage pour que cesse enfin cette discrimination. Où en est-on, aujourd’hui, un an après le déclenchement de la deuxième vague de grèves avec occupation ? Comme le rappelle un article paru dans le Combat Syndicaliste de septembre 2010, « en neuf mois de lutte, la majorité des piquets ont été évacués et la place de la Bastille occupée. « Neuf mois après, la CGT sonne la fin de la lutte sous prétexte que le gouvernement a concédé un « addendum au guide des bonnes pratiques. » En fait, il s’agit d’un texte sans valeur contraignante qui reprend tous les critères les plus pourris : cinq ans de présence en France, douze mois de travail sur les dix-huit derniers mois, présentation d’une promesse d’embauche sous forme de Cerfa. De fait, le texte exclut tous les salariés licenciés, tous les travailleurs « au noir. » Surtout, la régularisation reste un pouvoir discrétionnaire des préfets, c’est-à-dire que, même si tous les critères sont réunis, la régularisation n’est pas garantie. Certes, la CGT a mis en avant quelques avancées du texte concernant les intérimaires et les employés de maison pour obtenir l’évacuation de la place de la Bastille le 18 juin. « La CGT, en acceptant et en présentant ce texte comme une victoire, trompe les travailleurs sans papiers et aujourd’hui, de nombreux grévistes réalisent qu’ils ont fait neuf mois de lutte pour rien. (…) « En réalité, ce texte constitue globalement un recul par rapport aux conditions obtenues lors des premières grèves de 2008 qui avaient permis la régularisation de salariés n’ayant que deux ou trois ans de présence en France et moins d’un an de présence dans l’entreprise. »

Il reste qu’une brèche a été ouverte, et que si l’on est loin de la régularisation massive de tous les sans-papiers que nous exigeons, cette lutte se déroule désormais non plus sur le terrain détestable de la compassion humaniste mais sur celui de la lutte des classes, et que la CNT, en dépit de ses faibles moyens, y est pleinement engagée.

Étienne, juriste auprès du syndicat du Nettoyage. Bernard (ex-santé-social-rp)

P.-S.

Situation au 23 mai 2011 : sur les trente salariés de la société ISS qui ont maintenu leur demande de régularisation, vingt-six ont désormais obtenu un titre de séjour et ont repris leur travail. Deux camarades se sont vus opposer un OQTF et deux autres attendent encore une réponse.

Partager cet article
Repost0
18 août 2011 4 18 /08 /août /2011 09:18
De nombreuses petites unités de production dans la région valentinoiset reusinent  et vérifient des pièces importées produites dans l'usine monde.La solidarité entre les ouvriers est essentielle pour résister note d'un syndicaliste du collectif laboratoire .
Communiqué de presse de la CGT PSA Aulnay
12/07/2011

Avec plus de 1 860 000 véhicules vendus, PSA annonce que ses ventes sont au plus haut. Le record historique du 1er semestre 2010 vient d’être battu.
Dans le détail, PSA augmente même ses ventes de véhicules montés de 2,1 %.
PSA est donc un constructeur automobile en très grande santé financière où les actionnaires se portent très bien. PSA  n'a aucun problème de trésorerie, fait bénéfice sur bénéfice, accumule record de ventes sur record de ventes.
Il est nécessaire de rappeler que le groupe a passé la crise sans avoir à puiser dans ses immenses ressources financières grâce aux subventions publiques de toutes sortes.
PSA a véritablement été inondé d'argent public avec en contrepartie l'engagement de ne pas fermer de site en France.
Pour la CGT, il n'y a donc vraiment aucune raison pour que PSA maintienne son plan de fermeture  de trois sites de production, ciblés dans les documents révélés par la CGT et Mediapart.
PSA n'a donc aucune raison valable de ne pas s'engager à travers un accord écrit devant le gouvernement et les syndicats à maintenir tous les emplois au moins jusqu'en 2016.
Pour la CGT, en répartissant les productions entre les sites du groupe, PSA a largement les moyens d'assurer du travail pour l'ensemble de ses salariés en France comme en Europe.
C'est le message que les 1 100 salariés de PSA Aulnay ont envoyé à la direction en débrayant massivement le 7 juillet dernier avant la période des congés ainsi que les salariés de la Région du Nord Pas de Calais en manifestant à Valenciennes.
L'ensemble des salariés se sont donnés rendez vous en septembre.

Partager cet article
Repost0
17 août 2011 3 17 /08 /août /2011 21:16

peut être quelqu'une et quelqu'un a pris l'avion dernièrement pour visiter des familiers....l'histoire qui suit est essentielle

Les IWW ne partagent pas les mêmes idées que Michael Moore sur les solutions à apporter à la crise du capitalisme, ni sur le fait que la cause actuelle de cette crise soit la « recherche du profit ». Pour nous, le problème est le capitalisme lui-même, et la véritable solution à long terme réside dans l’abolition du salariat et l’instauration d’une démocratie directe dans toutes les sphères de la société, y compris dans l’économie. Mais la problématique soulevée ici par le polémiste américain illustre bien la phase d’appauvrissement que traversent présentement les travailleurs et travailleuses.

Interdiction de prendre un arrêt maladie. Des salaires au lance pierre qui les contraignent à faire appel aux services d’aide alimentaire. Un deuxième job chez Starbucks pour boucler les fins de mois. Invité en cabine par les pilotes lors d’un vol intérieur aux USA, Michael Moore raconte la face cachée du rêve américain.

 

Michael Moore, traduction ContreInfo

Nous entamions notre descente d’une altitude de 6000 mètres lorsque l’hôtesse de l’air s’est penchée au dessus de ma voisine, une dame âgée, pour me tapoter sur l’épaule.

« J’écoute Lady Gaga, » lui dis-je, tout en retirant mes écouteurs. Je ne connaissais pas cette Lady Gaga, mais sa performance la semaine dernière à la TV était fascinante.

« Les pilotes voudraient vous voir dans la cabine de pilotage lorsque nous débarquerons, » me dit-elle avec l’accent du sud.

« J’ai fait quelque chose de mal ? »

« Non, ils ont quelque chose à vous montrer. » (La dernière fois qu’une employée de compagnie aérienne a voulu me montrer quelque chose c’était une lettre de réprimande reçue pour avoir mangé un plateau-repas sans le payer. « Eh Oui… » m’avait-elle dit, « nous devons désormais payer pour nos repas pris à bord ».)

L’avion a atterri et je suis entré dans le cockpit. « Lisez ceci, » me dit le commandant de bord. Il me remet alors un courier reçu de la compagnie aérienne, intitulé « lettre d’avertissement ». Ce pauvre gars avait pris trois jours d’arrêt maladie cette année, semble-t-il. Cette lettre l’avertissait de ne pas en prendre d’autre.

« Super », lui dis-je. « C’est tout ce que je veux ! Vous venez travailler en étant malade, m’emmenez dans les airs, puis me demandez d’emprunter le sachet à vomi accroché au dos du siège… »

Il me montre alors sa feuille de paie. Il a ramené 405 dollars à la maison cette semaine. Ma vie était entièrement entre ses mains depuis une heure et il est moins payé que le gamin qui me livre des pizzas.

Je leur ai dit que toute une partie de mon dernier film était consacrée à la façon dont les pilotes sont traités (montrant à travers cet exemple comment les salaires ont été sabrés et la classe moyenne décimée). Dans le film, je rencontre un pilote d’une grande compagnie aérienne qui n’a gagné que $17 000 l’an dernier. Durant quatre mois, ses revenus étaient si bas qu’il pouvait bénéficier du programme de coupons d’aide alimentaire – et en a obtenu. Dans le film, il y a un autre pilote qui a un deuxième emploi de « promeneur de chien ».

« J’ai un deuxième emploi ! », se sont exclamés à l’unisson les deux pilotes. L’un fait des remplacements d’enseignants. L’autre travaille dans un café. C’est peut-être une de mes lubies, mais il y a deux professions dont les membres ne devraient pas s’embarrasser d’un deuxième emploi : les chirurgiens du cerveau et les pilotes d’avion. C’est fou.

Je leur ai raconté comment le commandant de bord « Sully » Sullenberger (celui qui a posé sans problème un avion de ligne dans la rivière Hudson) avait témoigné au Congrès qu’aucun pilote parmi ses relations ne veut que leurs enfants fassent ce métier. Les pilotes sont complètement démoralisés, a-t-il déclaré. Il a expliqué comment son salaire avait été réduit de 40% et son fond de retraite supprimé. La plupart des journaux TV n’ont pas rapporté ses déclarations et les parlementaires les ont rapidement oubliées. Ils voulaient simplement lui voir tenir le rôle de « héros ». Mais lui, était investi d’une mission plus importante. Il est présent dans mon film.

« Je n’ai entendu parler nulle part de ces choses au sujet des compagnies aériennes dans ce nouveau film, » m’a dit le pilote.

« Non, vous ne pouviez pas, lui ai-je répondu. « La presse aime bien parler de moi, mais pas du film. »

Et c’est vrai. J’ai été surpris (et un peu irrité) qu’avec tout ce qui a été dit et écrit au sujet de « Capitalisme : une Histoire d’Amour, » on se soit si peu intéressé à ce qu’il contenait d’ahurissant : les pilotes utilisant des coupons alimentaires, les entreprises qui souscrivent en secret des polices d’assurance-vie sur leurs employés en espérant qu’ils meurent jeunes afin qu’elles puissent en bénéficier, des juges percevant des commissions occultes des prisons privées en y envoyant des innocents (des gamins). La recherche du profit est assassine.

Et tout spécialement quand votre pilote a commencé sa journée de travail à 6h du matin au Starbucks du coin.

Partager cet article
Repost0
17 août 2011 3 17 /08 /août /2011 21:07

Des wobblies de San Francisco agissent contre l’intimidation de Starbucks

San Francisco – Le vendredi 29 juillet, des membres des Industrial Workers of the World ont investi le quartier des affaires dans le cadre de la campagne d’action mondiale contre l’intimidation anti-syndicale de la compagnie Starbucks, suivant ainsi l’exemple inspirant des travailleurs syndiqués de Starbucks en grève au Chili.

L’équipe de tractage wobbly a parlé à plus de 50 travailleurs de Starbucks et à plus de 500 clients. Tous étaient consternés d’apprendre les conditions de travail misérables des employés chiliens ainsi que l’intimidation anti-syndicale de Starbucks à New York. Ils ont aussi été surpris, mais intéressés, de savoir qu’en plus du Sindicato de Trabajadores de Starbucks au Chili (le syndicat des employés de Starbucks au Chili), les employés en Amérique du Nord se sont organisés dans l’IWW, dont les militant-e-s se inspirent la solidarité sur les lieux de travail et se battent pour de meilleures conditions de travail dans tous les Starbucks du monde.

Après avoir pris connaissance du récent licenciement de la syndicaliste Tiffany White-Thomas et des lamentables conditions des travailleurs Chiliens, plusieurs client-e-s ont affirmé qu’ils n’achèteraient plus de café chez Starbuck. De nombreux et nombreuses client-e-s ont aussi déclaré qu’ils appelleraient Starbucks pour leur signifier que les actions d’intimidation anti-syndicale n’était pas acceptable et qu’ils et elles soutiennent la lutte des employé-e-s de Starbucks aux Etats-Unis et à l’étranger.

Source: SITT IWW Montreal, 08 août 2011

 

Partager cet article
Repost0

Articles RÉCents

Agenda

    dimanche 30 juin

15h à 16 h

accueil de familles de prionnier-e-s

discussion , infos et peites recettes

pour les proches de détenu(E)s...

- aides juridique

-participation à l'émission de radio Mega

du 22 juillet