Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Présentation

  • : le blog lelaboratoire
  • : Le blog du laboratoire anarchiste est un blog actif a propos de l'actualité sociale
  • Contact

Pour nous contacter

Le laboratoire Anarchiste
8 Place st Jean
26000 Valence

envoyer vos suggestion

sur:

new:c.l-v@hotmail.fr

rappel envoie aucun message à

le laboratoire@no-log.org


 


Bibliothéque  de prêt

infokiosques
le mercredi de  16h30 - 19h

Accueil/infos SIAD-AIT
vendredi toutes les deux semaines

de  17h30à19h

Emission radio Labo
sur radio Mega
99.2FM
lundi en direct
18h15 - 19h
rediffusion:
jeudi de 9h à  9h 45
http://radio-mega.com
04 75 44 16 15

Recherche

Texte Libre

La tyrannie la plus redoutable n'est pas celle qui prend figure d'arbitraire, c'est celle qui nous vient couverte du masque de la légalité." Albert Libertad

Archives

le blog du laboratoire anarchiste

File:Wooden Shoe.svg
17 février 2011 4 17 /02 /février /2011 22:34
URGENCE LOGEMENT : Réquisition citoyenne au 31 (BB) rue de Fontanières à 
Villeurbanne

A l'heure ou près de 4 millions de personnes en France sont considérés
comme « mal

logées » et où chaque jour des gens meurent dans nos rues. des millions de
M² de

bâtiments sont vides, habitables souvent, et au moins disponibles pour des
activités diverses.


Les estimations : 40 millions de m2 de bureaux vides, 3 millions de
résidences

secondaires vides 11 mois sur 12, des friches industrielles, des bâtiments
abandonnés, etc .

La loi permet pourtant la réquisition, mais l'état et les propriétaires ne le
font

pas, et pire : expulsent, barricadent des bâtiments vides en les murant, les
piégeant, les sabotant.

Devant cette situation insupportable, des réquisitions citoyennes ont lieu :
occuper

des bâtiments vides devient une nécessité pour un nombre croissant de
personnes, que

ce soit pour se loger ou pour d'autres raisons légitimes (exemple des friches
artistiques, des ateliers vélos, des locaux de répétitions, d'enregistrements,
etc)


C'est le cas du 31 BB, rue de Fontanières 69100 Villeurbanne, maison
réquisitionnée

(vide depuis 2007) par et pour des personnes à la rue aidées d'amis solidaires, en
recherche urgente d'un toit sur la tête avant tout, pour parer au froid glacial
de
cet hiver, pour survivre !

Des familles, des enfants en bas âges, au total 10 personnes logées
provisoirement,

en proie aux représailles potentielles des propriétaires et de la police, sans
parler des attaques racistes potentielles (dernièrement, sous un préau, des
familles

Rroms ont été aspergés d'essence pendant leur sommeil et brulés. pas de
morts mais

ça donne une idée des dangers)

Que devient le droit au logement face au droit à la propriété privée? Face au
droit

de posséder des bâtiments entiers, habitables et vides ?

. Nous, individus et associations/collectifs, nous déclarons solidaire des
habitants

bénéficiant de cette réquisition citoyenne et actifs dans la vie du lieu pour le
protéger, aider à le meubler, envisager des activités dans les parties
communes du

bâtiment, aider par nos réseaux à préparer et financer les poursuites
judiciaires,

les négociations avec les propriétaires, la scolarisation d'enfants qui ne
le sont
pas, et tant d'autres choses.

. Nous, individus et associations/collectifs solidaires, nous déclarons
déterminés à

tout mettre en ouvre pour faire reconnaitre la réquisition comme une
nécessité

vitale, un droit ici et ailleurs; et que si l'Etat ne le fait pas, c'est à chacun
d'entre nous de prendre ses responsabilités, et de les assumer !

Nous avons choisi de prendre les nôtres, et nous assumons ouvertement en
signant

cette déclaration notre solidarité avec le 31 et tous les actes de réquisitions
passés, en cours et à venir

Pour nous contacter :

collectifdu31bb@gmail.com

09 81 21 77 35

31 BB rue de Fontanières 69100 Villeurbanne

www.collectifdu31bb.wordpress.com
Partager cet article
Repost0
16 février 2011 3 16 /02 /février /2011 14:40
Sous prétexte d'échanges culturels, le gouvernement et l'industrie

militaire français participent activement à la guerre menée contre les

peuples du Mexique.
En octobre 2010 on a reçu au LaboratoirePauline pour
son livre

¡ Duro Compañer@s !Oaxaca 2006 : Récits d'une insurrection
mexicaine
le collectif libertaire est fortement investie dans la lutte

des peuples du Mexique

C'est dans l'annuaire de la ville de Toulouse : 2011 sera
« l'année du Mexique en France ». Certes, les
organisateurs du festival/ Río Loco/ n'ont pas trop le sens de
l'orientation, puisqu'ils situent le pays d'Emiliano Zapata et Amparo
Ochoa... en Amérique du Sud. Mais gageons que les multiples et
coûteuses « rencontres culturelles », à Toulouse et un
peu partout en France, sauront leur ouvrir un peu les yeux sur la
géographie. Et sur quelques autres réalités. Ils auront notamment
tout loisir de découvrir les généreux mécènes de cette belle
aventure. Pour la France, il s'agit du groupe militaro-industriel
(pardon, de « sécurité-défense ») Safran. Pour le
Mexique, aux côtés de l'organisation para-gouvernementale
« Pro México », il feront connaissance avec Miguel
Alemán Velasco. Un inquiétant personnage, sur lequel nous
reviendrons. Il leur faudra auparavant tenter de comprendre dans quel
contexte les deux grands hommes qui président aux destinées de nos
pays ont décidé de renforcer ainsi les « relations
bilatérales » franco-mexicaines. S'agit-il de relancer une
vieille amitié, celle qui puise toute sa force dans la célèbre
lettre de Victor Hugo aux habitants de Puebla 1 <>
http://lettres.ac-rouen.fr/francais/dernier/tapner1.htm


*Que se passe-t-il au Mexique ?*

Le dernier supplément de/ La Jornada/ sur les peuples
indigènes,/* Ojarasca*/ /*2*/ <>
,
publie un article écrit en 1914 par le grand reporter
nord-américain John Reed, et intitulé « Que se passe-t-il au
Mexique ». L'auteur y proposait à ses compatriotes une fine
analyse des causes et de l'ampleur réelle de la révolution qui
était en train de se dérouler dans le pays, ignoré et stupidement
méprisé par une majorité de « gringos ».

Les nouvelles qui aujourd'hui parviennent de temps à autre à
percer l'épaisse complicité des grands médias sont des plus
alarmantes. Plus de 15 000 morts en 2010, tombés sous les coups de
ce que l'on essaie de faire passer pour une « guerre contre
le crime organisé ». Corps décapités ou calcinés,
fosses communes, affrontements à l'arme lourde, enlèvements, rien
ne manque au tableau...

La question posée par Reed est plus que jamais
d'actualité.

Car, au-delà du sensationnel, de l'insupportable répétition
des tragédies et des discours officiels sur la « guerre
contre le narcotrafic », ce sont bel et bien les classes
populaires qui paient le prix fort. A côté des jeunes chômeurs,
marginaux ou militaires embauchés par les gros bonnets de la drogue
pour escorter les chargements illicites et disputer le terrain aux
gangs concurrents, les principales victimes de cette sale guerre sont
ces ouvrières des maquiladoras 3 <>
, violées et
mutilées à Ciudad Juarez 4 <>
(Chihuahua). Ces paysans
abattus au bord d'un chemin au Guerrero. Ces villageois indigènes
encerclés par des groupes paramilitaires, comme à San Juan Copala
(Oaxaca). Ces responsables des biens communaux enlevés et
assassinés à Santa María Ostula (Michoacan). Ces milliers de
migrants mexicains ou centre-américains, cibles eux aussi de la
violence dans leurs pays et régions d'origine, persécutés,
rançonnés, massacrés, tant par les membres de la police mexicaine
que par les gangsters des cartels... Sans oublier, enfin,
l'implacable
et multiforme guerre de basse intensité menée contre les
communautés zapatistes en résistance, dans les montagnes et les
forêts du Chiapas.

*L'objectif de ce « nettoyage
ethnico-social »* est purement et simplement de terroriser les
secteurs de la population faisant encore obstacle aux changements
programmés de l'usage des sols, d'obtenir l'expulsion massive de ce
qui reste de paysans pratiquant l'agriculture d'auto-subsistance.
Ceux-ci doivent céder la place aux exploitations agro-industrielles,
consacrées aux monocultures d'exportation ou à l'alimentation à
bas coût/ 5/ <>
de populations de plus en plus
urbanisées et dépendantes. Ou bien, il s'agit de développer les
méga-projets énergétiques (barrages 6 <>
,
gigantesques « fermes » éoliennes, mines à ciel
ouvert), les immenses complexes touristiques, la prospection et
l'exploitation des ressources de la biodiversité naturelle, etc. En
un mot, faciliter le passage du rouleau compresseur industriel et
financier, de la « barbarie du progrès ».

L'ennui, pour les dirigeants mexicains qui se succèdent, à la
tête du gouvernement fédéral comme dans chacun des 32 états du
pays, bien disposés à continuer de vendre au plus offrant les
richesses naturelles et humaines à une économie mondiale se ruant
sur ce qui reste à ronger de l'os planétaire, c'est qu'une partie
encore significative de la population traîne les pieds. Ou pis
encore, elle refuse obstinément de quitter la terre et la vie qui va
avec : une large autonomie, une solidarité concrète entre les
individus, le partage d'une culture riche et vivante, l'organisation
régulière de fêtes et la manifestation réitérée de l'envie
de demeurer ensemble malgré la pauvreté. Ce refus s'appuie sur des
pratiques anciennes d'organisation communautaire, indépendante des
partis politiques, de leurs man¦uvres -souvent criminelles- de
division et de domination. C'est bien là que se trouve la principale
explication à cette guerre sans fin. Celle qui ensanglante un pays
dont les régions à majorité indigène subissent depuis
plusieurs décennies une véritable occupation militaire. Les
villes, dont les quartiers populaires se sont eux aussi organisés
-et même soulevés contre le pouvoir régional, comme à Oaxaca 7 <>
en 2006-, sont elles aussi la cible de cette
militarisation et d'une omniprésence policière, facteurs de
violence et d'insécurité. Des villages et des/ ejidos// 8/ <>
comme ceux de San Salvador Atenco, dans la
grande banlieue de Mexico, qui ont refusé catégoriquement
l'expropriation et la transformation de leurs champs en pistes
d'aéroport, ont également payé le prix fort en terme d'agressions
policières, d'arrestations massives, de tortures et de viols. Mais
la résistance de tout un peuple est là, multiforme, quoique
savamment ignorée et dissimulée par une presse aux ordres 9 <>
.

*2011, année de tous les dangers.*

2010 s'est achevée pour les Mexicains, au milieu des cortèges
sinistres de meurtres en tous genres 10 <>
, par la
curieuse et rocambolesque « libération » de Diego
Fernandez de Ceballos, millionnaire et dirigeant du PAN,
propriétaire de vastes haciendas dans l'État du Querétaro.
Celui-ci aurait été enlevé et détenu pendant plus de 7 mois
par un groupe mystérieux, dont les communiqués singeaient mal une
phraséologie de guérilléros. Et c'est finalement l'EZLN qui sera
mise en cause par les déclarations d'un pseudo
« repenti ». L'agence de presse EFE fera faire le tour du
monde à cette grossière manipulation, sans publier par la suite
aucun des démentis et protestations de la part des nombreux
individus et associations qui savent que les zapatistes n'ont jamais
eu recours à de telles méthodes.

*« L' année du Mexique en France »*

C'est donc dans ce contexte quelque peu sinistre que débute la
vaste opération publicitaire, comprenant selon les organisateurs,
plus de 200 manifestations, allant du Salon du Bourget au Festival de
Cannes 11 <>
, de l'année du Mexique en France. Avex la
culture comme cerise sur un gâteau peu reluisant, quoique
juteux...

Comme il est écrit plus haut, le « Président »
de l'« année du Mexique en France » est, pour le
Mexique, Miguel Alemán Velasco . Fils du président de la
république fédérale Miguel Alemán Valdés, ex-gouverneur de
l'État de Veracruz , ce monsieur a fait l'objet de nombreuses
accusations de corruption et de détournement des biens publics,
ainsi que pour les liens qu'il aurait entretenus avec les
organisations criminelles du narco-trafic 12 <>
(le/
Cartel del Golfo/ et les/ Zetas/, tueurs encadrés par
d'ex-militaires des forces spéciales mexicaines, se sont
considérablement renforcés sous son mandat).

Pour le Gouvernement mexicain, cette série de manifestations
vise de toute évidence à tenter de gommer l'image désastreuse
laissée par tant de violence, à masquer la recrudescence actuelle
des opérations militaires et paramilitaires.

Il s'agit en même temps, probablement, de relancer la promotion
touristique. Cette activité, accompagnée de méthodes d'expulsion
violente des habitants « primitifs » des lieux
convoités et du blanchiment de l'argent favorisé par les
opérations immobilières de grande ampleur, est un des secteurs d'
« avenir » pour les satrapes qui contrôlent le pays.
Mais il y a plus grave...

Du côté français, en effet, la présidence de l'
« année du Mexique » a été confiée au Président
du Groupe Safran, J. Paul Herteman. Et le « choix » de
cette entreprise, spécialisée dans la « défense »
et la « sécurité », le matériel militaire de haute
technologie (« armement du futur » pour fantassin,
moteurs et équipements d'avions et hélicoptères de combat,
matériels de détection, d'identification et de contrôle
biométrique 13 <>
...) n'est pas anodin. Safran est
présent au Mexique depuis 20 ans, et a semble-t-il équipé des
unités de la police et de l'armée du pays en matériels
sophistiqués. Lorsque Madame Alliot Marie, ministre du président
Sarkozy, déclare par exemple à l'Assemblée Nationale que le
gouvernement français projette l'envoi de policiers pour aider le
dictateur Ben Ali à mater les manifestations de la population
tunisienne, elle ne parle pas en l'air, et s'appuie sur de solides
précédents : des hommes du RAID se trouvaient déjà dans le
sud-est mexicain, au Chiapas, en 1999...Leur mission ? former des
policiers mexicains aux opérations commandos... Depuis des années,
de nombreuses « formations » ont été effectuées
dans le cadre de tels accords de coopération 14 <>
.
C'est que, comme l'a déclaré au journal El Universal l'attaché
« sécurité » de l'ambassade de France à Mexico,
notre pays a vécu des « événements terroristes
comparables à ce que le narcoterrorisme fait subir au Mexique »

15 <>
.

Le groupe Safran a inauguré construit deux usines à
Querétaro (le fief de Fernández de Ceballos, le politicien
« enlevé » et « libéré » en décembre
dernier). Les conditions de ces nouvelles installations ont été
royales : terrains cédés, etc...

Enfin, le fils de Miguel Alemán dirige une compagnie
d'aviation/ low cost/, Interjet. Cette entreprise a acheté une
quinzaine d'Airbus, et participe, avec EADS et ...Safran, à
l'expérimentation d'un nouveau « bio kérosène »,
fabriqué notamment à partir de salicorne. Voilà qui est bon pour
l'image d'une aviation dont les émissions de gaz à effet de serre
croissent de 5% par an. Mais les pêcheurs et les populations
indigènes de l'État du Sonora, où l'on projette de cultiver
massivement ces plantes, ne seraient peut-être pas tout à fait de
cet avis, s'ils étaient consultés.

L'année du Mexique en France est donc, avant tout, une
entreprise de manipulation. Elle vise à camoufler la situation dans
ce pays, à justifier la participation aux violences exercées
contre sa population, et à légitimer le pillage de ses ressources.
En outre, le choix et la banalisation de tels sponsors témoignent
d'une militarisation croissante de nos deux sociétés.

*Une autre année du Mexique ?*.

Il est extrêmement attristant de voir qu'en même temps que
certaines municipalités, des associations engagées dans
l'organisation de manifestations culturelles, et naguère plus
« militantes », se déclarent ravies de participer à
cette funèbre mascarade... Ignorance totale de ce que recèlent ces
montages onéreux, opérés, comme le rappelait un ami Mexicain,
sur le dos de nos deux populations ? Complaisance liée à des
subventions et autres avantages ?

Il est en tout cas encore temps, pour beaucoup, de réagir et
sortir de ces compromissions. Les individus, groupes et associations
désireux de découvrir la culture, les résistances et les
réalisations de l'Autre Mexique, celui d'en bas à gauche, des
quartiers populaires et des communautés indigènes et paysannes,
savent qu'il est possible de construire, non pas seulement au cours
de
cette année, de véritables rencontres et échanges avec le pays
de Frida Kahlo et Juan Rulfo.

Janvier 2011 ­ Jean-Pierre Petit-Gras

1 <>
« Habitants de Puebla (...) vous avez
raison de croire que je suis avec vous. Ce n'est pas la France qui
vous fait la guerre, c'est l'empire... ».
Ainsi s'exprimait Victor Hugo dans sa lettre aux défenseurs
de la ville de Puebla, attaquée par les troupes de Napoléon III.
Le 5 mai 1862, les soldats mexicains, en grande partie indiens des
montagnes voisines, mirent en déroute les représentants de la
« meilleure armée du monde ».

2 <>
Numéro de janvier 2011 -
http://www.jornada.unam.mx/2011/01/15/ojaportada.html

3 <http://www.jornada.unam.mx/2011/01/15/ojaportada.html>
Usines de montage de produits textiles,
électroniques ou informatiques, dont les employés surexploités,
presque toujours des femmes, n'ont quasiment aucun droit.

A Ciudad Juarez, des croix en bois rendent hommage aux victimes sur le lieu où leurs corps ont été retrouvé

A Ciudad Juarez, des croix en bois rendent hommage aux victimes sur le lieu où leurs corps ont été retrouvé



/http://www.courrierinternational.com/article/2009/05/06/
filles-en-danger-a-ciudad-juarez/.

Pour 2010, la journaliste Gloria
Partager cet article
Repost0
16 février 2011 3 16 /02 /février /2011 11:36

 

On publie ce texte , on a des photos dans le dossier transmis au laboratoire, le danger que représente les Nazis lyonnais.

Soixante cinq ans après la Libération de Lyon, nombreuses sont dans la ville les traces de cette

histoire douloureuse et héroïque des années sombres. C'est pourquoi, en 2010, le Centre d'Histoire

de la Résistance et de la Déportation a mis en ligne une carte très particulière. Elle cartographie les

traces de la terreur nazi mais aussi de la Résistance (lieux, évènements) :

www.carto2.lyon.fr/1939-1945/bg/config/lyon/

Le but étant de rendre l'histoire concrète pour les Lyonnais, de provoquer des réactions du type « cela s'est passé près de chez moi »... Malheureusement, à quelques pas de l'ancien local de la Gestapo avenue Bertelot (où des milliers d'hommes et de femmes ont été brutalisé-e-s, torturé-e-s, exécuté-e-s), un nouveau lieu d'actualité est dorénavant à ajouter à cette cartographie de l'absurdité nazie.

Lyon Dissident / Bunker Korps Lyon / Blood & Honour Lugdunum

En effet, début 2010, des néo-nazis ont ouvert un local « culturel » (sic!), nommé « Le Bunker Korps

Lyon / Lyon Dissident » ( http://www.lyondissident.org), au fond de l'impasse de l'Asphalte dans le 7ème

arrondissement de Lyon (impasse perpendiculaire à la rue de Gerland à la hauteur du numéro 22), pour

promouvoir leur idéologie « White Power » et appeler à la « guerre raciale ». Les individus animant se

local mettent en avant des convictions patriotiques, voir nationalistes tout en se défendant d'être

assimilables à l'extrême-droite comme ils l'avancent sur leur blog. Les activités du local se concentrent

autour de l'organisation de concerts et de soirées « d'avant-match » précédent les matchs de l'OL à

domicile. Les groupes invités à jouer représentent la fine fleur de la scène « RAC » (Rock Against

Communism1). Ce lieu de part sa structure permet un bon nombre d’activités. Ainsi y sont projetés les

matchs de l’Olympique Lyonnais pour les IDS (interdit de stade), mais s’y produisent aussi des

entrainements de freefight, des repas, des anniversaires, des évènements pour récolter de l’argent

kermesse) ou des ventes de vêtements (affiches sur leur blog ou en annexe).

Pour autant leur activité favorite est le salut nazi accompagné de la formule

Heil Hitler » (voir la fin de cette vidéo pris lors d'un concert du groupe match

retour en avril 2010) :

http://www.myvideo.de/watch/7472315/I_S_D_o9_Lyon_Frankreich

Pour autant leur activité favorite est le salut nazi accompagné de la formule

«Heil Hitler » (voir la fin de cette vidéo pris lors d'un concert du groupe match

retour en avril 2010) :

http://www.myvideo.de/watch/7472315/I_S_D_o9_Lyon_Frankreich

Ce local est loué à des privés par l'association ROCK'N'GONES. Cette

association utilise comme paravent le nom LYON-DISSIDENT dans ses

communications et pour son site internet (dont le nom de domaine a

été acheté par un certain Théo Genin). LYON-DISSIDENT s'était fait

connaître du grand public pour avoir tenté d'organiser un concert néonazi

le 15 novembre 2008 à Vaise, mais annulé suite à une campagne

d'information (http://rebellyon.info/Pas-de-concert-neo-nazi-ni-a-

Lyon.html)

La charmante association ROCK'N'GONES est présidée par Renaud MANNHEIM, déjà bien connu des

services de police pour avoir notamment organisé un concert RAC en octobre 2009 à proximité de Lyon

qui avait réunit près de 150 néo-nazis dont certains originaires d'Italie, de Suisse et d'Allemagne

(cf.annexe).

Le trésorier de cette association, José MAGALHAES, a déjà fait parlé de lui pour son implication dans

une agression raciste courageuse à dix conte deux (un magrébin et un asiatique) sur le quai Saint Vincent

à Lyon 1er une nuit de juillet 2005. Il était en compagnie de joyeux spécimens, comme

Danny GENTILHOMME (avec à son palmarès plusieurs condamnations à des

peines de prison et d'interdiction de stade pour des ratonnades).

C'est ainsi que, depuis avril 2010 de nombreux concerts sont organisés dans ce local, avec des groupes de

1 http://fr.wikipedia.org/wiki/Rock_anticommuniste

Pour autant leur activité favorite est le salut nazi accompagné de la formule

«Heil Hitler » (voir la fin de cette vidéo pris lors d'un concert du groupe match

retour en avril 2010) :

http://www.myvideo.de/watch/7472315/I_S_D_o9_Lyon_Frankreich

Ce local est loué à des privés par l'association ROCK'N'GONES. Cette

association utilise comme paravent le nom LYON-DISSIDENT dans ses

communications et pour son site internet (dont le nom de domaine a

été acheté par un certain Théo Genin). LYON-DISSIDENT s'était fait

connaître du grand public pour avoir tenté d'organiser un concert néonazi

le 15 novembre 2008 à Vaise, mais annulé suite à une campagne

d'information (http://rebellyon.info/Pas-de-concert-neo-nazi-ni-a-

Lyon.html)

La charmante association ROCK'N'GONES est présidée par Renaud MANNHEIM, déjà bien connu des

services de police pour avoir notamment organisé un concert RAC en octobre 2009 à proximité de Lyon

qui avait réunit près de 150 néo-nazis dont certains originaires d'Italie, de Suisse et d'Allemagne

(cf.annexe).

Le trésorier de cette association, José MAGALHAES, a déjà fait parlé de lui pour son implication dans

une agression raciste courageuse à dix conte deux (un magrébin et un asiatique) sur le quai Saint Vincent

à Lyon 1er une nuit de juillet 2005. Il était en compagnie de joyeux spécimens, comme

Danny GENTILHOMME (avec à son palmarès plusieurs condamnations à des

peines de prison et d'interdiction de stade pour des ratonnades).

C'est ainsi que, depuis avril 2010 de nombreux concerts sont organisés dans ce local, avec des groupes de

1 http://fr.wikipedia.org/wiki/Rock_anticommuniste

la mouvance néo-nazie (voir affiches et liens en annexe). Pourtant, sur le site de LYON-DISSIDENT, le

leader Renaud MANNHEIM dément tout rapprochement avec le milieu néo-nazi et se targue de défendre

un patriotisme académique...

Pour le détail on note que le numéro de téléphone indiqué sur les affiches/flyers de LYON-DISSIDENT est

le même que sur certains anciens flyers du Blood & Honour Lugdunum, ainsi que son adresse mail

personnelle m atchretour @ yahoo.fr . Et à qui est attribué ce numéro de téléphone ? A Renaud MANNHEIM

bien sûr ! De plus si l'on fait une recherche sur le site facebook à l'aide de cette adresse mail

(matchretour@yahoo.fr), on découvre le profil virtuel de Mr Mannheim.

À gauche une affiche annonçant une kermesse au local Lyon Dissident en juillet 2010, à droite une

affiche pour un concert commémoratif en l'honneur de Iann Stuart Donalson, fondateur du groupuscule

Blood & Honour mort en 1994 dans un accident de voiture.

Les amitiés de Lyon Dissident

C'est au travers de ce communiqué que les militants néo-nazis

lyonnais ont officialisé leur coopération avec « Le Local » parisien et

la « Vlaams Huis » lilloise. « Le Local » n'est pas tenu par n'importe

qui, puisqu'il s'agit d'une figure de l'extrême-droite radicale (et néonazie)

: Serge Ayoub2. Politiquement, le peut de discrétion de ses

compagnons lyonnais devraient grandement l'agacer, lui qui fait tout

pour lisser son image et laisser au passé ses années

« batskin » (surnom qui lui colle toujours à la peau) et ratonnades.

http://lelocal92.over-blog.com

http://www.3emevoie.org

http://www.vlaams-huis.com

2 http://droites-extremes.blog.lemonde.fr/2010/10/09/les-projets-syndicaux-dun-ancien-chef-skinhead

http://droites-extremes.blog.lemonde.fr/2010/04/13/lextreme-droite-radicale-tente-une-sortie-sur-le-socialle-

9-mai/

L'agitation lors de la manifestation anti-raciste du 10 avril : Hooligans, Mouvance Identitaire et

Néo - Nazie

On retrouve sur cette photo le surnommé « joebar» guitariste du groupe Match Retour : Le jeune

homme avec une casquette et un blouson kaki type « bomber » tout à gauche de cette photo. Il fut

arrêté également lors du rassemblement hooligans/extrême-droite du 22 octobre dernier venu « chasser les casseurs ».

Kiss-in à Saint-Jean, 18 Mai 2010:

Lors d'un rassemblement organisé par un ensemble d'associations gay et lesbiennes dans le

quartier Saint-Jean sur le parvis de l'église, l'extrême-droite a voulu se faire passer pour les défenseurs de l'Eglise Catholique au crie de « cathophobie ça suffit !».

Mais on a pu y retrouver là encore, des hooligans et la mouvance néo-nazie, représentée là encore, comme le montre la photo ci-dessus, par « joebar », en retrait derrière l'individu levant lesdeux bras sur la photo de droite.

Pour l'occasion de nombreux hooligans interdits de stade se sont voulus défenseurs de l'ordre et
auxiliaires de police. Les mêmes qui affectionnent le slogan « ACAB » (pour All Cops Are Bastards) en
le portant sur t-shirts ou tatouages.
L'individu marqué d'un cercle rouge n'est autre
que Mr Renaud MANNHEIM, président de
l'association Rock ' N ' Gones.
Manifestation du 9 mai 2010 à Paris :
Lors de l'habituelle commémoration pour Sébastient Dezieu ( http://www.c9m.net/index2.html /
http://www.3emevoie.org/c9m/ ), On a pu voir 2 grouspuscules néo-nazis dévoiler leur alliance :
d'un côté le Blood & Honour Lugdunum / Lyon Dissident / Bunker Korps Lyon et le Radikal Korps
(Blood & Honour de Franche Comté) et défiler à Paris.
Radikal Korps avec le drapeau à gauche et Bunker Korps Lyon avec le drapeau de lyon à
droite, unis et présents par la poignée de main pour Sébastien Deyzieu. On retrouve sur ces
photos l'homme qui est partout : « joebar », toujours avec sa casquette et son bomber de
marque scholt couleur kaki. A noter que la tête de mort utilisée pour leur « bâche » n'est pas
anodine : il s'agit de la Totenkopf, emblême des SS ayant en charge l'encadrement des
camps de concentration et d'extermination.

Lyon Dissident et le milieu hooligan lyonnais
Le stade de Gerland a toujours été un vivier pour l'extrême-droite. Ont peu voir ici des photomontages
du très connu club de supporters Bad Gones 1987. Ces montages datent du début du
groupe . De nos jours le groupe de part son institutionalisation s'est quelque peu assagit.
Suite à cet assagissement des Bad Gones, les hooligans et les éléments les plus politiques du virage nord migreront en
partie au virage sud pour aller grossir les rangs des supporters « indépendants » et hooligans. A notre connaissance
plusieurs membres du B&H lugdunum sont des habitués des Bad Gones, des proches des « anciens » et fondateurs du groupe de supporter pour beaucoup marqués par un fervant nationalisme. Ces 5 dernières années, la mouvance « indep' » et hooligan a pris une non négligeable importance, notamment chez les jeunes supporters. Même si tout hooligan n'est pas un néo-nazi, bon nombre de « hools » lyonnais sont, au minima, nationalistes. Une tendance idéologique ayant jusqu'à présent fait le bonheur de la mouvance identitaire locale « rebeyne! », leur servant surtout de gros bras si besoin comme en novembre 2004 place des jacobins à Lyon3. Bon nombre de troubles ou d'agressions (voir en annexe l'appel de la manifestation anti-raciste du 10 avril 2010) sur Lyon ces 3 dernières années sont le fait de jeunes hooligans, notamment l'auto-proclamée « Section Saint-Jean » menée par Mr Jonathan Chatain dit « malko », 22 ans, interdit de stade et très connus des services de police et de justice. Ce jeune, comme d'autres, s'est rapproché de Lyon Dissident et fréquente hardement le local (comme il est présent à toute les « actions de rue » citées plus haut). Ces jeunes hooligans participent parfois en tant que « Service d'Ordre » aux rosaires de l'association catholique intégriste proche du Front National « SOS Tout Petit ». On les retrouve, tout comme leurs ainés, à la marche au flambeau du 8 décembre, organisé par l'associationidentitaire « Les petits Lyonnais » (
http://lespetitslyonnais.hautetfort.com ).
3 http://ch.altermedia.info/gnral/les-ji-sont-passees-mais-la-turquie-ne-passera-pas_1092.htm l (site
d'extreme-droite)
http://www.youtube.com/watch?v=FEHrdIKm6uE
Photo de droite avec croix-celtique : http://www.football360.info/des-incidents-a-tignes-apres-le-matvcamical-
lyon-servette-de-geneve/

Ne nous y trompons pas, les acteurs et sympathisants du milieu néo-nazi lyonnais ne sont pas encore au
stade de représenter une menance « terroriste »...mais l'histoire de l'extrême-droite est pleine d'exemples
de dérives menant à des actions armées comme le montre L’étrange affaire de Saint-Andéol
La cour d’Assises de Lyon juge du 8 au 12 février l’ancien militaire qui avait tué un gendarme en voulant
voler des armes dans un stand de tir. Mais derrière ce fait divers, on découvre un groupuscule de jeunes
extrémistes de droite.
Etonnant. 27 juin 2007, Norbert Ambrosse, un gendarme de 38 ans, père de quatre enfants, est abattu par un
cambrioleur qui tentait de pénétrer dans le stand de tir de Saint-Andéol-le-Château, un petit village situé à 25
km de Lyon. Mais cette affaire n’est pas un simple fait divers qui a mal tourné. Et ce gendarme n’était pas là
simplement parce que des voisins avaient entendu des bruits suspects. Au contraire, c’était une opération montée
pour réaliser un flagrant délit. Et le tireur, Florent Morat, n’était pas non plus un délinquant ordinaire.
Né en juillet 1984, Florent Morat passe a priori une enfance sans histoires avec ses parents et ses deux frères
dans leur villa de Saint-Andéol-le-Château. Mais il aura une adolescence difficile car il est complexé par son
obésité. Cet élève pas vraiment brillant et surtout turbulent doit changer plusieurs fois d’établissement avant de
décrocher un BEP de chimie industrielle à 19 ans. Il va alors se découvrir une véritable passion pour les armes.
Ce qui lui permet de se valoriser auprès de ses copains. Mais il va déraper une première fois en mars 2003 pour des dégradations. Ce qui va lui valoir une première condamnation à un mois de prison avec sursis. Six mois plus tard, il décide de s’engager dans l’armée au 3e régiment de parachutistes d’infanterie de Carcassonne.
Sa famille espère que cela va enfin lui offrir “un cadre“. Ce qui semble le cas au début. Très habile dans le maniement des armes, il obtient une qualification de tireur de précision dont il est très fier. Puis il part faire un stage commando au Gabon. Mais ses supérieurs se plaignent vite de son immaturité et de son instabilité psychologique. Il est plusieurs fois sanctionné pour avoir volé des munitions, consommé de la drogue, “menti en
service“... Il va finir par craquer et tenter de se suicider avant d’être rapatrié en France.
En juillet 2006, il se bat et sort une arme. Ce qui lui vaut une condamnation à 18 mois de prison dont 3 mois
ferme par la Cour d’appel de Lyon. Du coup, il se retrouve incarcéré et l’armée l’exclut “pour manquements
graves à la probité et aux valeurs militaires“. A sa sortie de prison, il retrouve un job au Monoprix de Vaise et il accepte une cure de désintoxication à l’hôpital Lyon Sud.

“Faire taire les gauchos”
Mais en fait, il est toujours dans son “trip militariste“ qui vire rapidement en militantisme politique. Auprintemps 2007, il invite chez lui plusieurs jeunes qui se sentent proches des idées du Front National et qu'il a rencontrés avec son frère dans des associations réunissant des supporters de foot. Parmi eux, Alexandre Gabriac, alors responsable de la section jeune du Front National dans l’Isère. Morat leur sort le grand jeu en leur racontant
ses “exploits“ militaires. Il affirme s’être battu, avoir vu “des scènes d’horreur“ et même avoir tué des ennemis au combat. En réalité, il en rajoute puisqu’il n’a pas dépassé le stade des stages commando. Puis il prend chacun en tête-à-tête, avec son frère, Adrien, pour leur présenter son projet : constituer un groupe paramilitaire pour “faire taire les gauchos”. Il leur propose alors d'organiser des entraînements en forêt. Et il demande même à
Gabriac si le FN ne pourrait pas les subventionner. Ce dernier ne prend pas d’engagement mais promet d’étudier la question. Le petit groupe se prend alors au
jeu. Ils seront au total sept garçons et filles, dont les deux frères Morat, à participer à des bivouacs dans les bois
avec cours de self-defense et batailles au paint-ball. Utilisant ses connaissances en chimie, il fabrique même des
grenades avec des explosifs qu’il déclenche avec des téléphones portables trafiqués. Ce qui impressionne
fortement ses amis. Florent Morat envisage également d'équiper son petit groupe d’uniformes militaires, de
talkie-walkie, de jumelles à vision nocturne et surtout d’armes. De plus, alors qu'il vient de passer son permis de
chasse au stand de Saint-Andéol-le-Château, il leur propose de voler dans ce stand de tir des fusils de chasse
pour les transformer en ”armes de précision“.
Deux d’entre eux acceptent ainsi que son frère Adrien. Finalement, un de deux jeunes se défilera au dernier
moment et sera remplacé par un copain qui va jouer la sentinelle. Le petit groupe prépare donc en secret son
opération. Florent Morat s’équipe d’un fusil de chasse, de deux grenades de sa fabrication, d'une lampe frontale,
d’un couteau et de gants de cuir. Il reconnaîtra plus tard avoir été dans l’état d’esprit ”d’une opération

Son employeur semble satisfait de lui. d’infiltration en territoire ennemi.” Alors qu’Alexandre Arnaud prend un pistolet et qu’Adrien Morat emporte
des outils. C’est lui qui ira en éclaireur découper le grillage pour permettre à ses complices de s’introduire sur le
site du stand.
Trip commando
Mais Florent Morat est surveillé de près car son passé militaire et ses convictions extrémistes n’ont pas
échappé aux Renseignements Généraux. Etait-il sur écoutes ? A-t-il été balancé par un de ses complices ? Ou les
RG avaient-ils “infiltré“ ce petit groupe ? En tout cas, la direction nationale des Renseignements Généraux est
avertie de leur projet de cambriolage. Et le 22 juin, la veille de la date prévue, le commissaire Charles des Renseignements Généraux de Lyon et le colonel Valentini, patron des gendarmes du Rhône, mettent en place un plan dont l'exécution est confiée au commandant Ambrosse, chef du groupe d’intervention des MPPE, les “militaires plus particulièrement entraînés”, qui va travailler avec le lieutenant Castanedo, adjoint du commandant de la compagnie de Givors.
A 20 h30, conseil de guerre à la gendarmerie de Givors où Ambrosse réunit une dernière fois ses hommes. A 23 h, ils sont tous en place autour du stand de tir. Mais ils vont devoir attendre encore une heure et demie avant d’entendre que les frères Morat et leurs deux complices débarquent. Le commandant Ambrosse aperçoit une silhouette sur le toit du local des chasseurs. C’est Adrien Morat. Son frère Florent est planqué dans les fourrés,
armé d'un fusil et des balles Brenneke à fragmentation. “Top action” lance Ambrosse à ses gendarmes. Et il sort
de sa cachette pour crier “Halte gendarmerie”. Mais Florent Morat lui tire aussitôt dessus. Et le gendarme
s’écroule, mortellement blessé en pleine poitrine. Un autre gendarme réplique alors avec son flash-ball mais il
rate sa cible. Tenu en respect, Adrien est arrêté. Les trois autres cambrioleurs prennent la fuite. Les gendarmes
sillonnent le secteur. Le guetteur, Alexandre Roussy, est interpellé alors qu’il rentre à pied à Givors. Et le tireur,
Florent Morat, se fait coincer alors qu’il tente de rejoindre un ruisseau dans les landes de Montagny. Toujours
dans son trip commando, il tentait de s'éclipser sans laisser de traces... D’ailleurs, il porte sur lui un t-shirt de son
régiment de parachutiste.
Ball-trap
Au cours de sa garde à vue, il reconnaîtra la tentative de cambriolage mais affirmera avoir tiré par accident.
En voulant s’enfuir, son doigt aurait heurté la détente de son arme équipée d’un système particulièrement
sensible pour un déclenchement rapide. Mais les experts affirmeront que l’angle du tir ne confirme pas ses
déclarations en soulignant qu'il s'agit au contraire d'un tir classique. Pour le juge d’instruction chargé du dossier,
Dominique Brault, c’est un acte volontaire. Et quand il l’interrogera sur ses stages d’entraînement, il estimera
que ses amis “ont beaucoup exagéré“. Aujourd’hui, son avocate, Me Valérie Saniossian, refuse de s’exprimer,
affirmant avoir reçu des “consignes strictes de silence de la famille de Florent Morat”. Même réaction de Me
Karine Monzat, avocate de son frère Adrien et des avocats de leurs deux complices.
Mais le plus étonnant dans cette histoire, c’est qu’il n’y avait pas d’armes à voler cette nuit de juin 2007 dans
ce stand de tir où les chasseurs stockaient leurs fusils uniquement sur place en période de formation. Si Florent
Morat et ses trois complices avaient réussi leur cambriolage, ils n’auraient donc trouvé que les robots de ball-trap
! Un "détail" qui leur avait échappé. Mais les gendarmes de Givors étaient eux au courant car ils avaient rendu
visite au stand quelques heures avant l’opération. Ils ont donc pris sciemment des risques pour ce flagrant délit
en sachant qu’un des protagonistes était un ancien militaire. Et que tous les membres de ce groupuscule qui était
identifié auraient pu être interpellés à leur domicile. Volonté de leur hiérarchie de faire un beau "flag» ? En tout
cas, cette opération a coûté la vie à un gendarme de 38 ans. Et Florent Morat risque la perpétuité.
Bruno Lefresne
http://www.mag2lyon.com/article/10764/Letrange-affaire-de-Saint-Ande
N'attendons pas un drame ( qui malheureusement se retrouvera
dans la rubrique des faits divers) pour réagir

 

 

Partager cet article
Repost0
16 février 2011 3 16 /02 /février /2011 11:09

On publie cette   information  ci dessous car des  libertaires sont amenés à militer  sur des sujets précis  à Valence et Romans avec les militants du NPA.

Le parti d’Olivier Besancenot 
a perdu un tiers de ses adhérents depuis 2009. 
Il aborde 
son deuxième congrès, qui s’ouvre aujourd’hui, 
dans une délicate ambiance.

L’enthousiasme avait alors enveloppé Leïla Chaibi, Yann Cochin et tant d’autres nouveaux adhérents du Nouveau Parti anticapitaliste (NPA). « C’était l’euphorie totale, la grosse patate », se remémore la jeune militante. « Il y avait un vrai engouement », souligne le syndicaliste. Et puis, progressivement, à mesure que se dessinait l’orientation inavouée de la direction, la déception s’installait. Au point d’entraîner le départ d’au moins un tiers, voire la moitié des effectifs. Au moment où s’ouvre son deuxième congrès, ce week-end, à Montreuil (Seine-Saint-Denis), la formation d’Olivier Besancenot revendique 6 000 membres, dont 4 500 à jour de cotisation, sur 9 300 lors de sa création en février 2009.

Isolement critiqué

Les causes de la désaffection sont certes multiples, mais elles trouvent souvent leur origine dans la position « isolationniste » défendue bec et ongles lors des élections par la direction de cette organisation, qui a su, à sa naissance, séduire des jeunes, parfois novices de la politique. Elle a également pu conquérir des syndicalistes, comme « dans le secteur de l’énergie, où je travaille », assure Yann Cochin. « C’est du gâchis. Il y avait vraiment l’espoir d’un rajeunissement de la politique et d’un ancrage populaire », déplore-t-il.

C’est essentiellement ce corps militant, particulièrement attaché à l’union de « la gauche radicale », qui a, par vagues successives, déserté les rangs du NPA. Certains, tels Yann Cochin ou Leïla Chaibi, prendront leurs « responsabilités » à l’issue du congrès. D’autres, comme l’altermondialiste Raoul-Marc Jennar, sont partis sur la pointe des pieds. Ces départs ont forcément affaibli le courant « unitaire ». De 31, 5 % au moment de la consultation interne sur les régionales, sa position en faveur d’une alliance avec le Front de gauche passe à 27, 2 % à l’issue des assemblées locales préparant le congrès.

Direction minoritaire

La direction du NPA, si elle réalise un score supérieur (40, 8 % au lieu de 36, 5 %), demeure néanmoins minoritaire au sein du parti. « Nous n’avons pas encore trouvé le point d’équilibre entre la radicalité et l’unité », explique Pierre-François Grond. Proche d’Olivier Besancenot, il affirme que la position « relativement majoritaire » de la direction est de « défendre la nécessité d’un rassemblement politique, mais il y a une vraie difficulté à trouver des partenaires ». Un argument que rejette le courant unitaire : « La fondation du Parti de gauche puis celle du Front de gauche ont interpellé le NPA, or il n’a pas su comprendre le processus et l’apprécier à sa juste valeur, comme le début d’un rassemblement auquel on pouvait participer, qu’on pouvait renforcer », regrette Danielle Obono. Elle note que « le parti reste divisé ».

Nullement inquiet, Pierre-François Grond sait qu’« il y aura une majorité » au sein du parti pour une candidature NPA au scrutin présidentiel, si le « test » de la « candidature de rassemblement » échoue d’ici juin. « Il n’y a qu’à faire les comptes », lance-t-il, le regard tourné vers le courant dit « identitaire », qui plaide ouvertement pour que le parti fasse cavalier seul à chaque élection. Avec cette tendance, dont la position a recueilli 28, 2 %, la direction n’a affectivement aucun problème à présenter Olivier Besancenot en 2012, pour la troisième fois.

Mina Kaci

Partager cet article
Repost0
15 février 2011 2 15 /02 /février /2011 09:24

 Le collectif libertaire  du Laboratoire sollicité pour participer au combat contre l'exploitation du Gaz de schistes , mais en restant attentif cde ce qui se trame au niveau nucléaire dans la plaine de Pierrelatte . et pour celà le blog du laboratoire publie ces quelques documents concernant le combat contre l'exploitation du gaz de schiste camion-vibrateur_d-c2010.jpg

Actuellement, plusieurs permis d'exploration de gaz de schistes ont été accordés en France. Ces permis ont pour objectif une meilleure connaissance du sous-sol. Les forages à réaliser sont des puits de reconnaissance faisant appel à des techniques classiques. Les entreprises doivent néanmoins déposer une demande d'ouverture des travaux avec un dossier comprenant notamment une notice d'impact, un document indiquant les incidences des travaux sur la ressource en eau et une étude de danger. Ces dossiers seront instruits et feront l'objet, le cas échéant, d'un arrêté préfectoral encadrant les travaux.

Aucune demande n'a été faite pour une phase d'exploitation qui pourrait faire appel aux techniques qui vous inquiètent. Une éventuelle demande se ferait en deux temps : demande de titre minier d'exploitation (aussi appelé concession) et demande d'ouverture des travaux (cf. ci-dessus). L'obtention de la concession ferait l'objet d'une instruction locale et d'une enquête publique, puis d'un avis du Conseil général de l'industrie, de l'énergie et des technologies et ensuite du Conseil d'Etat avant un éventuel décret du Premier ministre. L'instruction des dossiers se ferait selon la réglementation en vigueur (code minier et code de l'environnement) qui exige notamment que soient maîtrisés les impacts environnementaux.


Mais pour voir ce qui se passe en résumé vous pouvez allez sur ce lien.: http://app.owni.fr/gaz/
Merci de faire suivre ces infos. 

Pour ceux qui sont dans des zones potentiellement explorées

voici aussi :
Le communiqué des géologes de Montpellier est en pièce jointe avec
en prime un lien qui devrait marcher ci-dessous en plus.
http://www.gazdeschiste-cevennes.com/cariboost_files/Communique_Gaz_de_Schsites.pdf
Dans la note d'information vous trouverez la liste des produits utilisé par la technique du fraking.

Bonne lecture et à bientôt, Marc Sislian

Partager cet article
Repost0
15 février 2011 2 15 /02 /février /2011 09:10

 

On a eu ce communiqué, nous le diffusons car pour nous libertaires, la seule censure c'est vis à vis des organisations infédoés aux organisations religieuses et aux organisations à but  électoralistes cachés.

 

 

Un FREEZE MOB à Valence

 

 

La Co-opérative, entourée d’une vingtaine d’associations, organise un FREEZE MOB à VALENCE (Place de la République) le Samedi 19 Février 2011 à 15h.

Cet appel au rassemblement lancera un autre évènement : « Le Bal des Utopies », le Festival de l’Engagement qui se déroulera sur le site du Cirque D Marches à Chabeuil les 21 et 22 Mai prochain.

 

 

 

Le FREEZE MOB Samedi 19 Février 2011

« Vous êtes bénévole ou salarié d’association, syndicaliste, engagé politiquement, marié 2 enfants, l’injustice vous frappe, vous aimez participer à des rassemblements populaires … Alors venez participer au plus grand rassemblement engagé de la Drôme et ARRETEZ DE BOUGER PENDANT 3 MINUTES

 

 

 

Le Bal des UTOPIES 21 et 22 Mai 2011

« Vous souhaitez parler d’engagement, partager des expériences, rencontrer des artistes, défendre une cause, passer un bon weekend … Venez rejoindre les « Engagés Enragés » dans l’organisation du Festival « Le Bal des Utopies » ».

 

 

 

« Jusqu’où êtes-vous prêts à vous engager ? »

 

 

 

 

Pour plus d’information sur le FREEZE MOB, veuillez contacter Anthony CHARUEL (contact ci-dessous)

Si vous souhaitez vous investir professionnellement ou/et personnellement dans l’organisation du Bal des Utopies, nous vous invitons à nos prochaines réunions :

  • le Jeudi 24 Février 2011 à 18h30 à la MJC de Chabeuil

  • Le Samedi 25 Février 2011 à 18h30 à la Co-opérative peuple et culture à VALENCE

 

 

Nous vous remercions par avance pour la diffusion des ces évènements dans votre support et restons à votre disposition pour tous renseignements.

 

 

Cordialement,

Les Organisateurs associatifs

 

 

Contact :

 

Anthony Charuel -Coordinateur de projet

La coopérative peuple et culture

33 rue des moulins 26000 Valence

06 50 57 82 56lebaldesutopies@gmail.com

Partager cet article
Repost0
15 février 2011 2 15 /02 /février /2011 08:41

Le texte  ci dessous circule actuellement dans les diverses assos de gauche.

Le collectif libertaire du  laboratoire , la CNT-AIT-Valence et les différents collectifs autonomes  ont été évincés  de la discussion de ce texte . Pourquoi? par quelle volonté politique?

 


La réforme des retraites?Adoptée!
La réforme de l'aide médicale d'état? Adoptée!
LOPPSI 2? Adoptée!
La réforme de la loi sur l'immigration? ...AGISSONS!!!
La «loi Besson», adoptée par les députés en octobre, est discutée au Sénat depuis le 2 Février. Cette cinquième loi sur l'immigration en sept ans est une nouvelle dégradation des conditions d'accueil des étrangers en France. Ce projet de loi est liberticide, criminalisant et laisse une trop grande place à l'arbitraire:
- Durée maximale de rétention de 32 à 45 jours et nouvelles règles procédurales devant le Juge des libertés et de la détention (JLD) pour une procédure toujours plus expéditive avec négation du droit à la défense
- Obligation de quitter le territoire français (OQTF) sans délai (délai d'un mois à l'heure actuelle)
- Introduction du bannissement, OQTF pouvant être assorties d'une interdiction de retour sur le sol français de 2 à 5 ans selon le bon vouloir du Préfet
- Création de zones d'attente flottantes, dès lors qu'un «groupe» d'étrangers entre sans autorisation sur le territoire français, possibilité de procéder à leur enfermement le temps du traitement de leur demande d'entrée en France, contrecarrant ainsi toute mobilisation solidaire!
- Déchéance possible de nationalité pour les personnes naturalisées depuis moins de dix ans
- Peines lourdes pour les conjoints de français « aux intentions matrimoniales douteuses », notion floue, poussant à la suspicion
- Délit de solidarité maintenu avec poursuites au motif « d'aide au séjour irrégulier »
Ce projet de loi est contesté au sein même des institutions de l'Etat (Sénat, juges administratifs et juges des libertés et de la détention, corps médical...).
Nous ne réclamons pas l'aménagement de ce projet, nous exigeons son retrait!

Le collectif 26/07 de soutien aux sans papiers et aux sans droits, la Cimade-Valence, ASTIV, ASTI
Val de Drôme-Diois, Survie Drôme-Ardèche, RESF Privas, RESF Ardèche Méridionale, M'PEP 26,
la CEN, Europe Ecologie-Les Verts Drôme, PCF Drôme, NPA 26-07, le collectif Cent EluEs pour
Sans Papiers, CFDT 26-07, Solidaires 07/26, Sud Education 26.

Partager cet article
Repost0
14 février 2011 1 14 /02 /février /2011 07:41

Quelques milliers de personnes ont manifesté samedi dans plusieurs villes d'Allemagne contre un convoi de déchets radioactifs devant traverser le pays de l'Ouest vers le Nord-est la semaine prochaine, selon les services locaux de la police.

Des rassemblements ont eu lieu à Karlsruhe (ouest), d'où doit partir le convoi le 15 ou le 16 février à Greifswald (nord-est), ou encore à Erfurt et Halle (est), dans des villes situées le long du trajet que doit emprunter le convoi.

Ce convoi de cinq conteneurs spéciaux transportant 16 kg de plutonium et 500 kg d'uranium, appelés "Castor", doit rejoindre la centrale nucléaire de Lubmin (nord-est), autrefois la principale de la RDA communiste. Son arrivée est prévue normalement le 17 février.

Cette centrale a été mise à l'arrêt après la chute du Mur de Berlin, comme les autres sites nucléaires est-allemands. Depuis la fin des années 1990, Lubmin est voué à des activités de démantèlement nucléaire, mais l'Allemagne y stocke aussi des conteneurs de déchets radioactifs.

Un autre convoi de combustibles nucléaires avait rejoint Lubmin à la mi-décembre, en provenance du centre de recherche de Cadarache, près d'Aix (sud de la France).

L'énergie nucléaire est largement impopulaire en Allemagne, mais le parlement a voté en 2010 la prolongation de la durée de vie des 17 réacteurs nucléaires du pays.

 


de macerie
11 février 2011 - Un petit groupe d'ennemis de l'énergie nucléaire fait une descente au siège d'Enel sur le Corso Regina Margherita, Torino ce matin. Banderolles , mégaphones et tracts de mettre en évidence la complicité de la société avec le retour de l'énergie nucléaire en Italie (si quelque chose d'elle avait disparu) et en solidarité avec Guido et Arturo, en prison pour avoir tenté de bloquer un train radioactifs. Après avoir déplacé un peu partout à l'intérieur des locaux, et également interrompu une grande réunion qui se tenait à l'intérieur, les manifestants ont calmement quitté les lieux.


Arturo et Guido liberi

écrivez à cette adresse:

Guido Mantelli - Arturo Fazio

C.C. Lo Russo e Cotugno via Pianezza 300 - 10151 Torino ITALIE

Partager cet article
Repost0
13 février 2011 7 13 /02 /février /2011 21:34

Les maisons occupés et autres lieux autogérés  vont 'ils subir une vague d’expulsions et de répression que la loi LOPPSI 2 permettra d’amplifier, exprimant ainsi la volonté de l’état de les faire disparaître pour de bon. Face à ces expulsions les tentatives de nouvelles ouvertures se multiplient, mais sont souvent empêchées, expulsées le jour même ou le lendemain. Si cette tendance n’est pas inversée rapidement, les squatts seront bientôt de l’histoire ancienne. Ces lieux sont des îlots de résistance, de rencontres et d’échanges, d’organisation des luttes, où d’autres modes de vie et d’organisation sont possibles, où la contre-culture peut s’exprimer librement. Une épine dans le pied du capitalisme dont ce dernier cherche à se débarrasser.

Les équipes de  «radio labo » et « Le collectif digguers » organisent une émission spéciale sur ce thème, lundi  14février de 18h15 à19h. Toutes les personnes concernées et particulièrement les gens qui fréquentent de près ou de loin ces lieux sont invitées à participer en direct pour partager leurs points de vue, leurs idées, et pour témoigner de leurs expériences en appelant le 0475 44 16 15 sur radio Mega en streaming sur 99.2

Partager cet article
Repost0
13 février 2011 7 13 /02 /février /2011 20:58

 

De novembre 2010 à janvier 2011 , il n'ya jamais eu un quelqonque bilan et perspective  de novembre 2010 sur  la Drome, des milliers de personnes dans la rue, les divisions continuent inexorablement ( les petites chapelles  gauchistes se recobnstituent . Pour celà on présente ce texte trouvé sur le site :http://www.magmaweb.fr/spip/spip.php?article436. Il n'y qu'a voir la vitesse de reconquête idéologique entrepris par l'équipe éducative du  SAO de valence. ( libre parole devant RCF place st jean le 15 février)

Le texte qui suit ne dit fondamentalement rien de nouveau : les faits comme leurs interprétations présen­tés ici sont connus. Nous nous tenons à ce qui nous semble être la lucidité, qui est encore la meilleure arme contre les illusions, l’impuissance, le désespoir. Pas plus nous ne visons l’objectivité ou l’exhaustivité : nous tentons de présenter ce qui nous paraît significatif, non au regard d’une humeur ou d’une quelconque science, mais en fonction d’un projet historique dans lequel nous nous re­connaissons, l’instauration par le peuple d’une démo­cratie radicale – ou di­recte ; une société où l’ordre ne serait plus imposé par une minorité dirigeante au nom d’une autorité extérieure, séparée et inaccessible – Dieu(x), Traditions, Nature, Lois de l’Histoire ou du Mar­ché – mais où la liberté et la justice sont reconnues comme des questions toujours ouvertes et dont nous sommes tous directement responsables en tant que femmes et hommes dignes, libres et égaux (car c’est seule­ment à ce prix que nous le sommes effectivement). C’est de là que nous interrogeons le sens du mouve­ment d’octobre autant que de la société qui l’a pro­duit. Ce sens n’est prédonné par rien ni par personne ; il ne dépend que de ce que les gens feront dans l’ave­nir. Nous parlons donc, autant que nous le pouvons, dans la perspective d’une autonomie indivi­duelle et collec­tive. Nous nous adressons donc en tant qu’égaux à des hommes capables de faire leur his­toire, comme ils l’ont déjà faite dans le passé, et comme ils continuent de la faire, le sachant ou non. Enfin, ce n’est donc pas un bilan au sens propre : il aurait fallu pour cela un ob­jet circonscrit, des critères admis, des objectifs clairs et des perspect­ives tracées. Mais c’est tout cela même qui fait question, au moins pour nous, au sein de ce qu’on ap­pelle « le » mouvement social contemporain.

***

Commençons par la surprise qui saisirait un ob­servateur naïf du mouvement d’octobre 2010 :

- ce mou­vement était prévu depuis des mois, mais il n’a été préparé ni par les militants syndicaux de la base, ni par les autres milieux ;

- la situation sociale a rarement été aussi catas­trophique, l’avenir aussi sombre, et les élites discré­ditées mais les déborde­ments ont été plus que margi­naux ;

- les manifestations ont été très sui­vies, mais les grèves ont été globale­ment très faibles et peu éten­dues malgré quelques secteurs très locali­sés et très déterminés ;

- le mou­vement très syndical a été chapeauté par une exceptionnelle « unité » des grandes centrales mais s’est conclu par une cuisante défaite, qui ne semble pas les désavouer, bien au contraire ;

- enfin cette déroute exemplaire ne semble avoir finalement désespéré personne...

A la fois cause et conséquence de tout cela, un très fort sentiment de répétition, de déjà-vu, a par­couru les cortèges, les assemblées, les discussions de ce mois d’octobre. Il devient évident aux yeux de tous que ce que les « mouvements sociaux » d’il y a quinze ans pouvaient avoir de « nou­veau » ou de sub­versif s’est évaporé ou est devenu un rouage rou­tinier. L’altermondia­lisme qui a pu un temps bercer ces es­poirs s’est avéré n’être finalement qu’un regain de vo­lontarisme qui se nour­rissait en partie de la dis­parition du repoussoir que constituait l’empire sovié­tique. Même victo­rieux comme en 2006, les « mou­vements sociaux » ne semblent plus aujour­d’hui des­siner une alternative à quelque niveau que ce soit. Il s’en dégage alors comme un sentiment d’impuis­sance à seule­ment endiguer, à grand peine, de temps en temps, et par des soubre­sauts laborieux, l’acharne­ment de l’oligarchie à dé­coudre ce que des siècles de luttes étaient parven­u à établir contre tous les pou­voirs. Celui d’oc­tobre n’ayant porté aucun es­poir sé­rieux, c’est tout natu­rellement que l’on se ré­jouit qu’il ait seulement existé...

Les syndicats

Difficile, ici, de ne pas évoquer les responsabili­tés, certes limitées mais massives et dans tous les cas lamentables, des acteurs princi­paux, les syndi­cats.

Comme tous les « mouve­ments-veto » de ce type, la ligne officielle est toujours strictement dé­fensive. Il s’agit avant tout de demander un statu quo et de pro­poser la société telle qu’elle est comme unique hori­zon et seule cause à défendre. La posi­tion est d’em­blée inte­nable : elle plaide la cause du petit peuple au­près d’un Etat-monarque, sans rien redire sur le fonde­ment même de son existence indépen­damment de ceux qu’il est censé servir. Et cela re­vient simple­ment à entéri­ner les injustices criantes du fonction­nement actuel et donc à exclure d’emblée du mouve­ment des catégo­ries qui auraient tout à ga­gner à un changement so­cial radical. Mais il y a plus : les syn­dicats n’ont cette fois-ci ja­mais deman­dé collec­tivement le re­trait du projet de loi : toutes leurs rodo­montades n’ont ja­mais eu d’autres objets que d’exi­ger l’ouverture de négociations avec le gou­vernement. La position n’est pas anecdotique et confirme leur at­titude du­rant le mouvement, où toutes les tactiques de sabo­tage semblent avoir été utilisées : absence to­tale de prépara­tion préalable à la base afin de garder l’initiative ; organisation de spectaculaires « jour­nées d’actions » et de « mani­festations » espa­cées pour épuiser le mouvement et éviter d’avoir à géné­raliser les grèves (postiers, en­seignants, RATP, etc. qui ont été totalement ab­sents – on a parlé de « grève - RTT ») ; isolement des sec­teurs (hôpi­taux, éboueurs,...) et régions (Marseille,...) mobilisés au profit d’un secteur unique « fer de lance » (les raffi­neries) sur le­quel tout re­pose ; utilisation opportu­niste de la rhéto­rique du « blocage » ; etc.

Devant le succès croissant et in­attendu des défilés natio­naux, les confédérations syn­dicales en ont fait l’essence même du mouvement, tout en testant un nouveau dispositif de sabordage, à la fois spectacu­laire et invisible : la division systématique des mani­festations en deux cortèges défilant à Paris dans des artères parallèles pour se re­joindre finale­ment déca­lés dans le temps, voire, quelquefois, dé­boucher à deux en­droits différents – place des In­valides et place Vauban le 19 octobre.

Pathétique constat, perpétuellement redé­couvert, chaque fois à nouveau frais par une « base » qui veut continuer à n’y voir que des dysfonctionne­ments : les centrales syndi­cales actuelles n’ont plus rien de com­mun avec leurs ancêtres du mouvement ouvrier de la fin du XIXe siècle. Ceux-ci se voulaient, et ont été, de vé­ritables contre-socié­tés où bouillonnaient idées et ini­tiatives, systé­matisant l’alphabétisation et l’édu­cation popu­laire. Ils ont ainsi constitué pratiquement le germe de ce qui est devenu après-guerre les grandes institu­tions de soli­darités nationales, dont, faut-il le rappeler, le système des retraites par répar­tition.... Bien entendu, celles-ci se sont largement dé­naturées en se bureaucratisant, s’éloignant de l’esprit initial comme du peuple au point d’apparaître comme des institutions étrangères créées par l’État. Car aujour­d’hui les centrales syndicales participent activement à la propagation de l’insignifiance au sein même des mouvements sociaux : slogans insipides à base de novlangue publicitaire, infâme bouillie de mots en guise de tracts, sonos assourdissantes crachant les dernières merdes commerciales (drague fourbe et dé­magogique auprès d’une jeunesse déjà biberonnée au spectacle et qui mériterait autre chose)… Ces cen­trales entretiennent par cette « gay pridisation » la quête infinie de reconnaissance identi­taire, la mé­connaissance absolue de l’histoire des mouve­ments d’émanci­pation, et l’évanescence quasi-totale des re­pères les plus élémentaires.

Les syndicats n’ont donc en rien échappé à ce pro­cessus où c’est la société entière qui est perçue par ses individus comme extérieure à eux. Progressi­vement deve­nus des appareils bureaucra­tiques prati­quant le lob­bying pour leurs seuls intérêts au­près des instances du pouvoir du moment, ils sont, de fait et depuis long­temps, un rouage totalement in­tégré au jeu institu­tionnel. Des guerres internes que se livrent les clans et les factions qui se dis­putent les postes et l’in­fluence, les premières vic­times sont évi­demment les syndiqués eux-mêmes. Ces militants, souvent de bonne foi, ne voient alors d’autre alternat­ive que de rallier la position trots­kiste où la tra­hison des mau­vaises directions ex­plique les déroutes suc­cessives – argument que re­prennent à profit les petits syn­dicats.

L’intersyndicale

Reste à constater que l’improbable « unité inter­syndicale » qui a chapeauté le mouvement du début à la fin est due à une conjonction de facteurs.

On peut citer tout simplement la vo­lonté de « la base » d’en découdre avec l’arro­gance du pré­sident par l’in­termédiaire d’un « front commun » le plus durable possible quitte à revoir à la baisse les mots d’ordre et les modes d’action.

Parallèle­ment, en refusant idéologiquement de jouer le jeu du « dialogue social », l’obstination gou­vernementale a évidemment accompagné la forma­tion de cette union contre nature. Dans le même sens, la loi sur la représentativité syndi­cale de 2007 a mis fin aux monopoles des grandes centrales : en insti­tuant la concur­rence entre chacun lors des élections, elle a incité à un aligne­ment conformiste qui achève de faire des représen­tants syndicaux des candidats perpétuelle­ment en campagne électorale.

Enfin, roués à l’instrumentalisa­tion des luttes et conscients du dé­calage entre une agitation po­pulaire tangible et la ri­gidité de leurs di­rections, sans doute les syndicats ont-ils trouvé dans leur « unité » ma­tière à contrôle. Car en ayant le monopole des pré­avis, l’intersyndicale est ainsi ca­pable de mettre fin d’une seule voix à n’importe quelle grève, en la ren­dant illé­gale. Et c’est ce qui s’est effective­ment pas­sé le 7 no­vembre, sans parler de l’étrange fin de la mo­bilisation dans les raffineries.

Quoi qu’il en soit, et même si comme d’habitude ce sont des franges de syndi­qués particu­lièrement motivés qui ont forcés les centrales à ren­trer dans ce qui s’est avéré un petit rodéo syndical, l’intersyndi­cale a gar­dé le contrôle du mouve­ment du début à la fin. Cer­tainement les appa­reils syndi­caux ont-ils été les pre­miers surpris par l’ampleur inattendue des ma­nifestations (même si les chiffres ont été exagéré­ment gonflés de part et d’autre) : il n’en reste pas moins qu’ils sont parve­nus à n’en rien faire d’autre que ce qui était annon­cé, un baroud d’honneur.

Les partis

Notons également que personne dans le jeu poli­tique n’avait intérêt à ce qu’il en soit autre­ment : les petits partis de gauche pouvaient bien gesticu­ler, ils sont de­puis longtemps résignés à appe­ler à voter « socia­listes » au second tour de 2012. Et le PS, quant à lui, qui se tient coi pour recueillir les miettes du pouvoir qui s’ef­frite mécaniquement, ne semblait avoir aucune envie de faire passer lui-même, une fois au pouvoir, une réforme de toute manière dic­tée par les instances supranationales. Comme l’avaient déjà proclamés publiquement les déci­deurs inamo­vibles du parti, et notamment le probable can­didat principal, Dominique Strauss-Kahn, bien familier des officines finan­cières internationales, la liquida­tion au moins pro­gressive de la retraite par réparti­tion est indiscu­table. De son côté, le chef de l’Etat a subi un fort dis­crédit, mais rien ne permet de conclure qu’il ne res­sortira pas, à terme, renforcé par cette « épreuve de la rue » qui manquait à son image de petit chef mafieux.

Les media

Dans tout ce jeu insipide, les média ont joué le leur, largement rodé depuis au moins le mouvement anti-CPE de 2006. Les militants s’y laissent en­core avoir, persuadés qu’utiliser le « Système » média­tique est sans effet-retour, ou­bliant que les comités de ré­daction restent avant tout des mar­chands au prise avec une clientèle. Et les leçons des bourdes de 1995 ont quand même été tirées. Ainsi on les a d’abord vus ac­compagner sans retard les pré­misses, rivalisant de « repor­tages » présentant les premières manifesta­tions sous leur meilleur jour, donnant un large écho aux initiatives locales qui ne deman­daient que ça. Les salles de rédaction vibrèrent donc de concert au fil de ce qui est finalement devenu des marronniers média­tiques : le rapport de force entre les syndicats et le gouvernement ; les multiples « ques­tions de sociét­é » qu’il soulève ; les déborde­ments au­tour des éta­blissements scolaires de ban­lieue (minimi­sés : là aus­si, le­çons des émeutes de 2005...) ; la vio­lence de la ré­pression policière, le spectre du blocage du pays dou­blé de celui de la pé­nurie d’es­sence ; l’an­nonce sans doute trop insis­tante de l’entrée des étu­diants dans la lutte, etc. La petite musique se changea au fil des se­maines en re­frain, puis tout bas­cula, comme il se doit, lors de l’adoption finale de la loi par le Parlem­ent et le Sé­nat. En l’ab­sence de nouvelles forces mobilisées, pourtant atten­dues, la fin du mouve­ment fut annon­cée, donc dé­crétée.

L’actualité passa sans transition, le hasard fai­sant décidément bien les choses, de la singerie du rema­niement gouvernem­ental aux gesti­culations au­tour des pri­maires du PS. Puis les jour­nalistes affron­tèrent avec téméri­té une nouvelle me­nace de blocage qui pesait à pré­sent sur le contri­buable : la neige.

Le sentiment de mascarade n’a certainement ja­mais été aussi intense, chez tous les partici­pants, dont l’absence d’espoir placé dans les mobilisations ex­plique sans doute cette excep­tionnelle absence de désespoir visible. Sans doute le terme d’apathie pour caractéri­ser notre époque est ici particulière­ment perti­nent. Le mouvement d’octobre constitua le pa­roxysme de ce décalage saisissant entre la machine­rie institutionnelle regroupant syndicats, gouverne­ment, partis et média qui gagnaient tous à ce que ce mouve­ment soit mené en bonne et due forme, et une popu­lation dont la rage diffuse et croissante ne trouve aucun lieu ni aucun lan­gage pour son expres­sion. Ce chassé-croisé extraordi­naire crée une situa­tion grosse de régressions monu­mentales comme de nouvelle donne : Pour la popu­lation comme pour les militants, elle nécessite la sortie des cadres de pen­sées et de pratiques pour la conquête d’une dimen­sion proprement politique. Celle-ci ne pourrait se faire qu’à nouveaux frais - et per­sonne n’en maîtrise les clefs. Si des tentatives existent en ce sens, bien peu prennent place dans le cadre d’un mouvement social. On peut essayer de caractériser quelques composantes nécessairement approximatives, mais nécessaires pour tenter d’y voir clair – ce qui semble aujourd’hui de la dernière effronterie. Elles se basent sur ce que les gens disent d’eux-mêmes, et font en si­tuation, leurs options assumées ou non, bref tout ce qui peut contribuer à une auto-définition – toujours à la fois fuie et trouvée.

Les « mouvementistes »

Il y aurait, en premier lieu, l’ensemble très hétéro­gène de ceux qu’on peut appeler les « mouvemen­tistes ». L’ensemble regrouperait mili­tants syndic­aux de base opposés ou critiques vis-à-vis de leurs cen­trales, salariés in­satisfaits en grève et déterm­inés, jeunes travailleurs découvrant la lutte, précaires et chômeurs sans lieu privilégiés de ren­contre et d’ac­tions, gauchistes de terrains enrégiment­és ou non dans un groupuscule quel­conque, etc. Ils ont formé, comme à chaque mouve­ment, la frange la plus active et mobilisa­trice, orga­nisés à travers le pays sur une base terri­toriale, prin­cipalement en province comme l’en­semble des mou­vements sociaux depuis dix ans. Confrontés à l’échec annoncé de la straté­gie inter­syndicale, ils se sont or­ganisés tardivement en « AG interpro » (as­semblées générales interprofession­nelles) – rebap­tisées quel­quefois « AG de ville » ou « citoyennes ». Leur ob­jectif aurait été de consti­tuer une sorte de co­mité cen­tral de grève anticipé, paral­lèlement aux syndic­ats.

Cette ambition à la fois tacite et affichée rappelle celle des coordi­nations de la seconde moitié des an­nées 80. Mais elle n’en a pas les moyens et surtout elle en garde la pire ambiguïté : l’impossibilité d’ana­lyser claire­ment le fait syndical actuel. A l’époque, les coordi­nations avaient réussi à s’imposer comme inter­locuteurs incontournable et leur volonté d’ins­trumentaliser les machines syndi­cales permettait d’espérer en l’émer­gence d’un autre type d’organe de lutte. Mais la guerre me­née depuis à l’encontre de ces initiatives au­tonomes par les centrales (l’abcès de fixation créé par la lutte des raffineries et dépôts étant une straté­gie parmi d’autres), l’apparition d’un syndicalisme « alter­natif » (qui n’échappe déjà plus à la sclérose bureau­cratique de ses aînés) et par-dessus tout l’in­capacité, aujourd’hui de­venue anthropolo­gique, de concevoir un collectif durable qui ne se mue pas à terme en bu­reaucratie, ont eu raison de ces coordi­nations qui ap­paraissent aujourd’hui comme des prolonge­ments fi­nissants de l’après-68. Ces AG ont été le lieu d’un étrange et consternant chassé-croisé : les syndiqués y viennent convaincus (au moins instinctivement) de ne rien pouvoir faire pour convaincre leur direction sclérosée de se bou­ger, et ils rencontrent des militants persuadés qu’il faut absolument tenter de convertir les appareils syn­dicaux. De fait ces « AG interpro » mobilisent l’es­sentiel de leur énergie à cette tâche au point de ne rien pouvoir dire – ou faire – d’autre… L’ambition affi­chée de dépasser le monopole syndical s’est heurtée à l’absence de moyens et de volonté réelle d’en faire une critique radicale. Enfermées dans cette contradic­tion, les « in­terpro » se sont résignées au rôle d’auxi­liaires turbulents, refuges volonta­ristes de militants impuissants. Aucun mot d’ordre, par exemple, soit le requisit minima, n’est venu gê­ner de quelques ma­nières les manoeuvres des bureaucraties syndicales. Il en résulta les pires caractéristiques des assem­blées contempo­raines :

- confusion extraordi­naire imbriquée avec un dé­sir viscéral de mener des échanges consensuels pour conserver un semblant d’unité ;

- ri­valités groupus­culaires et luttes d’in­fluences au milieu d’une majorité silencieuse prise au piège de la contestation consentante ;

- va-et-vient permanent et dilatoire entre des ac­tions directes sans cohérence ni direction et des es­sais d’analyses encombrées de slogans incanta­toires ;

- finalement, dissociation fondamentale entre les mots et les actes qui ne peut mener qu’à des poses aux préten­tions dé­mesurées, bluffs qu’internet dé­multiplie à dis­tance.

Ces traits se répercutèrent, évidemment ampli­fiées, dans les quelques « AG des AG » organisées nationa­lement. Sans doute ces formes pour­raient-elles constituer des ferments pour une société qui se ré­veille confrontée à une réelle paupérisation telle qu’elle se profile. Mais ces AG, aujourd’hui rituel vide d’une tradition morte, seraient alors rendues méconnaissables.

Sans moyens pour étendre les grèves, les « mou­vementistes » reprirent le mot d’ordre de « blo­cage », pour tenter, à raison, de s’extraire de la cen­tralité de la grève aux ordres et de l’emploi stable rendu rare. Mais si les pratiques salutaires qui y sont associées ne datent pas d’hier, le terme est malheu­reusement devenu un mot-clef qui semble se suffire à lui-même, et qui masque tous les effets éminemment ambiva­lents. Un des principaux est qu’un tel appel évite l’af­frontement direct avec les bureaucra­ties syndicales, dont il n’est pas certain qu’il ne soit que tactique. Et de manière strictement complémentaire, les centrales syndicale l’uti­lisent à présent comme substitut pour éviter d’avoir à mobi­liser les salariés fragilisés et / ou corporatistes rivés à leur poste, qui risquent toujours, une fois mis en mouvement, de leur échapper. La « forme grève » est bien mal en point aujourd’hui, moins du fait des me­sures coerci­tives ou de la fragilisation générale de l’emploi que de l’attitude globalement attentiste des sala­riés de­puis un de­mi-siècle qui ne jouent plus le rôle de gar­de-fou des ambitions patronales. Bien entendu, la question de l’action d’ampleur pour la dépasser est d’autant plus ouverte que la frange pré­caire du sala­riat va gran­dissante. Reste que le projet d’obtenir une paralysie du pays par l’ac­tion di­recte n’est aujour­d’hui qu’un fantasme verbeux qui feint d’ignorer la réalité territo­riale, so­ciologique et policière de la France ac­tuelle. Sans parler de la dé­fiance de toute la population pour les démarches dites « révolution­naires », a fortiori celles qui pré­tendent parler en son nom tout en cultivant un uni­vers qui lui paraît aussi étranger que baroque. Bref, cette façon de for­muler une « solu­tion » aux ter­ribles impasses de notre époque en constitue égale­ment une, qui per­met d’éviter un examen idéolo­gique douloureux. Dans le contexte idéologique ac­tuel, la prolifération des termes mili­tants comme ce­lui « blocage » ou de « résistance » ne peut qu’invi­ter chacun à se deman­der « de quoi », « à quoi » et « pour quoi »...

Le milieu radical

Le même univers mental, bien plus concentré, ir­rigue le milieu radical. Nommé par le pouvoir « mou­vance anarcho-autonome », ses fron­tières avec les « mouve­mentistes » sont très poreuses. Il re­groupe tout ce que le gauchisme a produit d’autopro­clamé « radi­cal » depuis quarante ans ; anarchistes indivi­dualistes, néo-ex-post-situation­nistes, deuleu­zo-foucaldiens, féministes postmo­dernes, squatteurs des beaux quartiers, écologistes anti-industriel, etc. Fé­déré par un insurrectionna­lisme maoïsant, ce petit en­tre-soi vit dans une ape­santeur sociale qui ne lui per­met pas d’avoir un im­pact politique tangible. Mais il constitue un aimant significa­tif pour une fraction de la jeunesse qui s’est éveillée à la chose politique sur fond d’altermondia­lisme, et a vécu suc­cessivement les at­tentats du 11 septembre 2001, l’accession de Le Pen au second tour, les poli­tiques Raffa­rin, le mouve­ment social de juin 2003, le mouve­ment ly­céen et les émeutes de ban­lieue qui s’ensui­virent, le mouvement anti-CPE l’année suivante et enfin l’élec­tion présiden­tielle et ses suites. Et le contexte de crise profonde ne peut que grossir leurs rangs. Composé essentiellem­ent d’étudiants très politi­sés, de jeunes en rup­tures ainsi que de plus rares aî­nés, ces ré­seaux in­formels à l’im­maturité foncière consti­tuent un re­poussoir pour tous ceux qui seraient tenté par un dé­passement des formes actuelles de la vie politique et intellectuelle – et c’est à ce titre qu’ils sont évo­qués ici.

Cohérents à un certain niveau, leurs dis­cours mil­lénaristes et leurs actions coup-de-poing durant le mouvement servent à réaffir­mer pratique­ment qu’ils n’ont rien à voir avec le vulgum pecus : à Paris par exemple, la tenta­tive de blocage de gares de voya­geurs (pour « bloquer le capitalisme » !) ou de péné­tration dans l’Opéra-Bastille ont été des fias­cos célé­brés avec triomphalisme dans des communiqués hal­lucinés (au moins la Bérézina de l’occupation de l’EHESS en 2006 n’aura pas été reconduite). Leur tactique de pro­vocation, qui consiste à se substituer aux « masses » pour l’initiative mais pas pour la ré­pression, s’est tota­lement retourné contre eux : les gens, jusque dans leur propre rangs, les ont intuitive­ment assimilés aux forces de l’ordre, qui n’ont pas man­qué d’user de la si­tuation avec brio. Une telle pos­ture pourrait permettre le passage à l’acte dans le cadre de manifestations sensibles à de possibles dé­bordements, comme celles des étudiants anglais ou italiens de l’automne. Mais elle ne peut constituer d’issue aux révoltes violentes qui ne man­queront pas d’écla­ter dans les années qui viennent. Lorsqu’ils s’aper­çoivent de leur inconsis­tance, c’est pour verser dans le réformisme le plus plat : on les a ainsi vus ap­peler à financer les opaques « caisses de grèves » des plus grands syn­dicats (qui délièrent miraculeuse­ment à la fin du mouvement d’insoup­çonnables bourses...). Leur avachissement idéolo­gique répond à leur im­portant turn-over et les condamne à ne res­ter qu’un rite de passage anthropo­logique pour une jeu­nesse souvent aisée mais trans­gressive qui ne s’égare si bien que pour mieux arri­ver, la trentaine pointant. Cette complémentarité, à la fois logique et tempo­relle, de la marginalité agitée et de la normali­té bla­sée signe la fin d’une période historique où l’adoles­cence, alors brève, entraînait dans sa crise tout ima­ginaire de sa société.

On peut espérer qu’un ample mouvement popu­laire permettra un jour de se réapproprier, malgré eux, la visée d’une transformation radicale de la so­ciété dont ils monopolisent les termes, en les déna­turant. Encore faudrait-il ne pas oublier que leurs au­teurs-fétiches sont ceux qui ont émergé de l’après-68, rationalisant son échec. En attendant, les ly­céens actifs durant ce mois d’oc­tobre leur paieront certai­nement leur tribut.

Lycéens de banlieue

Il en va tout autrement de la jeunesse des ban­lieues, dont l’activité de la frange lycéenne et collé­gienne a été particulièrement remar­quée, bien qu’in­dépendante et parallèle aux rythmes syndicaux. Car elle n’a été reliée, au grand désespoir des « radi­caux » qui rêvent de s’adjoindre une telle force de frappe sans en avoir aucun moyen, que par des fils très ténus aux acteurs traditionnellement centraux du mouve­ment social. L’absence des enseignants, no­tamment, a brillé du même éclat que lors de la mobi­lisation des lycées d’il y a cinq ans. Les profs terrés dans leurs établissements pendant que leurs élèves tentent, dehors, de se heurter au monde, est une image qui caractérise autant ce que l’on entend par éducation aujourd’hui que l’état d’émiettement du corps social lui-même.

La mobilisation des scolarisés utilisa autant les dispositifs militants convenus (grève, piquets de grève, manifestation) que les formes émeu­tières pour finir par ressembler à des monômes médié­vaux. En Seine Saint-Denis, les saccages de maga­sins et les affronte­ments de rue quotidiens avec les forces de l’ordre, toujours décomplexées dans un tel contexte (avec hélicoptère et flash-ball), ont été tus par les média une fois passé l’épisode précoce de Mon­treuil. La simultanéité d’un em­brasement comme ce­lui de novembre 2005 avec un mouve­ment social corseté aurait pro­voqué une situation in­édite, aussi grosse de ré­gression de part et d’autre que de possi­bilités nou­velles. Mais la profonde désorien­tation existentielle de cette jeunesse sans perspectives éle­vée dans et pour le consumérisme et, pour une part impor­tante, issue de l’immigration, semble de plus en plus s’ex­primer en terme nihi­listes, consumé­ristes ou eth­nique - et de moins en moins pou­voir se for­muler en terme poli­tique. Cette véritable, et seule, force popul­aire et vivante, sans horizon mais pas sans es­poir, se heurte à l’univers souvent irréel et cé­rébral des mi­litants. Le sentiment mutuel d’étrangeté est tel que leurs interac­tions avec les quelques étu­diants mobili­sés furent émaillés d’incidents, sans at­teindre les épi­sodes de 2005 et 2006, où des cortèges avaient été très vio­lemment at­taqués et, pour l’un, dissous. Ces événe­ments ont lar­gement marqué les es­prits des mani­festants d’alors et ceux d’octobre avaient pris leurs précautions. En vain, puisque n’a pas été atteint ce point attirant où la li­berté et l’extra­ordinaire de la situation fait relativi­ser les règles jus­qu’ici admises. L’enjeu est évidem­ment d’importance pour l’avenir et le contexte d’aus­térité croissante ne peut que le rendre plus crucial encore. Mais le cloi­sonnement drama­tique de la société tendrait à faire de ce milieu un al­lié, pour l’instant objectif, des pou­voirs en place - du moins tant que rien n’ouvri­ra un avenir qui ne peut être fait de camelotes sociales ou identitaires.

Fin des mouvements sociaux

Tout porte à croire que le mouvement d’oc­tobre 2010 clôt la période ouverte quinze ans auparavant par celui de décembre 1995 et, étrangement, sur le même thème. Les mouve­ments sociaux buttent sur l’héritage du mouve­ment ouvrier, dont ils vou­draient être les conti­nuateurs, mais sans pouvoir / vouloir constater que l’élément vital qui en avait fait la force et l’inventivité est sérieusement brisé. Les tentatives de dépas­sement de la situation, que ce soit par les « mouvementistes », les « radicaux » ou une cer­taine jeunesse de banlieue, sont lourdement lestées par les grandes caractéristiques de l’époque, qui forment bien entendu système : repli sur la sphère privée et apathie de la popu­lation ; confusion idéo­logique sans précé­dent et absence totale de projet politique positif même intuitif ; modification pro­fonde de la so­ciété, des liens qui y sont tissés, et du type d’être humain qui y est formé. Ces traits ne sont pas conjoncturels : ils proviennent directement (sans aucunement en dé­couler logiquement) de l’ex­périence historique du derniers siècle. Si autant de militants feignent d’igno­rer les uns comme les autres, c’est afin de maintenir leurs illusions à n’importe quel prix, y compris celui de la cohérence et de la lucidité et, par-dessus tout, celui de tout lien réel avec la popu­lation. Le mar­xisme a dégénéré en autant de va­riantes que de formes de résistances au constat de la faillite de ce qui s’est avéré être le quatrième grand mono­théisme. Il n’en reste aujourd’hui que le sque­lette ju­déo-chrétien où « l’occident » in­carne tout en­tier, et à lui seul, l’impossibilité des « dominés », qui ne sont que cela, à accéder à un bonheur dont rien ne pour­rait être dit - sinon qu’il ressemble furieusement au mode de vie occidental actuel. De ce point de vue-là, mouvementistes, radi­caux et jeunes de ban­lieue dif­fèrent moins que les apparences ne le laissent entre­voir : ils sont le produits de leur époque.

Les reliquats du marxisme vulgaire dont la gauche semble organiquement incapable de se dé­prendre servent à esca­moter les changements capi­taux sur­venus durant le XXe siècle. Evidemment partie prenante dans ce naufrage, elle refuse d’en prendre la mesure alors même que leur prise de conscience s’est pourtant massi­vement instal­lée dans les men­talités et les comporte­ments de la po­pulation. On ne peut ici que schématiquement les ré­sumer, sous forme de trois constats :

- l’échec global des mouve­ments révolution­naires, soit qu’ils aient été écrasés dans le sang soit qu’ils aient provoqués l’engendrement, aux quatre coins du globe, les pires régimes que l’humani­té ait jamais connus ;

- le développement exponentiel de la techno-s­cience, et de son imaginaire de maîtrise rationnelle, qui a porté la capacité de contrôle, de destruction et de déshuma­nisation à un point inégalé dans l’his­toire et qui pé­nètre aujourd’hui toutes les sphères de la vie quoti­dienne ;

- enfin, l’adhésion pro­fonde et active au mode de vie « occidental » qui se présente aux yeux du monde entier comme le mariage de la liberté effec­tive et du fantasme de toute-puis­sance, soit la pro­messe de l’illimité à porté de tous.

Évolutions insoup­çonnables au XIXe siècle, elles sont devenues des évidences au XXIe, pour qui re­fuse tout à la fois les discours publicitaires du spec­tacle offi­ciel et le racket idéologique des or­ganes of­ficiels de la subver­sion. Il semblerait que le peuple ait à re­créer entièrement la culture qui lui permet­trait d’af­fronter avec un mini­mum d’espoir les poli­tiques d’austérités qui se mettent en place – et dont rien ne permet d’estimer le terme. La notion de crise elle-même, qui sous-entend conflit, tension, bascule­ment, semble avoir changé d’enjeu. Ce n’est pas que les classes sociales aient disparu : c’est plutôt qu’elles ne polarisent plus deux univers en contradic­tion. L’alignement social, politique, cultu­rel sur un modèle insipide à multiples facettes mais final­ement unique, auquel tout le monde cherche à accéd­er est un signe criant d’un effondrement géné­ral d’un projet collectif, des valeurs qui y sont attachées, et d’un sens communément partagé. Ainsi l’incapacité ahu­rissante qu’a eu le gratin po­litico-intellectuel de « gauche » autant que les cercles mili­tants à ré­pondre à la manipulation gouvernementale qu’a re­présenté le funeste « dé­bat » sur « l’identité natio­nale ». Leur im­possibilité atavique à appréhen­der l’ampleur de la crise an­thropologique que nous vi­vons en est un signe - et l’accom­pagne.

Une colère conjoncturelle

Ce qui a pu chercher à s’exprimer dans ce mouve­ment n’est a priori pas très difficile à cerner ; il suffit de lister l’actualité française des derniers mois, des suicides à France-Télé­com au « débat » sur l’identité nationale, des séquestrations de patrons à l’omnipré­sence du discours sécuritaire, de l’annonce de profits et bénéfices indécents à l’humiliation de l’équipe na­tionale de foot, et tout dernièrement, l’expul­sion des Roms, et, entre autres « scandales » (Clearstream, Karachi, … ) et encore plus di­rectement, l’affaire Woerth qui concernait le ministre en charge de la ré­forme des retraites... Rarement la morgue et le mé­pris ont été aus­si ostentatoires chez un gouverne­ment, tandis que les condi­tions de vie et de travail se dé­gradent progressi­vement depuis des décennies. Bien entendu c’est tout naturellement que l’épouvan­tail na­tional, M. Sarkozy sur lequel la gauche aime tant gloser – et pour cause – concentre sur lui toutes les haines et les res­sentiments.

Un vertige anthropologique

La question des retraites est ainsi hautement si­gnificative, de plusieurs points de vue. Rete­nons-en un, le plus radical : il y est question du traitement de la vieillesse, qui est sans doute une des caractéris­tiques fondamentales de l’hu­manité puisqu’elle sous-tend, pour une société, la capacité à trans­mettre d’une génération à l’autre la connaissance ac­quise le long d’une existence, soit la culture. Bien entendu la gé­rontocratie est également une des bases des ordres traditionnels, religieux, conserva­teurs, bref hétéro­nomes dans l’histoire. Mais la consi­dération pour l’ex­périence n’est en rien une aliénation nécessaire : on sait par exemple le rôle central de l’expérience trans­mise entre classes d’âge dans les longues et multi­formes pratiques quoti­dienne du mouvement ouvrier. Ici encore, la loi – la fameuse « réforme des re­traites » - ne vient qu’enté­riner un état de fait constaté depuis longtemps : que la vieillesse dans notre socié­té n’a plus lieu d’être, reléguée comme le passé et l’histoire à une place marginale, Zone hon­nie, par un faisceau convergent de phénomènes a priori séparés, qui en sont autant les causes que les conséquences : effon­drement des fondements des connaissancees à trans­mettre ; déve­loppement expo­nentiel des tech­niques médicales ; stockage de tout le savoir humain parcellisé dans les réseaux informa­tisés ; jeunisme perpétuel matra­qué par les industries de la propa­gande et du diver­tissement ; etc.

Faire disparaître la vieillesse, dans des mouroirs ou dans les Pôles-emploi, dans les cosmé­tiques ou le lan­gage, peut (et doit dans une certaine mesure) être in­terprété comme une course à la pro­ductivité et au rendement a court terme. Mais il faut comprendre et celle-ci, et ceux-là, et ce qui les rend envisa­geables aujourd’hui – et pas hier, dési­rables par certains, et tolérés de fait par tous.

Derrière la vieillesse, c’est la solitude, c’est la ma­ladie, c’est l’angoisse, que l’on évacue. C’est tout ce qui marque les limites et, finalement, la limite de l’existence qui est dénié, au profit d’une liberté conçue non comme l’invention de ses propres bornes, mais comme leur absence totale. Il y a en fi­ligrane certainement la plus souter­raine, la plus mas­sive et la plus terrible ten­dance de l’évolution de la civilisation occi­dentale, la plus formidable transfor­mation qu’aucune société humaine n’ait vécu : la mort de la mort, la dispari­tion sensible de toute conscience de la mortalité, de la finitude et de tout ce qui lui est lié et peut lui donner sens, soit, de proche en proche, de toute l’institution humaine. Pour le dire simplement : la mort ne se dit plus, ne se vit plus, n’est plus là, sym­boliquement dans au­cun lieu, aucun temps, au­cune figure (fût-ce celle du néant), donc n’existe plus, fantasmatiquement. En re­tour elle sourd bien en­tendu de partout, surgis­sant à chaque instant et à toute occasion, chacun vi­vant sous la menace indicible d’un danger inconnu, ou­vrant grand les portes de la peur du voisin, de l’ave­nir, de l’obsession de la violence et de la de­mande de protection.

C’est bien cela la petite mon­naie de l’alliance ob­jective entre les mafias au pou­voir et le banditisme nihiliste, ou en­core de la dé­rive catastrophiste de l’écologie contem­poraine. Et il est clair que les mé­canismes capita­listes, ou en tous cas la pous­sée vers l’accu­mulation illimitée, la re­cherche infinie de puis­sance, l’expansion de la vo­lonté de maîtrise, sont ici pleinement à l’œuvre : certes dans la formation de l’être humain d’aujour­d’hui qui ne tolère plus d’être pris au dépour­vu, au contact de l’inconnu, et croit se réfugier dans le cy­nisme – mais aussi dans la triviali­té d’une réforme des retraites qui s’échine à détruire des organes de solidarité issus, mais déconnectés, d’un des plus grands mou­vements d’émancipation que l’humanité ait connu.

En toile de fond, évidemment, la crise dite « éco­nomique » qui semble refer­mer la pé­riode de transi­tion qui nous séparait de la fin des « trente glo­rieuses » et qui interdit pour longtemps, chacun le sait, tout retour à cet « âge d’or » de toutes les gauches. Simultané­ment vécue comme une cala­mité naturelle pas­sagère et un obscène racket organi­sé par les spéculations mondiales, elle participe silencieu­sement depuis une génération à l’érosion de tout l’édi­fice social, essentielle­ment axé autour de l’accès au pouvoir et à la consommation. Le constat n’est pas nouveau, il avait déjà été énoncé en 1995, et re­joint des consi­dérations anthropologiques plus pro­fondes : ce qui met en mouvement n’est pas la contes­tation du pouvoir en lui-même, mais les abus qu’il commet et qui sont vécus comme tels. Le double phé­nomène, auto-entretenu, de la bureaucra­tisation géné­rale de toutes les institutions et de désengagement gé­néral de la population des affaires publique, fait appa­raître cette société comme étran­gère, extérieure, obéissant à des règles venues d’on ne sait où. On re­trouve là des conditions sociales pa­cifiées qui préva­laient dans les sociétés tradition­nelles, qui n’étaient nulle­ment déchirées en leur sein comme le fut l’occi­dent pendant au moins deux siècles. Aucun mouve­ment social contemporain n’a donc remis en cause la so­ciété telle qu’elle est : il conteste le prix du consentem­ent tacite de chacun à l’ordre des choses, l’accep­tation de la vie dans cette société étrangère qui de­vient, ou appa­raît, trop éle­vé.

Contrat social miné

Mais ce principe de contrat est triplement miné.

D’abord et simplement par la dynamique des oli­garchies mondiales, qui ne rencontre plus aucune force sociale conséquente depuis trente ou quarante ans pour s’opposer à leurs projets de mise à sac de toutes les richesses na­turelles, culturelles ou hu­maines. Les peuples sont laissés à la merci des puis­sants depuis la disparition du mouvement ouvrier, évident depuis la pul­vérisation des fallaces marxis­tes-léninistes qui l’avaient vérolé mais décelable dès l’après-guerre, puis l’affaissement des combats de moindre am­pleur qui auraient pu en prendre le re­lais – fémi­nisme, décolonisation, écologistes. Des ré­voltes locales ou des embrasements gé­néraux, des ré­volutions mêmes sont largement possibles et même prévisibles dans ce contexte. Mais chacun sait que, sans un réveil que seul une mobilisation mas­sive ren­drait tangible, le chaos est plus probable que l’instaur­ation d’une société fra­ternelle. En consé­quence la posture insurrectionn­elle que sous-tend tout mouvem­ent so­cial n’est actuellement qu’une pose, que les dominants actuels ne feignent même plus de prendre au sérieux.

Ensuite, et de manière bien plus prégnante, le contrat implicite est miné par la dégradation de l’existence humaine. Ses ressorts sont beaucoup plus profonds que la guerre sociale menée par les domi­nants, qui n’en est qu’une expression. Il est question ici de la disparition du sens de la vie, pour dire les choses simple­ment, de la joie de vivre, du plaisir d’habiter au sein d’un peuple, de la force tirée indivi­duellement d’une identité et d’un projet col­lectifs, de l’élan d’une communauté qui s’enrichit de chaque nouveau membre qui y trouve sa place. Cette ta­bula rasa de ces fondements millénaires gé­nèrent une an­goisse et une souf­france qui im­prègnent telle­ment l’air que l’on respire qu’elles ne sont même plus niées. Tout au contraire, elles sont présentées comme la contrepartie de la li­berté de l’« individua­lisme ». Or ce qui est vu et vécu par chacun au fond de son être n’est pas une crise per­manente due à un individu qui aurait à faire des choix douloureux en toute res­ponsabilité, c’est au contraire un avachisse­ment dû à l’im­possibilité de répondre d’une exis­tence moulée dans un confor­misme qui n’assume même pas ses propres valeurs, contrairement aux tradi­tions, us et coutumes d’au­trefois.

Tout cela est enseveli sous l’amon­cellement de bi­belots, de jeux et de divertisse­ment qui ne durent qu’un temps, malgré, ou parce que, haute­ment tech­nologisés. Ils nécessitent un ac­croissement de dose, tout en délabrant les rela­tions fami­liales, l’engage­ment politique ou les voca­tions pro­fessionnelles. Ce­la non plus n’est pas nou­veau, et a été explicite­ment dénoncé - en Mai 68 par exemple. A contrario, les mouvements sociaux contempo­rains se battent pour le maintien de la so­ciété de consommation qui, en sa dynamique propre, ne peut que produire des indivi­dus insatis­faits, im­matures, dépendants, en manque. Leurs ré­actions aux poli­tiques de rigueur en cours sont – le dévelop­pement des appareils poli­ciers l’an­ticipe – pour le moins im­prévisibles.

La fin d’un monde

Enfin, et cela est certainement historique­ment « nouveau », le contrat entre l’Etat et la population est minée par d’autres tendances lourdes qu’on peut ras­sembler sous le triptyque « Nature / Environne­ment / Ecologie ». Tout ce qu’on entend sous cette no­tion a rencontré un succès explosif de­puis les an­nées 80 – qui n’est pas « écolo » ? - et charrie, ou an­nexe, tout un ensemble d’idées, de postures, de men­talités extraordinairement ambiva­lentes : ali­ments « bio », voitures « vertes », air « pur », mé­decines « douces », éner­gies « propres », ma­tériaux « sains », préservation de la biodiversité, etc. Tout ce qui s’y rapporte est au­tant une simple exacerba­tion du « sou­ci de soi » hy­per-contemporain (santé, hy­giène, personnalité, fi­nance, cadre de vie, …) qu’une réelle appropriation des pro­blématiques mon­diales : le passage de l’un à l’autre est perma­nent. Pour s’en tenir juste au ter­rain poli­tique, cela va des « décrois­sants » autogestion­naires aux au­thentiques fascistes obsédés par la pu­reté du sol, du sang, de la culture, en passant évi­demment par le développement du­rable gouverne­mental, les grandes industries en plein greenwa­shing, les entre­preneurs du « bio », les idéo­logies techno­philes ou le primiti­visme néo-ru­ral... Ce qui surnage confusé­ment, et en lien avec le « dé­veloppement » effectif de certains pays des l’ex-« tiers-monde », c’est que le mode de vie occi­dental auquel aspire tous les pays n’est ni générali­sable ni, surtout, viable. Ce qui s’ins­tille massive­ment dans la conscience, c’est ce senti­ment diffus que, par ce biais présenté comme incon­testable, se re­ferme inexora­blement l’accès à la « so­ciété de consommation » qui a polar­isé une bonne partie des luttes depuis des dé­cennies. Mais, bien plus, que la si­tuation de la pla­nète de­vient partout très problé­matique, voire abso­lument cau­chemardesque pour ces fa­meuses « géné­rations fu­tures ». Comme on dit, « on a mangé notre pain blanc », Sar­kozy ou pas. La certitude qu’ont les pa­rents actuels (ou grands-pa­rents) que leurs enfants vivront « moins bien » qu’eux crée un malaise d’au­tant plus profond qu’ils savent pertinem­ment qu’ils n’y peuvent stricte­ment rien, au moins pour une large part. Déterminer la­quelle est bien tout l’en­jeu de la question présente que l’époque semble s’échi­ner à rendre inextricable.

Rage contre un président arrogant, un gouverne­ment offensif digne représentant de l’oli­garchie mon­diale corrompue et cynique mais aussi ressentiment et angoisse face à une société qui s’effrite de partout, peu à peu de par sa dynamique propre, et qui rend l’abondance matérielle pour tous de moins en moins possible par son pillage et la destruction des res­sources natu­relles – tout cela s’exprime contradictoi­rement dans les ambiances des cortèges des manifest­ations, et dans le désarroi que provoque toutes dis­cussions politiques sérieuses sur le sujet. Celles-ci dérivent spontanément et très vite vers des considé­rations sur la raréfaction de l’eau potable, la surpopu­lation et les crises alimentaires, le réchauffe­ment cli­matique,… Il est vrai que l’été pré­cédent était domi­né par une actualité « écologique » parti­culièrement sombre : la plus grande marée noire de l’his­toire dans le golfe du Mexique, canicule et in­cendies spectacu­laires en Russie, inondations dilu­viennes au Pakistan, sans parler des orages et crues hexagonales qui semblent en une nuit mettre sens dessus des­sous une des plus grandes puissances mon­diales. Tout ce­la dépasse bien entendu de très loin la question des retraites et en même temps s’y ramène d’une certaine manière, ou en tous cas s’y confine, le temps d’un conflit social. Mais, là, ces questions sont soigneu­sement tues, alors mêmes qu’elles affleurent ailleurs en permanence.

Critique écologiste

Rien ne montre mieux l’effondrement per­manent de tout ce qui se dit « de gauche » que l’argumen­taire utilisé pour contrer le projet de loi sur les re­traites : ramenant toute l’affaire à un calcul gestion­naire, il démontrait brillamment qu’il suffi­sait de maintenir une crois­sance à 2 % durant les cinquante pro­chaines années pour maintenir le sys­tème de re­traite par répartition... Comment dire plus claire­ment l’adhésion aux fon­damentaux de cette société hiérar­chisée, consumé­riste et dépressive que cette nostal­gie de l’essor ca­pitaliste de l’après-guerre, cette cris­pation aveugle sur un statu quo ante ? Le plus frap­pant n’est certes pas cette paralysie mentale qui couvre une addiction qu’on dirait organique à la so­ciété de consommation, et qui a été for­mulée il y a des dé­cennies : c’est plutôt l’inca­pacité, pour ceux qui en sont convaincus, et ils sont nombreux, à affir­mer et à faire valoir des posi­tions alternatives dans le cadre d’une mobilisation collective.

Il est très significatif que les seuls à tenter de le faire soient certains écologistes, parmi les plus radi­caux et pas nécessairement encartés, c’est-à-dire ceux qui vont cher­cher dans les contraintes exté­rieures la légiti­mité nécessaire pour transformer la société. Autrement dit, ceux qui font valoir plus vo­lontiers que « ce n’est matériellement pas pos­sible » - plutôt que « nous n’en voulons pas »... Et il est en­core plus significatif qu’ils n’aient aucune visibilité lors d’un mouvement social tel que celui d’octobre. Il est vrai que les posi­tions fonda­mentales de la plu­part des jeunes militants de ces nombreux milieux n’ont plus rien de commun avec celles qui décou­laient d’une (auto-)formation poli­tique comme il en existait il y a encore vingt ans. C’est évidem­ment tout un hé­ritage qui remonte au moins aux Lu­mières qui ne se transmet tout simple­ment plus, au profit d’un souci quasi-exclusif, ou en tous cas pre­mier, de la sauve­garde de la biosphère. Peut-être cela constitue-t-il aujour­d’hui la seule sor­tie prati­cable du marécage au­to-entretenu que repré­sente les absurdités gauchi­santes. Mais, en se débar­rassant de ce qui a effecti­vement largement contri­bué à tuer les mouvements d’émancipation du XXe siècle (ou­vrier, régionaliste, féministe, éco­logiste, jeunes, mi­norités ethniques), ce sont les cri­tères de jugement politique et sociaux les plus élé­mentaires qui se dis­sipent. Les revendica­tions écolo­gistes sur la ques­tion des retraites, lors­qu’elles existent, soit recon­duisent toute la méca­nique usée du marxisme-léninisme ap­proximatif (vo­lontarisme, économisme, scientisme,...) en s’alignant grosso modo sur les posi­tions syndicales, soit ne font qu’entériner les phéno­mènes mas­sifs de dépolitisa­tion, comme, par exemple, la proposition, récupérée avant même d’avoir été subversive, d’un re­venu ga­ranti. Pourtant, rare­ment mouvement social aura-t-il eu une telle occa­sion de poser la question des fonde­ments maté­riels de cette société.

L’occasion ratée de la « pénurie »

Qu’aurait été en effet le mouvement d’oc­tobre 2010 sans la grève partielle et les tenta­tives de blo­cages des raffineries et des dépôts ? Certainement bien moins encore que le mouve­ment de juin 2003 sans les enseignants. Comme à l’époque, les syndi­cats ont annexé et dissous une lutte certes restreinte mais révéla­trice d’une incapacité de la société ac­tuelle à ré­pondre au problème posé, avec la partici­pation miti­gée mais active des intéressés. Car la mo­bilisation commencée dans les ports six mois avant la rentrée ne portait pas sur la réforme des retraites : elle remet­tait en cause le déman­tèlement de l’activité de raffi­nage en France, au profit de nouvelles usines au plus près des sources d’extractions, notamment en Arabie saoudite, où les coûteuses normes environne­mentales sont quasi-i­nexistantes. Derrière la grève et le blo­cage des termi­naux pétroliers se posait donc en toile de fond toute la politique énergétique et écolo­gique européenne, voire mondiale, depuis la pre­mière crise pétrolière, soit certainement une des plus grandes transforma­tions de l’histoire d’un occident dont l’opu­lence s’est physiquement bâtie sur une ma­tière pre­mière qui au­jourd’hui vient à man­quer. Considérer que le « sys­tème trouvera bien une solu­tion », c’est déclarer for­fait à l’avance devant le prix qu’il faudra de toute fa­çon payer lors de ce boulever­sement que l’oli­garchie gérera sans partage. Mais c’est surtout ra­tionaliser une crainte animale en omettant de voir que la spéci­ficité culturelle essen­tielle de cette région du monde (dite occidentale) de­puis le haut moyen-âge était sa capacité à s’auto-transformer et que rien ne garanti le maintien de cette der­nière. Tout indique au contraire son évanes­cence depuis une cinquantaine d’années. C’est bien cela qu’illustre le fait qu’il n’y ait eu au­cune place lors du mouvement des raffineries et dé­pôts pour po­ser la question du levier de l’action lui-même, le pé­trole. Cela aurait pu se faire en visant une réappro­priation po­pulaire de la source d’énergie prin­cipale du pays en commençant par le contrôle des établis­sements, en­treprises, insti­tutions à alimen­ter en car­burant. Bien entendu, l’intériorisation de la main­mise syndicale, ainsi qu’un large, mais éminem­ment am­bigu, sou­tien de la population (moral mais aussi fi­nancier et quelquefois physique) a empêché que l’idée soit seulement émise. Et c’est bien la préfec­ture qui a dé­crétée les secteurs prioritaires où de­vaient être ache­minées les camions-citernes. Dire qu’il est utopique de chercher à établir un tel em­bryon de contrôle dé­mocratique sur les flux inté­rieurs de matière pre­mière, (en attendant d’en poser pratique­ment tous les enjeux sociaux et écologiques, sans parler des monumentales questions géopoli­tiques) re­vient à prendre le problème à l’envers : cela n’a même pas été évoqué parce que non seulement per­sonne ne croit réelle­ment à la possibilité de le faire mais, tout autant, chacun se refuse délibéré­ment à croire à la fin déjà palpable de cet or noir sur lequel la société de consommation repose mécani­quement. D’une manière moindre mais analogue, et de l’autre côté, même si la situation en France n’at­teint pas les dimensions prises en Grèce ou en Italie, la grève des éboueurs et déchetteries porte sur la première véritable production de nos sociétés : les ordures, loin devant l’agroalimentaire ou le divertis­sement. Sans cesse dérobée au regard, leur accumu­lation ostentatoire à l’occasion de ces luttes montre non seulement l’énorme travail humain investi dans l’économie du déchet, mais dévoile ce qu’est le consumérisme : non une recherche de confort, mais l’entretien d’une voracité angoissée par le renouvelle­ment incessant d’objets à obsolescence incorporée.

Le même constat peut être à l’autre bout de la pro­duction, chez les consommateurs : la perspective d’une pénurie, même rela­tive, brandie à dessein par chacune des parties, n’a jamais été l’enjeu explicite d’une remise en cause quelconque de l’hystérie quo­tidienne. Faisons abs­traction des possibili­tés évi­dentes qu’avait le gou­vernement de pallier à un quel­conque manque de fioul, d’es­sence, etc. Il paraît évident que les sou­tiens aux raffineries auraient fon­dus au rythme du tarissement de la circulation auto­mobile... La ques­tion du devenir d’un mouvement social qui ne s’ar­rêterait pas par l’abandon d’une des partie, est ici cruciale et met à nu autant les illusions gauchistes que la vie plébiscitée par la po­pulation.

Pourtant, la véritable addiction de cette der­nière ne pourra être dépassée que de deux ma­nières : la pre­mière, qui se profile évidemment, est celle d’une hausse progressive ou brutale des prix, comme cela s’est produit, curieuse­ment, dans les mois qui ont im­médiatement précédés la crise « financière », et comme cela se produira dès qu’un semblant de « re­prise économique » se produira. Il est évident que c’est le principal scénario d’entrée dans une phase po­litique autoritaire comme l’occident en a perdu le sou­venir. Les politiques d’austérité qui se mettent pro­gressivement en place en sont certainement les signes annonciateurs. La seconde manière est juste­ment le contexte de ce mois d’octobre 2010, et a été totale­ment évacuée. Pourtant de nombreuses ré­flexions en ce sens se faisaient entendre dans des mi­lieux popul­aires que l’on ne soupçonnait pas – et à l’en­trée de l’hiver... Sans doute vient-on de vivre col­lectivement pour la première fois, cette alternat­ive, Peut-être une telle occasion se représenter­a-t-elle ? Mais il faudrait, pour y faire face, retrouver toute une socialité que le der­nier siècle a progressi­vement effri­tée, une en­traide spontanée au travail, une solidarité organique dans les quar­tiers, en famille et dans la rue, qui est à l’opposé exact du fan­tasme d’autarcie que véhicule l’actuel « égolo­gisme » diffus. Le terme de réinven­ter serait plus adéquat, puisque ce qui a disparu dans les villes, et qui a fondé ce qu’on a appelé la conscience de classe, puisait dans le fond anthropologique des campagnes fran­çaises tradi­tionnelles – et bien enten­du pas dans le principe des chaînes de montage... Peut-être l’immigration actuelle pourrait-elle jouer le rôle de l’exode rural d’alors, et nourrir la réapparition et la propagation d’une com­mon decency - sans la­quelle aucune crise, aussi pro­fonde soit-elle, ne peut prendre de sens politique ? Et la culture « écolo-bio-bobo » constituer le germe d’une nouvelle conscience politique populaire qui vi­serait l’égalité pour tous ? On mesure ici à quel point les tendances actuelles prises dans leur globalité semblent, en tous points, exactement contraires à de telles perspec­tives...

Ce mouvement creuse l’écart entre deux grands bouleversements de la seconde moitié du XXe siècle qui s’entrecroisent : la dispa­rition du mouve­ment ou­vrier, visible dans les formes creuses des dis­positifs militants contemporains, qui ne touchent plus que par une tradition irrémédiable­ment perdue, et l’émer­gence, his­toriquement fulgurante, du cou­rant « éco­logique » dans les mentalités contempo­raines, et qui s’enracine dans le vécu le plus quoti­dien. Les deux, pris radicalement, sapent les fonde­ments les plus en­racinés de la société hiérar­chique et produc­tiviste : le drame de l’époque est d’entéri­ner leurs évolutions en les ren­dant an­tagoniques. L’en­jeu n’a rien d’intellec­tuel et ne peut se réduire à une combinatoire de « critiques » qui s’accoupleront bien un jour : le mouvement ouvrier a été tué, entre autre, par l’inven­tion de la société de consommation au­quel il a contribué. Le courant « écologique » a de grande chance de l’être par l’ins­tauration progres­sive ou bru­tale d’une paupérisation or­ganisée par un régime se proposant de gérer, sans conteste, la pé­nurie.

On pourrait objecter qu’une dic­tature « verte » imposant - pour certains ! - l’aus­térité ad vitam ae­ternam ne pallierait ja­mais aux ca­tastrophes écolo­giques en cours et ne pourrait donc pas adve­nir. Mais cela revient à croire que le consu­mérisme dé­bridé de l’après-guerre a aboli la domi­nation so­ciale que dénonçait le mouvement ouvrier.

***

Représentatif à l’extrême des occasions ratées par les mouvement sociaux, celui d’octobre 2010 était à la croisée des chemins : leur imaginaire momifié, étroitement entrelacé à celui de la société contemporaine, ne pourra qu’accompagner le naufrage chaotique de celle-ci. Ils se ré­clament d’un courant qui appartient à un monde qui a disparu, sans arriver à voir celui qui arrive. Et la prise de conscience des limites physiques de la planète, quant à elle, ne se fond que trop facilement dans les dis­cours de la rareté, de la rigueur, et de l’austé­rité que les oligarchies mondiales (pseudo-libérales ou pseudo-marxistes) reprendront progressivement pour per­pétuer leur règne. L’enjeu ne peut être surestimé : il exige de comprendre la fidélité à l’inestimable expérience des mouvements d’émancipation des siècles passés non comme l’entretien de braises froides, mais comme la relation, perpétuellement réinventée, à une culture vivante et toujours en commencement. C’est tout l’enjeu des troubles qui s’annoncent aujour­d’hui aux quatre coins de la planète et auxquels appartiennent en plein les bou­leversements qui se déroulent, à l’heure de cette conclusion, au Maghreb et au Moyen-orient. Ils peuvent être les signes éclatants d’un affrontement aux épreuves qui s’imposent aujourd’hui à toute l’humanité - mais aussi les foyers du chaos qui s’avance. Ici comme ailleurs, c’est ce que nous voulons être et faire qui a besoin de nous, certainement pas tout ce qui fait que nous en soyons arrivés là.

***

Eléments bibliographiques

Alphandéry P. & al., 1993 ; « L’équivoque écologique », La Découverte

Arendt H., 1972 ; « La crise de la culture, huit exercices de pensée politique », Gallimard 2000

Bercé Y. M, 1976 ; « Fête et révolte : des mentalités populaires du XVIe au XVIIIe siècle », Hachette

Bookchin M., Foreman D. 1994 ; « Quelle écologie radicale ? », Atelier de Création Libertaire

Castoriadis C, 2005 ; « Une société à la dérive », Seuil

Castoriadis C. 1986 ; « Les mouvements des années 60 » in « La montée de l’insignifiance », 1996, Seuil

Châtelet G. 1999 ; « Vivre et penser comme des porcs », Folio

Denis J. M., 1996 ; « Les coordinations », Syllepse

Fargette. G., 2006 ; « Le jeu de dupes du CPE », Le Crépuscule du XXe siècle n°17

Fargette. G., 2009 ; « La crise économique comme régime durable », Le Crépuscule du XXe siècle n°21

Festinger L., 1956 ; « L’échec d’une prophétie », Puf

Findley M.I. 1998 ; « Démocratie antique et démocratie moderne », préface de P.V. Naquet, Payot

Lasch.C., 2001 ; « Culture de masse ou culture populaire ? », Climats

Lasch.C., Castoriadis C., 1986 ; « Combattre le repli sur la sphère privée », entretien BBC

Lefort. C., 1999 ; « La complication, retour sur le communisme », Fayard

Manin B., 1995 ; « Principes du gouvernement représentatif », Flammarion

Michéa J. C., 1999 ; « L’enseignement de l’ignorance », Flammarion

Melman C., 2005 ; « L’Homme sans gravité. Jouir à tout prix », Gallimard

Terrasson F., 1995 ; « La peur de la Nature » Ed. Sang de la Terre

Thompson E. P., 1963 ; « La formation de la classe ouvrière anglaise », Seuil

***
Partager cet article
Repost0

Articles RÉCents

Agenda

    dimanche 30 juin

15h à 16 h

accueil de familles de prionnier-e-s

discussion , infos et peites recettes

pour les proches de détenu(E)s...

- aides juridique

-participation à l'émission de radio Mega

du 22 juillet